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Les Annales de l Université de Parakou, Série "Lettres, Arts et Sciences Humaines", Vol. 1, n 1(2018) 94

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Les Annales de l’Université de Parakou, Série "Lettres, Arts et Sciences Humaines", Vol. 1, n°1(2018) 94

A

RESUME

La proximité de certains quartiers aux versants rocheux de la ville de Dassa-Zoumè accroît le phénomène de risques de catastrophes géomorphologiques dans ce milieu. La présente étude vise à contribuer à la réduction de la vulnérabilité face aux risques de catastrophes géomorphologiques dans la ville de Dassa-Zoumè.

La méthode utilisée pour obtenir les risques est l’application directe de sa définition qui est le produit de l’aléa et de la vulnérabilité. L’analyse de la vulnérabilité face au risque s’est basée sur le critère de proximité à la source du risque (versant rocheux).

La carte des risques de catastrophes géomorphologiques obtenue à l’issue de ces analyses montre les différents niveaux d’exposition aux risques de catastrophes géomorphologique de la ville. Ainsi, les résultats qui découlent de la présente étude, montrent que 0.87 % de la superficie de Dassa-Zoumè court un risque très fort, 3.81 % un risque fort, 5.64 % un risque moyen et 8.39% un risque faible. Il urge donc de prendre des mesures de prévention et de gestion de ces risques.

Mots clés : Dassa-Zoumè, Bénin, risque, vulnérabilité, géomorphologie.

ABSTRACT

The proximity of certain districts to the rocky slopes of the city of Dassa-Zoumè increases the phenomenon of risks of geomorphological disasters in this environment. The present study aims to contribute to the reduction of vulnerability to the risks of geomorphological disasters in the city of Dassa-zoumè.

The method used to obtain the risks is the direct application of its definition which is the product of the hazard and the vulnerability. The risk vulnerability analysis was based on the criterion of proximity to the source of risk (rocky slope).

The Geomorphological Disaster Risk Map obtained from these analyzes shows the different levels of geomorphological disaster risk exposure in the city. Thus, the results that emerge from this study, show that 0.87% of the area of Dassa-Zoumè runs a very high risk 3.81% a high risk, 5.64% a medium risk and 8.39% a low risk. It is therefore urgent to take measures to prevent and manage these risks

Keywords: Dassa-Zoumè, Benin, risk, vulnerability, geomorphology

INTRODUCTION

Les formes de relief constituent l’assiette de toute activité sur la terre. Elles ne sont jamais figées. Elles évoluent souvent de façon imperceptible, mais parfois de façon brutale à travers certains processus d’érosion comme les glissements de terrain (M. Derruau, 1988, p. 517). La pénéplaine cristalline connue sous le nom du Dahomeyen ou du bouclier bénino-nigérian datent de la période précambrienne (K. S. Klassou, 1996, p.

126). Elle est donc soumise, depuis plusieurs centaines de millions d’années, aux agents de la géodynamique externe.

L’Afrique est un continent dont une bonne partie de l’armature est faite de boucliers précambriens. Elle est composée d’espaces qui doivent une part de leurs spécificités et de leur identité à l’altitude et/ou à une topographie tumultueuse (Agoïnon, 2012, p. 74). Ces espaces de hautes terres jouent plusieurs rôles dans de nombreux domaines. Ils sont à la fois réservoir d’eau, d’hommes, de ressources forestières et pastorales. De plus, ils offrent une bonne aptitude agricole favorisant ainsi leur occupation et par conséquent l’extension des agglomérations. Localisée dans la partie occidentale de l’Afrique, une bonne partie du Bénin dont la commune de Dassa-Zoumè se retrouvant sur le socle précambrien n’échappe pas à ces conditions. Cette commune présente un paysage de pénéplaine ondulée avec des collines d’altitude moyenne de 300 m sur du matériau précambrien constitué de roches grenues plus ou moins métamorphisées : granite, granito-gneiss, gneiss et gneiss oeillé (Okioh 1972, p. 89 ; OBEMINES, 1989 p. 24). Ces caractéristiques constituent non seulement des atouts touristiques pour la ville, mais présentent également des risques de catastrophes géomorphologiques pour les populations. Ces risques sont intrinsèques à l’état de dégradation mécanique et d’altération chimique de ces roches très anciennes. Comme tous les espaces de ce genre en milieu tropical, il importe de caractériser la charpente de ces affleurements rocheux en vue de diagnostiquer les lignes de faiblesse qui s’y trouvent.

