A RGAND
Philosophie mathématique. Essai sur une manière de représenter les quantités imaginaires, dans les constructions géométriques
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 4 (1813-1814), p. 133-147
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I33
PHILOSOPHIE MATHÉMATIQUE.
Essai
sur unemanière de représenter les quantités imaginaires , dans les constructions géométriques;
AR
GAND.CONSTRUCTION GEOMETRIQUE, etc.
AU RÉDACTEUR DES
ANNALES, MONSIEUR ,
LE
mémoire de M. J. F.Français qui
a paru à la page 61dû 4’e
volume des
Annales ,
a pourobjet d’exposer quelques
nouveauxprincipes
degéométrie
deposition ,
dont lesconséquences
tendentparticulièrement
à modifier les notions admisesjusqu’ici
sur la naturedes
quantités imaginaires.
En terminant son
mémoire,
M.Français
annoncequ’il
a trouvéle fond de ces nouvelles idées dans une lettre de M.
Legendre qui
en
parlait
comme d’une chosequi
lui avait étécommuniquée,
etil
témoigne
le désir que lepremier
auteur de ces idées mette aujour
son travail sur cesujet.
Il y a tout lieu de croire que lev0153u de M.
Français
estdepuis long-temps rempli.
J’aipublié
en1806,
un
opuscule
sous le titre d’Essai sur une rnaniére dereprésenter
lesquantités imaginaires,
dans les consiructionsgéométriques,
dont les
principes
sont entièrementanalogues
à ceux de IVI.Français
ainsi que vous pourrez en
juger
parl’exemplaire
quej’ai
l’honneurde vous adresser
(*).
M.Legendre
a eu, dans letemps ,
la bontéd’examiner mon manuscrit et de me donner ses
avis,
et ce doitêtre
là,
sije
nem’abuse,
la source de la communication dontparle
M.Français.
(*)
L’ouvrage
se trouve à Paris, chez l’ailletir,faubourg
St-Marccau, rue du chemin deGentilly,
n.o 12.J. D. G.
Tom.
IV, N.° V,
I,er novembre I8I3, I8I34
CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
L’écrit dont il
s’agit n’ayant
étérépandu qu’à très-petit nombre,
il est extrêmement
probable qu’aucun
de vos lecteurs n’en a con-naissance ;
etje
croispouvoir prendre
cetteoccasion
de leur enpré-
senter un
extrait, présumant
que cette matière pourra lesintéresser ,
aumoins par sa nouveauté ; et faire naître chez
quelques-uns
d’entreeux des réllexions propres à
perfectionner
et à étendre une théoriedont mon ouvrage ne
présente
encore que lespremières
bases.i. Si nous considérons la suite des
grandeurs
a, 2a ,
3a, 4a ,... ;
nous pouvons concevoir chacun de ses termes comme naissant de.
celui
qui
leprécède ,
en vertu d’uneopération
la même pour tous,et
qui
peut êtrerépétée indéfiniment.
Dans la suite inverse
on
peut également
concevoirchaque
terme commeprovenant
duprécédent ;
mais la suite nepeut
êtreprolongée
au-delà dezéro , qu’autant qu’il
serapossible d’opérer
sur ce dernier terme commesur les
précédens.
Or,
si adésigne,
parexemple,
unobjet matériel,
comme unfranc,
un gramme, les termesqui,
dans la secondesuite ,
devraientsuivre
zéro ,
nepeuvent
rienreprésenter
de réel. On doit donc lesqualifier d’imaginaires.
Si a,
aucontraire, désigne
uri certaindegré
depesanteur ,
agissant
sur le bassin A d’une balance contenant despoids
dans sesdeux
bassins ;
comme il estpossible
de diminuer a , soit en enlevant despoids
au bassinA ,
soit en enajoutant
au bassinB,
la suiteen
question
pourra êtreprolongée
au-delà dezéro ;
et -a, 20132a,20133a,
.... seront desquantités
aussi réelles que+a, +2a, +31,....
