Mathématiques
appliquées et numériques
Liene 3, Dpt Géosienes
Année 2011-2012, 2e semestre
Présentation synthétique du ours
Janvier Juin 2012
Cours donné en
3 e année de Liene de Sienes de la planèteTerre
par Mihael Ghilet Jean Roux
TD par Mohamadou Diallo
Éole normalesupérieure, Paris
3.1 Introdution
Les équations diérentielles ordinaires (EDO) permettent de dérire lelien
entre une fontion et ses dérivées, en partiulier la dérivée première qui
représente letaux dehangement ou enorelavéloité :
d
x
d
t = f (x), soit x(t) = Z t
t 0
f (ξ)
dξ,
quiest uneprimitive de
f
qui s'annuleent 0.
Quel quesoit
t 0,lafontion t → R t
t 0 f (ξ)dξ
,est uneprimitive def
. Pour
etteraisonondésigneparlesymbole
R f(ξ)
dξ
uneprimitivequelonquedef
,qui s'appelle aussiune intégrale indénie def
.Leséquationsdiérentiellesordinairespeuventêtrelinéairesounonselon
lanaturede
f
. Ellessontparfoisappeléeséquationsdiérentiellesordinaires salaires (resp. vetorielles) pour indiquer que le seond membref (x)
està valeursdans
R
(resp.R n). L'ordre du système désigne l'ordre de la plus
hautedérivée de l'équation. Ii on a aaireà une équationd'ordre un. On
peuttoujoursrameneruneéquationdiérentiellesalaired'ordre
n
àunsys-tèmed'équations(i.e. uneéquationvetorielle) d'ordreun-voirparagraphe
3.5.
La fontion
f
n'est pas forément donnée de façon analytique dans lesappliations, elle peutn'être donnéequenumériquement en ertains points.
3.2 Exemples d'équations diérentielles ordinaires
Une telleEDOest une équationd'évolution eton note
d
x/
dt ≡ x. ˙
Onditqueletemps
t
estlavariableindépendanteet leproblèmeàrésoudre estunproblèmeauxonditionsinitialessif ∈ R n (voirlaFigure3.1sif
est
une fontionsalaire).
Deux exemples simples sont donnés par les équations suivantes, munies
dela onditioninitiale
x(0) = 1
:˙
x = x ⇒ x(t) = e t
˙
x = ax ⇒ x(t) = e at
La solutionde lapremière équation estmontrée àla Figure3.2.
PSfragreplaements
x
t
Figure3.1: Problèmeauxonditions
initiales.
0 0.5 1 1.5 2
−2 −1 0 1 2
PSfragreplaements
t x
Figure 3.2: Fontion exponentielle
solutionde
x ˙ = x
.Defaçon plus générale,si onimpose
x(0) = x 0,ona :
x(t) = x 0 e at .
CetypedeproblèmeàvaleurinitialeestappeléproblèmedeCauhy,ave
uneéquationdiérentiellesalaire(resp. vetorielle)etuneonditioninitiale
salaire (resp. vetorielle). Pour le problème de Cauhy, les questions qui
seposent,pour unefontion
f
générale,onernent toutd'abord l'existeneetl'uniité de lasolution. Par haque point
(t, x) = (t 0 , x 0 )
passe -t-il uneet une seule solution ? Une autre question intéressante est la question de
la régularité des solutions et de la dépendane des solutions vis-à-vis des
paramètres.
Dans les as présentés i-dessus le temps n'entre pas de façon expliite
dans l'ériture du seond membre de l'équation. Ce sont des systèmes au-
tonomes. Si le temps rentre expliitement dans l'équation - dite alors non
autonome-,etque l'ona unparamètre
µ
,l'équationdevient:˙
x = f (x, t; µ).
Dans lasuite dee ours onva généraliserdansdeux diretions:
•
leasnon linéaire ;•
leasdessystèmes d'équationsdiérentielles (x ∈ R n).
3.3 Comportements des solutions
3.3.1 Stabilité
On présente ii de façon intuitive, sans donner de dénition, la notion de
stabilité.
Dans leasdeséquations préédentes, dutype
x ˙ = ax
,poura > 0
:t → lim + ∞
x(t) = ±∞,
−1 −0.5 0 0.5 1 1.5 x
t 0
−5
−10
0
−1 −0.5 0 0.5 1 1.5
x
t
−5
−10
Figure3.3: Comportementinstablepour
a > 0
(guregauhe)etstablepoura < 0
(gure droite). Les solutions pourx 0 > 0
sont entraits pleins, ellespour
x 0 < 0
sont en pointillés.selonque
x 0 > 0
oux 0 < 0
. Leomportement de ettesolutionestinstable.Pour
a < 0
,que l'onaitx 0 > 0
oux 0 < 0
,t → lim + ∞
x(t) = 0;
leomportement deette solution eststable.
