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THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Université Paul Cézanne Aix-Marseille III Institut d’Aménagement Régional École doctorale « Espaces, Cultures, Sociétés »

THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES

Discipline:

Aménagement du territoire, Urbanisme Présentée et soutenue publiquement Par :

Thèse co-dirigée par :

Mr. le Professeur Salah Eddine CHERRAD

Mr. le Professeur Daniel PINSON

Soutenue le:

Jury:

Président Larouk Md-Hadi Professeur Université Constantine Rapporteur Cherrad Salah Eddine Professeur Université Constantine Examinateur Addad Md. Cherif Maître de Conférences C. U. Oum El Bouaghi Co-rapporteur Pinson Daniel Professeur Université Aix Marseille III Examinateur Cote Marc Professeur Université Aix Marseille I Examinateur Semmoud Nora Professeur Université de Tours.

EN COTUTELLE AVEC

MEMESSSSAAOOUUDDII KKaarriimmaa

L’HABITAT ET L’HABITER EN TERRITOIRE RURAL :

(Exemple de La vallée du Saf-Saf –Nord-Est de 'Algérie-)INSCRIPTION SPATIALE ET MUTATION

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REMERCIEMENTS

Je remercie mes directeurs de thèse, le Pr. Salah Eddine Cherrad et le Pr Daniel Pinson, c’est à vous que je dois cette curiosité scientifique. En passant par vos inépuisables conseils, orientations et fructueux encouragements, mon œuvre a acquis pour moi-même comme une autorité imprévue. Acceptez donc ici l’hommage de ma gratitude, qui, si grande qu’elle puisse être, ne sera pas à la hauteur de votre soutien et de votre tutelle. Merci de la confiance que vous m’avez constamment accordée.

Mes remerciements s’adressent autant au Pr. Marc Côte, pour ses précieuses et généreuses séances de travail, dont l’apport m’a aidée à diversifier et à enrichir mon regard porté sur l’objet de recherche.

C’est également aux multitudes anonymes, paysans, ruraux, habitants des villages et hameaux de la vallée du Saf-Saf, que je témoigne l’essentiel de ma reconnaissance pour la patience infinie dont ils ont fait preuve vis à- vis de mes investigations « indiscrètes », mais sincères.

Et rien n’aurait été possible sans…

Lamine Kouloughli, Professeur en psychopédagogie à l’Université Mentouri de Constantine, dont la rencontre a été décisive et m’a guidée dans mon écriture. Je saisis cette occasion pour le remercier de l’enseignement qu’il m’a dispensé, des encouragements qu’il m’a prodigués et qui m’ont permis de croire que j’arriverai un jour au terme de ce travail.

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Á mes parent, Abdelhadi et Sadia dont la tendresse et la complicité sans rivages m’ont tout appris.

Je mesure le dévouement phénoménal d’avoir une fille aussi intransigeante que moi. Recevez ici l’expression de mes indéfectibles : amour et respect.

Á mes frères et sœurs, (Nabil, Nadia, Mimi, Karim, Amine) sortis un temps de la sphère médicale pour m’accompagner sur le terrain.

Merci à tous.

Á moi, j’ai cru en crever

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RESUME EN FRANCAIS

La dynamique de formation de nouvelles territorialités rurales, la manière dont est aujourd’hui habité le territoire rural, et plus précisément la relation entre la morphologie de l’habitat et la dynamique du territoire dans lequel il s’inscrit sont au centre de cette recherche.

Dans la vallée du Saf-Saf (wilaya de Skikda), le développement de l’habitat s’y est fait à partir d’un embryon initial, (ancienne ferme coloniale, village socialiste), et depuis quelques années, à l’image des villes et suscités par la crise du logement qui s’est affirmée, apparaissent des lotissements d’habitat individuel sortis ex nihilo, associant les initiatives publiques et privées, ou encore d’implantations d’habitat vertical.

Ces différentes formes de production d’habitat ont déclenché un processus de micro- urbanisations successives qui parsèment progressivement le territoire de la vallée. Désormais, les séquences et les paysages à l’allure urbaine se multiplient le long de la vallée du Saf-Saf, modifiant le territoire rural et transformant le paysage. Ces nouvelles petites localités rurales forment toutefois des noyaux attractifs qui ont progressivement organisé leur propre territoire qui s’est intégré (parfois avec difficulté) dans le dispositif communal existant.

Le territoire de la vallée connaît aujourd’hui des problèmes de recomposition territoriale largement liés à l’état d’insécurité marquant la décennie 1990. Contraintes de quitter leurs terres et leurs demeures pour se rapprocher d’axes de développement plus sûrs, les populations rurales ont été particulièrement touchées dans leur mode de vie et d’habitat. Ainsi à la diversité harmonieuse du territoire rural algérien s’est substituée une diversité confuse de territoires qu’interpénètrent les rejaillissements de la crise urbaine sur les campagnes et les répercutions humaines et spatiales des troubles de la période dite de tragédie nationale.

MOTS CLES :

Habitat rural, l'habiter dans le rural, territoires et lieux, insécurité, micro- urbanisation, vallée du Saf-Saf.

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ENGLISH SUMMARY

HABITAT AND DWELLING IN RURAL TERRITORY:

SPATIAL INSCRIPTION, MICRO-URBANISATION, MUTATION (THE SAF-SAF VALLEY- NORTH EASTERN ALGERIA)

The dynamics of the new rural territorialities’ formation, the way in which the rural territory is today inhabited, and more precisely the relation between the habitat morphology and the dynamics of the territory within which this habitat is situated, are the concern of the present research.

In the Saf-Saf valley (wilaya of Skikda), the development of the habitat has sprung from an initial embryo (old colonial farms, socialist villages), but since a few years, associating public and private initiatives, and in much the same way as in cities and their characteristic of growing accommodation crisis, mushrooming allotments of individual accommodation and vertical habitat have appeared.

These different types of accommodation production have given birth to a process of successive micro-urbanizations that progressively litter the valley territory. Presently, urban like sequences and sceneries multiply all through the Saf-Saf valley, modifying the rural territory and altering the scenery. These new small rural localities constitute nonetheless attractive kernels which have progressively organized their own territory to integrate it (sometimes with difficulty) to the existing municipal setting.

The valley’s territory witnesses today problems of territorial remodeling largely linked to the state of insecurity that has characterized the 1990 decade. Forced to leave their lands and their homes to settle nearer safer areas of development, the rural populations have been especially marked in their way of life and habitat. Hence the former harmonious diversity of the Algerian rural territory has given place to a confused diversity of territories interpenetrated by both the influence of the urban crisis on the countryside and the human and spatial repercussions of the troubles of what is referred to as the national tragedy period.

KEY-WORDS:

Rural habitat, rural dwelling, territories and places, insecurity, micro-urbanization, Saf-Saf valley.

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ﺺﺧﻟﻤﻟا :

تﻻﻮﺤﺘﻟا،لﺎﺠﻤﻟا لﻼﻐﺘﺳا ،ﻲﻔﯾﺮﻟا ﻂﯿﺤﻤﻟا ﻲﻓ نﺎﻃﻮﺘﺳﻹا و ﻦﻜﺴﻟا .

ﺮﺋاﺰﺠﻟا قﺮﺷ لﺎﻤﺷ فﺎﺼﻔﺼﻟا ﻞﮭﺳ .

