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FASQUELLE ÉDITEURS, 11, R. DE GRENELLE, PARIS DU MEME AUTEUR. Le Chef de l'armée Rouge (Mikaïl Toukatchevski)

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L'ALSACE

LE VATICAN

ET

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FASQUELLE ÉDITEURS, 11, R. DE GRENELLE, PARIS

DU MEME AUTEUR

Le Chef de l'Armée Rouge (Mikaïl Toukat-

chevski) 1 vol.

Les demi-vivants. Roman d'une captivité.... 1 vol.

La vie orgueilleuse de Trotski 1 vol.

L'Alsace minée ou de l'autonomisme alsacien ... 1 vol.

Anaïs, petite fille vivaroise (Nouvelle Revue Critique) ... 1 vol.

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PIERRE FERVACQUE '

L'ALSACE

ET

LE VATICAN

PARIS

BIBLIE)TIIÈQU E-CHArtPE NT IER FASQUELLE ÉDITEURS

i i , BUS DB GRENELLE, i l

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Tous droits réservés.

Copyright 1930, by FüQUlLLB ÉÛXTBVBS.

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L'ALSACE ET LE VATICAN

La querelle de l'autonomisme alsacien a changé curieusement d'aspect depuis un peu plus d'un an et s'est élargie en un débat plus sérieux où est engagée jusqu'à la notion tra- ditionnelle de la patrie. Des forces, qui parais- saient neutres jusqu'alors, sont entrées en jeu.

Quelle sera leur influence sur l'issue défini- tive de la bataille perdue une première fois par le séparatisme malgré de provisoires suc- cès? Nul ne saurait encore le prévoir. Tout dépendra de la clairvoyance des hommes qui ont la charge de la Cité, et de leur fermeté d'âme.

Il ne faut pas trop compter, en effet, sur l'opinion publique qui s'est peu souciée jus- qu'à présent des graves problèmes posés de- vant la France dans nos provinces recouvrées.

L'ignorance des affaires d'Alsace, de leur ré- percussion dans le monde, de leur correspon- dance à notre politique intérieure d'une part, aux grandes idées directrices de notre politi- que extérieure de l'autre, à la transformation inouïe qui s'accomplit sous nos yeux en Eu-

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rope Centrale où un puissant empire catholi- que est en gestation, cette ignorance est incom- mensurable et l'indifférence ne l'est pas moins.

Il semble que l'on ait tout oublié d'un passé récent et que l'on se demande même s'il valait la peine de s'en émouvoir. Au fait, puisque « ça va mieux » et que l'on aperçoit des signes de redressement, pourquoi nourrir la moindre pré- occupation? La vie est courte, pourquoi se créer des ennuis? Mieux vaut prendre nos désirs pour des réalités et entre deux solutions, dont l'une demande quelque effort, mieux vaut se jeter sur l'autre, si facile, si paresseuse.

A ce compte, les rhéteurs ont beau jeu à mo- difier les données du problème, à les atténuer et à les adoucir suivant leur tempérament par- ticulier de partisans ou bien au gré de leur sno- bisme. Et c'est ainsi que l'on se prépare d'amè- res désillusions.

Le problème alsacien n'est pas uniquement ce que l'on croit d'ordinaire. S'il ne s'agissait vrai- ment que de réformes administratives, de régio- nalisme opposé à la centralisation, d'un statut religieux particulier à maintenir ou bien à adapter au statut général, l'affaire, bien que fort délicate, serait cependant assez simple.

Mais elle est plus complexe et plus grave parce que le problème alsacien et lorrain est avant tout un problème de prestige français.