Si
x 0 n'est pasonnuexatement, maisquel'on ax ˆ 0 = x 0 + ǫ
,
x(t) = ˆ x 0 e at
x(t) = x 0 e at + ǫe at .
Si
a > 0
alors, même aveǫ
petit, on nira loin de la solution reherhée.Par ontresi
a < 0
on trouvera unesolution prohe. Ainsilastabilitéa desonséquenessurl'exatitude dessolutions. Ces deux assontdépeints àla
Figure3.3.
Enn dansle as présenté jusqu'ii les solutions existent, sont uniques,
lisses('est-à-direqu'elles sont dans
C ∞),pourtout t
.
3.3.2 Osillations purement périodiques
Ave un système de deuxéquations desosillations peuvent apparaître. En
méanique 'estleasde l'osillateur harmonique. Dans e as
˙
y = x
˙
x = −y.
(3.3.1)En dérivant une seondefois
x ˙
onobtient¨
x = − y ˙ = −x,
soit uneéquation salaire duseond ordre:
¨
x + x = 0.
0
0 4 8 12 16
1
−1
PSfragreplaements
x
t
Figure 3.4: Les solutions de
x ¨ + x = 0
:sin t
(en trait plein) etcos t
(enpointillés).
Une solution deette équation est:
x 1 (t) = cos t, et alors y 1 = − x ˙ 1 = sin t.
(3.3.2)Ononstate qu'une autresolution possible est
x 2 (t) = sin t, et alors y 2 = − x ˙ 2 = − cos t.
(3.3.3)La solutiongénérale estde laforme
x(t) = C 1 x 1 (t) + C 2 x 2 (t) = C 1 cos t + C 2 sin t.
(3.3.4)Ononstate que
y(t) = − x(t) = ˙ C 1 sin t − C 2 cos t
(3.3.5)Lesonstantes
C 1etC 2sontdonnéesparlaonditioninitiale{(x(0), y(0) =
{(x(0), y(0) =
− x(0))} ˙
. La solutionx(t)
estpériodique de période2π
.L'unedessolutionsestendéphasagede
π/2
parrapportàl'autre,onpeutlesvoir àla Figure3.4. Les deuxsolutions sont enquadrature de phase:
x 1 t + π
2
= x 2 (t).
Plus généralement soitle système
˙
y = ωx
˙
x = −ωy,
lessolutions sont :
x(t) = cos(ωt) y(t) = sin(ωt).
La période delasolution du systèmeestalors
2π/ω
.PSfragreplaements
t = π t = 0
t = 3π 2
Figure3.5: Diagrammedephasedes
solutions de(3.3.1).
PSfragreplaements
ε
Figure 3.6: Stabilité neutre des so-
lutions de l'équation (3.3.1) dans
l'espaedes phases.
L'ensemble des états de la solution d'une EDO est appelé espae des
phases. En deux variables, il est faile de traer sur un graphique, pour
une onditioninitialedonnée, une omposantede lasolution en fontionde
l'autreen partant delaondition initiale. Cetype de graphiqueest dansle
plan des variables indépendantes, également appelé plan des phases. C'est
un diagramme de phase - Figure 3.5 -. Dans notre as 'est l'espae des
variables
{(x, y)}
.Considéronsleas
ω = 1
. Supposonsquel'onimposelaonditioninitialex(0) = r
ety(0) = 0
. On sait que, d'après (3.3.4), quela solution généraleest
x(t) = C 1 x 1 (t) + C 2 x 2 (t) = C 1 cos t + C 2 sin t
,x(0) = r
impliqueC 1 = r
.Comme(voir(3.3.5))
y(t) = C 1 sin t − C 2 cos t
,y(0) = 0
entraîneC 2 = 0
. Lasolutionest don
x(t) = r cos t
,soity(t) = r sin t
,etparonséquent ona :(x(t)) 2 + (y(t)) 2 = r 2 ,
r
dépendant donde laonditioninitiale. La guredu diagrammede phaseest un erle de rayon
r
, visible à la gure 3.5. On voit qu'il s'agit d'unmouvement périodique, l'orbite est fermée, ar
x 2 (t + T ) + y 2 (t + T ) = x 2 (t) + y 2 (t)
aveT = 2π
ouT = 2π/ω
dans les deux aspréédents, dansleplandesphases. Ce sontdes osillationspurement périodiques.
Conernant lastabilité, onremarquequ'ave uneonditioninitialeinex-
ate, soit
x(0) = r + ε
ety(0) = 0
, on obtient un erle de rayonr ˜ = r + ε
diérent. Il s'agit d'unestabiliténeutre, illustréepar laFigure3.6.
