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LA SARCOIDOSE

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Résumé :Objectif :c’est une granulomatose multisystémique, touchant préférentiellement l’adulte jeune.

Il s’agit d’une étude rétrospective de 35 cas de sarcoïdose, confirmés histologiquement, sur une durée allant de 1985 à 1999.

Patients et méthodes :N’étaient retenus que les patients ayant un tableau clinique évocateur de sarcoïdose avec au moins un prélèvement biopsique confirmant le diagnostic.

Résultats :Dans cette série, 88,6% étaient de sexe féminin avec un âge moyen de 45,7 ans . Les patients consultaient le plus souvent pour une atteinte ganglionnaire périphérique suivie de l’atteinte oculaire. L’étude clinique était dotée d’un grand polymorphisme : l’atteinte endothoracique était largement prédominante (94,3%), suivie des atteintes extrathoraciques : cutanée , à type de sarcoides à gros nodule et d’érythème noueux ,oculaire (25.7%) à type d’uvéite antérieure (4 cas) et postérieure (2 cas) et un cas de panuvéite. L’atteinte ganglionnaire endo et extra-thoracique était présente dans 63% des cas. L’atteinte ostéo- articulaire (51,42%) était dominée par les arthralgies inflammatoires ; l’atteinte osseuse retrouvée dans 5 cas était à type de dactylite sarcoïdosique confirmée histologiquement dans 3 cas. Un cas d’association à une spondylarthropathie a été observé . La corticothérapie était indiquée chez 27 patients à une dose de 0,5 à 1 mg/kg/j de prednisone, entraînant une bonne évolution dans 58,33 % des cas.. Le recul moyen était de 20 mois.

Conclusion :La sarcoïdose au Maroc ne semble pas fréquente. L’association sarcoïdose-spondylarthropathie a été rarement décrite. L’atteinte oculaire postérieure était particulièrement présente dans cette série.

Mots-clés :Sarcoïdose- uveïte- spondylarthropathie.

La sarcoidose The sarcoidosis

F.Z. Alaoui, S. Bettal, H. El Kabli, S. Benamour

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Abstract :Objectif :Sarcoïdosis is a multisystemic granulomatosis seen mainly in the young adult.

Materials and Methods :This is a retrospective study which evaluated 35 cases of sarcoidosis confirmed histologically , during periods from 1985 to 1999.

Results :In this study, 88.57% of patients were female with a mean age of 47.5 years old . The main complaint was often a peripheral node lesion followed by an ocular lesion. This clinical study had a very polymorphic presentation. The endothoracic lesions were largely predominant (94.28 %), followed by extra thoracic lesions such as cutaneous lesions ( big nodules and erythema nodosum) , ocular lesions (25.7%), represented by anterior uveitis (4 cases), posterior uveitis (2 cases) and one case of panuveitis. Lymphatic node lesions were present in 63% of cases . The articular involvement was mainly made of inflammatory arthralgia. The bone lesions seen in 5 cases were made of sarcoïd dactylitis confirmed histologically in 3 cases. We observed one case of sarcoïdosis associated to spondylarthropathy . Prednisone was indicated in 27 patients at a dose of 0.5 to 1mg/kg/day, leading to a good recovery in 58.33 of cases. The mean follow-up was 20 months.

Conclusion : Sarcoidosis in Morocco seems to be rare. The association of sarcoïdosis and spondylarthropathy was rarely described. Posterior uveïtis was present in this series.

Key-words :Sarcoïdosis - uveïtis - spondylarthropathy.

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Tiré à part : F.Z. Alaoui : Service de médecine interne CHU Ibn Rochd - Casablanca - Maroc Email:lasaone2002@yahoo.Fr

(2)

Introduction

La sarcoïdose est une granulomatose systémique de cause inconnue, secondaire à une réponse immunitaire exagérée et caractérisée par la formation de granulomes épithéloïdes dans les organes atteints. De part son polymorphisme clinique, la sarcoïdose est le type même de l’affection complexe nécessitant une approche multidisciplinaire. Généralement de bon pronostic, elle représente un excellent modèle pour mettre en évidence le phénomène impliqué dans la formation de granulomes de type immun.