L'un des meilleurs écrivains d'Alsace, bien qu'il soit originaire de la Suisse romande, m'a fait l'honneur de m'écrire une lettre digne d'être

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méditée : « A l'intérieur, dit-il, en dehors de quelques groupes et de rares journaux, c'est l'apathie presque totale. Croyez-en un conféren- cier qui est constamment sur les routes fran- çaises et voit quotidiennement beaucoup de gens. L'Alsace? On en dit quatre mots, en géné- ral inexacts, et l'on passe à autre chose. Il n'y a pas, malheureusement, une opinion publique qui ait une sorte de hantise de la question alsa- cienne, la volonté d'y voir clair, de compren- dre et d'amener entre Vosges et Rhin la victoire de la pensée française. Mes compatriotes de la Suisse romande sont infiniment plus passionnés et soucieux dans cette affaire.

« On ne se doute pas — chaque jour passent ici des journalistes, des professeurs du monde entier qui font leur enquête et parlent ou écri- vent, ensuite — que se joue ici une Kraftprobe, comme disent les Allemands, et que les dits journalistes ne partent pas avec le sentiment que le rayonnement français soit ici très puis- sant. J'entends cette opinion, ou cette confes- sion, presque chaque semaine... On ne sent pas ici le prolongement de l'émotion et de l'action d'une opinion publique alarmée désireuse de faire sentir sa volonté ou simplement son inté- rêt pour une situation évidemment difficile. Ce sont plutôt les autres, qui disaient hier : « Nous sommes forts » (1), qui agissent et donnent à penser à beaucoup qu'ils n'ont pas dit leur der-

(1) « Nous sommes forts Il, par Benjamin Valloton (Payot).

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nier mot. C'est en somme assez tragique... Com- ment faire pour secouer cette effrayante apathie de l'opinion publique française prise dans sa masse? L'Alsace ne se laissera prendre que quand lui viendra la vague de la vitalité fran- çaise... »

Les enquêtes ne manquent pas. On en trouve partout. Mais à quoi servent-elles, je veux dire qu'apprennent-elles de nouveau? Un journa- liste, un écrivain, prend le train pour Stras- bourg. Il est rempli de zèle et de bonne volonté à confirmer une opinion — que, la plupart du temps, il a déjà toute faite. — Il rencontre di- vers personnages. Une interview par-ci, une in- terview par-là. Il voit M. Keppi qui passe pour un homme fort intelligent. Il voit encore l'abbé Haegy et M. Rossé, un industriel, un commer- çant, peut-être un paysan. Les uns et les autres se plaindront, et non sans raison, des fautes commises, des lourds impôts, du grincement de nos vieux rouages administratifs. M. Keppi, M. Rossé, l'abbé Haegy, ajouteront qu'on a ca- lomnié les autonomistes, que l'autonomisme n'est autre chose qu'une explosion de mécon- tentement contre la centralisation, qu'il signi- fie régionalisme, maintien des traditions ances- trales.

M. Dahlet, lui, déclarera que l'Alsace est pa- reille à un chapeau que la France a brossé à rebrousse-poils. M. le chanoine-sénateur Müller,

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bonhomme, répétera son vieil apologue : un jour, un vigneron eut l'idée de verser dans le même tonneau du Champagne, du Bourgogne, de l'Anjou, du Bordeaux, du Beaujolais, du vin d'Alsace. Affreux mélange où le bouquet des vins de France disparaît 1 Il en est de même, dira-t-il, pour la centralisation. Gardons nos vins particuliers comme nos coutumes particu- lières!

L'enquêteur verra encore les bons apôtres qui veulent tout concilier.

— Non, diront-ils, l'autopomisme n'est pas du séparatisme. Au contraire. Il y a bien quel- ques individus qui ont noué des rapports sca- breux avec des groupements pangermanistes.

Mais ce club des « saintes images » d'outre-Rhin est si peu nombreux, si faible, si inexistant!

Une petite poignée... N'en tenez pas compte, et vous verrez que l'autonomisme n'est en somme que du régionalisme. « Si l'autonomisme était libéré de ses excès, de son agitation malsaine, que resterait-il? Un large effort de décentrali- sation, une conception régionaliste dont on pourrait, sans la moindre inquiétude patrioti- que, discuter le programme et les modali- tés > (1).

