Interaction famille
xsite dans
untest tristationnel de descendances de Douglas
(Pseudotsuga menziesii (Mirb.) Franco)
C.-E. DUREL NRA, Station d’Amé
B. ROMAN-AMAT ration des Arbres
forestiers
INRA, Station d’Amélioration des Arbresforestiers
Ardon, F 45160 Olivet
Résumé
Cet article
analyse
l’interactiongénotype
x environnement dans un groupe de 63 descendances maternelles issues de provenances françaises deDouglas.
Sur trois sitesexpérimentaux
très contrastés, six caractères différents de hauteur,phénologie
et forme sont étudiés.Après analyse
de variance, les écovalences de We!eKS(1962)
et leurs inverses,appelées
interactivités, sont calculées pour les sites et les familles sur les quatre caractères présentant une forte interaction. Une étude de ces interactivités est réalisée : distribution, corrélations entre elles, corrélations avec lesperformances
familiales. L’évolution du F d’interaction pour la hauteur totale est observée au cours de l’élimination des familles par ordre d’interactivités décroissantes. Pour ce caractère, un tiers des familles sontresponsables
des trois quarts de l’interactivitéglobale.
Un groupe de familles stables dansl’espace
est ainsi identifié. Ilapparaît
que la moyenne et les variances de ce caractère restent stableslorsque
le nombre de familles diminue. Une démarche similaire est tentée avec uneinteractivité
synthétique
multicaractères. L’utilité des interactivités pour l’améliorateur est enfin brièvement discutée.Mots clé.s : Interaction
génotype-environnement,
descendance maternelle, croissance hauteur, débourrementvégétatif, forme
dufût, angle
des branche.s, Pseudotsuga menziesii.Introduction
La
phase d’exploration
de la variabilité entre provenances touchant à sa fin, le programme INRA d’amélioration duDouglas
accorde actuellement uneplace
croissanteà la sélection familiale et individuelle.
Or,
de manièregénérale, plus
la basegénétique
du matériel étudié est étroite,
plus
lesrisques
de manifestation d’une interaction entre lesgénotypes
et les milieux sont élevés.De nombreuses méthodes
d’analyse statistique
de l’interaction «génotype
x environ-nement » ont été
proposées
dans la littérature.Quelques
auteurs, dont notamment FREEMAN
(1973) puis
DENIS & VtNCOOxT(1982),
en ont réalisé dessynthèses bibliogra- phiques.
En amélioration des arbresforestiers,
le nombre de sitesexpérimentaux
est engénéral
réduit pour des raisons matérielles(disponibilités
en nombre deplants,
ensurfaces, coûts).
Enconséquence,
les méthodes utilisant lesrégressions
desperfor-
mances
génotypiques
sur les moyennes desites,
très abondammentanalysées
dans lalittérature,
sont rarementadaptées,
commel’indique S KR§PPA (1984).
Enrevanche, l’analyse
de variancecomplétée
par le calcui des écovalences de WRICKE(1962)
esttoujours
utilisable. Unexemple
de mise enapplication
de cettetechnique
estprésenté
dans cet article. Deux
objectifs
sontpoursuivis :
- mettre en évidence la
présence
éventuelle de l’interaction sur différents carac-tères
importants
pourl’améliorateur,
etl’analyser ;
- rechercher une méthode
pratique permettant
de constituer un groupe degéno- types
stables dansl’espace
pour un ouplusieurs
caractères.L’accent est
davantage placé
sur les méthodesd’analyse
que sur les résultatsexpérimentaux.
En outre,l’approche
est volontairementplus statistique
quegénétique.
1. Matériels et méthodes 1.1 Matériel
végétal
L’expérience analysée
est un test multistationnel de provenancesfrançaises
deDouglas représentées
chacune parquelques
descendances maternelles récoltées en forêt.Le niveau provenance est volontairement
ignoré.
Le matérielvégétal
étudié est décritdans le tableau 1.
TABLEAU 1
1.2.
Dispositifs expérimentaux
Les trois
dispositifs expérimentaux analysés
ont été installés auprintemps
1978 àl’aide de
plants
de 3 ans. Leurscaractéristiques principales
sontindiquées
sur lafigure
1. Ces troisplantations
sont trèséloignées
les unes des autres despoints
de vuegéographique
etécologique,
mais chacune d’euescorrespond
à un site normal oupotentiel
d’introduction duDouglas.
