J
OURNAL DE
T
HÉORIE DES
N
OMBRES DE
B
ORDEAUX
J.-F. J
AULENT
T. N
GUYEN
Q
UANG
D
O
Corps p-rationnels, corps p-réguliers, et
ramification restreinte
Journal de Théorie des Nombres de Bordeaux, tome
5, n
o2 (1993),
p. 343-363
<http://www.numdam.org/item?id=JTNB_1993__5_2_343_0>
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Corps p-rationnels,
corpsp-réguliers,
etramification restreinte
par J.-F. JAULENT ET T. NGUYEN
QUANG
DOLe texte qui suit est la rédaction actualisée de deux exposés donnés au
Séminaire de Théorie des Nombres de Bordeaux en Décembre 87. Il réunit
dans une synthèse originale les résultats sur les corps p-réguliers obtenus par le premier auteur en collaboration avec G. Gras et ceux sur les corps
p-rationnels établis par le second avec A. Movahhedi. La version préliminaire,
publiée dans les Actes du Séminaire 87/88, s’est révélée inexploitable du fait de l’accumulation malheureuse d’erreurs typographiques.
0. Introduction et notations
Fixons une fois pour toutes un nombre
premier
p. Pourchaque
corps de nombres K(de
degré
fini surQ),
désignons
par l’ensemble desplaces
deK,
et par le sous-ensemble desplaces
qui
divisent p. Choisissonsenfin un ensemble fini S =
SI
deplaces
finies deK, disjoint
denotons
Ms
lapro-p-extension
S-modérément ramifiéeoo-décomposée
ma-ximale de K
(i.e.
lacomposée
desp-extensions
galoisiennes
de Ifqui
sontnon ramifiées en dehors des
places
de S et de cellesqui
divisent p, etcomplètement décomposées
auxplaces
àl’infini),
puis
çs
= Gal(MSIK)
son groupe de Galois.
La théorie de la S-ramification
(ou
ramificationrestreinte)
a pourobjet
essentiel l’étude du groupe de GaloisÇs
dont la structure reflète lespro-priétés arithmétiques
ducorps K
parrapport
au nombrepremier
p.Ainsi,
la structure du groupe abélianiséçsb
= est décrite par la théorie ducorps de classes
qui
donnel’isomorphisme
où p est
égal
à 1+c(c :
nombre deplaces complexes
del()
sous laconjecture
de
Leopoldt,
etTS
est un p-groupe fini dont lespropriétés
sont intimement reliées à celles des fonctions Lp-adiques
(lorsqu’elles
sontdéfinies)
ainsiqu’à
celles de divers noyaux de la K-théorie(cf.
parexemple
[Gl],
[J2],
[N2],...).
Dans cet
article,
nous nous proposons d’étudier une classe de corps denombres, appelés p-réguliers
dans[GJ],
oup-rationnels
dans[MN],
pourlesquels
onpeut
donner unedescription complète
degs
lorsque
l’ensemble Sest
p-primitif
au sens de Gras(cf.
[G3]).
Uneconséquence particulièrement
intéressante de cette
description
est lapropagation
de lap-régularité
dans lesp-extensions primitivement
ramifiées,
cequi
permet
d’établir par des méthodes purementalgébriques
la validité desconjectures
deLeopoldt
et de Gross pour une classe infinie de corps
qui
vérifient des conditionsarithmétiques
dures(mais
de vérificationfacile)
et sont essentiellement nonabéliens,
donc inaccessibles(pour l’instant)
aux méthodes transcendantes.Avant d’énoncer ces
conditions,
fixonsquelques
notations. Étant donnéun corps de nombres
h’,
nous écrivons :M la
pro-p-extension
p-ramifiée oo-décomposée
maximale de~1,
et
Gal(MIK)
son groupe deGalois ;
M~
la sous-extension maximale de Mqui
est abélienne sur7~,
et!gal
= Gal son groupeGalois ;
Z la
composée
desZp-extensions
de7~,
de sorte que le groupe T =Gal
(M°’b/Z)
est le sous-groupe de torsion deg,b ;
&
v(x) -
0mod p) V’[f poo}
le groupedes éléments
hyperprimaires
de ~~(relativement
àp) ;
Cl’ le p-groupe des
p-classes
de diviseurs deK,
i.e. le p-sous-groupe deSylow
duquotient
du groupe des classes d’idéaux au sens restreint par lesous-groupe
engendré
par les classes des idéaux au-dessus de p.Plus
généralement,
étant donné un ensemble fini S deplaces
finiesétran-gères
à p, nous notons :MS
lapro-p-extension
S-modérément ramifiéeoo-décomposée
maximale de l((i.e.
lacomposée
desp-extensions
galoisiennes
de Equi
sont nonramifiées en dehors de ,5’ et de p, et
complètement décomposées
auxplaces
àl’infini),
etgs
= Gal(MSIK)
son groupe de Galois.Msb la
sous-extension maximale deMS
qui
est abélienne surK, puis
gab
= Gal songroupe de
Galois,
etT~s
= Gal lesous-groupe de torsion de
gab
SVs -
tx
E E &v(x) -
0[mod p]
Vff
5’oo}
le groupe des élémentsS-hyperprimaires
de l((relativement
àp) ;
Cl’
le p-groupe desSp-classes
de diviseurs deK
i.e. lequotient
deCl’ par le sous-groupe
engendré
par les classes au sens restreint des idéaux construits sur lesplaces
de S.1.
Corps
p-réguliers
& corpsp-rationnels.