Cette étude se propose d’évaluer les aspects cliniques, thérapeutiques et évolutifs de la sarcoïdose au Maroc, à travers une série de patients colligés dans notre service.

Malades et méthodes

Il s’agit d’une étude rétrospective allant de 1985 à 1999.

Tous les malades ont bénéficié d’un examen clinique complet, d’examens radiologiques et biologiques, de prélèvements biopsiques et de façon non systématique d’une bronchoscopie et d’un dosage de l’enzyme de conversion de l’angiotensine, ainsi qu’une intradermo-réaction à la tuberculine.

Les critères d’inclusion étaient les suivants : tableau clinique évocateur d’une sarcoïdose et présence de granulome tuberculoïde composé de cellules épithélioïdes et de cellules géantes sans nécrose caséeuse.

Résultats

Entre 1985 et 1999, 35 cas de sarcoïdose confirmés histologiquement ont été colligés. L’âge moyen des patients était de 45,7 ans avec des âges extrêmes de 23 et 73 ans. Près de la moitié des patients (42,85%) avaient un âge entre 20 et 40 ans, l’âge de début était en moyenne de 42 ans (extrêmes :14-72,5 ans). On notait une large prédominance féminine avec un sexe ratio H/F de 0,12. Le délai diagnostique était en moyenne de 3 ans et demi avec des extrêmes de 2 mois et de 10 ans . Les circonstances de découverte étaient variables, elles sont regroupées dans le tableau I. Les adénopathies périphériques représentaient de loin le motif de consultation le plus fréquent (37,14%) suivi de l’atteinte oculaire, puis cutanée et médiastino- pulmonaire. L’atteinte cutanée était présente dans 43,85%

essentiellement représentée par les sarcoïdes à gros et petits nodules (66% des cas), suivi des nodules hypodermiques (26.6%) et du lupus pernio (13%). L’érythème noueux était observé dans 4 cas. Chez un patient, une atteinte de la muqueuse jugale était révélatrice de la maladie. L’atteinte oculaire, notée dans 9 cas (25,7%) se caractérisait par une uvéite antérieure (4 cas), une hyalite dans 2 cas, et une

épisclérite dans 2 cas. Un cas de panuveïte a été observé, associé à une vascularite rétinienne. Des adénopathies périphériques fermes, mobiles, indolores, étaient retrouvées dans 63% des cas, siégeant de façon décroissante dans le territoire cervical, axillaire, inguinal et sous- épitrochléen.

La biopsie ganglionnaire avait permis de poser le diagnostic dans 87,5% des cas. L’atteinte médiastino-pulmonaire était présente chez 33 patients (94,28%) exprimée cliniquement par une dyspnée d’effort (17 cas) et une toux non productive (11 cas). Radiologiquement, le stade II était prédominant (42,4%). Les signes radiologiques aux stades III et IV (respectivement 12 et 15% des cas) étaient représentées par des images réticulonodulaires dans la majorité des cas, alors que les images alvéolaires ou en verre dépoli n’étaient pas présentes. L’exploration fonctionnelle respiratoire réalisée chez 16 patients, montrait un syndrome restrictif dans 7 cas, un syndrome obstructif dans 5 cas ; elle était normale dans les 2 autres cas. La bronchoscopie réalisée dans 13 cas montrait un état inflammatoire dans 84,6% des cas et la présence d’un nodule bronchique granulomateux dans un cas. Le lavage bronchiolo-alvéolaire réalisé dans 5 cas montrait une hyper-cellularité globale avec formule cytologique normale dans 2 cas. Les biopsies bronchiques réalisées chez 11 patients, ont permis de poser le diagnostic de sarcoïdose dans les deux-tiers des cas. Concernant l’atteinte hépatique, une biopsie hépatique systématique devant une cytolyse hépatique ou une cholestase avait confirmé le diagnostic de sarcoïdose dans 3 cas.