1.3. Caractère,s étudiés
Six caractères considérés habituellement comme
importants
pour leDouglas
ont étéenregistrés
sur tous les individus :a)
la hauteur totale(cm)
à la fin de la saison1984,
soit 7 ansaprès plantation
ou10 ans
après
lagraine ;
b)
le débourrementvégétatif,
en nombre dejours depuis
uneorigine arbitraire, enregistré
en 1981 àPeyrat-le-Château
etEpinal,
et en 1984 à Saint-Girons. Pour cecaractère,
le facteur « site» englobe
donc les effetsclimatiques
desprintemps
1981 ou1984 selon les cas.
Cependant,
il semblepossible d’accepter l’hypothèse
de la stabilitédu classement des familles pour le débourrement
végétatif
dans un site donnéquelle
que soit
l’année ;
c)
la flexuosité dufût,
notée fin 1984 sur l’arbre entier par une note de 1 à 5(fig.
2a) ;
d) l’angle
d’insertion des branches, évalué fin 1984 sur l’arbre entier par une note de 0 à 4(fig. 2b) ;
1 ! ! Î !
e)
lafourchaison, appréciée
fin 1984 par une note inférieure ouégale
à200,
fonction de l’abondance de fourches
( * )
et des ramicornes( * ) ;
f)
laprésence
ou l’absence de pousse d’août sur la pousseprincipale
de1984,
notée 1 ou 0
respectivement.
1.4. Méthodes
d’analyse statistique
Modèles
d’analyse
de variance :Une
analyse préalable
a été effectuéeindépendamment
pourchaque site,
selon lemodèle suivant :
Xijk
= Fi + fi +bj
+eijk (1) Xijk
= valeur du caractère X de l’individu kappartenant
à la famille iprésente dans le bloc j ;
jjb = moyenne
générale ;
fi = effet moyen de la famille
i ;
-1bj
= effet moyen dubloc j ; E
ijk
= erreur résiduelle aléatoire.Les valeurs de
départ (Xijk)
ont ensuite étéajustées
aux blocs pourchaque site,
d’où le modèle :
X’ik = !L + fi + Eik
(2)
X’ik = valeur du caractère X de l’individu k
appartenant
à la famille iajustée
àl’effet
bloc ;
Eik = erreur résiduelle aléatoire.
Pour les
analyses
de variance multisites(respectivement
2 et 3sites),
le modèlesuivant a été
appliqué :
X’ilk = M + Fi + SI +
(F
xS)il
+ Eilk(3)
X’ilk = valeur
(ajustée
aubloc)
du caractère X de l’individu kappartenant
à lafamille i
présente
dans le sitel
; M = moyennegénérale,
Fi = effet moyen de la famille
i,
si = effet moyen du site1,
(F
xS)il=
effet moyen d’interaction entre famille i et site 1 Filk = erreur résiduelle aléatoire.
Le facteur « famille »
a toujours
été considéré commealéatoire,
les facteurs« bloc » et « site » comme fixes.
1.41. Calcul d’interactivités
Après
lesanalyses
de variancemultisites,
il estpossible
de mesurer laparticipation
de
chaque
niveau dechaque
facteur à la valeur estimée du carré moyen d’interaction, (*
) Définies comme des branches à angle d’insertion inférieur à 30&dquo; dont le diamètre est respectivement
voisin ou nettement inférieur à celui de la tige principale. On affecte la note 20(1 à un arbre sans défaut, et on retire 5 points par ramicorne et 10 points par fourche.
en calculant des
paramètres
d’interactivité. Une famille ou un site dont l’interactivité, définie comme l’inverse de l’écovalence de WRICKE(1962),
est forte(respectivement faible)
a unpoids important (respectivement faible)
dans la valeur totale du carré moyen d’interaction.Pour la famille
i,
la valeur de l’interactivité est la suivante :r
;
1 1
Y1
5 &dquo;;ir W
= ;! ra! ,..!T; — 1 v il (P v Ç)2;1 ;1 (.<1B (&dquo;)
Ii = interactivité brute de la famille
i ;
(f x
S)it =
valeur estimée de l’effet d’interaction entre la famille i et le site 1 ; nil. = nombre d’individus de la famille iprésents
dans le site 1 ;ni.. = nombre total d’individus de la famille i
(sur
l’ensemble dessites) ;
s = nombre total de sites.