ﻋ ةﺮﯿﺧﻷا تاﻮﻨﺴﻟا ﻲﻓ ﻋﺮﺴﻟا ،ﻞﻜﺸﻟا ﺚﯿﺣ ﻦﻣ ﻼﺋﺎھ ارﻮﻄﺗ ﻲﻔﯾﺮﻟا ءﺎﻨﺒﻟا لﺎﺠﻣ فﺮ

ءﺎﻨﺒﻟا داﻮﻣ اﺪﻛو .

،ةﺪﯾﺪﺟ ﺔﯿﻔﯾر تﻻﺎﺠﻣ ﻦﯾﻮﻜﺗ ﺔﯿﻜﯿﻣﺎﻨﯾد ضﺮﻌﻧ فﻮﺳ ﺔﺣوﺮﻃﻷا هﺪھ ﻲﻓ

،ﺎﯿﻟﺎﺣ ﻲﻔﯾﺮﻟا ﻂﯿﺤﻤﻟا رﺎﻤﻋإ ﺔﻘﯾﺮﻃ

ﺪﺟاﻮﺘﺗ ﺚﯿﺣ ﻂﯿﺤﻤﻟا ﺔﯿﻜﯿﻣﺎﻨﯾد و ﻦﻜﺴﻟا ﻞﻜﺷ صﻮﺼﺨﻟﺎﺑو ﺔﯾﻻو فﺎﺼﻔﺼﻟا لﻮﮭﺴﺑ نﺎﻛ ﺔﺳارﺪﻟا رﻮﺤﻣ و)

ةﺪﻜﯿﻜﺳ .(

تاﻮﻨﺳ ﺪﻨﻣ و ﺔﯿﻛاﺮﺘﺷﻻا ىﺮﻘﻟا و ﺔﻤﯾﺪﻘﻟا ﻦﯾﺮﻤﻌﻤﻟا عراﺰﻣ ﻢﺣر ﻦﻣ ﻖﺜﺒﻨﻣ نﺎﻛ ﻒﯾﺮﻟا ﻲﻓ ﻦﻜﺴﻟا رﻮﻄﺗ نأ ﺚﯿﺣ ﻦﯿﺑ ﻊﻤﺠﺗ ةدﺮﻔﻨﻣ ﺔﯿﻨﻜﺳ تاءاﺰﺠﺗ زوﺮﺒﺑ ناﺪﯿﻤﻟا ﻲﻓ تﺪﻛﺄﺗ ﻲﺘﻟا ﺔﯿﻨﻜﺳ ﺔﻣزأ ﻰﻟإ ﻂﯿﺤﻤﻟا اﺪھ ضﺮﻌﺘﯾ نﺪﻤﻟا ﻂﻤﻧ ﺲﻔﻧ ﻰﻠﻋ

تﺎﻨﻜﺳ ءﺎﺸﻧإ ﻚﻟﺬﻛ و ﺔﺻﺎﺧ و ﺔﯿﻣﻮﻤﻋ تاردﺎﺒﻣ ﺮﯿﻤﻌﺘﻟﺎﺑ ﻲﻤﺴﯾ ﺎﻣ ﮫﻨﻋ ﺪﻟﻮﺗ تﺎﻨﻜﺴﻟا ءﺎﺸﻧإ ﻒﻠﺘﺨﻣ و ﻲﻟﺎﻋ ﻊﺑﺎﻃ تاذ

فﺎﺼﻔﺼﻟا لﻮﮭﺴﺑ ﺮﺸﺘﻧا يﺬﻟا ﺮﻐﺼﻤﻟا .

اﺪﻛ و ﻲﻔﯾﺮﻟا ﻂﯿﺤﻤﻟا ﺮﯿﯿﻐﺗ ﻲﻓ ﺖﺒﺒﺴﺗ ﺔﯿﻧاﺮﻤﻋ ءاﻮﺟأو ﺮھﺎﻸﻣ ﺮﺸﺘﻨﺗ فﺎﺼﻔﺼﻟا لﻮﮭﺳ لﻮﻃ ﻰﻠﻋ ﮫﻧأ ﻒﺳﻸﻟ و ةﺪﯾﺪﺠﻟا ةﺮﯿﻐﺼﻟا تﺎﻌﻤﺠﺘﻟا هﺪھ نأ ﺚﯿﺤﺑ ﻞﮭﺴﻠﻟ مﺎﻌﻟا ﺮﻈﻨﻤﻟا ﻰﻠﻋ تﺮﺛأ نأ ءﻲﻄﺒﺑ ﺖﻋﺎﻄﺘﺳا ﺔﺑذﺎﺟ ةاﻮﻧ ﻞﻜﺸﺗ ﺔﯿﻔﯾﺮﻟا

ﺔﯾﺪﻠﺒﻠﻟ ﻲﻧاﺮﻤﻌﻟا ﺞﯿﺴﻨﻟا ﻞﺧاد ﺞﻣﺪﻨﺗ نأ ﺎﻀﯾأ ﺖﻋﺎﻄﺘﺳا ﺔﺑﻮﻌﺼﺑ و صﺎﺨﻟا ﺎﮭﻄﯿﺤﻣ ﻢﻈﻨﺗ .

ةرﺮﻀﺘﻤﻟا ﻖﻃﺎﻨﻤﻟا نﺎﻜﺳ ﺾﻌﺑ ﺮﻄﺿأ ﺚﯿﺣ ﺮﺋاﺰﺠﻟا ﺎﮭﺘﻓﺮﻋ ﻲﺘﻟا ﺔﯿﻨﻣﻷا ﺔﻟﺎﺤﻠﻟ ﺮﻈﻧ و ةﺮﯿﺧﻷا ﺔﯾﺮﺸﻌﻟا لﻼﺧ ﻰﺘﺣ و،ﻢﮭﺗﺎﻜﻠﺘﻤﻣ، ﻢﮭﯿﺿارأ ةردﺎﻐﻣ ﻰﻟإ ﻢﮭﺘﻠﺋﺎﻌﻟ ﻦﻣﻷا نﺎﻤﻀﻠﻟ ةﺪﯿﻛﻷا رﻮﻄﺘﻟا روﺎﺤﻣ ﻦﻣ بﺮﻘﺘﻠﻟ ﮫﺑ نﻮﺗﺎﺘﻘﯾ يﺬﻟا ﻢﮭﻠﻤﻋ

ﻲﻓ يرﺪﺠﻟا ﺮﯿﯿﻐﺘﻟا ﺎﮭﻤھأ ﻞﻛﺎﺸﻣ ةﺪﻋ فﺎﺼﻔﺼﻟا ﻞﮭﺳ ﻂﯿﺤﻣ فﺮﻋ ةﺮﺘﻔﻟا هﺪھ ﻲﻓ ﺔﯿﺋاﻮﺸﻋ تﺎﻨﻜﺳ ءﺎﺸﻧإ ﻚﻟﺪﺑ ﻦﯿﻟوﺎﺤﻣ ﻂﯿﺤﻤﻟا ﺔﯿﻜﯿﻣﺎﻨﯾد و ﻦﻜﺴﻟا ﻞﻜﺷ .

