Nous avons commencé, il y a quelque temps déjà, à étudier certaines prières de l’apôtre Paul, pour apprendre à mieux prier. Dans cette entreprise, je m’inspire d’un livre magnifique du professeur CARSON1, et comme j’avance lentement, les traducteurs ont eu le temps de le traduire en français ; il vient de paraître sous le titre : « La prière renouvelée »2.
Dans un premier temps, nous avons examiné une prière qui se trouve dans la deuxième épître aux Thessaloniciens3, et nous en avons retenu que Paul a des lunettes de prière très particulières, que sa prière porte avant tout sur deux choses : sur la grâce que Dieu a dispensée, c’est-à-dire le fruit que portent ces chrétiens, et sur la fin des temps. Ses demandes expriment cette double vision : que Dieu fasse encore jaillir sa grâce, en accomplissant les projets des chrétiens et en les rendant dignes de l’appel reçu, dignes du royaume glorieux qui se prépare, qui vient.
Ensuite, nous nous sommes intéressés à une autre prière de l’apôtre, qui se trouve dans la première épître aux Thessaloniciens4. Elle nous a permis de comprendre à quel point Paul s’intéresse aux gens : ce ne sont pas les signes de la grâce en tant que tels, qui l’intéressent, mais des signes de grâce dans la vie des gens ; ce n’est pas la fin des temps en tant que telle qui l’intéresse, mais son impact et son implication dans la vie des gens. Il prie avec passion pour les gens que Dieu a mis sur sa route, et nous encourage à faire de même.
1 Donald A. CARSON, A Call to Spiritual Reformation, Grand Rapids, Baker Books, 1992, 230 p. J’ai également écouté avec profit plusieurs prédications sur notre texte, données dans la All Souls Church de Londres par les frères John STOTT et Richard BEWES.
2 Donald A. CARSON, La prière renouvelée, Excelsis, 2005, 272 p.
3 2 Th 1.1-12
4 1 Th 2.17-3.13
Ce matin, nous étudierons une prière de Paul pour les Colossiens, qui se trouve au début de l’épître. Je vous demande de bien vouloir vous lever pendant la lecture, en signe de respect pour la parole de Dieu. Colossiens, chapitre premier, versets 3 à 205 :
3 Nous rendons toujours grâce à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus-Christ, quand nous prions pour vous ; 4 nous avons en effet entendu parler de votre foi en Jésus-Christ et de l’amour que vous avez pour tous les saints, 5 à cause de l’espérance qui vous est réservée dans les cieux, espérance dont vous avez entendu [parler] précédemment par la parole de la vérité, la bonne nouvelle 6 qui vous est parvenue ; comme elle porte du fruit et croît dans le monde entier, il en est de même chez vous, depuis le jour où vous avez entendu et connu la grâce de Dieu en vérité, 7 d’après les instructions que vous avez reçues d’Epaphras, notre compagnon d’esclavage bien-aimé ; il est un serviteur fidèle du Christ en votre faveur, 8 et il nous a montré votre amour dans l’Esprit. 9 C’est pourquoi, nous aussi, depuis le jour où nous l’avons entendu, nous ne cessons de prier Dieu pour vous et de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, 10 pour que vous vous comportiez d’une manière digne du Seigneur, avec un entier désir de lui plaire, portant du fruit par toutes sortes d’oeuvres bonnes, croissant dans la connaissance de Dieu,
11 rendus puissants à tous égards par sa force glorieuse, pour [acquérir] une persévérance et une patience à toute épreuve, avec joie, 12 rendant grâce au Père qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière, 13 [le Père] qui nous a arrachés du pouvoir des ténèbres et nous a placés dans le royaume de son Fils bien-aimé, 14 en qui nous avons la rédemption, le pardon des péchés, 15 [le Fils] qui est l’image du Dieu invisible, le premier-né de toute création ; 16 car c’est en lui que toutes choses ont été créées dans les cieux et sur la terre, visibles et invisibles, trônes, seigneuries, principats, autorités ; tout a été créé par lui et pour lui. 17 Il est avant toute chose, et tout tient ensemble en lui, 18 il est la tête du corps – qui est l’Eglise, [lui] qui est le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin d’être en tout le premier. 19 Car Dieu a jugé bon de faire habiter en lui toute la plénitude
20 et, par lui, de tout réconcilier avec lui-même, aussi bien ce qui est sur la terre que ce qui est dans les cieux, en faisant la paix par lui, par le sang de sa croix.