La somme des interactivités brutes étant arbitrairement fixée
égale
à100,
il estpossible
de calculer pourchaque
famille une interactivité relatived’après
la formule :100
X li 1<1TD; - --- - t,,B
IRi = interactivité relative la famille i ; f = nombre total de familles.
Les interactivités relatives
présentent l’avantage
d’être très facilementcomparables
entre elles.
Le même
type
de calcul a étéappliqué
pour les interactivités des sites.1.42. Interactivités
synthétiques
Pour
chaque
famille, une interactivitésynthétique
a été calculée pourreprésenter
son instabilité pour 2 caractères simultanément, s.--Ion la formule suivante :
..!., , f
(
1B (Px.IRi(x)
+Py.IRi(y)), (6)
IRSi(x,y)
= interactivité relativesynthétique
de la famille i pour les 2 caractères x et y,IRi(x)
= interactivité relative de la famille i pour le caractère x, Px = coefficient depondération
choisi pour le caractère x.Cette interactivité
synthétique
est unesimpte
moyennepondérée
d’interactivités monocaractères. Elle n’est utilisable enpratique
quelorsque
ces dernières sontindépen-
dantes les unes des autres. Elle est
généralisable
au cas deplus
de deux caractères.(**) (F X!)il
= X’il. -!.i. - ’SI
- M où X’il. est la moyenne de parcelle unitaire ajustée à l’effet bloc de la famille i dans le site 1 ctFi,
SI les estimations aux moindres carrés respectivement de l’effet famille et de l’cffet site, telles queni..Fi
= Y n.1.91 = 0., 1
Il a été décidé d’attribuer à
chaque
coefficient depondération
la valeur du test Fd’interaction du caractère
correspondant.
De la sorte, l’interactivité relativesynthétique
tient compte du niveau relatif d’interaction constaté sur chacun des deux caractères.
N. B. Tous les calculs ont été
effectués
à l’aide de laprogrammathèque
AMANCE(B
ACHA
cou
etal., 1981),
2. Résultats
2.1.
Analyse
site par siteLes résultats des
analyses
de variance faites site par site sontprésentés
autableau 2.
- Les moyennes
générales
des caractères sont très différentes d’un site à l’autre(cf.
enparticulier
lahauteur).
L’existence de telles variations étaitprévisible d’après
lesconditions de milieu très contrastées des 3 stations
expérimentales.
Cette situation est un élément favorable pour révéler une éventuelle interaction famille x site.- L’effet du facteur famille est variable suivant le caractère considéré. Il est très nettement
significatif
pour hauteur etdébourrement, significatif
pour flexuosité du fût etangle
des branches, et moins net pour lafréquence
de pousse d’août et surtout pour la fourchaison. Onpeut
s’attendre à ce que des caractères aussi différentsexpriment
des réactions variées vis-à-vis de l’interaction
génotype
x milieu.Par
ailleurs,
et pour un caractèredonné,
la variance interfamillespeut
varier fortement d’un site à l’autre. Parexemple,
pour lahauteur,
la valeur estimée de cette variance dans le site 3 est nettementplus grande
que dans les sites 1 et 2 alors que les carrés moyens résiduels sontcomparables.
Dans ce cas, le site 3 est celuiqui
révèle lemieux les différences entre familles.
Deux
types
de corrélations entre les caractères soumis à un fort effet famille sontprésentés
dans le tableau 3 :- les corrélations purement
phénotypiques,
calculées sur l’ensemble des individussans tenir compte du niveau familial. Celles de ces corrélations
qui
concernent la hauteur varient assez fortement d’un site àl’autre ;
- les corrélations
génétiques
additives estiméesd’après l’analyse
decovariance,
etappelées
« corrélationsgénétiques » (voir B ARADAT , 1982,
pourprécisions).
