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La flore spontanée d'Yverdon-les-Bains

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Academic year: 2022

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LA FLORE SPONTANÉE D’YVERDON-LES-BAINS

Henri CEPPI

1130 et 325...

Mais que peuvent bien signifier ces deux nombres?

Le premier est la superficie en hectares de la commune d’Yverdon-les-Bains. C’est un nombre relativement stable, mais qui peut évoluer, par la conquête de quelques surfaces au détriment du lac par exemple.

Le deuxième nombre, en revanche, est soumis à d’incessantes fluctuations. Il s’agit en effet du total provisoire de mes observations d’espèces végétales qui poussent librement sur le territoire de la dite commune. Ce sont les plantes communément appelées «sauvages», y compris les arbres. Sont exclues toutes les espèces cultivées ou manifestement échappées de jardins tout proches, ainsi que les mousses et les lichens.

Il faut tout-de-suite préciser que ce nombre de 325 n’est assurément pas définitif. Il est certai- nement largement inférieur à la réalité, même si certaines espèces sont appelées à disparaître d’un jour à l’autre, ainsi qu’on le constatera plus loin, car bien des endroits, souvent privés, n’ont pas encore été visités. En outre, de petites plantes peuvent passer longtemps inaperçues, alors que d’autres, comme certaines Graminées, ne me sont pas encore bien connues.

C’est en 1995, Année européenne de la conservation de la nature, que j’ai commencé à pros- pecter régulièrement les différents quartiers de la ville, ceci pour compléter les données assez lacunaires des années précédentes. Cette recherche plus systématique m’a réservé bien d’agréables et intéressantes surprises, tant par la richesse et la variété des espèces observées que par la rareté, sur le plan cantonal et même suisse, de plusieurs plantes.

Facteurs de diversité

La diversité floristique est principalement due à une situation géographique particulièrement favorable ainsi qu’au fait, peut-être plus accessoire, que la ville est traversée par plusieurs voies de chemins de fer. Ces dernières sont toujours, avec les gares, des endroits propices au passage et à la rencontre de nombreuses plantes, généralement des «adventices», soit des plantes étrangères à la région et qui, souvent mal établies, sont susceptibles de disparaître rapidement. L’intérêt et la curiosité pour la «Flore des gares» ne sont du reste pas récents, puisqu’en 1905 déjà les botanistes NAEGELIet THELLUNGdénombraient plus de 700 espèces végétales dans la gare de Zurich et ses proches environs.

Mais voyons plus en détail l’importance des facteurs géographiques et climatiques qui, avec la diversité des biotopes, créent les possibilités d’échanges biologiques nécessaires à la biodiversi- té tant végétale qu’animale de la ville d’Yverdon-les-Bains.

Bulletin du Cercle Vaudois de Botanique N° 25, 1996: 85-92

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Située, dans sa plus grande partie, à une altitude moyenne de 430 à 440 m, altitude qui atteint presque 500 m dans les côtes de Calamin et de Sermuz et les dépasse quelque peu à Floreyres, la ville d’Yverdon-les-Bains se trouve donc en totalité dans l’étage de végétation dit «collinéen».

Pour la Suisse, il s’agit de l’étage le plus bas, dont la limite supérieure coïncide plus ou moins avec celle de la vigne; on y trouve les cultures les plus exigeantes comme le tabac, le maïs, cer- taines céréales, etc.

Cependant, cette situation favorable est souvent contrariée, dans notre région, par une certai- ne fraîcheur due à de fréquents vents du nord et à de nombreuses journées grises sans soleil, ainsi que par une relative humidité causée par la proximité du lac et de la plaine de l’Orbe, même assai- nie. Cependant, la moyenne des précipitations annuelles ne dépasse pas un mètre.

La situation géographique proprement dite joue un rôle important. Elle permet de comprendre la présence de nombreuses espèces. La proximité des prés secs de la colline de Chamblon et du pied du Jura favorise les espèces plutôt xérothermophiles; la Grande Cariçaie apporte des plantes aquatiques et marécageuses; la région du Montélaz et les forêts jurassiennes proches sont à l’ori- gine des espèces forestières et montagnardes.

