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pour cela, il faut supposer n ≥ 2, ce qu’on fait ci-dessous

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(1)

1. Groupes d’homotopie sup´erieurs et relatifs

1.1. Suite exacte longue d’homotopie relative. On se donne une paire d’espaces (X, A) avec un point base x0 dans A. On choisit un point base s0 = (1,0,· · · ,0) dans Sn ⊂ Rn+1 puis, pour n ≥ 1, on d´efinit πn(X, A, x0) comme l’ensemble des classes d’homotopie d’applications de (Dn, Sn−1, s0) dans (X, A, x0). SiA est r´eduit `ax0, il s’agit simplement de l’ensemble des classes d’homotopie d’applications de (Dn, Sn−1) dans (X, x0): on note plus simplement cet espace πn(X, x0). Si n = 1, il s’agit donc des classes d’homotopie d’applications de [0,1] dans X re- liant le point base `a un point deA: on ne peut munir cet espace d’une structure de groupe (sauf si A = {x0}): pour cela, il faut supposer n ≥ 2, ce qu’on fait ci-dessous.

Lemme 1(Crit`ere de compression).Une applicationf : (Dn, Sn−1, s0)→(X, A, x0) est ´egale `a l’application constante dans πn(X, A, x0) si et seulement si elle est ho- motope relativement `a Sn−1 `a une application `a valeurs dans A.

Preuve. Si on note g : Dn → A l’application `a laquelle f est homotope, alors [f] = [g] ∈ πn(X, A, x0). Comme Dn se r´etracte par d´eformation sur s0, en composant la r´etraction par g on obtient une homotopie entre g et l’application constante: un sens de l’´equivalence est d´emontr´e. R´eciproquement, si on a une homotopie H :Dn×[0,1]→ X entre f et l’application constante, on la restreint

`

a une famille de disques Dn×[0,1] commen¸cant par Dn× {0} et terminant par Dn× {1} ∪Sn−1×[0,1]. On obtient ainsi une homotopie entref et une application

enti`erement `a valeurs dans A, comme annonc´e.

On constate qu’il existe une application c : Dn → Dn

s0

Dn qui ´ecrase un disque m´eridien Dn−1 contenant s0 sur le point s0. Si on a deux applications f, g : (Dn, Sn−1, s0) dans (X, A, x0), on peut les combiner en une applicationf∨g d´efinie sur Dn

s0

Dn: on d´efinit alors le produitf g =f∨g◦c.

Lemme 2. Le produit d´efini ci-dessus munitπn(X, A, x0)d’une structure de groupe, ab´elien si n ≥3 ou n = 2 et A={x0}.

Exercice 1. SoitI = [0,1]etJn−1le compl´ementaire dans∂Inde la face d’´equation xn = 0.

(1) Montrer que πn(X, A, x0)s’identifie aux classes d’homotopie d’applications f : (In, ∂In, Jn−1)→(X, A, x0).

1

(2)

(2) Montrer que le produit se d´efinit dans ces coordonn´ees comme pour la con- cat´enation dans le groupe fondamental en faisant jouer uniquement la co- ordonn´ee x1.

Exercice 2. (1) Montrer que le groupe πn(Dn, Sn−1, s0) est non trivial.

(2) Calculer πn(M, ∂M, x0) dans le cas o`u M est un anneau puis une bande de M¨obius.

Par l’inclusion de{x0} dans A, on a une application πn(X, x0)→πn(X, A, x0).

Par celle deAdans X, une applicationπn(A, x0)→πn(X, x0), enfin, l’application qui `a f : (Dn, Sn−1, s0) → (X, A, x0) associe f|Sn−1 induit un morphisme ∂ : πn(X, A, x0)→ πn−1(A, x0). La proposition suivante est techniquement tr`es utile mais essentiellement formelle, comme le montre la d´emonstration.

Proposition 1. Soit (X, A) une paire d’espaces munie d’un point base x0 ∈ A.

On a une suite exacte longue

· · · →πn(A, x0)→πn(X, x0)→πn(X, A, x0)→ πn−1(A, x0)→ · · · .

Preuve. Rappelons queπ0(X, A) n’est pas d´efini et que les trois derniers ensembles ne sont pas des groupes. Il y a toujours cependant un ´el´ement “trivial” et par ex- actitude, on entend que la pr´eimage de l’´el´ement trivial est l’image de l’application pr´ec´edente.

Exactitude en πn−1(A, x0): observons d’abord que si g : (Dn, Sn−1, s0) → (X, A, x0) alors sa restriction au bord est homotope `a une constante dans X en posant H(x, t) = g((1−t)x+ts0). La compos´ee πn(X, A, x0) → πn−1(A, x0) → πn−1(X, x0) est donc triviale. R´eciproquement, soitf :Sn−1 →Atel que [f] = 0∈ πn−1(X, x0). Soit H :Sn−1×[0,1]→X l’homotopie entre f et l’application con- stantex0. En identifiantSn−1×{1}`a un point, on obtient un espace hom´eomorphisme

`

a Dn et H se voit comme une application Dn → X qui envoie le bord sur A. Il s’agit d’un ´el´ement de πn(X, A, x0) et f s’obtient en le restreignant au bord.

Exactitude en πn(X, A, x0): Soit f : (Dn, Sn−1) → (X, x0) repr´esentant un ´el´ement de πn(X, x0). On peut le voir comme un ´el´ement de πn(X, A, x0) dont la restriction `a Sn−1 est triviale, montrant que la compos´ee πn(X, x0) → πn(X, A, x0) → πn−1(A, x0) est triviale. R´eciproquement, si f : (Dn, Sn−1, s0) → (X, A, x0) a une restriction `aSn−1homotope `a une constante, on prolongef sur une couronne par l’homotopie pour d´efinir une application f0 : (Dn, Sn−1) →(X, x0).

Par construction [f0]∈πn(X, x0) repr´esente f dans πn(X, A, x0).

Exactitude en πn(X, x0): si [f] ∈ πn(X, x0) est repr´esent´ee par une fonc- tion `a valeurs dans A, elle est repr´esent´ee dans πn(X, A, x0) par une applica- tion (Dn, s0) → (A, x0). Son bord est donc trivial. R´eciproquement, si f : (Dn, Sn−1, s0) → (X, x0, x0) repr´esente 0 dans πn(X, A, x0), le crit`ere de com- pression nous dit que f est homotope `a un ´el´ement de πn(A, x0) et tout est

d´emontr´e.

(3)

D´efinition 1. On dira qu’un espace X est 0-connexe s’il est connexe par arcs et pour tout n > 0 on dira qu’il est n-connexe s’il v´erifie πk(X, x0) = 0 pour tout 1≤k ≤n et pour un certain x0 ∈X.