Insistez-vous, demandez-vous pourquoi, pré- cisément, quand il s'agit de libérer l'autono- misme de ses excès, de son agitation malsaine, de dénoncer enfin les agents de l'Allemagne

(1) M. Oscar de Ferenzy.

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et leurs complices, les conciliateurs s'excusent, se défilent en disant : « Ce n'est pas notre rôle, d'autres s'en chargent mieux que nous. » Alors, ces bons conciliateurs vous jettent l'anathème et vous accusent d'être franc-maçon, de travailler tout au moins pour la franc-maçonnerie. Leur rôle à eux est de tout excuser, par charité chré- tienne, tout, sauf l'indignation des patriotes.

Ah ! ces derniers, ils ne les peuvent souffrir. Ils les souffrent d'autant moins que « Notre Saint Père le Pape, vous diront-ils, les a condam- nés. » Mais les autres, les nationalistes locaux bornés, têtus, fanatiques, les germanophiles et même les nationalistes du Reich, sournois ou audacieux, ah! ceux-là méritent toutes leurs complaisances. A M. Oberkirch, ministre de la République, les pires injures! Au chevalier Friedrich von Lama, espion allemand, toutes les absolutions.

Le 9 janvier 1930, les nationalistes allemands commémoraient, à Spire, l'allègre assassinat du chef séparatiste rhénan Heinz dans la salle même du Wittelsbacher Hof où il fut commis.

A l'heure du crime, l'électricité fut éteinte, un coup de pistolet fut tiré, exactement comme le 9 janvier 1924... Trois mois plus tard, le 27 mars 1930, dans la même salle tragique, le professeur- docteur Grimm, d'Essen, réclamait, devant la foule accourue, l'amnistie du Reich pour les meurtriers. N'avaient-ils pas agi dans un noble

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dessein? N'avaient-ils pas défendu l'unité de l'Empire? Aussi, parmi les personnalités qui assistaient à cette réunion, figurait l'évêque de Spire, le Dr Ludwig Sébastian, qui précisément avait refusé, six ans auparavant, la sépulture chrétienne à l'assassiné...

Les feuilles autonomistes d'Alsace se sont gar- dées d'élever la moindre critique, au nom de la religion du Christ, au nom même de l'humanité.

Seul l'Elsaesser Bote, le journal catholique pa- triote, a protesté : « Nous ne sommes pas faits, dit-il, de ce côté-ci du Rhin, à l'idée d'un évê- que venant, par sa présence sur le lieu du crime, insulter à la mémoire d'un de ses enfants, s'as- socier à ceux dont la vengeance inassouvie pié- tinait encore le cadavre couché là dans la nuit du 9 janvier 1924. Comment donc cet évêque n'a-t-il pas frémi d'indignation et rappelé à la pudeur, au sentiment chrétien, l'orateur qui évoquait comme acte le plus significatif de la ré- sistance active l'assassinat du malheureux Heinz, son diocésain! On se sent rougir. »

Les prélats de la Sainte-Vehme ont le droit, pour les autonomistes cléricaux, de professer le plus barbare... Non, n'employons pas le mot

« nationalisme s>. Ne le traînons pas dans cette boue sanglante! Le 9 janvier 1924, Mgr Pacelli était nonce apostolique à Berlin. Quelle condam- nation, quel mot de blâme a-t-il prononcé, con- tre l'attitude de l'évêque de Spire?