Les nombreux biotopes différents, parfois très petits, qui composent le tissu naturel de la ville jouent un rôle important pour la diversité de la flore urbaine et de sa périphérie. On peut les clas- ser en deux types extrêmes:

- les biotopes artificiels créés par les activités humaines comme les bâtiments, places de parc, voies de communication, canaux, cultures, etc. et qui, malgré un souci parfois exagéré du

«propre en ordre», offrent souvent des milieux de substitution à de nombreuses plantes;

- les biotopes naturels, quand il en reste. Ces derniers peuvent heureusement se reconstituer en marges des biotopes artificiels, par exemple le long d’un chemin, sur les berges d’un cours d’eau, au pied d’une haie, etc. Notons également que certaines espèces dites «commensales»

s’accommodent fort bien et même profitent parfois de cette promiscuité hommes-plantes.

Secteurs de prospection

Dans une ville comme la nôtre, où les diverses activités ne sont pas concentrées dans des endroits bien définis et où les espaces verts, publics ou privés, sont heureusement encore nombreux (les parcs, jardins et cours couvrent environ 25% de la surface, alors que les bâtiments n’en repré- sentent que 7% environ), il est difficile d’établir des secteurs spécifiques précis et des biotopes typiques bien délimités, sauf peut-être au centre ou en périphérie avec la zone agricole (près de 48% de la surface) et sur les rives du lac.

Précisons encore que les rues, routes, chemins et voies de chemins de fer couvrent 10% de la surface de la commune, les cours d’eau 4%, les forêts 4%, alors que les 2% restant représentent des terrains vagues.

Cependant, malgré toute cette complexité, il m’a quand même été possible de partager le ter- ritoire communal en 10 secteurs répartis en 4 catégories: 2 secteurs urbains, 3 secteurs semi- urbains, 3 secteurs riverains et 2 secteurs périphériques. Tous présentent, dans chacune de ces catégories, une majorité de biotopes spécifiques à leur situation et à leur destination principale.

Par souci de clarté et de commodité, ces différents secteurs sont le plus souvent délimités par des rues, des routes principales, des lignes de chemins de fer ou encore des cours d’eau.

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Secteurs urbains 1 et 2

Il s’agit du centre ville et de la zone industrielle. Ces endroits, de prime abord, semblent laisser peu d’espace à une flore spontanée en raison du taux élevé de recouvrement du sol par des constructions en tout genre et d’une forte densité du trafic. Si on y trouve rarement des plantes de grande taille, toute une petite flore s’est en revanche installée dans les vieux murs, souvent colonisés par une petite fougère, l’asplenium rue-de-muraille (Asplenium ruta-muraria L.), le ballast des voies de chemins de fer, au pied des arbres, dans les fissures du bitume et du béton, etc.

Plusieurs espèces ont trouvé là des petits biotopes de remplacement qui leur offrent souvent des conditions écologiques proches de leur milieu vital originel.

C’est le cas, par exemple, pour la ténue saxifrage à trois doigts (Saxifraga tri- dactylites L.), espèce habituelle des pelouses pseudo-steppiques du Valais central.

Elle se trouve à l’aise entre les pavés de la cour intérieure du château ou dans le ballast près de la gare Yverdon-Ste-Croix.

Secteurs urbains 1. Centre-ville 2. Zone industrielle Secteurs semi-urbains

3. Zone est 4. Zone sud 5. Zone ouest Secteurs riverains

6. Bois des Vernes 7. Zone sports et loisirs 8. Grèves de Clendy Secteurs périphériques

9. Zone des collines 10. Zone des cultures

N

9 8 7

6

5

4 3

1 2

10

Saxifrage à trois doigts Etabli sur la base des données cadastrales.

Autorisation Service du Cadastre de l’information sur le territoire-Vaud N° 11/96.

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Secteurs semi-urbains 3, 4 et 5

Ces secteurs entourent les zones urbaine et industrielle sur trois côtés. Ils sont beaucoup moins construits et l’on peut même dire que chaque bâtiment possède son jardin ou sa pelouse. Cette situation est très favorable à l’implantation d’une flore spontanée et sub- spontanée, souvent sous forme de «mauvaises herbes». Ces dernières font parfois le désespoir des propriétaires par leur résistance à occuper un terrain qui ne leur est pas destiné, mais qui leur convient parfaitement.

D’autre part, des quartiers périphériques comme Villette, Clendy, Prairie, Bains, Curtil-Maillet, Cheminet, St-Georges, Prés-du-Lac offrent de grands espaces libres sous forme de terrains vagues et de prés. Il faut également mentionner les talus CFF et les berges des canaux qui sont de bons refuges pour de nombreuses plantes, telles l’anémone fausse renoncule (Anemone ranunculoides L.) et la passerage drave (Cardaria draba (L.) Desv.) à la rue du Buron.

