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EMBOLIE PULMONAIRE (EP) : DIAGNOSTIC

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Academic year: 2022

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EMBOLIE PULMONAIRE (EP) : DIAGNOSTIC

O

BJECTIF

:

Proposer une méthode diagnostique pour la prise en charge des patients chez qui on soupçonne une embolie pulmonaire (EP) aiguë.

R

ENSEIGNEMENTS GÉNÉRAUX

:

La thromboembolie veineuse (TEV), qui regroupe la thrombose veineuse profonde (TVP) et l’embolie pulmonaire (EP), est une affection courante qui touche chaque année environ 1 à 2 adultes par tranche de 1 000. Le nombre de diagnostics d’EP a considérablement augmenté depuis l’avènement de l’angiographie pulmonaire par tomodensitométrie (aussi appelée angio-TDM thoracique), qui a l’avantage d’être un examen très sensible et facile à obtenir. S’il est vrai que la majorité des cas d’EP sont attribuables à une TVP proximale de la jambe, on a constaté néanmoins que seuls 25 à 50 % des patients qui ont une EP présentent des signes cliniques probants de TVP au moment de

l’établissement du diagnostic d’EP. Les cancers évolutifs, la chirurgie (en particulier, la chirurgie orthopédique), l’hospitalisation, les voyages en avion de plus de 8 heures, l’hormonothérapie et la grossesse sont tous des facteurs de risque transitoires courants d’EP. Il semble toutefois que le premier épisode d’EP est de nature idiopathique dans à peu près 50 % des cas.

L’EP peut se manifester par les symptômes suivants : dyspnée d’apparition soudaine, douleur pleurétique, hémoptysie et syncope. Les signes d’EP comprennent la tachypnée, la tachycardie, l’hypoxémie, l’hypotension et les signes de dysfonction ventriculaire droite (distension des veines jugulaires). Les signes et les symptômes d’EP peuvent s’accompagner de signes et de symptômes de TVP. L’électrocardiogramme met parfois en évidence des signes de souffrance du ventricule droit (aspect S1Q3T3, bloc de branche droit et inversion des ondes T en V1-V4).

Jusqu’à 10 % des EP symptomatiques entraînent le décès du patient dans l’heure qui suit l’apparition des symptômes. Les facteurs indépendants qui permettent de prédire la survenue du décès quelques jours après l’établissement du diagnostic d’EP sont les suivants : hypotension (tension artérielle systolique [TAS] < 90 mmHg), signes cliniques d’insuffisance cardiaque droite, dilatation du ventricule droit à l’angio-TDM thoracique ou à l’échocardiographie, résultat positif du dosage de la troponine et élévation du taux de peptide natriurétique de type B (BNP, de l’anglais brain natriuretic peptide).

L’établissement d’un diagnostic précoce d’EP et l’instauration rapide d’un traitement permettent de réduire la morbidité et la mortalité qui sont associées à cette maladie.

D

IAGNOSTIC DE L

’EP :

La constellation de signes et de symptômes présentée par le patient peut être évocatrice d’une EP, mais elle ne possède ni une sensibilité ni une spécificité suffisantes pour retenir ou écarter la

possibilité d’un diagnostic d’EP. Lorsqu’une telle possibilité est envisagée, la stabilité de l’état clinique du patient et la probabilité prétest (probabilité établie a priori avant la réalisation de tout examen complémentaire) sont les deux facteurs qui orienteront la démarche diagnostique (voir la Figure 1).

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En l’absence d’hypotension (TAS > 90 mmHg), la probabilité prétest peut être établie au moyen d’une règle de prédiction clinique validée (voir le Tableau 1). Lorsque la probabilité prétest d’EP est faible et que tous les critères et caractéristiques cliniques PERC (critères d’exclusion de l’EP, de l’anglais

Pulmonary Embolism Rule-out Criteria) sont satisfaits, il n’est pas nécessaire d’effectuer d’autres examens (voir le Tableau 2).

