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Hisperica famina. Paroles d'Extrême-Occident. Les ancêtres latins du Finnegans Wake de James Joyce

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Hisperica famina. Paroles d'Extrême-Occident. Les ancêtres latins du Finnegans Wake de James Joyce

TILLIETTE, Jean-Yves

TILLIETTE, Jean-Yves. Hisperica famina. Paroles d'Extrême-Occident. Les ancêtres latins du Finnegans Wake de James Joyce. Conférence, 2006, vol. 23, p. 439-458

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:80637

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Hisperica famina : les ancêtres latins du Finnegans Wake de James Joyce

De hoc amplo anfitridis licumine loquelosum cudere nitor tornum…

« A propos de l’immense onde l’océan

j’entreprends de forger un cercle de paroles… »

Le latiniste qui serait en quête d’étrangetés linguistiques n’en rencontrera pas de plus bizarres, de plus monstrueuses peut-être sous son regard de puriste, que dans les textes produits par l’Europe barbare des VIe, VIIe et VIIIe siècles. Ainsi, il serait aisé de montrer, après Erich Auerbach1, comment Grégoire de Tours (538-594 env.), l’historien des temps mérovingiens, mettait des moyens d’expression on ne peut plus rocailleux, une syntaxe aussi sophistiquée qu’apparemment aléatoire, au service d’un récit dont la puissance d’évocation demeure à peu près sans égale – souvenons-nous du vase de Soissons et de Brunhilde traînée à la queue d’un cheval !

Mais il faut franchir quelques décennies et quelques centaines de kilomètres vers le Nord- Ouest, et l’on va se trouver en présence d’une littérature plus singulière encore, celle que les moines grammairiens et poètes de l’Irlande ont composée vers le milieu du VIIe siècle. Voilà les œuvres dont il sera question ici. Le titre que leur donnent les manuscrits – Hisperica famina – est à lui seul tout un programme : l’adjectif hispericus est un dérivé du toponyme poétique, inusuel en langue classique sous cette forme phonétique, d’Hisperia qui, peut-être

1 « Sichaire et Chramnesinde », dans Mimesis. La représentation de la réalité dans la littérature occidentale (trad. fr.), Paris, Gallimard, 1968, p. 88-105.

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au prix d’un télescopage avec Hibernia, désigne alors l’Irlande ; autrement dit, « la terre du Couchant » (Hesperia se rattache à la racine de Vesper, « le soir »). Quant à famina, c’est le nominatif pluriel d’un substantif neutre également fort rare, guère attesté avant le VIe siècle, famen, formé sur le radical du verbe for, fari, « parler ». Hisperica famina, ce sont donc

« les dits du Pays du soir », « les parlures extrême-occidentales »… Ils se présentent sous forme de poèmes, mais de poèmes à la versification tellement particulière que nul n’est encore parvenu à en découvrir la clé, si tant est qu’elle existe hors les jeux sonores de l’allitération et de l’assonance, et ils décrivent les éléments primordiaux du paysage irlandais, le ciel, l’océan, la prairie, le feu, le vent, ou bien les activités quotidiennes, la prière, le combat, ou encore les instruments de l’écriture, livres et tablettes de cire… Et cela dans une langue qui est toute simple du point de vue de la syntaxe : les phrases sont faites d’indépendantes juxtaposées ou coordonnées, presque toutes bâties sur le modèle sujet – verbe – complément, mais au contraire prodigieusement déroutante sur le plan du vocabulaire. Nulle part ailleurs dans la littérature latine sans doute, on ne rencontrera une telle densité dans l’accumulation des mots rares, empruntés aux langues étrangères, le grec, le celtique, voire l’hébreu, ou purs néologismes. Il suffit pour s’en convaincre de passer quelques pages pour jeter un coup d’œil aux premiers vers du poème cité ci-dessous : des mots comme anfitris, licumen (v.1), tornum (2), anniosus (4), aulona (5), bombosus, glariae (6), flustrum (9), tithicus, stillicidia (10), calastrea, glaucicomus, competa (11), sont presque tous des hapax, ou des termes dont c’est le premier emploi attesté, que l’on serait bien en peine de repérer dans les dictionnaires du latin classique. L’effet incantatoire est garanti et, à déclamer le poème à haute voix , on croit entendre le sifflement du vent, les galets roulés par le ressac, les paquets d’écume giflant la falaise…

