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Etalement urbain dans l'agglomération d'El Hadaeik

Dans le document THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES (Page 148-170)

de 1863 à 1963

de 1963 à 1990

de 1990 à 2000

à partir de 2000

Fig. n°11: Étalement urbain dans l'agglomération d'El Hadaeik

II-3-3-Logique d’installation dans ces petits villages diffus

Ces petites agglomérations qui se sont développées par ajouts successifs sont caractérisées par une hétérogénéité socio-économique. Conçues pour être des pôles d’animation, un élément structurant du territoire rural, ces localités s’éloignent progressivement de leurs vocations premières. En butte à la spéculation foncière et immobilière, habitées par des familles aux itinéraires et aux perspectives différents, elles sont devenues des localités hybrides mi-rurales et mi-annexes de la ville de Skikda. Lieu d’exercice de logiques différentes elles présentent déjà des inégalités. Sous l’effet d’une urbanisation dispendieuse c'est-à-dire consommatrice de terrain, elles se retrouvent aujourd’hui dans une situation qui frôle le blocage.

C’est cette réalité que nous voulons restituer dans la présentation et l’analyse d’un certain nombre de cas d’étude. Le premier cas étudié sera le logement vertical (social) illustré

E COLE E COLE E c h a n t i l l o n s d e l 'é t u d e SURET E HANGAR HANGAR P OLYCL INIQUE M AT ERNIT E ST ATION A ES SE NCE E PDE MIA

PAR C M OS Q UEE C OM MER CE MO SQ UE E C E M S TAT ION A E SS ENCE S TAT ION A E SS ENCE COM ME RCE M ARCH TE RRAI N 3700X68.8M 2 C EN TR E DEP OL IC E BADR PT T E M PL OI J E UNES C EN TR EC UL TU RE A,P,C SOUK AL FE LL AH SUCH MOS QUE E C E M LYCEE ECOL E COM M ERCES U GT A F A BRIQU E D E P ARPA IN G GE NDAR ME RIE P AR C COMMERCE AB ATTOIR veterinair e S ONELG AZ IM P O TS P HARM A CIE COMMERCE commerce e j e j V ER GE R O A I C ECOL E N 500m 0

par le quartier de logements sociaux "SONATIBA" qui se situe dans la partie orientale du village Ramdane Djamel, en bordure de la route nationale n°3, ainsi que la ZHUN dite "216 logements" à El Hadaeik. La deuxième figure d'installation sera celle du lotissement Ouaddah, situé dans la partie occidentale du village Ramdane Djamel à quelques centaines de mètres de la route nationale n°3 allant vers Constantine. Il se présente comme une extension de la ville. Ce lotissement de 11 hectares est construit sur prés de 70% de sa superficie totale soit huit hectares. Le reste du terrain, soit quatre hectares est déjà loti et viabilisé ; il est en attente d’attribution. Les acquéreurs potentiels s’orientent en effet vers des terrains qui concilient une distance acceptable à leur lieu de travail avec un prix d’achat abordable. Ils mettent ainsi en œuvre une certaine rationalité socio-économique qui a tout son sens en une époque où les espaces à lotir, à construire, se font plus rares et gagnent les communes hors grande agglomération. C’est donc le phénomène d’installation des citadins en campagne qui se met en place et que Bauer et Roux ont qualifié de « rurbanisation »253. Sur la centaine de familles enquêtées prés de 40% sont en effet originaires de la ville de Skikda. Quant au troisième cas d'étude, il concernera l'auto construction: les entretiens y ont été réalisés au niveau des deux villages. Examinons, l'un après l'autre, chacun dans ces trois cas d'études.

Carte. n°6: Carte de la localisation des terrains d’enquêtes

253 Bauer. G, Roux. JM, (1976), La rurbanisation ou la ville éparpillée, Le Seuil, Paris.

Dans la commune de Ramdane Djamel

Fig. n°12: Carte des modes d'habiter et de la localisation des terrains d’enquêtes Dans la commune de El Hadaeik

II-3-3-a-Assignation254 dans le collectif

Le premier exemple étudié, le parc du logement collectif dans le village Ramdane Djamel, couvre une superficie de prés de six hectares, ce qui représente 11%, de la superficie du village (un peu plus de 50 ha).

Un noyau constitué d’immeubles collectifs, construit vers 1980, par la société SONATIBA sur une ancienne agrumeraie, concerne une partie non négligeable des habitants de Ramdane Djamel à proximité de la route communale n°3.