Remarques préliminaires
La prière proprement dite commence au verset 9 et se termine, si l’on veut, au verset 14. Je voudrais attirer votre attention sur deux faits intéressants.
Premièrement, Paul prie pour des gens qu’il ne connaît pas. Il ne les a encore jamais rencontrés. Il en a entendu parler, c’est tout. Nous ne connaissons pas les circonstances précises de la fondation de l’Eglise de Colosses. Peut-être Epaphras, qui est mentionné au verset 7 et encore au chapitre 46 y a été impliqué, mais, à vrai dire, nous n’en savons rien. Ce que nous savons, c’est qu’au moment où il écrit, Paul ne connaît pas ces chrétiens7, mais cela ne l’empêche pas de prier pour eux depuis le jour où nous l’avons appris, verset 9.
Paul peut dire que nous ne cessons de prier Dieu pour vous ; il prie sans cesse, comme il le fait pour d’autres Eglises8. Probablement, il ne faut pas y voir une référence à un mystérieux état de prière continue, mais simplement que Paul maintient des moments de prière réguliers et qu’il pense à l’Eglise de Colosse pendant ces moments. Ce n’est pas une prière unique, ponctuelle, pour l’occasion. Son souci de les porter dans la prière s’inscrit dans la durée.
5 Il s’agit de la traduction de la NBS, revue par nos soins.
6 4.12s
7 cf. 2.1
8 Eph 1.16 ; Ph 1.4
Passons maintenant au contenu de cette prière.
1. Paul prie pour leur croissance dans la connaissance de la volonté de Dieu
On peut voir deux grands sujets dans la prière de Paul. Le premier apparaît au verset 9 : … nous ne cessons … de demander que vous soyez remplis de la connaissance de sa volonté …
Qu’est-ce que ça veut dire ? Si vous allez dans une librairie chrétienne et demandez un ouvrage sur la volonté de Dieu, il y a des chances qu’on vous propose un ouvrage qui cherche à vous aider dans le discernement de la volonté de Dieu dans les grands choix de la vie : métier, conjoint, Eglise locale … Du coup, quand la Bible parle de la volonté de Dieu, on pense presque automatiquement à ça.
Nous avons abordé cette question il y a quelques années, et j’ai essayé de vous montrer qu’il s’agit là d’une déformation typiquement évangélique d’un concept beaucoup plus général. La Bible ne nous encourage pas à scruter le marc de café ou à nous reposer sur des circonstances particulières pour faire nos choix, mais à nous conformer à la volonté de Dieu telle qu’elle nous est transmise dans l’Ecriture. Faire la volonté de Dieu, c’est avant tout faire ce qu’il a ordonné. Il ne s’agit pas tant de chercher la volonté de Dieu, comme si elle était cachée. Non, elle n’est pas cachée, nous l’avons entre les mains, ça s’appelle les Ecritures ! Mais il s’agit de chercher à la mettre en pratique. Pour forcer un peu le trait, je dirais que la volonté de Dieu, ce n’est pas que j’épouse Huguette plutôt que Marie-Anémone, mais que celle que j’épouse soit un enfant de Dieu, par exemple.
L’Ecriture n’en fait d’ailleurs pas un secret. Aux Thessaloniciens, Paul écrit9 : La volonté de Dieu, c'est votre consécration : abstenez-vous de l'inconduite sexuelle … Ou encore10 : Réjouissez-vous toujours, priez continuellement, rendez grâce en toute circonstance : telle est, à votre égard, la volonté de Dieu en Jésus-Christ. Voilà des aspects de la volonté de Dieu, pas la peine de la mystifier. Et tant que nous ne sommes pas en phase avec cette volonté générale et révélée de Dieu, inutile de chercher une volonté spécifique et cachée.
J’insiste sur ce point parce que, l’envie de chercher la volonté de Dieu pour ma vie, pour mon mariage, pour mon travail etc., peut cacher une forme pieuse d’égocentrisme. Tout tourne autour de moi, ce qui n’est pas vraiment la perspective biblique. Il me semble plus sain de demander à Dieu « apprends-moi de faire ta volonté » plutôt que « apprends-moi ta volonté à mon sujet », comme si j’avais un place suréminente dans le plan de Dieu.