ﻠﺘﺨﻣ تاءﺎﺸﻧﺈﺑ ﻊﺘﻤﺘﯾ نﺎﻛ يﺮﺋاﺰﺠﻟا ﻒﯾﺮﻟا نأ ﺎﻤﺑ و ﻂﯿﺤﻤﺑ ضﻮﻋ نﻵا ﮫﻨﻜﻟ ﮫﺑ تﺮﻣ ﻲﺘﻟا تارﺎﻀﺤﻟا فﻼﺘﺧا ﺔﻔ

مﺪﻋ ﻊﻣ تﺎﻨﻜﺴﻟا ءﻼﻐﻟ اﺮﻈﻧ ﻒﯾﺮﻟا ﻰﻟإ ﺔﻨﯾﺪﻤﻟا ﻞھأ راﺮﻓ ﻞﻗأ ﺔﺟرﺪﺑ و ﺔﯿﻨﻣﻷا ﺔﻣزﻷا ﻦﻋ ﻰﻟوﻷا ﺔﺟرﺪﻟﺎﺑ ﺪﻟﻮﺗ يﺬﻟا ﻢﮭﺒﻣ داﺮﻓﻷا ﻊﯿﻤﺟ ةدﺎﻔﺘﺳا .

حﺎﺘﻔﻤﻟا تﺎﻤﻠﻛ :

،ﻒﯾﺮﻟا ﻲﻓ ﻦﻜﺴﻟا ،ﻲﻔﯾر ﻦﻜﺳ

،ﻦﻣﻸﻟأ

،ﻊﻗاﻮﻟا و ﻂﯿﺤﻤﻟا

،فﺎﺼﻔﺼﻟا ﻞﮭ ﺮﻐﺼﻤﻟا ﺮﯿﻤﻌﺘﻟا

.

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SOMMAIRE :

INTRODUCTION………...8 PARTIE I: ESSAI D’APPRECIATION DE L’HABITAT ET DE L’HABITER RURAL Chapitre 1: La question de l’habitat rural par des voix universitaires………..24 Chapitre 2: Le parcours erratique de l'habitat rural………..49 Chapitre 3: Les sens de l'habiter………...69 PARTIE II: INSCRIPTION SPATIALE ET ESPACE RURAL ANTHROPISE

Chapitre 4: La vallée du Saf-Saf: un territoire en mutation……… ...103 Chapitre 5: Des territoires ruraux construits à partir de l’habitat…………...127 Chapitre 6: Mode d’habiter dans la vallée du Saf-Saf: l’appropriation de l’habitat, une notion féconde………169 PARTIE III: LES NOUVELLES TERRITORIALITES DE L’HABITER RURAL Chapitre 7: Désorganisation territoriale………...308 Chapitre 8: Des lieux, des liens et des nœuds……….336 Chapitre 9: Entre solidarités et conflits: l'habiter des hommes de la vallée………400 CONCLUSION GENERALE: Pour une meilleure habitabilité des territoires ruraux……….440 BIBLIOGRAPHIE………..446 ANNEXES………..453

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INTRODUCTION

« Chaque groupe recherche et constitue son identité dans la différence; mais si l’analyse doit atteindre ces différences, c’est pour découvrir par-delà, l’identité qu’elles dissimulent ou s’efforcent de dissimuler » (Bourdieu, 1958)1

Dans son étude sur la sociologie de l’Algérie, Pierre Bourdieu confirme sa diversité géographique, sa richesse culturelle ainsi que ses différentes structures et rapports sociaux.

Marc Côte2 souligna également voici plus de 15 ans la variété remarquable de son habitat rural, depuis les maisons en hauteur du village Kabyle, les constructions à terrasse des dechras3 aurasiennes, les habitations en pisé des plaines céréalières, les gourbis en branchage de certaines régions forestières, jusqu’aux maisons cubiques de terre rouge de la Saoura, et aux constructions à coupole du Souf. Ces édifices traduisent la variété des matériaux utilisés, adaptés à l’environnement (terre, pierre, bois, gypse), et la diversité des techniques constructives. Aussi remarquable est la variété des modes de groupement, puisque, suivant les régions, cet habitat se présente sous forme d’écarts, de hameaux (mechtas) ou de villages, à l’image de la diversité de culture de leurs habitants.

On peut cependant se demander si aujourd’hui, à cette diversité harmonieuse de l’espace rural ne s’est pas substituée la diversité confuse de territoires qu’interpénètrent les rejaillissements de la crise urbaine sur les campagnes et les répercutions humaines et spatiales des troubles qui ont marqué la décennie écoulée, période du passé récent de l’Algérie que le pouvoir appelle « la tragédie nationale » mais qui est connue à travers le monde comme la

« décennie noire/rouge » (période du terrorisme entre 1990 et 2000).

Cette recherche se veut comme contribution aux études menées depuis une quarantaine d’années (depuis l'indépendance de l'Algérie en 1962) sur l’habitat rural, au sens premier que lui avaient donné Vidal de La Blache et Demangeon : d’établissement humain. Après une période de primat accordé à l’urbain, la campagne retrouve en effet dans les études

1Bourdieu, P, 1958, "Sociologie de l’Algérie". Paris, PUF, p : 05.

2 Côte. M, 1996, "Pays, paysages, paysans d'Algérie", CNRS Edition, Paris.

3 Dechras, expression authoctone signifiant hameau ou petit ensemble d’habitat regroupé nulle part.

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territoriales une place moins secondaire, dans la mesure où un peu partout, en Algérie comme ailleurs dans le monde, la frontière entre l’urbain et le rural tend à s’estomper4.

En effet, l'urbanisation des sociétés contemporaines nous éloigne chaque jour davantage des communautés rurales, et nous empêche de penser les campagnes sur le mode de la proximité et de la contiguïté. Jamais pourtant ce qui touche au monde rural n'a pesé aussi lourd entre sa mutation, son appropriation et son urbanisation.

De ses nouveaux attributs, l’espace rural apparaît comme un espace d’enjeux majeurs et de conflits à l’encontre des intérêts individuels et collectifs car, lieu des différentes formes d'habitat, il est également un ensemble de territoires quotidiens où l'individu accomplit son mode d'exister entre concurrences et ententes, entre pratiques et représentations territoriales, et entre inscription spatiale et mobilité.

Ainsi, l’enjeu d’habitabilité des territoires ruraux est devenue de plus en plus insistant, autant pour accueillir les activités (agricoles et non agricoles) que les habitants. Les recherches dans le domaine rural5 ont assumé l'héritage des méthodes anthropologiques et, ont renouvelé leur champ d’étude. Elles sont riches d'enseignement6, en particulier lorsqu'elles défient des dichotomies entre tradition et modernité dans les pratiques rurales.

Dans l'expression tenace de ses valeurs, sous des modes extrêmement variés, le rural a quelque chose d'irréductible7. Car, s'il est quelque chose d'original et de particulier à ces sociétés rurales, ce n'est pas tant ce pluralisme des sources de droit d’appartenance à la terre - qui, somme toute, existe dans les lieux de l’urbain- que ces passerelles entre elles, leurs multiples interactions, et surtout leurs constantes influences et mutations.

4 Pinson. D, Thomann. S, 2001, "La maison en ses territoires, de la villa à la ville diffuse", L'Harmattan, Paris.

5 - Lefebvre, H, 2000, « Du rural à l’urbain », Anthropos, Paris.