Pour lesvaleurs les
plus significatives
des coefficients de corrélation[couples (hauteur-flexuosité)
et
(flexuosité-angle)]
leur intervalle de confiance a été calculé(F ALCONER , 1974).
Deuxcoefficients de corrélation dont les intervalles de confiance ne se
recouvrent , pas peuvent
être considérés comme différents. Pour les deuxcouples étudiés,
cette méthodeconduit à ne pas
distinguer
les valeurs des corrélations obtenues dans les sites 1 et 2.Par contre, les valeurs du site 3 s’écartent nettement des autres.
Il est intéressant de remarquer que des liaisons
génétiques
entre caractèrespeuvent
varier d’un site à l’autre. L’interactiongénotype
X milieupourrait
être une causeimportante
de ces variations.2.2. Etude de l’interaction
famille
x site2.21.
Approche statistique
Le modèle
(3) appliqué
aux 3 sites et aux 6 caractères conduit aux résultats du tableau 4 :- Bien que les valeurs du F de FISHER soient
plus élevées,
la hiérarchie des effets du facteur « famille » est trèscomparable
à celle obtenue à l’intérieur des différentssites ;
- Les effets du facteur « site » sont
toujours
très nettementsupérieurs
à ceux desautres facteurs. Outre les différences
écologiques
entre stationsexpérimentales, déjà mentionnées, l’importance
de ces effets est liée à lagrande
taille de l’échantillon et à l’utilisation de valeursajustées
auxblocs,
cequi
efface unepart
de la variabilité intra- site.- Les effets d’interaction sont hautement
significatifs
pour les 4premiers
carac-tères. Dans ces cas, le carré moyen d’interaction atteint des valeurs élevées
puisqu’il
n’est
jamais
inférieur à 30 p. 100 du carré moyen « famille ». Enrevanche,
l’effet d’interaction est nonsignificatif
pour la fourchaison et lafréquence
de pousse d’août.C’est d’ailleurs sur ces deux caractères que l’effet famille se trouve être le
plus
faible àla fois dans
chaque
site et dansl’analyse
multisite. Par lasuite,
ces deux caractères ne serontplus
considérés.2.22. Utilisation des interactivités
Pour les caractères
présentant
une interactionsignificative
au seuil de 1 p.100,
les interactivités relatives des sites et des familles ont été calculées.2.221. Interactivités des sites
Une
participation équivalente
des 3 sites à l’interactionglobale correspondrait
à des interactivités relatives voisines de 33 p. 100 pour chacun d’eux. Cette situation ne se rencontre pour aucun desquatre
caractères du tableau 5. Parexemple,
pour ledébourrement,
le site 2 fournit à lui seul 63 p. 100 de l’interaction. En outre, un même sitepeut posséder
une interactivité forte pour un caractère et faible pour un autre(site 3).
Quel
que soit lecaractère,
l’interactivité relative du site 1 esttoujours pratiquement
laplus
faible. Ce siteparticipe
donc moins à l’interactionglobale
que les deux autres.Cependant, lorsque
le carré moyen d’interaction est très hautementsignificatif,
leclassement des familles dans un site dont l’interactivité relative n’est que de 20 p. 100
peut déjà
être très différent de celui réalisé sur l’ensemble del’expérience.
2.222. Interactivité des
familles
En raison du nombre élevé d’interactivités
calculées,
seule leur distribution pourchaque
caractère estprésentée
sur lafigure
3. Si toutes les familles étaientégalement
interactives,
ces distributions seraientuniformes, chaque
familleayant
une interactivité relative voisine de1,6
p. 100. Enfait,
pourchaque caractère,
deux groupes de famillespeuvent toujours
êtredistingués :
- un groupe
majoritaire
de familles à interactivités relatives faibles à moyennes, inférieures à 2 p.100 ;
- un groupe minoritaire de familles à interactivités relatives fortes à très
fortes, supérieures
à 4 p. 100.e Corrélations entre interactivités
Pour
chaque couple
de caractères, la valeur de la corrélation entre les deux groupes d’interactivités familiales est calculée(tab&dquo;. 6).
