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Bulletin critique et chronique bibliographique (1940-1)

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(1)

ET

CHRONIQUE BIBLIOGRAPHIQU E

SVENNUNG, J ., Untersuchungen zu Palladius und zur lateinischen Fach-und Volkss7rache . Uppsala, Almqvist et Wiksells Bok-tryckevi A . B .,

XXXV-698

pp . in-8° . [ARBETEN UTGIONA MET UNDERSTÖD AV VILHELM EKMANS UNIVERSITETSFOND) .

(Pr . 25 kr.)

On m ' excusera de signaler seulement aujourd'hui aux lecteurs de l'ALMA l'ouvrage de M . Svennung . L'auteur aurait mauvaise grâc e d' en être offensé, car lui-même nous apprend que de ce livre, édité en 1935 (exactement 1936), les cinq premiers chapitres étaient impri-més en 1931-32, et que les trois-quarts de ce copieux ensemble l'étaien t dans l ' été 1934 (Introduction, XX, note 3) .

Comme le titre l'indique, cette étude grammaticale n'est pas seulement consacrée à Palladius, dont le traité d'agriculture eût consti -tué un assez mince objet de recherches, s 'il avait été pris isolément ; mais l'auteur a étendu singulièrement son champ d ' exploration ; par des rapprochements dont beaucoup sont suggestifs, il nous con-duit jusqu'aux origines de la latinité vulgaire (ou du moins de ce qu i nous en reste), ce qui ne le dispense pas de s ' enquérir, pour chaque phénomène observé, de ce que peut fournir cette littérature scienti-fique des premiers siècles, en somme nombreuse et variée, puisqu'ell e englobe les traités de tous les arts, l'agriculture, la médecine, etc . Mal-gré d'inévitables disparates, dues aux différences de temps, de lieu , de sujets, de mentalité aussi, il ressort, de cet ensemble fourmillan t et bigarré, une vue très caractéristique d'un parler sensiblement dif-férent du latin classique et, ce qui est plus précieux pour nous, voisi-nant de plus en plus avec les premiers monuments de nos langue s romanes, ou du moins avec le vocabulaire et la grammaire dont il s nous ont conservé de trop maigres vestiges .

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C 'est ce que je voudrais, très sommairement, faire voir ici . Mai s avant cela, quelques remarques générales . Le livre de M . S ., est moin s un exposé méthodique suivi qu'une série de courtes (et même de longues) dissertations sur tel ou tel point de grammaire . Confesson s que la façon de travailler et de nous communiquer les résultats de longues recherches est chez M . S ., un peu bavarde ; il ne lâche le morceau qu'après épuisement . Mais ce qu'il offre vaut d'être soupesé , et souvent il ajoute à notre information des éléments nouveaux, don t l'intérêt, même s ' il n'est pas immédiat, n'est pas non plus négligeable . Peut-être a-t-il le tort d'abuser du droit de contredire ses aînés, e t il serait imprudent, sans contrôle, d'accepter toutes les solutions nou-velles qu'il propose des difficultés que l'état fragmentaire et la trans-mission souvent incertaine des textes soumettent à notre critique . Il n'importe guère . En somme ses sept cents pages in-80 sont plutôt un e sorte de répertoire, dont l'accès est rendu plus aisé par des table s qu'il aurait pu faire encore plus complètes et plus explicites .

Parmi ces dissertations il en est dont j'estime devoir signaler l'importance . J ' omets ce qu'il nous dit de son auteur, des manuscrit s de son traité (un seul, celui de l'Ambrosienne, est complet) de l'authen-ticité, qui a été contestée, des deux derniers livres (les pp . 24 à 45 sont consacrées à une discussion très serrée avec un contradicteur, M . Wids-trand, dont il inc semble triompher), ainsi que du très bref Liber de Insitione, soit 170 vers avec une courte préface composés dans un e langue plutôt tarabiscotée (d'où nouvelle polémique avec le mêm e Widstrand, qui occupe 46 pages, ce qui est peut-être excessif) . Enfin après huit pages sur la tradition manuscrite dudit Liber nous abor-dons, enfin, le véritable sujet (p . zor) .

