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Deux cas de Macroglobulinémie essentielle chez le chien

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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Deux cas de Macroglobulinémie essentielle chez le chien

par P. GROULADE, J. GROULADE et C. LABIE

Nous avons observé deux cas de dysprotéinémies chez le chien (l'un chez un colley de 7 ans, l'autre chez une batarde de 14 ans) présentant des signes cliniques et biologiques sem- 1blables à ceux de la macroglobulinémie décrite chez l'homme

par w ALDENSTROM.

Dans les deux cas les signes cliniques, hématologiques et biologiques ont été les mêmes. Dans le deuxième cas nous avons pu pratiquer l'autopsie, ce qui a permis un examen his­

tologique du foie, de la rate, du rein et du pancréas.

Le signe clinique le plus important est la pâleur impres­

sionnante des muqueuses, avec une asthénie marquée, l'ani­

mal restant en bon état d'embonpoint. Il présente facilement une dyspnée d'effort. Il se produit fréquemment des hémorra­

gies sans cause apparente, c'est ainsi que nous avons vu un épistaxis se prolonger plus d'une heure dans un cas, en dépit des divers traitements hémostatiques. Dans les deux cas nous avons noté des zones d'opacification cornéennes, avec dans un cas un dépôt de pigment ocre sur les 2/3 du tapis clair, reste sans doute d'une hémorragie ancienne. A certaines· périodes·

nous avons relevé une legère hyperthermie (39°2 à 39°6) pas­

sagère. Les muqueuses oculaires et nasales présentent des suintements rnuco-purulents. La truffe est le siège de lésions d'hyperkératose. La rate hypertrophiée devient nettement palpable. La radiographie de la tête, de la colonne verté­

brale, du· bassin et du fémur, dans les deux cas a permis de constater l'absence de lésions ostéolytiques.

La maladie évolue très lentement (sur plusieurs années), la mort survenant au cours d'un accident hémorragique ou d'une paraplégie avec complications cardio-rénales.

Hui. Acad. Vét. - Juillet 1959. - Vigot Frères, Editewa.

(2)

428 BULLETIN DE L'ACADÉMIE

Les signes hématologiques se caractérisent par une réduc­

tion de

60 à 80

% des globules rouges et 40

à

70 % des glo­

bules blancs avec une granulocytose neutrophile

(80 à 95 %

)

et une vitesse de sédimentation très accélérée. Ces différents signes sont constants et s'aggravent avec les progrès de la maladie, ainsi qu'en témoigne les différents examens consi­

gnés dans le tableau ci-dessous.

L'image de la moelle osseuse indique une infiltration par les cellules lymphocytaires.

La biochimie apporte :

1° des signes caractéristiques à la fois de la macroglobu­

linémie et du myélome multiples. Bien que l'ultracentrifuga­

tion (1) n'ait pas été faite, le contexte clinique, hématologique et anatomopathologique permet d'éliminer la deuxième éven­

tualité. Ces signes sont constitués par l'élévation des protéines seriques surtout chez LAR ... , la présence d'un pic nettement anormal dans la zone gamma pour les deux cas, la présence d'une protéinurie de Bence-Jones chez LAR. .. Alors que chez l'homme la macroglobuline se montre très riche en glyco­

protéines (substances positives au réactif de Schiff après oxydation per-iodique), dans nos deux cas l'accident corres­

pondant au pic macroglobulinique est relativement peu marqué. Les diagrammes lipoprotéiques n'ont pas montré de variations typiques.

2° Des signes de néphrite : l'urée sanguine est augmentée une fois. Dans les deux cas la protéinurie est nette et l'albu­

mine en constitue la fraction la plus importante. GIF ... dont la vérification anatomique a montré en pa.rticulier des lésions rénales importantes, décrites par ailleurs, présente une glo­

buline alpha 2 très importante et les glycoprotéines de cette zone sont augmentées dans les deux cas.

Le diagnostic repose sur :

l.es signes cliniques, asthénie et pâleur des muqueuses con­

trastant avec le bon état du sujet.;

les signes hématologiques (anémie, leucopénie, vitesse de sédi­

mentation très accélérée, granulocytose neutrophile), moelle (infiltration de cellules lymphocytaires)�

les signes biologiques (macroglobuline, protéinurie de Bence-Jones).