- Slak M.F. et Vivière J.L., 1999-2000. « Vers une modélisation du mitage. Péri urbanisation et agriculture » Etudes Foncières, n°85,

-Luginbuhl. Y, 1992, « Le paysage rural, la couleur de l’agricole, la saveur de l’agricole, mais que reste-il de l’agricole ? », Etudes rurales, n°121-124.

-Kayser. B et Delsaud. J-R, 1978, « L'appropriation de l'espace rural autour des villes » in Etudes foncières n° 2- pp. 1, 13-17

-Kayser B, 1988, « Permanence et perversion de la ruralité » Etudes rurales, janvier-mars. In, Durbiano1997, P: 05

-DUBOST. F, 1990, « Le lotissement implant urbain en milieu rural ? » Etudes rurales, N0 119.

6Tel qu'Henri Lefebvre qui concilie sur le terrain rural, la démarche horizontale (sociologique, anthropologique et géographique) et verticale (l’histoire), pour fonder la démarche « régressive progressive », une méthode pour intégrer la sociologie et l’histoire dans la perspective de la dialectique matérialiste, cette méthode est valable dans tous les domaines de l’anthropologie… elle seule peut être heuristique, elle seule dégage l’originalité du fait, tout en prenant des comparaisons… Sartre, JP, « question de méthode », dans Lefebvre op. Cit. , « Du rural à l’urbain », p : XX

7 Dans le sens où il ne peut être réduit à l’aspect spatial et physique, puisque beaucoup de paramètres façonnent le rural, en terme de sociologie, d’ambiguïté dans l’ancrage des habitations et les pratiques même au sein de ce territoire de vie, donc sa vision ne peut être simplifiée.

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Á travers des exemples pris dans la vallée du Saf-Saf, nous montrerons que le rural connaît désormais des problèmes d’occupation territoriale qui ne sont pas moindres que ceux qui concernent l’urbanisation effrénée des villes. Mais ici, ils sont redoublés par l’état d’insécurité dû à la période du terrorisme mentionné plus haut qui a instauré une atmosphère incertaine et trouble. Il en est résulté une profonde recomposition des territoires. Contraintes de quitter leurs terres et leurs demeures, les populations rurales, comme au temps de la colonisation et de la guerre de libération, ont été particulièrement touchées, dans leur mode de vie et d’habitat, par les effets problématiques de cette recomposition territoriale.

I- LE TERRITOIRE RURAL ANTHROPISE COMME OBJET DE LA RECHERCHE En Algérie, la nouvelle problématique de l’aménagement du territoire et plus particulièrement l’espace rural, nous renvoie à des influences multiples. Parmi elles la pesanteur démographique, exercée par l’espace urbain. Un des cas de figure : l’irruption dans le milieu rural, à des fins résidentielles, d’une population nombreuse dont l’implantation ne peut manquer de faire apparaître diverses formes de concurrences relatives à l’affectation du sol. En effet, l’implantation de constructions dans l’espace rural aboutit à des résultats regrettables, moins en raison de la surface soustraite à l’agriculture qu’à cause des modes d'habiter. Actuellement l’espace rural est marqué par des disparités internes et externes émanant des villes, la localisation de ses habitations engendre des phénomènes multiples tels que la marginalisation, l’éclatement, le groupement et l’étalement.

Notre propos est d’examiner l’usage de l'habitat, les lieux et les territoires de cet espace rural et qui gravitent autour de cet habitat. La recherche s’appuiera sur un terrain significatif, la vallée du Saf-Saf sur lequel s’exercent de fortes mutations socio spatiales. L'habitat, c’est à dire l'espace approprié, « anthropisé », qualifié par des dénominations, des utilisations, des représentations, des fréquentations sera appréhendé et examiné à l'aide des régularités discernables sous la diversité des pratiques et des relations espace/habitant ou selon la formule d’Henri Lefebvre, « l’habiter »8.

8 L’habiter selon Henri Lefebvre, « L’habiter ne se réduit à une fonction assignable, isolable et localisable, l’habitat, qu’au nom d’une pratique dont le droit à la ville détermina les raisons, (…) on fait correspondre ponctuellement (point par point) les besoins, les fonctions, les lieux, les objets sociaux, dans un espace supposé neutre, indifférent, objectif (innocemment), après quoi on met en place des liaisons », Lefebvre H, 2000

« Politique de l’espace », Anthropos, Paris, p : 11

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Etant l'élément capteur et structurel du territoire rural, l'habitat revêt une complexité difficile à cerner car il est: l'espace physico naturel. (Enveloppe d’habitation, un élément physique par sa nature), ainsi que le reflet de tout un genre de vie qui est l’expression concrète de l’interaction entre les éléments naturels et socioculturels (valeurs du terroir, patrimoine, ruralité, intrusion de la modernité….).

En considérant l'habitat rural, qui ne cesse de se développer, comme élément générateur d'un mode de vie et d'habiter, nous abordons en réflexions le rôle des pratiques habitantes dans la régulation de la dynamique territoriale. Il est donc pertinent de cerner l’habiter rural et ses territoires dans l’objet de notre recherche pour comprendre comment l’habitat et l’habiter organisent ou désorganisent un territoire exogène à la ville? Tel objet peut paraître en sensible décalage en regard de la question des mobilités, question d'une actualité aujourd'hui plus que brûlante et dont l'enjeu est véritablement sociétal. C'est dans cette optique que nos réflexions puiseront suivant deux dynamiques paradoxes et de contraires coexistantes: l'installation dans le territoire rural (l'habitat comme centralité et inscription spatiale), ainsi que la mobilité comme pulsations dynamiques dans ce territoire (l'habiter en terme de pratiques quotidiennes des Hommes et des activités territoriales).

II- DEVOILEMENT D’UNE DYNAMIQUE D’ « INSCRIPTION SPATIALE »

Notre problématique part d'une recherche empirique sur les pratiques de l’habitat et de l'habiter définies en tant que : dimension domestique et dimension spatiale et territoriale.

Prenant le territoire de la vallée du Saf-Saf comme objet d'étude, nous nous interrogeons sur les noyaux d'habitations et leur rôle structurant dans les territoires ruraux. S’appuyant sur des observations laissant apparaître le travail intense de recomposition identitaire de l’habiter de ces territoires, des nuances apparaissent en étroite relation avec la genèse et l’histoire des lieux qui les relient.

Pour cela, il est nécessaire de comprendre les valeurs de centralité et de diffusion qui font sens auprès des anciens et nouveaux habitants de ces espaces ruraux, par la mise en place de l'habitat et le vécu de l’habiter. C’est en effet à partir de leurs expériences, de temporalité variable, que les habitants de la vallée du Saf-Saf vivent et pratiquent leur territoire, y apportent par leur installation une contribution dont la réplication façonne de manière déterminante le contenu avec des formes de micro-urbanisation (le mitage en est un aspect), y projettent des représentations et y défendent des valeurs qui pèsent de tout leur poids sur les choix ou non choix d’aménagement.