Sur le plan neurologique, on notait une paralysie faciale dans 3 cas dont un syndrome de Heerfordt ; une névralgie cervico-brachiale était observée dans un cas.L’atteinte des glandes lacrymales était présente chez 4 patients dont deux cas de syndrome de Mickulicz. Un syndrome sec buccal était noté dans 21 cas avec une parotidomégalie dans 10 cas. La biopsie labiale a révélé l’existence d’un granulome sarcoïdosique dans 28,57% des cas. Un cas d’atteinte thyroïdienne spécifique était retrouvé à l’occasion d’un goitre diffus homogène dont l’étude histologique sur pièce opératoire a révélé une localisation sarcoïdosique.

L’atteinte ostéo-articulaire était présente chez 18 patients (51,42%), celle ci était révélatrice de la maladie dans 2 cas.

Motifs de consultations Pourcentages Adénopathies périphériques 37.14%

Atteinte oculaire 20%

Atteinte cutanée 17.14%

Atteinte médiastinopulmonaire 17.14%

Atteinte ostéoarticulaire 11.42%

Tableau I

Les motifs de consultations

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L’atteinte articulaire était la plus fréquente, dominée par les arthralgies inflammatoires notées dans 13 cas, touchant préférentiellement les genoux et les chevilles. Le syndrome de Löfgren était présent chez 2 patientes, 4 cas de polyarthrite chronique et un cas d’oligoarthrite chronique étaient observées, le facteur rhumatoïde était négatif dans ces cas. Un cas de mono arthrite aiguë du coude a été noté, associé à un syndrome de Mickulicz ayant nécessité une corticothérapie à fortes doses. L’atteinte osseuse retrouvée dans 5 cas (14%), siégeait exclusivement au niveau des mains. Au plan radiologique, l’aspect grillagé était noté chez 2 patients ; 2 cas de formes cystoïde et un cas de forme à grosses bulles avec lyse de la deuxième phalange du troisième doigt, étaient observés. La biopsie osseuse pratiquée chez 3 patients était positive dans les 3 cas.

L’intradermo-réaction à la tuberculine était négative dans 66,6% des cas. L’enzyme de conversion de l’angiotensine réalisée chez 14 patients était élevée dans 5 cas (35,71%).

Sur le plan histologique, les biopsies ganglionnaires, cutanées, bronchiques, ainsi que labiales étaient d’un grand apport diagnostique (tableau II ).

Sur le plan thérapeutique, vingt-sept patients ont bénéficié d’une corticothérapie à base de prednisone de 0,5 à 1mg/kg/j avec une durée en moyenne de 2 ans. Les indications de la corticothérapie dépendaient de la gravité de l’atteinte, de la diffusion de la maladie et l’association de plusieurs localisations. Le tableau III regroupe les indications de la corticothérapie dans cette série. Le reste des patients était sous simple surveillance associée ou non à un traitement anti-inflammatoire. Une patiente ayant une association à une spondylarthropathie a reçu en plus de la salazopyrine à 2 grammes par jour.

L’évolution était marquée par une amélioration dans 14 cas (58,33%), une rechute avec corticorésistance a été notée pour une panuveïte ayant bien répondu à des bolus de cyclophosphamide (600mg/m2). L’atteinte neurologique répondait bien à une corticothérapie à forte dose. Parmi les complications de la corticothérapie, on notait un diabète cortico-induit chez 3 patients et un cas d’ostéoporose cortisonique. Onze patients étaient perdus de vue, le recul moyen était de 20,3 mois. Parmi les associations particulières, on retrouvait le cas d’une patiente de 36 ans, présentant une sarcoïdose associée à un tableau de spondylarthropathie.

Le diagnostic de sarcoïdose était porté sur l’existence d’un érythème noueux, d’un syndrome sec avec nodules sous- cutanés dont la biopsie a montré la présence d’un granulome épithélio-giganto-cellulaire sans nécrose caséeuse. Il n’y avait pas de signes en faveur d’une entérocolopathie. Le diagnostic de spondylarthropathie était porté simultanément sur la présence de lombalgies inflammatoires, fessialgies à bascule, talagies inflammatoires, enthésopathie sternocostale.

La radiographie des sacro-iliaques montrait une sacroilïte stade II bilatérale. Cette spondylarthropathie répondait aussi bien aux critères d’Amor [1] qu’aux critères du Groupe Européen (ESSG) [2].