(1) Que les services du C.N.R.S. n•ont pas été en mesure de réaliser en

raison du très grand nombre de demandes dont ils sont l'objet.

(3)

Hématies Leucocytes

Cas ll0 1

8/:� 1.710.000 3.000 13/3 3.040.000 2.100 15/3 1.940.000 2.200 25/3 2.380.000 1.800

Cas Il 2

i80.000 1.100

Formule leucocytaire Vitesse de sédimentatio11

'

Granu]oc�·tcs Fucnté - Hita

Neutro­

phile

87 92 92

�)5

89

Eosino­

phile

'.!

0 2 3

0

Lym­

phoc�·tcs

9 8 6

�lono­

cytcs

Crée

l11-1

h.

j

1 h. 3 h.

1

-

1 ---.-

1 : i

0 0

!

1 ï4 1

80 84 ' ll,84 : Thrombocyes

!

252.000

(j 1 ü5 80 u ' ü4 i i Urm. e :

ü5 75 80

!

Albumine : 3 g 20

; Glucose : 0

-- __

;1 _6 _ 6 j_ j_ (j 1 - 8 - 0

-·--!---

' 1

1

1

1

2 0

9 2

1

84 85

1

89 0,.11

!

Glycémie : 1 g 50 1 Cholestérol

1 g

64

Urine :

Albumine : 1 g 50 Glucose : 0

Ci 0

....

<:: z

>

...., ô z rJ)

.+:-.

l-,.:) Cl

(4)

430 BULLETIN DE L'ACADÉMIE

Les différents traitements que nous avons essayé dans un

·cas, n'ont modifié en rien l'évolution de la maladie et ont paru sans influence sur les signes hématologiques.

Le deuxième cas a fait l'ob

j

et d'un examen histopatho­

logique pour le foie, la rate, le rein et le pancréas. A l'autop­

sie nous avons observé une rate pesant 235 grammes au lieu de 50, la présence de 80 ml de liquide dans le périca r<lc et une extrême pâleur de tous les organes.

Le tissu hépatique présente des lésions de dégénéres­

cence graisseuse surtout importantes dans la région centro­

lohulaires où l'on peut trouver quelques cellules en voie de

LAR

...

2049 MACROGLOBULi NEMÎE

DO DO

0,5 0,5

PT : 81. g/l

A oc ()

J.AH ... 2.049.

Electrophorèse sur papier à pH = 8,6 en tampon Durrum .

CG = 1,22

Cl= 0,82

V.A.

cm

. 4 gauche, en haut valeurs relatives des protéines urinaires avec une fraction type Bence-Jones (B.J.), en bas valeurs absolues (V.A.) des protéines sériques (P.T. = Protéines totales).

A droite, glycoprotéines (C.G. = coefficient glycoprotéique) cl au-dessous lipoprotéines sériques (C.L. = coefficient lipoprotéique).

(5)

COMMUNICATIONS

GIF 2407 MACROGLO BU Li N EM i E

DO

V.A.

o__..._..._...__.. ______ __..._..._.,,_...c m�

0,5

« . -

.

l

. ;

'

"

* \: +

PT:6891l

DO

0,5

431

CG� 1,2

CL:0,52

V.A.

o�.-_��..._�---"'-...-��....-�cm_

GIF 2407

MACROGLO BU Li N ÉM i E

. Valeurs relatives 30,8 9,2 10,1 7,4 14,5 28

Mobilité (cm'/V/s•c/10·5J

t

3,3 4,8 7,3

Macroglobuline de mobilité 0,95 filF ... 2.407.

Mêmes légendes.

En bas, séparation obtenue en milieu liquide par le Professeur agrégé R. CREYSSEL sur le même sérum.

(6)

432 Bl.JLLETIN DE L'At..ADÉMIE

nécrose. Dans les espaces portes, la trame conjonctive appa­

raît densifiée, scléreuse et autour des \'aisseaux sanguins sont disposés d'importants amas de cellules de type plasmocytaire facilement identifiables avec leur noyau à chromatine gro�­

sièrement granuleuse, en position excentrique dans un cyto­

plasme intensément basophile.

Beaucoup de ces infiltrats sont semés de mottes murifor­

mes d'hémosidérine. Les cellules de Kupffer sont turges­

centes, à noyau arrondi, et souvent elles deviennent libres dans la lumière des capillaires radiés où leur activité phagocy­

taire se manifeste par l'accumulation de débris pigmen­

taires.