DÉFINITION ôL PROPOSITION 1.1. Nous disons que le corps K est :
(i)
p-régulier,
lorsque
le p-sous-groupe deSylow
R2(If)
du noyau dans11(2 (K)
dessymboles réguliers
esttrivial ;
(ii)
p-rationnel, lorsque
le groupe de GaloisGK
= Gal(MIK)
de lapro-extension
maximaleMIK
qui
estp-ramifiée
etoo-décomposée
est unpro-p-groupe libre.
Lorsque
K contient le sous-corps réel maxirraalQ[(
+(-’]
dup-ième
corps
cyclotomique
Q[(],
il estéquivalent d’affirmer
que K estp-régulier
ou
qu’il
estp-rationnel.
L’équivalence
entrerégularité
etrationalité,
sous la condition suffisante(+
(-1
EK,
résulte del’égalité
entre p-rangsqui
fait intervenir le défaut de laconjecture
deLeopoldt
dansK,
et de lacaractérisation suivante :
THÉORÈME 1.2. Pour tout corps de nombres
I(,
les conditions suivantessont
équivalentes :
(i)
le groupe de Galois~I~ -
Gal(MIE)
de lapro-p-extension
ma-ximale dequi
estp-ramifiée
etoo-décomposée
est un pro-p-groupe libre(nécessairement
sur 1 + c~~générateurs,
si est le nombre deplaces
com-plexes
deK).
(ii)
le groupe de Galoisgal .
Gal de lapro-p-extension
abé-lienne maximale de Kqui
estp-ramifiée
etoo-décomposée
est un7lp-module
libre de dimension 1 +(iii)
le corps Ilvérifie
laconjecture
deLeopoldt
(pour
le nombrepremier
p),
et le sous-module de torsionT~~
de Gal(Mab IK)
est nul.(iv)
le groupeV¡(
des élémentsp-hyperprimaires
du corps K se réduità et l’on a l’identité entre les p-rangs des p-groupes de racines de l’unité :
PIP
(v)
le corps Kvérifie
l’une des deux conditions suivantes :a~
ou bien K contient une racineprimitive p-ième
del’unité (, auquel
cas Kpossède
uneunique
place .p
au dessus de p, et le p-groupe desp-classes
d’idéaux au sens restreintC’l~~
estnul ;
b)
ou bien K ne contient pas(,
auquel
cas lesplaces
de li au-dessusde p ne se
décomposent
pascomplètement
dans l’extensioncyclotomique
et la
w-corraposante
du p-groupe desp-classes
d’idéaux au sensres-treint du corps
K[(]
estnulle,
si c.~désigne
le caractèrecyclotomique
de Gal(K(~~/K).
Démonstration.
Commençons
parrappeler
les formules deSafarevic
(cf.
[S])
donnant les nombres minimauxd(f)
=dilnrp
(Hl (GK,
IFp))
degénéra-teurs et
r(GK)
=IFp))
de relations du pro-p-groupe9K :
Cela
étant,
il suit :(i) ~ (ii),
carGFf
nepeut
être libre que sur clf + 1générateurs,
auquels
cas
QÎt
est évidemment unZi-module
libre de dimension cjc + 1.(ii)
~(iii),
puisque
laconjecture
deLeopoldt
affirmeprécisement
queK
possède
exactement(crf
+1)
Zp-extensions
indépendantes.
(iii)
~(iv),
en vertuprécisément
de l’indentité sur les rangs, sous laconjecture
deLeopoldt :
(iv) ~ (i),
d’après
les formules deSafarevic
énoncéesplus
haut.Enfin, l’équivalence
entre(iv)
et(v)
résulte de la théorie de Kummer : si~~ contient
(,
l’égalité
1signifie
que IÉpossède
exactement une
place
au-dessus de p ; et le groupeVKIKXP
s’identifie au radical de lap-extension
abélienne élémentaire maximale de Kqui
est nonramifiée aux
places
(finies)
étrangères
à p, etcomplètement décomposée
à celles au-dessus de p, c’est à direprécisémment
au "dual" de Kummer dugroupe
Cl’ :
Si ~1’ ne contient
pas (,
la mêmedescription
vaut pour le corps =1C[(].
Le groupeV¡( /1(XP
correspond
à la composante unité du groupecil ,
puisque
le caractèrecyclotomique
ce est le reflet du caractère unité dans l’involution du miroir.Enfin,
l’identité = = 0signifie
ici que lesplaces
de li au-dessus de p ne sedécomposent
pascomplétement
dans l’extensioncyclotomique
cequi
achève la dé-monstration.COROLLAIRE 1.3.
Exemples
de corpsp-réguliers
oup-rationnels.
(i)
Lecorps Q
des rationnels estp-réguliers
etp-rationnel
pour toutnombre
premier
p.(ii)
Pour toutpremier p,
le corpscyclotomique
K]
engendré
parune racine
primitive
pn -ième
de l’unité estp-régulier
(et p-rationnel)
si etseulement si le nombre
premiers
p estrégulier
(au
senshabituel).
(iii, a)
Les corpsquadratiques
imaginaires
qui
sont2-réguliers
(et
2-rationnels)
sont,
Q[J=2],
et les corps avec 1 - 3(mod
8),
-21~,
et avec ll’ - 3(mod 8),
pour 1 et 1~premiers impairs.
(iii,
b)
Sont3-réguliers
(et 3-rationnels)
le corps et les corpsQ[B/2013d]
pourlesquels
d 0
3(mod 9)
et 3 ne divise pas le nombre de3-classes du corps
quadratique
réel(iii, c)
Enfin,
pour p >5,
les corpsquadratiques
imaginaires qui
ont unp-groupe des classes trivial sont
p-rationnels.
Démonstration.
