A NNALES DE L ’I. H. P.
M. B ORN
Théorie non-linéaire du champ électromagnétique
Annales de l’I. H. P., tome 7, n
o4 (1937), p. 155-265
<http://www.numdam.org/item?id=AIHP_1937__7_4_155_0>
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Théorie non-linéaire
du champ électromagnétique
par M. BORN.
INTRODUCTION.
Le
développement
naturel de toute recherchescientifique
estcarac-
térisé par une collaboration intime entre
l’expérience
et la théorie. Acertaines
époques,
la théorie est en avance et peutprévoir
des effetsnouveaux,
inconnus;
nous en avons eu unexemple
dansl’extraordinaire
prévision,
par deBroglie,
du caractère ondulatoire du mouvementélectronique.
A d’autresépoques,
aucontraire,
comme parexemple
àl’heure
actuelle,
les découvertes de faits nouveaux se succèdent à unrythme tel,
que la théoriereste
fort en retard sur ledéveloppement expérimental.
Engénéral cependant,
on peut dire que l’observation des faits et leurinterprétation
vonttoujours
depair.
La théorie que
je
veux exposer ici n’a pas ce caractèrequ’on pourrait appeler
normal. Ilarrive quelquefois qu’un
faitexpérimental
bien établireste
long temps inexpliqué
etcomplètement
isolé des autres observa- tions connues. Unexemple
célèbre nous est fourni par lephénomène,
que Newton connaissait
déjà,
del’égalité
entre la masse(mesure
del’inertie)
et dupoids (mesure
de lagravitation),
en d’autres termes, par la constatation que tous les corps tombent avec la même accélération dans le vide. Les chercheurs s’habituèrent tellement à ce faitqu’ils
oublièrent de ’le considérer comme un
problème
nonrésolu;
il fallutattendre 200 ans
jusqu’à
cequ’Einstein commençât
à s’étonner denouveau et
découvrît,
dans cette constatation devenue banale à lalongue,
le fondement de la théorie de la relativitégénéralisée.
La situation dont nous aurons à nous occuper n’est pas aussi mauvaise que la
précédente,
en ce sens que leproblème qu’elle
concerne n’est nitrop ancien,
nicomplètement oublié; néanmoins,
’50 ans se sontdéjà
écoulés
depuis qu’il
a étéposé
pour lapremière
fois. Ceproblème
estcelui des difficultés soulevées par l’existence de
l’énergie
propre infinie descharges électriques ponctuelles.
J. J.
Thomson qui,
lepremier,
a découvert l’existence des électrons libres et mesuré leurcharge spécifique,
aégalement
émisl’hypothèse
fondamentale que leur masse était
d’origine électromagnétique.
Jeciterai une
phrase
del’autobiographie qu’il
a récemmentpubliée [1] (f)
et dans
laquelle
il décrit sespremières
recherches(1891)
sur les consé-quences de la théorie de Maxwell.
« Si l’on
adopte l’hypothèse
d’uneconstitution électrique
de lamatière,
il est
permis
de supposer que la masse a uneorigine électrique
et quepar
conséquent
elle neprovient
pas des atomeseux-mêmes,
mais del’espace qui
entoure leurscharges. »
J. J. Thomson admet que cet « espace entourant une
charge
e » estl’espace
extérieur à unepetite sphère
de rayon a et démontreque
lamasse ainsi calculée doit être
proportionnelle
àl’énergie
électrosta-tistique,
ou àe2 a.
Cetteexpression
devient infinie pour a ~ o ; l’idée d’unemasse
d’origine électromagnétique
conduit donc nécessairement à desspéculations
concernant la structure de l’électron. Ceproblème
n’a pas reçu de solution satisfaisantependant
lapériode
«classique »
de laphysique,
et n’a pasdisparu
nonplus
avec la création de la théorie moderne desquanta.
Il constitue à l’heure actuelle un «point
noir »dans notre
description théorique
desphénomènes naturels,
et ce n’estqu’une maigre
consolation de constaterqu’entre temps
d’autrespoints
noirs sont venus
également
obscurcir notre horizon.Ces dernières difficultés ont pour
origine
la découverte de nouvellesparticules élémentaires,
inconnuesjusqu’à présent,
etqui
ont faitperdre
à l’électron sa situation
privilégiée
departicule
fondamentaleunique.
A l’heure
actuelle,
il existeplusieurs particules
élémentaires : l’élec-( 1 ) Les nombres entre crochets [ ] renvoient à la bibliographie qui se trouve à la
fin de cet Ouvrage.