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Le corpus d’hypothèses pourrait être brièvement formulé par le fait que suite aux destructions de la société rurale d'origine survenue ces quarante dernières année et ce, après une domination coloniale, suivie d'une socialisation forcée au lendemain de l'indépendance, de multiples réformes qui ont remanié les territoires ruraux, d'une insécurité terroriste intolérable durant la décennie 1990-2000, les sociétés rurales algériennes livrées à elles- mêmes ont entrepris une "revanche spontanée" pour consolider leur inscription territoriale. Le moteur de cette revanche en est l'habitat rural, élément générateur d'un mode de vie et d'habiter. La forme que prend cette "enveloppe de vie" n'est pas simplement le résultat de forces physiques ou de tout autre facteur causal unique, mais la conséquence de toute une série de facteurs socioculturels considérés dans leur extension la plus large. Les modes d'habiter, à leur tour, sont modifiés par les pratiques quotidiennes et les nouvelles relations de solidarité ou de conflits qui s'établissent entre les groupes sociaux.

Á travers ses évolutions et ses mutations, l'habiter rural fonctionne de plus en plus en tension, ses propres logiques de développement initialement fondées sur des valeurs d'usages pratiques et symboliques sont détournées par de nouveaux actes d'appropriation de l'espace et d'affirmation identitaires. Celles-ci entraînent pour les formes d'installations les plus anciennes (fermes agricoles, village socialiste, habitat rural) la densification de l'espace construit, la dégradation ainsi que l'empiétement sur les espaces agricoles, et engendrent pour les plus récentes d'entres elles, focalisées sur l'attraction des formes de l'habitat urbain (maison individuelle en lotissement ou encore logement social); la raréfaction et le renchérissement des terrains urbanisables.

III- PREALABLES DE METHODE

Travailler sur le territoire rural, dans de telles circonstances d'insécurité, n’est pas chose commode; inutile de cacher la difficulté d’arpenter ce terrain, éloigné et profond. Les méthodes utilisées pour aller à la rencontre de ces territoires s’apparentent à celles de l’ethnologie : elles se sont imposées car, sur les phénomènes étudiés, il n’existe pratiquement pas de données statistiques, ni de rapports administratifs exploitables, accessibles et dignes de foi. Une grande importance a donc été donnée aux matériaux recueillis sur le terrain, par l’observation directe et le recueil de la parole des habitants, qu’il a fallu libérer d’une grande méfiance. Dans les fait, ces habitants ne manquaient pas de nous questionner d'abord sur notre provenance et notre propre vie avant de daigner répondre à nos questions.

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Les premiers temps les habitants étaient en effet suspicieux, passaient devant le matériel de photographie avec des regards de biais. On nous désignait avec des appellations vagues, « le personnage à la caméra », entendait-on; en réalité l’outil audiovisuel leur faisait peur.

Pensant à une journaliste ou craignant une envoyée des services de l’État, ils revenaient à la même question lors de chaque entretien : « Est-ce que vous êtes une envoyée de l’État (el hekouma) ? », et ce n’est qu’en affirmant notre situation de jeune universitaire que les visages s’adoucissaient et semblaient être prêts à nous aider et à répondre à nos questions.

Puisque tu fais un "exposé", on va tout te dire, mais il faut tout mettre, et si tu arrives à conduire l’information exacte jusqu’en "haut", on te sera reconnaissant. (Nous dit un habitant d’une ancienne ferme coloniale)

« En haut » désigne l’État ; c’est ainsi que les habitants définissent la puissance publique, dans laquelle ils ont perdu toute confiance. L’État a en effet compromis sa crédibilité chez ces habitants du rural ; se sentant marginalisés, livrés à leur désarroi, ils se méfient de tout étranger qui essaie de s’immiscer dans leur misère. On les a trop leurrés, avec des promesses qui n’ont jamais vu le jour ; lassés de tant d’indifférence, leur méfiance n’en est que plus humaine et plus touchante.

Le chercheur, en dépit de la distance qu’il se doit de conserver, peut-il y être insensible ? Sa capacité à « comprendre » cette misère, à entrer en « empathie » avec le paysan accablé ou la femme meurtrie, nous paraissait être une clef indispensable pour accéder aux aspects les plus enfouis de la situation vécue par ces habitants des campagnes. La connaissance, dans ce type de cas, est impossible sans une écoute « compréhensive »9, une telle écoute libère la parole en même temps qu’elle doit rester vigilante sur les débordements possibles qu’entraîne la dramatisation du discours.

Petit à petit, comprenant leur simplicité, leur mode de vie, passant des journées à les observer, sans les déranger, nous leurs sommes devenues, de passage en présence, familière, et nous avons pu nous intégrer dans une certaine mesure à leur monde et leur parler. Comme le dit fort bien Jean Copans « l’observation permanente permet d’identifier l’enquête à la vie quotidienne…cette identification de l’anthropologue à « son objet », parce qu’il vit avec lui, le conduit à penser celui-ci comme un microcosme expressif »10. Désormais lorsque nous arrivons sur « notre terrain » qui est en fait le leur, ils nous désignent par notre prénom, nous parlent en se confiant, nous invitent souvent à partager leur table.

9Kaufmann, J-C, 1996, "L’entretien compréhensif". Paris, Nathan (Collection « sciences sociales 128 »).

10Copans, J, 1996, "Introduction à l’ethnologie et à l’anthropologie". Paris, Nathan (Collection « sciences sociales 128 ») p: 20-21.

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En réalité, notre démarche s'apparente à celle d'un arpenteur. En repérant, balisant, observant, s'entretenant, se familiarisant avec le quotidien, on découvre à travers "l'Autre", les relations sociales qui se tissent au sein des communautés et qui inspirent leurs cultures singulières, on déchiffre les rites et les symboles, on donne un sens aux représentations et aux formes de l'imaginaire. Notre méthode s'appuie également sur les témoignages collectés auprès des différentes composantes de la population de la vallée du Saf-Saf, des plus jeunes aux plus anciens des deux sexes. Ainsi, nous présentons des récits de vie qui relatent des itinéraires territoriaux modifiés, parfois brisés par le spectre de l'insécurité, l'abandon de la terre, le travail saisonnier, les activités occasionnelles ou parasitaires qui permettent

"d'échapper à la condition d'exister sans une vie".

Sur l’ensemble de la vallée, nous avons ainsi pu approcher 250 familles ; parmi elles, 180 nous ont accordé leur témoignage, et permis de prendre des photos de leur habitation.

Pour recueillir ces témoignages et, effectuer les entretiens, huit mois d’enquête sur le terrain nous ont été nécessaires.

IV- L'ENQUETE DE TERRAIN

Sur le territoire de la vallée, quelques communes plus que d'autres ont fait l'objet d'enquête exhaustive. La raison en est que l'élément de distance y a été déterminant. Des communes comme celles de Béni Béchir ou d'El Hadaeik ont été plus accessibles et donc plus faciles à y accéder quotidiennement, que celle plus éloignés comme Salah Bouchaour et El Arrouch où les enquêtes n'ont fait que cibler quelques quartiers précis et qui sont exposés dans l'analyse. La commune d'Hamadi Krouma n'a pas été incluse dans notre recherche bien qu'elle soit une des communes de la vallée, la cause en est que sa vocation est radicalement transformée car, elle abrite l'ensemble de la zone industrielle et la plate forme pétrochimique.

Il faut mentionner également que les communes de l'amont de la vallée n'ont pas été approchées et ce, pour des raisons sécuritaires. En effet, au moment de l'enquête sur le terrain (entre 2005-2006) la région de Zerdazas et d'Ouled hababa étaient perçues comme des zones dangereuses.