(i)
Le cas du corps des rationnels se traite en deuxtemps :
D’uncôté,
un calcul direct(cf.
[T])
montre que le noyaurégulier
R2(Q)
estnul,
desorte
que Q
estp-rationnel
pour tout p ; cequi justifie
laterminologie.
D’un autrecôté,
la théorie élémentaire du corps de classes assure que lap-extension
abéliennep-ramifiée oo-décomposée
maximalede Q
est bien laZp-extension
cyclotomique
de Q ;
cequi
établit larégularité.
(ii)
Pour les corpscyclotomiques
laproposition
1 assurel’équiva-lence entre
p-régularité
etp-rationalité.
Maintenant la condition(v, a)
du théorème 2 montre que celle-ci se lit sur le nombre de classes(en
l’occurrence au-sensordinaire)
du corpsQ[(pn].
(iii)
Pour les corpsquadratiques
imaginaires
Q[B/2013d],
il convient dedis-tinguer
suivant les valeurs de p. Pour p = 2 ou 3 les notions dep-régularité
et de
p-rationalité
coïncident,
en vertu de laproposition
1 ;
pour p >5,
enrevanche,
le théorème 2 nepermet
d’atteindre que lap-rationalité.
- Si
p vaut
2,
la condition(v, a)
exige
que le corps n’admettenombre de 2-classes d’idéaux soit
impair
cequi impose,
d’après
lafor-mule des classes
ambiges
deChevalley
(cf.
[J2]),
qu’il n’y
aitqu’une place
ramifiée(auquel
cas K =~(~~,
ouQ[B/~7],
avec 1premier
- 3
[mod 8]
ou bien deux(ce
qui
donne l( =avec 1
- 1[mod 4],
Q[B/~2/],
ou avec Il’ - 3[mod 8]).
- Si
p vaut
3,
une fois écarté le cascyclotomique
K =déjà traité,
la condition
(v,b)
exige
Q3[A]
(i.e. d ~
3[mod
9]),
et que 3ne divise pas le nombre de 3-classes du corps
quadratique
réel(qui
est le reflet de
Q[B/2013d]
dans l’involution dumiroir).
-Enfin,
pourp >
5,
la théorie du corps de classes montre directementque la
p-extension
abéliennep-ramifiée
maximale de K = estexactement la
composée
desZI-extensions
de K sous la condition suffisanteque la
p-partie
du groupe des classes d’idéaux de Ii soit triviale.COROLLAIRE 1.4. Généralisation d’un critère de Kummer. Soient p un
nombre
premiers impair, K
un corpsp-rationnel,
et u une unité de K. Si uvérifie la
congruencec’est la
puissance
p-ième
d’une unité v de K.Démonstration. Soient v~ la valuation et e~ l’indice de ramification absolu
d’une
place p
de K au-dessus de p. Parhypothèse
nous avons :, indice
d’hyperprimarité,
donc u E pour tout p divisant p, E
V¡(.
Le corps étantsup-posé p-rationnel,
ceci entraîne u E par la condition(iv)
du théorème :d’où le résultat.
Ce critère sera sensiblement amélioré dans la section 4
plus
loin(cf.
corollaire
4.3).
COROLLAIRE 1.5. Toute
p-extension
p-ramifiée oo-décomposée
d’un corpsp-rationnel
est encore un corpsp-rationnel.
Démonstration.
Rappelons qu’une
p-extension
est,
pardéfinition,
uneextension
galoisienne
dont le groupe de Galois est un p-groupe(fini).
Celaétant,
si estp-ramifiée
etoo- décomposée,
alorsLIK
est unesous-extension de de sorte que M est encore la
pro-p-extension
p-ramifiée
d’indice fini de
ÇI =
Gal Parsuite,
sigic
estpro-p-libre,
GL
l’estaussi ;
autrement dit si ~ estp-rationnel,
il en est de même de L.Tout le
problème
de la section 3 consistera à étendre cettepropriété
de montée de la
p-rationalité
à certainesp-extensions
qui
admet-tent de la ramification en dehors de p. Pour cela nous aurons besoin de
quelques
résultats surl’arithmétique
desp-extensions
abélienne des corpsp-rationnels,
que nous allons maintenant établir.2.
p-extensions
abéliennes des corpsp-rationnels.
Commençons
parrappeler
le formalismep-adique
de la théorie du corpsde classes
développé
dans[J2].
Le corps de base K étantsupposé fixé,
écrivons :-
J
=p-adifié
dugroupe des
idèles,
c’est à dire leproduit
restreint descomplétés profinis
KX =liml((x
Il((xpn
desgroupes
multipli
-catifs des
complétés
noncomplexes
1((
de7K,
muni de satopologie
naturelle de limiteinductive ;
- ?~l =
rlur
= le sous-groupe compact formé des idèlesunités ;
legroupe Ut
étant le groupe des unitésprincipales
de1(,~
lorsque
1 divise p et son p-sous-groupe de torsionsinon,
sauflorsque
L estréelle,
auquel
cas/Cr =
Mr est le groupeZp/2Zp
etUt
le sous-groupetrivial ;
- Tz = ©z le groupe des idèlesprincipaux,
défini comme leten-sorisé
p-adique
du groupemultiplicatif
deK,
etregardé
commeplongé
dans J ;
de sorte que lequotient
C =J/7Z
s’identifie,
dansl’isomorphisme
p-adique
du corps declasses,
au groupe de Galois de lapro-p-extension
abélienne maximalede K ;
- D =
7/U
le groupe des diviseurs deJ(,
et 7~ =1?1A lU
le sous-groupe des diviseursprincipaux, image
canonique
de TZdans J ;
puis
Cl =D/P
le groupe des classes dediviseurs,
qui
s’identifiecanoniquement
aup-sous-groupe de
Sylow
du groupe des classes d’idéaux de l(prises
au sensres-treint ;
-
noo,
enfin,
le sous-groupe infinitésimal deR,
i.e. le noyau de lasur-jection canonique
sp : R -~ = induitepar le
prolongement
diagonal
de ~~ dans leproduit
de sescomplétés
auplaces
divisant p.Avec ces
notations,
laconjecture
deLeopoldt
affirmequ’un
idèlede l’unité dans
7Z,
ce que nous écrivons :En
particulier,
puisque
les groupes pour 1réelle,
etur,
pour [ finieétrangère
à p, se réduisent à y[, les unités(au
sensordinaire)
de7~,
i.e. leséléments du tensorisé E =
7lp0zE,
qui
sontinfinitésimales,
sont les racines de l’unité dans Rd’image
triviale dansKI,
doncégales
à1 ;
cequi
s’écrit :Cela
posé,
nous avons :PROPOSITION 2.1. Soient J( un corps
p-rationnel
et S un ensemblefini
deplaces
modérées de I((i.e.