Discussion

La sarcoïdose est une affection ubiquitaire avec une incidence moyenne de l’ordre de 16/100000 [3], 70% des cas intéressent des sujets âgés entre 20 et 40 ans.

Concernant la fréquence de la sarcoïdose au Maroc, il n’existe pas de registre national des maladies systémiques, cependant, des travaux nationaux réalisés, rapportent un nombre limité de 24 cas colligés en 11 ans dans un service de pneumologie et 50 cas recensés en 20 ans dans un

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biopsiques biopsies positivité

Ganglionnaire 24 21 87.5%

Cutanée 15 12 80%

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Hépatique 5 3 60%

Labiale 28 8 28.57%

Osseuse 3 3 100%

Lacrymale 1 1 100%

Thyroïde 1 1 100%

Les sites biopsiques au cours de la sarcoïdose

Indications de la corticothérapie au cours de la sarcoidose

Indications de la corticothérapie Nombre de cas

Atteinte oculaire 7

Atteinte cutanée au niveau du visage 4 Atteinte glandulaire (thyroïdienne) 1 Atteinte médiastino-pulmonaire stade III et IV 4

Atteinte osseuse 3

Atteinte neurologique 2

Syndrome de Mickulicz 2

Syndrome de Heerfordt 1

Tableau II

Tableau III

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service de dermatologie , ainsi que 55 cas recensés en médecine interne au CHU de Rabat .

Dans notre formation, où les maladies systémiques représentent la quasi totalité du recrutement et où la sarcoïdose est recherchée de manière systématique, la fréquence de cette pathologie ne semble pas importante.

A titre d’exemple, durant la même période, 300 cas de lupus érythémateux systémique et 800 cas de maladie de Behçet, ainsi que 1000 cas de polyarthrite rhumatoïde ont été colligés. L’incidence et la sévérité de la sarcoïdose sont augmentées chez les sujets de race noire. La prédominance féminine est notée aussi bien dans la littérature que dans cette série [4.5].

Les circonstances de découverte sont diverses pouvant être respiratoires, cutanées, oculaires ou à l’occasion d’une hypercalcémie [6].

Sur le plan pulmonaire, l’examen clinique est habituellement normal ; radiologiquement, on définit 4 stades allant de l’existence d’adénopathies médiastinales associées ou non à un infiltrat pulmonaire jusqu’à la fibrose pulmonaire [6,7].

Dans cette étude, le stade II associant adénopathies et infiltrat pulmonaire était le plus fréquent. La tomodensitométrie thoracique a une valeur diagnostique supérieure à la radiographie simple [6,7].

L’endoscopie bronchique permet des prélèvements amenant au diagnostic dans 60 à 80% des cas. Le lavage broncho- alvéolaire montre souvent une alvéolite à lymphocytes CD4 [8]. L’atteinte cutanée, présente dans 20 à 25% des cas, peut être non spécifique (érythème noueux) ou spécifique à type de nodules, lupus pernio, forme angio lupoïde [9,10]. Dans cette série, elle était présente dans 42.8% des cas.

L’atteinte oculaire se manifeste souvent par une uvéite antérieure, suivie de l’uvéite postérieure avec atteinte rétinienne, choroïdienne ou vasculaire. Dans cette étude, sa fréquence globale était de 25,71% des cas, ce qui rejoint les données de la littérature (20-25%) [11]. Cependant, l’atteinte postérieure et notamment la panuveïte, plus rarement décrite, a été retrouvée dans cette série. L’atteinte neurologique est présente dans 10% des cas, en général dans les sarcoidoses actives ; les manifestations cliniques les plus fréquentes sont d’ordre neuro-psychique à type de convulsions. Le dosage de l’enzyme de conversion de l’angiotensine dans le LCR et la résonnance magnétique nucléaire cérébrale avec injection de gadolinium sont d’un grand apport diagnostique. L’atteinte neurologique peut aussi se manifester sous forme d’anomalies hypothalamo- hypophysaires, de perturbation du liquide céphalo-rachidien (hyperlymphocytose, hypergamaglobulinorachie) ou d’atteinte des nerfs crâniens (VII, V et VIII) [3,5,12].