Ici une certaine surprise nous est réservée. Le chapitre 5 est inti-tulé Zur Laut-und Fornaenielzre . En fait, sauf la notation de quelque s variantes orthographiques, il n'y a guère ici qu ' une dissertation bien longue (10g-115) sur la forme terentinas de plusieurs mss . que les édi-teurs se sont obstinés à écrire tarentinas et dont l ' étymologie a été contestée . M . Svennung aurait pu se référer à Schuchardt, dont le s trois volumes (Vokalismusdes Vutgärlateins) ont été négligés ou

igno-rés par lui . Déjà là (I, zo7) le passage de Macrobe était mentionné, ainsi que d ' autres sources, ce qui ne veut pas dire qu'il était inintéressant de poursuivre l' enquête jusqu'en Grèce ; il l'était assuré -ment moins de revenir à la charge à propos d 'Apicius . Ce qui importe , en somme, c'est le changement a> e, auquel Schuchardt a consacr é une vingtaine de pages (I, 185-zo6), où nous retrouvons plusieurs de s

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d' autres également significatives . De même pour incdum- melum qu'il note dans des sources négligées ici et qu'il valait la peine de rappro-cher, non seulement de l'italien mela, mais de nos patois du Nor d

(wallon mèleye = pommier) .

La comparaison avec Schuchardt est beaucoup plus déconcertante encore pour e> i. Les listes de mots chez lui occupent 250page s du tome I, et il y avait beaucoup à glaner . Il eût valu notamment la peine de poursuivre l'enquête sur fistucam, etc ., jusqu'à Bèd e et aux formules de Marculphe, pour ne pas aller jusqu'à nos patois , que Schuchardt a connus . La même observation s ' applique à ea> ia et aux phénomènes apparentés . En ce qui concerne la destinée de i il y aurait encore plus d ' une remarque à faire ; certaines seraient dignes d'être ajoutées à celles de l ' auteur. Ainsi la formesenapipour sinapi qu ' il relève dans Pétrone nous la trouvons dans tel ms . d e Plaute (éd . F . Leo, s . v . (z) ) ., de même que e flicem, non /elicem n est dans Caper, etc ., etc .

La morphologie est aussi très brièvement traitée . Sur les vingt-deux pages q u ' on lui a réservées, il y en a une dizaine occupées par un e dissertation sur le nom de la cerise et de quelques autres fruits . En revanche la partie syntaxique va prendre un développement, qu e justifient les nombreuses et fines observations de l'auteur . Toutefois elle lui fournit çà et là le prétexte à de véritables dissertations, attes-tant du reste une érudition et un sens critique également estimables . On comprendra que je ne puis me livrer ici à un examen détaillé d e ces dissertations . Je me bornerai à les signaler brièvement .

Et tout d'abord il importe de mentionner les pages consacrée s (178, sq.) à l ' étrange coutume, consistant à répéter dans la phras e suivante un nom déjà exprimé dans celle qui précède, ce dont M . S . me semble donner une explication inutilement laborieuse, l'usag e populaire étant encore tel aujourd 'hui ; d'autres pages oh l'emploi des cas de la déclinaison latine nous apparaît singulièrement troublé , Ici j ' aurais plus d'une addition à faire, notamment en ce qui concern e ad + au lieu du datif qui est de règle . Lorsque Cicéron écrit : invi-diosum ad boues, Tite-Live : ad vulgus ingratuen judicium, etc ., l'u-sage populaire perce sous la correction imposée par les grammairiens . De même lorsque le peuple dit : la fille d Nicolas, il continue une tra-dition qui, M . S . nous l'apprend, n'est pas étrangère à sa langu e maternelle, le suédois, et qui sans doute nous vient de Rome .

r Je n'ai pu faire la vérification relative à la date de ce ms . Mais si pour cha-que auteur il avait fallu assurer ce contrôle, cha-que de points litigieux dans le livr e

signalé ici l

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i3Ó

Plus loin, on lira avec un vif intérêt un véritable mémoire (pp . 238-62) consacré à la façon de dater des Romains . L ' auteur en retrac e l'histoire depuis les origines jusqu'au temps de Palladius ; en cour s de route il ne s'interdit pas de polémiquer avec quelques-uns de se s devanciers ; à un endroit il est conduit à. signaler ce singulier usage , consistant à substituer ubi au relatif . La question est d'importanc e et je me suis demandé s 'il n'y avait pas une corrélation entre cet ubi et le où qui, dès le XII e siècle, remplace parfois le pronom relatif .

