HAL Id: jpa-00210142
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Submitted on 1 Jan 1985
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Rétrécissement collisionnel dans N2 mis en évidence par diffusion Raman stimulée
G. Millot, B. Lavorel, R. Saint-Loup, H. Berger
To cite this version:
G. Millot, B. Lavorel, R. Saint-Loup, H. Berger. Rétrécissement collisionnel dans N2 mis en évidence par diffusion Raman stimulée. Journal de Physique, 1985, 46 (11), pp.1925-1936.
�10.1051/jphys:0198500460110192500�. �jpa-00210142�
Rétrécissement collisionnel dans N2 mis en évidence
par diffusion Raman stimulée
G. Millot, B. Lavorel, R. Saint-Loup et H. Berger
Laboratoire de Spectronomie Moléculaire, U.A. C.N.R.S. no 777, 6, Bd Gabriel, 21100 Dijon, France
(Reçu le 26 avril 1985, accepti le 13 juin 1985)
Résumé.
2014Nous mettons
enévidence la réduction de la largeur Doppler due
auchangement de vitesse des molé- cules lors des collisions pour la molécule N2 autoperturbée à la température ambiante. Cette étude est faite en
diffusion Raman stimulée, dans le cas où les faisceaux pompe et sonde se propagent
ensens inverse, augmentant ainsi considérablement la largeur Doppler. Le modèle de Galatry s’est avéré satisfaisant pour étudier ce phéno-
mène et nous
apermis de mesurer la constante de diffusion (D
=0,13 cm2 s-1 atm-1). Ce travail montre qu’une
erreur
de 10 % environ serait commise sur la largeur collisionnelle si l’on négligeait le rétrécissement Doppler.
Abstract.
2014We demonstrate the reduction of the Doppler broadening of the self-perturbed N2 molecule at room temperature due to the change in the velocity during collision. The study is done in stimulated backward Raman
scattering where the Doppler width is significantly increased over foreward scattering. The Galatry profile is
found suitable for the study of this phenomenon and allows
usto determine the value of the diffusion constant
as
D
=0.13 cm2 s-1 atm-1. Our work shows that
an errorof about 10 % is made in the collisional width by neglecting the Doppler narrowing.
Classification
Physics Abstracts
32.70 - 33.10
Introduction.
Le retrecissement des raies spectrales du a la dimi- nution de la largeur Doppler est un phenomene peu etudie par rapport aux nombreux travaux traitant de
1’elargissement collisionnel. Ceci s’explique simplement
par le fait que 1’elargissement collisionnel est souvent
preponderant pour un grand nombre de molecules,
le retrecissement du aux variations de la vitesse moleculaire n’apporte alors qu’une faible contribution.
Le phenomene de retrecissement collisionnel a 6t6
predit pour la premiere fois par Dicke [1] en 1953,
et mis en evidence pour des transitions dipolaires magnetiques en microondes.
Ce phenomene a ete essentiellement 6tudi6 pour des transitions vibrationnelles et rotationnelles sur les molecules H2 et D2 par diff6rents procédés exp6ri-
mentaux : en absorption quadrupolaire [2, 3], en absorption induite par un champ electrique [4], en
diffusion Raman haute resolution [5-8], en diffusion
Raman anti-Stokes coherente (CARS) [9] et en gain
Raman stimule (SRGS) [10, 11]. Eng et al. [12] ont
note un r6tr6cissement collisionnel important dans la
vapeur d’eau pour des raies d’absorption dans la bande v2 en presence d’un gaz perturbateur, tandis
que d’autres etudes ont ete effectu6es dans la bande
d’absorption fondamentale de HF perturbe par le neon ou l’argon ainsi que pour des transitions rovi- brationnelles de HD [13]. Il faut noter egalement
l’observation de cet effet sur la molecule HCI perturbee
par l’argon [14].
Toutes les molecules ainsi etudiees sont legeres
et presentent donc une largeur Doppler importante,
en outre les distances entre les niveaux rovibrationnels sont grandes, ce qui interdit un role important du phenomene d’elargissement collisionnel, qui mas- querait alors le retrecissement Doppler.
Plus recemment, ce r6tr6cissement des raies spec- trales a 6t6 observe sur la molecule CH4 [15], et etudie plus en detail dans la bande fondamentale v 1 de HCN perturbee par l’azote ou 1’argon [16]. Il faut
noter que ces deux molecules (CH4, HCN) presentent
un elargissement collisionnel important.
Au cours de ces demi6res annees, les techniques spectroscopiques ont ete grandement utilisees pour la determination de la composition et de la temperature
des flammes n6cessitant la connaissance precise des
différentes causes d’elargissement des raies spectrales
des molecules participant a la combustion. 11 est necessaire de prendre en compte tous les phenomenes physiques donnant naissance a une certaine forme de raie.
Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphys:0198500460110192500
C’est ainsi qu’aux faibles pressions ou aux hautes temperatures il est impossible d’ignorer le r6tr6cisse- ment des raies du a la diminution de la largeur Doppler,
meme pour des molecules ou felargissement collision-
nel predomine dans les conditions normales de temp6-
rature et de pression.
Dans notre Laboratoire, nous disposons d’une experience de spectroscopie par effet Raman stimule
qui constitue un important moyen d’investigation des
formes de raies car elles sont obtenues sans distorsion dans un tel processus. Ainsi, nous nous sommes pro-
pos6s &6tudier le ph6nom6ne de r6tr6cissement
Doppler sur la molecule N2 qui est largement pr6sente
dans les produits de combustion. L’un des objectifs
essentiel de ce travail etait de mesurer la constante de diffusion a la temperature de reference de 300 K.
Pour cela, nous nous sommes places dans les condi- tions experimentales les plus favorables possibles;
a cet egard, nous avons choisi de faire notre etude pour
un nombre quantique rotationnel élevé J
=18 (raie
isolee et r6tr6cissement collisionnel plus important)
et nous avons opte pour un mode de diffusion vers
I’affi6re qui accroit considerablement la largeur Doppler. Nous montrons qu’un profil de Voigt ajuste
au spectre experimental laisse apparaitre des diff6-
rences entre profils calcule et observe (spectre r6siduel) caract6ristiques du retrecissement collisionnel. Par contre, un profil de Galatry rend parfaitement compte du spectre experimental et compte tenu de la sensibilite de notre dispositif, des modeles plus 61abor6s ne s’im-
posent pas. L’etude des parametres de r6tr6cissement et d’elargissement collisionnel a ete faite en fonction de la pression dans un domaine de 300 a 1 400 torr.
1. Origine du retrecissement collisionnel
Le phénomène de retrecissement collisionnel peut etre
compris qualitativement d’apres le principe d’incer-
titude de la m6canique quantique (Ax Ap a h) [8].
La variation de frequence Doppler d’un photon emis
ou absorbe par une molecule fournit une information
sur la vitesse ou sur le deplacement de cette molecule.
En accord avec le principe de la m6canique quantique,
il est impossible de determiner la vitesse instantanee d’une molecule en un point donne, seule la vitesse moyenne peut etre obtenue pour des d6placements
mol6culaires Ax verifiant la condition Ax Ap > h ou Ap est l’incertitude sur le moment moleculaire. Si on
suppose que 1’absorption ou 1’6mission d’un photon de
moment hi À. induit une incertitude sur le moment moleculaire du meme ordre de grandeur, alors la
vitesse est moyenn6e sur des deplacements Ax > A/2 7r.
Ainsi, la composante de la vitesse moleculaire dans la direction d’observation (qui intervient dans la largeur Doppler) est la vitesse moyenne pour des deplacements
de l’ordre de A/2 n.
Si les collisions sont rares, alors tout se passe comme si la molecule parcourait la distance A/2 n avec une
vitesse constante 2 kT/m vitesse thermique
ou vitesse la plus probable). Le cas limite correspond
a la molecule se d6placant avec une vitesse constante pendant un temps infini. La molecule peut etre consideree comme un oscillateur de frequence intrin- s6que cvo se d6placant a la vitesse radiale V par rapport a l’observateur, dans le repere duquel sa frequence sera
a)
=Wo + kV
=a)o(l + Vlc). Ainsi, pour un ensemble de molecules, la forme de raie est determinee par leur distribution des vitesses de Maxwell-Boltzmann, on
obtient alors le profil Doppler usuel :
S’il y a beaucoup de collisions durant le temps qu’une molecule parcourt la distance A/2 7r la situation est tres differente. En effet, 1’oscillateur n’est pas en mouvement libre et sa vitesse reste constante seulement
pendant un temps fini T. Ainsi, l’émission ou l’absorp-
tion de cet oscillateur sur 19intervalle r conduira a un
spectre de largeur Aco - 1 11: autour de la frequence coo(I + Vlc). L’6quation ci-dessus n’est donc valable que lorsque :
1 etant le libre parcours moyen,
I
=YT, et A la longueur d’onde de 1’onde emise ou
absorbee.
Dans la relation 1 >> /)./2 n, deux grandeurs inter- viennent, I qui depend de la pression du gaz et A qui
varie suivant le type de molecule et la transition etudiee. Par consequent, le domaine de pression
pour lequel le profil Doppler est valable, varie suivant la molecule consid6r6e.