Mais si l'évêque de Strasbourg, Mgr Ruch, célèbre la messe sur l'autel de la patrie à l'Hart-

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mannswillerkopf dans une cérémonie où le gé- néral de Pouydraguin évoque fraternellement, en même temps que nos soldats, les feldfrau tombés sur ce champ de bataille, alors nos au- tonomistes s'émeuvent. Le prélat français est accusé d'hérésie à la fois dans la presse cléri- cale autonomiste et dans les journaux du Centre catholique allemand. Et le chevalier von Lama peut écrire dans une revue ecclésiastique offi- cielle, munie de l'imprimatur et sans que le moindre démenti du Saint-Siège vienne infir- mer ses paroles, que le pape a blâmé à plu- sieurs reprises Mgr Ruch pour son nationalisme français...

Voilà à quoi il faut réfléchir. Le nationa- lisme catholique allemand est permis et même recommandé. Le Centre catholique allemand peut exercer le pouvoir tantôt avec la social- démocratie, tantôt comme aujourd'hui avec les partis de revanche. La Germania catholique a la faculté de proclamer que l'entrée en vigueur du plan Young doit être le point de départ d'une nouvelle étape « vers l'affranchissement complet de toutes les chaînes imposées par le traité de Versailles ». La catholique Kolnische Volkszeitung compte l'Alsace comme une na- tion distincte de la France, au moment du Congrès Catholique de Fribourg. Les évêques allemands ont le droit de manifester le plus belliqueux des pangermanismes. Le parti catho- lique allemand peut devenir le soutien de tou- tes les revendications de l'Empire, même de

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celles qui ne pourraient être réalisées que par la guerre, Rome n'aura pour eux que des sou- rires.

Mais, de ce côté-ci du Rhin, le nationalisme est une hérésie. En Alsace, le simple patriotisme sera vu d'un mauvais œil. On ne le condam- nera pas ouvertement, mais on frappera les ec- clésiastiques qui le professent; et ils seront con- traints de quitter leur Ordre. Personne ne souf- fle mot si l'abbé Schmidlin, Alsacien allemand, condamné par contumace au procès de Col- mar, entreprend un voyage en Chine, en Corée,, au Japon — comme il le fit déjà en 1913, sous le prétexte d'étudier le problème des missions, mais en réalité pour le compte du gouverne- ment allemand. Au contraire, la presse autono- miste lui tressera des couronnes. Mais on con- damnera le nationalisme des missionnaires de telle façon qu'il soit aisé de comprendre que la condamnation s'adresse aux missionnaires français.

Ces quelques observations étaient indispensa- bles pour montrer les raisons profondes du nouveau camouflage de l'autonomisme alsa- cien. Les cléricaux, cela est évident, se sont trop compromis avec la bande séparatiste dont les chefs se déchirent mutuellement aujourd'hui.

Alors que faire, sinon modifier le plan d'atta- que, et le rendre à la fois plus subtil et plus efficace? Qa proclamera la primauté 4es droits

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du Dieu et de l'Eglise sur les droits de la patrie.

On se gardera de demander comment les droits de Dieu peuvent se trouver en contradiction avec les autres, ce qui serait gênant. Mais on affirmera cependant que les catholiques loyalis- tes, parce qu'ils se déclarent français sans con- ditions, trahissent les droits de Dieu. Il suffit^

pour y parvenir, de prétendre qu'ils ont divi- nisé la Patrie.

De quoi s'agit-il, en effet, sinon de dénatio- naliser avant tout nos provinces recouvrées, d'étouffer dans les cœurs la joie d'être français et d'avoir retrouvé la patrie perdue? L'évêque s'y oppose? Qu'importe! On s'attachera, par tous les moyens, même les pires, à le déconsi- dérer. Et tout en l'injuriant sans répit, on le traitera, au point de vue de la discipline reli- gieuse, comme une quantité négligeable. C'est ainsi que le nonce acceptera de recevoir de per- sonnages fort peu qualifiés une réponse à la let- tre, si mesurée cependant et si bienveillante, dans laquelle le prélat blâmait l'entente électo- rale du parti clérical autonomiste avec les hom- mes de Moscou! Le fait est d'importance. Les chefs autonomistes catholiques s'adressent au nonce par-dessus la tête du chef de leur diocèse et à son insu!