Secteurs riverains 6,7 et 8

La végétation des secteurs riverains est remarquable, quoique de valeur assez inégale. Ainsi, les deux secteurs extrêmes des Grèves de Clendy (forêt riveraine humide et roselière) et du Bois des Vernes (surtout en bordure du lac) qui présentent encore des biotopes naturels plus ou moins intacts et qui ont gardé l’essentiel de leurs caractéristiques de milieux primaires, sont particuliè- rement riches en espèces intéressantes et rares.

Par contre, la grande zone intermédiaire, soumise à une forte pression humaine et souvent modifiée, est surtout peuplée d’espèces courantes, sauf quelques exceptions le long de la rive.

Secteurs périphériques 9 et 10

Ce sont là deux secteurs totalement différents par leur topographie et leur vocation. Le premier, qui comprend les points les plus élevés de la commune, offre une mosaïque de biotopes très divers: zone de villas, champs cultivés, forêts, haies, pâturages, vallons, etc. Quant au second, essentiellement consacré aux cultures, avec une zone industrielle le long de la route de Lausanne, il est très uniforme dans sa composition (ce qui n’incite guère à une prospection minutieuse!) Il présente cependant quelques variantes intéressantes sur les berges de la Thièle et des canaux, ainsi que le long de la voie CFF où j’ai trouvé, près des Roseyres, une plante de salsifis douteux (Tragopogon dubius Scop.), espèce xérothermophile fréquente en Valais dans les prés secs et aux bords des chemins, mais rare au pied du Jura et sur le Plateau.

Plantes témoins

Voici quelques exemples de plantes dont la présence sur le territoire communal témoigne fort pro- bablement de l’influence bénéfique de biotopes extérieurs qui, par leur proximité, jouent un rôle incontestable dans la diversité de notre flore citadine.

Petrorhagia prolifera (L. ) P. Ball & Heyw.

Pétrorhagie ou œillet prolifère Famille des Caryophyllacées

Quelques m2de terrain vague caillouteux, près du hangar de la Gendarmerie du lac, au quartier

Anémone fausse renoncule

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des Cygnes, ont suffi à ce minuscule œillet pour retrouver les conditions xérothermophiles qui lui permettent de prospérer dans les coteaux secs et les chemins de la colline de Chamblon et de la Chassagne d’Onnens. Cet œillet est recon- naissable à ses très petites fleurs (moins de 4 mm de Ø) d’un rose plus ou moins pâle ou foncé; elles sont réunies en un glo- mérule entouré d’un involucre scarieux au sommet d’une fine tige de 15 à 40 cm garnie de feuilles très étroites.

A ses côtés, la vipérine (Echium vulgare L.) a, elle aussi, trouvé là un endroit favorable pour ériger ses grandes tiges (jusqu’à 90 cm) hérissées de soies raides et piquantes qui lui donnent un air quelque peu rébarbatif, heureusement contras- té par de belles fleurs roses, puis bleues, disposées en élé- gantes grappes unilatérales recourbées.

Nuphar lutea (L.) Smith Nénuphar jaune

Famille des Nymphéacées

Plante aquatique, c’est donc très logiquement que le nénuphar jaune ait emprunté la voie des eaux pour se déplacer des gouilles de Champ-Pittet au Canal oriental, entre stade et pati- noire. Et c’est ainsi qu’au cours de l’été 1995, plusieurs fleurs ont ouvert leur magnifique corolle dorée au milieu des bou- teilles de plastique et autres détritus.

Un peu plus en amont, hôte fidèle dudit canal, la renouée amphibie (Polygonum amphibium L.) est certainement par- venue jusqu’ici en descendant le canal puisqu’elle est égale- ment présente dans quelques étangs de la plaine de l’Orbe.

Ses grappes roses émergent au-dessus de feuilles flottantes précisément destinées à les maintenir hors de l’eau,

Autre canal, autre plante: c’est le rubanier émergé (Sparganium emersum Rehmann) qui, depuis 2 ou 3 ans, peuple les eaux tranquilles du Bey, entre la passerelle des Vernes et l’embouchure. A noter que cette plante, classée rare en 1982, est maintenant considérée comme menacée par la Liste rouge (LANDOLT1991).

Ranunculus lanuginosus L.

Renoncule laineuse

Famille des Renonculacées

Fréquente dans les forêts et mégaphorbiées du Jura, cette grande renoncule dont la taille peut atteindre 1 m est uniquement présente dans les empierrements de la rive du lac, entre les Iris et la Thièle. C’est probablement par des graines descendues dans le lac et rejetées par les vagues, que cette renoncule, reconnaissable entre autres à sa tige hérissée de longs poils jaunâtres, est venue s’établir et se maintenir dans un biotope rocheux et ombragé proche de celui qu’elle fréquente habituellement.