Dans le cas ou il y a beaucoup de collisions (1 A/2 nj
en tenant compte de toutes les collisions, la vitesse moyenne de la molecule tend vers zero (la molecule prendra toutes les valeurs de vitesse possibles, elle
effectue un mouvement aleatoire). Dans cette limite,
la largeur Doppler est nulle (dans le cas ou aucune perturbation ext6rieure ne vient s’ajouter au systeme).
Dans le cas intermediaire, on observe une nette reduction de la largeur Doppler due aux changements
de vitesse. Puisque le libre parcours moyen est inverse- ment proportionnel au nombre de collisions, on
s’attend a une vitesse moyenne (donc a une largeur de raie) inversement proportionnelle au nombre de
collisions (donc a la pression). Cet effet est d’autant plus important que le libre parcours moyen I sera
petit par rapport a A/2 n.
Dans le cas de N2, 1
=950 A à la pression atmo- sph6rique et A/2 n = 6 800 A pour les transitions Av = + 1 et AJ = 0.
Plusieurs modeles ph6nom6nologiques rendant
compte de cette reduction de la largeur Doppler ont
ete etudies jusqu’a present. Tout d’abord, Dicke [1] a presente un modele de diffusion, puis Galatry [17],
Rautian et Sobel’man, Alekseev et al. [ 18] generalisent
ces r6sultats. Nienhuis ainsi que Corey et al. [19]
en donnent une description quantique.
Dans le paragraphe suivant, nous allons examiner
ces differents modeles et les conditions pour lesquelles
ils peuvent etre utilises.
2. Les diffirents modeles de retrecissement collisionnel
.
2.1 MODELE DE DIFFUSION.
-Le plus simple est le
modele de diffusion propose par Dicke qui n’est autre qu’un profil Lorentzien de largeur a mi-hauteur :
D etant la constante de diffusion par unite de pression,
B le coefficient d’elargissement collisionnel et p la
pression. Ce modele est valable lorsque 1 A/2 n,
ce qui correspond le plus souvent a des pressions
6lev6es.
2.2 MODELE DE GALATRY.
-Le modele mis au point
par Galatry [17] est tres utilise. Il s’agit d’un modele de mouvement Brownien ou modele de « Soft- collision », plus approprie pour decrire le mouvement de molecules lourdes dans un gaz de molecules legeres,
car il suppose que la variation de vitesse lors d’une collision est beaucoup plus faible que la vitesse ther-
mique. Les vitesses avant et apres le choc sont forte-
ment corr6l6es, si bien que si 1’on regarde une collision unique, son effet est tout a fait negligeable. Seull’en-
semble des collisions, par leur action collective,
contribue a un changement de vitesse. En plus du parametre d’elargissement collisionnel habituel, ce
modele utilise un param6tre P qui rend compte de
l’importance du retrecissement. Ce parametre n’est
autre que la frequence effective des collisions, qui est plus faible que la frequence reelle. Cette frequence
definite le temps T,
=I/# n6cessaire a la molecule pour
« perdre la memoire » de sa vitesse initiale. Elle est souvent reliee au coefficient de diffusion optique par la relation fl
=kT ImD. Ce mod6le a une plage
d’utilisation assez importante puisqu’il conceme tous
les phenomenes induisant un changement de vitesse
infinitesimal.
2. 3 MODELE DE « COLLISIONS DURES».
-Dans ce
modele, on considere que la variation de vitesse
pendant la collision est de 1’ordre de la vitesse ther-
mique. Il s’applique donc plus particulierement à
1’etude du comportement de molecules legeres dans
un gaz de molecules lourdes. Contrairement au
modele de mouvement Brownien, les vitesses avant et
apres le choc sont independantes. Le parametre de r6tr6cissement C est la frequence reelle des collisions.
L’importance du choc provoque une rupture de l’onde emise ou absorbee, en un ensemble de trains d’onde incoh6rents de duree I/C, chacun d’entre eux emettant
une frequence correspondant au d6phasage Doppler.
2.4 TRAITEMENT SIMULTANÉ DES DIVERS PROCESSUS
D’ELARGISSEMENT.
-Jusqu’a present, nous n’avons
examine que l’influence des collisions sur la variation de la vitesse de la molecule (collisions 61astiques).
Bien entendu, il ne faut pas oublier le role essentiel des collisions inelastiques qui induisent une perturbation
dans le mouvement interne de la molecule en changeant
la phase et 1’amplitude de ses vibrations. Une collision peut simultanément perturber les vibrations et changer
le mouvement translationnel de la molecule.
A partir de la, il existe deux facons de traiter le
probleme : elles consistent a faire l’hypothèse soit
d’une dependance, soit d’une independance statistique
de ces deux phenomenes collisionnels.
