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D O S S IE R

Juillet/Août 2009 - SANTÉ INTÉGRATIVEN°10 19

dépressif. Succès assuré ! ! !

Propos sur la dépression

La dépression est une grave pandémie, dont le sens symbolique “mort et renaissance”

est puissant. La dépression prend des formes très variées et nécessite l'intégration de thérapies aussi variées. Les antidépresseurs perdent de leur “aura”, tandis que la thé- rapie par la pleine conscience fait son entrée.

tité, vous pourrez ainsi vous offrir ces sensations intéressantes d’écrou- lement de votre énergie, et de remon- tée fulgurante de votre tonicité qui caractérise l’hypoglycémie, bienve- nue sur la planète addiction. Et pour ne pas être en reste, consommez exci- tants, tabac et autres substances addic- tives. Il est bon également de respirer le plus superficiellement possible, grâce à cela votre organisme va s’en- toxiner, la fatigue et le manque de vitalité s’installer, ainsi que des trou- bles nerveux et l’insomnie. Vivez le plus possible dans le monde virtuel, pensez à l’instant d’après, à ce que vous allez pouvoir consommer dans le futur, à ce que vous n’avez pas et qui serait tellement génial si vous l’aviez. À ce stade, vous devriez pou- voir éprouver de l’hypertension, si toutefois le résultat n’est pas à la hau- teur, devenez extrêmement ambitieux et compétitifs, peaufinez des straté- gies qui vous permettront d’arracher le pouvoir aux autres, et manœuvrez pour le garder envers et contre tout.

Même vos loisirs doivent être com- pétitifs, la vie n’est-elle pas une lutte permanente où survit le plus fort ? Vous pouvez aussi faire un travail qui ne vous intéresse pas, et dans ce cadre, vous entraîner à en faire le moins possible, en favorisant l’en- nui, plutôt que l’action, ou être dans un emploi où l’on vous demande l’impossible, sous la contrainte ou la menace, persévérez le plus possi- ble en pensant que c’est l’unique solu- tion de votre vie. La dépression devrait alors être au rendez-vous.

Donnez aux autres les responsabili- tés quant à votre bonheur, au prési- dent, au gouvernement, à votre femme ou votre mari, votre amant, vos parents, à la religion ou au pro- grès de la science, n’oubliez pas le psy et le médecin, attendez d’eux qu’ils vous prennent en charge et vous satisfassent, cela devrait engendrer un maximum de frustration et de déception, réalisez que vous ne pou- vez faire confiance à personne, et faites savoir à tous combien ils sont

responsables de votre mal-être. Des reproches réitérés quotidiennement sont efficaces pour user vos proches, et n’oubliez pas d’utiliser la formule magique “oui mais”, face à toute ten- tative de vous venir en aide. Une bonne mesure du succès de la recette, est bien sûr, votre perte de vitalité, votre désespoir, l’absurdité de conti- nuer à vivre, mais aussi quand vos proches vont vous fuir, et vont aller jusqu’à tomber malades ou apa- thiques en votre présence, à ce stade vous êtes passé Maître, et commen- cez à faire des disciples. Le seuil le plus élevé est atteint quand personne ne peut rester dans la même pièce que vous plus que quelques minutes.

L’auteur de la recette s’excuse de n’avoir pu intégrer tous les ingré- dients existants pour être déprimé, dépressif ou malade, et laisse au lec- teur l’opportunité de constituer ses propres recettes avec les ingrédients de son choix.