Dénationaliser l'Alsace catholique du côté français, lui montrer en même temps une puis- sante sécurité confessionnelle du côté du Cen- tre allemand et laisser impunément exalter le nationalisme catholique germanique, telle est,

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en quelques mots, la nouvelle tactique à laquelle il faudra bien se résoudre à faire face.

Mais par quels moyens?

La France ne peut naturellement demander au pape d'être son serviteur. Il serait puéril d'exiger du Vatican une politique française.

Mais si cette politique vaticane menace nos in- térêts, surtout si elle utilise contre notre pays, dans notre pays même, le puissant levier du sentiment religieux, comme peuvent le laisser croire certains faits indiqués dans la deuxième partie de ce volume, alors garderons-nous le silence et battrons-nous des mains en signe de joie? Les ultramontains nous y engagent. Mais conçoit-on un ministre de la République ul- tramontain?

La France n'est pas obligée, Dieu merci, de suivre les fantaisies de Mgr Pacelli. Sa poli- tique est encore indépendante. Mais on aper- çoit aussitôt le risque qu'elle pourrait courir à permettre que fussent mêlées trop étroitement les affaires spirituelles aux temporelles et à laisser ressusciter sous la troisième Républi- que la Ligue de jadis.

Je souhaiterais que l'on ne se méprit pas sur ma pensée (je suis d'ailleurs convaincu que l'on feindra de s'y méprendre et que l'on me traitera d'anticlérical et de franc-maçon, comme on l'a déjà fait — mais allez empêcher cela!).

Que les catholiques s'unissent en de puissantes associations pour faire modifier le statut reli- gieux du pays, rien de plus juste, rien de plus

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raisonnable. Ils ne font qu'exercer un droit et qu'accomplir un devoir. Mais il serait impru- dent de former, sous l'influence romaine, un parti qui utiliserait les forces spirituelles pour une politique extérieure déterminée, surtout si cette politique devait conduire à favoriser, aux dépens de la France une puissance rivale. Con- testera-t-on que le Centre allemand ait des vi- sées pangermanistes — qu'il veuille l'Anschluss, la revision des frontières orientales de l'Em- pire, le retour au Reich du territoire d'Eupen- Malmédy et que, sous le prétexte de « com- munauté de culture », il s'efforce d'établir une sorte de protectorat spirituel sur nos provinces recouvrées? 'Contestera-t-on que les organes du Centre allemand, la Germania, la Kolnische Volkszeitung, favorisent, autant qu'il est en leur pouvoir, l'agitation autonomiste? S'il n'en était pas ainsi, que pourraient bien signifier leurs attaques incessantes, basées sur des prétextes religieux, contre les catholiques patriotes alsa- ciens, alors qu'eux-mêmes manifestent le plus pur nationalisme allemand? Et leur insistance à invoquer l'autorité du Saint-Siège, sans qu'un seul mot du Saint-Siège vienne remettre les choses au point, ne manque pas d'être assez troublante. Est-ce de l'anticléricalisme que de signaler ce fait et de conclure à la nécessité pour les catholiques français de réserves sérieuses et d'une prudence infinie? if el est le sens d'une partie de cette étude aloi$ que l'autre est con- sacrée à rappeler rapidement la suite des évé-

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nements en Alsace depuis l'autonome de 1927, c'est-à-dire depuis la répression des menées au- tonomistes jusqu'à la veille du vote d'une am- nistie que je crois indispensable parce qu'elle a été promise, mais qu'il faudra se garder de prendre pour une fin.

Elle devrait être plutôt un commencement, le commencement d'une politique clairvoyante d'assimilation réciproque. Faut-il « causer » avec le Vatican comme l'a fait M. Mussolini? Il est remarquable que la simple rumeur de con- versations engagées a fait se cabrer les panger- manistes et le Centre allemand en même temps que les cléricaux autonomistes alsaciens. Les redoutent-ils tant que cela et pour quelles rai- sons? Craignent-ils qu'un règlement définitif du problème confessionnel ne rende inutile les efforts de propagande des uns et ne mette fin à la fructueuse industrie des autres? La ques- tion est posée.