Revenons à présent au principe général de l'enquête de terrain, celui d'examiner les espaces domestiques produits dans la vallée du Saf-Saf ainsi que de mettre en évidence les solutions choisies par les habitants pour satisfaire aux étapes successives du processus de production de l'espace.

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Comme a pu l'indiquer Henri Lefebvre dans la préface de "l'habitat pavillonnaire"11, il faut aborder l'espace à plusieurs niveaux, sémiologique et sémantique, entre autres. Le niveau sémiologique est constitué par la forme bâtie et les objets placés dans l'habitation et son environnement immédiat, tandis que le niveau sémantique concerne les activités qui se déroulent dans ces mêmes espaces.

La méthode employée pour enquêter sur ces maisons mérite quelques mots. Elle peut être qualifiée d'ethno- architecturale. Elle met en œuvre deux procédures d'extraction des pratiques habitantes: l'entretien non directif et l'observation directe avec prises de vue photographiques des intérieurs et extérieurs.

Ces deux procédés associés se stimulent car : la question de l'entretien va ainsi permettre de saisir l'histoire de la maison, le développement des usages, l'attribution des espaces aux personnes, tels que décrits et justifiés par le discours, alors que l'observation directe aidée par la photographie précisera des aspects indicibles de l'espace concret et des objets dans cet espace. Ainsi dans quelques exemples c'est le discours qui met en évidence une certaine disposition, tandis que dans d'autres c'est l'espace offert à l'observation ou à l'objectif photographique qui révèle une caractéristique sur laquelle la parole est restée silencieuse.

Ainsi, l'enquête sur le terrain s'est développée dans ces deux directions principales. Elle a d'abord consisté à effectuer des croquis précis d'espaces domestiques. Sur ces bases, il a fallu relever, pour chaque étude, le bâti et sa forme, les matériaux employés, les dispositions intérieures et extérieures, les objets et meubles dans la maison. En ce qui concerne l'environnement, nous avons porté une grande attention aux limites de l'espace privatif, aux axes de circulation et aux parcelles agricoles.

Nous avons, en nous appuyant sur les longues conversations enregistrées avec les habitants de ces différents espaces, décrit leur vie quotidienne, reconstitué l'histoire de leur installation, recensé les différents individus qui ont vécu et enfin reconstitué les diverses étapes de la construction des habitations et des modifications qu'elles ont pu subir.

La matière à partir de laquelle nous avons vérifié nos suppositions relève principalement d'entretiens, prenant en compte des situations significatives d’espace rural (maisons isolées, maisons en lotissements, maisons de village) et traduisant elles-mêmes des situations sociales précises. Des données et des enquêtes complémentaires ont été utilisées ou effectuées à des échelles plus restreintes tels que sur des lotissements ou des écarts habités, permettant de

11 Lefebvre. H, 1971, "L'habitat pavillonnaire", Haumont et als, Paris

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mettre en évidence des évolutions et des dispositions d’espaces examinées de manière plus approfondie auprès de leurs habitants. Pour faire l’autopsie de ces zones rurales la recherche a été menée sur la base d'une étude cartographique abondante.

Dans la conduite de nos enquêtes, nous avons tenté au maximum de saisir avec précision les temps et les lieux de la vie rurale. Nous avons donné de l'importance à ce que le paysan interrogé précise les dates et indique les lieux de ses déplacements. En effet, si la sociologie accorde beaucoup d'importance au temps, élément fondamental de structuration des pratiques sociales, elle donne généralement moins d'importance à l'espace, aux lieux désignés. Un lieu nommé par l'habitant du territoire rural, lorsqu'il va au-delà d'un caractère très général (zone industrielle, village, lotissement, école) et qui s'exprime par une localisation et une identification nominative, garde son sens concret, en particulier spatial pour la vie rurale. Par contre il ne livre pas cette dimension au chercheur, si ce dernier n'a pas un minimum de familiarité avec la région. De cette manière, et dans la mesure où le renseignement nous était livré, nous avons pu visualiser sur des cartes un certain nombre de dimension qui ont trait principalement aux réseaux relationnels (familiaux et amicaux), aux itinéraires professionnels et aux trajectoires d'habitats, ainsi qu'aux déplacement occasionnés par le travail ou les sorties hors travail.

V- OBJECTIFS VISES ET DIRECTION D'ANALYSE

L’objectif de cette recherche est de mettre en évidence les sens et interprétations que donnent les nouvelles organisations territoriales aux figures émergentes des territoires de demain. Loin d’une description détaillée de l’espace rural, de l’évaluation de sa mutation et de son ampleur et d’une prise de position manichéenne sur la nécessité ou non de le revaloriser, il s’agit de comprendre les symboles, les marques, les interprétations de diverses formes d’installation et de ce qui les régit ou les provoque et qui sont au fondement des territoires ruraux.

Les attendus d’une telle recherche sont une meilleure compréhension du fonctionnement des territoires ruraux, et des significations qu’ils représentent. Ils contribuent à la prise en compte de l’appropriation de ces territoires par les accédants de l’habiter, à la compréhension des dynamiques d’une forme de territorialité rurale, de celle de l’habitat rural et de l’habitat dans le rural. C’est la dynamique de formation de nouvelles territorialités qui est au centre de cette recherche, la manière dont est aujourd’hui habité l’espace rural, plus précisément la relation entre la morphologie d’un habitat et la dynamique du territoire dans lequel il s’inscrit.

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Après avoir brièvement relaté les différentes recherches universitaires qui se sont intéressées aux territoires ruraux, suivis d'un récapitulatif des différents programmes et politiques visant à promouvoir l'habitat rural, l’étude enchaînera en décrivant le contexte territorial choisi, en quelques éléments de cadrage sur les caractéristiques de la vallée du Saf- Saf. Par la suite, il sera question de relater et, de mettre en relief l’émergence du territoire rural et les transformations qu’il subit, avec des démonstrations du rôle de l’habitat dans la formation et l’organisation du territoire rural; ce volet sera alimenté par des illustrations choisies selon leur diversité typologique (ferme coloniale, Village socialiste agricole (VSA), petite ville).

Nous essaierons d’abord de comprendre les logiques qui ordonnent la localisation des unités domestiques ainsi que leur inscription spatiale dans le territoire de la vallée à travers des groupements d’habitat. Celles-ci [les logiques de localisation] disposent d’un particularisme spatial qui s’affirme dans toute l’étendue des variations possibles de l’habitat : logements-types (collectifs verticaux, logement social, maison à plan-type) c'est-à-dire de la production hétéronome12 du logement, ou alors la production autonome (et nous verrons qu’elle est importante : maisons individuelles en lotissement, auto- construction), mais également des figures singulières d’installation et qui surviennent lorsque le regroupement typologique est impossible.

Le processus d'appropriation de l'espace commence par la dénomination et le marquage d'un lieu. Son contrôle et sa privatisation par un individu ou une famille se traduisent par la limitation du territoire. Le premier point d'analyse porte donc sur la localisation des habitants de la vallée, sur les formes et les dimensions de leurs espaces domestiques, mais aussi, corollaire inévitable, sur les conditions de leur installation et de leur appropriation de l'espace.

Tout espace est organisé, donc polarisé. Les lieux remplissent des fonctions différentes et prennent, de part leur position relative, de l'importance pour les uns par rapport aux autres.