Cette distinction des
grandeurs
en réelles etimaginaires
estplutôt physique qu’analltique ;
elle n’est pas d’ailleurs tout à fait insolite dans lelangage
de la science. Le nom defoyer imaginaire
estusité en
optique ,
pourdésigner
lepoint
de concours desrayons qui,
analitiquement parlant,
sontnégatifs.
DES GRANDEURS IMAGINAIRES.
I352.
Lorsque
nous comparons entreelles,
sous lepoint
de vueappelé rapport géométrique,
deuxquantités
d’un genresusceptible
de four-nir des valeurs
négatives,
l’idée de cerapport
est évidemment com-plexe.
Elle se compose I.° de l’idée durapport numérique , dépendant
de leurs
grandeurs respectives ,
considéréesabsolument;
2.° de l’idéedu
rapport
des directions ou sensauxquels
ellesappartiennent : rapport qui ,
dans cecas-ci ,
nepeut
être que l’identité oul’oppo-
sition.
Ainsi , quand
nous disons que +a: -b -nza :+mb,
nous
énonçons,
non seulementque a : b : :
ma :mb,
mais nous affir-mons de
plus
que la direction de laquantité +a
est , relativement à la direction de laquantité -b,
ce que la direction de -ma est relativement à la direction de+mb;
et nous pouvons même ex-primer
cette dernièreconception
d’une manièreabsolue ,
en éerivant3. Soit
proposé
maintenant de déterminer la moyenneproportionnelle
entre +1 et 2013I,
c’est-à-dire, d’assigner
laquantité
xqui
satisfaita la
proportion
+I: x::x:2013I.
On ne pourra
égaler x
à aucun nombrepositif
ounégatif,
d’oàil semble
qu’on
doit conclure que laquantité
cherchée estimaginaire.
Mais , puisque
nous avons trouvéplus
haut que lesquantités néga- tives, qui paraissaient
d’abord nepouvoir
exister que dansl’inlagination, acquièrent
une existenceréelle , lorsque
nous combinons l’Idée de lagrandeur
absolue avec celle de ladirection ; l’analogie
doit nousporter
à chercher si l’on nepourrait
pas obtenir un résultat ana-logue,
relativement à laquantité proposée.
Or,
s’il existe une directiond,
telle que la directionpositive
soit à d ce que celle-ci est à la direction
négative,
endésignan
par Id l’unité
prise
dans la directiond,
laproportion
(B) +I:Id::Id:2013I,
présentera
I.° uneproportion purement numérique
i : I::I: r , 2.eune
proportion
ou similitude derapports
dedirection, analogue à
eelle de la
proportion (A) ;
et,puisqu’on
admet la vérité de cetteI36 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
dernière ,
on ne saurait se refuser à reconnaîtreégalement
lalégi-
timité de la
proportion (BB
4.
Nous allons encore établir ici une distinctionphysique
entreles
quantités
réelles etimaginaires, Que
l’unité dont ils’agit soit,
comme
plus haut ,
un certaindegré
depesanteur , agissant
sur undes bras d’une balance. Nous avons trouvé que ce genre de gran- deur
peut
réellement êtrepositif
ounégatif ;
mais on ne saurait allerplus loin;
et on nepeut ,
en aucunemanière,
concevoir un genrede
poids
tel que ldreprésente quelque
chose de réel.Donc,
dansce cas, id est une
quantité imaginaire.
Prenons maintenant pour unité
positive
uneligne KA ( fig.
i),
considérée comme
ayant
sa direction de K à A. Suivant les notions universellement reçues, l’uniténégative
seraKI , égale
àKA,
maisprise
dans un sensopposé.
Tirons
KE, perpendiculaire
àIKA ;
nous aurons la relation suivante : La direction de KA est,à
la directionde KE ,
comme celle-ci est àla direction de KI.