254

Assignation: situation dans laquelle se trouve celui qui est contraint de résider à un endroit précis.

Pinson. D, 1988, « Du logement pour tous aux maisons en tous genres », CNRS, Nantes, p : 14, l’assignation peut être forcée ou acceptée.

logement collectif logement collectif promotionnel auto construction maison individuelle en lotissement limite de l'ancien village

500 m 0 maisons enquêtées orangers 216 logements

Limite de l’ancien village

Logement collectif

Logement collectif promotionnel

Auto construction

Maison individuelle en lotissement 500 m

0

Il semble pourtant qu’un nombre assez important d’habitants des immeubles cherchent à fuir aujourd’hui cette pesante concentration, malgré les conditions avantageuses de la position du quartier par rapport à l’axe routier. En fait, les assignations au collectif, acceptées et/ou imposées touchent une bonne partie des sujets enquêtés. Dans le quartier "SONATIBA", sur les 56 familles enquêtées (soit la moitié des habitants), 70% avouent être soumis à cette installation en collectif, et nourrissent le rêve de s’installer en maison individuelle. Cela dit, la proximité du travail et des écoles pour les enfants revient fréquemment dans les discours pour justifier l’acceptation du logement collectif. Par contre les 30% restant des familles interrogées, disent avoir apprivoisé cette assignation, car en étant au bord de la route, ils bénéficient d’un accès facile aux moyens de transport. Ils arrivent ainsi à surmonter le confinement contraint en logement collectif, en ayant par ailleurs construit un territoire permettant des déplacements plus élargis. C’est ce que nous rapporte de manière précise une habitante de ce quartier :

Je suis enseignante au lycée de Ramdane Djamel, je ne prends que dix minutes de marche pour me rendre à mon travail. Avec le développement des moyens de transport, surtout les mini bus, la distance n’est plus une contrainte. Je prends quinze minutes en bus pour être à Skikda, et c’est un trajet que j’effectue presque chaque jour pour rendre visite à ma famille et à mes amies (Mme N., habitant un appartement F4 au quartier SONTIBA et originaire de Skikda)

Lorsque ces assignations sont surmontées, l’accession à la propriété d’une maison individuelle conduit les habitants vers des localisations souvent déterminées par les attaches et l’histoire familiales. Un exemple d’accommodation à l’assignation du collectif mérite d’être mentionné, c’est la mise en exploitation d’une petite parcelle de terre, par un habitant du quartier. Agent de Sonatrach, il est d’origine rurale, et trouvant dans ce qui le rattache à son enfance une façon de mieux se représenter et d’accepter le confinement dans son appartement en collectif, la parcelle de terre devient un exutoire libérateur. (On reviendra sur ses liens avec les annexes de la maison dans un chapitre ultérieur)

Dans le village d'El Hadaeik, les localisations périurbaines, acceptées et/ou imposées se traduisent par des choix d’installation régulés en fonction de l’attractivité du pôle urbain, en l’occurrence la ville de Skikda.

Orangeraies

ZHUN (216 logts)

Le deuxième exemple de quartier : 216 logements, qui est juste une zone d’habitation urbaine à El Hadaeik, illustre l’attachement de ses habitants à la ville toute proche. L’illusion est présente, on se croirait dans n’importe quel quartier d’habitation en ville, des colosses en R+5, mais qui côtoient des champs d’agriculture, d’orangers et d’oliviers. Les logements ont été construits dans le cadre du LSP (Logement Social Participatif), les bénéficiaires sont en majorité des cadres de l’entreprise Sonatrach (entreprise pétrochimique). Originaires pour la plupart de la ville de Skikda, ils n’arrivent pas à s’adapter à la position de leur quartier trop excentré de la ville. Un des habitants (Mr S, 42 ans) qui y réside depuis 5 ans, nous le dira clairement : « Le calme est très appréciable ici, mais ….en fait, j’ai toujours habité au centre ville, je n’ai pas eu le choix de m’installer ici, de toute manière, je n’y rentre que pour dormir, je n’ai rien à voir avec l’agriculture, je suis un cadre à Sonatrach, ce qui me réconforte, c’est la proximité de la ville »

Photos. n°s 9-10: Logement vertical (une ZHUN) dans la commune de El Hadaeik

Tous les propos des habitants sont similaires, le besoin de ville revient fréquemment dans leurs discours. Leur seule consolation, c’est que leur logement est tout à fait urbain du point de vue des normes de confort, en fait c’est une réplique de l’urbain qui s’est effectué sur un territoire purement rural, la superposition d’une morphologie urbaine dans un territoire rural, amenant une population nouvelle, qui entretient une indifférence totale à la vocation première des lieux, affirme la supériorité de son statut urbain, méprisant le travail de la terre, ignorant les maisons rurales. Les attitudes montrent aussi que l’avatar de la ZHUN n’est pas seulement dans le physique ou le matériel, mais aussi dans l’idéel et le mental.