Quelle que soit la solution adoptée, il faudra de toute manière une longue éducation de l'opinion publique. En attendant, le devoir est clair. Un concordat existe pour nos provinces recouvrées et les pouvoirs publics ne sont donc pas obligés à la neutralité entre le clergé loyaliste et celui qui ne l'est pas. Leur devoir élémentaire, même s'ils devaient s'exposer aux foudres des ultramontains de l'intérieur, est de manifester une sympathie active au premier, et d'exiger de l'autre un minimum de correc-

; tion. On s'étonne d'avoir à formuler une règle

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aussi évidente alors que certains dirigeants du parti clérical autonomiste alsacien sont liés aux séparatistes et aux communistes germanophiles.

Mais il faut prendre garde encore et très sé- rieusement à l'œuvre d'affaiblissement du pa- triotisme entreprise dans le domaine spirituel et qui oppose Dieu à la nation alors que de l'autre côté du Rhin on peut observer le phé- nomène contraire. Ce fut et c'est encore la tac- tique des autonomistes cléricaux. Mais elle se généralise d'une manière inquiétante et mène tout droit à l'abolition intellectuelle et maté- rielle de la victoire française de 1918.

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PREMIÈRE PARTIE LA RÉPRESSION

I PRÉLUDES

Au début de l'automne de 1927, il devenait évi- dent que l'audace des séparatistes allait provo- quer un éclat. La tension des esprits était ex- trême. « Nous en avons assez! » déclara alors, au nom des patriotes, le journal l' Avenir Alsacien, dans un appel qui eut un long retentissement.

« Lg Volkstimme, la Zukunft, et la Wahrheit ne craignent pas de dire que ceux qui défendent l'Etat français, que ceux qui, pendant et après la guerre, se sont piis au service de la cause française, sont des traîtres à leur petite patrie, traîtres au peuple, des criminels..,

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« Récemment encore, la Zukunft traitait de par- jures, de déserteurs et de criminels les engagés volon- taires, anciens combattants et proscrits. Ecoutez ce que nous dit le chef de la « Vehme alsacienne », le leutnant en disponibilité, Dr. Roos :

4: Demain verra un temps nouveau où tous les crimes et tous les excès seront vengés ». On nous pro- met ainsi la vengeance de la Sainte Vehme, à nous qui luttons contre les autonomistes et qui combattons leur campagne de dénigrement contre la France. De nou- velles « commissions de triage » sont annoncées pour le jour béni où la Reichswehr passera le pont de Kehl, délivrant l'Alsace des chaînes françaises et per- mettant à la Vehme Heimatbundiste de juger sévè- rement ceux qui ne partageaient pas son opinion.

Quoi! dans notre Alsace française, on nous insulte, nous autres anciens combattants, proscrits et engagés volontaires, on nous insulte parce que nous avons servi la France 1 En somme nous voilà donc arrivés là?...

... Mais laissons à ces messieurs qui n'aiment pas avoir d'histoires et à ces politiciens « à tout faire » la responsabilité de cet empoisonnement du peuple et de ces excitations sans. mesure dont ils ne se font ap- paremment aucune idée, ou qu'ils s'obstinent volontai- rement à ne pas voir. Si ces messieurs ne croient pas devoir défendre l'honneur de la France, nous autres anciens combattants, engagés volontaires et proscrits, nous avons un honneur personnel à défendre et ce n'est pas à la garde prussienne et à ses leutnants en disponibilité que nous permettrons plus longtemps de nous traiter de parjures et de traîtres à l'Alsace.

Nous formerons bloc pour notre propre défense.