El cor senestre esteit li reis , Ou joint sovent et fiertmaneis

(Tlaêbes, 6938 ; comp . Ogier 5575 ; R . Montauban, 80,9 Girb .

Metz dams Rom . Studien, I, 506,4, etc . )

Les pages suivantes nous entretiennent d'un très curieux problème , l'attribution au substantif d 'une valeur épithétique, et réciproque-ment ; on trouvera'là une précieuse collection de vocables où le phé-nomène est constaté . Le chapitre de l'adjectif vient naturellement à la suite de cet exposé ; on y relèvera d' intéressants cas de confusio n du superlatif avec le comparatif, qui nous acheminent vers le roman . Puis c ' est le tour des noms de nombre où la même observation s 'im-pose (decem octo chez Palladius au lieu de duodeviginti de sa source) ; elle n' est pas moins justifiée pour vice, qui deviendra vece, fois, etc . ; elle l' est peut-être davantage dans le chapitre suivant, où il est trait é des pronoms, et notamment de la confusion de ifuse et is qui a fai t fortune dans les langues du midi (elle est déjà fréquente chez Grégoir e de Tours : Hist . Franc .

II,

3, 7 ; II, 40/27, etc .), comme aussi de l'em-ploi substantivé de par qui n ' est peut-être pas étranger à la fortun e romane du mot .

Mais ce sont les prépositions, qui occupent dans ce livre la plac e d ' honneur. L 'auteur leur réserve plus de soixante pages, riches e n documents, qui intéressent l ' évolution ultérieure de ces petits mots , dont la disparition ou l ' affaiblissement progressif de la déclinaiso n latine devait favoriser singulièrement la vogue . Ajoutez que de bonn e heure on a confondu ab et ad (x), que ex s'est vu peu à peu détrôné par de, sauf en composition, etc. Ob tend à disparaître, et c ' est pro qui prend sa place (pas un seul exemple de ob dans l ' Itin . Silviae ;

(s) Voyez pp . 338-57 . On trouvera là de très curieux exemples d'un emploi

de apud quin'est pas négligeable pour les romanistes (apud > ot= avec, etc) .

Je n'y ai pas vu mentionnée cette extension de adéquivalent à notre locatif a ;

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comp . C . I . L . X, 422, etc . ; XII, 2114, 2128 et Bonnet, p. 625) ; de même juxta, que M . Svennung signale brièvement (333-34), avec l ' acception de secundum, apparaît déjà chez Tite-Live et dans l'His-toire naturelle de Pline ; mais c'est aux I I e-II1e siècles que les exemple s se multiplient ; au VI e siècle, sinon plus tôt, le mot acquiert une va -leur d ' abstraction très curieuse . Lorsque Grégoire de Tours, clan s un passage fameux (H . F . H, 9), nous décrit la marche des Francs , venus de Pannonie et qui, ayant passé le Rhin, vont se fixer dans l a région tongroise (Thoringiam), il ajoute : «ibique juxta pagos vel

civitates reges crinitos super se creavisse [tradunt j», ilne peut être ques-tionde conserverl ' ancienne signification de la particule .fuxta =selon , d'après . De même VIII, 32 : «Per quam quum Be j5-polenus dux valde

fatigaretur, nec juxta personam suam eihonor debetus infenderetur . . . » Je m 'excuse d 'avoir insisté, après M . Bonnet, sur ce curieux emploi , dont l ' origine est peut-être lointaine . N' a-t-on pas relevé dans Tacit e juxta deos in tua manu 7ositum est (s . ent . imperium),dont la traduc-tion n ' est pas très aisée ?