1. Milieu d’étude

D’une superficie d’environ 1 558 ha, la ville de Dassa-Zoumé, chef-lieu de la commune qui porte le même nom, est comprise entre 7°29’ et 7°54’ de latitude Nord et 1°55’ et 2°27’ de longitude Est (figure 1). Elle est limitée au nord par les Arrondissements de Kèrè et de Lèma, au sud par ceux de Kpingni et de Tré, à l’est par la Commune de Savalou et à l’ouest par l’Arrondissement de Gbaffo.

LA CONFIGURATION DES COLLINES DANS LA VILLE DE DASSA-ZOUME (BENIN) AGOÏNON Norbert, VODOUNOU Jean Bosco K., BARRA Anicet K.

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Selon les travaux de N. Agoïnon (2014, p. 101), le milieu d’étude a un régime pluviométrique à cheval sur A celui de la distribution bimodale du sud et celui de la transition unimodale du nord. La pluviométrie moyenne annuelle oscille autour de 1100 mm. Cette région repose en totalité sur la pénéplaine cristalline constituée de roches grenues plus ou moins métamorphosées, que l’on peut regrouper en cinq (5) types principaux :

- les granites qui apparaissent dans le paysage sous forme de dômes ou de collines arrondies. Ils sont sans litage, ni orientation ;

- les gneiss, qui sont à litage régulier et fin renferment essentiellement des biotites et des quartzites parfois des amphiboles. Ils sont abondants aux abords de la vallée de l’Ouémé ;

- les granito-gneiss, à composition sensiblement identique à celle des granites, ils se rencontrent dans les zones d’embréchites au voisinage des batholites de granite ; - les embréchites, qui sont les

roches les plus répandues.

Elles émergent parfois en inselbergs très élevés (collines) ;

- les quartzites, ce sont des roches essentiellement quartziteuses avec une faible proportion de muscovites. Elles émergent dans le paysage, en chaînons à bords abrupts.

2. Matériels et méthodes

2.1. Matériels

Le matériel utilisé est notamment constitué de cartes topographiques existant sur le

secteur à l’échelle de 1/200 000 et 1/50 000 d’une part, et d’autre part de la feuille géologique Abomey- Zagnanado au 1/200000 (OBEMINES, 1989) ; d’un GPS pour la prise des coordonnées géographiques, d’un appareil photo pour la prise d’images, un questionnaire d'enquête pour recueillir l'opinion des habitants.

2.2. Méthodes

2.2.1. Echantillonnage

Compte tenu de la taille relativement importante de la ville, l’étude a été circonscrite à des quartiers bien précis. Ces quartiers ont été choisis en tenant compte de la subdivision administrative de la ville. Ce sont les critères de sensibilité au phénomène à étudier qui ont guidé les choix. En effet, certains quartiers de la ville

Figure 1 : Situation géographique la ville de Dassa-Zoumè

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ont été plus ou moins touchés par les mouvements de terrain. Après avoir identifié ces quartiers, il a été A sélectionné de façon aléatoire des concessions, des groupements de personnes et des personnes. Le choix des concessions dans chaque quartier retenu s’est fait sur la base de leur proximité aux sources de l’aléa (versant rocheux) existant dans le quartier.

L’enquête a couvert uniquement les quartiers où la désagrégation et l’altération des blocs rocheux qui constituent les collines sont très poussées. L’ensemble des concessions tirées au sort qui se retrouvent dans ces quartiers sont concernées par les investigations. La collecte des données proprement dite s’est faite à l’aide des questionnaires appliqués aux ménages. Le questionnaire porte dans son ensemble sur la situation des enquêtés face au problème de mouvements de terrain, leurs attitudes et comportements en cas de la survenue des phénomènes à risque géomorphologique, l’impact et les causes de ces mouvements de terrain dans leur quartier. Les personnes enquêtées sont réparties dans le tableau I.