nMICHELCASTETS

La dépression est une véritable pan- démie. Ce n'est pas la peine de se donner, une fois de plus, un grand frisson planétaire au sujet de la grippe porcine H1N1, quand la dépression est là, depuis longtemps, bien plus gra-ve avec ses chiffres effarants et ses conséquences dramatiques indi- viduelles et sociales. Laissons donc ces chiffres parler d'eux-mêmes : 15% de la population française serait touchée par le fléau, dont une femme sur cinq ; la prévalence déclarée est multipliée par six depuis 1970, en particulier chez les jeunes de 20 à 29 ans. Le risque d'une dépression ma- jeure est de 10 à 25% chez la femme, de 5 à 12% chez l'homme. Près de 70% des suicides proviennent de per- sonnes souffrant de dépression, le plus souvent non déclarées et non

diagnostiquées. Entre 1980 et 2001, la vente d'antidépresseurs en France a été multipliée par dix et atteint plus de cinquante millions de boîtes par an, ce qui la place comme la cham- pionne d'Europe de la consommation d'antidépresseurs et d'anxiolytiques (aussi bien que d'antibiotiques). Le rapport Zarifian déplorait, il y a 13 ans, cet état de fait désastreux pour la santé publique, mais rien n'a changé et la consommation de psychotropes ne connait pas la crise, au contraire ! Paradoxalement, une personne sur 3 seulement, atteinte de dépression, bé- néficierait d'un traitement, les autres souffriraient en silence dans leur coin. L'OMS estime qu'en 2020, de toutes les maladies, la dépression viendra en deuxième position.

Quel est le sens de cette pandémie ?

Pourrions-nous y voir un signe bé-

néfique, une intention positive, une

raison d'espérer, au delà de toutes

les souffrances endurées ? Curieuse-

ment cette vague dépressive déferle

surtout sur les pays occidentaux, au

milieu de leur abondance matérielle

et leur suractivité frénétique de con-

sommation/production, comme si

cette mise sous-pression collective

nécessitait une dépression concom-

mittante, nécessaire, peut-être salu-

taire, afin que les choses soient

remises à plat ou équilibrées, afin que

de ce coup porté au triomphalisme

d'un plat bonheur purement matériel,

émerge, à force de souffrances et de

tristesses, un autre sens à la vie, une

autre manière de vivre ensemble. En

ce sens, la dépression serait un che-

min initiatique de notre

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époque et de notre société occiden- tale en perte de sens, dans la plus pu- re tradition de l'évolution humaine ; ce serait une sorte de mort à soi- même nécessaire, pour qu'un être nouveau puisse éclore, individuel d'abord, collectif ensuite. Au lieu d'anesthésier les personnes souffrant de dépression à coup d'antidépres- seurs pour seulement éradiquer le symptôme, il serait préférable d'ac- compagner leurs souffrances, avec beaucoup de compréhension et de bienveillance, afin qu'elles puissent devenir le ferment d'une renaissance.

Dans la courbe du changement, plus que la colère, la tristesse – l'émotion de la dépression – est la plus impor- tante, car elle permet les grandes des- centes à l'intérieur de soi-même, dans ses profondeurs, pour que se révèlent enfin les lumières de l'acceptation et la remontée vers des horizons nou-

veaux. “Mort et Renaissance” tel est le chemin de l'évolution de l'être hu- main, tel est le chemin de la dépres- sion, si on la considère d'un point de vue symbolique et spirituel.

Si nous changeons maintenant de lu- nette et si nous regardons la dépres- sion du côté du thérapeute habitué à cotoyer ce symptôme, la première constatation, c'est que la dépression est multiple, diverse, variée. Rien à voir entre une dépression dûe au sur- menage, à la “surpression” profes- sionnelle, style “burn-out”, qui demande d'abord une cure de som- meil ou un congé maladie pour aller marcher dans la belle nature, et une

dépression faisant suite au deuil d'un être cher ou à la perte d'un travail, de- vant être accompagnée par des pres- criptions médicamenteuses et un long suivi psychothérapeutique. Rien à voir entre une dépression existentielle que l'on rencontre souvent chez les ados ou chez les personnes sensibles se posant toutes les questions sur le sens de leur vie, ou l'inéluctabilité de la mort ou l'absurdité d'un environne- ment globalement pathogène, et une dépression saisonnière faisant suite à une phase d'excitation et relevant d'un trouble bipolaire. Rien à voir entre une longue dépression chroni- que sans déclencheur particulier, sans raison apparente, qu'il faut question- ner sur ses origines souvent très an- ciennes relatives à des traumas ou des déterminismes de la petite enfance ou même des difficultés périnatales, et la dépression qui accompagne souvent l'annonce d'une mala- die grave, surtout quand celle-ci est faite de manière maladroite.

