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2.7 Le cas de la dimension deux

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

Équations différentielles

Cours de L3 par Frédéric Hélein

1

, janvier–avril 2021

Mardi 16 février 2021

2.6 La solution des équations linéaires à coefficients constants non homogènes (suite et fin)

Nous pouvons reformuler les résultats vus à la séance précédente en écrivant que, pour toute matriceA∈M(n,R), il est possible de trouver une matrice de passageP ∈GL(n,C) et des matrices A1 ∈M(m1,C),· · · , Ar ∈M(mj,C) (où m1+· · ·+mr =n) telles que

A=P

A1 0 · · · 0 0 A2 · · · 0 ... ... ... ...

0 0 · · · Ar

 P−1

et donc

etA =P

etA1 0 · · · 0 0 etA2 · · · 0 ... ... ... ...

0 0 · · · etAr

 P−1

Les entiersmj sont les dimensions des sous-espaces caractéristiquesCjde l’endomorphisme dont la matrice dans la base canonique de Rn est A. L’observation importante est que chaque matrice Aj est la matrice d’un endomorphisme de Cj de la forme λj1Cjj, où (βj)mj = 0. Il s’ensuit que Aj = λj1mj +Nj, où Nj est une matrice nilpotente, avec (Nj)mj = 0 et donc

etAj =ejetNj =ej

mj

X

k=0

tk(Nj)k k!

2.7 Le cas de la dimension deux

Soit A ∈ M(2,R) une matrice réelle 2×2. Il lui correspond le système d’équations différentielles linéaires avec deux fonctions inconnues

d dt

x1 x2

=A x1

x2

Il est clair que l’application constante, égale à (0,0), est toujours solution de ce système (on dit que(0,0)est un point d’équilibre de ce système, nous reviendrons sur cette notion plus tard). Le polynôme caractérisque deA,PA(λ) = λ2−trA λ+detA, est scindable dans C. A partir de la connaissance des racines de PA, nous pouvons décrire le comportement qualitatif des solutions du système.

1. Université de Paris, Licence 3 de Mathématiques,helein@math.univ-paris-diderot.fr

(2)

(i) PA admet deux racines réelles, simples ou double.Ce cas admet deux sous- cas :

(a) PA admet deux racines réelles distinctes λ1, λ2. Alors A est diagonalisable sur R. Notant u1 et u2 des vecteurs propres de A pour, respectivement, λ1 et λ2, une matrice de passage est2 : P = (u1 u2)et on a alorsA=P

λ1 0 0 λ2

P−1 etetA =P

e1 0 0 e2

P−1.

Introduisons les fonctions (y1, y2) telles que x(t) = y1(t)u1 +y2(t)u2, les solu- tions sont de la forme (y1(t), y2(t)) = (y01e1, y20e2). Si λ1 6= 0, on en déduit la relation |y2(t)| = |y|y021|

0||y1(t)|

λ2

λ1. On en déduit que chaque trajectoire non tri- viale est une composante connexe dans R2 \ {(0,0)} de la courbe d’équation

|y2| =α|y1|

λ2

λ1 (pour α ∈ [0,+∞[). Le sens de parcours peut être déterminé en examinant si |y1| est une fonction croissante (λ1 >0) ou décroissante (λ1 <0) det. Voici l’allure des courbes intégrales :

siλ1 < λ2 <0 : x1

x2

1

2

E

E

; siλ1 <0< λ2 :

x2

x1 E1

E2

si0< λ1 < λ2 :

x2

E1

E2

x1

Siλ1 = 0, les solutions sont de la forme(y1(t), y2(t)) = (y01, y20e2). L’allure des

courbes intégrales si λ1 = 0 < λ2 est :

= ker A x2

x1 E2

E1

(b) PA admet une racine réelle double λ. Alors, soit A =λ12, soit A−λ12 6= 0 et alors (A−λ12)2 = 0.