L’intensite spectrale mesuree en fonction de la
frequence est proportionnelle a la densite spectrale de puissance. D’apres le theoreme de Wiener Khintchine,
cette intensite I(cv) est la transformee de Fourier de la fonction d7autocorr6lation O(T) de 1’amplitude du champ electrique E(t) :
deplacement de la molecule et T(t) le dephasage du
aux collisions. On suppose que E(t) est une fonction ergodique, on a alors 0(,r) = e- ikr(T) e- i(P(T) > off
... > correspond a une moyenne sur 1’ensemble des molecules.
Dans le cas ou les deux causes d’elargissement (changement de phase et d’amplitude des vibrations et modification du mouvement translationnel) sont statistiquement indépendantes, alors O(T) est egale au produit des fonctions de correlation de chacune des
causes prises individuellement :
Il en resulte que l’intensit6 globale s’exprime par le
produit de convolution :
La dependance statistique des deux phenomenes depend du rapport T:lplT:V’ T:lp etant la duree n6cessaire a un dephasage de n et Tv le temps pour que la variation de vitesse soit appreciable.
Si Tg/T, lies collisions provoquent essentiellement
un dephasage, leur influence sur la largeur Doppler est
alors negligeable conduisant pour la forme de raie
spectrale au profil de Voigt pour lequel r et 4 (largeur
et dephasage) sont independants de la vitesse V.
Par contre lorsque T,,/T, >, 1, il n’y a aucune raison
de considerer les deux effets statistiquement ind6pen-
dants. TlplTv >> 1 correspond au cas le plus favorable
pour l’observation de feffet Dicke. Rautian et Sobel’man [18] g6n6ralisent les profils de « soft » et
« hard-collision » dans le cas d’une dependance sta-
tistique, ce qui conduit a des profils dissymetriques
lorsqu’il existe un dephasage collisionnel important.
Pour mettre en evidence le role joue par les collisions
sur la largeur Doppler, nous avons utilise essentielle-
ment le profil de Galatry [17] ou rintensit6 est donnee par :
Varghese et al. [20] ont exprime cette intensite sous une forme normalisee avec des parametres sans dimension.
L
M etant une fonction hypergéométrique confluente [21] avec :
/! cst aussi appele coefficient de friction dynamique
reli6 au coefficient de diffusion D par la relation
= kT/mD.
Nous avons vu pr6c6demment que le rapport Tv/Tlp
temoigne de l’importance relative des deux effets que sont 1’61argissement collisionnel et le r6tr6cissement
Doppler. Ce rapport peut egalement s’exprimer sous
la forme r
=ylz [20, 22].
La figure 1 illustre l’influence de ce parametre r. On
observe une augmentation de la difference entre profil
de Voigt et Galatry lorsque r diminue. (La limite
r
-0 correspond au modele de diffusion.) Cette
difference est plus visible sur le spectre residuel.
Nous allons voir maintenant quelle est la variation de ce parametre avec la temperature, plus exactement
nous allons donner une estimation de cette d6pen- dace. Le coefficient de diffusion varie en fonction de la pression et de la temperature suivant la loi [23] :
Tréf et pref sont respectivement la temperature et la pression de reference. (Tréf
=300 K, pref
=1 atm)
et 1,75 a 2.
La largeur collisionnelle depend egalement de la temperature et de la pression. Un modele est donne
par Bonamy et al. [24] :
Dans le cas de la branche Q de N2 le coefficient N est
une fonction du nombre quantique J et de la temp6-
rature choisie comme reference (N
=N(J, T,,6f)). Une
etude recente dans notre Laboratoire [25] nous a per- mis de mesurer pour la molecule N2, N = 0,65 pour
J = 8.
Par consequent, on a une estimation de la d6pen-
dance de r en fonction de la temperature :
Le coefficient aN est egalement une fonction de J et de
T,6f. On a par exemple : 0,1 aN 0,35 pour J
=8 et T réf
=300 K.
Pour un choix de la temperature de reference, rlrréf depend donc de la temperature T et du nombre quantique J.
3. Dispositif experimental [19].
Le spectrometre Raman stimule avec lequel les
mesures ont 6t6 effectu6es a ete decrit dans une publi-
cation anterieure [30].
Dans ce processus de diffusion de type « Raman
Inverse », on utilise un laser sonde continu de fre- quence Q)1 (19 429,4 cm-1) et un laser pompe impul-
sionnel de frequence (o2 ( = 17 105 cm-1) (voir Fig. 2).
Fig. 1.
-a) Comparaison des profils de Voigt Kx, y) et Galatry G(x, y, z) pour deux valeurs du rapport
r(r
=y/z).
b) Diff6rence entre les deux profils exprimee
enpourcentage de la valeur maximale de G (spectre residuel).
