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URBANISATION DES CENTRES DE LA VALLEE DU SAF-SAF

Dans le document THESE DE DOCTORAT ES SCIENCES (Page 114-148)

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source: enquéte sur terrain 2006

N

URBANISATION DES CENTRES DE LA

VALLEE DU SAF-SAF

1500m 500m 100m 1000m 0m 2000m Mechtet Meksene H.Kroûma El Hadaeik Beni Bechir Village de R. Djamel Salah Bouchaour El Arrouch

Pour compléter le panorama, on relèvera la présence d’un épiphénomène apparu en liaison avec la rareté de l’offre de logement : il s’agit des constructions illicites. En effet on les retrouve dans chaque localité. Contrairement aux habitations des différents lotissements qui sont construits en dur et avec des matériaux modernes, celles-ci sont sommaires. Ceux qui s’adonnent à cette pratique ne peuvent pas être considérés comme des laissés pour compte car pour beaucoup cette construction n’est qu’une étape, un passage froidement calculé pour pouvoir bénéficier d’un lot dans les futurs lotissements. Les constructions illicites représentent donc plus l’expression d’une position d’attente que celle d’une exclusion.

Ces petites agglomérations qui sont la concrétisation de logiques différentes et qui se sont développées par ajouts successifs sont caractérisées par une hétérogénéité socio-économique. Conçues pour être des pôles d’animation, des éléments structurants du milieu rural, ces localités s’éloignent progressivement de leur vocation première. En butte à la spéculation foncière et immobilière, habitées par des familles aux perspectives et aux itinéraires différents, présentant déjà des inégalités, elles sont devenues des localités hybrides mi-rurales et mi-annexes de la ville.

III-3-2- Micro urbanisation et développement économique

Sur le plan économique l’examen du profil de l’emploi par branche d’activité économique autorise à relever les caractéristiques ci-après. La concentration des commerces obéit en fait aux densités des populations des centres et des agglomérations de la vallée.

Centres de la vallée du Saf Saf : répartition de l’emploi par branche d’activité économique, situation 1987,1998

Secteurs

Centres

Agriculture Industrie Bâtiment Services Total

Nbre % Nbre % Nbre % Nbre % Nbre %

El Harrouch 371 9,98 364 9,80 680 18,30 2.301 61,92 3.716 100

S.Bouchaour 307 18 223 13,07 271 15,89 905 53,04 1.706 100

R. Djamel 169 12,19 273 19,69 189 13,62 756 54,50 1.387 100

El Haddaîk 27 9,89 43 15,75 51 18,68 152 55,68 273 100

Total 874 12,34 903 12,75 1.191 16,82 4.114 58,09 7.082 100

Source : Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois » Tableau n°7 : Année1987

Secteurs

Centres

Agriculture Autres secteurs Total

Nbre % Nbre % Nbre %

El Harrouch 482 9,79 4439 90,21 4.921 100

S.Bouchaour 421 18,19 1893 81,81 2.314 100

R. Djamel 137 6,31 2035 93,69 2.172 100

El Haddaîk 57 5,72 940 94,28 997 100

Total 1.097 10,54 9.307 89,45 10.404 100

Source : Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois »

Tableau n°8 : Année1998

Les centres de la vallée du Saf-Saf ont enregistré une baisse relativement considérable des effectifs au niveau du secteur agricole. Ce constat illustre bien la déprise agricole qui affecte les centres en plein milieu rural. La propension des actifs vers les autres secteurs économiques devient de plus en plus évidente au même titre qu’en milieu urbain. Ce glissement intersectoriel répond, en fait, aux mutations rapides que connaît le monde rural qui se spécialise, désormais, de plus en plus dans le secteur tertiaire.

Ainsi, en s’éloigant de plus en plus du secteur agricole, et en devenant l’assise des activités tertiares ou autres, l’espace rural « s’urbanise » pour peu que ses centres autrefois agricoles offrent, un potentiel de consommateurs suffisants. Par cette nouvelle forme de distribution des activités tertiaires, il semblerait que nous assistons à une reconfiguration territoriale visant à remodeler la vocation première des territoires ruraux et qui serait un appui de premier ordre au phénomène de la micro urbanisation dans la vallée du Saf-Saf.