On dira qu’une paire d’espaces(X, A)est0-connexe si toute composante connexe par arcs de X contient un ´el´ement de A et qu’elle est n-connexe avec n >0 si elle est 0-connexe et πk(X, A, x0) = 0 pour tout x0 ∈A et 1≤k≤n.

Exercice 3. Montrer que (X, A) est n-connexe si et seulement si pour tout 1 ≤ k ≤n l’une des propri´et´es suivantes est vraie:

(1) Toute application f : (Dk, Sk−1) → (X, A) est homotope relativement au bord `a une application `a valeurs dans A.

(2) Toute application f : (Dk, Sk−1) → (X, A) est homotope dans cette classe

`

a une application `a valeurs dans A.

(3) Toute application f : (Dk, Sk−1) → (X, A) est homotope dans cette classe

`

a une application constante.

Exercice 4. D´eterminer l’ordre de connexit´e des paires suivantes:

(1) (P2(R),P1(R)) (2) (P2(C),P1(C)) (3) (P3(R),P1(R))

1.2. Th´eor`eme d’Hurewicz. Soit (X, A, x0) un triplet d’espaces. On rappelle que πn(X, A, x0) est engendr´e par des classes d’homotopie d’applications

f : (Dn, Sn−1, s0)→(X, A, x0).

Le morphisme induit f : Hn(Dn, Sn−1,Z) → Hn(X, A,Z) ne d´epend que de la classe d’homotopie def. En notantαnle g´en´erateur deHn(Dn, Sn−1,Z) on d´efinit une application h:πn(X, A, x0)→Hn(X, A) par h(f) = fαn appel´ee application d’Hurewicz.

Proposition 2. Si n > 1, l’application h : πn(X, A, x0) → Hn(X, A,Z) est un morphisme.

Preuve. Sous-entendons que les coefficients des groupes d’homologie sont Z. Don- nons nous f, g : (Dn, Sn−1, s0) → (X, A, x0). On a d´efini le produit comme la composition f ∨g ◦c o`u c : Dn → Dn ∨Dn est la contraction sur un disque

´

equatorial contenant s0. Tout revient alors `a montrer que (f ∨g◦c) = f +g. Etudions pour cela c :Hn(Dn, Sn−1)→Hn(Dn∨Dn, Sn−1∨Sn−1).

On a deux applications q1, q2 :Dn∨Dn →Dn qui ´ecrasent le deuxi`eme (respec- tivement le premier) disque. Elles v´erifient que q1∗ ⊕q2∗ : Hn(Dn ∨Dn, Sn−1 ∨ Sn−1) → Hn(Dn, Sn−1 ⊕Hn(Dn;Sn−1) est un isomorphisme. Comme q1 ◦c et q2 ◦ c sont homotopes `a l’identit´e, l’application c lue par cet isomorphisme est l’application diagonale. Le r´esultat est alors d´emontr´e.

Le morphisme d’Hurewicz ne peut pas ˆetre un isomorphisme en g´en´eral pour la simple raison que les groupes d’homologie sont ab´eliens alors que π1(X, x0) et

(4)

π2(X, A, x0) ne le sont pas en g´en´eral. On peut exhiber plus pr´ecis´ement des

´el´ements ayant la mˆeme image.

Dans le cas absolu une application f : (Dn, Sn−1) → (X, x0) envoie toute la sph`ere enx0. Si on se donne [γ]∈π1(X, x0) on peut prolongerf sur une couronne sph´erique Sn−1×[1,2] en envoyant (x, t) surγ(t−1). On v´erifie que cela d´efinit une action de π1(X, x0) sur πn(X, x0). Comme les applications f et γ.f sont homotopes en tant qu’applications Sn → X, on en d´eduit que h([γf]) = h([f]).

On note alors πn0(X, x0) le quotient de πn(X, x0) par le sous-groupe (distingu´e si n´ecessaire) engendr´e par γ.[f]−[f] de sorte que h induit une application h : π0n(X, x0)→Hn(X,Z).

Le cas relatif est distinct car cette fois, on munit seulement πn(X, A, x0) d’une action de π1(A, x0). Si f : (Dn, Sn−1, x0) → (X, A, x0) repr´esente un ´el´ement de πn(X, A, x0) et γ : ([0,1],{0,1})→ (A, x0) repr´esente un ´el´ement de π1(A, x0) on d´efinit γ.f = (γ◦p∨f)◦c o`up est la projection de Dn surD1.

Exercice 5. Montrer que cette op´eration d´efinit bien une action de π1(A, x0) sur πn(X, x0). Calculerπ2(X, A) et comprendre cette action dans le cas o`u X =S2 et A est un huit plong´e dans X.

On rappelle le th´eor`eme suivant:

Th´eor`eme 1. Soit X un espace connexe par arcs muni d’un point base x0. Alors l’application h:π01(X, x0)→H1(X,Z) est un isomorphisme.

Exercice 6. D´emontrer ce r´esultat en construisant explicitement un inverse. On choisira une fois pour toute un arcγx reliant x0 `a xpour tout x∈X. Que peut-on dire de h:π1(X, A, x0)→H1(X, A) dans le cas o`u A et X sont connexes?

Th´eor`eme 2. Soit (X, A) une paire d’espaces avec A et X connexes par arcs.

Soitn ≥2et supposons la paire (X, A) (n−1)-connexe. Alors Hk(X, A) = 0 pour k < n et h:πn0(X, A)→Hn(X, A) est un isomorphisme.

Avant d’attaquer la preuve de ce th´eor`eme, on va rappeler la preuve d’un fait bien connu : si deux applications f, g : X → Y sont homotopes, alors pour tout entier n, f = g : Hn(X,Z) → Hn(Y,Z). Ce n’est pas tant le r´esultat qui nous int´eresse (car on le suppose bien connu) sinon sa preuve dont on va reprendre quelques ´el´ements dans celle du th´eor`eme d’Hurewicz.

Preuve. Si on se donne une homotopieH :X×[0,1]→Y entre f etg alors pour tout simplexeσ : ∆n →X on peut comparer pr´ecis´ement fσetgσ: ce sont deux faces de l’image du prisme ∆1 ×∆n par l’application H. Notons ik : ∆k → ∆k

l’application identit´e que l’on voit comme un ´el´ement de Ck(∆k,Z). On construit par r´ecurrence un ´el´ement i1×ik ∈Ck(∆1×∆k) qui v´erifie ∂(i1×ik) = ∂i1×ik− i1×∂ik. Intuitivement, il s’agit d’une triangulation du prisme ∆1×∆k.

L’´el´ement i1×i0 est l’identit´e, puis en supposant quei1×ik−1 existe, on observe que∂i1×ik−i1×∂ikest un cycle dansCk(∆1×∆k) et commeHk(∆1×∆k,Z) = 0, on peut bien trouver un cycle i1×ik et la r´ecurrence est ´etablie.