[a) Comparison of the Voigt V(x, y) and Galatry G(x, y, z) profiles for two values of the ratio
r(r
=y/z).
b) Difference between both profiles expressed as
apercentage of the maximum value of G (residual error).]
La source impulsionnelle (W2) est obtenue par
amplification en ondes progressives d’un laser à colorant par un laser Nd-YAG double en frequence.
Le laser sonde (w,) est un laser a argon ionis6. Le melange des deux faisceaux est realise en configuration
croisee afin de faciliter leur separation apres interaction dans la cuve a diffusion. Apres un filtrage spatial,
le signal Raman est detecte par une photodiode rapide. Le signal est amplifl6, mesure grace a un 6chantillonneur-bloqueur rapide, puis moyenne dans
un systeme d’acquisition de donnees. La resolution du spectrometre Raman est inferieure a 2 x 1 O- 3 CM-1.
4. Conditions exp6rimentales.
A) Nous avons effectu6 notre etude sur la transition J
=18 de la branche Q de la molecule N2, choisie
pour les raisons suivantes :
i) L’61argissement collisionnel en d6but de bande conduit a des raies de demi-largeur environ 6gale à
50 mK a une atmosphere. Or, l’intervalle spectral entre
deux raies voisines varie de 34 mK a 730 mK de J
=0 a J
=20. Nous voyons donc que le recouvrement des raies est tres important en d6but de bande, meme pour des pressions relativement faibles, il serait alors
indispensable de tenir compte des effets de non-
additivit6 [26]. Par contre, pour J
=18 et pour des
pressions inferieures a 2 atmospheres nous pouvons faire I’hypoth6se d’une raie isolee (voir Fig. 3).
ii) La deuxieme raison resulte de la diminution de la largeur collisionnelle lorsque J augmente (J = 0 :
r = 65 mK, J
=18, : F - 30 mK). Par consequent,
r diminue lorsque J augmente, le retrecissement colli- sionnel est donc proportionnellement de plus en plus important au fur et a mesure que J croit.
iii) Un autre point important est relatif a la d6crois-
sance de l’intensit6 des raies lorsque J augmente.
En effet, l’intensit6 en fonction de J est donnee par
la formule :
Fig. 2.
-Schema du spectrometre Raman stimule.
[Schematic diagram of the stimulated Raman spectrometer.]
Fig. 3.
-Simulation de la branche Q de N2 avec
unprofil
de Galatry a la pression de 760 torr a la temperature ambiante
en diffusion vers I’arri6re. Le parametre de retrecissement est
z =0,68, les largeurs collisionnelles sont celles donnees par Rosasco et al. [26]. On neglige les ph6nom6nes de non-
additivit6.
[N2 Q-branch simulation by a Galatry profile at
apressure of 760 torr at
roomtemperature and in backward scattering.
The narrowing parameter is
z =0.68, the collision broaden- ing widths
arethose given by Rosasco et al. [26]. We neglect
line overlapping.]
gc etant le poids statistique du au spin nucleaire et a la degenerescence rovibrationnelle du niveau (gc
=1 si
J pair, gc
=1/2 si J impair, d’ou l’int6r8t de choisir J
pair).
Ainsi la sensibilite du dispositif experimental nous
incite a travailler sur des valeurs de J pas trop grandes
si l’on veut obtenir un bon rapport signal sur bruit.
B) Nous allons voir a present quelle est l’impor-
tance de la largeur Doppler aD (HWHM). En prenant
D,,6f -- 0,2 cm2 s-’ à la temp6rature de 300 K, on obtient une valeur de
rde l’ordre de 1,5.
D’apres la figure 4, nous constatons que la diff6-
rence au centre de la raie entre les profils de Galatry et Voi t est maximale pour y - 0,65. Or, y
=T/aD
Log 2 avec aD = 2,7 mK. Cette diff6rence maximale
a donc lieu pour r de l’ordre de 2 mK. Ceci conduit à faire une etude pour des pressions voisines de 50 torr.
Or, a ces pressions les raies sont fines, ce qui conduirait
a des differences entre profils tres peu perceptibles.
En plus, pour y > 2 et y - 0, le profil de Galatry
tend vers un profil de Voigt (voir Fig. 4), ce qui rendrait
toute 6tude du parametre de retrecissement en fonction de la pression quasiment impossible a cause du tres
faible domaine de pression pour lequel existe une
diff6rence non negligeable entre les deux profils, donc
une determination du parametre de retrecissement
assez precise.
Pour ces raisons, nous avons jug6 preferable de
travailler en diffusion vers l’arriere. En effet :
(J 1 et (J 2 etant les nombres d’onde des lasers sonde
et pompe respectivement et les signes + ou - ayant
Fig. 4.