deplaces finies
étrangères
àp).
Alors,
dans la
correspondance
du corps declasses,
le sous-groupe de torsionTs
= Gal de lapro-p-extension
abélienneS-modérément-ramifiée
oo-décomposée
maximaleMSa bde K
(i.e.
de lacomposée
desp-extensions
abéliennes de l(qui
sont nonramifiées
en dehors de S et de p, etcompléte-ment
décomposées
auxplaces
àl’infini)
est donné parl’isomorphisme :
C’est donc le
produit
direct des sous-groupes d’inertie attachés auxplaces
de S dans
9Sb
= Gal(MSb / le).
Démonstration. Le corps Iî étant
supposé
p-rationnel,
lacomposée
Z desZp-extensions
de E est exactement lapro-p-extension
abéliennep-ramifiée
oo-décomposée
maximaleMab
de K. TI vient donc :cela
étant,
comme nous avons par ailleurs :puisque
les idèlesprincipaux qui
interviennent au dénominateur sont desunités infinitésimales.
Pour obtenir maintenant une
décomposition analogue
du groupeysb
toutentier,
faisant intervenir cette fois les groupes dedécomposition
attachés auxplaces
deS,
nous allonsimposer
aux éléments de S des conditions deprimitivité :
PROPOSITION ôL DÉFINITION 2.2.
Etant
donné un corps de nombres K et un ensemble S de splaces
modérées de K(i.e.
de splaces finies étrangères
à
p), les
conditions suivantes sontéquivalentes :
(i)
lessymboles
d’Artin(p, ZIK)
desplaces
deS,
pris
dans lacomposée
Z des
7lp-extensions
deK, engendrent
un sous-module pur de Gal(ZIK),
de dimension s.
(ii)
les mêmessymboles
(p,
pris
dans la sous-extensionélémen-taire de
Z, engendrent
unsous-IFp-espace
vectoriel de Gal dedi-mension s.
(iii)
l’intersection des sous-corps dedécomposition
dansZil
desplaces
de S est d’indicepS
dansLorsqu’elles
sontvérifiées,
nous disons que S estprimitif.
La notion d’ensemble
primitif
deplaces
modérées a été introduite par G. Gras(cf.
[G2]),
sous une formedifférente,
pour étudier lapropagation
de la
p-régularité,
sous laconjecture
deLeopoldt.
La condition(iii)
a été utilisée tout à faitindépendamment
par H. Miki pourproduire
précisement
une condition suffisante depropagation
de cetteconjecture
(cf.
[M]).
Laforme
(i)
permet de construire directement des ensemblesprimitifs
deplaces
modérées en utilisant lelogarithme
divisoriel(cf.
[GJ]) ;
la forme(ii)
permet
de faire de même à l’aide des
symboles
modérés d’ordre p(cf.
[MN]).
Bienentendu, l’équivalence
de(i), (ii),
et(iii)
est immédiate.Remarques.
(i)
Le théorème de densité deCebotarev garantit
l’existence d’une infinité d’ensemblesprimitifs
ne rencontrant pas un ensemble fini deplaces
données.(ii)
Si l’ensemble S estprimitif,
son cardinal s estmajoré
par le nombrede
Zp-extensions
linéairementindépendantes
sur donc enparticulier
par1 + c +
b,
où c est le nombre deplaces complexes
de ~f.(iii)
Sous laconjecture
deLeopoldt,
les ensemblesprimitifs
maximauxEXEMPLES D’ENSEMBLES PRIMITIFS DE PLACES MODÉRÉES.
(i)
Soit l( un corps totalement réel satisfaisant laconjecture
deLeopoldt
(pour
le nombrepremier
p).
Dans ce cas les ensemblesprimitifs
deplaces
modérées de K sont exactement les
singletons
S =~C~,
où [ est uneplace
de I( totalement inerte dans laZp-extension
cyclotomique
Z/I( (autrement
dit uneplace finie,
étrangère
à p,
satisfaisant la condition y[ =y).
(ii)
Soit K le corpscyclotomique
~~~p~
engendré
par une racineprimitive
p-ième
de l’unité.Pour p =
3,
l’ensemble S= ~ C7,
[19},
où [7(respJI9)
est uneplace
de .~ au-dessus de 7(resp.
de19),
est3-primitif.
Demême,
pour p =5,
l’ensemble S où(Il, [il et C11
sont trois desquatre
places
au-dessus de11,
est5-primitif.
