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Les primes d’assurances-maladie deviennent insupportables pour les familles. Que peut faire la caisse publique (CP) ?

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Revue Médicale Suisse www.revmed.ch 10 septembre 2014 1679 rive honteuse de la chasse absolue du bon

profil d’assuré. Cette lutte perpétuelle entre les différents assureurs et aussi entre les courtiers doit cesser. Les primes 2015 de- vraient normalement être annoncées avant la votation de septembre. Santésuisse parle déjà d’un rattrapage. Ça sent les primes sur mesure, en attendant l’an prochain, année électorale où historiquement, comme par hasard, les primes augmentent peu. Cette spirale infernale doit s’arrêter.

Dans notre canton, c’est l’ensemble des professionnels des soins de base qui sou- tient le OUI. Cet axe fort et cette affirma- tion de la notion de pluridisciplinarité, cen- trée sur le patient, sont essentiels. Quel médecin genevois peut encore soutenir un tel système, sachant que l’ensemble des assureurs nous a entraînés devant le Tribu- nal administratif fédéral (TAF) pour une baisse de la valeur du point tarifaire de 0.96 à 0.85 CHF, alors même que nos pro- pres chiffres sont à 1.05 CHF. Cette attaque brutale et frontale montre que le dialogue est rompu et que le cynisme des assureurs

Le changement de système en soi pourrait coûter un à deux milliards aux assurés car c’est eux qui le paieront par l’intermédiaire des primes. Actuellement sur 100.– francs de prime, 95.– francs servent à payer les prestations et 5.– francs financent l’admi- nistration et la gestion. Les primes sont donc essentiellement la conséquence des prestations que les assurances doivent rem- bourser.

Il n’est pas garanti qu’avec la CP, l’Etat dépense moins que 5% pour l’administra- tion. Il est d’ailleurs envisagé que les caisses continuent de faire la gestion par déléga- tion. Ceci montre indirectement qu’il sera difficile de diminuer les frais administratifs.

Les assurances sont dans l’obligation de constituer des réserves pour garantir le

dans la mainmise sur le système, les primes, les réserves, les citoyens, les patients et en- fin les médecins, qu’il faut réduire et sélec- tionner, selon là encore les lois du marché, est une réalité quotidienne. Car oui, notre métier est centré sur l’humain, oui nous voulons encore demain pouvoir soigner les patients âgés, les malades chroniques ou cancéreux, placer ceux qui le nécessitent aux soins intensifs. Notre profession souffre, c’est un fait, mais nos convictions sont for- tes. La relation médecin-patient reste privi- légiée.

Le jeu de la concurrence a été faussé et nous avons assisté à dix-huit ans d’opacité et de mainmise sur le système de la santé.

Trop de promesses n’ont pas été tenues volontairement. A l’heure du choix, ce sera OUI. Un OUI clair, transparent par opposi- tion à l’opacité, par opposition à des lob- byistes qui peignent le diable sur la murail- le, qui affichent des pseudo-études comman- dées, qui s’accrochent à leur autoritarisme idéologique du tout contrôler, qui promet- tent déjà en cas de victoire du OUI des obs-

remboursement des prestations des années à venir, puisqu’elles doivent décider des primes à l’avance. Parfois ces réserves sont trop élevées, parfois trop basses. La CP permet de mieux contrôler ces réserves, mais leur éventuelle diminution ne baissera pas le coût des prestations et pourrait aug- menter le risque de déficit.

La CP, en mettant tout le financement dans les mêmes mains, pourrait permettre de mieux affronter le défi de l’explosion des maladies chroniques. Avec la CP, il devient possible pour l’Etat de mieux planifier les soins intégrés, en créant des institutions performantes au service des patients. Ce ne serait que l’accentuation d’un phénomène déjà présent. Entre 2000 et 2011, le coût de la médecine ambulatoire des hôpitaux a

tructions juridiques : la peur de perdre ce juteux marché ! Mais l’humain est là, de- bout, prêt à voter non pas pour l’inconnu, les acteurs de la caisse publique à gestion cantonale étant connus, mais pour plus de justice, plus de solidarité. La vérité sur ces années devenues mercantiles devra voir le jour. Les dindons se réveilleront et arrête- ront cette mauvaise farce. Il faut savoir dire stop à un système qui ne profite ni à l’assuré ni à la santé, à un financement qui a montré ses limites, à un système qui a oublié sa base, ses fondations et ses priorités : la po- pulation et les patients.

C’est un acte fort et courageux.

Le 28 septembre, ce sera OUI.

Dr Michel Matter (La lettre de l’AMG, juin 2014, numéro 5)

Président de l’Association des médecins du canton de Genève 12, rue Micheli du Crest 1205 Genève

augmenté trois fois plus vite que celui des médecins. Cette prise en main du secteur ambulatoire par l’Etat pourrait cependant à terme limiter le libre choix du patient, ou la liberté thérapeutique médecin-malade.

Le principal argument de la CP est que la prime unique permet de lutter contre la désolidarisation de ceux qui, en bonne santé, optent pour des franchises élevées et paient moins de primes que les autres.

Mais le passage à une prime unique expose la moitié de la population à payer davan- tage. En effet, avec une prime unique cor- respondant à la moyenne des primes du canton, toutes les personnes dont la prime est actuellement inférieure à la moyenne verront leur prime augmenter.