-Difference exprimee
enpourcentage de G(x
=0)
entre les fonctions de Voigt et Galatry
aucentre de la raie,
etudiee
enfonction de y et pour differentes valeurs de
r(r
=y/z). La courbe
enpointilles repr6sente le lieu des
maxima de chacune des courbes r
=constante.
[Difference expressed
as apercentage of G(x
=0) between
the Voigt and Galatry functions at line centre, studied as
afunction of y and for different values of r(r
=y/z). The
dotted line shows the locus of the maxima of each plot
r =
constant.]
la signification suivante :
-
diffusion vers 1’avant (aD - 2,7 mK pour
T
=300 K).
+ diffusion vers I’arri6re (aD 42,5 mK pour
T
=300 K).
En diffusion vers I’arri6re, la difference maximale
se situe vers une atmosphere et 1’etude du parametre
de retrecissement peut se faire sur un large domaine de pression. En fait, puisque nous travaillons en confi-
guration croisee :
0 6tant l’angle entre les deux faisceaux. Dans les condi- tions experimentales, 0 est de 1’ordre de 1°, le terme
5. Risultats et discussion.
Nous avons mis au point un programme permettant
d’ajuster le spectre experimental a run ou 1’autre des 7 profils theoriques indiques dans le tableau I. Nous utilisons la methode des moindres carres [27] condui-
sant a une linearisation du probleme par la methode de calcul des derivees partielles par rapport aux parametres. Nous avons la possibilite de fixer un ou plusieurs parametres.
Pour le calcul du profil de Galatry, nous avons utilise
les equations d’approximation donnees par Herbert
[28] et reprises par Varghese [20] ainsi que la fonction
complexe de probabilite w(q) dont Humlicek [29]
nous donne un sous-programme Fortran a la fois
simple et rapide.
Tableau I.
-Phénomènes intervenant dans les diffgrents modèles de collisions.
[Phenomena occurring in various collision models.]
Pour l’expression th6orique de chacun des profils, voir [20].
Nous avons effectue egalement une integration numerique du profil de Galatry afin de verifier 1’exactitude de notre programme d’approximation.
Dans notre methode d’analyse, nous avons ete conduit a faire intervenir un parametre supplementaire, qui
rend compte de la presence d’un fond continu sur le spectre experimental, ce fond continu est mesure en
faisant le vide dans la cuve a diffusion et fixe alors à cette valeur pour I’ajustement des parametres.
La figure 5a nous montre un exemple d’enregistre-
ment du signal Raman de la raie Q 18 de N2 a une pression de 1 020 torr et a la temperature ambiante (300 K). Les points representent les donn6es exp6ri-
mentales digitalisees ajustees par la methode des moindres carr6s a un profil de Voigt (trait continu).
Sur la figure 5b, nous avons reporte le spectre residuel. La courbe correspond a la difference entre le profil de Galatry G et le profil de Voigt V exprimee en
pourcentage de la valeur maximale de G, chacun de
ces profils etant un ajustement du spectre exp6rimen-
tal.
Ce spectre residuel fait apparaitre clairement la
signature caracteristique du r6tr6cissement de la
largeur Doppler.
La figure 6a represente le meme enregistrement
mais avec un ajustement par un profil de Galatry.
La figure 6b represente le spectre r6siduel, il temoigne
d’un parfait accord entre profils experimental et
calcule.
A la vue de ce spectre, il serait difficile d7esp6rer
un meilleur modele theorique, car la presence d’environ
3 % de bruit nous interdit de rendre compte de diff6-
rences extremement sensibles que sont les differences entre profil de Galatry et profil de « hard-collision »
lorsqu’on est en presence d’un elargissement collision-
nel important (voir Fig. 7). Nous avons cependant
teste le profil de « hard-collision ». La methodc des moindres carr6s nous conduit a une deviation standard
equivalente a celle obtenue avec le profil de Galatry,
mais avec une frequence de collisions 0 inferieure a P.
Nous en d6duisons donc que les collisions « dures »
participent plus efficacement au ph6nom6ne de r6tr6- cissement, que Faction collective de collisions
« douces » a frequence effective egale (voir Tableau II).
La figure 8 montre la dependance lineaire du para- mètre de r6tr6cissement fl en fonction de la pression.
Les incertitudes indiquees correspondent a deux fois
1’ecart-type sur le’ parametre soit un intervalle de confiance a 95 %. Toutes les mesures experimentales
n’ont pas 6t6 effectu6es consécutivement, ainsi pour tester la dispersion des resultats nous avons enregistre plusieurs spectres au voisinage de la pression atmo- sph6rique, ceci explique le nombre de points plus importants dans ce domaine de pression.