Nous sommes désormais en mesure de
préciser
laproposition
1 :THÉORÈME 2.3. Soient Ii’ un corps
p-rationnel
et S un ensemblep-primitif
maximal deplaces
modérées deAlors,
dans lacorrespondance
du corpsde
classes,
le groupe de Galoisgsb
de lapro-p-extension
abélienneS-modérémeàt
mmifiée co-décomposée
de I(1.e.
de lacom-modérément
ramifiée oo-décomposée
maximales
de l((i.e.
de lacom-posée
desp-extensions
abéliennes de l(qui
sont nonramifiées
en dehorsde S et
de p,
etcomplètement décomposées
auxplaces
àl’infini)
est donnépar
l’isomorphisme :
C’est donc le
produit
direct des sous-groupes dedécomposition
des c + 1places
de S.Réciproquement,
si pour un ensemble S de c + 1places
modérées d’uncorps de nombres
K, le
groupeçSb
= Gal admet unedécomposi-tion du
type
précédent,
lecorps K
estp-rationnel,
et l’ensemble S estp-primitifs
maxirnal.Démonstration.
Supposons
Kp-rationnel
et ,~’p-primitif
maximal. Dansce cas, le groupe de Galois Gal
composée
des
Zp-extensions
de J( est unZp-module
libre de dimension c + 1qui
est
produit
direct des c + 1 sous-groupes dedécomposition
D(ZI J() =
Kx lKx
n(R
attachés auxplaces
de ,S. Celaétant,
desil résulte donc les
égalités :
ce
qui,
compte
tenu du résultat GalIlteslit
déjà obtenu,
conduit à ladécomposition
annoncée. Laréciproque
est immédiate.COROLLAIRE 2.4. Soient K
p-rationnel
et Sp-primitif,
de cardinal s 1 + c.Alors,
le groupe de Galoisgab
s’écrit commeproduit
directdes groupes de
décomposition
desplaces
deS,
et d’unZp-module
libre1-(,ab
de dimension 1 + c - s.
COROLLAIRE 2.5. Pour tout
ensemble p-primitif S de places
modérées d’uncorps p-rationnel l(,
il existeune p-extension
abélienne(en
général
non
unique)
S-ramifiée
etoo-décomposée,
maximalementramifiée
en touteplace
[ de 5’(en
ce sens que le groupe d’inertiecorrespondant
a l’ordre de
~c,c~~,
dont le groupe Galois est leproduit
direct des sous-groupesd’inertie attachés
aux places
deS,
cequi
s’écrit ici :Démonstration. Cela résulte immédiatement du corollaire
précédent,
lesous-groupe de torsion = étant un facteur direct du
produit
TIrEs Kt : il
suffit deprendre
pour le corps despoints
fixes dansM’Sb
d’unsupplémentaire
de tcs.THÉORÈME 2.6. Soient 1( un
corps p-rationnel
et S un ensemblep-primitif
maximal deplaces
modérées de 7~.L’injection diagonale
7~~ 2013~du groupe
rnultiplicatif
de l( dans leproduit
de ceux de sescom-plétés
auxplaces
divisant p induit unisomorphisme
du tensorisép-adique
=
Zp
0ES
du groupe deSp-unités
(i.e.
des unités au sens ordinairre en dehors de ,S’ et dep)
sur leproduit
~Cp
=Réciproquement,
si pour un ensemble S de c + 1places
d’un corps desur alors le
corps l(
estp-rationnel,
et l’ensemble Smaxi-mal,
dès lors que le p-groupeCls
desSp-classes
d’idéaux est trivial.Démonstration.
D’après
la théorie du corps declasses,
le groupe de Galoisgsb
de lapro-p-extension
abélienne S-modérément ramifiéeoo-décomposée
maximaleM’Sb
de l( est donné parl’isomorphisme :
sous réserve de trivialité du p-groupe
CI’
pj desSp-classes d’idéaux de K.
Si K est
p-rationnel
et Sp-primitif maximal,
cette condition estévidem-ment
remplie
(la
p-extension
abélienne non ramifiéep6’oo-décomposée
del( étant alors
triviale) ;
etl’isomorphisme
Kb
donné par le théorème3 affirme que le
groupe CIS
s’envoiesurjectivement
sur le facteur cequi,
compte
tenu del’égalité
des rangs,signifie
quel’application
s p :~ 2013~
K x
est un
isomorphisme.
Laréciproque
est immédiate.En
présence
des racinesp-ièmes
del’unité,
nous donneronsplus
loin un résultat dual de cethéorème,
basé cette fois sur la théorie de Kummer.3.
p-extensions galoisienne
des corpsp-rationnels.
L’objet
de cette section est de relever le théorème2.3, qui
décrit l’abélia-niségsb
du groupe de Galoisgs
= Gal en un théorème destruc-ture pour le pro-p-groupe
~s.
Introduisons pour cela
quelques
notationssupplémentaires.
Désignons
par * leproduit
libre dans lacatégorie
des pro-p-groupes,puis,
pourchaque place
1 dele,
faisons choix de l’une £ desplaces
deMs
au-dessusde C,
et notons(par abus)
Dr
le groupe dedécomposition
de £ dans
Ms /I(
(qui
n’est donc définiqu’à conjugaison
près).
Notons maintenant9L
le groupe de Galois de lapro-p-extension
maximale deKc,
et
1/J(
lemorphisme de r
dansS
induit par lasurjection canonique
deÇj
surVi.
Par lapropriété
universelle duproduit libre,
nous définissonsainsi un
morphisme
os
duproduit
*gr.