Ces dernières années, les assurances-

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Les primes d’assurances-maladie deviennent insupportables pour les familles. Que peut faire la caisse publique (CP) ?

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maladie ont multiplié les scandales avec arrogance. Leur absence d’intérêt pour la prévention et la gestion des maladies chro- niques diminue la qualité des soins. La chasse aux bons risques n’est pas éthique.

Le contrôle arbitraire des thérapeutes et la pression des caisses pour pouvoir choisir ceux qui seront remboursés sont inaccep- tables. La réaction de rejet est tout à fait compréhensible.

Ceci dit, il faut bien constater que c’est le cadre légal qui permet ou impose tout ceci aux assurances-maladie. Les chambres fé- dérales, à la quasi-unanimité, ont voté en début d’année une nouvelle loi de com- pensation des risques qui interdit à l’avenir la sélection des risques et met les assureurs en concurrence sur la prise en charge des maladies. Pourquoi ne l’avoir pas fait avant ? Le parlement, dans les semaines qui vien- nent, va voter en plus une augmentation du contrôle des caisses maladie. On voit qu’il existe d’autres alternatives à la CP

pour mettre fin aux dérives des caisses maladie.

Les thérapeutes se plaignent du blocage, voire de la diminution des tarifs. La CP supprimera certes le contrôle des caisses, mais il paraît naïf d’imaginer que ceci per- mettra la fin du contrôle des prestations.

En étant responsable de la totalité du fi- nancement, le politique devra assumer seul la difficulté de trouver le financement d’une éventuelle augmentation des tarifs dans un contexte de déficits publics. Il ne pourra plus rejeter la faute sur les caisses et devra alors certainement faire pression sur les coûts.

Certains estiment que la CP mettra un terme au problème de la fin de l’obligation de contracter défendue par les caisses. Ce ne sont pourtant pas les assureurs qui peuvent décider de choisir les thérapeutes qui seront remboursés, mais le politique. Il existe déjà d’ailleurs des mesures dans ce sens, avec une limitation de l’installation

des radiologues dans certains cantons.

Pour les soins intégrés, on considère de plus en plus qu’il faut construire des équipes autour d’un patient, plutôt que des institutions autour des maladies. Les médecins en pratique libérale font ceci depuis longtemps, malgré le poids des institutions. La CP amène le risque d’une dérive vers une institutionnalisation de la médecine, car la réponse de l’Etat se base le plus souvent sur la création de nou- velles institutions.

Au final, la question que pose la vota- tion sur la CP pourrait être de savoir s’il vaut mieux que ce soit des institutions qui se chargent des maladies chroniques, avec davantage d’intervention de l’Etat dans la relation médecin-malade.

Dr Marc-André Raetzo Groupe médical d’Onex

Route de Loëx 3 1213 Onex

Je ne suis sans doute pas le seul médecin à réagir positivement quand on me parle de concurrence. J’y vois un stimulant, une in- citation à faire mieux, à produire de meil- leurs résultats, à satisfaire mes patients. Il est vrai que je n’ai pas été un fan de la concurrence au sens académique, que je ne me suis pas nourri de l’adage publish or perish. Ecrire des papiers souvent plus utiles à remplir un CV qu’à faire avancer la science n’était pas mon truc. Mais poser le bon diagnostic, réussir une intervention difficile sans complication et contribuer à la guérison m’a toujours donné le senti- ment du devoir accompli à la fin d’une journée parfois harassante. J’aime les soi- gnants qui travaillent avec passion, avec la volonté de se dépasser même s’ils ne sont pas toujours justement récompensés pour leurs efforts. L’idée que les patients nous

en sont reconnaissants, c’est déjà beaucoup.

Pour que la concurrence s’exerce, il faut la liberté de choisir. Limité dans les hôpitaux publics, le choix est encore bien réel en pra- tique ambulatoire privée. Il faut aussi que mes patients ou les collègues qui m’adres- sent des patients sachent comment je tra- vaille, quels sont mes résultats, si je suis digne de confiance. Ils doivent même oser me faire une infidélité à l’occasion. Dans un système libéral, la libre concurrence, c’est laisser à chacun la liberté de produire et de vendre ce qu’il veut, aux conditions qu’il choisit. Une belle théorie qui ressem ble peu à notre quotidien. Dans l’assurance de base, les tarifs sont imposés, le catalogue de prestations est défini. Si nous dépassons les coûts moyens de la spécialité, nous voilà mis au pilori par les assureurs chargés lé- galement de nous surveiller. Certains d’entre

nous débordent de travail et ne cherchent pas de clients. D’autres ont la vie plus dure et lorsqu’ils partagent leur temps entre la médecine interne générale et une spéciali- té, voilà qu’on refuse de prendre en charge leurs soins, comme s’ils étaient de moins bons médecins.

Je ne fais plus partie de la garde mon- tante, mais je crois que les jeunes collègues aussi sont majoritairement attachés à exer- cer notre art avec excellence, à pratiquer ce que nous appelons simplement une bonne médecine. Il est vrai que nous abandonnons un peu facilement l’aspect économique de notre activité à ceux qui ont le sens des affaires. Il est difficile sinon impossible de gérer de manière pointue un cabinet sans y consacrer une partie appréciable de ses loisirs. Sous-traiter la facturation, la comp- tabilité ou la gestion administrative du

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De quelle concurrence parlons-nous ?

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