Mais revenons à Palladius . A côté de juxta et en meilleure place , M . Sv . a attiré l ' attention surad latus, qui s'est largement mainten u clans les langues romanes (latus seul a donnélez encore usuel . Comp . de latus dans la «Lex Salim, », 7, 4) . Il en a groupé de très curieu x exemples et, ce qui est plus troublant, de litus, tantôt régissant l e génitif, tantôt commejuxta (p . 334),l'accusatif ; on le note dans l'Ano-nyme de Ravenne avec juxta et même isolé, marquant la proximité , et le fait était à signaler . On ne peut quitter ce chapitre si copieu x des prépositions sans noter la confusion inévitable de intra (inter ) et infra ; M . S . est parti de là pour étudier une valeur temporell e de inter (inter dies), qui était mal connue . 11 aurait pu insister encore surinfra,supplanté peu à peu parintra, avec lequel il offrait du reste d ' étroites analogies d' emploi . C'est ainsi qu'à trois lignes de distance , au chapitre du livre 4de l'H . F . on trouve les deux particules (intr a murais (= muros) . . . in lato 75edes 6o, id est infra cafiso) employée s par le saint évêque de Tours avec une belle insouciance . L'intermi-nable chapitre sur les prépositions est achevé et, en quelque sorte , couronné par une dizaine de pages très suggestives sur les étrange s compromissions entre particules indiquant le mouvement et parti -cules indiquant le repos . On les constate dès le début de la littératur e (in amorem haerere . . . etc., Plaute) et elles n ' ont fait qu'empirer dans la suite . Lvidemment le vernaculaire n ' y prenait garde .

Après le chapitre consacré aux adverbes, et dont certaines partie s sont largement traitées, notamment celle relative aux divers emplois

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de tune (z), nous abordons enfin, le verbe (418-78) . j'avoue ma sur -prise devant une répartition aussi modérée . Elle est sans doute jus-tifiée pour Palladius, qui est un lettré et reste, autant qu'il peut , fidèle aux règles grammaticales . Mais M . S . ne s'est pas privé précé-demment de certaines incursions dans des domaines plus vastes qu e celui qu'offrait le modeste traité d'agriculture qui est l'objet direct de ses savantes recherches .

Le verbe est incontestablement la partie du discours qui a subi la transformation la plus complète au cours des siècles . Au système syn-thétique de la conjugaison, dans la langue classique, a succédé pro

-gressivement un système analytique, caractérisé par l'emploi péri-phrastique pour marquer aussi bien la prétérition que la futuri-tion . Il n'est pas tin seul temps, appartenant à ces deux catégories ,

qui se soit conservé intégralement dans nos langues romanes . Le futur simple a totalement disparu, ainsi que l'infinitif passé, le par-ticipe futur et les deux supins . Le sarde a seul conservé l'imparfai t du subjonctif, et il est resté du parfait du même mode des trace s dans les idiomes du Midi . Mais c'est trop insister sur des faits con -nus, et il est plus opportun de se demander dans quelle mesure ils intéressaient M . S . et son auteur . Après quelques pages où il étudi e les rubriques, introduisant les diverses parties de son exposé e t l'emploi qui y est fait de l'infinitif, M . S . aborde l'un des points les plus délicats du chapitre verbal, l'histoire du gérondif, dont la fonc-tion instrumentale passe de bonne heure au participe présent . La confusion était quasi obligatoire à cause de l'affaiblissement des finales (nt — nd ; confusion vocalique) . Toutefois j'ai là-dessus des

réserves assez nettes à faire . Car on distingue encore le gérondif e t le participe en ancien provençal (cf . Sancta Tides) et en italien, et en-core aujourd'hui il reste des traces de cette distinction dans les patoi s

(cf . Gilliéron, Atlas linguistique, cartes 56, 232, 614, etc .) . En ancien-français, si la forme est la même pour les deux temps, l'emploi reste distinct, comme l'a montré après Diez, M . L . Foulet (Syntaxe s , §

127, sq .) . A ce même endroit (p . 426 et sq .) on lira un excurs très cu-rieux de M . S . sur la substitution du participe futur actif au gérondif (2) (s) Il faut y rattacher ceux de sic, qui a gagné bien du terrain (p . 402, sq .) . Il aurait valu la peine, avec exemples à l ' appui, de suivre sa marche jusqu 'au x

XIIe-XIIIe siècles (si, copule de liaison, qui a survécu dans nos patois) . Ceci se

raccorderait mieux avec les pp . 485 sq ., consacrées I. la syntaxe de la phrase . Voir infra.