Nous allons voir que, sous les(ES
hypothèses
du théorème2.3, l’application
obtenue est unisomorphisme.
Nous aurons besoin pour cela du résultat
technique
suivant :LEMME 3.1. Soient 1£
-~ ~
unmorphisme
de pro-p-groupes, et(iab l’abélianisé
de rp. Sous la conditionH2(Çj,Qp/7lp) =
1,
il estDémonstration. n est bien clair que est un
isomorphisme
dès que y? enest un.
Réciproquement,
supposons que est unisomorphisme,
et notonspour
abréger
Hi(~)
au lieu de La suite exacted’inflation-restriction construite à
partir
de la suite exacte courteMaintenant étant
surjective, l’application
induiteH1 (~) ~
Hl
(?-C)
estsurjective,
cequi
entraîneH’(Coker
p) -
1,
i.e.Coker w
=1,
et p est biensurjective.
Cela
étant,
la suite exacte d’inflation-restriction construite àpartir
dela suite courte
"" , "" , ,,-, , ", , ·
et le terme de droite est nul par
hypothèse.
Il vient doncH1 (Ker w)°
=1,
i.e.
H (Ker
~p)
= 1(puisque 9
est unpro-p-groupe
opérant
sur le p-groupediscret
H1 (Ker
)),
c’est-à-dire finalementKer w
=1,
comme attendu. THÉORÈME 3.2. Soient Il un corpsp-rationnel,
et S un ensemblep-primi-t2,f
maximal deplaces
modérées du corps ~1’.L’application es définie
sur leproduit
libre des groupes de Galoisrespectifs
gr
despro-p-extensions
maximales descomplétés
1-adiques
de .Fl’ auxplaces
de S(par
le choix d’uneplace
R deMS
au-dessus de 1 pour tout 1 deS),
à valeurs dans le groupe de Galoisgs
de lapro-p-extension
S-modérémentramifiée
oo-décomposée
maximaleMs
deK,
est unisomorphisme :
Inversement,
si pour un ensemble S de c + 1places
modérées d’un corps de nombresK,
le groupegs
admet unedécomposition
dutype
précédent,
le corps l( est
p-rationnel,
et l’ensemble Sp-primitif
maximal.Ce théorème résout
complétement
leproblème
de ladescription explicite
du groupegs
(sous
leshypothèses
de rationalité et deprimitivité),
puisque
la structure des groupeslocaux gt
estparfaitement
connue pour lesplaces
SCOLIE 3.3. Le groupe de Galois
Gr =
Gal de lapro-p-extension
maximale de lacomplétion
d’un corps de nombres en uneplace finie
étran-gère
àp est :
- soit le
pro-p-groupe libre
engendré
par leFrobenius, lorsque
lep-sous-groupe de
Sylow
Mr dekC
est trivial(i. e.
lorsqu’on
aNI 0
1 modp~ ;
- soit le
groupe de Demuskin
i
= 1 > construit surun relèvement
quelconque
o~r du Frobenius de la sous-extension nonramifiée
maximale deMr,
et unprogénérateur quelconque
7-r du sous-groupe d’inertiede
Mr/l(r,
dans le cas contraire.Démonstration du théoréme. Le corps 1( étant
p-rationnel
parhypothèse,
il satisfait enparticulier
laconjecture
deLeopoldt,
et nous avons doncH2(gs,Qp/71p) =
1,
cequi
est la traductioncohomologique
de cettecon-jecture.
Celaétant,
le théorème 2.3 affirmant que l’abélianisée’0 ab
est unisomorphisme
lorsque
l’ensemble ,~ estp-primitif maximal,
le lemme 1 nousdit
qu’il
en est de même deos.
Laréciproque
est immédiate.Nota. Le théorème de structure
précédent
peut
êtreregardé
comme unanalogue
en théorie des nombres du théorème d’existence deRiemann,
lescorps
p-rationnels
venantremplacer
ceux de genre nul. On sait eneffet,
par la théorie des
revêtements,
que si k est un corpsalgébriquement
clos decaractéristique nulle,
et S un ensemble fini deplaces
du corps des fractions rationnelles 1( =k(x),
autrement dit un ensemble fini depoints
de le groupe de Galoisg 5
de l’extensionalgébrique
,5’-ramifiée maximale deE,
qui
s’identifie au groupe fondamentalalgébrique
7r’
(JIDI
(1~) ~
S),
est leproduit
libreprofini
A
des groupes d’inertie
(isomorphes
àZ)
desplaces
deS, après
l’élimination arbitraire de l’une d’elles.COROLLAIRE 3.4. Soient K
p-rationnel
et Sp-primitif
de cardinal sc + 1. Alors le groupe de Galois
95
de lapro-p-extension
S-modérémentrarnifiée
oo-décomposée
maximale de K s’écrit commeproduit
libredes groupes de Galois locaux attachés aux
places
deS,
et d’un pro-p-groupe libre sur 1 + c - sgénérateurs.
Démonstration. Il suffit de
compléter
,5’ en un ensembleprimitif
maximalSi,
puis
d’appliquer
lethéorème,
en remarquant quegs
est lequotient
degs,
par le sous-groupeengendré
par les sous-groupes d’inertiedes
places
excédentaires.Nous pouvons désormais
procéder
à la montée. Convenons de direqu’une p-extension
oo-décomposée
estprimitivement
ramifiéelorsque
l’ensemble desplaces
modérément ramifiées dansLIE
estp-primitif
dans Cela
posé,
nous avons :THÉORÈME 3.5.
Étant
donné unep-extension
(finie)
de corps denombres,
les deux conditions suivantes sontéquivalentes :
(i)
le corps L estp-rationnel.