(5)

Pour conclure, on d´efinit l’op´erateur K : Ck(X,Z) → Ck+1(Y,Z) par K(σ) = H(i1×ik). On a alors∂K(σ) +K(∂σ) = H(∂i1×ik−i1×∂ik) +H(i1×∂σ) = H(∂i1) =gσ−hσ. Si maintenant on a un cycle z∈Ck(X,Z) on applique cette relation pour trouver dK(z) =gz−hz et le r´esultat est d´emontr´e.

La preuve du th´eor`eme d’Hurewicz va reposer sur la proposition technique suiv- ante. On commence par observer que Dnet ∆n sont hom´eomorphes et qu’on peut donc les substituer dans la d´efinition de πn(X, A). L’avantage est que la classe fondamentale αn∈Hn(∆n, ∂∆n) est repr´esent´ee par l’identit´e de ∆n que l’on note dor´enavant in. Le morphisme d’Hurewicz envoie donc simplement la classe de f : (∆n, ∂∆n, e0)→(X, A, x0) sur [f]∈Hn(X, A).

Notons Ck(n)(X, A) le sous-groupe de Ck(X, A) engendr´e par les simplexes σ :

k→X qui envoient len-squelette de ∆k dans A (modulo Ck(A)). Il s’agit d’un sous-complexe de C(X, A) dont on note l’homologie H(n)(X, A).

Proposition 3. Si (X, A) est n-connexe, le morphisme naturel H(n)(X, A) → H(X, A) est un isomorphisme.

Preuve. On d´efinit pour tout simplexeσ : ∆k →X une application P(σ) : [0,1]×

k→X v´erifiant les conditions suivantes:

(1) P(σ)(0,·) = σ.

(2) P(σ)(1,·)∈Ck(n)(X, A)

(3) σ∈Ck(n)(X, A) =⇒ P(t,·) = σ pour tout t∈[0,1].

(4) P(σ)◦(i1×∂ki) =P(σ◦∂ki)

Dans cette derni`ere formule, ∂ki : ∆k−1 → ∆k est la i-`eme face. L’application P est d´efinie pour des simplexes deCk(n)(X, A). On la d´efinit sur les autres simplexes par r´ecurrence surk. Supposons donc qu’elle soit d´efinie pour tous lesi-simplexes aveci < k et donnons nous unk-simplexeσ : ∆k →X. D’apr`es (4) et l’hypoth`ese de r´ecurrence, P est d´efinie sur l’image de i1×∂ki. D’apr`es (1), il est aussi d´efini sur {0} ×∆k.

Si k ≤ n, on a par hypoth`ese πk(X, A) = 0. D’apr`es le crit`ere de compression, l’application P restreinte `a {0} × ∆k ∪ [0,1]× ∂∆k est alors homotope `a une application `a valeurs dansA. En choisissant une telle homotopie, on peut prolonger P de sorte `a envoyer {1} ×∆k dans A. Si k > n, on peut prolonge P n’importe comment.

On d´efinit alors φ : Ck(X, A) → Ck(n)(X, A) par φ(σ) = P(σ)(1,·) puis une homotopie de chaˆıneK :C(X, A)→C∗+1(X, A) par la formuleK(σ) =P(σ)(i1× ik). On calcule alors ∂K(σ) = ∂P(σ)(i1 × ik) = P(σ)(∂i1 ×ik −i1 ×∂ik) = P(σ)(∂11i1−∂10i1−P

j(−1)ji1×∂kjik).De l’autre cˆot´e,K(∂σ) = P

j(−1)jK(∂kjσ) = P

j(−1)jP(∂kjσ)(i1 ×ik−1) = P

j(−1)jP(σ)(i1, ∂kjik) d’apr`es (4). En faisant les comptes, on trouve ∂K(σ) +K(∂σ) =P(σ)(1,·)−P(σ)(0,·) =φ(σ)−σ.

(6)

On en d´eduit queφ:Ck(X, A)→Ck(n)(X, A) induit un inverse homotopique de

l’inclusion et la proposition est d´emontr´ee.

Preuve du th´eor`eme 2. Dans les hypoth`eses du th´eor`eme, tout ´el´ement deCk(n−1)(X, A) est nul si k < n par construction, ainsi on d´eduit directement de la Proposition 3 queHk(X, A) = 0 pour tout k < n.

Soit f : (∆n, ∂∆n) → (X, A). On a alors f ∈ Cn(n−1)(X, A) et on note encore h: π0n(X, A)→ Hn(n−1)(X, A) 'Hn(X, A) l’application induite. R´eciproquement, si f ∈ Cn(n−1)(X, A), il repr´esenterait un ´el´ement de πn(X, A) si on avait la condition de point base. En rattachant d’une fa¸con arbitraire cet ´el´ement au point base, on d´efinit un ´el´ement de πn0(X, A). On d´efinit ainsi un morphisme φ : Cn(n−1)(X, A) → πn0(X, A). Comme tous les ´el´ements de Cn(n−1) sont des cy- cles, il suffit de montrer que φ s’annule sur un bord. Soit σ ∈ Cn+(n−1)(X, A). On a φ(∂σ) = P

j(−1)jφ(∂n+1j σ) = P

j(−1)j[∂n+1j σ] = [σ|∂∆n+1] par additivit´e. Or g : ∂∆n+1 → X repr´esente 0 dans πn(X) parce qu’elle s’´etend au simplexe. La mˆeme chose est alors vraie dans πn(X, A) et le r´esultat est d´emontr´e. On a con- struit ainsi un morphisme φ : Hn(X, A) → πn0(X, A) qui est un inverse de h par

construction.

Le prototype de paire n-connexe est un espace A auquel on ajoute des cellules de dimension> n. Voici un ´enonc´e pr´ecis.

Proposition 4. Soit X un CW-complexe connexe par arcs et Xn son n-squelette.

Alors (X, Xn) est n-connexe pour tout n≥1.

Preuve. Montrons `a la main la 1-connexit´e. On se donne un point base x0 ∈ X0 et un chemin γ : [0,1] → X v´erifiant γ(0) = x0 et γ(1) ∈ X. Comme [0,1] est compact, γ([0,1]) est contenu dans un sous-complexe fini et on peut supposer que X a un nombre fini de cellules. Consid´erons une cellule de dimension maximale e : DN → X (on a N > n ≥ 1). Si on prouve que γ est homotope relativement au bord `a un chemin qui ´evite e( ˙DN) on peut ´eliminer par r´ecurrence toutes les cellules de dimension > n et la proposition est d´emontr´ee.