Le syndrome de Heerfordt réalisant l’association d’uvéite, parotidite fébrile avec ou sans paralysie faciale a

été retrouvé dans un cas de cette série. L’atteinte des glandes lacrymales peut se présenter sous forme d’un syndrome de Mickulicz associant une hypertrophie des glandes lacrymales et une parotidomégalie bilatérale ; ce tableau était retrouvé dans 2 cas de cette série [3,5].

L’atteinte hépatique est habituellement latente, se résumant à des anomalies biologiques dans 20 % des cas à type de cholestase plus que de cytolyse [3,13]. L’atteinte cardiaque représente la deuxième cause de mortalité après l’atteinte respiratoire par le biais d’une atteinte myocardique générant des infarctus parfois étendus .

Dans cette série, la sarcoïdose ostéo-articulaire était retrouvée avec une fréquence plus élevée (51,42%). Sa prévalence varie selon les auteurs entre 10 et 30 % [14,15].

Le syndrome de Löfgren, spécifique de la sarcoïdose associe adénopathies médiastinales, érythème noueux, intradermo-réaction négative à la tuberculine et atteinte articulaire à type de polyarthrite aiguë ou d’arthralgies inflammatoires, de pronostic spontanément favorable [16].

L’oligoarthrite chronique des chevilles, avec aspect en

« patte d’éléphant » est une forme classique de la sarcoïdose, volontiers récidivante [17,18].

L’atteinte osseuse varie de 5 à 15 %, habituellement décrite sous forme de dactylite sarcoïdosique avec 3 aspects radiologiques : cystoïde, grillagé ou à grosses bulles [14,19,20]. Dans cette série, elle était présente dans 14 % des cas. D’autres formes de sarcoidose sont potentiellement sévères, touchant le cœur (5%), le rein, la sphère ORL, et le système endocrinien [3,5]. Concernant l’association particulière retrouvée dans cette série de spondylarthropathie et sarcoïdose, celle-ci a été rapportée dans la littérature sur une dizaine de cas sans qu’il y ait de terrain génétique commun [21]. Selon Kremer [22], cette atteinte sacro- iliaque peut avoir plusieurs origines, ostéïte sarcoïdosique, sacroiliite infectieuse surtout tuberculeuse ou sacroiliite inflammatoire, ce qui laisse penser qu’une biopsie systématique de l’articulation sacro-iliaque doit être réalisée dans ces cas [22], afin de confirmer ou infirmer la présence de nécrose caséeuse. Il est intéressant de souligner qu’en pays d’endémie tuberculeuse tel que le Maroc, la négativité de l’IDR devant un tableau clinique évocateur et en l’absence de terrain d’immunodépression , est très suggestive d’une tuberculose .

Sur le plan thérapeutique, la sarcoïdose est une maladie habituellement corticosensible ; la corticothérapie a des indications précises, nécessitant une surveillance stricte, guettant les rechutes et les complications du traitement, vu que la durée du traitement est longue allant de 12 à 24 mois [3,5]. La supplémentation calcique chez ces patients est contre indiquée, exposant au risque d’ostéoporose. Les immunosuppresseurs (cyclophosphamide, azathioprine) sont classiquement réservés aux formes résistantes à la

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atteinte cardiaque sévère ou neurologique grave [23] .

Conclusion

Le diagnostic de sarcoïdose repose sur la convergence de 3 arguments : le caractère évocateur de l’atteinte clinique, radiologique et biologique, la présence de lésions granulomateuses et l’exclusion d’autres diagnostics. Son évolution est favorable dans la majorité des cas, de façon spontanée dans la moitié des cas.

La sarcoïdose au Maroc semble moins fréquente par rapport aux autres maladies systémiques colligées durant la même période et comparativement aux données de la littérature. Le tableau clinique semble similaire à celui décrit par la majorité des auteurs, cependant quelques particularités en ressortent dans cette série, notamment la fréquence d’atteinte oculaire postérieure surtout de panuveïte peu classique dans la sarcoïdose et l’association à une spondylarthropathie décrite rarement dans la littérature.

Références

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