Ce n’est pas d’hier que les Irlandais se sont fait une réputation d’excentriques et de beaux parleurs. Et, en lisant un texte comme celui-là, on peut être tenté de le rapprocher de l’œuvre la plus hermétique d’un autre génial Irlandais, le Finnegans Wake de James Joyce. Plus d’un critique a d’ailleurs succombé à cette tentation ; ainsi d’Ernst Robert Curtius, au fil de sa splendide quête d’identités spirituelles fondées, par-dessus les siècles, sur le langage et sur la rhétorique2. Mais, sans perdre de vue la beauté farouche des Hisperica famina, à laquelle je crois que notre siècle épris de baroque peut n’être point insensible, on doit aussi, pour les comprendre, les replacer dans leur environnement historique. C’est, dans un premier temps,

2 La Llittérature européenne et le moyen âge latin (trad. fr.), Paris, PUF, 19862, p. 243.

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ce que je vais m’attacher à faire. Je reviendrai ensuite au texte pour en proposer le commentaire, puis un essai d’interprétation.

Grégoire de Tours, à qui l’on a fait allusion plus haut, était originaire de l’Auvergne, dernier réduit de la romanité à résister à la montée du flot barbare. L’Irlande, quant à elle, n’a jamais appartenu à l’empire, n’a jamais reçu la visite du moindre méditerranéen, sinon peut-être quelque explorateur ou marchand égaré. Située à l’extrême frange du monde connu, elle a même été épargnée par les envahisseurs des peuples germaniques, Jutes, Angles et Saxons qui ont, au Ve siècle, déferlé sur l’autre grande île britannique. La civilisation celtique qui s’y est implantée peut-être dès le fin de l’âge du bronze vit dans les cadres d’une société pastorale et tribale, pas très différente sans doute, au climat près, de celle que décrivent les poèmes homériques. C’est en outre une civilisation qui ignore l’écriture - les premières inscriptions, en caractères dits « oghamiques », ne sont guère antérieures au IVe ou au Ve siècle après J.-C.

-, mais où la poésie orale, fondée sur une métrique compliquée et sur les jeux de sonorités auxquels prête bien la langue gaélique, semble avoir joui d’un grand prestige. Avec l’arrivée des premiers, et intrépides, missionnaires chrétiens, le diacre Palladius, pourfendeur du pélagianisme, vers 430, et peu de temps après saint Patrick, un celte né vers 390 en Grande- Bretagne, les choses changent sans changer tout à fait. La société reste totalement rurale, le pouvoir politique émietté en un grand nombre de royaumes, dont les « rois » sont en fait des chefs de clans familiaux, adonnés – c’est leur sport favori – au vol de troupeaux ; la plus célèbre épopée irlandaise, conservée par un manuscrit tardif dans une version du IXe siècle, s’intitule La razzia des vaches de Cooley, Tàin bò Cuailnge, le Tàin bo, « vol de vaches », étant un sous-genre très fréquenté de la poésie épique en langue vulgaire3. Ce qui va disparaître rapidement, en revanche, c’est la religion druidique – les derniers païens attestés au VIIe siècle sont alors qualifiés de brigands -, au profit d’une religion du livre et de l’écriture. Dans l’espace insulaire peu peuplé et pacifique, face à des structures sociales faibles et morcelées, elle ne rencontre, semble-t-il, guère de difficultés à s’imposer. Mais l’organisation de l’Église d’Irlande revêt des formes bien différentes de celles des églises continentales ou même anglaises. En l’absence de concentration urbaine et d’administration, l’évêque n’est pas du tout appelé à jouer le rôle central qu’il remplit à la même époque dans les autres régions d’Europe, où il est le seul fonctionnaire romain à avoir résisté à la désagrégation de la société impériale, et où il se voit donc amené à combiner les tâches de

3 La Razzia des vaches de Cooley. Traduit de l’irlandais ancien, présenté et annoté par Christian J. Guyonvac’h, Paris, Gallimard, 1994 (« L’aube des peuples »). Voir aussi P.-Y. Lambert, Les littératures celtiques, Paris, PUF, 1981 (Que sais-je ? 809), p. 17-69 (« La littérature irlandaise »).

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subsistance et d’assistance à sa charge spirituelle. Le saint mérovingien, modelé sur Martin, c’est un évêque. Rien de tel en Irlande : le véritable centre de rayonnement de la foi et de la culture est constitué par le monastère, bien mieux adapté aux structures rurales et patriarcales de la société. Et c’est ainsi que l’île se couvre d’un réseau plutôt dense de vastes abbayes très autonomes par rapport à l’autorité pontificale romaine, bien lointaine, et fidèles à une règle, celle de saint Colomban, fort austère et nettement différente de celle de saint Benoît.

L’emblème de la culture irlandaise, à l’époque, c’est donc le moine.