De ce fait, la fonction commerciale dans les petits centres est devenue, de plus en plus, dominante au point où elle représente l’activité tertiaire principale. Dans la vallée du Saf Saf, cette caractéristique est de mise notamment dans les centres étudiés qui disposent de nombreux équipements commerciaux. En 2000, les centres d’El Harrouch, Ramdane Djamel et El Hadaeîk regroupent 1.241 établissements commerciaux toutes variétés confondues233, ce qui laisse supposer qu’ils excercent de fortes émanations attractives pour les zones éparses et 233

Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois », op, cit.

les régions rurales profondes. Nous verrons dans le prolongement de l’étude que quelques centres de la vallée arrivent parfois à détourner l’attraction commerciale du pôle urbain (la ville de Skikda) et à la canaliser. Mais dans les faits, il faut dire que la ville de Skikda reste un un noyau commercial très prisé par les ruraux de la vallée.

Source : Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois »

Tableau n°9 : Capacité d’attraction commerciale

Les activités commerciales non alimentaires semblent présenter une prééminence dans tous les centres. L’exemple d’El Arrouch, ou à un degré moindre, celui de Ramdane Djamel s’individualisent par des coefficients d’attraction importants, ce qui voudrait dire qu’ils disposent d’activités commerciales spécifiques ou fondamentales pouvant avoir des émanations directes sur la clientèle extra locale234.

234

Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois », op, cit, p : 32.

Centres (villages) Nbre

D’établissement Etablissements alimentaires Etablissements Non alimentaires Rapport non Alimentaire / alimentaire El Harrouch 560 187 373 1,99 Ramdane Djamel 277 122 155 1,27 Salah Bouchaour 286 116 170 1,46 El Haddaîk 118 56 62 1,10

M E R M E D D I T E R A N E S K I K D A H A M R O U C H E H A M O U D I H A M M A D I K R O U M A E L H A D A I E K R A M D A N E D J A M E L B O U C H T A T A B E N I B E C H I R E M D J E Z E D C H I C H S A L A H B O U C H A O U R E L H A R R O U C H Z A R D A Z A N 0 5 K M E C O L E C . E . M L Y C E E A . M . G H O P I T A L S I E G E A P C S I E G E P T T C A B I N E T M E D I C A L E P H A R M A C I E B A N Q U E A G E N C E D 'A S S U R A N C E S O C I E T E N A T I O N A L E C I N E M A S E C U R I T E S O C I A L E A G E N C E D E V O Y A G E S I E G E D E D A I R A S I E G E D E W I L A Y A A I N B O U Z I A N E

Source : Benbouaziz. A, 2000 "Dynamique des centres et organisation de l'espace géographique dans la vallée du Saf-Saf", mémoire de magister, université Mentouri Constantine.

Ainsi, les activités commerciales dans les centres de la vallée du Saf-Saf s’avèrent favorable au maintien et à l’essor de la micro urbanisation. Ce dernier doit etre suivi par le développement d’autres secteurs socio-économiques.

Tableau n°10:Relation fonctionnelle dans la Vallée du Saf-Saf

Source : Cherrad. SE, Lakehal. A, 2006, « Aspects et réalités de la micro urbanisation en milieu rural constantinois »

L’examen des données chiffrées ci-dessus démontre à quel point la micro urbanisation est vulnérable dans la vallée du Saf-Saf tant que celle-ci est fortement dépendante de la ville mère, en l’occurrence Skikda. Cette constatation concerne en premier lieu El Hadaik de part sa proximité (pas plus de 5 Km de la ville). La dépendance est y presque totale dans le domaine scolaire et à un degré presque aussi élevé dans les domaines de la santé et du travail. Elle concerne également Ramdane Djamel, dont la dépendance de Skikda se maintiennent toujours à un niveau élevé même si ce village tend à devenir également une petite ville à l’image d’El Arrouch.

III-3-3- Micro urbanisation et habitat

Instrument privilégié de la politique d'aménagement du territoire, l'habitat constitue aussi et surtout le support des activités socio-économiques et l'essence même du cadre de vie des populations.

Le parc logement recensé dans la vallée du Saf-Saf compte aujourd'hui prés de 17 720 logements, qui se caractérisent par un état composite. En effet, une prépondérance de l'habitat individuel 54% est à noter dont 15% précaire, contre 27% de l'habitat collectif qui représente un quart du parc. (Cf. Tableau suivant n°:11)

Centres Scolarité % (1) Santé % (2) Commerces % (3) Travail % (4) % (1+2+3+4) El Arrouch / 0,7 3,96 13,15 4,45 Salah Bouchaour 9,09 20,78 12 17,45 14,83 Ramdane Djamel 14,86 16,72 16,33 32,55 20,11 El Haddaîk 96,55 77,87 48,59 70,58 73,37