Aucune corrélation n’estsignifi-
cative. Les interactivités d’une même famille pour différents caractères sont donc
indépendantes
entre elles. Cetteindépendance
se constate même pour des caractèresassez fortement corrélés entre eux du
point
de vuegénétique
comme hauteur etflexuosité du fût.
TAol CAli f,
. Liaisons entre interactivités et
performances
desfamilles
Interactivités et
performances
des famillespeuvent
être liées. L’élimination des familles à fortes interactivitésrisque
alors d’entraîner une évolution de la moyennegénérale
et de la variance entre familles.La
figure
4présente,
pour la hauteur, l’interactivité relative des 63 familles enfonction de leur
performance
moyenne sur les 3 sites. La corrélation entre ces deux variables est nonsignificative.
Il en est de même pour les trois autres caractères. Dansce cas
particulier,
l’élimination des familles lesplus
interactives ne conduira donc pas àune évolution
importante
de la moyenne des caractères étudiés.. Evolution du F d’interaction en
fonction
do nombre defamilles
Certaines familles contribuent
plus
que d’autres à l’interaction. Leursuppression permet
de faire diminuer le carré moyen d’interaction et aussi la valeurcorrespondante
du test de FISHER dans le cas où, simultanément.. le carré moyen d’erreur reste stable
ou
augmente.
Les 63 familles ont été classées par interactivité croissante pour le caractère
hauteur,
cequi
apermis
d’éliminer une par une lesplus
interactives d’entre-elles.Après chaque élimination,
une nouvelleanalyse
de variance a été réalisée sur le groupe de familles restantes, et la nouvelle valeur du F d’interaction a été relevée. Les résultats obtenus sontprésentés
sur lafigure
5. La valeur du F d’interaction diminue de moitiéaprès
lasuppression
des 14 familles lesplus
interactives. Elle devient nonsignificative
au seuil de 5 p. 100lorsqu’il
ne resteplus
que les 42 familles les moins interactives. Les 21 familles retiréesreprésentent
à elles seules 74 p. 100 de l’interacti- vitéglobale
initiale.C .1’L, n..-,... v....,
Sur la
figure 6,
les mêmes valeurs des Ffigurent
en ordonnées. En abscisses sontportées
les valeurs cumulées des interactivités familiales calculées pour le groupe des 63 familles. Ces valeurs ont été obtenues en retranchant une à une à l’interactivité totale(qui
vaut100)
les interactivités relatives des familles classées par valeurs décroissantes.La liaison entre le F d’interaction et le
pourcentage
d’interactivité cumulée est presqueparfaitement
linéaire. Cette linéarité tient à deux causes :- la corrélation
parfaite qui
existe par construction entre lepourcentage
cumulé d’interactivité et la somme des carrésd’interaction ;
- la très bonne stabilité dans ce cas
particulier
du carré moyen résiduelquel
que soit le nombre de familles(cf. fig. 7),
en raison à la fois de son nombretoujours
élevéde
degrés
de liberté et del’homogénéité
des variances intra des familles éliminées.La
figure
7 montreégalement
que le carré moyen « famille et la moyennegénérale
de la hauteur restent relativement stableslorsque
les familles lesplus
interac-tives sont
progressivement
retirées. En cequi
concerne la moyenne, ils’agit
d’uneconséquence
directe del’indépendance
entre interactivité etperformance.
Pour le carré moyen « famille », ce résultatindique
que les familles interactives sontréparties
demanière
régulière
à l’intérieur de la distribution de l’ensemble des familles.Lorsque
seules sont conservées les familles les
plus
stables dansl’espace,
lespossibilités prati-
ques de sélection familiale ne sont donc modifiées que par le fait que le nombre de descendances restantes
(42
dans le casparticulier)
est réduit.-
Application
au cas de deux sites.Une
analyse
de variance suivant le modèle(.3)
a été réalisée pour les sites 1 et 2avec les 63
familles,
pour la hauteur. L’évolution du F d’interaction en fonction du pourcentage cumulé d’interactivité a été étudiéegrâce
au calcul des coordonnées de troispoints
seulement. Le très bonalignement
de ces troispoints
et la linéaritéobservée dans le cas des trois sites ont conduit par
extrapolation
à la droite de lafigure
6. Cette dernièreappelle
trois remarques :- la valeur du F d’interaction calculé sur 63 familles et pour les sites 1 et 2 est nettement
plus
faible que pour les trois sites : 1,9 et3,1 respectivement.