I57 tron, le
positon,
leproton,
le neutron etprobablement
leneutrino,
etnous sommes certains que toute théorie correcte de ces
particules
devrait en embrasser l’ensemble et ne pas se contenter d’en décrire une
seule à la
fois ;
eneffet,
on connaîtdéjà
un certain nombre dephénomènes
dans
lesquels
cesparticules
sontproduites,
ou détruites ou enfin trans-formées les unes dans les autres.
La théorie non-linéaire du
champ
est unrésidu
del’époque
où l’électronétait considéré comme l’élément
capital
de laPhysique.
Elle fournit unesolution formelle
élégante
duproblème
del’énergie
propre infinie et de la masseélectromagnétique; mais,
à vraidire,
cette solution vient trop tard. L’existence du neutron montre clairement que la masse n’est pas indissolublement liée à lacharge;
en mêmetemps.
les recherchesexpé- rimentales,
concernant lesphénomènes nucléaires,
ont mis en évidencel’existence de forces entre
particules, chargées
ou non, dont la nature est tout à fait différente de celle des forcesélectromagnétiques.
Deplus,
il n’a pas encore été
possible
de réaliser un accordcomplet entrè
l’élec-trodynamique
non-linéaire et lesprincipes
de la théorie desquanta;
enfin on n’a pas encore réussi à se débarrasser des termes
infinis,
carac-téristiques
de la théoriequantique
deschamps.
Malgré
toutes cesobjections je
mepermettrai
dedévelopper quand
même devant vous cette
théorie,
pour les raisonssuivantes.
On constate d’unefaçon
tout à faitgénérale
dans l’histoire de la recherche scienti-fique
que, souvent, une des raisons deprogrès
dans une direction déterminée est l’élimination radicale de toutes leshypothèses parasites,
cachées dans la théorie.
L’électrodynamique
linéaire de Maxwell contient depareilles hypothèses parasites;
elles sont non seulementinutiles,
mais donnent encore lieu à des difficultés
considérables, particulière-
ment en ce
qui
concernel’énergie
propre.’
’
Or,
il estpossible
dedévelopper
une théoriegénérale qui
évite cesdifficultés.
Mpme
si cette théorie ne résoutpas
immédiatement legrand problème
desparticules élémentaires,
elle a néanmoins le mérite d’aider à mieux saisir lespoints essentiels;
on constatedéjà
l’existence d’un certain nombre d’éléments dejonction,
reliantl’électrodynalnique
non-linéaire à
des
considérations d’un tout autre genre, comme parexemple
la théorie des
positons
de Dirac.Enfin,
dernier argument maisqui
n’estpas pour cela le moins
important,
la théoriegénéralisée
deschamps
forme un édifice
mathématique
harmonieux et dont la beauté proprepeut
constituer un élément d’intérêt pour ceuxqui goûtent l’élégance
des méthodes
analytiques.
Pour cette dernière
raison,
le moded’exposition adopté
ici aura uncaractère
mathématique
trèsprononcé ; je
commencerai- par des consi- dérations sur lesprincipes
de variationappliqués
aux mouvements des milieux continus et, ensuitepassant
dugénéral
auparticulier, j’abor-
derai le cas du
champ électromagnétique ( ~ ). ~
CHAPITRE I.
~ -THÉORIE
CLASSIQUE.1. .
Principe
de variation pour un milieucontinu [1].
- Considéronsun espace à n
dimensions,
de coordonnéesxi , x?, ...,
x".Définissons
dans
cet espace unehypersurface
fermée à n - i dimen-sions,
S,
au moyen deséquations :
(1.I)
...,
un-1)(a = I,
2, ..., n),où
u~~ ( k = I , 2, ... , n - i )
sont n - nparamètres. Appelons
D ledomaine
quelle
renferme et définissons dans ce domaine v fonctions, ..,
xn)
que nous écrivons pourabréger
z03B1(xi) (03B1 = I, 2, ..., 03BD);
soient
(1.2) z03B1k(xi) = ~z03B1 ~xk leurs dérivées
( ~ ).
Supposons qu’on
se donne une fonction de ces diversesvariables,
fonction que nousappellerons
le «lagrangien »
dusystème
(~.3)
~
.
.
( 1 ) Pour cette exposition j’ai fait amplement usage de la thèse présentée à l’Univer-
sité de Cambridge par mon ancien élève et collaborateur M. P. Weiss, qui a étudié complètement les bases mathématiques des théories des champs en relation avec le calcul des variations et le calcul fonctionnel; une partie de cette thèse a été publiée
dans [ 2 ].