Nous nous grouperons et entrerons en relations réci- proques pour décider de la meilleure manière de dé- fendre notre propre cause en même temps que celle de la France contre des adversaires dont l'insolence ne connaît plus de bornes... Si desaivergences d'ordre politique nous séparent, du moins sommes-nous una- nimes sur ce point : ça ne peut pas durer, ça ne peut pas continuer ainsi. Nous autres, qui avons pris le parti de la France aux heures les plus graves et les

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plus tragiques, nous ne voulons pas, nous ne per- mettrons pas que par la faute d'un pouvoir désarmé, une bande de criminels à la solde de la Prusse con- tinue d'insulter et de souiller la France sur son propre sol! »

Ce manifeste d'un bel accent produisit une im- pression profonde. Impossible d'avoir le moindre doute : si les pouvoirs publics restaient inactifs, des événements graves allaient fatalement se produire. La clique séparatiste avait réussi à pla- cer l'Alsace et la Lorraine désannexées dans une atmosphère de guerre civile.

Elle avait dissocié les partis. L'Union populaire républicaine nationale d'Alsace surtout, sous la pression des abbés en soutanelle et des débris du Heimatbund, pieusement recueillis dans les rédac- tions de ses journaux, s'apprêtait, malgré des dé- clarations officielles sans effet, à prendre sa place au premier rang, aux côtés des- germanophiles les plus avérés. Déjà ses éléments patriotes, le géné- ral Bourgeois, le comte de Leusse, MM. Oberkirch, Pfleger, et même Lazare Weiller dont l'esprit de conciliation était mis à une rude épreuve, — je le sais par expérience personnelle — étaient traités en suspects. Une sourde campagne était menée dans les milieux catholiques contre l'évêque de Strasbourg, coupable d'être un prélat français et non un suiveur du Zentrum allemand. Des in- sultes publiques lui étaient adressées par la presse à la solde des pangermanistes, la Zulkunft, la Volkstimme, où opéraient dans l'ombre des abbés politiciens et leurs complices. « Evêque tricolore,

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préfet de Poincaré, traître à l'Alsace », voilà les épithètes habituelles qui accompagnaient son nom, en attendant d'en venir comme aujourd'hui à l'ac- cusation d'hérésie. On lui reprocha même d'avoir provoqué la mort d'un curé alsacien! Et ces in- jures se répercutaient en Allemagne avec plus de

sonorité. !

Les dirigeants autonomistes de l'Union popu- laire ne pardonnaient pas à l'éininent prélat sa clairvoyance. Dès 1921 en effet, Mgr Ruch, qui venait à peine d'occuper le siège épiscopal de Strasbourg, avait souligné l'attitude antifrançaise de la grande presse cléricale, dans une lettre adressée aux prêtres journalistes, et qui visait surtout l'abbé Haegy :

« Quand par la volonté de l'Eglise et de la France, disait-il, je suis devenu Evêque de Strasbourg, je me suis réjoui d'apprendre que dans mon nouveau dio- cèse la cause catholique n'était pas sans défense ni sans moyen d'action, mais qu'elle avait à son service des organes puissants et prospères, des journaux très répandus et très appréciés. Ces journaux, j'ai voulu les connaître, je m'y suis abonné dès mon arrivée, je les ai lus chaque jour très attentivement. J'aurais très vivement désiré que les directeurs de ces journaux catholiques se missent en relations avec le chef des catholiques du diocèse. Je croyais même que tel était leur devoir. Je voudrais, en particulier, connaître per- sonnellement tous les prêtres qui s'occupent de jour- nalisme et qui tiennent du consentement de leur Evê- que le droit d'écrire des articles de presse (Codex juris. Canonici : Can. 1386). Puisque je n'ai pas eu la bonne fortune de vous rencontrer, je veux, Monsieur le .RMecteu?, vous diwe ma pensée sur votre ffwrnul. *

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