• Aucun résultat trouvé

Article pp.111-112 du Vol.42 n°3 (2012)

N/A
N/A
Protected

Academic year: 2022

Partager "Article pp.111-112 du Vol.42 n°3 (2012)"

Copied!
2
0
0

Texte intégral

(1)

ÉDITORIAL /EDITORIAL

Une coloscopie à tout prix ? à tout prendre ? avec quel prélèvement ?

A colonoscopy at any cost? for everyone? what will be taken?

D. Heresbach

© Springer-Verlag France 2012

À l’heure où vous lirez cet éditorial, le choix de nos diri- geants sera fait contrairement à l’instant où je le rédige.

Au-delà des positions, croyances ou espérances politiques, le seul pronostic que l’on peut tenir pour certain est l’état des caisses et finances ; en outre, que cela soit la réduction plus drastique des dépenses ou la redistribution selon les croyan- ces ou espérances, il est également certain que ces deux remèdes ne suffiront pas à faire face à la dépense de santé car, tout au plus, ces quelques économies seront dirigées vers le financement social dans lequel j’inclus la dépendance.

Alors que le coût sociétal de l’endoscopie impacte direc- tement le chiffre d’affaires et le revenu des gastroentéro- logues lorsque les jeux de rôle auront fini de faire croire qu’une limite des coloscopies précoces à 5, 2,5 ou 0,5 %, voire un taux de gastroscopie couplée à une coloscopie de façon optimale ? maximale ? légale ? permettront d’atteindre un équilibre, force sera « enfin » de traiter et discuter les vraies questions et de maîtriser nos choix.

En préambule, il est utile de rappeler que le dépistage du cancer colorectal (CCR) par recherche de saignement occulte dans les selles a été choisi sur un ratio coût- efficacité de l’ordre de 4 000 à 6 000 € par année de vie gagnée, alors que la coloscopie virtuelle ou la vidéocolosco- pie avaient un ratio respectivement de 8–9 000 et 10–1 200€ par année de vie gagnée.

La vidéocoloscopie « à la française » incluant une anes- thésie générale réalisée ou supervisée par un médecin anes- thésiste et une résection de tous les polypes, y compris encore à la pince froide pour les plus petits, constituent pro- bablement la pratique optimale (encore que l’on pourrait décapiter à froid les plus petits polypes) de cet examen qui devrait permettre la réduction la plus importante de l’inci- dence du CCR. Néanmoins, cet acte est l’objet de toutes les discussions chaque fois que l’on parle coût de la santé ou de la jurisprudence en gastroentérologie. Certes, étant

l’acte le plus fréquent et le plus gros volume de dépense (chimiothérapie exceptée), il est quelque part attendu que cela soit ainsi. Néanmoins, si nous souhaitons une revalori- sation de cet acte dont certains coûts ne peuvent pas (plus) être réduits, il est intéressant de souligner que certaines pra- tiques usuelles mériteraient d’être revisitées. Dans un monde idéal, la profession dégagerait un consensus, et d’une seule voix les corps dits « intermédiaires » relaieraient cette posi- tion. À titre d’exemple, nos voisins européens ont mis le doigt sur deux pratiques dont les gastroentérologues fran- çais, ou plus exactement les acteurs médicaux impliqués et leurs tutelles, ne pourront pas faire indéfiniment l’impasse d’une considération.

la sédation ou anesthésie de niveau 2 ou 3, réalisée à tout prix par un anesthésiste, alors que réalisée après une for- mation et contractualisation par des non-anesthésistes, a une faisabilité et une sécurité qui sont largement démon- trées et dont le seul frein est corporatiste. Le coût de cette pratique atteint 1,5 million de dollars US par année de vie gagnée, à côté duquel le débat entre dépistage par FOBT ou vidéocoloscopie paraît bien n’être encore qu’une que- relle partisane. Chacun aura bien compris que les partis en question sont à géométrie variable : endoscopiste versus radiologue, cancérologue versus gastroentérologue ou activité privée versus publique ;

la polypectomie de toutes les lésions coliques y compris desdiminutive polypsou polypes minuscules de moins de 6 mm, dont le ratio coût-efficacité a été récemment établi à 377 460 dollars US, la différence avec le ratio précédent dans un rapport de 1 à 4 n’étant cependant a priori pas corrélée à la différence du chiffre d’affaires entre les anes- thésistes et les pathologistes.