II-3-3-b-Ėlection de maison individuelle en lotissements

Les lotissements d’habitat dans le rural constituent sans doute, dans la vallée du Saf-Saf, l’une des formes d’urbanisation contemporaine les plus décriées. Dans le paysage très composite du village de Ramdane Djamel, ils occupent une place désormais importante facilement repérable par le nombre de maisons individuelles (tableau n°). Ils couvrent 52,9% de la surface de l’agglomération (soit 27 hectares) et abritent 42 % de la population255. Ces ensembles de constructions se développent à la porte du village en général le long des grands axes de circulation, et leur configuration lointaine n’est pas sans rappeler la silhouette de la ville médinale.

Source: Subdivision d'urbanisme de Ramdane Djamel Tableau n°14: Types de construction dans la commune de Ramdane Djamel

La création de lotissements s’opère selon deux procédures distinctes qui varient selon l’offre et le prix du foncier. La première est celle du lotissement communal. La commune assure, sans grand bénéfice, la constructibilité, le tracé et la viabilisation des terrains. Ils sont ensuite commercialisés sous forme de lots libres, via l'agence fonciére. La réalisation des maisons peut faire intervenir des maîtres d’œuvre, des artisans ou des architectes.

255 ONS (Office National des Statistiques) et RGPH 1998 (Recensement Général de la Population et de l’Habitat)

La commune

TYPES DE CONSTRUCTION Total

Immeuble Habitation Maison Individuelle Maison Traditionnelle Autres Ordinaires Constructions Précaires RAMDANE DJAMEL 339 1594 534 11 535 3013

Une deuxième procédure s’appuie sur le lotissement privé, qui a pour origine des parcelles privées, divisées lors de transmissions ou d’aménagements réalisés par des promoteurs constructeurs . Il peut s’agir aussi de lotissements aménagés par des sociétés de promotion, qui s’inscrivent le plus souvent dans de vastes opérations, liées à des projets tertiaires ou de loisirs destinés à des populations plus favorisées. La configuration et la taille du lotissement dépendent de la nature initiale du terrain. En secteur diffus, il reprend souvent les limites du parcellaire agricoles.

Plusieurs générations de lotissements coexistent sur le territoire. Il faut prendre ici le terme lotissement au sens restrictif, car cette acception désigne aujourd’hui, par métonymie, l’implantation de produits homogènes et fermés sur eux-mêmes. Cet enclavement résidentiel a été favorisé en rendant constructibles tous les terrains desservis par les voies publiques, ainsi que ceux pourvus d’une adduction d’eau. Une telle règle détonne, bien entendu, comparée aux pratiques ancestrales qui ont produit des villes entières à partir d’un tracé de voies publiques, hiérarchisées et communicantes, et d’un découpage du sol apte à supporter des programmes et des formes hétérogènes. De ce fait les lotissements contemporains de maisons individuelles se réduisent à la plus simple expression d’une procédure figée dans sa finalité propre et incapable à ce jour d’évoluer vers des tissus urbains mixtes.

En théorie, les opérations de l’Etat présentent les avantages d’un faible prix de terrain viabilisé, à la différence des initiatives privées qui suivent un marché foncier très élevé, en particulier dans les grandes villes. Mais la rapidité de viabilisation et de commercialisation du privé compense souvent la lenteur de la réalisation et la complexité du mode d’attribution dans les lotissements d’État. De plus, cette procédure s’effectue par tirage au sort (en principe), ce qui, compte tenu de la valeur différentielle due à la situation des lots, pénalise les clients de l’État vis-à-vis des acquéreurs dans les lotissements privés, libres du choix de leur parcelle.