Mais revenons aux Hisperica famina. Le problème que doivent affronter les missionnaires qui, tel saint Patrick, débarquent dans l’île au Ve siècle, c’est bien sûr avant toutes choses celui de la transmission du message. Or ils abordent à une terre qui n’a jamais été, si superficiellement que ce fût, romanisée. Sans doute sont-ils celtes eux aussi et peuvent-ils se faire entendre dans le cadre de la prédication (même si, malgré des contacts réguliers de part et d’autre de la Mer d’Irlande, les langues brittonique et gaélique sont bien différentes). Mais le christianisme est une religion de l’écrit : la parole sacrée a été dictée par Dieu en personne, et il est donc impératif d’autoriser les fidèles à entrer en contact avec elle. D’où un nécessaire effort de pédagogie. On pouvait, certes, imaginer que quelque linguiste s’emploie à traduire la Bible et les écrits des Pères dans la langue vernaculaire, comme cela se produit vers la même époque en Orient, dans des régions comme l’Arménie et la Géorgie. En Occident, il n’en va pas ainsi, tout simplement parce que les langues vulgaires (celtique, germanique, berbère) ne sont pas des langues écrites. Or, on se doute bien qu’inventer une scripta, une langue écrite, c’est une opération autrement complexe, tout autre chose, que la simple transcription phonétique des paroles4. L’éducation des religieux, en Irlande comme dans les autres régions d’Occident, se fera donc en latin, et rien qu’en latin. Mais avec cette caractéristique tout à fait singulière que les utilisateurs de cet idiome sacré n’en ont au départ pas la moindre teinture, à la différence de ce qui se passe dans les régions jadis touchées par la conquête romaine. Dans les monastères irlandais, l’apprentissage du latin sera donc purement scolaire, et sa connaissance, purement livresque. On ajoutera à cela que cet apprentissage, cette connaissance, sont très exactement finalisés : il s’agit non pas de former des juristes, des fonctionnaires…ou des poètes, mais des moines capables de célébrer et de suivre l’office liturgique et de déchiffrer la Bible et les Pères.

Cette double postulation (à savoir : la nécessité d’une formation ex nihilo et l’orientation de cette étude en vue de fins exclusivement religieuses) explique que l’on n’apprend pas en

4 M. Banniard, Genèse culturelle de l’Europe Ve-VIIIe siècle, Paris, Seuil, 1989 (« Points » H 127) p. 178-214.

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Irlande le latin tout à fait de la même façon que dans les autres parties du monde civilisé.

Ailleurs, surtout en Espagne et en Italie, une des voies d’accès à la lecture et à la parole, au moins pour les plus doués ou les plus savants, reste la pratique et l’analyse commentée des auteurs classiques, Sénèque ou Virgile, sur le modèle fourni par l’école tardo-antique, qui se survit vaille que vaille à lui-même5. L’œuvre de ces païens n’intéresse guère les Irlandais. Un vieux mythe historiographique a longtemps voulu que l’île ait représenté une sorte de conservatoire béni, où les textes de tous les grands classiques auraient miraculeusement trouvé refuge avant de refluer sur le continent. Les irophiles les plus enthousiastes sont aujourd’hui bien tenus d’admettre qu’il n’en fut rien. L’inventaire patient par Mario Esposito, puis Michael Herren de tous les manuscrits du haut moyen âge originaires d’Irlande n’est pas parvenu à y repérer un seul classique, au sens restreint que nous donnons à ce terme. Servius y est beaucoup plus copié que Virgile… et cet exemple me paraît hautement significatif. Car les textes dont on a besoin, ceux que l’on importe du continent, que l’on copie et que l’on étudie avec soin en vue de répondre aux besoins que je viens de définir, ce sont… des grammaires et des dictionnaires – une démarche au fond assez naturelle lorsque l’on se trouve dans une situation de complète altérité linguistique. Or, qu’est-ce qu’une grammaire, notamment dans l’Antiquité ? c’est un catalogue d’exceptions (la règle, implicite, étant supposée connue). Et qu’est ce qu’un dictionnaire ? c’est, pour l’essentiel, une liste de mots rares et inusuels. L’on commence peut-être à deviner où je veux en venir : le latin si particulier des Irlandais, ce que l’on appelle aujourd’hui le latin « hispérique », s’explique par les formes de l’apprentissage de la langue, des formes résultant elles-mêmes des conditions très spécifiques de la diffusion du savoir linguistique. Aux siècles de l’Empire triomphant, les Gaulois ou les Bretons parlent sans doute leur langue maternelle à la maison ; mais ils ont rencontré des soldats, des fonctionnaires ou des marchands romains ; ils sont au minimum obligés de bredouiller un peu de latin pour leurs démarches administratives ou au moment du service militaire. A la différence de ceux-là, les Irlandais n’ont aucune conscience auditive, sensorielle, de la langue latine, notamment pour ce qui est du vocabulaire. Le locuteur ou l’écrivain continental a l’oreille suffisamment formée à la musique du latin pour employer spontanément, sans même y réfléchir, le mot propre et courant. Pour l’Irlandais en revanche, tous les mots sont également étrangers : entre plusieurs synonymes, il choisira au hasard, et généralement le mot les plus compliqué, le plus sonore, jugé peut-être le plus expressif. D’où la tendance à une