Nous trouvons un parametre de retrecissement
de 35 mK par atmosphere. Ceci conduit a une valeur de la constante de diffusion D,6f - 0, 13 cm2 S- I pour
une temperature de 300 K. Cette valeur est inferieure de 35 % a celle mesur6e par diffusion de masse
(0,2 CM2 S - 1).
Fig. 5.
-a) Spectre experimental (points) ajust6 par une
methode des moindres carr6s a
unprofil de Voigt (trait continu). Ce spectre correspond a la transition Q 18 de N, autoperturbee, a la temperature de 300 K et a la pression de
1 020 torr. Il est realise
enspectroscopie Raman stimule dans le cas ou les faisceaux pompe et sonde
sepropagent dans une meme direction mais en
sensoppose (diffusion
vers I’arri6re). En abscisse est reportee la frequence relative
par rapport
aucentre de la raie, l’ordonn6e 6tant propor- tionnelle a l’intensit6 du signal Raman. Le parametre d’elargissement collisionnel standardis6 obtenu est y
=0,81.
b) Spectre residuel (croix) exprime en pourcentage de la valeur maximale du profil theorique. La courbe represente la
diff6rence entre les profils de Galatry et Voigt ((G- /GmaX) exprimee
enpourcentage de la valeur maximale de G,
chacun des profils 6tant
unajustement du spectre exp6ri-
mental.
[a) Least-squares Voigt profile fit (solid line) to the experi-
mental spectrum (points) for the Q 18 transition of the
self-perturbed N 2 molecule at room temperature and at
apressure of 1 020 torr. This spectrum is realized in stimulated backward Raman scattering. The abscisse x is the relative
frequency in comparison with the line centre, the ordinate is proportional to the intensity of the Raman signal. The
standardized collisional broadening parameter is obtained as y
=0.81.
b) Residual spectrum (cross) expressed
as apercentage of the maximum value of the theoretical profile. The plot represents the difference between the two Galatry and Voigt profiles
((G - V)/Gma.) expressed as
apercentage of the maximum value of G. Each profile is
aleast-squares fit to the experi-
mental spectrum.]
Sur la figure 9, nous avons reporte plusieurs courbes,
chacune correspond a la variation d’un parametre
en fonction de la pression.
x
Fig. 6.
-a) Spectre experimental (conditions d’enregis-
trement identiques a celles indiqu6es figure 5) ajust6 par
unprofil de Galatry. Les parametres obtenus sont d’une part pour 1’elargissement collisionnel y £r 0,90, et d’autre part pour lie parametre de retrecissement
z =0,87.
b) Spectre residuel.
[a) Least-squares Galatry profile fit to the experimental spectrum (the recording conditions are the same as that of
figure 5). The parameters obtained are on the one hand the collision-broadening coefficient y N 0.90, and on the other
hand the narrowing parameter
z0.87.
b) Residual spectrum.]
i) La courbe 1 represente la largeur totale a mi- hauteur (FWHM) mesuree a partir du profil de Voigt
obtenu apres ajustement par la methode des moindres carres.
ii) La courbe 2 represente la meme grandeur mais
mesuree a partir du profil de Galatry.
iii) Les symboles T montrent la largeur totale a mi- hauteur mesuree sur le spectre experimental apres lissage (lissage quartique sur 10 points). La compa- raison de ces deux courbes avec les mesures exp6ri-
mentales temoignent bien de la reduction de la largeur Doppler. On observe nettement qu’aux faibles pres- sions 1’effet de retrecissement diminue, le profil de Galatry tend vers un profil de Voigt. Contrairement à 1’etude effectu6e sur la molecule d’hydrogene, par
exemple [8, 10], la largeur totale a mi-hauteur ne passe pas par un minimum, ceci est du a rimportance de 1’61argissement collisionnel.
.
Fig. 7.
-Spectre residuel correspondant a un ajustement du profil de Galatry G par un profil de
«hard-collision
»P.
a) Les parametres d’entree sont ceux correspondant
auxconditions experimentales a la pression de 760 torr, soit YG
=0,666,
z =0,68 (r
=0,98). La methode des moindres carres nous donne YP = 0,655, (= 0,53 (YG - YPIYG - 1,7 %).
b) Les parametres d’entree sont yG
=0,098,
z =0,68 (r
=0,14).
La methode des moindres carres nous donne yp
=0,063, C
=0,43 (yG - yp/Yo 36 %). La difference entre les deux
profils est d’autant plus importante que
rest petit.