Ceci corres-pond
à la forteparticipation
du site 3 à l’interactionglobale
pour ce caractère(cf.
tabl.5) ;
- la
pente
de la droite des deux sites estplus
faible que celle des trois sites. Sur les sites 1 et2,
la diminution du F d’interaction en fonction dupourcentage
cumulé d’interactivité est doncplus
lente ;- pour rendre la valeur du F d’interaction sur les deux sites non
significative
à5 p.
100,
il suffit de retirersept
famillesqui
totalisent à elles seules39,4
p. 100 de l’interactivitéglobale.
Connaissant,
d’unepart,
la fonction linéaire entre le F d’interaction et le pourcen-tage
cumuléd’interactivité,
et, d’autrepart,
l’interactivité relative dechaque famille,
ilest
possible
de tracer la courbecorrespondant
au cas de deuxsites, présentée
à lafigure
5. L’utilisationpratique
de cette courbe estidentique
à cellequi
en a été faitedans le cas de trois sites.
e Interactivité bicaractère
Dans tout ce
qui précède,
seul le caractère « hauteur » a étéanalysé.
Des étudessimilaires
peuvent
être faites pour les trois autres caractèrespris indépendamment.
Cependant,
ilpeut
être nécessaire d’améliorer surplusieurs
caractères simultanément la stabilité parrapport
au milieu d’un ensemble de familles.Les interactivités relatives des différents caractères sont
indépendantes
les unes desautres. Une interactivité
synthétique,
définie par la formule(6),
a donc été calculée surles 3 sites pour la hauteur et le
débourrement, qui
sont les deuxprincipaux
caractèrespris
en considération par les améliorateursfrançais
duDouglas.
Paranalogie
avec ladémarche suivie pour un seul
caractère,
l’évolution des F d’interaction des deux caractères estreprésentée
sur lafigure
8lorsque
les familles classées par interactivités relativessynthétiques
décroissantes sontprogressivement
éliminées.La
comparaison
desfigures
5 et 8 conduit à observer que la décroissance du F d’interaction de la hauteur est à la foisplus irrégulière
etplus
lentelorsque
l’interacti- vitésynthétique
est utilisée. Deplus,
le nombre de familles à éliminer pour rendre la valeur du F d’interaction nonsignificative
à 5 p. 100 est de33,
au lieu de 21précédemment.
La valeur du F d’interaction pour le
débourrement, qui part
d’une valeur pour 63 familles moins élevée que celle de la hauteur, atteintplus rapidement
le seuilauquel
elle n’est
plus significative.
Globalement,
la forme des deux courbes de lafigure
8 estcomparable. Cependant,
de fortes différences
ponctuelles
depente peuvent
être observées en raison de l’absencede corrélation entre les interactivités des deux caractères
(en particulier
entre 60 et 58familles).
Inversement l’élimination dequelques
famillesparticulières,
dont l’interacti- vité relative est forte pour les deuxcaractères,
faitparfois
évoluer les 2 courbes de manièreparallèle (cf.
62’ et 61’familles).
Au total, la
possibilité
de sélectionner un groupe assez nombreux de familles stables pourplusieurs
caractèresdépend
à la fois :- de
l’importance
des F d’interactionpour chaque caractère ;
- de la distribution des interactivités familiales pour
chaque caractère ;
- des corrélations entre interactivités familiales.
3. Discussion - Conclusion
Cette étude concerne trois stations
expérimentales
aux climats et aux conditionsédaphiques
très variés.L’apparition
d’une forte interaction« génotype
x milieu » n’estdonc pas
surprenante.
Une
partie
de cette interaction peut être due au niveau provenance, mais le matérielvégétal expérimenté
nepermet
pas d’isoler cettecomposante.
Eneffet,
lepeuplement
le mieuxreprésenté,
La Perrière, ie l’est que par six descendances.Cependant,
les provenances artificiellesfrançaises
deDouglas
incluses dans cetteexpérience
ont démontré par ailleurs une excellente stabilité sur des sites très compara- bles à ceux étudiés ici(ROSETTE, 1986).