Consid´erons I = γ−1(e( ˙DN)). C’est un ouvert de ]0,1[ qui s’´ecrit donc I =

`

ii, βi[. Sur chaque intervalle [αi, βi] on peut par combinaison barycentrique ho- motoperγ sur un segment de droite [e−1(γ(αi)), e−1(γ(βi))]. Apr`es cette op´eration e−1γ([0,1]) est une famille d´enombrable de segments qui ´evite donc un point e(y) avecy∈D˙n. En r´etractant par d´eformationDn\ {y}sur son bordSn−1 on obtient une homotopie entreγ et un chemin qui ´evitee( ˙Dn).

Supposons maintenant n ≥ 2. On veut prouver que π2(X, Xn, x0) = 0 et le th´eor´eme d’Hurewicz nous donne l’isomorphisme π20(X, Xn, x0) ' H2(X, Xn).

Comme toutes les 2-cellules deXsont dansXn, on aC2cell(X, Xn) = 0 etH2(X, Xn) = 0. Si X est simplement connexe, comme on a prouv´e que π1(X, Xn, x0) = 0 on a aussi π1(Xn, x0) = 0. Ainsi π1(Xn) = 0 n’agit pas sur π2(X, Xn, x0) et on en

(7)

d´eduit bien π2(X, Xn, x0) = 0. Dans le cas contraire, prenons le revˆetement uni- versel deX p: ˜X →Xbas´e enx0. Un ´el´ement deπ2(X, Xn, x0) est repr´esent´e par une application f : (D2, S1, s0)→(X, Xn, x0) qui se rel`eve de fa¸con unique en ˜f : (D2, S1, s0)→( ˜X,X˜n,x˜0). Grˆace au cas simplement connexe on aπ2( ˜X,X˜n,x˜0) = 0 donc ˜f se r´etracte modulo son bord sur ˜Xn. En composant parp, la mˆeme chose est vraie pour f et on a bienπ2(X, Xn, x0) = 0.

On proc`ede par induction pour prouverπk(X, Xn, x0) = 0 pour tout k≤n.

Les applications du th´eor`eme d’Hurewicz sont nombreuses: parmi elles, citons la possibilit´e de construire des espaces topologiques avec des groupes d’homotopie prescrits.

Corollaire 1. SoitX un espace topologique connexe par arcs muni d’un point base x0 et fixons n >1. Il existe alors un espace topologique X0 v´erifiant πk(X0, x0) = πk(X, x0) pour tout k < n et πn(X0) = 0.

Preuve. Soit gi : (Sn, s0) → (X, x0) une famille param´etr´ee par i ∈ I dont les classes engendrent le groupe πn(X, x0). On construit X0 = X q `

i∈IDin+1/ ∼ o`u on a pos´e x ∼ gi(x) pour tout x ∈ Sin. On ´ecrit alors la suite exacte longue d’homotopie de la paire (X0, X) qui est n-connexe d’apr`es la proposition pr´ec´edente. Cela donne l’isomorphisme πk(X0, x0) =πk(X, x0) pour tout k < n.

Consid´erons ensuite le morceauπn+1(X0, X, x0)→ πn(X, x0)→πn(X0, x0)→0.

Lai-`eme (n+ 1)-cellule de X0 d´efinit un ´el´ement deπn+1(X0, X, x0) dont le bord est [gi]. L’application ∂ est donc surjective et le r´esultat s’en suit.

Etant donn´e un groupe G, il existe un espace topologique connexe par arcs X v´erifiant π1(X, x0) = G. On peut le construire de diverses fa¸con, une m´ethode est de poser X = (G∗G)∗(G∗G) o`uA∗B =A×B×[0,1]/∼ o`u on pose (a, b,0)∼ (a, b0,0) et (a, b,1)∼(a0, b,1) pour touta, a0 ∈Aetb, b0 ∈B. Le corollaire appliqu´e

`

a X avecn = 2 permet d’inclure X dans X1 avecπ1(X) =π1(X1) et π2(X1) = 0.

On it`ere le proc´ed´e pour construire une chaineX ⊂X1 ⊂X2 ⊂. . .En consid´erant Y = lim

Xi on fabrique un espace Y v´erifiant π1(Y) =G et πk(Y) = 0 pour tout k > 1. Cet espace, not´e K(G,1), est d’importance fondamentale, en particulier parce qu’il ne d´epend que de G `a homotopie pr`es comme on le verra plus tard.

Exercice 7. (1) Trouver explicitement un K(Z,1).

(2) Trouver un K(G,1) avec G non trivial et non isomorphe `a Z.

(3) Construire un K(Z, n), c’est-`a-dire un espace X v´erifiant πk(X) = Z si k=n et 0 sinon.

(4) A quelle conditions sur une famille de groupes(Gk)k∈N peut-on trouver un espace X connexe par arcs v´erifiant πk(X) =Gk pour tout k >0?

Comme application tr`es diff´erente, on anticipe un th´eor`eme de Whitehead qui donne un crit`ere alg´ebrique pour qu’une applicationf :X → Y entre deux CW- complexes soit une homotopie faible.

(8)

Corollaire 2. SoitX etY deux espaces connexes par arcs etf :X →Y une appli- cation continue. Alors si f induit un isomorphisme fk(X, x0)→πk(Y, f(x0)) pour tout k > 0 alors f : Hk(X,Z) → Hk(Y,Z) est un isomorphisme pour tout k >0. La r´eciproque est vraie si X est simplement connexe.

Preuve. On consid`ere le cˆone de l’application Cf = X×[0,1]qY /(x,1)∼ f(x) et l’inclusion X → Cf donn´ee par x 7→ (x,0). On prend x0 pour point base et on suppose que f induit des isomorphismes en homotopie. Comme Cf se r´etracte par d´eformation sur Y on a πk(Cf, f(x0)) = πk(Y, f(x0) et l’application πk(X, x0)→πk(Cf, x0) est encore un isomorphisme.

La suite exacte de la paire (X, CX) nous donne imm´ediatementπk(CX, X, x0) = 0 pour tout k >0. Let th´eor`eme d’Hurewicz implique Hk(CX, X) = 0 pour tout k. La suite exacte en homologie de la paire (X, CX) permet de conclure que l’application Hk(X,Z) → Hk(Cf,Z) ' Hk(Y,Z) est un isomorphisme. On peut faire le raisonnement dans l’autre sens siπ1(X, x0) = 0 car alors le premier groupe d’homotopie non-trivial de (Cf, X) sera bien ´egal au premier groupe d’homologie

non-trivial de (Cf, X), `a savoir 0.

Exercice 8. Soit G un groupe et X un espace connexe par arcs de point base x0. Montrer que H2(X,Z)/h(π2(X, x0)) ne d´epend que de G. Ce groupe est not´e H2(G,Z). On admettra que les espaces K(G,1) sont uniques `a homotopie pr`es.