"
( 2 ) Les indices en caractères latins proviennent toujours des x, ceux en caractères grecs des z. On doit prendre comme d’habitude la somme sur tout indice apparaissant
deux fois. Nous avons pris soin de choisir la notation de telle manière que dans ce cas l’un des indices apparaît en haut et l’autre en bas.
I59
Formons
l’intégrale
,,
(1.4) I = D[xi, z03B1(xi),
z03B1k(xi)]dx,
où dx
signifie dx1, ... ,
dxn. I est une fonctionnelledépendant
du choixde la surface
S,
donnée par(1 . ï)
ainsi que des valeurs des v fonctions z03B1 dans D et sur S.Pour obtenir une
interprétation mécanique utilisable,
il faudrarendre le nombre de dimensions n
égal
à4,
trois dimensionsd’espace
et une de
temps.
Les fonctions décrivent une
propriété quelconque
du milieuqui remplit l’espace (déformations élastiques, potentiels électromagné- tiques, etc.).
Posons commepostulat
que leséquations
du mouvements’obtiennent
en annulant la variation 01 deI,
pour des variations indé-pendantes
de sesarguments,
c’est-à-dire de S et des z03B1 sur S et dans D.Il
est essentiel de considérer aussi la variation de lafrontière,
ainsique celle des variables
dépendantes
sur lafrontière,
si l’on veut être àmême de
comprendre
lecomportement
dessingularités.
Nous traiterons le dernierproblème
auparagraphe
9.Pour effectuer la
variation,
introduisons une familleS(~) d’hyper-
surfaces S à un
paramètre
~, situées auvoisinage
del’hypersurface donnée,
et pourlesquelles
(’1.~) li = xi + E~i.
Faisons
subir,
demême,
aux fonctions dans D une variation linéaireen
remplaçant
par.
(1.6) z03B1(xi) = z03B1(xi) + ~ ~03B1(xi) dans D.
Les valeurs de ces fonctions sur la frontière déformée
S (~ ) _ ~
seront(1.7) .
z03B1(xi)
= += z03B1(xi) + ~(z03B1i03BEi +
r;a) sur S.La
variation
totale de z03B1 sur la frontièrepeut
s’écrire~03BE03B1,
et est donnée par(1.8)
’
= + ~03B603B1.
En comparant avec
(1. ~)
onvoit que
La
première
variation del’intégrale
1 est(1.I0)
03B4I = (dI(~) d~)0 = D(d d~)0dx + (d d~ D+~0394 ()0 dx)0
où l’indice o
indique
que E -+ o et oùreprésente
le domainelimité par la frontière déformée S. ’ ’
Avant de
simplifier
cetteintégrale
nous introduirons unlangage géométrique
et nousparlerons
de vecteurs et de tenseurs. Il faut notercependant qu’il
nes’agira
pas, dans notre cas, de calcul tensorielordinaire, puisque, jusqu’à
nouvelordre,
nous nepostulons aucune
relation entre les lois de transformations des variables
indépendantes
d’une
part
et celles des variablesdépendantes,
de l’autre. Nous trans-formons
séparément l’espace
des x en introduisant de nouvellesvariables ’
et
l’espace
des zxi = 03C6i(x1, x2, ..., xn)
z03B1 = 03C803B1(x1, x2, ..., xn),
mais nous ne faisons encore aucune
hypothèse quant
à lamétrique
deces espaces. Avec ces
conventions,
dxi est un vecteur contrevariant dansl’espace
des x et un vecteur contrevariant dansl’espace
z;mais,
par
exemple, =«
est un scalaire dansl’espace
des x, tandisque zk
est unvecteur covariant dans ce même espace, mais contrevariant dans
l’espace
des z. Le
lagrangien 1
est unscalaire,
aussibien,
dansl’espace x
que dansl’espace
z. Lespropriétés
de transformation se déduisent immédia-tement pour
n’importe quelle grandeur, d’après
le nombre et laposition
des
indices
grecs ou latins.Plus loin nous allons établir entre les transformations des espaces x
_ et z
la relation habituellecaractéristique
du calcul tensorielordinaire;
à ce moment, nous aurons à
distinguer
entre tenseurs proprement ditset densités
tensorielles,
discriminationqui
estsuperflue
pour l’instant.Les n dérivées
dx1 duk, dx2 duk, ..., dxn duk
sont lescomposantes
d’un vecteur ..contrevariant tangent à S. Il y a i vecteurs de ce
type, qu’on obtient
en prenant successivement
/~ =1, 2,
... , n -1; onpeut
admettrequ’ils
sont linéairement
indépendants, sans quoi
le choix desparamètres
uksur S né satisfait pas aux conditions
requises.