La lourdeur et la lenteur des opérations de procédure, principalement liées à la taille très importante des lotissements et à la procédure bureaucratique d’attribution des lots, contribue à aggraver la pression sur le marché foncier, tandis que par leur souplesse les lotissements privés, réalisés en petites tranches et commercialisés rapidement, profitent de l’étroitesse du marché et participent au mouvement spéculatif. L’apparition et le développement de lotissements clandestins ne sont évidemment pas étrangers à l’existence de ces pratiques spéculatives. Ce phénomène montre en tout cas qu’une partie de la population, distincte de celle qui peuplent les bidonvilles, est en situation potentielle de réaliser des constructions pas

moins bonnes que celles des lotissements et qu’elle le fait sur des terrains non viabilisés pour la raison essentielle que l’assise constructible n’existe pas en quantité suffisante.

lotissements localisation Surface du lot

(moyenne)

Nombre de lots Prix (m²)

Lotissement n°1 (échantillon d’étude) Partie est de la ville à 800 m du centre ville 350 à 400 m² (sur 11 hectares de lotissement) 43 3500 DA Lotissement n°2 A 300 m du centre ville 300 à 350 m² (sur 10 hectares de lotissement) 38 4000 DA Lotissement n° 3 En bordure de la route RN 3 200 à 250 m² (sur 4 hectares de lotissement) 22 5000 DA

Source : enquête sur terrain, 2006 Tableau n°15 : Lotissements entre prix et localisation

Notre cas d’étude est un lotissement d’une superficie de 11 hectares, qui est intégré dans le POS de la ville. Ce lotissement est désigné « lot N°1 » et les habitants de la ville l’appellent « lotissement Ouadah » du nom de la famille anciennement propriétaire du terrain. Celle-ci est bien connue à travers le territoire communal.

Les 15 hectares qui ont servi à la création des 4 lotissements, dont celui que nous étudions, sont, à l’origine, des terres agricoles situées dans la partie orientale de la ville de Ramdane Djamel. Elles étaient plantées d’orangers et de figuiers et la propriété était dirigée par le patriarche qui était un agriculteur impénitent. "Il est mort sous un soleil de plomb en labourant sa terre" nous dit l’un de ses innombrables héritiers. A sa mort, ses héritiers trop attirés par la ville et le travail en ville (commerces familiaux) ne consacraient à l’agriculture qu’un faible intérêt. L’absence d’attachement à l’agriculture, le partage des terres et leur morcellement ont facilité la vente les terres sous la forme de lots. Le mètre carré atteint 5 000 DA en bordure de la route et un peu moins c'est-à-dire entre 3 000 et 4 000 DA en profondeur du terrain.

Du verger verdoyant, plus rien ne subsiste, les nouvelles constructions, en cours pour la plupart, sont des maisons, des "immeubles", de trois à quatre niveaux, où la brique rouge s’allie avec le parpaing gris, le ciment brut et le goudron des voies de circulation.

Dans ce lotissement composé de lots de 300m² à 400m², l’emprise au sol des maisons est très importante, puisque presque 70% du lot est construit. Ce qui donne un aspect de promiscuité accentuée encore par la continuité du bâti. Dans le paysage, si ce n’est la couleur qui diffère d’une habitation à l’autre, on pourrait confondre le voisinage.

Dans ce lotissement les familles interrogées apprécient leur cadre de vie et manifestent une aversion à l’encontre des logements collectifs, souvenir d’une expérience mal vécue, dont la reproduction, même sous la forme d’un simple voisinage, est d’autant plus impensable.

Que les habitations soient aussi collées les unes aux autres m’importe peu, l’important est que chacun ait sa maison individuelle, la plupart sont des gens aisés. (Mme T propriétaire d’une maison dans le lotissement Ouaddah)

Ces localisations sont surtout déterminées par la période d’installation, qui fixe le lieu de résidence là où, dans le processus d’urbanisation, du foncier reste disponible, mais aussi par l’équilibre que l’habitant tentera d’établir entre le critère de la distance au travail et celui du coût du terrain (ce qui se traduira généralement par une petite superficie du lot), comme en témoigne très bien l’habitante de ce lotissement :

Cela fait quinze ans qu’on est installé à Ramdane Djamel, les terrains sont beaucoup plus accessibles ici, mon mari et moi travaillons à Skikda à Sonatrach. S’établir en maison individuelle est un projet pensé depuis notre union. Etant des citadins de Skikda on ne voulait pas trop s’éloigner du cadre urbain, mais ici, dans notre lotissement, on ne sent aucun dépaysement, ni aucun sentiment d’installation dans le rural. (Mme S, propriétaire d’une maison)

Dans ce lotissement n°1, beaucoup de propriétaires se sont installés au prix d’une mobilisation considérable, dans un cadre de vie qu’ils qualifient de « résidentiel » attribuant l’appellation de « villa » à leur maison individuelle.