5 P. Riché, Education et culture dans l’Occident barbare VIe-VIIIe siècle, Paris, Seuil, 19952 (« Points » H 195).

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hypercorrection un peu déroutante - caractéristique de quiconque entreprend d’user de façon littéraire d’une langue apprise : songeons par exemple à l’anglais du polonais Joseph Conrad.

La propension à l’obscurité du latin hispérique est sans doute encore accrue par deux facteurs supplémentaires :

1- La nature des genres littéraires pratiqués par les Irlandais. A l’origine (Ve-VIe s.), c’est essentiellement la poésie religieuse des hymnes – on en a conservé de très belles attribuables à Colomban (fin VIe s.) -, ou encore des prières apotropaïques connues sous la dénomination générique de Lorica. Or, la solennité même, l’aura de sacré environnant ces œuvres dévotes dont Dieu est le premier et unique destinataire impliquent l’emploi d’un vocabulaire recherché et raffiné, à la hauteur de leur objet, qui accroît encore leur charge de mystère.

2- L’influence formelle probable de la poésie celtique, qui obéit à des règles de versification complexes, fondées sur l’allitération, l’assonance et la rime. Il est avéré qu’un étudiant irlandais du VIe siècle peut fréquenter tour à tour l’école du filid, le barde, et celle du monastère. Il n’y a pas lieu de penser que son goût se modifie lorsqu’il passe de l’une à l’autre. D’où la nécessité de trouver en latin, ou de forger, des mots qui puissent produire l’équivalent des effets phoniques familiers aux oreilles celtes. Ces jeux allitératifs fondés sur l’harmonie des sons se font, me semble-t-il, nettement entendre dans notre texte, par exemple au vers 7 :

aStrifero Spargit SpumaS Sulco ou au vers 18 :

refluamque prisco plicat recessam utero.

Il est donc temps d’en arriver enfin au texte. Quelques indications d’abord sur son origine.

La latinité hispérique se manifeste non seulement sur le territoire même de l’Irlande, mais aussi dans la Grande-Bretagne ravagée par les invasions des Angles et des Saxons, et rechristianisée par les moines irlandais. La recherche a pu établir avec un fort coefficient de probabilité que les Hisperica famina proviennent ainsi de l’un de ces monastères irlandais de la côte Nord-Ouest de l’Angleterre et témoignent donc, après une période bien sombre, d’une timide renaissance culturelle sur la grande île.

Voici donc, en regard de l’édition du texte telle que l’a établie le savant philologue Michael Herren6, un essai de traduction en français.

6 The Hisperica famina : The A-Rext. A New Critical Edition with English Translation and Philological Commentary, Toronto, Pontifical Institute of Medieval Studies, 1974 (Studies and Texts 31).

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De mari

De hoc amplo anfitridis licumine loquelosum cudere nitor tornum.

Hoc spumans mundanas obuallat pelagus oras, terrestres anniosis fluctibus cudit margines,

saxeas undosis molibus irruit aulonas, 5 infimas bomboso uortice miscet glarias,

astrifero spargit spumas sulco.

Sonoreis frequenter quatitur flabris ac garrula fatigat notus flustra.

Tithica aetherium irrigant stillicidia girum, 10 calastrea glaucicomus uerberat competa pontus,

periclitantes mactat naufragio puppes.

Alias serenum compaginat tithis situm

nec horrida tempestiui murmuris proflat susperia,

sed garrulae tranquello tabescunt undae fomento. 15 Gemellum neptunius collocat ritum fluctus :

protinus spumaticam pollet in littora adsisam refluamque prisco plicat recessam utero.

Geminum solita flectit in orgium discurrimina :

afroniosa luteum uelicat mallina teminum, 20 marginosas tranat pullulamine metas

uastaque tumente dodrante inundat freta, alboreos tellata flectit hornos in arua, assiduas littoreum glomerat algas in sinum,

patulas eruit a cautibus marinas, 25 illitas punicum euellit conchas,

belbicinas multiformi genimine harenosum euoluit effigies ad portum, fluctiuagaque scropheas uacillant aequora in termopilas

ac spumaticum fremet tumore bromum.