2.2.2. Méthode de caractérisation de l’aléa, de la vulnérabilité et d’évaluation du risque géomorphologique

Les mouvements de terrain représentent ici l’aléa. Compte tenu de la taille des collines et des

moyens matériels et financiers dont on dispose, la caractérisation est faite par la méthode d’observation. Il s’agit de relever de façon aléatoire par observation certains éléments d’identifications comme : l’aspect des collines (étalé, pic, arrondi, jonché de gros blocs ou pas) et les discontinuités des roches telles que : les fissures, les cassures, les fractures, les failles, les diaclases, les joints de stratifications, la taille des produits d’altération. Après identification de ces éléments, quatre (4) catégories d’aléas s’imposent : 1) Très fort, 2) Fort, 3) Moyen, 4) Faible.

La méthode utilisée dans cette étude pour caractériser la vulnérabilité est le critère de proximité des habitations avec les affleurements rocheux. Elle permet d’établir le niveau de vulnérabilité de chaque zone ciblée c’est-à-dire plus la zone est proche des sources de l’aléa (versants rocheux), plus le degré de vulnérabilité est élevé. Ces zones vulnérables sont classées de la façon suivante: 1) très forte, 2) Forte, 3) moyenne, 4) faible. Elle est très forte dans les zones très proches, et faibles dans les zones éloignées.

La méthode utilisée pour obtenir le risque est l’application directe de sa définition mathématique qui se traduit par la formule suivante :

3. Résultats

3.1. Les principales unités géomorphologiques de la ville de Dassa-Zoumè

Le résultat du traitement et de l’interprétation de cartes topographiques existant sur le secteur à l’échelle de 1/200 000 et 1/50 000 d’une part, et d’autre part de la feuille géologique Abomey-Zagnanado au 1/200000 (OBEMINES, 1989) a permis de dégager trois principaux reliefs qui caractérisent la ville de Dassa-Zoumè.

Il s’agit de : des sommets de plateaux, des glacis versants et des collines. Mais la principale unité morphologique qui soulève la problématique du risque géomorphologique est la colline (figure 2).

Tableau I: Répartition de l’échantillon par arrondissement Localités Population Totale par

arrondissement

Effectif enquêté Pourcentage

Dassa I 7138 436 6%

Dassa II 22323 1568 7%

Total 29461 1876 6%

Source : INSAE, 2013

Risque= Aléa x Vulnérabilités

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La figure 2, présente les A principales unités morphologiques qui caractérisent la ville de Dassa-zoumè. Sur les 1789,88 ha que représente la ville de Dassa-Zoumè, les collines couvrent seulement les 11,86% soit 212,25 ha. Les plateaux quant à eux couvrent 88,14% soit 1577,63 ha.

3.2. Facteurs naturelles et anthropiques influençant le risque de catastrophes géomorphologiques

Plusieurs facteurs favorisent les risques de catastrophes

géomorphologiques. Il s’agit entre autres, des caractéristiques

climatiques, de la végétation et de la forte urbanisation du milieu.

3.2.1. Facteurs naturelles Trois facteurs naturels influencent

fondamentalement les risques de catastrophes géomorphologiques dans la ville de Dassa-Zoumè : la

pluviométrie, la température et la végétation.

 Pluviométrie

La pluviométrie dans la ville de Dassa-Zoumè est favorable à l’action des processus d’érosion aussi bien par l’écoulement torrentiel des eaux sur les versants que par l’agressivité climatique. La répartition des pluies est assez régulière avec un maximum enregistré généralement en juillet. La pluviométrie moyenne annuelle oscille autour de 1 100 mm. Ainsi, la combinaison spatiale des pentes accentuées et longues (10 à 20% et plus), aux produits de désagrégation et d’altération du milieu permet le déclenchement et l’expansion pendant la saison pluvieuse de l’érosion torrentielle.

 Température

Dans la région de Dassa-Zoumè, on note les chocs thermiques répétés (19° et 36°) par la succession des cycles jour/nuit et saison pluvieuse/saison sèche. Les faibles températures sont souvent observées pendant la nuit en période d’harmattan (décembre-janvier). Cette variation de la température provoque des fissures dans certaines roches dures à différentes échelles favorisant ainsi leur désagrégation mécanique. Les effets de la désagrégation consistent en un affaiblissement de la roche et de la stabilité du substrat géologique, ce qui peut réduire la durabilité des aménagements y afférents.