Ce trajet lacustre est peut-être aussi celui qu’a emprunté la cardère poilue (Dipsacus pilosus (L.) Gren.) à partir d’une belle station sise dans la forêt riveraine humide de la rive droite de la Menthue, à Yvonand.

Pétrorhagie

Nénuphar jaune

Renouée amphibie

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Daphne laureola L.

Daphné lauréole, laurier-des-bois Famille des Thyméléacées

A la limite du territoire communal, côté Yvonand, dans l’étroite forêt entre la route cantonale et la voie CFF, croît une magnifique plante de laurier-des-bois. Ce cousin de notre bois-gentil (Daphne mezereum L.) que je n’ai pas encore observé à l’état sauvage à Yverdon, mais qui est assez fré- quent dans la forêt riveraine de la Grande Cariçaie, fait pro- bablement partie d’une petite colonie située dans la forêt de pente, après les étangs forestiers de Champ-Pittet. C’est un petit arbrisseau à feuilles coriaces et persistantes, d’un beau vert brillant, disposées en rosettes au sommet des rameaux, ce qui lui donne sa belle silhouette caractéristique. Ses fleurs jaune-verdâtre, réunies en grappes pendantes à l’aisselle des feuilles, n’ont pas de corolles et sont formées, comme chez les autres daphnés, uniquement par un calice à 4 lobes. Elles fleu- rissent en mars déjà et forment des fruits (drupes) d’abord verts, puis noir-bleuâtre, toxiques pour les uns et purgatifs pour les autres.

Si ces plantes ont eu la chance de bénéficier de stations toutes proches pour élire domicile à Yverdon-les-Bains sans avoir à parcourir beaucoup de chemin, d’autres, au contraire, ont dû effectuer des déplacements beaucoup plus longs.

Typiquement ancrés au sol, les végétaux peuvent parfois se déplacer localement grâce, entre autres, à leurs rhizomes et à leurs tiges rampantes. Pour entreprendre de plus grandes migrations, ils ont recours uniquement à leurs fruits et à leurs graines, transportés par le vent, les animaux et les hommes.

Calepina irregularis (Asso) Thell.

Calépine irrégulière

Famille des Brassicacées (Crucifères)

Figurant sur la Liste rouge (LANDOLT 1991) parmi les plantes très menacées de Suisse, cette rare adventice a probablement utilisé les transports publics pour se déplacer. C’est en effet près du dépôt du train Yverdon-Ste-Croix, dans un petit talus herbeux heureusement fauché tardivement, qu’elle s’est, peut-être provisoirement, installée dans notre ville.

Il s’agit bien d’une plante rare puisque, selon l’Atlas de distribution (WELTEN et SUTTER 1982), elle n’a été retrouvée que dans trois secteurs alémaniques et dans un seul au Tessin.

En Romandie, elle n’est signalée que dans la région de Neuchâtel et près de Genève. Elle a même disparu des Follatères, pourtant riches en espèces xérothermophiles comme la calépine. En 1992, elle a également été observée à Crissier près de Lausanne (J. Droz, comm. orale).

Laurier-des-bois Rubanier émergé

Calépine irrégulière

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C’est au début mai 1995 que, attiré par la forme ovoïde et apiculée de ses fruits, j’ai découvert une dizaine de ces plantes particulièrement vigoureuses et déjà en floraison avancée. Des feuilles radicales découpées et disposées en rosette à la base d’une tige de 30 à 70 cm, des feuilles cauli- naires sagittées-auriculées et des fleurs à 4 pétales blancs de 2 à 3 mm de long, telles sont ses autres caractéristiques.

Autre Crucifère de la Liste rouge, quoiqu’un peu moins rare et donc un peu moins menacée de disparition, la bertéroa blanchâtre (Berteroa incana (L.) DC.) fleurit plus ou moins régulière- ment en quelques exemplaires au bord du chemin piétonnier Iris-Thièle, derrière l’USY. Dans le canton de Vaud, elle n’était recensée qu’à la Côte et dans la banlieue ouest de Lausanne par Mme Hoffer (J. Droz, comm. orale).

Modification du biotope

La modification d’un biotope, si minime soit-elle, provoque inévitablement un changement de la couverture végétale, changement d’autant plus marqué que la modification est importante. Un bel exemple d’une telle mutation, parfois assez spectaculaire, nous est fourni au Bois des Vernes par:

Impatiens noli-tangere L.