Les communes Immeuble

Habitation Maison Individuelle Maison Traditionnelle Autres Ordinaires Constructions Précaires Total EL HADAIK 117 762 114 7 687 1687 EL HARROUCH 1640 2525 1114 24 505 5810 ZERDAZAS 43 546 623 10 472 1697 OULED HEBABA 10 453 116 1 390 970 RAMDANE DJAMEL 339 1594 534 11 535 3013 BENI BACHIR 63 634 134 9 287 1127 SALAH BOUCHAO. 152 1999 347 24 894 3416 Total 2364 8513 2982 86 3770 17 720 Source: RGPH 1998 + l’enquête (2005)

Tableau n°11: Répartition des logements occupés des ménages ordinaires et collectifs par commune et selon le type de construction

En matière d’habitat, il existe de grandes disparités entre les zones agglomérées et les zones éparses. Ainsi, dans les communes visitées (en 2005) plus de 63% des ménages enquêtés déclarent habiter une maison traditionnelle en dur, souvent en toute propriété (83% des cas) rarement dans des immeubles (5%). Selon les déclarations, la plupart des maisons habitées sont dans un état mauvais (25,5%) à moyen (46%) et seul un quart (1/4) des maisons est jugé en bon état.

En fait, le problème de l’habitat dans la vallée du Saf-Saf est intimement lié à la structure démographique des ménages ruraux caractérisés par des familles élargies, avec des taux d’occupation des logements (TOL) qui dépassent huit personnes par logement et des taux d’occupation des pièces (TOP) de 2 à 3 personnes par pièce (tableau n°12).

1 pièce 2 pièces 3 pièces 4 pièces

nb % nb % nb % nb %

42 4.20 189 18.90 263 26.30 236 23.60

Source : enquéte sur terrain Tableau n°12: Nombre de pièces par logements

Le problème de l’habitat rural est également lié aux conditions de vie et de mobilité des habitants dont une partie importante a tendance à migrer vers les agglomérations principales et secondaires, ce qui entraîne d’une part une forte demande en logements, et d’autre part, l’augmentation progressive de l’habitat précaire. Beaucoup de populations rurales, notamment celles vivant en zones éparses, éprouvent des difficultés à avoir un habitat correct. L’essentiel de l’habitat en zones éparses précaire, et les commodités y sont assez faibles, de même que l’accès à l’eau potable et surtout à l’assainissement qui demeurent globalement faibles à très faibles.

L’enquête monographique a permis de révéler d’autre part l’existence d’une situation en matière d’habitat qui peut être décrite comme suit : 60% des responsables communaux déclarent l’existence au niveau de leurs communes d’un habitat en dur. Mais l’habitat en dur se trouve essentiellement dans les chefs lieux de communes, les Agglomérations Chef Lieux (ACL) et dans les agglomérations secondaires (AS), et il ne reflète pas une situation favorable. En zones éparses (ZE), on a à faire à un habitat essentiellement fait de matériaux traditionnels (22%), et à un habitat précaire (18%).

Une autre approche par entretiens auprès des chefs de ménages –exploitants agricoles a permis de révéler également les résultats suivants :

- La majorité des familles d’exploitants agricoles habite des maisons traditionnelles (61%), souvent en toute propriété (plus de 87% des cas) et rarement des immeubles ou des logements en location ou chez des tiers (respectivement 2 et 6% des cas). L’habitat précaire semble être faible (3%). Il l’est un peu plus en zones éparses (plus de 8%)

Immeuble Maison en lotissement Maison Traditionnelle Habitat précaire Autres Total Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % 49 4.90 284 28.40 614 61.40 37 3.70 16 1.60 1000 100

Propriétaire Copropriété Locataire Log. Gratuit

Ou chez des tiers

Autres Total

Nb % Nb % Nb % Nb % Nb % Nb %

910 91 30 3 20 2 39 4 1 / 1000 100

Source: enquete sur terrain 2005

Tableau n°13: Habitats des familles exploitants agricoles

Cette même enquête monographique a révélé que la moitié des familles d’exploitants agricoles, de loin les plus favorisées, habite dans des logements de 2 à 3 pièces (dont plus de 60% dans les ACL).

Source : services de la DPAT de la wilaya de Skikda

Graph. n°1 : Répartition des ménages enquêtés selon le type de constructions et par commune

Répartition des ménages enquêtés selon le type de constructions et la commune

Pour conclure, l’analyse du territoire de la vallée fait ressortir l’existence de multiples niveaux de structuration, met en évidence un développement inégalement réparti dans l’espace et souligne la présence d’aires d’attraction et de zones répulsives, résultat d’un processus aux effets divergents. Ainsi, en lieu et place d’un tissu équilibré et homogène, nous sommes en présence d’une mosaïque de niveaux de développement inégaux.