La présence de fissures dans les roches cohérentes en affleurement prépare inévitablement les risques de catastrophes géomorphologiques. Les joints de stratification, les diaclases, les failles, sont autant de

Figure 2 : Relief de la ville de Dassa-Zoumè

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discontinuité qu’on observe sur la plupart des collines. Ces discontinuités contribuent à débiter les roches A cohérentes en blocs et panneaux. Lorsque l’eau qui s’y trouve subit les températures diverses des différentes saisons, la dilation fragilise la roche dure, la désagrège et développe l’instabilité de l’affleurement. Ces fissures de types divers ont pour effet d’isoler les blocs et/ou panneaux rocheux. Leur présence engendre donc l’augmentation du risque.

 Végétation

Les plantes sur les collines contribuent à la démolition des roches. Les lichens, lentement corrodent les roches nues. Leurs parties mortes forment une pellicule sur laquelle les mousses s’installent. Les plantes à racines apparaissent ensuite. Les racines excrètent des acides qui attaquent les roches. Une multitude de bactéries vivent dans les sols et assurent la décomposition des débris végétaux et animaux, les transforment en une substance noire, l’humus. L’humus est riche en acides. Emportés par l’eau d’infiltration, ces acides agissent encore sur les roches sous-jacentes et les altèrent.

La présence d’arbres sur les affleurements de roches nues a aussi été observée dans la ville de Dassa-Zoumè (Andansonia digita, Cola mileni, Diospyros mespiliformis), car le développement de leurs racines contribue à écarter les blocs et exerce donc une influence identique à celle de la température. Il faut aussi remarquer qu’au cours de leur croissance, les arbres prennent de plus en plus de poids et accroissent aussi l’instabilité.

3.2.2. Facteurs anthropiques influençant les risques de catastrophes géomorphologiques

Diverses activités humaines sont présentes sur toutes les collines étudiées. Parmi ces activités perturbatrices du milieu, les plus importantes en termes d'occupation spatiale et favorisant l’accroissement de la vulnérabilité de la population vivant autour sont :

 Exploitation du bois et du gravier

Cette exploitation socio-économique a profondément marqué le cours de l'évolution des collines de Dassa- Zoumè. Les besoins des ménages urbains en bois de chauffage, en matériaux locaux de construction se sont intensifiés et ont conduit à une déforestation et un décapage accéléré des collines, exposant les roches à l'érosion. Les arbres, sont coupés pour le bois d'œuvre et la construction. Les activités d'exploitation de graviers qui consistent à débiter les roches des collines et à les concasser avec un matériel rudimentaire pour en faire du gravier constituent des facteurs d’aggravation des risques de catastrophes géomorphologiques.

Transport

Située au carrefour des RNIE n°1(Route Cotonou- Dassa), n°2 (Route Dassa-Parakou) et n°3 (Route Dassa- Djougou), la ville de Dassa-Zoumé occupe une position stratégique dans le Département des Collines et sert de transit entre les localités du nord et celles du sud. En effet, les centaines de camions qui vont charger des tonnes de marchandises au port de Cotonou pour les décharger dans les pays voisins, traversent la ville de Dassa-Zoumè. Même s’il est difficile de mesurer directement l’impact de ces camions chargés dans le processus de risque, leurs vibrations participent quand même au processus de chute de plusieurs débris rocheux accentuant ainsi les risque de catastrophes géomorphologiques.

 Tourisme

Le développement touristique de la ville de Dassa-Zoumè reste constamment élevé. Le tourisme a une longue tradition dans cette région. Pendant chaque mois d’aout, la ville de Dassa-Zoumè est prise d’assaut par les chrétiens catholiques qui viennent de partout pour le pèlerinage à la grotte « Arigbo » connue pour son caractère sacré. Cette grotte qui abrite plusieurs éléments de la croyance chrétienne,, constitue un lieu de recueillement pour les fidèles catholiques. La mise en place de ces éléments est précédée d'une ouverture de voie d'accès et de l'espace à bâtir qui s'accompagnent d'une destruction du couvert végétal réduisant l'infiltration, favorisant ainsi le ruissellement des eaux de pluie. Le même constat est fait à Issalou sur la colline de Amouagbékpa. On identifie certaines pratiques inadéquates dans ces espaces par l’homme notamment : la projection et la réalisation inadéquates des chemins et des sentiers, leur mauvais entretien.

Tout cela favorise la concentration des écoulements en torrents, d’où l’intensification de l’énergie cinétique et de la capacité d’érosion.