1.3. Groupes d’homotopie et fibrations.

D´efinition 2. Une application p:E →B est une fibration (de Serre) si pour tout n∈N et tout diagramme commutatif

Dn× {0} //

E

p

Dn×[0,1] //

::

B admet un relev´e comme indiqu´e.

Tout revˆetement est une fibration de Serre d’apr`es le th´eor`eme de rel`evement des homotopies, mais aussi un produitE =F ×B →B avecp(f, b) =b.

Exercice 9. Soit p : E → B une application telle qu’il existe un recouvrement (Ui)i∈I de B et des hom´eomorphismes Φi :p−1(Ui)→Fi×Ui rendant commutatif le diagramme suivant:

p−1(Ui) Φi //

p

##

Fi×Ui

p2

{{Ui

.

On appellera une telle application un fibr´e. Prouver qu’il s’agit d’une fibration et que si B est connexe par arcs, tous les Fi sont hom´eomorphes entre eux.

(9)

Th´eor`eme 3. Soit p:E →B une fibration, b0 ∈B un point base, F =p−1({b0}) et x0 ∈ F. Il existe un morphisme ∂ : πn(B, b0) → πn−1(F, x0) s’inscrivant dans une suite exacte longue:

· · · →πn(F, x0)→πn(E, x0)→πn(B, b0)→ πn−1(F, x0)→ · · ·

Preuve. On peut le d´eduire que la suite exacte d’homotopie relative si on ´etablit l’isomorphisme πn(E, F, x0) ' πn(B, b0). Or, l’application p : E → B induit bien un morphisme p : πn(E, F, x0) → πn(B, b0). Soit f : (Dn, Sn−1) → (B, b0) repr´esentant un ´el´ement de πn(B, b0). On ´ecrit Dn ' Dn−1 × [0,1]: comme p est une fibration, il existe une application ˜f : Dn → E qui rel`eve f et envoie le point base s0 ∈ Sn−1 sur x0. Son bord ´etant envoy´e dans F, cela d´efinit bien une classe [ ˜f] ∈ πn(E, F). Cela prouve que p est surjective. Si maintenant f : (Dn, Sn−1, s0) → (E, F, x0) repr´esente 0 dans πn(B, b0) c’est qu’il existe une application H : Dn ×[0,1] → B telle que H(Sn−1 ×[0,1]∪Dn × {1}) = b0 et H(·,0) =p◦f. En appliquant la propri´et´e de fibration on constate queH se rel`eve en une application ˜H `a valeurs dans E qui fournit une compression de f dans la fibre F. Ainsi, [f] = 0∈πn(E, F) et p est injective. Le th´eor`eme se d´eduit donc

de celui de la suite exacte d’homotopie relative.

Nous sommes enfin arm´es pour calculer quelques groupes d’homotopie de sph`eres!

On a d’apr`es le th´eor`eme d’Hurewicz πk(Sn) = 0 si 0 < k < n et πn(Sn) = Z si n > 0. Comme le revˆetement universel de S1 est R qui est contractile, on a πk(S1) = 0 pourk >1.

Au del`a de ces r´esultats on peut exploiter l’action deS1 surS2n+1 ⊂Cn+1 d´efini par z.(x0, . . . , xn) = (zx0, . . . , zxn). Le quotient est isomorphe `a l’espace projectif complexePn(C). Quandn = 1, on aP1(C)'S2 de sorte qu’on a une suite exacte longue

0→π5(S3)→π5(S2)→0→π4(S3)→π4(S2)→0→π3(S3)→π3(S2)→0 On en d´eduit le premier r´esultat r´eellement int´eressant: π3(S2) = π3(S3) = Z. Il est en effet remarquable que ce groupe soit non-trivial, et engendr´e par la fibration de Hopfp:S3 →P1(C)'S2. Tr`es remarquable aussi est l’isomorphisme πk(S3) =πk(S2) pour tout k≥3. Ces groupes ne sont toujours pas connus!

Exercice 10. Montrer que si dans une fibration p:E →B de fibre F, l’inclusion de F dans E est homotope `a une constante alors on a πn(B)'πn(Y)×πn−1(F).

Si F est un retract de E, on a plutˆot πn(E) = πn(B)×πn(F).

Soit X un espace topologique muni d’un point base x0. On note P X = {γ : [0,1]→X, γ(0) =x0} que l’on munit de la topologie compacte ouverte et on pose p(γ) =γ(1). On note ΩX =p−1(x0) l’espace des lacets en x0.

Lemme 3. L’application p:P X →X est une fibration.

(10)

Preuve. Si on a f : Dn×[0,1] → X qu’on a relev´e en ˜f au-dessus de Dn× {0}, cela signifie qu’on a deux familles de chemins index´ees par Dn. Celle donn´ee par f(z,·) partant def(z,0) et arrivant `af(z,1) et celle donn´ee par ˜f(z,0) partant du point base et arrivant `af(z,0). Il nous suffit alors de concat´ener ces deux familles pour construire continˆument par rapport `az ∈Dn et t∈[0,1] un chemin partant

du point base et terminant `a f(z, t).

L’applicationP X×[0,1]→P X d´efinie par (γ, s)7→γ(s·) est une contraction de P X sur son point base. Cela prouve queP X a tous ses groupes d’homotopie trivi- aux. La suite exacte d’homotopie nous apprend alors queπn(ΩX,∗) = πn+1(X, x0) o`u on a not´e ∗ le lacet constant x0. Bien sˆur, c’est en fait un peu tautologique, mais cette observation est fondamentale. Elle ram`ene par exemple le calcul de π2(X) `a celui de π1ΩX et par Hurewicz `a celui de H1(ΩX,Z). On ram`ene tou- jours par ce genre de proc´ed´e le calcul d’un groupe d’homotopie `a celui d’un groupe d’homologie.

Exercice 11. Calculer πk(Pn(C)) pour k aussi grand que possible. En d´eduire un K(Z,2)explicite.

Exercice 12. Calculer πi(SUn) pour i= 1,2,3 et n ≥2.

Exercice 13. Montrer que Confn(C) = {(z1, . . . , zn) ∈ Cn, zi 6= zj si i 6= j} est un K(G,1).

Exercice 14. Montrer que pour toute application f :X →Y, il existe un espace X0 et un diagramme

X f //

φ

Y

X0

p

>>

o`u φ est une ´equivalence d’homotopie et p est une fibration.

2. Homologie `a coefficients tordus

Soit X un espace topologique d´ela¸cable etx0 ∈X un point base. On note ˜X le revˆetement universel bas´e en x0: on rappelle que, au moins en tant qu’ensemble, il s’agit des paires (x,[γ]) o`u x est un point deX et γ : [0,1]→X est un chemin continu reliantx0 `a x. La notation [γ] d´esigne la classe d’homotopie de γ relative au bord.