Les estimations y compris prenant en compte le particu- larisme ou « exception » française suggèrent une économie annuelle respectivement pour ces deux changements de pra- tique de 80 millions et 2,5 à 5 millions dollars US unique- ment pour les 140 000 coloscopies générées annuellement par le dépistage organisé par recherche de sang dans les selles (pour un taux moyen des polypes par coloscopie égal

D. Heresbach (*)

Unité dendoscopie digestive, centre hospitalier de Cannes, 15, avenue des Broussailles, CS 50008,

F-06414 Cannes, France

e-mail : d.heresbach@ch-cannes.fr Acta Endosc. (2012) 42:111-112 DOI 10.1007/s10190-012-0260-6

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-acen.revuesonline.com

(2)

à 1 et de 25 à 50 % des polypes≤5 mm). Bien que ces deux chiffres bruts soient sans commune mesure, cela interpelle d’autant plus quand on connaît l’état de la revalorisation de l’acte et des « petits matériels » d’endothérapie dont le coût n’est pas toujours aussi petit que cela.

Ces deux chiffres et ratio doivent nous amener à persévé- rer dans cette réflexion même si encore une fois les tutelles de santé jouent un jeu étrange apparemment au-dessus des partis, en particulier lorsqu’il s’agit :

de coordonner et de labelliser par la HAS un consensus formalisé d’experts entre la SFAR et diverses autres socié- tés savantes dont la SFED sur la sédation par les non- anesthésistes ;

de retenir le thème du diminutive polyp par la HAS et l’INCa qui a jugé que cette lésion était inoffensive.

Néanmoins, la position actuelle présente deux intérêts potentiels :

la réponse de la HAS et de l’INCa enregistrée auprès de la SFED pourra servir à la jurisprudence pour le prochain cancer post-coloscopie !

Le coût-efficacité élevé de la sédation par un anesthésiste et de la polypectomie, avec analyse de tous les polypes faute de nuance ou d’évaluation, ouvre la porte à la colo- scopie sans anesthésie et sans biopsie, c’est-à-dire la vidéocapsule colique !

À en juger par les déceptions des uns et des autres, il faut attendre ou espérer dans le troisième tour. Alors avec de la rigueur budgétaire et/ou de la relance d’activité, adoptons pourquoi pas l’exemple allemand, mais y compris pour la sédation par les non-anesthésistes. Alors, espérons !

112 Acta Endosc. (2012) 42:111-112

Cet article des Editions Lavoisier est disponible en acces libre et gratuit sur archives-acen.revuesonline.com

Références

Documents relatifs

Dans cette perspective, la langue se situe à la fois comme un aspect de cette réalité sociale et comme le thesaurus et le véhicule de celle‑ci.. L’ouvrage résulte de

de Wit M, Funk AL, Moussally K, et al (2016) In vivo efficacy of artesunate-amodiaquine and artemether-lumefantrine for the treat- ment of uncomplicated falciparum malaria:

Les points principaux sont : un cahier des charges pour les centres, un encadrement de la préparation pendant 18 mois par un responsable de la SFED, le consentement des patients à

Cependant, au-delà de l ’ unité choisie (nom- bre d ’ années de vie globale, ajustée à la qualité de vie, ajus- tée à l ’ autonomie de vie) pour quantifier ce ratio et donc

Dans le cas des prothèses œ sphagiennes qui représentent l ’ indication la plus importante et usuelle, si la multitude des DM a été source de progrès pour tous ceux qui ont connu

On nous promet bien des aventures pour 2012, mais peu de propositions ont émergé (encore !) parmi les discours ou promesses des différents candidats, et les caisses étant vides, c ’

Depuis, les instances financières ont demandé à des experts de proposer des indices de qualité dans l ’ optique de reformer le paiement de la coloscopie : ces experts ont

Compte tenu de l ’ absence de perfu- sion vasculaire du pied, la réduction est faite en urgence par une man œ uvre (dite du « tire-bottes ») qui associe une trac- tion en équin du