9 1Th 4.3
10 1Th 5.16-18
Paul prie que les Colossiens soient remplis de la connaissance de la volonté de Dieu. Il veut que cette connaissance croisse en eux et les remplisse, un peu comme un bébé pousse dans le ventre de sa mère et finit par la remplir. Cette croissance dans la connaissance de Dieu a bien sûr un côté intellectuel ; c’est pourquoi nous étudions l’Ecriture avec sérieux. Mais ce n’est pas une simple démarche intellectuelle pour autant. Paul écrit quelque part11 : Ne vous conformez pas à ce monde-ci, mais soyez transfigurés par le renouvellement de votre intelligence, pour discerner quelle est la volonté de Dieu : ce qui est bon, agréé et parfait. Et ailleurs, il dit12 : Veillez donc avec soin à la façon dont vous vous comportez : que ce ne soit pas comme des fous, mais comme des sages. Rachetez le temps, car les jours sont mauvais. Ne soyez donc pas sans intelligence, mais comprenez quelle est la volonté du Seigneur. Nous sommes dans le bain de la société qui nous entoure et nous encourage à un certain nombre d’attitudes malsaines et même folles. Face à cela, la paresse ou la recherche du plaisir peuvent nous faire rater des occasions de montrer, par notre comportement, quelle est la volonté de Dieu.
Paul prie pour que les Colossiens connaissent la volonté de Dieu afin de pouvoir résister aux pressions de la culture ambiante païenne. Don CARSON écrit à ce sujet :
« Y a-t-il quelque chose dont notre génération a un besoin plus urgent ? Certains d’entre nous ont couru après chaque mode, suivi tous les mouvements, adopté tous les gadgets, … D’autres parmi nous ont manifesté leur attachement ferme à chaque tradition, se sont décidés à changer le moins possible, ont adoré ce qui est ancien simplement parce que c’est ancien. Mais où sont les hommes et les femmes dont la connaissance de Dieu est aussi fraîche que profonde ? Où sont les hommes et les femmes qui trouvent leurs délices dans le fait de penser les pensées de Dieu à sa suite, de façon à ce que leur étude des Ecritures ne soit jamais purement intellectuelle ou centrée autour d’eux-mêmes ? Où sont les hommes et les femmes ayant un désir si fort de plaire à Dieu qu’il laisse derrière leur désir malsain de briller en public ? »13
L’homme ne vit pas de pain et de lecteurs DVD seulement. Nous avons désespérément besoin de méditer chaque parole que Dieu nous adresse. Or dans l’Eglise même, la connaissance la plus basique de la Bible est sur le déclin. Certes, il ne suffit pas de connaître sa Bible, mais la connaissance de la volonté de Dieu dont parle Paul passe forcément par là.
C’est d’ailleurs vrai pour l’Eglise partout dans le monde. C’est vrai dans les pays où elle connaît une croissance rapide, que ce soit en Chine, en Afrique et en Amérique du Sud : cette belle croissance peut être mise en péril si elle ne s’accompagne pas d’un approfondissement de la connaissance de la volonté de Dieu. Et c’est vrai en Occident, où nous sommes en train de dilapider allègrement notre héritage et où cette connaissance diminue alors que notre fascination pour les techniques et les gadgets augmente. N’en doutons pas, la prière de Paul est d’actualité.
11 Rm 12.2
12 Eph 5.15-17
13 CARSON, Call, p. 103 : « Is there anything that our own generation more urgently needs than this ? Some of us have chased very fad, scrambled aboard every bandwagon, adopted every gimmick, pursued every encounter with the media. Others of us have rigidly cherished every tradition, determined to change as little as possible, worshipped what is aged simply because it is aged. But where are the men and women whose knowledge of God is as fresh as it is profound, whose delight in thinking God’s thoughts after him ensures that their study of Scripture is never merely intellectual and self-distancing, whose desire to please God easily outstrips residual and corrupting desires to shine in the public ? »
2. Un comportement digne du Seigneur
Elle ne s’arrête d’ailleurs pas au verset 9. Au verset 10, nous pouvons voir la suite logique de sa requête ; Paul prie que vous vous comportiez d’une manière digne du Seigneur, avec un entier désir de lui plaire.