(ii)
le corps ~~’ estp-rationnel,
et l’extensionLIK
estprimitivement
ramifiée.
Démonstration. Nous allons
procéder
différemment pour la descente et la montée.(i )
-(ii)
Pour ladescente,
remarquonssimplement
que si L estp-rationnel,
il satisfait enparticulier
à laconjecture
deLeopoldt
ainsi quetous ses sous-corps, de sorte que tout revient à établir que le sous-groupe de torsion
4(
estnul,
et que l’extension estprimitivement
ramifiée dès lors queTL
est nul. Or cela résulte immédiatement de la formule depoints
fixes de G. Gras(cf.
[Gl]),
où Gdésigne
le groupe Gal etD’ le groupe des
p-diviseurs :
, ’ 1J "’ 1 1 i
(ii)
==>(i)
Pour lamontée,
la formuleprécédente
n’est pas utilisabledirectement,
puisque
le corps L ne vérifie pas apriori
laconjecture
deLeopoldt. Complétons
donc l’ensemble desplaces
modérémentrami-fiées dans
LIE
en un ensemblep-primitif
maximal du corpsp-rationnel
K,
et introduisons lapro-p-extension
S-modérément ramifiéeoo-décompo-sée maximale
MS
de Il. Le corpsMs
contient L parconstruction ;
c’est donc aussi lapro-p-extension
S-modérément ramifiéeoo-décomposée
maximale de L. Enparticulier,
le pro-p-groupe Gal(Ms/L)
est donc un sous-groupe ouvert du pro-p-groupe
~S(~1’) -
GaIMaintenant,
par le théorème3.2,
le groupegs(K)
s’identifie auproduit
et le théorème de Binz-Neukirch-Wenzel
(cf. [BNW])
nous assure que lesous-groupe
gs(L)
s’identifie parconséquent
auproduit
libre :où £
parcourt
lesplaces
de L au dessus deS 1(,
et Jidésigne
unpro-p-groupe libre de rang n
= E ([Z~ : J(c] -
1) -
([L : K) -
1).
PrenantGESL
l’abélianisé et
appliquant
le corollaire2.4,
nous concluons que L estp-rationnel,
commeattendu,
et que l’ensembleSL
estp-primitif
dansL. Ainsi :
COROLLAIRE 3.6. Dans une
p-extension primitivement
rarrcifiée
LIE
d’uncorps
p-rationnel,
l’ensemble S desplaces
modérémentramifiées
est encorep-primitif
dans L.Remarques.
(i)
L’implication
de montée a été obtenue par Miki àpartir
de laca-ractérisation
(iv)
du théorème 1.2. Sa démonstration trèstechnique
estmalheureusement assez peu éclairante
(cf.
[Mi]).
(ii)
Ultérieurement,
Miki et Sato(cf.
[MS])
ont donné une autredémons-tration du théorème de
montée,
en décrivant la structure du groupe de Galois Gal(ZLIL)
de lacomposée
des7Gp-extensions
de L comme module surl’algèbre
Zp[Gal
dans le casparticulier
où l’extensionLIE
estcyclique
d’ordre p. Pour passer ensuite au casgénéral,
il est nécessaire de vérifier que siL/li
estprimitivement ramifiée,
l’ensemble desplaces
modérément ramifiées dansL/K
est encoreprimitif
dans L(i.e.
le corollaire3.6
ci-dessus),
ce que la méthode ne donne pas.(iii)
Dans[GJ],
l’implication
de montée est ramenée au cas abélien à l’aide de la théorie des genres ; elle est alors démontrée par la théoriep-adique
du corps declasses,
via la caractérisation(v)
du théorème 1.2.COROLLAIRE 3.7. Toute
p-extension
primitivement
ramifiée
L d’un corpsp-rationnel
est un corpsp-rationnel
qui
vérifie la
conjecturé
deLeopoldt
(Pour
le nombrepremier
p).
Si L contient les racinesp-ièmes
del’unité,
ilvérifie
en outre laconjecture
de Gross.En
effet,
tout corpsp-rationnel
vérifie laconjecture
deLeopoldt ;
toutcorps
p-régulier,
celle deGross,
dès lorsqu’il
contient(p.
Enfait,
commeexpliqué
dans(J1~,
la nullité de lep-partie
du noyau hilbertienH2(L)
suffit4. Lois de
réciprocité primitives.
Nous supposons désormais que K est un corps
p-rationnel
contenant lesracines
p-ièmes
del’unité,
et S un ensemblep-primitif
maximal deplaces
modérées deComme
expliqué
au début de cet article(cf.
proposition
1.1)
K est alorsun corps
p-régulier,
cequi
signifie
que toutsymbole
sur~1’,
à valeurs dans un p-groupe,s’exprime
commeproduit
(éventuellement
infini)
dessymboles
réguliers
attachés auxplaces
noncomplexes
de K. Parexemple,
puisque
l(
possède
uneunique place
p au-dessus de p(cf.
condition(v,
(a))
duthéorème
1.2),
lep-symbole
de Hilbert attachéà p
(à
valeurs dans lep-groupe des racines de l’unité dans
IC:)
est donné par la formule duproduit
où
P"
désigne
l’ordre du p-groupe local Mi, etp’n
celui du p-groupeglobal,
l’égalité
m =mp résultant des
hypothèses faites,
puisque
l’extensioncyclo-tomique
nepeut
sedécomposer
en p(toujours
d’après
lacon-dition
(v,
(a))
du théorème1.2).