L'espace domestique est constitué en sous-espaces hiérarchisés entre lesquels se créent des communications et donc des cheminements.

La dernière partie est consacrée aux mutations socio spatiales et leur impact sur l’organisation territoriale. Nous saisirons comment se disposent autour de l’habitation principale des territoires circonscrits qui rythment le quotidien et cela à travers le réseau des relations familiales et territoriales, dans l’articulation avec des annexes résidentielles et dans

12 Elle reçoit de l’extérieur les lois régissant sa mise en place.

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le rapport avec la grande ville Skikda. Nous essaierons par ailleurs de comprendre le rôle des acteurs du territoire dans l'organisation ou la désorganisation de celui-ci, sachant qu'une part appréciable de l'analyse est consacrée aux différentes relations qui se manifestent dans la vallée: les solidarités sociétale qui allégent le poids de la marginalité et de la peur qui règnent dans les campagnes algériennes, mais aussi les multiples confrontations spatiales qui se sont déclenchées suite à la recomposition intense du territoire de la vallée.

VI- UN INTERET POUR LES ARCHITECTES ET LES AMENAGEURS

"Chez les paysans la tradition est la seule sauvegarde de leur culture. Ils ne savent pas juger les styles qui ne leur sont pas familiers, et s’ils sortent des voies de la tradition ils iront inéluctablement au désastre. Vouloir délibérément briser la tradition dans une société paysanne est un meurtre culturel et l’architecte doit respecter la tradition sur laquelle il empiète"13. Hassan Fathy explique l'attitude trop souvent adoptée par les architectes et les professionnels qui, lorsqu'ils sont confrontés à une communauté paysanne, ont tendance à penser que celle-ci n'est d'aucune valeur pour leurs considérations professionnelles, et que tous ces problèmes peuvent être résolus par l'importation d'une méthode urbaine élaborée pour solutionner des problèmes de construction.

Pour certains aménageurs également, à la recherche d’efficacité et de solutions, une étude sur les aspirations des habitants des territoires ruraux représente une perte de temps, une réflexion destinée aux spécialistes et serait inutilisable pour parer aux urgences concrètes du territoire dont ils ont la charge (métropolisation, crise du logement, requalification des centres, développement des infrastructures ou encore la gestion des métropoles…). Cette modeste contribution est susceptible d'aider les acteurs et décideurs de l'urbanisme à trouver, en partant d'une analyse de ces logiques, envisagées dans leurs aspects rationnels et irrationnels, une orientation consensuelle entre éparpillement et regroupement, en articulation entre les lieux et les territoires ruraux.

13 Fathy. H, 1970, "Construire avec le peuple", Sindbad, Caire, p; 60.

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Cela dit, même si l'apport de la recherche présentée ici ne prétend guère constituer une notice de recommandations immédiatement applicable sur le territoire, la notion d’aspiration mérite l’attention des professionnels, ne serait-ce que parce qu’elle se montre plus prompte à s'intéresser aux attentes des habitants ruraux que celle des besoins urgents des villes.

Il nous semble donc primordial de connaître les aspirations et les valeurs des ménages habitants le territoire rural, les blocages et la fragilisation dont ils sont victimes, ainsi que les tensions qui se créent entre groupes d’habitants ruraux et néo-ruraux, afin de fournir aux aménageurs et aux architectes des éléments de réflexion quant à un fonctionnement territorial plus équitable et plus solidaire.

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PARTIE I

ESSAI D’APPRECIATION DE L’HABITAT ET DE L’HABITER

"Logé partout, mais enfermé nulle part, telle est la devise du rêveur de demeures. Dans la maison finale comme dans ma maison réelle, la rêverie d'habiter est brimée. Il faut toujours laisser ouverte une rêverie de l'ailleurs" (Bachelard, 1957)14

INTRODUCTION

Quel que soit le rythme de développement d’un territoire, l’offre résidentielle n’est pas sans rapport avec la transformation du paysage, des organisations territoriales spécifiques. Car le processus du redéploiement des villes sur leur arrière-pays s’accompagne du renouvellement de la forme architecturale de l’habitat. Son étude est digne d’intérêt dans la mesure où elle permet de dessiner les contours de ce que pourront être les installations résidentielles futures en milieu rural.

L’analyse de cet habitat en Algérie apparaît aujourd’hui intéressante à double titre.

D’une part, l’habitat rural est toujours le reflet d’une société : il est en effet la projection sur l’espace de la société rurale, et on peut y lire bien des traits de celle-ci. D’autre part, il est actuellement l’objet de mutations importantes, qui le transforment profondément, même si elles apparaissent moins spectaculaires que celle que vit le milieu urbain.

Dans cette partie nous essayerons de restituer l'histoire du monde rural, de l'habitat rural en Algérie, un rural passé au crible, entre intérêt, passion et hymne à la terre. De la notion de l’habiter, de son oubli dans les programmes d’aménagement du territoir et la politique de l’habitat rural.

Nous tenterons de saisir l'habitat et l'habitation comme des objets totaux, comme le lieu d'intersection de multiples logiques : logique politique à l’égard de toutes les réformes engagées par l’État algérien pour l’aménagement des territoires ruraux, logique également économique dressant la place de l’agriculture dans ces politiques réformistes, ainsi que les logiques sociales en traçant la place de l’habitant du monde rural et ses pratiques [inscriptions] spatiales, ou encore les logiques symboliques qui montreront les liens que

14 Bachelard. G, 1957, "La poétique de l’espace", PUF, Paris, p: 69.

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l’habitant établit avec sa maison et son environnement. Au-delà de l’analyse des phénomènes architecturaux en termes de contraintes liées à la nature du milieu environnant ou encore en termes de "maison -outil"15, nous essayerons de prendre en compte d'autres aspects tels que : les manières d'habiter, d'occuper l'espace, les comportements, les valeurs qui s'attachent à la maison dans son ensemble et à chacune de ses parties, aux meubles, aux objets, donc aux relations complexes entre organisation sociale, représentations symboliques et forme d'habitat.

Nous voudrions souligner, indépendamment de ces axes de recherche, l'importance de l'analyse du vocabulaire dans l'approche de ces phénomènes. Le lexique recèlera en effet la réalité architecturale qui est pour nous une sorte de guide, un guide qui permettra de cerner un certain nombre de valeurs qui s'attacheront aux différentes parties constitutives de l'habitat et de l'habiter du territoire rural. Cette partie permettra de donner le point des connaissances acquises dans le champ, tant en ce qui concerne les campagnes algériennes, les politiques qui les ont concernées que la question de leur habiter.

15 Demangeon. A, 1952, "Problèmes de géographie humaine", Paris, Armand Colin, première édition 1942.

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CHAPITRE 1

LA QUESTION DE L’HABITAT RURAL PAR DES VOIX UNIVERSITAIRES

« La limite n’est pas ce où quelque chose cesse, mais bien, comme les Grecs l’avaient observé, ce à partir de quoi quelque chose commence à être ». (Heidegger, 1958)16.

Longtemps, la recherche a cristallisé une grande partie de ses efforts sur les maux de la ville induisant des effets scientifiques et politiques d’aveuglement sur les processus sociaux et les difficultés présentes ailleurs que dans les métropoles.