Dans sa prière pour les Thessaloniciens14, Paul avait prié que vous soyez jugés dignes du royaume de Dieu ; ici, il mettrait la barre encore plus haute, si c’était possible. Il veut que les Colossiens se comportent d’une manière digne du Seigneur, caractérisée par un entier désir de lui plaire.
Je ne vous apprends rien en vous disant que le chrétien devrait constamment se poser la question : « Qu’est-ce que Jésus voudrait que je fasse ? Quel discours, quel comportement est digne de lui ? Que faut-il éviter, simplement parce qu’il aurait honte de moi ? Que lui ferait le plus plaisir ? » La réponse à ces questions peut transformer de fond en comble notre façon de travailler, de passer notre temps libre, de parler à notre conjoint ou aux enfants (ou aux parents), d’envisager des ministères dans l’Eglise locale, ce que nous lisons, ce que nous regardons à la télé, comment nous traitons nos voisins, comment nous dépensons notre argent …
La connaissance de la volonté de Dieu n’est donc pas un but en soi, mais elle nous permet de savoir comment plaire à Dieu. Paul ne reste pas dans l’abstraction. Quatre participes dans le texte nous indiquent comment cette conduite se traduit sur un plan pratique :
Premièrement … portant du fruit par toutes sortes d’oeuvres bonnes … C’est un lieu commun de la révélation biblique. Vous connaissez tous le verset d’Ephésiens où Paul dit15 :
… nous avons été créés … pour des œuvres bonnes que Dieu a préparées d'avance, afin que nous les pratiquions. Dimitri ayant beaucoup insisté sur cet aspect dans son enseignement, je n’ai pas besoin de m’y attarder. Si nous nous contentons de discours pieux sans les traduire en œuvres bonnes, nous sommes une pâle contrefaçon de chrétien.
Deuxièmement : … croissant dans la connaissance de Dieu … Tiens ! Connaître la volonté de Dieu, pour vivre d’une manière qui lui plaise, croissant dans la connaissance de Dieu … la boucle est bouclée ! Nous avons eu l’occasion, en étudiant l’Evangile de Jean16, de voir ce cercle vertueux. En vérité, il n’y a, dans la vie chrétienne, que le choix entre avancer et reculer. Si nous conformons notre vie à la connaissance que nous avons de la volonté de Dieu, notre connaissance de cette volonté augmentera, s’approfondira ; du coup, nous serons mieux
14 2Th 1.5
15 Eph 2.10
16 Jn 7.17
à même de conformer notre vie, ce qui augmentera notre connaissance de sa volonté …, et ainsi de suite. Si nous l’ignorons ou la méprisons, notre connaissance de sa volonté ira en diminuant. Face à Moïse, Pharaon s’est endurci à ne pas vouloir entendre17, et pour finir nous lisons que Dieu l’a endurci18. Nous pouvons nous inscrire dans un mouvement qui nous tire vers le haut ou vers le bas ; à nous de faire le choix – mais si nous voulons croître, nous ne pourrons pas contourner le chemin de l’obéissance.
Troisièmement, verset 11 : … rendus puissants à tous égards par sa force glorieuse, pour [acquérir] une persévérance et une patience à toute épreuve … Ça, c’est très intéressant.
Parfois, on a tellement envie de puissance, n’est-ce pas ? J’entends parfois des frères et sœurs s’adonner à des fantasmes de puissance. « On renversera des forteresses, on plantera la bannière du Christ dans le territoire ennemi ! … » Le diable n’a qu’à bien se tenir ! Ce qui me frappe ici, c’est la façon dont la puissance se traduit : persévérance et patience à toute épreuve ! On est tout de même loin de Rambo et compagnie. En fait, cette puissance nous rend semblable à notre chef, dont la vie sur terre a tellement été empreinte de cette patience.