Considérons un vecteur contrevariant arhitraire ak dans
l’espace
des x et définissons dans le même espace un vecteur covariant
Nk
par larelation
~ o~ ... a,i
. o~~ ~~
~u1 ~u1
...
~u1
(1.II) Nkak = |~x1 ~u2 ~x2 ~u2 ... ~xn ~u2|.
... ... ... ...
~x1 ~un-1 ~x2 ~un-1
...
~xn ~un-1
Nk
est donc le mineurqu’on
obtient àpartir
de la matrice à ~ 2014 ilignes
et n colonnes
((~-))
en
supprimant
la colonnek, prise
avec lesigne
convenable.Le vecteur
Nk
est normal àS ;
en effet enremplaçant
dans/ ~~ L~’
ak par -,2014 , on obtient
(1.12)
(/-=I,2,...,~2014l).
,Cela
étant,
considérons d’abord le second terme de la variation ëldans (1.I0)
(l.l3)
~/"
~)
=
I ~
E~~ ()0dx.
Cette
intégrale
doit être étendue au domaine e Acompris
entre les sur-faces S et
S, qu’on,peut imaginer décomposé
encylindres ayant
leursaxes normaux à S. Le volume de l’un de ces
cylindres
est . ,~~ ~~ ~"
~~ ~~ ° ° W
6~ ~~
~u1 W ° ° ° 27 ,
... ... ... ...
~x1 ~un-1 ~x2 ~un-1
...
~xn ~un-1
lequel
en vertude (1 . 5) et (1 . 1 1)
estégal
à’
On
obtient donc,
de(l.i 3)
. ,(Li4)
~ ~ B~’’D+eA ~)o~
/o == ~s ’/
où du
signifie
du1 ... dun-1.Le
premier
terme dans(t.10)
est(i.i’5) D[d d~ (xi, z03B1+~~03B1, z03B1k+~~03B1k)]~=, dx = D(z03B1~03B1+z03B1k~03B1k) dx,
où les Indices
dont
estaffecté Indiquent
des dérivationspartielles.
Introduisons
les
abréviations suivantes(t. 16) -
~=~;
pk03B1
est un vecteur contrevarlant dansl’espace
x. ~03B1 étant un scalaire dansl’espace
x, pk03B1~03B1 est aussi un vecteur contrevarlant dans ce même espace.Or,
pour tout vecteur ~ de cetype,
on a le théorème de Gauss (i..7) )’
D~ak ~xk dx = S akNk du.
Écrivons
~=~s=~-~-~
et
appliquons ( t. i~);
dans ce cas(1. i5) prend
la forme(i.i8)
D(q03B1-~pk03B1 ~xk)~03B1 dx + S pk03B1 Nk~03B1 du.
Substituons à la
place
de ~03B1 dansl’intégrale
desurface, l’expression (1. ()).
En
ajoutant
obtient la variation totale(l.i9) ol==/~]~~.-~-
~D/BX/-~-~Z~~)~,
~S ’’ ’
,
où l’on a
employé,
pourabréger
les notations suivantes«-)
~=~-~~=~-~-
.Cette
opération
estappelée la
dérivée variationnelle de Euler.Les q03B1
correspondent
aux « forces extérieures )) et lespk03B1
aux « tensionsinternes ». Ensuite ’ (1.21) (Z03B1
j Xà= Uj.Ni, .’
=.pôc Ni,oÙ .
(1.22) Uik=03B4lk-pi03B1z03B1k (03B4lk =
{I
opour i
pour i ~= k
kest un tenseur mixte du second rang
dans l’espace
.y. Enlangage
ducalcul
fonctionnel,
telqu’il
a étédéveloppé
par Volterra et autres auteurs, estappelée
la dérivée de 1 parrapport
à .~a,prise
aupoint xi
du domaineD,
tandis queXk
etZx
sont les dérivées de 1 parrapport
à xr~ et aupoint
uk de la frontière S.2.