En Algérie parce qu’il est considéré comme l’expression de « supplétif » du futur développement des villes, l’espace « d’attente » dont l’identité spécifique disparaît, le territoire rural reste un espace de vie trop peu analysé du point de vue des ordonnances résidentielles et des inégalités sociales. Ainsi, représenter le rural comme « l’univers des paysans » où les familles réalisent le projet d’une vie basée sur l’essentiel, sur l’indispensable, loin des tourments du superflus et des accessoires des villes17, tend à minimiser les enjeux des territoires ruraux en accentuant la primauté des recherches sur "l’urbain".

Ceci est paradoxal car l'Algérie demeure un pays profondément marqué par le fait rural.

Le Recensement Général de la Population et de l'Habitat (RGPH) de 1998 recensait 13 millions personnes résidant en zone éparse et dans près de 3000 villages et bourgs. Ces petites localités que caractérise un rythme de développement très rapide, devraient pourtant retenir l'attention car elles sont de création récente, en devenir, et surtout l'expression d'une dynamique réelle. Le rural en tant qu’espace intégré au sein d’aires territoriales dynamiques, est traversé par des logiques économiques, résidentielles et sociales qui le renouvellent sans cesse.

Si le souci majeur concernant le rural a pu être, longtemps, son désenclavement grâce à la généralisation de l’auto -mobilité par la viabilisation de ses routes, de l’eau et de l’électricité grâce aux efforts consentis par les politiques publiques, n'est- il pas temps de l'appréhender désormais comme un espace en renouvellement social où les cohabitations

16 Heidegger. M, 1958, « Essais et conférences -bâtir habiter penser- », Gallimard, Paris, p: 183.

17 Ibn Khaldoun, (édition de 1965), "Le Rationalisme d'Ibn Khaldoun", in Labica. G, "Extraits de la Muqaddima", centre Pédagogique Maghrébin, Hachette. Alger.

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entre catégories sociales de populations différentes induisent une harmonie, une coexistence mais aussi des tensions entre les habitants, entre l’habitant et son habitat et l'habitant et son territoire.

Les habitations traditionnelles et le monde rural dans lequel elles s’organisent, ont intéressé depuis plus longtemps les sciences humaines et sociales. Leurs observations, leurs classifications, leurs théories demeurent un point de départ solide pour les rares études plus récentes, en architecture par exemple.

Notre propos n'est pas ici de présenter dans sa globalité la manière dont les chercheurs ont abordé les questions des thématiques dans l'espace rural. On ne peut ici rappeler tous les apports, à peine résumer quelques œuvres protagonistes qui nous semblent essentielles, en relevant les réflexions sur le thème de "l'habitat rural" et la part donnée à sa considération.

I- L’HOMME SEPARÉ DES AUTRES HOMMES N’EST QU’UN CRI18

La première œuvre à laquelle nous adressons est une thèse de doctorat d’état en sociologie rurale dont une grande partie a été publiée. Elle présente un regard sur la société rurale algérienne qui s'attache d'avantage à la "part immergée" de l'iceberg social qu'aux discours idéologiques. Ainsi Wadi Bouzar19 qualifie la dimension mémorielle de la vie sociale algérienne. La quête par l'Homme, propose ainsi l'auteur, de deux éléments d'apparence antinomique, l'eau et le feu, participe d'un seul et même acte, celui de la sédentarité. En effet, note-t-il, alors qu'autour d'un point d'eau il est une pause, parfois définitive, qui prend pour autre nom oasis, village, bourg ou cité; "la construction du feu", acte de regroupement contre le froid et la mort qu'il peut signifier s'assimile quant à elle à la "construction du foyer", symbole patent de présence vitale que rend l'image d'un feu qui danse ou encore d'une cheminée qui fume.

De même pour l'auteur, la dialectique du mobile et de l’immobile, du nomade et du sédentaire, apparaît au cœur de toute problématique existentielle car la condition humaine oscille entre ces deux pôles.

Ainsi, l’ouvrage de Bouzar est un voyage initiatique de la vie sociale algérienne, mémoire collective. Ce voyage haut en couleurs auquel il nous convie est jalonné d'us et de coutumes de pans de vie de mouvance à travers les personnages d'Ibn Battouta ou encore

18 Bouzar. W, 1983, "La mouvance et la pause, regard sur la société algérienne"; p : 33, référence à J. Ziegler

"les vivants et la mort", Seuil 1975, p: 295

19Bouzar W, (1983), op. Cit.

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d'Ibn Khaldoun, et de pause poignante animées par la raison des êtres, leurs rêves, et leurs stratégies. L'allusion littéraire, chez Mouloud Feraoun et Assia Djebbar, et la poésie lyrique à travers la voix des montagnes de la belle Taos ou les vers bruts de Si Mohand, dans laquelle l'auteur puise, contribue à la création d'un étalage de sens, d'odeurs, de regards et d'écoutes qui défendent la "source et le confluent" de l'aspect rural, nomade, en une ronde infatigable, en une recherche obstinée d'un équilibre fragile entre "mouvance et pause". Deux volumes, traversent les rituels, les danses car pour Wadi Bouzar les images qui peuvent être vues sont aussi écrites.

Le projet de l'auteur implique ce qu’il nomme une problématique des « passages », de la campagne à la ville, du nomadisme à la sédentarité. Problématique essentielle pour lui dans l’étude d’une société de type agraire et mesulmane comme la société algérienne. Utilisant une démarche comparative qui joue un rôle central dans la construction de l’objet, il compare des espaces, des époques, des acteurs sociaux, des discours, et son analyse permet de dégager des analogies et des différences entre ces données.

Les espaces et les groupes que l'auteur considère sont diversifiés. Des nomades observés et enquêtés sur les hauts plateaux dans la wilaya de Djelfa, aux villageois en grande Kabylie, dans la wilaya de Tizi Ouzou. Des distances appréciables et des différences existent entre ces espaces et ces groupes. Dans un premier temps, Wadi Bouzar propose une approche initiale

« pour une problématique nomade », dans laquelle il écrit: « Tous les mouvements de renaissance islamique se ressourcent dans la "bâdiya", l’espace rural »20. Il admet que les notions de mobilité et de nomadisme se recoupent pour une part et que s’il existe des définitions sociologiques de la mobilité et du nomadisme, il est possible de se livrer à une extension du sens de ces définitions, dans le cadre surtout d’une approche macrosociologique.

Dans les faits, l'auteur affirme qu’en tout type de société, la vie rurale a précédé la vie citadine et qu’en ce sens, tout citadin conserve, plus ou moins, en soi une part de ruralité.

Bouzar ajoute que le citadin, et ce, encore en tout type de société, hérite aussi d’une part nomade qui remonte plus loin, à l’organisation première de la vie en société, à ces temps préhistoriques où l’homme encore proche de l’animal se déplaçait en bandes à la recherche de sa nourriture et de son vêtement. Il affirme que de la préhistoire à l’histoire, on retrouve une aspiration moindre mais non moins réelle à la mobilité, au voyage, au « nomadisme familier ou symbolique » et au « nomadisme sociologique »21.

Ainsi, les formes de déplacements se rattacheraient à une mobilité première, nécessaire à la survie, mais aussi à un besoin fondamental de changement, de dépaysement, de

20 Bouzar. W, 1983, op, cit, p : 59

21 Op. cit, p : 61

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