On rappelle que si [α] et [β] d´esignent deux ´el´ements de π1(X, x0), alors le produit [α][β] est par d´efinition [αβ] o`uαβd´esigne le chemin obtenu en parcourant α dans l’intervalle [0,1/2], puisβ dans l’intervalle [1/2,1].

On en d´eduit que le groupe fondamental agit sur le revˆetement universel par la formule [α].[γ] = [αγ] et qu’on a [α].([β].[γ]) = [αβ].[γ]: il s’agit donc d’une action

`

a gauche.

(11)

2.1. Une d´efinition pr´eliminaire. SoitM un groupe ab´elien muni d’une action lin´eaire de π = π1(X, x0). Il est ´equivalent de se donner un morphisme π → Aut(M) o`u de munir M d’une structure deZ[π]-module.

Par exemple le groupe Cn( ˜X) des n-chaˆınes singuli`eres de ˜X est un tel Z[π]- module: on d´efinit le produit tensoriel

Cn( ˜X)⊗π M =Cn( ˜X)⊗M/N

o`u N est le sous-groupe engendr´e par γ.x⊗γ.m −x⊗m pour tout γ ∈ π, x ∈ Cn( ˜X), m∈M.

Remarque 1. En g´en´eral, siAest un anneau non commutatif, on d´efinit le produit tensoriel M⊗AN si M est un A-module `a droite et N est un A-module `a gauche comme le quotient du produit tensoriel usuel M ⊗N par le sous groupe engendr´e par ma⊗n−m⊗an. C’est ce qu’on fait ici en munissant implicitement Cn( ˜X) d’une structure de Z[π]-module `a droite en posant x.γ =γ−1.x.

Comme la diff´erentielle usuelle∂ :Cn( ˜X)→Cn−1( ˜X) commute avec l’action de π, elle induit une diff´erentielle ∂ :Cn( ˜X)⊗πM →Cn−1( ˜X)⊗πM.

D´efinition 3. On d´efinit l’homologie deX `a coefficients tordus dansM et on note H(X, M) l’homologie du complexe C( ˜X)⊗π M.

Les groupes Homπ(Cn( ˜X), M) des morphismes π-´equivariants de Cn( ˜X) dans M forme un (co-)complexe pour la diff´erentielle df = (−1)nf◦∂.

D´efinition 4. On d´efinit la cohomologie de X `a coefficients tordus dans M et on note Hn(X, M) la cohomologie en degr´e n du complexe Homπ(C( ˜X), M).

Exemple 1. (1) Si l’action de π sur M est triviale, on a Cn( ˜X)⊗π M = Cn(X)⊗M. On en d´eduit que H(X, M) est bien ´egal `a l’homologie stan- dard `a coefficients dans M. La mˆeme chose est vraie en cohomologie et la notation est bien coh´erente.

(2) Si on pose M = Z[π] avec π agissant par multiplication `a gauche, on a Cn( ˜X)⊗π Z[π] ' Cn( ˜X) et donc H(X,Z[π]) = H( ˜X,Z). Attention ce n’est pas vrai pour la cohomologie!

(3) Plus g´en´eralement, si H est un sous-groupe de π et M = Z[π/H], on a Cn( ˜X)⊗Z[π/H] ' Cn(H/X)˜ et donc H(X,Z[π/H]) = H( ˆX,Z) o`u Xˆ est le revˆetement p: ˆX →X tel que pπ1( ˆX) =H.

L’homologie `a coefficients tordus a des propri´et´es formelles tr`es proches de l’homologie standard: elle permet -entre autres applications- de d´ecrire l’homologie de revˆetements arbitraires de X.

Exercice 15. Soit M une vari´et´e compacte de dimension n et φ:π1(M)→Z/2Z le morphisme d´efini par φ(α) = 1 si l’orientation de M n’a pas chang´e le long de α, et φ(α) = −1 sinon. On note Z˜ le groupe Z muni de l’action de π1(M)

(12)

suivante: γ.x = φ(γ)x. Montrer que Hn(M,Z˜) ' Z: le g´en´erateur de ce groupe est appel´e la classe fondamentale de M (`a coefficients tordus par l’orientation).

Solution:

SiM est orientable, c’est d´ej`a connu. On consid`ere donc le cas non-orientable.

Le noyau deφ correspond au plus petit revˆetement orientable deM, notons le ˆM. En notantτ l’involution non triviale du revˆetement p: ˆM →M on constate qu’on a l’isomorphisme

Ck( ˜M)⊗πZ˜ =Ck( ˆM)/(τσ+σ).

Ce dernier est isomorphe via l’inclusion `a Ck( ˆM) = ker(τ+ Id). Finalement, on a la suite exacte de complexes

0→Ck( ˆM)→Ck( ˆM)→p Ck(M)→0

d’o`u on tire la suite exacte Hn+1(M,Z) → Hn(M,Z˜) → Hn( ˆM ,Z) → Hn(M,Z).

Comme on a Hn(M,Z) = Hn+1(M,Z) = 0 et Hn( ˆM ,Z) = Z on en tire bien Hn(M,Z˜) = Z.

2.2. La d´efinition g´en´erale. Un inconv´enient majeur de la d´efinition ci-dessus est la suivante: siA⊂Xcontient le point basex0etM est unZ[π1(A, x0)]-module, on ne peut donc pas d´efinir H(X, M), encore moins consid´erer l’homologie rela- tive, ce qui est de mauvaise augure pour une th´eorie homologique. La solution est de dissocier le groupeπ du groupeπ1(X, x0). On introduit pour cela un espace de r´ef´erence connexe par arcs B muni d’un point baseb0.

Les objets de notre nouvelle cat´egorie seront des espaces topologiques X munis d’une application continuef :X →B. Unn-simplexe tordu est par d´efinition un couple (σ,[γ]) o`u σ : ∆n → X est continue et γ : [0,1] → B v´erifie γ(0) = b0 et γ(1) =f(cn) o`u cn d´esigne le barycentre de ∆n. Notons π =π1(B, b0): ce groupe agit `a gauche sur lesn-simplexes tordus par la formuleα.(σ,[γ]) = (σ,[αγ]).

On note Cn(X, B) le groupe ab´elien libre engendr´e par les n-simplexes tordus:

il s’agit d’un Z[π]-module libre. On d´efinit ∂(σ,[γ]) =Pn

i=0(−1)i(σ◦∂i,[γγi]) o`u

i : ∆n−1 → ∆n est la i-`eme face et γi est l’image par f d’un chemin reliant le barycentre de ∆n au barycentre de la i-`eme face de ∆n.

Etant donn´e unπ-moduleM on note a nouveauH(X, M) etH(X, M) l’homologie et la cohomologie des complexes obtenus comme pr´ec´edemment en rempla¸cant C( ˜X) parC(X, B). Cette construction g´en´eralise la pr´ec´edente si on poseB =X etf = IdX.