Équations
d’Euler et lois de conservation. -D’après
le lemmefondamental du calcul des
variations,
les fonctions ~03B1 étantarbitraires,
la variation 01 ne peut s’annuler que si
(2.I) qa-
~pk03B1 ~xk =
o (a - I, 2, ..., v),Ces
équations
sont leséquations différentielles
de Eulerqui
consti-tuent dans les
applications
à ladynamique,
leséquations d’équilibre
oude mouvement
(équations
dechamp). Lorsqu’elles
sontsatisfaites,
lapremière
variation de 1 se réduit à la « formule des limites ))(2.2) ol=
S
(Xk;k+ du.Lorsqu’on
annuleégalement
cetteintégrale
on restreint le nombre etla nature des conditions aux limites
possibles
des fonctions sur S. Lecas le
plus simple
est celui où les .~~ prennent des valeurs données sur une surface donnéeS;
dans ce casyi
= o, 03B603B1 = o et parconséquent
d I = o.Lorsqu’on n’impose cependant
aucune condition « artificielle » de cegenre,
l’équation
elle-même fournira la condition aux limites« naturelles )). Par
exemple,
si les peuventprendre n’import.e quelle
valeur
(03B603B1 arbitraire)
sur une surface donnée(03BEk = o ).
les dérivéeszf
nepourront
pas êtrecomplètement
arbitraires surS,
mais devront satis- faire la condition aux limites «dynamiques »
suivantes(~.3) La =
pâ
Ni = osur S. ‘
I64
Dans les
applications
àl’électrodynamique,
la valeur de la variation ëlsur la frontière sera utilisée pour déterminer le
comportement
duchamp
dans le
voisinage
dessingularités (charges).
Il est souvent utile de considérer les /~
quantités zf
nonplus
commeles dérivées des fonctions za, mais comme des
grandeurs Indépendantes.
D’un autre
côté,
si un certain nombre n03BD depareilles
fonctionsz03B1k(xi)
peuvent
être effectivement considérées comme des dérivées elles devront satisfaire les vn(n-I) 2
« conditionsd’intégrabilité ))
suivantes : (2.4)~z03B1k ~xi - ~z03B1i ~xk = 0.
Nous allons déduire maintenant une identité
qui
conduit aux lois deconservation de la
dynamique.
Une méthode célèbre due à Klein
[1]
utilise à cet effet la notion de transformation infinitésimale. Dans notre cas, nous avons affaire enparticulier
à undéplacement
de toutl’espace qui
n’altère pas les fonc-tions z03B1;
nous devons doncprendre 03BEk=const.,
et déterminer les variations des z03B1 defaçon
que cedéplacement
ne fasse pas varier les za.Écrivons
donc celaz03B1(xi + ~03BEi) -- ~~03B1 = z03B1(xi), d’où il suit que
~~-hY~=0
ou ~==0.’
Ce
déplacement
provoque donc une variation de ïégale
à(2.5)
~=f~
’o
DOr,
notre formulegénérale (1. I9)
donne pour ce const.,:
(2.6) 03B4I = (k
[- L D[]03B1z03B1kdx
+S Xk du ] .
.Égalant (2.5)
et(2.6)
et utilisant(1.2i),
on obtient(2.7)
’
~S ~D
Cette identité
intégrale
peut être transformée en une autrequi
necontienne que des
dérivées,
en utilisant le théorème de Gauss sur la transformation d’uneintégrale
de surface en uneintégrale
de volume.On obtient
(2.8)
~Uik ~xi =
xk +Qn
peut
obtenir une identitéplus générale
en dérivant directement la relation(1.2 2).
Admettons que ni leséquations
d’Euler(2. 1),
ni lesconditions
d’intégrabilité (2.4)
ne soientsatisfaites,
etconsidérons ~
et
z03B1i
comme fonctions dexi,
et Celaétant,
ladérivée
de f
parrapport
à Xli et.~~
étant considérées comme des fonctions deXli)
est~ ~xk = xk +
z03B2~z03B2 ~xk + z03B2i~z03B2i ~xk.
De
( 1. 22 )
il résulte que ’ ’~Uik =
dQ~pl03B2
03B2~z03B2k
,dxi dxk - dxi P3 dxi’
d’où _
.
(2.9)
~Ulk ~xi
= xk + (q03B2 ~z03B2 ~xk - ~pi03B2 ~xiz03B2k) + pi03B2(~z03B2i ~xk - ~z03B2k ~xi)
.Cette identité est
plus générale
que(2.8);
si toutefois les conditionsd’intégrabilitè ( ~ . / )
sontsatisfaisantes,
le dernier termedisparaît
et on
peut poser zÀ
= dans ce cas(2.9)
se réduit à(2.8).
