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IMAGE [&] NARRATIVE Vol. 17, No.1 (2016) 101

Groupe MU, Principia Semiotica. Aux Sources du sens

Jan Baetens

La sémiotique est une science qui a eu son heure de gloire dans les années soixante, dans le sillage du structuralisme triomphant et de son élection de la linguistique comme science-pilote universelle. Certes, plusieurs de ses ambitions se sont révélées démesurées ; le choc entre adeptes de la « sémiologie » saussurienne et de la « sémiotique » peircienne n’a guère abouti à des tentatives de synthèse fructueuses ; le déclin du français comme langue savante dans un monde de plus en plus anglophone lui a porté quelques coups très durs. Mais nonobstant ces revers, la sémiotique (car c’est bien ce terme-là qui a fini par s’imposer) demeure une entreprise intellectuelle de grande vigueur, collective aussi bien qu’interdisciplinaire. Le nouvel ouvrage du Groupe MU en apporte plus d’une preuve concluante.ww

Basé à l’Université de Liège, le Groupe MU a été créé par Jacques Dubois, Francis Édeline, Philippe Minguet et Hadelin Trinon, auxquels se sont rapidement adjoints Jean-Marie Klinkenberg et Francis Pire. Il a toujours jalousement préservé le caractère collectif de son travail, au point de refuser la mention des noms de ses membres (sauf — si c’est indispensable — selon l’ordre alphabétique). Autour du noyau initial s’est développé un cercle de réflexion plus large, mais tous les ouvrages publiés l’ont été par ce noyau, réduit au fil des temps. Le Groupe MU a su très élargir très vite ses objets, ses méthodes et ses enjeux. Si les premiers travaux du collectif étaient encore très marqués par les sciences du langage (linguistique, stylistique, rhétorique), la palette disciplinaire s’est ouverte depuis, notamment à la philosophie et aux sciences cognitives. Les questions fondamentales que pose le Groupe MU, aujourd’hui constitué par Francis Édeline et Jean-Marie Klinkenberg, demeurent pourtant les mêmes : Qu’est-ce que le sens ? Qu’est-ce qui le détermine et le fait naître ? Qu’est-ce qui le rend possible ? Comment fonctionne-t-il en société (n’oublions pas que la sémiotique liégeoise se veut résolument au service d’une praxis démocratique, où le sens fait l’objet d’une négociation rationnelle entre membres d’une communauté) ?

Principia semiotica, qui défend une thèse forte — que le sens provient de l’expérience corporelle —,

se veut aussi une synthèse critique de notre savoir actuel sur la signification, toutes formes et toutes tendances confondues. On pourra donc se servir de ce livre comme d’une encyclopédie (même s’il ne se présente pas comme tel, du moins du point de vue formel). Grâce à un index très détaillé (plus de vingt-cinq pages à double colonne et à petits caractères, soit nettement plus que la section bibliographique, pourtant elle aussi fort substantielle), Principia semiotica s’impose d’emblée comme un ouvrage de référence absolument indispensable, dont on voit mal quelle autre publication pourrait le remplacer dans les dix années à venir1.

L’ouvrage est du reste pensé de telle façon qu’il se prête aussi bien à une lecture suivie (qui n’a rien de 1  L’objectif du (remarquable) site SIGNO, dirigé par Louis Hébert (Université de Rimouski), n’est pas comparable à celui des

Principia semiotica, l’approche de SIGNO, plus explicitement encyclopédique elle, étant axée davantage sur les questions de

taxinomie, d’une part, et sur les théoriciens et leurs concepts, d’autre part. Groupe MU

Principia Semiotica. Aux Sources du sens

Bruxelles : Les Impressions Nouvelles, 2015, 592 p.

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IMAGE [&] NARRATIVE Vol. 17, No.1 (2016) 102 fastidieux !) qu’à une consultation plus ponctuelle, par thème, par auteur, voire par concept. L’ampleur et l’amplitude des connaissances réunies et discutées dans ce livrent n’excluent nullement des choix concertés. Essayer de parler de (presque) tout n’est pas synonyme d’accumulation ou de juxtaposition de points de vue partiels et fragmentaires. Dans Principia semiotica les auteurs partent invariablement de l’expérience corporelle, non pas brute mais instruite par nos schémas perceptifs et nos facultés d’interprétation, et toute leur argumentation y revient aussi de manière non moins stricte, le sens étant affaire de partage et de vivre ensemble.

Principia semiotica est donc une somme, indépassée à mon sens. Espérons qu’il sera aussi un palier aux

sémioticiens d’aujourd’hui et de demain dans leurs efforts pour le dépasser et pour prolonger, quitte à les faire dévier, les voies creusées par le Groupe MU.

Jan Baetens est rédacteur en chef de Image (&) Narrative.

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