Exercice 16. Identifier H0(X, M) et H0(X, M).

Avec cette nouvelle d´efinition on a d’une part plus besoin de point base dans X (puisqu’il est dans B) et d’autre part, pour tout sous-ensemble A de X, on a une application induite f|A : A → B et donc C(A, B) est un sous-complexe de C(X, B). On d´efinit l’homologie relative comme l’homologie du complexe quotient, de sorte qu’on a automatiquement une suite exacte longue en homologie.

(13)

Pour faire le lien avec la d´efinition pr´ec´edente, donnons nous f : X → B et supposonsX connexe par arcs avec un point basex0 envoy´e surb0. On peut alors grˆace `a l’application f : π1(X, x0) → π1(B, b0) voir Z[π] comme un π1(X, x0)- module. Le complexe C( ˜X)⊗π1(X) Z[π] est engendr´e par les paires σ ⊗γ o`u σ : ∆n → X˜ et γ ∈ π. En reliant le point base x0 `a l’image de ∆n par un cheminαet en consid´erantγ−1f(α) on obtient un isomorphisme entre le complexe C( ˜X)⊗π1(X)Z[π] etC(X, B). Ceci montre en particulier que l’homologie tordue ne d´epend de B que via son groupe fondamental.

Int´eressons-nous `a la fonctorialit´e: un morphisme entre f : X → B et g : Y → B est une application h :X → Y qui fait commuter le diagramme ´evident.

Cette condition assure l’existence d’un morphisme C(X, B) → C(Y, B) d´efini par h(σ,[γ]) = (h ◦σ,[γ]). Cette rigidit´e doit ˆetre prise au s´erieux, mais pas excessivement grˆace `a l’observation que l’homologie tordue ne d´epend que de la classe d’homotopie de l’application f : X → B et que donc la commutation du diagramme peut ˆetre r´ealis´ee `a homotopie pr`es si on prend des pr´ecautions.

Lemme 4. Soit f, g :X →B deux applications li´ees par une homotopie H :X× [0,1]→B: alorsH d´efinit un isomorphisme de complexes de chaˆınesC(X, B)(f) → C(X, B)(g)

Pr´ecis´ement, cet isomorphisme associe au simplexe tordu (σ,[γ]) le simplexe tordu (σ,[γH(σ(cn),·)]).

On laisse en exercice au lecteur le soin de v´erifier que les propri´et´es classiques de l’homologie suivantes sont encores vraies.

Proposition 5. Notons π =π1(B, b0) et consid´erons M un Z[π]-module.

(1) Invariance par homotopie

Soit A ⊂ X et A0 ⊂ X0 deux paires d’espaces avec deux applications h : X → B et h0 : X0 → B. Si f, g : (X, A) → (X0, A0) sont deux applications homotopes (relativement aux contraintes) alors on a f =g : H(X, A, M)→H(X0, A0, M).

(2) Excision

SoitZ ⊂A⊂X tel que l’adh´erence deZ soit incluse dans l’int´erieur de A. On fixe f :X →B. Alors le morphisme

H(X\Z, A\Z, M)→H(X, A, M) induit par l’inclusion est un isomorphisme.

(3) Mayer-Vietoris

Soit A, A0 ⊂ X deux sous-ensemble dont les int´erieurs recouvrent X et f : X → B une application continue. Il existe une famille d’applications naturellesHn(X, M)→Hn−1(A∩A0, M) formant une suite exacte longue:

· · · →Hn(A∩A0, M)→Hn(A, M)⊕Hn(A0, M)→Hn(X, M)→Hn−1(A∩A0, M)→ · · ·

(14)

2.3. Changement de coefficients. Comme dans le cas des coefficients non- tordus, si on a f : X → B, π = π1(B, b0) et M, N deux Z[π]-module, alors tout morphisme φ:M →N de Z[π]-module induit des morphismes H(X, M)→ H(X, N) et H(X, M)→ H(X, N). Un cas particulier est celui o`u M est muni d’une action suppl´ementaire d’un anneau A qui commute `a celle de π: on dit que M est un Z[π]−A-bimodule. Dans ce cas, l’homologie et la cohomologie de X

`

a coefficients tordus dans M h´erite d’une structure de A-module. Donnons deux exemples: si M est un k-espace vectoriel, alors H(X, M) le sera naturellement aussi. Si on pense `aZ[π] comme `a un bimodule sur lui-mˆeme par multiplication `a gauche et `a droite, alors H(X,Z[π]) est naturellement un Z[π]-module `a droite.

Il est tr`es int´eressant de calculer -si possible- H(X, M) `a partir de H(X,Z[π])

`

a la mani`ere des coefficients universels. C’est ce que l’on fera `a la section ? `a l’aide des suites spectrales.

2.4. Calcul `a l’aide des cellules. Comme pour le cas de l’homologie standard, cette homologie se calcule explicitement `a l’aide d’une d´ecomposition cellulaire.

On se donne cette fois un CW-complexe X, une application continue f : X → B et un Z[π]-module M.

Notons eni :Dn → X la famille des n-cellules de X param´etr´ee par i ∈ In. Un marquage de eni est par d´efinition une classe d’homotopie de chemin γin reliant b0 `a f(eni(cn)) o`u cn d´esigne cette fois le centre de Dn. On notera [γin] la classe d’homotopie d’un tel chemin relative `a ses extr´emit´es puis on d´efinit Cncell(X, B) comme le groupe ab´elien libre engendr´e par les cellules marqu´ees. On constate qu’il s’agit d’unZ[π]-module libre dont on fournit une base en choisissant un mar- quage pour chaque cellule. La diff´erentielle est d´efinie comme dans le cas cellulaire standard en marquant les composantes du bord de la cellule eni en prolongeant le cheminγin par un rayon reliant le centre `a la composante correspondante du bord.

Proposition 6. L’homologie du complexe Ccell(X)⊗π M est canoniquement iso- morphe `a H(X, M). De mˆeme la cohomologie du complexe Homπ(Ccell(X), M) est canoniquement isomorphe `a H(X, M).

Preuve. Pour d´emontrer ce th´eor`eme, on commence par relier le complexe cellu- laire `a l’homologie singuli`ere tordue. NotonsX0 ⊂X1 ⊂ · · · la filtration deX par le squelette et calculons H(Xp, Xp−1,Z[π]). En notant (epi)i∈Ip l’ensemble des p- cellules deX, l’excision nous donneH(Xp, Xp−1,Z[π]) =L

i∈IpH(Dp, ∂Dp,Z[π]).

On a Hk(Dp, ∂Dp,Z[π]) = 0 si k 6=p et sinon, c’est un Z-module libre de base lesp-cellules marqu´ees. On en d´eduit que Hn(Xn, Xn−1,Z[π]) est canoniquement isomorphe `aCncell(X, B).