Si,
deplus, l’équation
d’Euler(2. i)
estsatisfaite,
on aura(2.io)’
BSUikNi
du rlx.Considérons maintenant des
systèmes
« conservatifs », danslesquels
tout
phénomène
estindépendant
de laposition
absolue dusystème
dansl’espace,
c’est-à-dire pourlesquels ~
nedépend
pasexplicitement
des x’~(espace
ettemps )
Dans ce cas nous avons les lois de consenvation (2.II) ~Uik ~xi = o ou SUik Ni du = o.
A la un de ce
paragraphe,
mentionnons un typeparticulier
desystèmes qui
vont s’avérerirnportants
enélectrodynamique,
àsavoir,
.ceux pour
lesquels
leséquations
d’Euler(2. i)
et les conditions d’inté-grabilité (2.4)
sontinterchangeables;
onpeut
lesappeler systèmes self-
duals ou
autoconjugués.
Une
première
condition évidente pour réaliser la self-dualité est o, « la force » doit être nulle. Une seconde condition- estévidemment
l’égalité
du nombred’équations (2. i)
d’uncpart
et(2.4)
de
l’autre,
soit(~. I’Z)
,2
- I) = v
dont la seule solution
positive
est n = 2, v arbitraire.Les
systèmes
self-duals ne sont doncpossibles
que dans un espace .z à deux dimensions et doivent avoir une « force » nulle. Mais ce résultat n’est valable que pour lesystème
leplus général,
c’est-à-dire pour celuiqui
contient leplus grand
nombrepossible d’équations
d’Euler etde conditions
d’intégrabilité « Indépendantes )); il. peut
ne pas en être ainsi pour certainescatégories
desystèmes particuliers
et nous allonsvoir
plus
loin quel’électrodynamique
entreprécisément
dansune
deces
catégories.
,On
peut
aisément se convaincre que, dan~ le casgénéral,
les deuxconditions
nécessaires. indiquées plus haut,
sontégalement
suffisantes.Il
suffit,
eneffet,
d’introduire les nouvellesgrandeurs ~,
défi-nies par .
z*103B1 =
z03B12, z*203B1 = -z03B11,
(2.I3) p*03B11 = -p303B1,zÎ
,
°
G = - pl03B2 z03B2l = + z*l03B2 p*03B2l
,et de considérer une nouvelle
intégrale
à varier(2.I4) I* =
G(xi, p*03B1i)
dx,avec les conditions
d’intégrabilité.
(2.I5) ~p*03B12 ~xi - ~p*03B11 ~x2 = o.
De cette dernière
relation,
on conclut àl’existence
de v fonctionsp*03B1,
telles que
I67
et l’on obtient
(2.17) p*03B1= 0, zxi =
p*03B1i.
Les
équations
d’Euler sont(2.I8)
~z*103B1 ~x1
+~z*203B1 ~x2
= o.On voit immédiatement que cette théorie « duale » )) est
identique
aveccelle que nous avons étudiée. _
Comme
exemples
de théories « self-duales » avec v = i, onpeut
citerles suivantes
(on
pose zi = - . .1 0 Les conditions de
Cauchy-Riemann qui
interviennent dans la théorie des fonctionsanalytiques
peuvent être considérées comme conditionsd’intégrabilité
etéquations
d’Euler d’unsystème
ayant pourlagrangien
~ _ ~ [(~, )e+ (~~)?].
2° La théorie des surfaces minima se déduit du
lagrangien
JI =
~I+(29)‘’+(22)‘-’.
3° Une forme
simple d’électrodynamique
non-linéaire étudiée parPryce,
pourlaquelle
onpeut
déterminercomplètement
les solutionscorrespondant
à descharges ponctuelles,
découle defi =
~I-~.~~~‘~-~,Za)~.
3.
L’électrodynamique
deMie [1].
- La théorie que nous avonsdéveloppée jusqu’ici
décrit lespropriétés
de tous lestypes
desystèmes
dynamiques continus, élasticité, hydrodynamique, champs
électroma-gnétiques
ou degravitation.
Le traitement est lemême;
seule dînèrent lasignification physique
des variables zx et le choix de la fonctionil
Nous nous occupons ici
plus particulièrement
duchamp
électroma-gnétique ; cependant,
pour rendre notre théorie absolumentinvariante,
nous sommes
obligés d’y incorporer
lagravitation, laquelle
estreliée, d’après Einstein,
à la structuregéométrique
del’espace, c~est~-à-dire
à samétrique.
Nous aurons donc deux groupes de fonctions z03B1 : l’un décrivant le
champ électromagnétique,
l’autre lechamp gravitationnel
oumétrique.