La rate a subi une véritahle môtaplasie plasmocytairc, aussi bien de la pulpe rouge que de la pulpe blanche, ce qui lui confère une apparence très uniforme. Dans les cordons de Billroth, entre les sinus veineux dilatés par la stase san­

guine, le réticulum splénique est infiltré par d'épaisses cou­

lées de cellules plasmocytaires entre lesquelles se détachent les gros noyaux clairs des éléments réticulaires. Les corpus­

cMles de Malpighi forment de volumineux amas qui peuvent confluer par endroits. Dans ces massifs on retrouve, ù côté de quelques éléments réticulaires et lymphoblastiques, un véritable tapis de cellules jointives, à cytoplasme intensément has�phile, abondant, et à noyau excentrique.

Les lésions rénales sont particulièrement importantes, notamment au niveau des structures conjonctivo-vasculaires.

Entre les divers segments du néphron, les membranes basales sont épaissies et il s'ensuit une réduction .de la lumière des capillaires intertuhulaires. Par place, les éléments du tube tlrinaire sont largement dissociés par une atmosphère con­

jonctive extrêmement lâche, finement réticulée, pauvre en fibrilles, semée de quelques cellules de type essentiellement plasmocytaire. Ce réticulum se densifie par endroits par tas­

sement des fibres et homogénéisation, notamment autour des rameaux artériolaires afférents et efférents des glomérules et autour des gros capillaires. Ainsi s'édifie une couche hya­

linisée périvasculaire, parfois épaisse de

10-15

microns.

Cette transformation est particulièrement nette autou1·

des corpuscules de Malpighi dont la basale est épaissie

(5-H

microns) hyalinisée ou à structure feuilletée. La densification et la hyalinisation de l'interstitium se poursuit dans le mésan­

gium du flocculus, qni quelquefois rcmpHt le corpuscule de

(7)

COMMUNICATIONS

sa masse densifiée, d'autres fois apparaît rétracté et

rejeté

par un exsudat accumulé dans la cavité corpusculaire. Des amas de plasmocytes particulièrement volumineux sont sou­

vent au contact du pôle vasculaire du corpuscule.

Les lésions épithéliales associées à ces modifications in­

terstitielles sont de type dégénérescence granuleuse ou vacuo­

laire, avec quelques images de dilatation kystique des tubes urinaires. Mais il n'est pas rare de trouver des néphrons encore indemnes, dont les néphrocytes ont conservé leur bor­

dure en hrosse.

Le pancréas est normal.

Le bilan de cette étude anatomo-pathologique montre une importante infiltration plasmocytaire des organes et une hyperplasie des structures collagènes, qui subissent en même temps une hyalinisation.

CONCLUSIONS

Les sjgnes cliniques, hématologiques, biologiques, et l'ab­

sence de lésions ostéolytiques, nous autorisent malgré l'absence de l'ultracentrifugation à affirmer que nous avons observé deux cas de macroglobulinémie essentielle chez le chien accompagné

de

lésions rénales particulièrement nettes dans un cas.

, DISCUSSION

M. VALADE. - La communication de M. GROULADE prend d'autant plus de relief que dans la « Presse Médicale » de la semaine dernière, il Y avait un article sur la Il).acroglobulinémie et les lésions histolo­

giques du rein se rapprochant assez de celles que vous venez de décrire. Cependant je crois, d'après l'observation du Docteur, on a

trouvé des cylindres hyalins, à la coloration de Mac Manus-Hotchkiss, à l'intérieur des tubes. Il est également curieux de constater que ces lésions rénales sont les mêmes que celles que l'on trouve dans le myélome chez l'homme.

(8)

434 BULLETIN DE L'ACADÉMIE

En tous cas je félicite M. GROULADE d'avoir été le premier, ù ma connaissance, à identifier cette maladie en médecine vétérinaire.

La publication à laquelle je fais allusion (Presse Médicale, 24 juin 1959) contient de très jolies microphotos .

.M. GROULADE. - La publication dont vous parlez a été faite par des auteurs de Nancy. Et je crois que dans leur étude ces auteurs ont cherché ù démontrer qu'il existait un rein macroglobulinémique comme il existe un rein myélomateux.

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