L’op´erateur bord de Cn+1cell(X, B) →Cncell(X, B) est par d´efinition le morphisme de bord de la suite exacte longue associ´ee au triplet de paires

(Xn, Xn−1)→(Xn+1, Xn−1)→(Xn+1, Xn).

(15)

A partir de l`a, on remet la preuve `a la section 3. On peut aussi le d´emontrer par r´ecurrence sur le squelette comme dans le cas non tordu.

En attendant, on en d´eduit `a titre d’illustration les r´esultats suivants:

Exercice 17. Supposons que X soit un CW-complexe fini et que M soit un espace vectoriel de dimension finie sur un corps k. Alors les groupes H(X, M) sont des k-espaces vectoriels de dimension finie et on a :

X

i

(−1)idimkHi(X, M) = χ(M) dimkM.

Exercice 18. PrenonsX =S1 etB =X. On a alors π=Zet unZ[π]-module est la mˆeme chose qu’un groupe ab´elien M munit d’un automorphisme φ ∈ Aut(M).

Calculer H(S1, M) et H(S1, M).

2.5. Obstruction `a prolonger une application. Soit (X, A) une paire de CW- complexes et f :A →B une application continue. Le but de cette section est de d´eterminer des conditions n´ecessaires et suffisantes pour que f se prolonge `a X.

On suppose pour cela que A, X et B sont connexes par arcs. On choisit un point base x0 ∈A et on pose b0 =f(x0).

2.5.1. Condition sur le groupe fondamental. On constate que si f se prolonge `a f˜:X →B, le morphismef1(A, x0)→π1(B, b0) se factorise par le morphisme d’inclusion i1(A, x0)→π1(X, x0).

Proposition 7. L’application f :A → B se prolonge au 2-squelette de X, c’est-

`

a-dire en une application f˜:A∪X2 →B si et seulement si la condition ci-dessus est v´erifi´ee.

Preuve. On suppose donc qu’il existe un morphisme φ : π1(X, x0) → π1(B, b0) v´erifiant f = φ◦i. On choisit dans le 1-squelette X1 \A1 un sous-complexe T maximal v´erifiant les propri´et´es suivantes: toute composante connexe de T est contractile et son adh´erence rencontre A en un seul point. On constate que toute 1-cellule dans le compl´ementaire de T rencontreAouT a ses deux extr´emit´es. On prolonge alors f `aX1 de la mani`ere suivante.

Sur toute composanteT0 deT dont l’adh´erence rencontreAau pointa, on pose f˜= f(a). Puis pour chaque arˆete compl´ementaire e, on choisit un lacet γ dans π1(X1, x0) passant une fois par cette arˆete. On prolongef `aede mani`ere `a ce que f(γ) soit homotope `a φ([γ]).

Consid´erons maintenant une 2-cellule deX\A: la fonctionf que l’on a d´efinie sur son bord induit une application f : S1 → B qui coincide avec φ et donc vaut 0. On peut donc prolonger f `a l’int´erieur du disque.

En conclusion, la condition n´ecessaire sur le groupe fondamental suffit `a pro-

longer f jusqu’au 2-squelette.

(16)

2.5.2. Prolongement au n-squelette. Prenons n ≥ 2 et supposons par r´ecurrence que f a ´et´e prolong´ee jusqu’`a A∪Xn et cherchons `a la prolonger `a A∪Xn+1. Pour chaque (n + 1)-cellule ei : Dn+1 → X, on dispose de f|∂Dn+1 : Sn → B.

Sa classe d’homotopie d´efinit un ´el´ement on+1(ei)∈πn(B) pourvu que l’on puisse

“ramener” cette sph`ere au point base, ce qui pose un probl`eme technique ´etant donn´e qu’on n’a pas encore d´efini f sur Dn+1. Une solution acceptable est de consid´erer une inclusion i :B →B0 o`u B0 est un K(π,1) avec π =π1(B, b0). Le raisonnement pr´ec´edent montre que toute applicationf :A∪Xn→B se prolonge comme sur le diagramme

X f

0 // B0

A∪? Xn

OO

f // B?

OO .

L’avantage de cette fausse solution est qu’elle permet de d´efinir sans ambigu¨ıt´e les groupe Ccell(X, B) en rempla¸cant B par B0. On fera cet abus de notation sans le dire.

Un g´en´erateur deCn+1cell (X, B0) est alors un couple (ei,[γ]) o`uγest un lacet reliant b0 `af(cn+1) dansB0. En prolongeant ce lacet jusqu’au bord de la cellule, on d´efinit un chemin dans B0 entreb0 et f(ei(s0)). Ce lacet correspond `a une unique classe d’homotopie dansB `a extr´emit´e fix´ee, i. e. a un ´el´ement deπn(B, b0) bien d´efini.

De plus, le morphismeon+1 :Cn+1cell(X, A, B)→πn(B) est bien π-´equivariant.

Proposition 8. Le morphismeon+1 est un cocycle et on+1 = 0 comme ´el´ement de Cn+1(X, A, πn(B)) si et seulement si f se prolonge `a Xn+1.

Preuve. La deuxi`eme partie du th´eor`eme est ´evidente par construction. Le fait non ´evident est queon+1 soit un cocycle.

En oubliant le marquage, on peut r´einterpr´eter cette classe de fa¸con plus globale grˆace comme la composition suivante:

Hn+1(Xn+1, Xn)oo h πn+1(Xn+1, Xn, x0) //πn(Xn, x0) f //πn(B, f(x0)). Choisissons d’abord un arc γ reliant b0 `af(x0). Cela permet d’identifierπn(B, b0)

`

n(B, f(x0)).

Reprenons la construction du morphisme d’Hurewicz: `a g : (Dn+1, Sn, s0) → (Xn+1, Xn, x0) l’application associe gn+1) o`u αn+1 d´esigne un g´en´erateur de Hn+1(Dn+1, Sn). Mais comme g est muni d’un marquage au point base x0, en le composant avec f et en le compl´etant par γ on d´efinit une application dans Hn+1(Xn+1, Xn,Z[π]). Ainsi promue, l’application h v´erifie h(α.x) =f(α)xpour tout α∈π1(Xn, x0).

Un autre probl`eme est que h n’est pas un isomorphisme en g´en´eral: le groupe π1(Xn) = π1(X) agit sur πn+1(Xn+1, Xn, B) d’une fa¸con non triviale. On peut montrer que l’application h : πn+1(Xn+1, Xn, x0) → Hn+1(Xn+1, Xn,Z[π]) est un isomorphisme si on tue l’action de kerf1(X, x0)→π1(B, b0) surπn+1(Xn+1, Xn, x0).

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