3.3.3 Osillations quasi-périodiques
Danse asonaplusieurspériodes
ω 1,ω 2 tellesqueω 1 /ω 2 ∈ / Q
. C'estleas
ω 1 /ω 2 ∈ / Q
. C'estleasdelaméanique éleste,etela expliquequel'on n'ait jamaisexatement la
même onjonture, unfait déjà onnu par les ivilisations aniennes d'Asie
etd'Amérique. Il fautau minimum3équations diérentiellesautonomesde
premierordre pour avoire omportement.
3.3.4 Comportement haotique
Tous les systèmes préédents sont dits déterministes : si la ondition ini-
tialeest donnée, lasolution est onnue ou alulable de façon préditible à
partirde etteondition. Maisilexiste dessystèmes déterministessensibles
aux onditions initiales tels qu'une très faible erreur surla donnéeentraîne
desomportements impréditibles. C'est lehaos déterministe - modèlede
Lorenz.
3.3.5 Explosion en temps ni
Les systèmes linéaires à oeients onstants ont des solutions régulières
pour tout
t
réel, en partiulier elles sontC ∞. Si on regarde une équation
diérentielle non linéaire simple, on peut obtenir des omportements plus
problématiques. Ononsidère
˙
x = x 2 , x(0) = 1,
lasolutionest
x(t) = 1 1 − t ,
et don
lim t → 1 − x(t) = +∞
. On reviendra sur ette équation au ours no5,paragraphe 5.2.2. Danse ason ditqu'il yaexplosionen temps ni,en
eetonadesvaleursinniesdelasolutionpour
t
ni. Aausedelaprésenedeettesingularitéonnepeutpasontinuerlasolutionau-delàde
t = 1
. Ladurée devie delasolution n'est pastoutl'intervalle
] − ∞, ∞[
(Figure 3.7).Dansleasdessystèmeslinéaires àoeientsonstantsladuréedevie est
innie. Lessystèmespour lesquelsetteduréedevie estinniesont appelés
omplets.
Un autre problème similaire est la perte de dérivée. Dans e as les
solutionsnesontpas
C ∞,ilpeutyavoirdessingularitésdetypedisontinuité, isaillement.
3.4 Présentation intuitive de la notion de hamp de
veteurs et ourbe intégrale
La terminologie hamp de veteurs est elle utilisée par les spéialistes des
systèmes dynamiques. Comme les systèmes dynamiques sont omniprésents
danslesgéosienesettenotion,quipeutsemblerunpeuabstraitedeprime
abord, doitdevenir usuelle.
Considérons unefontion
g
déniesurun ouvertU ⊂ R n àvaleursdans
R netl'équation diérentielle y(t) = ˙ g(y(t))
. Siϕ
estune solution, au point
(t, ϕ(t))
dugraphede ϕ
onpeutassoierlesomposantesduveteur vitesse
y(t) = ˙ g(y(t))
. Siϕ
estune solution, au point(t, ϕ(t))
dugraphedeϕ
onpeutassoierlesomposantesduveteur vitesse˙
ϕ(t) = g(ϕ(t))
. À haque point du graphe on assoie don une diretion−20
−15
−10
−5 0 5 10 15
−1 −0.5 0 0.5 1 1.5 2 2.5 3
PSfragreplaements
t
Figure 3.7: Explosion en temps ni pour
t = 1
, pour lasolution dex ˙ = x 2
satisfaisant à laonditioninitiale
x(0) = 1
.Figure 3.8: Champ de veteurssurun domaine de
R 2.
donnéepar les omposantes de
g(ϕ(t))
qui apparaît omme un veteur. Leseondmembre
g
de l'équation diérentielle estdon un hampde veteurs dépendant det
.Par exemple soitlesystème endimension deux
y ˙ 1 (t) = g 1 (y 1 (t), y 2 (t))
˙
y 2 (t) = g 2 (y 1 (t), y 2 (t))
(3.4.1)le hamp de veteurs (Figure 3.8) assoié est le hamp de veteurs
g = (g 1 , g 2 ) T,généralement noté X
.
La dénition d'un hamp de veteurs, dans un sens moins élémentaire,
néessite un outillage mathématique hors programme. Ces notions sont
développées dansles ompléments en lignedu livre.
Onpeutmaintenant dénirlaourbeintégrale d'unhamp deveteurs.
Dénition 3.4.1. Soit X un hamp de veteurs à valeurs dans un ouvert
U ⊂ R n, la solutionϕ(t)
de l'équation diérentiellex ˙ = X(x) dϕ
dt (t) = X(ϕ(t))
(3.4.2)estune ourbe diérentiable, déniesurunintervalleouvert
I ⊂ R
àvaleursdans
U
. C'est la ourbe intégrale du hamp de veteurs (ou de l'équationdiérentielle).