Face à la multiplicité de ces formes de dé- pressions et de leurs niveaux de gravité, face à la multiplicité du sens de la dépression – sens biologique, sens psychologique et sym- bolique, sens social, comme le dirait Thierry Janssen – il en découle une multipli- cité des formes de trai- tements, dont aucun ne peut se prévaloir d'une efficience ab- solue.

Face à la diversité d'un tel symptôme, il faut plus que jamais se tourner vers une médecine et une psychothérapie intégratives, capables de multiplier et d'intégrer les différentes approches, en particulier l'intégration basique entre les médicaments et les psycho- thérapies de soutien, souvent de longue haleine.

Par ailleurs, il semblerait que les antidépresseurs perdent un peu de leur “aura”. Alors que pendant des dizaines d'années, on n'a juré que par le Prozac et autres antidépresseurs, en un engouement collectif pour la pi-

lule miracle capable de nous délivrer de tous les maux, depuis quelques temps, au contraire, le doute s'insinue doucement dans les esprits sur la toute puissance de ces pilules et même sur leur inocuité et leur dan- ger. David Servan-Schreiber a com- mencé dans son livre

Guérir, en

2003, à ébranler les certitudes toutes faites, en particulier dans un chapitre au titre volontairement provocateur

Prozac ou Adidas ?, où il montre,

études scientifiques à l'appui, que les effets d'un bon jogging quotidien sont bien supérieurs, surtout dans la durée, à la prescription médicamenteuse. Il s'agit d'une sorte de retour au bon sens salutaire, à l'hygiène de vie de plus en plus nécessaire face à un en- vironnement pathogène, à la prise en main de sa vie pour devenir acteur de sa guérison, toutes sortes de valeurs d'ordre psychologique et social qui prennent de plus en plus d'importan- ce dans le grand public, n'en déplaise à ceux qui sont enfoncés dans leurs certitudes et leurs dogmes anciens.

De plus, les études se succédent pour

semer le doute sur ces antidépres-

seurs. L'année dernière, une étude an-

glaise très sérieuse concluait au peu

de différence significative, au niveau

de l'efficacité, entre un vulgaire pla-

cebo et les 4 antidépresseurs les plus

importants. Certaines compagnies

pharmaceutiques se sont retrouvées

au banc des accusées pour avoir dis-

simulé les résultats négatifs ou dis-

cutables des essais cliniques de leurs

antidépresseurs, au point de donner

aux médecins et aux usagers une

fausse image de l'efficacité réelle de

ces médicaments ; un procés a même

été intenté et gagné par l'Etat de New

York au fabriquant GlaxoSmithKline

pour avoir caché des informations sur

les résultats de certains essais du

Paxil (Deroxat) ; les laboratoires

Lilly sont accusés d'avoir dissimulé

les effets secondaires du Prozac sur

les enfants et les adolescents favori-

sant en particulier les passages à

l'acte suicidaire. Le “mysticisme

pharmacologique” de la fin du 20e

siècle, la pensée magique du médica-

ment miracle, le dogme de la chimie

du cerveau unique facteur sur lequel

il est possible d'agir pour la dépres-

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sion, tout cela est en perte de vitesse, ce qui annonce de beaux jours en perspective pour la médecine inté- grative et les psychothérapies.

Mais pour compenser ces doutes, la dernière-née des thérapies s'occupant de la dépression, fait son entrée en scène, il s'agit de la méditation par la pleine conscience ou “mindful- ness”. Le Dr Jon Kabat-Zinn en est le créateur et le promoteur. Ce doc- teur en biologie moléculaire, devenu professeur émérite de l'Université du Massachusets, officie depuis 30 ans déjà, dans une clinique de réduction du stress par la pleine conscience.