Elle permet au disciple de survivre dans la joie quand il est persécuté, garder son sang-froid quand il est insulté, faire confiance à la providence gracieuse de Dieu quand il souffre. La puissance de l’Esprit se manifeste dans la faiblesse, dans la détresse ; c’est quand je suis faible que je suis fort. Don CARSON écrit à ce sujet :
« Ce ne sont pas des vertus populaires à notre époque. Nous exaltons le champagne : beaucoup de bulles et de l’euphorie, mais peu de valeur nutritive pour le long terme. Dans une période où l’on est impatient, on plébiscite des solutions rapides, on vénère le succès, on chérit la victoire, on chante les louanges de l’indépendance et on promet des triomphes faciles, où la persévérance et la patience à toute épreuve ne semblent pas les qualités les plus désirables à première vue. Mais la vérité, c’est qu’elles sont tellement au-delà des capacités humaines qu’il faut l’Esprit de Dieu [pour les atteindre]. »19
Quatrièmement : … avec joie, verset 12, rendant grâce au Père … Le bout du bout, dans la vie chrétienne, c’est de rendre grâce au Père de qui nous avons tout reçu : notre vie, notre salut éternel, notre Seigneur. La célèbre confession de foi de Westminster commence par la question « Quel est le but principal de la vie de l’homme ? » Et elle répond aussitôt : « Le but principal de la vie de l’homme est de glorifier Dieu et de se réjouir en lui. »20 Dans cette perspective, qui me semble juste, il est tout à fait convenable de terminer la prière pour les Colossiens sur ce ton.
Si vous lisez plus loin, vous verrez que cette prière inspire à l’apôtre un des plus beaux textes sur le Christ ; elle explose littéralement dans un passage époustouflant de beauté, les versets 15 à 20. Mais si vous voulez rentrer avant ce soir, nous devons quitter Paul à cet instant.
Faisons le point. Nous avons vu que Paul prie. Il prie pour une inconnue, l’Eglise de Colosses. Elle est formée par des gens qu’il ne connaît que par ouï-dire. Et pourtant, il prie pour eux, avec persévérance. Il prie pour leur croissance dans la connaissance de Dieu, dans
17 Ex 7.13s,22 ; 8.11,15,28 ; 9.7,34,35
18 9.12 ; 10.1,20,24 ; 14.4,8 ; il est vrai que l’annonce est déjà faite dans 4.8
19 CARSON, Call, p. 108s : « We extol champagne : lots of fizz and a pretty good high, but having no nutritional value for the long haul. In an age when tempers are hot, quick solutions are ardently courted, success is revered, victory is cherished, independence is lauded, and easy triumphs are promised, “great endurance and patience” at first glance seem less than stellar qualities. But the truth is, they are so far beyond human capacity that they require the power of the Spirit of God. »
20 « What is the chief end of man ? » The answer : « The chief end of man is to glorify God and enjoy Him forever. »
la perspective qu’ils puissent plaire à Dieu : par leurs œuvres, par leur connaissance de sa volonté, par leur patience et leurs actions de grâces.
Et alors ? Cela nous pose une question : et nous ?
Il y a fort à parier que nous priions pas comme Paul. Pour la plupart d’entre nous, notre prière, c’est avant tout des requêtes personnelles : la santé, le rétablissement, la sécurité sur la route, un bon poste, la réussite dans les examens, les besoins de nos enfants, l’obtention d’un crédit, et que sais-je encore. On a pu dire21, avec raison, je crois, que notre prière même peut être un témoignage de l’avancée remarquable du paganisme dans notre vie et notre pensée.
Et si le moment était venu de changer ça ?
Je vais vous faire un aveu. Je ne suis pas du tout exemplaire dans le domaine de la prière, ce n’est pas du tout mon point fort, et je le dis sans coquetterie, sans fausse humilité : souvent je ne suis pas très fier de ma vie de prière. Plusieurs d’entre vous pourraient être mes maîtres dans ce domaine, et mieux en parler que moi, je le sais. Mais il n’empêche, il faut que ces choses soient dites. Si nous écoutons Paul prier, nous sommes encouragés à prier avec constance, à prier pour d’autres, à dépasser des prières au ras des pâquerettes, au minimum syndical, du genre : « Bénis un tel et un tel et un tel … je ne sais pas ce qu’il leur faut, mais toi, tu le sais … » Paul ne connaît pas les Colossiens, mais il ne se contente pas de prier comme ça pour eux. Et si vous manquez d’inspiration, pourquoi ne pas reprendre une de ses prières, et les prier avec untel ou untel à l’esprit ?