3.5 Formulation générale du problème ontinu
Rappelons qu'une fontion
f
est ditede lasseC k si elle admetdes dérivées
partiellesontinues jusqu'àl'ordre
k
.Considérons unouvert
U
deR 1+pℓ+m = R × R p × · · · × R p × R m etune
appliation
F
delasseC k de U
àvaleursdansR p .
Onpeutassoier àette
appliation une équationdiérentielle
ϕ (ℓ) = F (t, ϕ(t), · · · , ϕ (ℓ − 1) (t), µ),
(3.5.1)où
ϕ(t),
appeléesolutionde(3.5.1),estunefontionvetorielledéniesurunintervalle ouvert
I,
à valeursdansR p etℓ
foisdiérentiable, ϕ (s) = d s ϕ/dt s
pour
1 ≤ s ≤ ℓ
, etµ
est un paramètre dansR m. En introduisant les om-
posantes surR p ,
l'équation (vetorielle) (3.5.1)estéquivalenteà unsystème
diérentiel de p
équations en dimension 1
('est une terminologie anienne;
nous parlerons plutt d'équation diérentielle en dimension
p
, omettant lequaliatifde vetorielle).
Dénition3.5.1. Lenombre
p
estladimensiondel'équation. Onditqu'elle est d'ordreℓ
pour indiquer l'ordre maximum de diérentiabilité (en parti- ulier l'équation diérentielle d'un hamp de veteurs est d'ordre1
par dé-nition). Si
F
ne dépend pas du tempst
(dépendane triviale !) on dit quel'équation est autonome. Une équation nonautonomeest don une équation
dépendant non trivialement du temps. Enn
µ
désigne un système dem
paramètres (le nombre
m
dépend du modèle, il se peut même quem = 0
).Pour haque valeur de
µ
on a don une équation diérentielle et lorsque l'équation dépend non trivialement d'un paramètre, on dit souvent que l'ona aaire à une familled'équations diérentielles.
Nousallonsmontrerqu'uneéquationdiérentiellegénéraledutype(3.5.1)
se ramène toujours formellement à l'équation diérentielle d'un hamp de
veteurs
X
, 'est-à-dire à un système d'équations diérentielles d'ordre1
.Ce hamp
X
est généralement non linéaire, maisil peut être onstruit au- tonome et sans paramètres. Il sut pour ela de rajouter des variablessupplémentaires dans l'espae d'arrivée de la fontion inonnue, ainsi que
deslignessupplémentairesd'équation. Préisémenton introduitunsystème
dt
dτ = 1
dµ
dτ = 0
dϕ 0
dτ = ϕ 1
dϕ 1
dτ = ϕ 2
.
.
.
dϕ ℓ
− 1
dτ = F (t, ϕ 0 , ϕ 1 , · · · , ϕ ℓ − 1 , µ)
(3.5.2)
où
ϕ 0 jouele rlede l'inonnue initialeϕ
dans(3.5.1).
Cetteéquationdiérentielle(3.5.2)estelled'unhampdeveteurs
X = (1, 0, ϕ 1 , ϕ 2 , · · · , ϕ l − 1 , F ) T sur l'ouvertU
,etl'équation (3.5.1)s'érit
dψ
dτ (τ ) = X(ψ(τ )),
(3.5.3)Il y a une orrespondane biunivoque entre les ourbes intégrales de
(3.5.2)etlessolutions de(3.5.1). Eneetsi
ϕ(t)
estunesolutionde(3.5.1),ilestimmédiatdevoirque
ψ(τ ) = (τ, µ(τ ), ϕ(τ ), ϕ (1) (τ ), · · · , ϕ (ℓ − 1) (τ )) T est
uneourbeintégralede(3.5.2). Inversement si
ψ(τ )
estune ourbeintégralede(3.5.2),
t = τ
àuneonstanteadditive près,µ(τ )
estonstant,etlaom-posante
ϕ 0 (t)
estsolutionde(3.5.1),arlesomposantesϕ i sontlesdérivées
suessivesde
ϕ 0 enraison desdernièreslignesde (3.5.2)àl'exeption dela
toute dernière, enn la substitution de es fontions dans la dernière ligne
donne préisément l'équation(3.5.1).
En faitil sutdon de onsidérer seulement leasautonome etun sys-
tème du premier ordre ar on peuttoujours s'yramener. En reprenant les
notations usuelles il sut don de onsidérer, au lieu de (3.5.1) l'équation
diérentielle autonome :
dx
dt = X(x),
(3.5.4)où
X
estunhampde veteursautonome déni dansR n à valeursdansR n
ave
n = 1 + pℓ + m
. C'est lanotation géométrique utiliséedans lathéorie des systèmes dynamiques. On utilise indiéremment, dans e qui suit, lanotation
X
de hamp de veteurs ou lanotation lassiquef
pour désignerun système d'équations diérentielles d'ordre un. Dans le adre
R n dans
lequelnousnousplaçons es notationssont équivalentes.