Les maillons du système spatial dans la vallée du Saf-Saf s'entretiennent et se complètent dans leur fonctionnement quotidien et ce sont particulièrement les phénomènes socio-économiques, aussi bien exogènes qu'endogènes, qui articulent l'organisation de l'espace du territoire Skikdi. L'exemple de la vallée du Saf-Saf montre bien que les études des territoires impliquent de nouvelles approches transdisciplinaires à même de mieux rendre compte des pouvoirs et des enjeux qui s'y font et s'y défont et dont l'espace reste le siège.

En dépit de l'ancienneté et de l'importance de la micro urbanisation dans la vallée du Saf-Saf, celle –ci demeure fragilisée tant que les ingrédients économiques d'accompagnement sont soit insuffisants, soit carrément absents. En conséquence, il est indispensable qu'une prise en charge effective soit entreprise en faveur des micro centres pour leur permettre, d'une part d'assurer pleinement leur rôle de relais, et d'atténuer d'autre part leur dépendance vis-à-vis de la ville de Skikda.

CHAPITRE 5

DES TERRITOIRES RURAUX CONSTRUITS Á PARTIR DE L’HABITAT

"Le territoire est une œuvre humaine. Il est un espace approprié. Approprié se lit dans les deux sens: propre à soi et propre à quelque chose. Il est la base géographique de l'existence sociale. Toute société a du territoire, produit du territoire"235 (Brunet, 1991)

Longtemps considérés comme des régulateurs du développement des villes, des opérations pour la maîtrise du développement urbain, les programmes de logements ou d’habitation, fondent, composent et inventent la trame des villes et des agglomérations urbaines. Actuellement l’habitat représente de ce point de vue l’un des grands vecteurs de la transformation des espaces ruraux. Il se développe avec une ampleur et une rapidité qui se manifeste dans des conditions assez particulières dont on rendra compte dans le présent chapitre.

En effet, quel que soit le rythme de son développement, d’un territoire à l’autre, la production d’habitat n’est pas sans effet sur la transformation du paysage initial. Elle engendre de nouvelles organisations territoriales, spécifiques, liées au processus de redéploiement des villes sur leurs arrière pays, et de ce point de vue, la forme d’architecture rurale à laquelle elle donne lieu est particulièrement digne d’intérêt dans la mesure où elle dessine les contours de ce que pourront être d’autres installations résidentielles futures.

I- LOGIQUE DES INSTALLATIONS RESIDENTIELLES ET GENESE DES TERRITOIRES RURAUX

Le territoire rural de la vallée du Saf-Saf a été le témoin d'importantes transformations durant ces trois dernières décennies et ceci en raison des multiples actions qui ont été entreprises soit par les pouvoirs publics soit par la société rurale elle-même. Certes toutes les composantes de l'espace rural n'ont pas subi des modifications de même intensité et de même ampleur. Les actions ont été variables d'une région à une autre, du rural profond au périurbain ; nous aurons l’occasion de le voir à travers les exemples choisis.

235 Brunet. R, 1991, "Le territoire dans les turbulences", Montpellier, Reclus, coll. "Géographiques", p: 23.

On relèvera notamment que, si l'agriculture a connu une évolution en dents de scie236, n'arrivant pas à se développer, à se moderniser d'une manière constante et durable, paradoxalement, les autres composantes du territoire rural de la vallée ont subi des modifications parfois impressionnantes, tant en ce qui concerne l’habitat que la structure foncière, mais aussi sous bien d’autres aspects. Il en est ainsi des différentes infrastructures qui ont été multipliées, modernisées: les routes goudronnées quadrillent la vallée, serpentent aux pieds des versants, enjambent les crêtes alors que les lignes transportant l'énergie électrique s'étirent et franchissent collines et montagnes. Toutes les statistiques l'indiquent. Il en est de même pour les équipements socioculturels qui n'ont pas été oubliés dans cet effort de développement puisque les écoles, les centres de santé et autres ont été construits un peu partout.

En réalité ce ne sont pas les bénéfices tirés de l'agriculture (vocation originelle de la vallée du Saf-Saf) qui sont à la base de ce développement de l'habitat mais des moyens financiers qui proviennent d'activités économiques localisées dans d'autres espaces et de la migration de néo-ruraux en quête d’une installation plus favorable, plus facile sur les terres de la vallée. Ainsi les facteurs à l'origine de ce processus d'urbanisation de la vallée sont nombreux, complexes et résultent de diverses circonstances.