Interdum tumentem patricat Nerius lidonem, 30 nec solita marginosi tranat limina fundi ;

rostratas toruis fluctibus fulcit carinas, roboreas undisono baiulat rates flustro,

inmensasque murmoreo gurgite gestat scaphas,

ac ingentes talasicum nauigant liburnae gremium. 35 Delficinum glaucis sub fluctibus ludicat seminarium,

inormia uastum litigant cetia per isthmum, erumnosos ruminant gurgustos,

uitreumque sugillant faucibus salum

ac tornos guttoricant piscellos ; 40 neptunia squameis uerrunt cerula gigris.

Salsugenum gustantibus infestat pelagi unda saporem.

Si pantes mundani orbis acculae Internum aequoris spectarent uterum,

Repentina mortiferum irruerint uoragine claustrum. 45 (Hisperica famina, v. 381-425).

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La mer

A propos de l’onde immense de l’Océan, j’entreprends de forger un cercle de paroles.

La mer écumeuse enceint les rives de l’univers, bat les franges du monde de son antique flux,

jette le poids de ses vagues contre les calanques rocheuses, 5 roule les galets au fond de l’abysse tonnant,

lance son écume jusqu’aux routes stellaires.

Maintes fois elle est ébranlée par les bourrasques qui résonnent et le vent du Midi flagelle les ondes bavardes.

Les gouttes de Téthys humectent la voûte céleste 10 et l’océan à la chevelure gris-bleu fustige les étendues sableuses ( ?),

conduisant au naufrage les nefs aventurées.

Parfois, Téthys maintient un calme pacifique

et n’exhale pas les soupirs effroyables du grondement tempétueux,

mais les vagues babillardes languissent en une douceur caressante. 15 Le flot neptunien met en branle un rite à double face :

il assaut le rivage avec la puissance de la marée écumeuse et en resserre le reflux en son sein primordial.

Il oriente ses courses accoutumées en tous sens vers une double tâche.

Il vêt le terrain fangeux du voile mousseux de la marée, 20 franchit de son fourmillement les bornes de la grève,

noie les larges détroits sous le gonflement de son mascaret, incline les frênes pâles sur les prairies terreuses,

entasse sans se lasser les algues au long des golfes,

arrache aux récifs les patelles grandes ouvertes, 25 en détache les coquillages gorgés de pourpre,

roule le corps d’animaux de races diverses jusqu’au port ensablé,

et les mers aux flots vagabonds frémissent en battant les isthmes de roc, tandis que gronde le tonnerre profond de l’écume.

Parfois, Nérée sert de berger au flux qui s’enfle 30 et ne franchit pas la limite coutumière de l’estran ;

il soutient de ses ondes torses les navires à la proue aiguë, porte sur son flux qui résonne de puissantes embarcations, soulève d’immenses barques au-dessus de son gouffre marbré

et d’énormes galères naviguent sur le sein de la mer. 35 Le collège des dauphins mène ses jeux sous les eaux gris-bleu,

de gigantesques cétacés se querellent au fil des courants, mastiquent l’infortuné fretin,

se gargarisent d’eau verte et salée,

et engloutissent le poisson frétillant ; 40 ils balaient de leur mufle écailleux le bleu sombre de Neptune.

L’onde pélagienne oppose à qui y goûte une saveur salée.

Si tous les habitants de la sphère du monde

contemplaient les entrailles de la mer en leur tréfonds,

ils se précipiteraient dans la prison de son vif tourbillon de mort. 45

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Quelques notes lexicales, empruntées à la science de Michael Herren, ne sont peut-être pas inutiles pour justifier la traduction d’un poème qui paraît d’abord ressembler au Jabberwocky récité par Alice dans De l’autre côté du miroir :

- Amphitrite, l’épouse mythologique de Neptune, cité au vers 1, est traditionnellement une personnification de l’élément liquide ;

- à propos, toujours au v. 1, de licumen, apparenté à liquor, liquidus, on notera le goût de cette littérature pour les mots dactyliques en – men,- minis (voir aussi discurrimina au v. 19, pullullamine au v. 21, et genimine, pour genere ( !) au v. 27) ;

- on peut appliquer la même remarque aux adjectifs dérivés en –osus : voir loquelosum au v.1, marginosas au v. 21, erumnosos au v. 38 ;

- tornum, au v. 2, est un hellénisme ; on trouve plus loin aulonas au v.5, afroniosa et teminum au v.

20, termopilas au v. 28, talasicum au v. 35, pantes au v. 43.