La condition nécessaire pour réaliser la
proportion (B)
se trouveradonc
complètement satisfaite,
enprenant pour
d ladirection
deKE ;
et on aura
Id=KE : quantité
tout aussi réelle que KA et Kl. On voit aussi que la même condition estégalement remplie
parKN,
opposée
à KE : ces deux dernièresquantités
étant entreelles::+I :
2013I, ainsi que cela doit être.De même
qu’on
aassigné
une moyenneproportionnelle
réelleKE entre
+i
et 2013I, ou entre KA etKI,
on pourra construire les moyennesKC , KG,...
entre KA etKE ,
KE etKI,...
De
là ,
et par une suite de raisonnemens que noussupprimons,
on arrivera à cette
conséquence générale
que, si(fig. 2) Ang.AKB=Ang.A/K/B,
on a,
abstraction
faite desgrandeurs absolues,
KA:KB:: K/A/: K/B/.
DES GRANDEURS IMAGINAIRES. I37
C’est là le
principe
fondamental de la théorie dont nous avonsessayé
de poser lespremières bases,
dans l’écrit dont nous donnons ici un extrait.Ce principe
n’a rien au fond deplus étrange
que celui surlequel
est fondée laconception
durapport géométrique
entre deux
lignes
designes différens ,
et il n’en estproprement’
qu’une généralisation.
5.
Comme ,
dans cequi suivra,
nous aurions àrépéter fréquem-
ment la
phrase : lignes
considérées comme tirées dans une certainedirection,
nousemploirons l’expression abrégée : lignes
en directionou
lignes dirigées ;
et nous dénoterons parAB
laligne AB, dirigée
de A
en B,
et parAB, simplement,
cette mêmeligne,
considéréedans sa
grandeur
absolue. Nouspréférons
le mot de direction à celui deposition,
parce que lepremier indique,
entre les deuxextrémités de la
ligne ,
unedifférence ,
essentielle dans notrethéorie ,
que ne marque pas le dernier. Nous pourrons réserver celui-ci pour
désigner
collectivement deux directionsopposées ,
et nous dironsque AB
etBA
ont la mêmeposition.
6. Nous allons maintenant examiner comment les
lignes dirigées
se
combinent .entre elles par addition etmultiplication ,
et en cons-truire les sommes et les
produits.
La
multiplication
neprésente
aucune difficulté. Unproduit A B
n’étant autre chose que le
quatrième
terme de laproportion 1
:-4::B : x,
il ne
s’agit
qued’appliquer
auxlignes
données leprincipe
du n.°4.
Quant
àl’addition ,
larègle
que nous allons donnerpeut
se dé-montrer facilement par les théorèmes
qui
donnent les sinus et cosinus de la somme de deux arcs ; mais il semblequ’il
seraitplus élégant
de la
tirer, a priori,
desprincipes
de la chose. En raisonnant paranalogie,
onpeut
remarquer que,lorsqu’il s’agit d’ajouter
deuxlignes, positives
ounégatives a , b ,
_on a pourrègle générale quels
que soient les
signes ,
de tirer d’abord AB= l’une deslignes , a
par
exemple ;
deprendre
lepoint
d’arrivée B de cetteligne
pourpoint
dedépart
de laligne b,
de tirer ensuiteBC=b,
et laligne
AC,
dont lespoints
dedépart
et d’arrivéeA,
C sontrespective-
I38
CONSTRUCTION GÉOMETRIQUE
ment le
point
dedépart
de lapremière ligne a
et lepoint
d’arrivéede la seconde
ligne b,
sera=a+b.
Généralisons ce
principe
et nous conclurons queA, B,
C,....F, G, H,
étant despoints quelconques,
on a7.