Dans le premier cas, etA = e12 et donc les solutions sont de la forme x(t) = ex0. L’allure des courbes intégrales si λ <0est :

Dans le deuxième cas,An’est pas diagonalisable mais il existe un vecteur propre

2. chaque vecteur étant identifié avec un vecteur colonne

(3)

u pour λ. On choisit un vecteur v ∈ R2 \ Ru (de sorte que (u, v) est une base de R2). Alors Av−λv est un vecteur propre et est donc colinéaire à u. Quitte à multiplier v par un réel, on peut supposer que Av−λv = u. Alors en prenant la matrice de passage P = (u v), on a A = P

λ 1 0 λ

P−1 et etA =eP

1 t 0 1

P−1. Les solutions sont de la forme

x(t) =y10eu+y02e(v+tu) = (y10+ty02)eu+y20etλ2v En éliminantt, on obtient la relationy1(t) = y1

0

y02 +λ1lny2y(t)2 0

y2(t). L’allure des

courbes intégrales si λ <0 est :

(ii) PA admet une racine complexe non réelle λ. En ce cas, comme PA est un polynôme à coefficients réels, λ¯ est aussi une racine de PA et, comme Imλ6= 0, les deux racinesλetλ¯sont distinctes, doncAest diagonalisable surC:∃P ∈GL(2,C), A =P

λ 0 0 ¯λ

P−1. Décomposonsλ=a+ib. On a alors3 λ 0

0 ¯λ

=

a+ib 0 0 a−ib

=C

a −b b a

C−1 (2)

3. On peut retrouver ce résultat par les considérations suivantes. On remarque que,∀x, y R, λ 0

0 ¯λ

x+iy xiy

=

a+ib 0 0 aib

x+iy xiy

=

X+iY XiY

(1)

avec

X Y

=

a −b b a

x y

et comme

x+iy xiy

=

1 i 1 −i

x y

et

X+iY XiY

=

1 i 1 −i

X Y

on peut traduire la relation (1) sous la forme a+ib 0

0 aib

1 i 1 i

x y

=

1 i 1 i

a −b b a

x y

Et donc

a+ib 0 0 aib

1 i 1 −i

=

1 i 1 −i

a −b b a

(4)

avec C :=

1 i 1 −i

et C−1 = 12

1 1

−i i

. On en déduit que

A=Q

a −b b a

Q−1 =

a 0 0 a

+Q

0 −b b 0

Q−1

où Q=P C =P

1 i 1 −i

. Donc

etA =etaQ

cosbt −sinbt sinbt costb

Q−1

Dans le cas où a = 0, les trajectoires sont des ellipses centrées en l’origine :

x2

x1 y1 y2

Dans le cas oùa 6= 0, les trajectoires sont des spirales :

x2

x1 y1 y2

2.8 La formule de Dyson

Il est possible d’étendre les résultats obtenus pour l’équation dxdt(t) =Ax(t)dans le cas où on remplace la matriceApar une applicationA∈C0(I, M(n,R)). Nous verrons un peu plus loin une approche générale permettant d’établir que l’ensemble des solutions est non vide et qu’il a une structure d’espace vectoriel réel de dimension n. Mais il est également possible d’obtenir ce résultat à l’aide d’une formule, qui repose sur une généralisation de l’exponentielleetA. Cette formule est due au mathématicien et physicien Freeman Dyson, né en 1923 et décédé en 2020. Nous considérons donc, sur un intervalle I ⊂R, l’équation

dx

dt(t) = A(t)x(t) (3)

avec A ∈ C0(I, M(n,R)). Il s’agit, pour tout t0 ∈ I, de construire une application t 7−→

U(t, t0)∈GL(n,R) qui est solution de : dU(t, t0)

dt =A(t)U(t, t0) avec U(t0, t0) = 1n (4) L’idée est de construire U(t, t0) à l’aide d’une série entière :

U(t, t0) =

+∞

X

k=0

uk(t, t0)

Pour cela, nous posons u0(t, t0) = 1n, ∀t ∈ I et nous définissons les applications uk ∈ C0(I, M(n,R))par récurrence en posant :

∀k∈N, uk+1(t0, t0) = 0 et ∀t∈I, duk+1

dt (t, t0) =A(t)uk+1(t, t0)

(5)

Il est alors simple de vérifier que la série P+∞

k=0uk(t, t0)est formellement une solution de (4).