(z) C'est, sauf erreur mienne, le seu endroit où M . S . cite et utilise directement Bonnet,Le latin de Grégoire de Tours ; il aurait pu en user plus généreusement

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(déjà chez Plaute, Trin . 1159 Si illa tibi placet, 5lacendadosquoqu e

est quam dat tibi) . L ' étude du participe lui-même ne donne lieu qu' à

peu de remarques ; celle de l 'infinitif est plus importante ; on verr a notamment ce que fut sa fonction impérative qu'il valait la peine suivre jusqu ' aujourd ' hui (avec la négation ; cf. Foulet, § 313-15) , ou encore les tours auxquels il se prête (par ex .non, ha bat am2lius quo d

nocerePall . 1, 2), les passages de la valeur transitive à l ' intransi-tive et réciproquement, etc . Il y aurait à insister si la place n'étai t mesurée, sur la combinaison de ce mode avec des verbes tels que bosse , velle, quiont préparé le futur périphrastique (habeo etiam dicere quem . . . , Cicéron Pro S . Roscio, § 100 ; cf . Plaute, Mostellaria, 66 : ego ire in

Pirceumvolo, etc.) . M . Gamillscheg, dans son c . re du livre (1) a joint à l'exposé de M . S . une intéressante cueillette faite dans nos vieux textes ; il y aurait d'autres exemples à emprunter à nos patois ; le wallon, par ex ., dit : il veut pleuvoir (i vont ploîtr), comme le vieu x Caton disait : nequid emisse velu inscieite domino neu quiddominu m celavisse veut . De même pour l ' emploi passif de l'infinitif aveclavaleu r d'un réfléchi (l'inverse en roman) .

La dernière partie de ce grand ouvrage est consacrée en partie à la syntaxe de la phrase, à laquelle l ' auteur a rattaché l ' étude des con-jonctions . Je m ' attendais à ce qu'il insistât davantage sur le quod

après les verbes sentiendi et declarandi . Ce qu'il en dit est du rest e excellent . Que la chute de la copule soit celle de quod (quia) ou d e ut, comme M . S . l'admet avec Kühner et Sommer, peu importe . L e fait intéressant est la persistance de l ' emploi, courant aux XII-XIIf e siècles en France et dans les autresnations romanisées (Foulet,Syntaxe , § 9.90, sq .) . C ' est ici (à côté de et (que) que j'aurais placé les notes rela -tifs à sic, agent de liaison, que j'ai mentionné plus haut . L'emploi d e et = quoque a eu sa répercussion dans notre moyen âge . Les exemples (p• 493) en sont significatifs.

Je me réserve de revenir quelque jour sur la stylistique et la sectio n sémasiologique . Elle prête à des discussions et à des complément s que je dois m'interdire ici . Mais je pense en avoir suffisamment di t pour pouvoir affirmer que depuis Schuchardt (et sans excepter d'excel-lentes contributions de Grandgent, Strecker, Traube, etc .) aucun

travail d'ensemble ne peut être opposé à celui de M . Svennung . M . WILMOTTE .

Di plomatarium Danicum, 2 Raekke, 1 Bind : 1250-1265,

ud-givet of det Danske Sprog-og Litteraturselkab, ved Fran z

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BLATT of Gustav HERMANSEN, under medvirkning of C . A . CARISTENSEN . — 2 . Raekke, 3 . Bind : 1281-1290, ved Adam AFZELIUS of Franz BLATT . Copenhague, Ejnar-Munkgaard s Forlag, 1938 et 1939 . In-40, XXII-407 et XI V-395 pages . En préparant le recueil de toutes les Chartes intéressant l'histoir e nationale depuis les origines jusqu'à 1340, c'est-à-dire jusqu'à l a fin de la dynastie des Estrithides, l'érudition danoise a entrepris d'élever un vritable monument . Les deux volumes (ter et 3 e de la deuxième série) qui ont paru récemment rendent témoignage que le s éditeurs n'ont rien ménagé pour amener leur oeuvre au plus haut degr é possible de perfection : les archives et les bibliothèques d'Europe ont été fouillées par eux et les textes ainsi groupés --- quelques-un s inédits, les autres déjà connus — ont été l'objet des soins les phi s attentifs soit quant à l'établissement du texte, soit quant à la rédac-tion des analyses qui parfois remplacent le texte . L ' ouvrage doit s e composer de deux séries : l'une ira des origines à 1250,l'autre de 125 o à 1340 et les volumes déjà parus représentent deux tranches chrono -logiques de la deuxième série . Le premier porte sur la période 1260 -1265 et rend compte de plus de 500 documents . Le second intéresse les années 1281-1290, il donne le texte ou l ' analyse de 428 pièces .