- anniosis au v. 4, forme hypercorrecte, est là pour annosis, « chargé d’ans » ;

- aulonas au v. 5 est le terme grec , « bras de mer, canal », d’interprétation ici assez incertaine ;

- bomboso (v. 6), expressif, a presque la valeur d’une onomatopée : on croit entendre la mer tonner contre les creux de rocher du rivage ;

- glaria, également au v. 6, est un mot rare et technique (le gravier) ;

- astrifer, au v. 7, nous donne l’occasion de mettre en relief le goût assez généralement poétique, mais notamment manifeste ici, pour les adjectifs composés (voir par exemple glaucicomus au v. 11, undisono au v. 33) ;

- les « gouttes de Téthys » (v. 10) sont bien sûr les embruns ; le nom de la Titanide Téthys estune antonomase classique de la mer ;

- « les étendues sableuses » (v. 11) : traduction conjecturale ;calastrea, peut-être d’origine celtique, est un mot très énigmatique ;

- au v. 13, le verbe compaginat, que nous rendons pauvrement par « maintient », est bien plus expressif : il pourrait se traduire « échafaude ». Lemploi du compliqué est toujours préféré à celui du simple ;

- à propos de spumatica (v. 17), on noterale goût de cette poésie pour les adjectifs et les verbes en - icus, -icare : talasicum, calque du grec déjà cité, au v. 35, velicare au v. 20, pastricare au v. 30, guttoricare au v. 40 ;

- les mots de glossaire adsisa (v. 17), mallina (v. 20), dodrans (v. 22), lido (v. 30) sont de quasi- synonymes, désignant « le flux », « la marée » ;

- au vers 20, teminum transcrit le grec τεμενος, mais, associé à luteum, il a perdu toutes ses connotations religieuses ;

- belbicinas (v. 27) dérive de belva, « la bête », « l’animal » ;

- Delficinum (v. 36) est mis pour Delfinicum (« de dauphin »), la métathèse étant peut-être entraînée par le voisinage de belbicinas ;

- gurgustos, au v. 38, signifie « les poissons » au terme d’un cheminement sémantique compliqué, qui passe notamment par un contresens de saint Jérôme dans sa traduction du Livre de Job (voir Herren, p. 158) ;

- gigris (v. 41), « la tête », ou plutôt, dans le contexte, « la gueule », est un hébraïsme ;

- accula (v. 43), fréquent dans les Hisperica famina, est déjà en latin chrétien un équivalent d’incola,

« l’habitant ».

Une fois écoulée la petite monnaie de ce déchiffrage mot à mot, reste à reconnaître que l’assemblage de ces vocables singuliers – dans tous les sens du terme – a une certaine allure.

C’est assurément plus beau en latin qu’en traduction. Il faudrait sans doute le génie et la plume de James Joyce pour rendre adéquatement en langue moderne la somptueuse

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sauvagerie d’un tel poème7 - encore que, selon mon jugement, les v. 19-29, de caractère plutôt litanique, tirent un peu à la ligne. Cela dit, on peut bien avoir, dans l’ensemble, débroussaillé le sens littéral du passage, on n’a pas expliqué grand chose. Quel pouvait donc être l’usage, quelle était la fonction de ce genre de texte ? Certains critiques, naguère, prenant en compte l’hermétisme de cette langue sacrale, et d’autre part le fait que ces vers tendent principalement à évoquer les forces primordiales de l’univers naturel, ont voulu imaginer qu’ils s’employaient à transmettre, sous forme voilée, de vieux enseignements druidiques. La réalité est bien plus terre-à-terre, et je suis au regret d’avoir, sans doute, à décevoir mon lecteur : compte tenu du fait que le début des Hisperica famina est l’exposé, assez pédant, des douze défauts de prononciation ou de style qui offensent le génie de la langue latine, qu’il est suivi d’un long développement sur la lex diei, l’organisation de la journée, et que cette journée est celle d’un étudiant, compte tenu de l’origine monastique de ces poèmes et de ce que l’on peut savoir des techniques de l’enseignement du latin en milieu irophone, nous sommes en présence de purs et simples exercices de grammaire. Le celtisant Paul Grosjean8, dans les années 1950, puis le latiniste Michael Herren, qui en conçoit pourtant quelque mélancolie et perplexité, l’ont démontré sans faille. Ne voyons donc pas dans ces vers sur la mer l’expression du frisson sacré de l’individu face à l’insondable puissance de l’océan, mais une liste de mots de vocabulaire sur un sujet donné, arrangés rythmiquement de façon à être plus aisément mémorisables. Ainsi, les vers 3, 4 et 5 décrivent la même image de trois façons distinctes, selon la méthode grammaticale de la differentia mise à l’honneur par Isidore de Séville, l’une des sources des famina. Le cadre mental et rhétorique de tels exercices, ce n’est donc pas l’émoi de Victor Hugo en présence du gouffre, l’apostrophe de Lautréamont au

« vieil océan » ou les invocations de Saint-John Perse – « et le surcroît nous vienne en songe à ton seul nom de Mer ! » - … c’est la pédagogie de l’instituteur de village.