Ce processus a revêtu un mode assez particulier: c'est un habitat, généralement individuel, qui se présente sous une forme groupée; et par conséquent on assiste à l'éclosion d'une multitude de petits centres. D’origine diverse, marqué par des configurations variables, ces centres greffés au tissu ancien ou de création récente quadrillent l'espace de la vallée et posent les jalons d'une armature rurale. Bien que ne disposant pas de la totalité des équipements, ils parviennent à rayonner sur leurs espaces immédiats et à se poser en relais entre la ville et la campagne. Point de fixation des populations rurales ou néo-rurales, ils se sont transformés en points d'ancrage qui attirent toujours plus de population.

En fait, le développement de l’habitat dans la vallée s'est fait à partir de deux configurations distinctes: la première en une greffe à un embryon initial, (ancienne ferme coloniale, ancien village colonial, village agricole socialiste) dont certains de ces centres sont même devenus des bourgs ou des centres ruraux voyant l’apparition, au terme de leur transformation, d’activités économiques autres qu’agricole ; et d’autres encore ont franchi une étape supplémentaire pour devenir de petites villes, bénéficiant par la même occasion 236 Cf. Chapitre 2 de la première partie.

d’une promotion administrative. La deuxième apparence plus récente depuis quelques années, à l’image des villes et suscitée par la crise du logement qui s’y est affirmée, se dévoile par les lotissements d’habitat individuel sortis ex nihilo, associant les initiatives publiques et privées ou encore l’implantation d’un habitat vertical (logement social en milieu rural). Nous verrons également comment ces territoires, plus ou moins structurés, ont en quelque sorte servi de protection face au déferlement d’insécurité qui a frappé l’Algérie dans les années 1990.

Il faut encore ajouter à ces mutations la création de toutes pièces de localités d’infortune, qui recomposent ainsi les contours du territoire de la vallée. En effet, les différentes formes de production d’habitat, décrites plus haut, ont déclenché, comme nous le montrerons, un processus de micro -urbanisation successif, et qui parsème progressivement le territoire de la vallée. Désormais, les séquences et les paysages à l’allure urbaine se multiplient le long de la vallée du Saf-Saf, modifiant le territoire rural et transfigurant le paysage. Ces nouvelles petites localités rurales forment toutefois des noyaux attractifs ; elles ont progressivement organisé leur propre territoire qui s’est intégré (parfois avec difficulté) dans le dispositif communal existant.

Ces centres sont progressivement pris en considération par les pouvoirs publics qui les intègrent dans les différents programmes de développement et schémas d'aménagement au fur et à mesure de leur croissance. Mais cette prise en compte, qui, d'ailleurs, équivaut à une reconnaissance de fait, ne se manifeste pas encore sous une forme explicite et adaptée étant donné que l'on ne retrouve nulle part, dans les documents et les projets de l’administration, un programme spécifique à cette armature rurale. Ces entités primaires s'établissent en fonction de données qui ne sont pas foncièrement agricoles puisque leur présence est plutôt liée à l'urbanisation du pays, à l'industrialisation, et à la vie "contemporaine". Pourtant, la nécessité de cette armature se pose avec insistance : est-elle en priorité au service des habitants de la vallée ou bien n’est-elle que le premier palier de l'urbanisation d’un territoire rural?

Ce chapitre, dans l’exposé de ses résultats, concernera d’abord l’ordinaire et le répétitif, construits dans des typologies de localisation d’habitat homogène, et s’ouvrira par la suite à la diversité de nombreuses installations singulières. Ces dernières ne seront pas à comprendre comme exceptionnelles, mais au contraire comme particulièrement fréquentes. En effet la singularité s’offre quasiment comme un type, elle résulte de la complexification accrue des éléments constitutifs du monde rural et des familles qui le composent, comme aspirées par

l’influence de l’urbain, et des combinaisons socio -spatiales multipliées qui inscrivent cette rencontre entre urbain et rural dans la morphologie de l’habitat.

Dans ce sens, les travaux d'Albert Demangeon en constituent une des clés de voûte. Les descriptions et autres typologies qu'il propose sont, fondamentalement, morphologiques. Elles font prioritairement appel aux formes et, singulièrement, aux formes visibles: forme des maisons, les habitations, forme des villages, quand il y en a, etc. s'ensuit alors l'immanquable récit détaillé des diversités. Son arrière-plan théorique est celui de l'étude des "milieux géographiques". Le choix de l'habitation des hommes ne se présente pas comme sujet d'une

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