Ce sont des actes émanés des plus hautes autorités ecclésiastique s (bulles pontificales, actes émanés de cardinaux-légats, d ' archevêques , évêques, chapitres, abbés, prieurs etc .) ou laïques (surtout souverain s et souveraines danois) . Y a-t-il dans ces deux volumes de quoi renou-veler peu ou prou l'histoire du Danemark au XTII e siècle ? Nous n e sommes pas assez versés dans la connaissance de cette histoire pour en pouvoir juger. Quant à la langue de la plupart de ces actes, c ' est le latin, un latin qui n'appelle pas d'observation particulière, tant i l est impersonnel, tant il reproduit avec exactitude les expressions , tournures, formules et jusqu'au rythme (cursus) de nos chancellerie s occidentales .

Il est visible qu'à tous ces clercs nordiques étaient dispensée une culture et inculquées des habitudes professionnelles en tout point conformes à celles que recevaient par exemple des clercs français , ou italiens de cette époque, à supposer que ces clercs ne vinssent pa s le plus souvent s'initier à notre vie intellectuelle et administrative dans des Universités comme celles de Paris ou de Bologne . Ii nou s semble qu'il n'y a dans ces textes aucune originalité de langue ni même (sauf exception) d ' acception nouvelle pour des mots dont l e sens technique était déjà standardisé, si l ' on peut dire .

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Empressons-nous d'ajouter qu'il n'en sera peut-être pas de même pour les volume s où nous seront donnés les textes antérieurs au XIIIe siècle .

Il . faut souhaiter que ce bel ensemble se poursuive avec la régula-rité que semblent promettre les deux volumes que nous venons d e signaler et qui se font remarquer, autant que par la qualité du fond , par une présentation typographique digne de tous les éloges . Quan d nous aurons dit enfin que tous les documents danois originaux d e 1135 à 1140 ont déjà été reproduits en phototypie dans le Corpus

diplomatum regni danici et que la traduction danoise des charte s publiées dans le Diplomatarium est d'ores et déjà annoncée, nou s aurons fait comprendre avec quel soin jaloux la science danoise veill e sur l'histoire de son pays .

CH . SAMARAN .

L'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres (Paris) a décern é le prix Thorlet (4,000 f r .)à M . FrancisBARpour ses études sur le lati n du moyen âge . M . Bar est, on le sait, l'auteur d'une étude sur Les épîtres latines de Raoul le Tourtier (Paris, E . Droz, 1937, 288 p .) , étude « qui met en lumières, selon Mile Vielliard, la renaissance de s études latines à l'abbaye de Fleury-sur-Loire et qui nous perme t d'apprécier quelle pouvait être la connaissance de l'Antiquité chez un moine à l'aube du XIIe siècle s (cfr Revue des Etudes latines, 1938 , PP . 222-224) .

— Dans le 2me fascicule de la vivante revue Per lo studio e l'uso del latino, publiée par

l'

Istituto di Studi Romani (cfr ALMA,t . XI V 1939, pp . 242-243), épinglons les articles qui intéressent, fût-ce d'une façon oblique, l'objet de notre Bulletin . Dans une synthèse intitulée : L'influence de la culture latine sur l'esprit des Roumains, par l e Professeur G . PASCU (pp . 117-125), on trouve quelques indication s ou points de repère chronologiques sur la réintroduction et l'usag e de la langue latine dans les pays danubiens au moyen âge, spécia-lement à la fin du XIVe siècle . Un autre article : Lateinin

Oester-reich vor dessen Heimkehr ins Reich, par le Dr Karl JAX (pp . 133 -157), contient un résumé historique dans lequel le moyen âge tien t

une bonne place . Abondante bibliographie .