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A L’urbanisation

Des maisons construites sur des habitats précaires colonisent les flancs des collines. Les habitations sont pour la majorité en briques de terre et en planches ; d'où leur caractère précaire. La construction de ces habitations est précédée de terrassement et de fouille qui contribuent à fragiliser et à déstabiliser le versant.

Cette occupation anarchique des zones non-constructibles par les populations ne se fait pas sans conséquences : divers types d’érosions qui contribuent à la production des débris rocheux qui tombent du haut des versants sous différentes formes

3.3. Les différentes zones à risques géomorphologiques et les mesures de prévention 3.3.1. Spatialisation de la vulnérabilité des habitations

La vulnérabilité se traduit par les conséquences dommageables de l'aléa mouvement de terrain sur les populations et les aménagements. C’est à dire, La vulnérabilité concerne directement les populations et notamment les lieux de forte concentration. La figure 3 présente la répartition spatiale de la vulnérabilité. Ces zones sont au nombre de quatre et le caractère des niveaux affectés est qualitatif.

On note une très forte vulnérabilité autour de la colline Okégnité et une partie de la colline Amangbékpa. Cela s’explique par la forte concentration des habitations non seulement aux pieds des collines, mais également sur les flancs. La vulnérabilité est également forte dans la partie sud-ouest de la colline Oké-Téré et la partie nord-est.

3.3.2. Spatialisation de l’aléa mouvement de terrain

Les effets combinés de l’importance des pentes, de l’altitude et de la densité de l’occupation du sol à Dassa-Zoumè favorisent beaucoup les risques de catastrophes géomorphologiques. L’aléa caractérisé ici est les mouvements de terrain. Il est fonction de la pente des versants rocheux, du niveau de désagrégation, d’altération et de

l’occupation du sol. La figure 4 présente la répartition spatiale de l’aléa mouvement de terrain.

Figure 3 : Vulnérabilité des habitations liées au critère de proximité

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Figure 4: Répartition de l’aléa mouvement de terrain.

Figure 5 : espaces à risque géomorphologique

L’espace à très fort aléa est constituée de l’ensemble des parties élevées de fortes pentes comme celles du flanc ouest de la colline Okégnité dont la pente est supérieure à 63 %. Ainsi, les zones qui seront les plus touchées seront celles proches des versants.

3.3.3. Spatialisation des risques de catastrophes géomorphologiques

La figure 5 des zones à risques est obtenue suivant sa définition mathématique. Elle est le résultat du croisement effectué entre les thèmes de la figure de vulnérabilité et celle de l’aléa.

De l’observation de la figure 5, il ressort que les flancs des collines constituent les espaces les plus

exposés aux risques.

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3.4. Mesures de prévention et de gestion des mouvements de terrain

Comme pour tous les autres risques naturels, la gestion des risques de catastrophes géomorphologiques est décomposée en trois grandes phases intitulées comme suit: la prévision, la gestion de crise et la prévention.

Chacune de ces phases a des domaines et des exigences propres en termes de zone considérée. La gestion des risques de catastrophes géomorphologiques relève de l’autorité de plusieurs services de l’état. Leurs missions sont définies par une série de textes législatifs et réglementaires.

Première phase : la prévision et l’anticipation

La prévision est le processus amont fondé sur la modélisation des phénomènes et l’observation régulière de variables représentatives, tandis que l’anticipation permet de préparer les moyens de réponses si la prévision d’évolution vers une situation de crise se confirme. C’est à cette phase qu’interviennent les services d’une cellule de contrôle périodique de l’altération des roches. Les messages d’alertes sont envoyés aux autorités compétentes en gestion des crises.

Deuxième phase : gestion de crise

La gestion de crise a pour but de gérer l’événement en cours, d’assurer la sécurité des biens et des personnes. Cette phase est assurée par les services de sécurité civile dont les missions sont d’abord d’assurer la sécurité des biens et des personnes, le secours d’urgence et l’évacuation des victimes, ensuite d’organiser les mesures de sauvegarde et les moyens de secours, et enfin de prévenir et les risques.

Troisième phase : la prévention

La prévention tire les conséquences des expériences passées et formule des recommandations pour limiter les effets d’un événement similaire dans l’avenir.