Impatiente ou balsamine n’y-touchez-pas Famille des Balsaminacées

La présence, ces dernières années, dans le Bois des Vernes d’une belle colonie de cette plante des forêts et vallons frais résulte nettement de la transformation radicale du biotope. En effet, après l’abattage des peupliers et la disparition presque totale du sous-bois, de nombreuses plantes herbacées sont apparues, ou réapparues. Peut-être déjà présentes en faibles quantités ou sous forme de graines, elles ont profité ainsi d’un apport supplémentaire de lumière et de chaleur, ainsi que d’un espace vital momentanément libre.

L’impatiente n’y-touchez-pas est une belle plante de 30 à 60 cm, à tige dressée et rameuse, remarquable par ses grandes fleurs jaunes de 3 à 4 cm (en juillet-août) et ses fruits allongés à 5 valves. A maturité, ces dernières s’enroulent brusquement sur elles-mêmes au moindre contact, projetant ainsi les graines à plusieurs dizaines de centimètres.

Instabilité des espèces

Dans des biotopes en majorité artificiels et soumis à de fréquentes interventions humaines comme c’est le cas dans des milieux urbains et dans les cultures, il est très difficile, voire même impos- sible, d’établir une liste précise et stable d’espèces végétales qui doivent, elles aussi, subir avec plus ou moins de chances de survie, ces nombreuses modifications de leur environnement.

En effet, si de nouvelles plantes peuvent apparaître momentanément sur des chantiers restés inactifs plusieurs mois ou années, à l’avenue des 4-Marronniers par exemple, ou sur un terrain agricole laissé en friches, il en est au contraire beaucoup d’autres qui disparaissent plus ou moins définitivement lors d’une nouvelle construction, de la réfection d’un trottoir, du crépissage d’un vieux mur, de la suppression d’un talus ou encore de la création d’une place de parc.

Impatiente n’y-touchez-pas

(8)

Seules subsistent alors les espèces peu exigeantes et souvent peu spectaculaires qui, présentes dans la presque totalité des secteurs, constituent le noyau stable d’une liste de plantes soumise chaque année à des fluctuations plus ou moins importantes.

Conclusion

Au vu de ce qui précède, deux principales conclusions s’imposent:

La première, tout-à-fait positive, est que la végétation dans les agglomérations est plus abon- dante qu’on le croit généralement, tout au moins en ce qui concerne la diversité des espèces. En effet, s’il n’est pas courant d’observer une grande quantité d’une même plante, l’imbrication de biotopes divers et de microclimats favorise en revanche l’implantation d’espèces très variées, à tel point que bien souvent la végétation des milieux urbains est plus riche que celle des régions rurales où les méthodes actuelles de culture engendrent une certaine uniformité.

La deuxième conclusion est malheureusement négative par le fait que de nombreuses plantes sont appelées à disparaître plus ou moins rapidement et définitivement suite au développement constant des villes et au souci de rentabilité qui ne s’accommode guère d’une nature libre et par- fois envahissante. Ainsi, en ce qui nous concerne, les divers projets en cours entraîneront très cer- tainement de profondes et néfastes modifications de notre environnement naturel, surtout sur les rives du lac.

Mais, pour ne pas terminer cette première approche de la flore spontanée yverdonnoise sur une note trop pessimiste, d’autant plus qu’une certaine volonté de préserver la biodiversité même en zone urbaine se manifeste de plus en plus, faisons confiance à la ténacité et au pouvoir d’adapta- tion des plantes pour qu’elles continuent à apporter un peu de vie, de couleur et de variété dans un quotidien parfois quelque peu monotone.

Bibliographie

AESCHIMANND. et BURDETH.M., 1994. Flore de la Suisse et des territoires limitrophes. «Le nou- veau Binz». Ed. du Griffon, Neuchâtel.

DROZJ., 1995. Richesse de la flore lausannoise. Bulletin du Cercle vaudois de Botanique No 24:

105-107.

LANDOLTE., 1991. Liste rouge des plantes vasculaires menacées en Suisse. Ed. OFEFP, Berne.

NAEGELI O. et THELLUNG A. 1905. Die Flora des Kantons Zürich. I. Teil: Die Ruderal- und Adventivflora des Kantons Zürich, 82 p. Verlag Raustein, Zürich.

WELTEN M. et SUTTER R., 1982. Atlas de distribution des ptéridophytes et des phanérogames de la Suisse. Ed. Birkhauser, Bâle, 2 vol.

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