HANGAR POLYC LINIQUE M ATER NITE STATION A ESSENCE EPDEMIA PARC M OSQUE E CO MMERCE MOSQUEE C E M S TATION A ESSENC E STATION A E SS ENCE C OM M ERC E M AR C H TER R AIN 37 0 0X6 8 .8 M2 CENTRE DEPOLICE BADR PTT EM PLOI JEUNES C ENTRE CULTURE A,P,C SOUK AL FEL LAH SUCH MOSQ UEE C E M LYCEE ECOLE C OMM ER CE S UGTA FABRIQU E DE P ARPAING GEND ARMERIE PARC C OMM E RC E ABAT TO IR v e te ri na ire S ONE LGAZ IM PO TS P HARM ACI ECOM

ME RCE c ommerce e j e j VERGER RC 3 E COLE N 500m 0 vers Skikda

Photos n°s 11-12: Maisons du lotissement Ouaddah

Carte n°7: Localisation du lotissement Ouaddah

Paradoxe, au milieu de tout cette accumulation de béton, nous avons été surprise de trouver de petits jardins d’orangers, qu’un des héritiers a sauvegardé, une petite superficie, résistant, mal an bon an, au ravage de la pollution, des chantiers permanents. Un poumon pour ce lotissement, mais surtout une marque, l’empreinte d’une autre réalité, celle de l’origine des lieux et de la vocation fertile de la terre étouffée désormais par le béton.

Photos n°s 13-14: Un habitat individuel en lotissement côtoyant des vergers d’agrumes

II-3-3-c- Du collectif à l’individuel : le plan anthropisé de l’auto construction

L’étalement résidentiel de ces trente dernières années apparaît davantage comme une sorte d’explosion des petites villes. Dans cette petite commune c’est le champ de l’auto construction qui est devenu synonyme d’une forme urbaine sans rues, sans cours, sans commerces, où se juxtaposent des familles précautionneusement distancées, dans des maisons «individuées» plus qu’individuelles. De manière très codée, une distance physique et sociale avec ses plus proches voisins est instaurée (la plupart de nos enquêtés affirment ne pas connaître le nom de leurs voisins). La sociabilité mythique et tant vantée du village de Ramdane Djamel est inexistante, dans ces ensembles de lotissements où l’habitant cherche de plus en plus l’individualisation de son installation.

:Image de la zone Photo n°16 de l’auto construction à Ramdane Djamel :Une maison Photo n°15

auto construite sur un ccupé illicitement terrain o

Dans la hiérarchie des formes urbaines, on peut situer ces figures d’installation entre les "bidonvillas"256 et l’habitat clandestin en dur d’une part, et les ensembles financés par l'État (tel que le RHP Résorption de l’Habitat Précaire). Sans doute cette hiérarchie formelle recouvre-t-elle d’ailleurs grossièrement la structure des groupes sociaux. Et l’on peut dire que les espaces des lotissements d’habitat « autoconstruit » représentent souvent le cœur populaire du village,257 l’origine rurale proche de cette population est souvent vérifiée. Ainsi, le lieu dit de « l’autoconstruction », situé dans la partie orientale de Ramdane Djamel, attribué aux bénéficiaires durant les années 1980, dans le cadre de l’auto construction (ancienne formule), est occupé par prés de 60% d’habitants d’origine rurale.

Ma maison, est construite dans le cadre de l’auto – construction, j’ai eu une aide de l’Etat d’une valeur de 250 000 DA. L’État a déterminé le site, et puis a attribué l’aide. Vous savez, ils (les autorités institutionnelles) demandent des dossier, et puis ils attribuent des aides, cela s’appelle aujourd’hui l’auto construction ancienne formule. (M. Lakhdar, propriétaire d’une maison auto construite).

Comme nous l’avons indiqué plus haut, les ruraux de Ramdane Djamel sont majoritairement installés en maison individuelle (65%), mais c’est aussi le mode d’habitat

Dans le document THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES (Page 148-170)

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