- {1} limiter les zones exposées aux risques en tenant compte de la nature et de l’intensité du risque encouru, d’y interdire tout type de construction, d’ouvrage, d’aménagement ou d’exploitation agricole, forestière, artisanale, commerciales ou industrielles qui pourraient y être autorisés, de prescrire les conditions dans lesquelles ils doivent être réalisés, utilisés, ou exploités ;

- {2} délimiter les zones qui ne sont pas directement exposées aux risques mais où des constructions, des ouvrages, pourraient aggraver des risques ou en provoquer de nouveaux et y prévoir des mesures d’interdiction ou des prescriptions telles que prévues au {1}.

- Définir des mesures de prévention, de protection et de sauvegarde qui doivent être prises, dans les zones mentionnées au {1} et {2}, par les collectivités publiques dans le cadre de leurs compétences, ainsi que celles qui peuvent incomber aux particuliers. Cela consistera essentiellement à l’instauration d’une véritable conscience du risque par la sensibilisation des riverains à des campagnes de prévention et des actions éducatives ;

- définir, dans les zones mentionnées au {1} et {2} les mesures relatives à l’aménagement, l’utilisation ou l’exploitation des constructions, des ouvrages, des espaces mis en culture ou plantés existant à la date de l’approbation du plan qui doivent être prises par les propriétaires, exploitants ou utilisateurs.

3.5. Discussion

La spatialisation du risque montre que les zones sensibles sont surtout situées à proximité des versants rocheux. Il ressort des résultats de ce travail que l’évolution naturelle des collines de Dassa-Zoumè engendre des chutes de pierres et des éboulements rocheux. Ce que confirment les travaux de C. L. Okioh, (1972, p.

88;1978, p. 36) et de N. Agoïnon, (2012, p 105). Les mêmes résultats ont été trouvés par C. J. Houndagba et al. (2014, p. 11).Mais, les activités humaines sur les flancs et aux pieds de ces collines sont le principal facteur de destruction du milieu et d'aggravation des risques. Ces activités qui impactent négativement les

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sites et aggravent les risques auxquels les populations s'exposent sont entre autres l'exploitation de pierres et A le transport. Le risque dans la ville de Dassa-Zoumè est induit majoritairement par les activités humaines.

L'urbanisation non contrôlée doublée de l'insécurité foncière et la pauvreté ont amené les populations à conquérir progressivement les pieds et les flancs des collines pour mener des activités pouvant leur permettre de survivre. G. Werren (2007, p. 42) a montré que les activités touristiques ne pourraient rester sans effet sur la géomorphologie. Il va plus loin dans son analyse en disant que la géomorphologie influence à son tour la donne touristique dans le choix de l’emplacement des infrastructures, où la morphologie peut jouer un rôle plus ou moins contraignant.

En abordant l’influence du climat dans le processus du risque, L. Ravanel (2009, p. 105) montre que le réchauffement climatique des prochaines décennies va amener de nombreux secteurs à une température critique, ce qui devrait entraîner l’augmentation de la fréquence et de l’intensité des écroulements sur les parois rocheuses de haute montagne.

Le constat est tout simplement inquiétant, compte tenu de la constante pression humaine dans ces espaces sensibles. L’aménageant de la ville de Dassa-Zoumè, devrait tenir compte des risques de catastrophes géomorphologiques afin de minimiser ces risques pour les communautés locales. .

Conclusion

La ville de Dassa-Zoumè commence à connaître une occupation humaine rapide. Les formes de mise en valeur et les aménagements ne sont pas toujours adaptées à ses contraintes et exigences. Elles ne s’inscrivent pas, non plus, dans une dimension prospective. Si bien que, différents risques de catastrophes géomorphologiques commencent à se faire sentir et peuvent, avec le temps, devenir très menaçants.

A l’issue de l’analyse des implications des facteurs naturels et anthropiques dans le processus de risquesde catastrophes géomorphologiques, il a été démontré dans un premier temps que l’association spatio- temporelle diverse des facteurs de température et de pluviométrie déclenche une multitude de processus géomorphologiques qui contribuent efficacement à la production des débris de roches. Une fois produits, ces débris de roches sont évacués du haut du versant selon des processus divers.

Dans un second temps, vu les activités humaines qui exercent une pression considérable sur les versants rocheux, la vulnérabilité de la population vivant à proximité des collines s’accroit. Ce qui n’est malheureusement pas sans conséquences.

Il est vrai que la construction d’une ville ne peut être définitive; une ville bâtit dans le temps et dans l’espace. C’est pour cela qu’il faut veiller à ce que les aménagements soient fonction de l’évolution de la ville.

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