— Dans la même revue (I reannée, 1939, pp . 197-207), on lira ave c profit un article dû à la plume savante et avertie du prof . Vine . USSANI et intitulé : La missione unificatrice del latino nella stori a della civiltà . Nous y trouvons (p . 21o) un vif éloge, appuyé sur des

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exemples, de la langue latine du moyen âge . M . Ussani conclut :

Veramente chi parla del Latino medievale come di una lingua di

decadenza e di corruzione, non ha letto o ha letto poco . Al contra -rio uu intenditore, l'americano Beeson, paragonava la varietà di questa fasedelLatino alle sfumature molteplici dello spettro solare» . Est-il besoin d'ajouter que la direction del'ALMA (dont, précisé-ment, MM . Ussani et Beeson font partie) souscrit pleinement à c e jugement ?

— Dans la Revue de l'Université de Bruxelles (1939, p p . 4 0 4-423) , M . Félix PEETERS donne sous le titre : La transmission du texte de s classiques latins, un aperçu de caractère synthétique (il s'agit d ' une leçon publique) dans lequel le moyen âge tient une grande place . I l serait utile, pensons-nous, de dénombrer et de classer les florilège s (opposés aux originalia), de déterminer leur zône d ' influence et d'éva-luer l'action qu'ils peuvent avoir exercée sur le vocabulaire et le style des auteurs médiévaux .

— Signalons comme utiles en toutes circonstances aux médié-vistes, les ouvrages suivants :

THORNDIKE (Linn) et KIBRE (Mlle Pearl), A Catalogue of Incipits ofMediaeval Scientific writings in Latin . Cambridge Mass .,Mediaeva l Academy of America, 1937, XVI-926 pp . (12 doll .) .

STEGMÜLLER (Friederich), Re ertorium initiorum plurimorum in Sententias PetriLombardicommentariorum (t . à p, du Römische Quar-talschrift, 1 937, t. 45, pp . 8 5-360 ) . Fribourg-en-Brisgau, Herder

(8 RM .) .

Les répertoires d'incipits, en effet, complètent très heureusemen t les listes ou index de textes médiévaux publiés dans l '

ALMA

ou ail -leurs et dont l'ensemble permettra de constituer une nouvelle Biblio-theca Latina Medii _Aevi . Un index bibliographique de ces répertoires , qui tendent à se disperser dans la mesure où ils se multiplient, serai t lui-même de la plus grande utilité . Plus que jamais les travaux d e récapitulation deviennent nécessaires . Ils passent pour «ingrats » , et pourtant chacun est reconnaissant aux auteurs qui ont le coura-de les entreprendre et la patience coura-de les poursuivre jusqu'à bonn e

fin .

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13 7 (t . 1 7, 1 939, p . 47) l 'intérêt d'un Bericht de M . J . Ruska sur l'histoire de l'alchimie, et il insistait à cette occasion sur les ressources pou r ainsi dire inexploitées qu'offrent les textes alchimiques latins . En attendant que le professeur Bidez, le spécialiste le plus hautemen t qualifié en ces matières, nous trace ici même et le tableau des tâche s accomplies, et le programme des travaux à entreprendre, signalon s la publication dans la revue Osiris, vol . VI (1939), du Catalogue o f

Latin and Vernacular Alchemical Manuscrifils in the United States and

Canada, par W . J . WILSON (in-80, 844 pp .) . Le fait que ce volume a

été dédié, précisément, au professeur Bidez n ' est pas peu significati f du prestige dont notre collaborateur jouit à l'étranger, mais ce qu i intéresse tout spécialement l'ALMA,les questions de personnes mise s à part, c'est l'incomparable richesse verbale que nous offre un tel ouvrage . Le catalogue, en effet, renchérissant sur celui de M 7e Dorothe a

W . SINGER(Catalogue of Latin and Vernacular Alchemical Manuscripts of Great Britain and Ireland, Bruxelles, 1928-1930 . 3 vol . in-80 ) et sur celui de James CORBETT (Catalogue des Manuscrits alchimique s Latins, t . I . Manuscrits des Bibliothèques publiques de Paris antérieur s au XVIlesiècle, Bruxelles, 193(1 in-80), est constitué par des notice s extrêmement détaillées, contenant, sous forme d'intitulés, de som-maires, d ' incipits très étendus, etc ., une infinité de textes médiévau x et, partant, de termes dont il importerait de dresser dès maintenan t l ' inventaire . A défaut clos manuscrits eux-mêmes, dispersés dan s toutes les bibliothèques du nouveau continent, à défaut aussi d'éditions complètes et critiques des textes signalés, c ' est de ce signale -ment, conçu comme il est dit, que pourrait partir un premier travai l de déblaiement et de tri . En veut-on un exemple ? Le ms . 5, de l a