[Residual spectrum when
aGalatry profile G is fitted by
ahard-collision profile P.
a) The input parameters are those of the experimental
conditions at
apressure of 760 torr : Yo
=0.666,
z =0.68 (r
=0.98). The least-squares fit gave yp
=0.655, C
=0.53 (Yo - YPIYG = 1.7 %).
b) The input parameters
areYG
=0.098, z
=0.68 (r
=0.14).
The least-squares fit gave yp
=0.063, C
=0.43 (YG -YPIYG
=36 %). The difference between the two profiles is all the more
significant as
ris small.]
iv) Les courbes 3 et 4 rendent compte de la variation de r6largissement collisionnel eri fonction de la pres-
sion, parametre issu du profil de Galatry ei de Voigt respectivement La courbe 3 temoigne de la parfaite dependance lineaire en fonction de la pression. Le
coefficient d!61argissement par unite de pression est rGalatry
=33,8 mK atm-1. Par contre sur la courbe 4, qui represente le meme parametre 2 r Voigt’ nous
remarquons que la dependance en fonction de la
pression n’est pas tout a fait lineaire. Si nous avions
effectue des mesures a des pressions plus elevees
(2 a 5 atm par exemple), nous constaterions que la
courbe 4 tend vers la courbe 3. Ce phenomene est
Tableau II.
-Rgsultats de l’ajustement des raies spectrales par la mithode des moindres carrés pour les modèles de Galatry, Voigt et « Hard-collision ».
[Spectral lines fit using Galatry’s, Voigt’s and Hard-collision models.]
Fig. 8.
-Variation du parametre de retrecissement (exprime
enmK)
enfonction de la pression. La pente de la droite obtenue par moindres carr6s est de 35 mK atm-1,
[Variation of the narrowing parameter P (expressed in mK)
as
afunction of pressure. The slope of the least-squares straight line is 35 mK atm-1.
d’ailleurs amorce pour les mesures effectu6es a des
pressions superieures a 1 200 torr. De la meme faqon,
la courbe 1 tend vers la courbe 2 (dans la gamme 2 à 5 atm). Expérimentalement, il nous serait facile d’effec- tuer des spectres dans ce domaine de hautes pressions,
mais 1’analyse des resultats serait extremement com-
plexe en raison des phenomenes de non-additivite qui
ne peuvent pas etre ignores a ces pressions. Pour cette raison, nous avons limite notre 6tude a 1 400 torr.
Nous avons mesure r Voigt 30 mK atm-1 soit
une diminution de 12 % par rapport a r Galatry. Ce qui
veut dire qu’une erreur de 12 % est commise en mesu-
rant 1’61argissement collisionnel en diffusion vers
I’arri6re si 1’on n6glige la reduction de la largeur Doppler.
La figure 10 represente la variation de 1’elargisse-
ment collisionnel en fonction de la pression en diffusion
vers 1’avant. Les dif’erents points ont ete obtenus en
utilisant un profil de Voigt; en effet dans le domaine de pression 6tudi6 (160 a 1 500 torr), toute correction apportee par le profil de Galatry est negligeable.
Nous obtenons r
=29,8 mK atm-1.
Nous constatons donc une augmentation d’environ
11 % du coefficient d’elargissement collisionnel en
diffusion vers I’arri6re par rapport au coefficient mesure en diffusion vers 1’avant. La meme constatation
a ete faite par Murray et Javan [8], qui ont fait la suppo- sition que les deux effets d’61argissement et de r6tr6-
cissement devaient etre traites en consid6rant une
dependance statistique entre les deux ph6nom6nes.
Ceci ne peut pas etre la raison de cette difference
puisque les deux modeles propos6s H et Q (Galatry
Fig. 9.
-Variation des largeurs a mi-hauteur
enfonction de la pression.
Courbe 1 : largeur totale a mi-hauteur mesuree
surle profil
de Voigt ajust6
auspectre experimental.
Courbe 2 : largeur totale a mi-hauteur mesuree
surle profil
de Galatry ajuste
auspectre experimental.
t : largeur totale a mi-hauteur mesuree sur le spectre
experimental.
Courbe 3 : elargissement collisionnel obtenu a partir du modele de Galatry (2 r G
=67,6 mK atm -1).
Courbe 4 : elargissement collisionnel obtenu a partir du modele de Voigt (2rv
=60 mK atm -1).
[Variation of the widths at half maximum as
afunction of pressure.
Curve 1 : Full width at half maximum height of the least- squares Voigt profile fit to the experimental spectrum.
Curve 2 : Full width at half maximum height of the least-
squares Galatry profile fit to the experimental spectrum.
T : Full width at half maximum height of the experimental spectrum.
Curve 3 : Collision-broadening coefficient obtained from
aleast-squares Galatry profile fit (2 FG
=67.6 mK atm -1).
Curve 4 : Collision-broadening coefficient obtained from
a