Je voudrais ajouter un dernier point, concernant la persévérance. Paul prie sans cesse pour ces gens, et cela aussi nous concerne. Ce que je voudrais dire n’a rien de normatif ou d’obligatoire, et relève plutôt du témoignage. J’ai pendant longtemps eu beaucoup de mal dans le domaine de la persévérance, et puis un jour, quelqu’un m’a suggéré une astuce qui m’a beaucoup aidé : il m’a conseillé d’avoir un classeur de prière22. Qu’est-ce que c’est ? Je vais vous montrer le mien, ce sera plus clair. C’est une sorte de parapheur qui comporte plusieurs compartiments dont chacun contient des feuilles volantes. Le premier compartiment est intitulé « Indispensables » ; on y trouve une liste de gens pour lesquels je dois prier, et même si possible à chaque fois que j’ai un moment de prière : ma famille proche, et puis telle ou telle personne qui me tient particulièrement à cœur. Cette liste est donc forcément restreinte et varie peu dans le temps. Vient ensuite le compartiment « Eglise ». J’y ai mis l’annuaire que le Conseil a distribué. Le bulletin de l’Eglise est également stocké ici, de façon à ce que je puisse prier pour les familles de la semaine. Chaque fois que je prie, je prends deux ou trois familles, et je prie pour chaque personne. De cette façon je fais le tour de l’Eglise en moins d’un mois. Idem pour le troisième compartiment : « Collègues de travail ».
J’y ai mis toutes les personnes de mon service. Ensuite, il y a un quatrième compartiment consacré aux demandes particulières de personnes qui m’ont confié un sujet particulier.
Quand quelqu’un me confie un tel sujet, je mets une petite fiche dans mon classeur, histoire de ne pas oublier, malgré ma mauvaise mémoire. Le dernier compartiment est réservé aux sujets de prière dont j’ai connaissance par ailleurs : par des lettres de nouvelles de missionnaires, par le journal de Portes Ouvertes etc. On y trouve encore le fascicule de « 30 jours de prière pour le monde musulman », par exemple. Le fait d’avoir un tel classeur de prière permet de ne pas égarer les demandes quelque part pour les retrouver un an après sous
21 CARSON, Call, p. 96s : « … a wretched testimony to the remarkable success of the processes of paganism in our life and thought … »
22 C’est encore CARSON, Call, p. 27-29.
une pile de documents. Et on peut facilement mettre à jour son contenu. Tel missionnaire m’envoie sa nouvelle lettre ? Elle remplacera l’ancienne, tout simplement.
Quand j’ai le temps, je complète par un ouvrage que je vous conseille vivement. Essayez de vous le procurer, ou, si vous ne pouvez pas, faites des photocopies de l’exemplaire qui se trouve dans la bibliothèque de l’Eglise : « Flashes sur le monde » permet de prier, comme Paul, pour des gens que nous ne connaissons pas. Chaque jour, un pays du monde nous est proposé, avec des sujets de prière rédigés par des frères et sœurs qui sont sur place. Ainsi, vous prierez pour l’avancement du Royaume en Mongolie, en Argentine ou encore dans des coins du monde dont vous ignoriez l’existence même.
Bien sûr, tout cela demande un peu de temps, mais l’un des multiples avantages du système est que vous pouvez adapter votre intercession au temps dont vous disposez. Tel jour je suis à la bourre ou crevé et je me contente de quelques « indispensables ». Tel autre jour, je suis disponible, et ma prière va jusqu’au Kazakhstan. Telle est aussi la glorieuse liberté des enfants de Dieu23.
Comment terminer cette prédication autrement que dans la prière ?
Père céleste, nous te remercions pour ta Parole qui nous humilie parfois et qui nous stimule toujours. Quand nous méditons les prières de ton serviteur Paul, nous mesurons la pauvreté des nôtres. Nous te demandons d’avoir pitié de notre faiblesse et de nous permettre de grandir en maturité, en connaissance de ta volonté. Nous te prions de nous aider à mener une vie, et une vie de prière, qui te plaise et qui soit digne de notre Seigneur Jésus-Christ. Que ton Esprit qui a inspiré Paul nous visite et nous transforme – voilà notre prière.
Amen.
« Que ma vie te glorifie » (JEM 1 295)
6/11/2005 EEB Clermont-Ferrand
23 Adaptation libre de Rm 8.21