Nous nous proposons ici de déterminer une loi de
réciprocité explicite
pour le
symbole
sauvage(20132013)
ne mettant enjeu
qu’un
nombre fini de Psymboles
modérés. Le cas p = 2 faisant intervenir lessymboles
réguliers
attachés auxplaces
réelles,
nous aurons besoin pour cela d’un résultatlégèrement plus général
que le théorème2.3,
et que nous allonsmaintenant
ét abli r :
THÉORÈME 4.1. un
corps p-rationnel
et S un ensemblep-primitif
rnaximal deplaces
modérées de K.Alors,
dans lacorrespondance
du corps declasses,
le groupe degalois
depro-p-extension
abélienne S-modé-rémentramifiée
maximaleMs~
de l((i. e.
de lacomposée
desp-extensions
abéliennes de I(qui
sont nonlamifiées
(aux
places
finies)
en dehors de Set de
p~
est donné parl’isomorphisme :
C’est donc le
produit
direct des sous-groupes dedécomposition
des rplaces
réelles et des c + 1places
de S.Démonstration.
La p-extension
abéliennep-ramifiée Soo-décomposée
maxi-male de K étant triviale parhypothèse,
un calcul direct donne :et tout le
problème
consiste à vérifier que le dénominateur est nul. Orcela résulte par
exemple
du théorème2.3,
puisque
les idèlesprincipaux
qui
interviennent sont des S-unités infinitésimales(i.e.
des éléments du tensoriséZp
~~Es
d’image
1 dans le facteurK§
=COROLLAIRE 4.2.
Épimorphisme
de dualité. Conservons leshypothèses
du
théorème,
et supposons en outre que le corps ~1 contienne les racinesp-ièrnes
de l’unité. Alorsl’application
canonique
du tensorisé
p-adique
&~ =
~p
®~ES
du groupe des,S’p-unités
(au
sensordinaire)
de ~~ dans leproduit
descomplétés profinis
pour C ESoo,
induite par le
prolongement diagonal
du groupemultiplicatif
de l( dans leproduit
de ceux de sescomplétés
auxplaces
réelles ou contenues dans S estun
épimorphisme.
Démonstration.
Lorsque
le corps ~1’ contient les racinesp-ièmes
del’uni-té, l’isomorphisme galoisien
du théorème1,
transporté
par la théorie deKummer,
montre que le radical dela p-extension
abélienne élémentaire S-modérément-ramifiée maximale du corps l( s’identifie au pro-duit des radicaux locaux pour 1 cS’oo ;
cequi
s’écrit :. D’après
le lemme deNakayama,
cela suffit à établir quel’application
na-turelleest un
épimorphisme.
Bienentendu,
ce n’est pas(en général)
unisomor-phisme,
la source et l’arrivée n’étant pas desZp-module
de même rang.x
Il est alors commode de réunir le théorème 2.3 et le corollaire 2 ci-dessus dans un même énoncé sous la forme :
COROLLAIRE 4.3. Lemme
d’approximation
simultanée par les S-unités. ,S’ous leshypothèses précédentes,
lesinjections
diagonales
Es ’--7
etE’s ’--7
~~~"
induisent lesisomorphismes canoniques
où
p’n
est l’ordre du p-groupe Il des racines de l’unité dansCela
étant,
nous pouvons énoncer :’THÉORÉME 4.4
(Loi
deréciprocité
primitive) .
un corps p-régu-lier contenant les racinesp-ièmes
de l’unitéet p
l’unique place
de K au-dessus de p.Alors,
pour tout ensemblep-primitif
maximal S deplaces
modérées de
K,
lesquotients
où
p’n
est l’ordre du p-groupe li des racines de l’unité dansI(,
sont na-turellementanti-isométriques
pour la structure(symplectique
pourp 54
2,~
donnée par les
symboles
de Hilbert.Démonstration. Il
s’agit
d’établirqu’il
existe unisomorphisme
canoni-que ~ps du
quotient
I(pX
sur lequotient
telqu’on
ait l’identité entre lessymboles
de Hilbert à valeursdans y :
Or cela résulte immédiatement du lemme
d’approximation
simultanée par lesS-unités,
et de la formule duproduit rappelée plus haut,
compte
tenude l’identité m, pour 1 E S.
Remarques.
(i)
Lorsque pm
est différent de2,
le corps K n’admet pas deplongement
réel,
et lequotient
est alors unZ/p’Z-module
libre de dimension2( c
+1).
- Si
p est
impair,
lessymboles
de Hilbert à valeurs dans p en font un modulesymplectique
nondégénéré,
et il est facile de voir que lequotient
maximal
(de
dimension c +1).
On obtient alors unsupplémentaire
totale-ment
isotrope
en faisant choix pourchaque
1 de S d’une uniformisante locale~rr que l’on
regarde
dansES
et en formant le sous-moduleengendré
par les1r(. Via la théorie de
Kummer,
cela revient àprendre
le radical attaché à lasous-extension
d’exposant
p’n
de l’extension abélienne donnée par le corollaire 2.5.- Si
p vaut
2,
lequotient
n’estplus
un modulesymplectique :
le sous-groupe
engendré
par les racines locales de l’unité esttoujours
un sous-module totalementisotrope maximal ;
mais il n’admetplus
desupplémentaire
isotrope, puisque,
pour toute uniformisante 1r(, ona
= -1,
par un calcul immédiat.(ii)
Enfin, lorsque
p’n
vaut2,
lequotient
est unIF2-espace
quadra-tique
de dimensionr + 2(c + 1),
où r est le nombre deplaces
réelles dele,
qui
admet comme sous-espace totalementisotrope
maximal lequotient
E+/E+
de dimension c +1,
engendré
par lesp-unités
totalementpositives.
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