Medical Library de Boston (un compendium transcrit à Bamberg o u dans les environs, de 1464 à 1468) nous est présenté en plus de cent pages de texte imprimé, divisé en 766 sections ou paragraphes . C'est dire qu'aucun terme, qu'aucun détail caractéristique, pouvant aide r à l'identification des textes, n'est omis . Or si l ' on reporte ces textes sur les canevas que constituent les glossaires et ,les lexiques courant s du latin médiéval, on est frappé du grand nombre des termes qui on t échappé aux filets des pêcheurs de mots . Un dépouillement quelqu e peu attentif, opéré ici à titre d'expérience ou en guise d'exercice d'ini -tiation, convaincrait le plus sceptique . Une seule déception, pourtant , pour les médiévistes intransigeants : sur les 79 manuscrits décrits , 17 seulement sont des manuscrits latins antérieurs à la Renaissanc e et parmi ceux-ci on ne trouve que trois manuscrits du XIVe siècl e

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Aux ÉTATS-UNIS . — La publication d'Un nouveau livre par l'émi-nent linguiste américain, Louis Herbert GRAY, professeur à l'Uni-versité de Columbia (New-York), devrait nous intéresser au plus hau t point . Intitulé The Foundations o/ Language (New-York, 1939, Mac-millan), le livre s'occupe de problèmes d'un intérêt capital tels que : Le langage et la pensée ; La langue et la société ; la méthodologie tique, etc . Il contient aussi un petit aperçu de l'histoire de la linguis-tique . Il est intéressant à noter que l'auteur place la fin de l'époqu e du latin vulgaire au VIIIesiècle (p . 24) . Les latinistes et les «médié-valistes » trouveront très utile l'index placé à la fin du volume .

— M . Henri-François MULLER, professeur à l'Université de Colum-bia, a publié un article intéressant dans la Romanic Review (tom e XXX, I, 1939) intitulé «On the Origin of French Word Ordere . L'au-teur a examiné la Peregrinatio, le Liber Historiae Francorum, Gré-goire de Tours, la Regula Chrodegangi (ca . 750) et des capitulaire s mérovingiens, etc ., pour tracer le développement de l'ordre des mot s et le rythme de la phrase latine . Il montre que l'emploi de l'adjecti f démonstratif (1lle ou ipse) va en augmentant depuis le VIe jusqu'au IXesiècle . Il est intéressant de noter que la position régulière, no n emphatique, dans ces textes est devant le substantif, tandis que dans certaines formules d'ordre légal la position d'ale est post-positive e . g . germanus suos illi, qui signifie «so and so e, «soundso e, « un telD .

Le groupe de jeunes érudits catholiques de Washington, qu i travaille sous la direction des professeurs Roy, J ., Deferrari, J ., Mars -hall Campbell, Martin R . P ., McGuire et Bernard H . Skahill, con-tinue à enrichir nos connaissances du latin «chrétiene et du cc

bas-latin » par des commentaires philologiques très méticuleux . Dans la collection des Patristic Studies ont paru dernièrement :

LVII . Fox, Sister Margaret Mary, The Life and Times of St. Basil the Great as Revealed in His Works (1939), et LIX : HALLIWELL, Rev . William J ., The Style o/ Pope St . Leo the Great (1939) . Le fascicul e LVIII est la publication d'une édition du Liber De Consolatione d e saint Ambroise, avec une traduction, une introduction et un commen-taire par M . le Rev . Thomas A . KELLY (1939) . Dans une série plus ré-cente sur la langue et la littérature du latin médiéval et du latin de la renaissance ont paru cette année : X . BUTTIMER, Brother Charle s Henry, Hugonis de Sancto Victore Didascalicon de Studio Legendi .

A CriticalText (1939), et XI . BRAllEL, Sister Kathleen, The Clausulae

of Gregory the Great (1939) .

Références

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