L’expression mathématique
des résultatsexpérimentaux
lesplus géné-
raux concernant ces
phénomènes,
consiste en despropriétés
de transfor-mations bien
définies;
les fonctions za ne sontplus représentées unique-
ment dans leur propre espace z, mais doivent être mises
également
enrapport
avecl’espace
x : toute transformation del’espace x
« induit »une transformation
correspondante
dansl’espace
z. ,Le
champ électromagnétique
estreprésenté
par un vecteur covariant ~p~;le
champ métrique
par un tenseur covariant du second rangsymétrique
Le nombre des « variables
dépendantes »
est donc :(~.I) ‘I = + l2~
I ce
qui
donne v== i4
pour n =4.
Une transformationgénérale
dans l’es-pace des x
(3.2) xi(xlx?...x’t)
induit dans
l’espace (03C6, g),
la transformation03C6i
(x) = ~xl ~xi03C6l(x),
(3.3)
gik(x) = ~xl ~xi ~xm ~xk
glm(x).Nous pouvons u tiliser maintenant le calcul tensoriel
proprement
dit[2].
Nous considéreronsdorénavant 03C6i
et03C6i = gil 03C6l ( où gil
est lamatrice
réciproque de
gil, comme descomposantes
cova- riante et contrevariante d’un même vecteur q, et nous ferons unesupposition analogue
pour tout tenseur, de rangquelconque;
celasignifie
t
que nous admettrons la
possibilité
d’élever ou d’abaisser les indices.En dehors des vecteurs ou tenseurs nous utiliserons
également
desdensités vectorielles ou tensorielles que nous
désignerons
par des lettresgothiques;
parexemple
s;, étant un vecteur et aik un tenseur du second rang, les densitéscorrespondantes
seront .i =
-
g Si? uik =-
g aik,où g = |
gik| 1
est le déterminant du tenseur fondamental.Étant
donné queil-
g. dx estinvariant,
les densités ont lapropriété
que leur inté-I69
grale
sur un domaine del’espace x
est invariante.Étant
donnéégalement
que
=
~/2014 ~-
sk = sk,la
règle
dedéplacement
des indices est la même, aussi bien pour les ten-seurs que pour les densités tensorielles.
Examinons maintenant le
problème proprement physique
de l’in-fluence
respective
des forcesgravitationnelles
etélectromagnétiques
surles
phénomènes qui
nous intéressentici,
à savoir ceux.qui
concernentle
comportement
desparticules
matérielles élémentaires.Nous sommes tout
disposés, évidemment,
à faire uneplace
auphéno-
mène d’inertie dans notre
théorie,
dont lepoint
dedépart
a étéprécisé-
ment le
problème
de la masseélectromagnétique. Cependant,
d’un autrecôté,
il existe de très forts argumentsqui
nouspermettent
denégliger
les forces
gravifiques
par rapport aux forcesélectromagnétiques,
même« à l’intérieur » des
particules.
Considérons deuxparticules
matériellesidentiques
de masse m et decharge
e, et soit r la distance entreelles;
le rapport entre les forces d’attraction
électrique ( Coulomb )
etgravi- fique
estégale
à oùK = 6, 66
X I0-8 C.G.S. est la constante degravitation.
En introduisant dans cetteexpression
les valeurs numé-riques qui correspondent
à l’électrone/m = 5,3
I017C . G. S . ,
onobtient comme valeur du
rapport 4
X I042, cequi
démontrel’insigni-
fiance du rôle que
joue
lagravitation
dans la structure des électrons.En
dépit
de cerésultat,
il existe ungrand
nombre de travauxayant
pourobjet d’expliquer
par lagravitation
la cohésion de l’électron(c’est-
à-dire le fait
qu’il
résiste à l’action des forcesélectriques qui
tendent àl’éparpiller
dansl’espace).
Cetteidée,
introduite par Einstein[3],
adonné lieu à de nombrcuses tentatives de
synthèse
des lois de l’électro-magnétisme
et de lagravitation.