On peut décomposer
uneligne
en direction donnéeKP (fig. 3)
en deux
parties appartenant
à despositions
données KA et KB.Il
suffit,
pourcela ,
detirer ,
surKB, KA ,
leslignes PM , PN , parallèles
àKA, KB ;
et on auramais ,
comme on aet
commie
d’ailleurs iln’y
a que ces deux manièresd’opérer
la décom-portion proposée,
il faut enconclure ,
engénéral,
quesi, ayant
A, AI
ont la mêmedirection a,
etB ,
BI la mêmedirection b ;
a
et b, n’appartenant
pas à la mêmeposition ,
on doitavoir
aussiCette partition
afréquemment lieu , lorsque
l’une despositions
est celle de
±I
et l’autre laposition perpendiculaire ;
cequi
revientà la
séparation
du réel et del’imaginaire.
8. Passons aux
applications ,
et établissons d’abordquelques
con-séquences
dontl’emploi
est leplus fréquent.
Soient
( fig. 4) AB, BC,.... EN , AB/ , B/C/,
....E/N/,
desarcs
égaux,
au nomhrede n ,
dechaque
côté dupoint A ; KA
étantprise
pourunité ;
et soitKB = u ;
on auraDES GRANDEURS IMAGINAIRES, I39
Et,
si l’onprend,
sur les rayonscorrespondant , K03B2/=K03B2, K03B3/=K03B3,
K03B4/K03B4,...
leslongueurs K03B2, K03B3, K03B4,....
étant àvolonté,
onaura encore
Si sur des rayons
KA, KM
KN ,...pris
pourbases,
onconstruit des
Bgures semblables
et que a, m, n,... soient deslignes homologues
de cesfleures,
on aura9. Soient
( fige. 5 ) Arc.AB=CD=a, Arc.AC=b;
on aura(5,6,7)
donc,
enséparant,
Cos.(a+b)=Cos.aCos.b-Sin.aSin.b , Sin.(a+b)
=SinaCos.b+Cos.aSin.b .
Soient ( fig. 6) AC=a , AB = b , BD-I 2BC= - ;
prenonsAE=BD
et tirons KD et BC secoupant
end ;
nous auronsI40 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
Donc,
enséparant p
Soient
fig. 7) AB, BC,...EN,
des arcségaux,
au nombrede n ;
et faisons AB=a. Nous auronsOn aura encore
Faisant na=x et ensuite n= oo ? on
obtient,
par lestermes affectés
de
-I,
x=Tang x2013I 3 Tang.3x+I 5 Tang.5x2013...
Soit l’arc AN
( fig. 7)
divisé en nparties égales.
Lesrayons KA
KB ,
KC,....
forment uneprogression géorriétrique,
et les arcs cor-yespondans y
ou certainsmultiples
de ces arcs , peuvent êtrepris
pour les
logarithmes
de ces rayons.Posons
Log.KN= mAN=mnAB ,
m étant le module indéterminé.Si l’on
fait n=~, ,l’arc
AB pourra être considéré comme unedroite
perpendiculaire
surKA ;
on aura doncAB= -I AB ;
ouAB=-2013I AB
ainsiFaisant Faisant KN=19x, il KN=1+x,
ilyient vien
Log.
DES GRANDEURS IMAGINAIRES. I4I
ou encore , parce que m est indéterminé
Divisons
les deux arcségaux AN ,
ANI( fig. 8 )
en nparties égales ;
tirons la doubletangente
nnl et les sécantesKb, Kc,... ;
nous aurons
(8)
donc les arcs
correspondans ,
ou certainsmultiples de
ces arcs peuremencore être
pris
pour leslogarithmes
de ces mêmesquantités ,
savoir :Soit
AN=x;on
aSoit encore
( 6g. 9)
l’arc AN=2a divise en un nombre infini departies égales,
dont AB soit lapremière
prenonsAP=AN 2=a,
ettirons
AN ,
KP etP~;
nous auronsTom. IV. 19
I42 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
d’où
En substituant ces valeurs dans la série
(D)
etséparant,
ilvient
Q. Nous bornerons ici ces
applications.