Lemme 2.1 Supposons que A∈C0(I, M(n,R)). Alors la série P+∞

k=0uk(t, t0) est norma- lement convergente sur tout compact de I.

Démonstration— Considérons un intervalle compactK ⊂I. Alors, commeAest continue, A est borné sur K : ∃C > 0, kA(t)k ≤ C, ∀t ∈ K. Nous allons montrer par récurrence surk que, si R := sup{|t−t0| ; t∈K}, alors, ∀k ∈N,

∀t∈K, kuk(t, t0)k ≤ |t−t0|kCk

k! (5)

Comme u0(t, t0) = 1n, la propriété (5) est immédiate pour k = 0. Supposons que (5) est vrai pour k∈N et montrons que cela entraîne qu’elle est vraie pour k+ 1. A partir de la définition deuk+1(·, t0), nous avons uk+1(t, t0) =Rt

t0A(s)uk(s, t0)ds et donc kuk+1(t, t0)k ≤

Z t t0

kA(s)kkuk(s, t0)kds ≤

Z t t0

C|s−t0|kCk k! ds

= |t−t0|k+1Ck+1 (k+ 1)!

On en déduit que U(t, t0) existe et est une fonction continue de t. En utilisant le fait que uk+1dt (t, t0) = A(t)uk+1(t, t0), on en déduit que la série dérivée est aussi normalement convergente et donc que U(·, t0)est C1 et satisfait (4).

Ainsi la solution x de (3) telle que x(t0) =x0 est x(t) =U(t, t0)x0.

Remarque —On peut expliciter chaque terme uk(t, t0), pour k ∈N, sous la forme uk(t, t0) =

Z

t0<s1<···<sk<t

A(sk)· · ·A(s1) ds1· · ·dsk sit0 < t et

uk(t, t0) = (−1)k Z

t0>s1>···>sk>t

A(sk)· · ·A(s1) ds1· · ·dsk si t < t0 Cette quantité est notée dans les deux cas

uk(t, t0) = 1 k!

Z t t0

k

T(A(s1)· · ·A(sk))ds1· · ·dsk

dans laquelle le symbole Tsignifie que les facteurs dans le produit A(s1)· · ·A(sk) doivent être systématiquement réordonnés dans un ordre chronologique, du passé vers le futur de droite à gauche si t0 < t et du passé vers le futur de gauche à droite si t < t0 (en prenant garde qu’alors

Rt t0

k

= (−1)k Rt0

t

k

). La notation utilisée par les physisicens pour U(t, t0) est

U(t, t0) =Texp Z t

t0

A(s)ds

(6)

et est appelée exponentielle chronologique. Attention ! ce n’est pas une exponentielle au sens ordinaire, sauf si A est constant.

Exercice

(i) On pose v0(t0, t) = 1n et on définit, pour tout k ∈ N, vk+1 ∈ C0(I, M(n,R)) par vk+1(t0, t0) = 0 et dvdtk+1(t0, t) = −vk+1(t0, t)A(t). On poseV(t0, t) :=P+∞

k=0vk(t0, t).

Démontrer que V(t0, t) est une application C1 de t et que, ∀t ∈ I, V(t0, t) = U(t, t0)−1. (Indication : considérer l’application t7−→V(t0, t)U(t, t0)).