On adéveloppé d’élégantes
théoriesmathématiques, généralisant
l’idée initiale d’Einstein de ladescription
des lois naturelles au moyen de la
géométrie
de Riemann. Nouspossé- dons,
parexemple aujourd’hui,
unegéométrie
d’univers affine et unegéométrie projective qui
constituent des théories réunissantdans
unmême formalisme
mathématique
aussi bien les lois de lagravitation
que celles del’électromagnétisme. Cependant,
pour mapart, j’estime
queces théories sont encore
plus éloignées
de laphysique
actuelle que celle queje
veux exposerici,
etqui
constitue à mon avis une desétapes
nécessaires, qu’on
doit franchir avant d’aboutir à une théorie satisfaisante , B desparticules
élémentaires.Pour nous rendre
parfaitement
compte del’approximation
que nous voulonsintroduire,
nousprendrons
commepoint
dedépart
unprincipe
de variation
qui
n’écarte pas apriori
lagravitation.
Leprincipe
leplus général
aurait commepoint
dedépart
unlagrangien ;tF,
densité tenso-rielle
qui serait
fonction de gik, ~gik ~xl, ~2gik ~xl~xm
ainsi que des 03C6i, ~03C6i ~xl = 03C6l,i.En absence d’informations
plus précises,
nous sommescependant
réduitsà admettre
que!
se compose additivement d’un termecorrespondant
àla théorie d’Einstein et d’un autre terme
représentant
les actions élec-tromagnétiques :
(3.4) I
=
I 2 R - g dx +K ax,
où K est la constante de
gravitation (notation d’Einstein)
etoù dépend
.de rpi et par suite du
postulat d’invariance, ! dépendra
aussides gik mais nous admettrons
qu’il
estindépendant
desdg’k (nous
auronsà revenir sur ce
point).
En variant les gik, on obtient leséquations de
la
gravitation;
(3.5)
Rik - I 2
gik R =- KTik,,
où
Ri/l
est le tenseur de courbure de Riemann etTik
un tenseur du secondrang dont la densité est donnée par , .
(3.6)
-
g Tik = ik = rs grigsh,rs = ~ ~grs + ~ ~gsr (1
).Notre
approximation
fondamentale consiste ànégliger
dans(3.5)
leterme en K
qui exprime
lecouplage
entre lechamp électromagnétique
et le
champ
degravitation.
Enremplaçant
dans(3. 5)
le second membre par o. une solution dusystème
est un espacequasi euclidien, qu’on peut
supposerramené,
par un choix convenable des axes decoordonnées,
àla forme normale
- I 000
0 -1 0 0
(3.7) .
0 0 -I i 0
|
0 0 0 I |
( 1) Dans ce qui suit nous emploierons le symbole d avec deux significations : i~ pour les dérivées par rapport à ~p~, ~~~k, etc. ; 2° pour les dérivées « totales » par rapport à xk. Il faut bien faire la distinction entre ces deux significations différentes.
Il est hors de doute
que
cettehypothèse
peut être raisonnablementappliquée
dans toutl’espace,
saufpeut-être
au centre même des élec-trons où il peut
y
avoir des déviations si leschamps deviennent
infinis.
Cependant,
le but de notre théorie estprécisément
d’éviterFap- parition
de valeurs infinimentgrandes,
au moins en cequi
concernel’énergie;
dans cesconditions,
il semblequ’il n’y
a aucunrisque
àadmettre que
l’espace
reste euclidien même au centre desparticules
considérées. Nous reviendrons
plus
tard sur cettequestion, lorsque
nousindiquerons
la solution d’un casparticulier
dechamps gravifiques
et élec-tromagnétiques
combinés. Nous discutons à ce moment leproblème
del’influence des forces de
gravitation
sur la masse de laparticule.
Nous
pourrions
admettre que les gUi ont les valeurs(3.; )
valablesdans un
système
de coordonnées de Lorentz. Nouspréférons cependant
nous en
abstenir,
pour éviter les difficultés designe qui
découlent de lasignature
de la matrice(gik)
et pour avoir lapossibilité
d’introduire à volontén’importe quel système
de coordonnées dansl’espace-temps.
Si l’on
prend
le tenseur fondamentalindiqué,
on obtient l"électro-dynamique générale développée
par Mie énigi3,
aveccependant
deuxnouvelles
hypothèses :
1. Le
lagrangien dépend
de 9k,c~la~= ‘~~~
et mais estindépendant
des dérivées ~grl ~xm.
2.
L’intégrale
(~) ~
est invariante par rapport à toutes les transformations des coordonnées.
L’interprétation
de ce secondpostulat
est la suivante : La valeu r de 1 doit être la même dansn’importe quel système
de coordonnées si;f
estla même
fonction des,
variablesprécédentes, prises
dans lesystème
considéré. ’
Mie lui-même
postulait naturellement,
au lieu de2, l’invariance
parrapport
aux transformations de Lorentz. A laplace
de 1 il introdui-sait