Il semble doncpossible
d’émettrel’hypothèse
que le niveau « descendance maternelle » est
principalement responsable
de l’interaction« génotype
x milieu » mise en évidence.Cette interaction s’observe en
premier
lieu sur lavigueur,
cequi
étaitprévisible,
etaussi sur d’autres caractères
importants
pour l’améliorateur et habituellement considéréscomme relativement stables dans
l’espace
parce que soumis à un contrôlegénétique plus
strict : le débourrement, la flexuosité du fût,l’angle
des branches. Dans tous les cas, le carré moyen d’interactionreprésente
de 30 à 45 p. 100 du carré moyen« famille », et il est donc
impératif
d’en tenir compte dans un schéma d’amélioration.Deux des voies
proposées
par FnLxFtvanceN(1985) peuvent
êtreempruntées :
- réunir les sites
expérimentaux
en groupes à l’intérieurdesquels
l’interaction famille x milieu est minimale. Unepopulation
d’amélioration et unepopulation
deproduction
degraines peuvent
alors être sélectionnées etgérées
dans chacun de cesgroupes.
Ainsi,
dansl’exemple présenté
et pour le caractère « hauteur », deuxrégions
d’amélioration
pourraient
êtreconstituées,
l’une pourPeyrat-le-Château
et Saint-Girons(sites
1 et2),
l’autre pourEpinal (site 3). Lorsque
l’interaction se manifeste fortement entre de nombreuxsites,
cette démarche a l’inconvénient d’alourdir le travail de sélection par lamultiplication
desrégions d’amélioration ;
-
supprimer
les familles lesplus
interactives. Sur les 3 sitesanalysés,
cettesolution
permettrait
d’obtenir un ensemble de 42 familles « stables » vis-à-vis du milieu pour la hauteur. Laprise
encompte
en sus du caractère « débourrement » ferait passerce nombre à 30 seulement. Si la flexuosité du fût et
l’angle
de branche étaientégalement pris
en considération, l’effectif final serait encoreplus réduit,
en raison del’indépendance
des interactivités familialesindiquée
au tableau 6. Dans le casparticulier
de cette
étude,
les 63 familles dedépart
formaient donc un ensemble trop limité pourqu’il
soitpossible
dedisposer, après suppression
des familles instables pour différentscaractères,
d’un nombre de familles assezgrand
pourqu’une
sélection familiale soitencore efficace. Comme pour toute
sélection,
l’effectif de lapopulation
initiale est doncessentiel pour que l’améliorateur
dispose
infine
d’un nombre suffisant degénotypes.
Sur le
plan méthodologique,
le calcul des interactivitésapporte
de nombreuses informations ausélectionneur,
mêmequand
le nombre de sites est faible :- il
permet d’identifier,
caractère parcaractère,
les sitesqui participent
éventuel-lement
plus
fortement que les autres àl’interaction ;
- il
permet
de classer lesgénotypes
en fonction de leur interactivité pour grouperceux
qui
sont stables vis-à-vis du milieu.Cependant
la formation de tels ensembles n’est pastoujours possible
nisouhaitable,
en raison des différentsparamètres qu’il
fautprendre
encompte :
e la distribution des interactivités
génotypiques ; lorsque
toutes les interactivités relatives sont fortementregroupées
autour de la valeur moyenne, la sélection degénotypes
stables estpratiquement impossible.
Al’inverse,
celle-ci est d’autantplus
facile que se différencie nettement un
petit
groupe degénotypes ayant
de très fortes interactivitésrelatives ;
. l’évolution de la moyenne et de la variance
(inter
etintra)
desgénotypes ;
cesparamètres peuvent
varier dans un sens favorable ou défavorable pour le sélectionneurquand
celui-ci élimine lesgénotypes
lesplus instables ;
a le nombre de
génotypes
restantaprès
la sélection pour lastabilité, qui
doit êtresuffisant pour que la base
génétique
soit assezlarge ;
. l’existence éventuelle de
génotypes présentant
à la fois une forte interaction et desperformances
bonnes à très bonnes dans certainsmilieux,
dont l’éliminationreprésenterait
uneperte génétique
grave dans ces milieux.Enfin, lorsque plusieurs
caractères sont considéréssimultanément,
la recherche degénotypes
stables vis-à-vis du milieupeut
se fairegrâce
au calcul d’une interactivitésynthétique
multicaractère. Dans le cas de caractères dont les stabilités sontindépen-
dantes les unes des autres, une
simple
moyennepondérée
comme celle utilisée ici estsuffisante. Dans le cas
contraire,
les interactivités élémentairespeuvent
être transfor-mées par une
analyse
encomposantes principales
en combinaisons linéaires d’interacti- vités corrélées, comme lesuggèrent
BARADAT & Ynznnrn(1987).