Les résultats sont tellement encoura- geants avec une centaine d'études scientifiques pour valider l'efficacité de la Mindfulness, que le modèle a essaimé surtout aux Etats-Unis et au Canada : plus de 250 hôpitaux et cli- niques pratiquent les programmes de thérapie par la pleine conscience ap- pliquée aux maladies du stress (l'anxiété, les phobies, le stress post- traumatique, les addictions, les mala- dies cardio-vasculaires, les maladies de la peau dont le psoriasis, les défi- ciences immunitaires, la douleur, les maladies neurologiques, la fibromy- algie et bien sûr la dépression). Jon Kabat-Zinn a réalisé une remarqua- ble intégration entre les disciplines contemplatives orientales – issues surtout du bouddhisme – et l'esprit occidental préoccupé de pragma- tisme et d'efficacité dans le domaine de la santé. À partir d'un programme très structuré destiné à toutes les per- sonnes souffrant des effets du stress et dénommé MBSR : Mindfulness- Based Stress Reduction

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, il a été conçu un programme similaire pour prévenir la rechute dépressive, inti- tulé : la thérapie cognitive, basée sur

la pleine conscience pour la dépres- sion(2)

. Ce programme dure 8 se- maines par séance de 2 heures, il s'adresse à des groupes d'une dou- zaine de personnes anciennement dé- pressifs et craignant une rechute, il mélange harmonieusement des exer- cices divers : éveil des sens, respira- tion consciente, scanner du corps par l'attention consciente, marche con- sciente, méditation assise sans sup- port de concentration, postures

conscientes de yoga, le tout cher- chant à placer l'esprit de la personne dans le moment présent, en lui pro- posant un espace intérieur de pleine conscience, capable de voir les per- turbations émotionnelles et mentales, les désagréments physiques, dans une posture d'observation ou de té- moin distanciée et équanime. Plus profondemment, la Mindfulness n'est pas seulement une nouvelle techni- que à mettre dans la boîte à outil du thérapeute intégratif s'occupant de dépression, c'est une nouvelle ma- nière d'être, une nouvelle façon de voir la vie, faite de distanciation, d'acceptation et de compréhension de soi-même et du monde. Cela est par- ticulièrement important pour les dé- pressifs qui d'ordinaire sont totalement identifiés à leurs émotions et à leurs pensées toxiques, ou en conflit interne, permanent et épui- sant, par jugement négatif sur eux- mêmes et les autres. Il s'agit ici, au contraire, d'accepter, d'accueillir avec bienveillance et de laisser passer na- turellement les nuages émotionnels et mentaux, de se réconcilier avec soi- même et le monde. Les résultats sont significatifs : des études de validation montrent que le fait d'ajouter la thé- rapie par la pleine conscience au trai- tement que les patients reçoivent normalement pour leur dépression, a pour effet de réduire le risque de re- chute de moitié. Espérons que cette thérapie puisse faire son chemin en

France, comme elle semble le faire ailleurs en Europe, au lieu de susciter les suspicions et les réserves habi- tuelles vis-à-vis d'une technique nou- velle, venant de plus du champ culturel oriental. Profitons-en pour saluer le rôle de pionnier courageux du psychiatre Christophe André, qui organise des sessions de mindfulness à l'hopital St Anne à Paris et qui lui consacre un large chapitre dans son dernier livre Les états d'âme.

La pleine conscience apparaît comme une réponse appropriée, à la deman- de de changement profond et essen- tiel, dont la dépression serait l'expression. Si celle-ci est symboli- que d'une demande d'évolution de l'être humain en crise, cette accession à la plénitude de la conscience ne se- rait-elle pas la réponse la plus pré- cieuse ?

nALAINGOURHANT PSYCHOTHÉRAPEUTE INTÉGRATIF

(1) Ce programme est décrit dans le livre qui vient d'être traduit en français Au cœur de la tourmente, la pleine con- science, éditions de boeck 2009. À noter aussi la traduction simultanée d'un autre livre de JKZ : L'éveil des sens, éditions les arènes.

(2) Ce programme consacré à la dépres- sion est décrit dans le livre paru en 2006 chez de boeck, La thérapie basée sur la pleine conscience pour la dépression, une nouvelle approche pour prévenir la re- chute.

La pleine conscience

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