Para-paresthe´sie sans trouble sphincte´rien chez un patient ayant be´ne´ficie´ d’une
transplantation re´nale
L. Benzaouia*, A. Siwane, J. Dinari, S. Lezar, F. Essodegui
Service central de radiologie, faculte´ de me´decine et de pharmacie, universite´ Hassan II, CHU Ibn Rochd, Casablanca, Maroc
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Observation
Un patient aˆge´ de 65 ans, avait be´ne´ficie´ d’une transplanta- tion re´nale 30 ans auparavant, pour insuffisance re´nale chro- nique au stade terminal. Les suites ope´ratoires avaient e´te´
simples.
Le patient avait e´te´ mis sous traitement immunosuppresseur et corticothe´rapie a` dose de 10 mg/jour.
Depuis six mois, est apparue une para-pare´sie sans trouble sphincte´rien, avec limitation du pe´rime`tre de la marche.
L’examen clinique e´tait normal.
Une IRM lombaire a e´te´ re´alise´e en se´quences sagittales T1 (fig. 1), T2(fig. 2), ainsi qu’une se´quence axiale T2(fig. 3a, b).
[(Figure_1)TD$FIG]
Figure 1.IRM du rachis lombaire, se´quence sagittale T1 sans injection de gadolinium.
*Auteur correspondant.
Coope´rative Ibn Tofail Lotissement Al Hamra, N 61, Marrakech, Maroc.
e-mail :lmed39.lb@gmail.com(L. Benzaouia).
Rec¸u le : 10 septembre 2015 Accepte´ le : 5 fe´vrier 2016
Quel est votre diagnostic ?
FRAD-709 1-4 FRAD-709; No of Pages 4
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http://dx.doi.org/10.1016/j.frad.2016.02.001 Feuillets de radiologie 2016;xxx:1-4 0181-9801X/ß2016 Elsevier Masson SAS. Tous droits re´serve´s.
Quel est votre diagnostic ?
L. Benzaouia et al. Feuillets de radiologie 2016;xxx:1-4
[(Figure_3)TD$FIG]
Figure 3. IRM du rachis lombaire, se´quence axiale T2.
[(Figure_2)TD$FIG]
Figure 2.IRM du rachis lombaire, se´quence sagittale T2 sans injection de gadolinium.
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Diagnostic
Lipomatose e´pidurale sous corticothe´rapie au long cours.
Analyse de l’imagerie
L’IRM lombaire a montre´ la pre´sence de formations e´pidurales diffuses en hypersignal T1(fig. 1), et T2(fig. 2); T2(fig. 3a,b)et ne se rehausse pas par le gadolinium, donnant un aspect monoliforme au canal me´dullaire, associe´es a` des hernies aux e´tages L2–L3, L4–L5 et L5-S1, sous ligamentaires, non migre´es et sans conflit disco-radiculaire.
Discussion
La lipomatose e´pidurale (LE) est un de´poˆt de graisse encap- sule´e dans l’espace e´pidural[1]. C’est une complication rare de la corticothe´rapie prolonge´e. Dans la forme dite idiopathique de la maladie, l’obe´site´ semble eˆtre un facteur important bien que la physiopathologie reste obscure.
La lipomatose e´pidurale, ou lipodystrophie e´pidurale, est une cause rare de compression me´dullaire ou radiculaire. Lee et al.
[2], de`s 1975, ont e´te´ les premiers a` rapporter l’association d’une lipodystrophie et d’un hypercorticisme induit. La LE peut eˆtre primitive, lie´e a` une obe´site´ (une quarantaine de cas) ou le plus souvent secondaire, lie´e a` une corticothe´rapie au long court encore qu’il existe chez ces patients une surcharge ponde´rale qui pourrait eˆtre directement a` l’origine de la LE[3].
Rarement, une maladie de Cushing (3 cas)[4–6], une hypo- thyroı¨die (1 cas)[7], des infiltrations ite´ratives de corticoı¨des (un cas)[8]peuvent re´ve´ler une LE. Elle touche pre´fe´rentiel- lement le sexe masculin (4 hommes pour 1 femme)[3]. L’aˆge moyen est de 45 ans.
Le tissu adipeux occupe, en moyenne, 27 % du diame`tre ante´ro-poste´rieur du canal rachidien thoracique et est absent a` l’e´tage cervical[9]. La graisse e´pidurale thoracique s’accumule en arrie`re et en late´ral entraıˆnant une compres- sion me´dullaire en avant. Au niveau lombo-sacre´, l’accu- mulation est circonfe´rentielle. La compression s’exerce alors vers le cul-de-sac dural et entraıˆne un syndrome de la queue de cheval[1].
Cette hypertrophie peut se prolonger dans les trous de conju- gaison et comprimer la racine nerveuse[6,10]. Tre`s souvent, elle est associe´e a` une infiltration graisseuse des muscles para verte´braux [10]. Certains auteurs de´crivent une corre´lation entre l’importance de la graisse e´pidurale et celle de la graisse me´diastinale[11].
Par ailleurs, la graisse e´pidurale, sans qu’il existe une hyper- trophie, pourrait eˆtre un e´le´ment compressif majeur chez des patients pre´sentant un canal lombaire e´troit post-arthrosique.
La graisse e´pidurale serait alors conside´re´e comme un acteur du conflit entre les tissus mous, les structures osseuses et neurologiques[12]. En cas de LE cortico-induite, la distribution
graisseuse est pre´fe´rentiellement thoraco-lombaire alors que celle lie´e a` une obe´site´ est de sie`ge plutoˆt lombo-sacre´[3].
Le motif de consultation habituel correspond a` des rachialgies irradiant ou non aux membres infe´rieurs, une claudication intermittente, des paresthe´sies avec, a` l’extreˆme, une compression me´dullaire et radiculaire ou un syndrome de la queue de cheval selon la localisation de la LE[3,7].
L’imagerie par scanner et IRM permet de faire le diagnostic.
L’envahissement graisseux de l’espace e´pidural est confirme´
au scanner par un tissu ayant une densite´ entre –80 et – 100 UH[13]. L’image « trifolie´e » du fourreau dural cerne´e par ce tissu hypodense serait caracte´ristique[4]. C’est l’IRM qui, pour certains auteurs, serait l’examen de premie`re intention car il permet non seulement de faire le diagnostic, mais aussi de connaıˆtre son extension longitudinale et late´rale pre´cise, et d’en faire un examen de re´fe´rence dans le cadre d’un bilan pre´
chirurgical ou d’en suivre l’e´volution[14]. Le tissu graisseux hyperplasie´ donne un hypersignal T1 en se´quence ponde´re´ et un hyposignal relatif en T2 qui s’efface en se´quence Stir[11].
Conclusion
La lipomatose e´pidurale est un de´poˆt de graisse encapsule´e dans l’espace e´pidural. C’est une complication rare de la corticothe´rapie prolonge´e et une cause rare de compression me´dullaire ou radiculaire.
De´claration de liens d’inte´reˆts
Les auteurs de´clarent ne pas avoir de liens d’inte´reˆts.
Re´fe´rences
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