De cet intérêt des Irlandais pour la grammaire latine et des formes bizarres qu’il revêt, nous avons un autre témoin, le personnage énigmatique qui se fait appeler Virgilius Maro comme l’auteur de l’Énèide. On a aujourd’hui de bonnes raisons de penser que cet individu difficile à dater et à localiser, mais peut-être natif d’Aquitaine, a sans doute exercé son activité en milieu irlandais vers l’époque des famina. Dans l’autobiographie loufoque dont il gratifie son lecteur, on découvre qu’il a étudié à Rome sous la férule d’un certain Énée ( !), lui-même élève de

7 La traduction de Herren est aussi ascétique que son commentaire est prodigue : par souci de clarté

pédagogique, elle s’abstient de faire appel à la générosité du lexique anglais, tellement plus profuse que celle du vocabulaire français, et ne compte pas un mot qui ne soit prosaïque et courant.

8 « Confusa Caligo. Remarques sur les Hisperica Famina », Celtica 3 (1956), p. 35-85.

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Donat – non le célèbre grammairien du IVe siècle, le maître de saint Jérôme, mais un homonyme originaire de l’antique Troie, et qui aurait vécu mille ans… Les enseignements grammaticaux rassemblés par les huit Lettres et les Epitomés en quinze livres de ce Virgile de seconde zone sont de la même eau : ainsi, on y apprend qu’il existe en latin quatre genres, et non deux, cinquante verbes sans singulier, douze latinités et autant de façons de dire « le feu » (ardon, calax, spiridon, quoquihahin, etc…), que l’on peut indifféremment écrire gero uestrum affectum ou ge ues ro trum tum a fec, et ainsi de suite ; l’auteur prête en outre aux nombreuses autorités qu’il invoque des propos qu’elles n’ont jamais tenus, quand il ne se prévaut pas de garants nommés Balapsidus, Don, Glengus, Galbingus ou Fassica, purement fantasmagoriques. Si l’on refuse de considérer Virgile le Grammairien comme un fou – hypothèse que je me garderais d’écarter, bien que ses lecteurs d’époque carolingienne l’aient pris au sérieux -, son œuvre reste bien difficile à interpréter, car le fin mot de la plaisanterie nous échappe. Sans doute doit-on y discerner une intention parodique : abreuvé aux sources de la latinité, à Toulouse peut-être, dont Abbon de Fleury le dit originaire, il se serait moqué, en les exagérant, des délires grammaticaux de ses collègues irlandais, avec d’ailleurs pas mal d’esprit.

Le persiflage quelque peu surréaliste de Virgile le Grammairien, si c’est bien de cela qu’il s’agit, m’induit à penser que l’interprétation des Hisperica famina par des raisons uniquement pédagogiques et utilitaires est peut-être réductrice et à courte vue. Quel étrange et naïf projet, en effet, que d’inculquer la grammaire aux enfants en leur faisant enregistrer une collection d’hapax ! Soit, il convient de leur enseigner des mots de vocabulaire. Mais le choix des sujets, cette espèce de profusion, de débauche dans l’emphase verbale et dans l’invention lexicale font que l’on a du mal à penser que cette pédagogie s’inscrit dans le contexte d’un simple b.a.– ba. Il y a, sans doute, diverses façons d’apprendre une langue aux jeunes gens, mais celle-ci n’est sûrement pas la moins originale. La phrase qui sert de conclusion à notre poème de la mer, la seule un peu élaborée du point de vue syntaxique, puisqu’on y rencontre un système hypothétique (v. 43-45 : « Si tous les habitants de la sphère du monde / contemplaient les entrailles de la mer en leurs tréfonds, / ils se précipiteraient dans la prison de son vif tourbillon de mort »), est jugée par Herren d’une platitude navrante ; pour moi, elle me reste tout à fait mystérieuse, mais la fascination de l’abîme que je crois y déchiffrer ouvre sur un autre horizon que celui de la salle de classe. Les philologues attentifs qui se sont penchés sur ces textes ont raison quant à leurs usage et destination premiers. Mais la rudesse du travail philologique – car ce n’est assurément pas une mince affaire que d’éditer et de commenter les Hisperica famina ! – a pu leur en faire quelque peu perdre de vue la dimension esthétique. Car