T

ABLEAU

1 : S

CORE DE

W

ELLS

*

POUR L

’EP

VARIABLES POINTS

Signes et symptômes cliniques de TVP 3

Antécédents de TVP ou d’EP 1,5

Immobilisation pendant plus de 3 jours ou chirurgie

au cours 4 dernières semaines 1,5

Fréquence cardiaque supérieure à 100 bpm 1,5

Hémoptysie 1

Tumeur maligne 1

Absence d’autres diagnostics plus probables que l’EP 3 Indice total*

* Score total : < 4,5 : EP non probable ; > 4,5 : EP probable ; bpm : battements par minute

T

ABLEAU

2 : C

RITÈRES D

EXCLUSION DE L

’EP (PERC)

EN CAS DE FAIBLE PROBABILITÉ PRÉTEST D

’EP

CARACTÉRISTIQUE CLINIQUE SATISFAIT

AUX CRITÈRES

NE SATISFAIT PAS AUX CRITÈRES

Âge < 50 ans 0 1

Fréquence cardiaque initiale < 100 bpm 0 1

SaO2 initiale > 94 % (air ambiant) 0 1

Absence d’enflure unilatérale de la jambe 0 1

Absence d’hémoptysie 0 1

Absence de chirurgie ni traumatisme au

cours des 4 dernières semaines 0 1

Absence d’antécédents de TEV 0 1

Pas d’estrogénothérapie 0 1

Dans les cas où une EP est peu probable selon l’évaluation de la probabilité prétest, l’obtention d’un résultat négatif à une méthode de dosage des D-dimères très sensible permet d’écarter la possibilité d’un diagnostic d’EP. En revanche, si le dosage des D-dimères donne un résultat positif, il convient d’effectuer un autre examen susceptible de confirmer ou d’écarter une bonne fois pour toutes un tel diagnostic.

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Si la méthode de dosage des D-dimères de haute sensibilité est employée, on effectuera un dosage des D-dimères corrigé en fonction de l’âge afin d’accroître la spécificité de ce test sans réduire pour autant sa sensibilité. Chez les patients de plus de 50 ans, on considère que le résultat du dosage des D-dimères est négatif s’il est inférieur au produit de l’âge du patient multiplié par 10 (par exemple, chez un patient âgé de 76 ans, tout résultat inférieur à 760 µg/L sera négatif). Chez les patients de moins de 50 ans, on considère encore que le seuil en deçà duquel le résultat est négatif est 500 µg/L.

L’utilisation d’une stratégie similaire de modification du seuil des D-dimères en fonction de la probabilité prétest a aussi démontré sa valeur sûre. Dans les institutions qui utilisent un type de dosage des D-dimères de haute sensibilité avec un seuil habituel de 500 ng/mL, l’association d’un score de Wells de 4,0 et moins et d’un taux de D-dimères inférieur à 1 000 ng/mL peut permettre d’identifier un groupe présentant une faible probabilité d’EP qui n’a aucunement besoin d’une autre analyse pour exclure l’EP.

Dans les cas où une EP est probable selon l’évaluation de la probabilité prétest, il n’y a pas lieu de demander un dosage des D-dimères, puisque la probabilité clinique d’EP demeure excessivement élevée même chez les patients qui obtiennent un résultat négatif à ce dosage. En somme, dès que le score de Wells d’un patient est de 4,5 et plus, il faut passer directement à l’étape des examens d’imagerie pour établir le diagnostic.

L’angiographie pulmonaire par tomodensitométrie à multidétecteurs est facile à obtenir partout au Canada et elle est dotée d’une sensibilité et d’une spécificité suffisamment élevées pour exclure le diagnostic d’EP (en cas de résultat négatif) ou le confirmer (en cas de résultat positif). Cela dit, cet examen comporte certaines limites, soit le taux d’exposition à des rayonnements élevé (qui est susceptible d’accroître le taux de cancer du sein chez les jeunes femmes), le risque de néphropathie induite par le produit de contraste et le risque de détection de légères anomalies de remplissage dont la portée clinique n’est pas claire. La scintigraphie pulmonaire de ventilation-perfusion (V/P)

possède une sensibilité et une spécificité élevée chez les patients dont la radiographie thoracique est normale et qui n’ont pas d’atteinte pulmonaire grave. Elle est à envisager en cas d’insuffisance rénale, d’allergie aux produits de contraste, de radiographie pulmonaire normale chez un jeune patient et de grossesse.

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F

IGURE

1 : A

LGORITHME DIAGNOSTIQUE PROPOSÉ EN CAS DE SUSPICION D

’EP

a Il faut envisager d’effectuer une thrombolyse sans avoir confirmé le diagnostic au moyen d’examens complémentaires si le degré de suspicion clinique est élevé et que l’état du patient est très instable.

bPour écarter la possibilité d’un diagnostic d’EP lorsque la probabilité prétest d’EP est faible (EP peu probable), il faut avoir recours à une méthode de dosage des D-dimères de haute sensibilité. Il semble que l’utilisation des valeurs seuils établies en fonction de l’âge pour le dosage des D-dimères accroît la spécificité de cet examen.