(ii) Montrer que la solution de l’équation dxdt(t) =A(t)x(t) +B(t) avecx(t0) =x0 est x(t) = U(t, t0)x0+

Z t t0

U(t, s)B(s)ds

(iii) En déduire que l’ensemble des solutions de l’équation dxdt(t) = A(t)x(t) +B(t)a une structure d’espace affine de dimension n.

3 Théorie locale des équations différentielles non linéaires

Nous revenons maintenant à une situation beaucoup plus générale, à savoir l’étude du problème de Cauchy pour une équation différentielle

[ y(t0) = y0 ] et

∀t∈I, dy

dt(t) =X(t, y(t))

(6) où lechamp de vecteur Xest un élément deC0(U,Rn),Uest un ouvert deR×Rncontenant (t0, y0)et l’inconnue est un couple(I, y), oùI est un intervalle deRety ∈C1(I,Rn), tels que ∀t∈I, (t, y(t))∈U.

Nous ne pourrons ni expliciter la solution d’une telle équation, ni même décrire son comportement pour tout temps en toute généralité. En revanche il sera possible de prou- ver l’existence d’une solutionlocale au problème (6) et, sous certaines hypothèses supplé- mentaires, l’unicité de cette solution. Ces hypothèses reposent sur la notion de fonction lipschitzienne.

3.1 Le théorème de Cauchy–Lipschitz

Définition 3.1 Soit Ω ⊂Rn, un ouvert convexe, (Y,k · k) un espace vectoriel normé et F : Ω −→ Y une application. On dit que F est lipschitzienne s’il existe une contante C >0 telle que

∀(x1, x2)∈Ω2, kF(x2)−F(x1)k ≤Ckx2−x1k (7) Remarques (a) Cette notion peut se définir dans le cadre, plus large, des espaces mé- triques : une application F : X −→ Y entre deux espaces métriques (X,dX) et (Y,dY) est lipschitzienne si elle satisfait dY(F(x1), F(x2)≤C dX(x1, x2), ∀(x1, x2)∈X2.

(7)

(b) Dans la définition précédente, on a supposé que Ω est convexe, car ainsi la quantité kx2−x1k mesure bien la distance entre x1 etx2 dans Ω. Des exemples de convexes sont les boules d’un espace vectoriel (pour n’importe quelle norme) et les produits cartésiens de convexes.

(c)Toute application lipschitzienne est continue, mais la réciproque n’est pas vraie.

Par exemple la fonction f :R−→R définie parf(x) = p

|x|est continue, mais n’est pas lipschitzienne (notamment l’inégalité (7) ne marche pas pour x1 = 0).

Définition 3.2 SoitU un ouvert deR×Rn etX ∈C0(R×Rn)un champ de vecteur. On dit que X est localement lipschitzienne en espace ou localement lipschitzienne par rappport à x si, ∀(t0, x0)∈U, ∃ε >0, ∃r >0, ∃C(t0, x0)>0 tels que

(i) ]t0−ε, t0+ε[×B(x0, r)⊂U

(ii) ∀t ∈]t0−ε, t0+ε[, ∀x1, x2 ∈B(x0, r)

kX(t, x2)−X(t, x1)k ≤C(t0, x0)kx2−x1k (8) Théorème 3.1 (Cauchy–Lipschitz) Soit U un ouvert de R×Rn et X ∈ C0(R×Rn) un champ de vecteur localement lipschitzienne en espace. Alors

(i) (existence locale) ∀(t0, x0) ∈ U, ∃I ⊂ R, intervalle ouvert contenant t0, ∃y ∈ C1(I,Rn) tels que

(a) ∀t∈I, (t, y(t))∈U; (b)

∀t ∈I, dy

dt(t) = X(t, y(t)) y(t0) = x0

(9) (ii) (unicité) Si y1, y2 ∈C1(I,Rn) sont deux solutions de (9), alors y1 =y2.

Nous verrons la preuve de ce résultat à la prochaine séance.

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