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ces poèmes visent sans doute à une utilité pratique, mais aussi, j’en suis convaincu, à susciter du plaisir et - pourquoi pas ?- à produire de la beauté. Et pas n’importe quelle beauté. Cette esthétique du surplus – pour ne pas dire de la surcharge -, du grandiose - pour ne pas dire du grandiloquent -, du compliqué – pour ne pas dire de l’emberlificoté -, du brillant – pour ne pas dire du clinquant -, est absolument caractéristique de l’art irlandais de l’époque : il n’est pour s’en convaincre que de contempler et d’admirer les enluminures de manuscrits, comme celles des livres de Durrow et de Lindisfarne, où l’ornement s’avoue comme tel, ou encore les pièces d’orfèvrerie que l’art insulaire produit à cette époque, à un moment où les artistes continentaux sont fort loin de manifester la même imagination et la même maîtrise. En somme, un art extraverti, exubérant, qui déclare sans scrupule ni complexe sa qualité d’artifice et affirme hautement sa vocation à ne pas reproduire la nature… comme est vraiment peu « réaliste » l’évocation par notre texte des marées et des tempêtes. Au risque assurément d’une extrapolation un peu brutale, il me semble que se révèle là ce qui fait le génie éternel de l’Irlande : le grossissement humoristique, et c’est Swift, les jeux de l’autoréférence, et c’est Sterne, le mélange des registres de langue, et c’est Synge, le mysticisme panique, et c’est Yeats, tout cela à la fois, et c’est Joyce. Il ne saurait sans doute être question d’accabler les tentatives souvent balbutiantes de l’auteur médiéval sous le poids de références écrasantes, mais c’est aussi en jetant un regard oblique à cette postérité que j’ai envie de lire les Hisperica famina et leur double ironique, l’œuvre de Virgile le Grammairien.

Par-delà leur visée didactique, quel est donc enfin le sujet de ces textes ? Je conclurais volontiers que ce qu’ils nous racontent, c’est la conquête d’un langage. Au vers 2, l’auteur désigne son poème par la périphrase tornum loquelosum. Tornum, c’est le mot grec , qui désigne le tour du potier ou du sculpteur sur bois. Ici, cet instrument artisanal n’est pas fait de matériaux concrets, mais de paroles, loquelae. Et c’est au moyen de ce tour fait de mots qu’il s’agit de façonner la réalité, l’océan, le ciel, le feu, de leur donner une forme. Il ne me semble pas indifférent que la fin, ou presque, de la version A des famina, avant le développement consacré à la prière, soit dédiée par l’auteur à l’évocation des humbles auxiliaires de son travail d’écriture, le petit sac de cuir où l’on range le livre après usage, les tablettes de cire qui servent de brouillon. J’y vois l’indice d’une attitude réflexive de l’écrivain par rapport à sa propre entreprise : le livre décrit « met en abyme », comme on dit, le livre écrit. Au fond, ce que racontent les Hisperica famina, ce n’est pas l’océan, mais l’histoire de quelqu’un qui s’arrache à la barbarie, et au barbarisme, pour mettre en mots l’océan.

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Ouvrage pédagogique, certes, mais aussi épopée de la langue. J’ai cité ci-dessus, presque sans y penser, le nom de Saint-John Perse, autre grand consommateur de mots rares et précieux et de néologismes. Mais que sont Anabase, Vents ou Amers, sinon le récit de la conquête d’une parole poétique ? Voyez plutôt cette invocation du poète à l’océan :

« Ah ! nous avions des mots pour toi et nous n’avions assez de mots, Et voici que l’amour nous confond à l’objet même de ces mots, Et mots pour nous ils ne sont plus, n’étant ni signes ni parures,

Mais la chose même qu’ils figurent, et la chose même qu’ils paraient ; ( …)

Et toi-même sommes-nous, qui nous étais l’Inconciliable : le texte même et sa substance et son mouvement de mer,

Et la grande robe prosodique dont nous nous revêtons… »9

Quelle est donc alors cette langue à la conquête de laquelle s’élance notre grammairien d’Irlande et sur laquelle il exerce une mainmise évidemment jubilatoire ? Hesperia, dans le seul texte classique que sans doute il connaît, l’Énéide, désigne avec constance la terre promise au prince troyen exilé, l’Italie. Et si hipserica famina, cette parole d’Occident, c’était, tout simplement, le latin ?…10

Jean-Yves Tilliette

9 Amers, « Chœur, 4 » (Saint-John Perse, Œuvres complètes, Paris, Gallimard, 1972 (« Bibliothèque de la Pléiade »), p. 378.

10 Dans un essai récent (« The Hisperica famina as Literature », The Journal of Medieval Latin 10 (2000), p. 1- 45), Andy Orchard achève de réhabiliter les Hisperica famina, dont il fait, au prix d’une lecture (trop ?) subtile l’expression ornée et cryptée d’un profond savoir sur le monde. Qui souhaiterait en savoir plus sur le sujet trouvera dans les notes de cet article une bibliographie exhaustive.

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