cLa scintigraphie pulmonaire V/P est l’examen à privilégier chez les patients qui présentent une allergie au produit de contraste ou une insuffisance rénale grave, ainsi que chez les jeunes patients qui présentent une radiographie thoracique normale. Elle doit également être envisagée chez la femme enceinte. Si la scintigraphie de perfusion est normale, il n’est pas nécessaire de poursuivre l’exploration. Il convient de réaliser une série d’échographies veineuses de compression (EVC) des jambes lorsque les résultats de la scintigraphie V/P sont anormaux, mais qu’ils n’indiquent pas une forte probabilité d’EP (évocatrice d’un diagnostic d’EP).

dLes caractéristiques évocatrices d’une EP massive à l’échocardiographie sont les suivantes : dysfonction ventriculaire droite importante et présence d’un embole dans le ventricule droit ou une artère pulmonaire.

e Dans les cas où la suspicion clinique d’EP demeure élevée malgré un résultat négatif à l’angiographie pulmonaire par tomodensitométrie, on envisagera de demander une scintigraphie pulmonaire de perfusion-ventilation et/ou une échographie proximale des membres inférieurs.

fSi l’état du patient se stabilise, on envisagera de demander une angio-TDM thoracique pour confirmer le diagnostic.

Chez les patients hypotendus dont l’état n’est pas assez stable pour qu’ils puissent subir une angio- TDM thoracique et dans les cas où cette dernière ne peut être réalisée sur-le-champ, il faut demander une échocardiographie d’urgence en vue de déceler d’éventuels signes de surcharge du cœur droit ou la présence d’un embole dans le ventricule droit ou les artères pulmonaires. En présence de tels

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signes et en l’absence de diagnostic différentiel, il faut instaurer un traitement contre l’EP. Précisons toutefois qu’une dysfonction ventriculaire droite ne suffit pas à elle seule pour confirmer la présence d’une EP. Par conséquent, dans la mesure du possible, on cherchera à confirmer le diagnostic de TEV en réalisant d’autres examens d’imagerie (angiographie pulmonaire par tomodensitométrie,

scintigraphie pulmonaire V/P ou EVC des membres inférieurs). Il est peu probable que l’instabilité hémodynamique observée chez un patient hypotendu qui ne présente aucun signe

échocardiographique de dysfonction ventriculaire droite soit attribuable à une EP massive (ce qui n’exclut pas pour autant la possibilité d’une EP de plus petite envergure).

Algorithme YEARS : L’algorithme YEARS est une démarche simplifiée dans laquelle trois composantes cliniques du score Wells (signes cliniques d’une TVP, hémoptysie et EP en tant que diagnostic le plus probable) et différentes valeurs seuils du dosage des D-dimères ont été intégrées à une stratégie diagnostique pour réduire le recours à l’angiographie pulmonaire par tomodensitométrie (APTDM) lorsqu’une EP est soupçonnée. La validité externe de l’algorithme a récemment été évaluée au sein de trois cohortes prospectives. Dans l’ensemble, l’algorithme YEARs a permis d’écarter l’EP sans danger et a été associé à un faible risque de thromboembolie à trois mois. Toutefois, le taux d’échec de l’algorithme YEARS était plus élevé chez les patients n’affichant aucune composante de

l’algorithme YEARS et présentant un taux de D-dimères < 1000 ng/mL mais supérieur à la valeur seuil de ce taux ajusté selon leur âge respectif. Par conséquent, l’algorithme YEARS doit faire l’objet d’une autre validation externe avant de pouvoir être recommandé dans les cas d’EP soupçonnée en

l’absence de grossesse.

A

UTRES GUIDES CLINIQUES PERTINENTS DE

T

HROMBOSE

C

ANADA

• Embolie pulmonaire : Traitement

• Grossesse : Diagnostic de TVP et d’EP

• Thrombose veineuse profonde (TVP) : Diagnostic

R

ÉFÉRENCES

:

Eddy M, et al. External validation of the YEARS diagnostic algorithm for suspected pulmonary embolism. J Thromb Haemostas 2020;(12):3289-3295.

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Date de la version : 7 août 2021

Il est à noter que l’information contenue dans le présent guide ne doit pas être interprétée comme étant une solution de rechange aux conseils d’un médecin ou d’un autre professionnel de la santé. Si vous avez des questions précises sur un problème d’ordre médical, quel qu’il soit, vous devez consulter votre médecin ou un autre professionnel de la santé. En somme, vous ne devriez jamais reporter une consultation médicale, faire abstraction des conseils de votre médecin, ni mettre fin à un traitement médical sur la base de l’information contenue dans le présent guide.

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