Engénéral,
lenombre de
génotypes
stables finalement retenus par une telleapproche
seraplus
faibleque dans le cas d’un seul caractère.
Reçu
le 3juin
1986.Accepté
le 25 novembre 1986.Summary
Family
x site interaction in a three-siteprogeny-test
withDouglas-Fir (Pseudotsuga
menziesii(Mirb.) Franco)
Material and Methods
The results
given
in this paper come from a multi-site provenance-progeny test with artificial frenchorigins
ofDouglas-Fir (63 open-pollinated progenies).
Theecological
features of the three field trials are very different(fig. 1),
eachbeing
however considered « normal for thisspecies.
Six traits are taken into account, most of them assessed at age 7 in the field, i.e. 10 years after the seed : total
height, flushing,
stemsinuosity,
branchangle, forking,
lamma shootfrequency (fig.
2).
The aim is to revealfamily
x site interaction and to find apractical
way ofselecting
stable-in-space
progenies.
Analysis
of variance isperformed
at within and between-sites levels(models
1, 2,3).
Between sites, the contribution of each site andfamily
to the overall interaction sum of squares is evaluatedthrough
its relativeinteractivity
defined as the inverse of Wxtcrce’s ecovalence(1962) (models
4and
5).
Asynthetic interactivity
isproposed
to evaluatefamily stability
for some traits simulta- neously(model 6)
whensingle-trait
interactivities areindependant.
Results
- Site
by
site(tabl.
2 and3).
From one site to another, large differences appear ongrand
means,
family-effect
F-values and bctween-tiaits correlations.- Overall,
highly significant family
x site interactions are found on totalheight, flushing,
stemsinuosity
and branchangle (tabi. 4).
On the two other traits, interaction is notsignificant.
- Relative interactivity of site 1 is
generally
the lowest, whereas that of site 3 is among thehighest (tabl. 5).
- For each trait, a limited group of
progenies
the interactivities of which arehigh
is revealedon
figure
3. Relative interactivities of families areindependant
from each other(tabl. 6)
and fromfamily-means
for the same trait as well(fig.
4). Onfigure
5, it is shown how family x siteinteraction on total
height
is reduced when the most interactive families are removed oneby
one.When 42 families only are left, interaction F-value is no longer
significant
at 5 p. 100 level. When the number of families is reduced, totalheight grand
mean, error andfamily
mean squares are not much affected as shown onfigure
7.- Families are
arranged
and removed indescending
order of asynthetic interactivity
on totalheight
andflushing,
which are the main traitsinteresting
the FrenchDouglas-Fir
breeders. Thecorresponding
evolution of interaction F-values on each trait is shown onfigure
8. Tobring
bothF-tests to non
significant
values at 5 p. 100 level, it is necessary to remove 33progenies,
so thatonly
30 are left. Such a limited group of families is considered too small for further selection.Discussion - Conclusion
On this
sample
ofDouglas-Fir progenies,
alarge family
x site interaction is detected. This interaction affects totalheight,
which is nosurprise,
and alsoflushing,
stemsinuosity
and branchangle
which were up-to-now considered less sensitive to site effect.Both choices offered
by
FALKENHAGEN (1985) to deal with G-E interaction are discussed.Finally, methodological
usefullness in treebreeding
of interactivities derived from WRICKE’S ecovalences isemphasized,
and some parameters worthlooking
at are listed.Key words :
Genotype by
environment interaction,fialf-sibs
progeny,height growth, flushing,
stem
form,
branchangle, Pseudotsuga
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