Onpeut,
ainsi que nous Favons fait dans notreEssai , obtenir,
d’une manièreanalogue,
lesprincipaux
théorèrnes de latrigonométrie ,
comme lesdéveloppemens
de
Sin.na, Cos.na, (Sin.a)n, (Cos.a)n,
les sommes de séries Sin.a+Sin.(a+b)+Sin.(a+2b)+//.Cos.a+Cos.(a+b)+Cos.(a+2b)+..,
et la
décomposition
dex2n20132xCos.na+I
en facteurs du seconddegré.
Comme
application
àl’algèbre,
nous démontrerons que toutpolynôme
est
décpmposable
en facteurs dupremier degré
ou , cequi
revientau
rnênle, qu’on peut toujours
trouver unequantité qui prise
, pour x , rende
égal
à zéro lepolynôme proposé
que nous dési-gneront
par y. Leslettres a, b,....f,
g n’étantpoint
d’ailleursrestreintes ici à
n’exprimer
que des nombres réels.Soient
yp, YP+Pi les valeurs de y résultant dessuppositions
x=p,x=pi;
p et i étant des nombres-pris
à volonté et pdésignant
un rayon en
direction ;
on auraQ, R, S,...,
étant desquantités
connues ,dépendantes de p,
n ,DES
GRANDEURS IMAGINAIRES. I43
a, b, c;;.... f, g, qui
s’obtiennent endéveloppant
lespuissances
de
p+pi.
Si l’on suppose i infinimentpetit ,
les termes affectés dei2, i3,...in disparaissent ,
et l’on asimplement
Construisons le second membre de cette
équation ,
suivant lesrègles précédentes.
Soit «l’angle
que font 03B3P avec laligne prise
pour
origine
desangles ;
onpeut prendre p
de manière quei03C1Q
fasseavec cette même
ligne
unangle
-z ,c’est-à-dire,
que la direction deipQ
soitopposée
à celle deYp.
Lagrandeur
de03B3p+03C1i
sera ainsiplus petite
que celle de yp. Onobtiendra ,
de la mêmemanière,
une nouvelle valeur de y,
plus petite que
et ainsi desuite, jusque
ce que y soitnul ; donc ,
etc.Cette démonstration est
cependant sujette
à une difficulté dontnous devons la remarque à M.
Legendrc.
Laquantité Q peut
êtrenulle,
et alors la constructionprescrite
n’estplus praticable ;
maisnous observerons que cette
objection
n’anéantit pas notre démons-tration ;
.car le termei203C12R,
ou le termei303C13S
si R estnulle ,
etainsi de
suite, peut remplacer
le termeipQ , puisque 03C12, 03C13,....
sont
desquantités
de la même nature que p ; or ,quand
même onvoudrait supposer tous ces termes
nuls ,
le dernier au moinsi"p"
nele serait pas.
10. La théorie dont nous venons de donner un aperçu ,
peut
être considcrée sous unpoint
de vue propre à écarter cequ’elle peut présenter d’obscur ,
etqui
semble en être le butprincipal ,
savoir :d’établir des notions nouvelles sur les
quantités imaginaires.
Eneffet,
mettant de côté la
question
si ces notions sont vraies oufausses ,
on
peut
se borner àregarder
cette théorie comme un moyen derecherches , n’adopter
leslignes
en direction que commesignes
des.quantités
réelles ouimaginaires,
et nevoir,
dansl’usage
que nousen avons
fait ,
que lesimple emploi
d’une notationparticulière.
Ilsuffit ,
pourcela,
de commencer pardémontrer ,
au moyen despremiers
théorèmes de latrigonométrie,
lesrègles
demultiplication
I44 CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
et d’addition données
plus haut ;
lesapplications
iront desuite ,
et il ne restera
plus
à examiner que laquestion
dedidactique
» si
l’emploi
de cette notationpeut
êtreavantageux ?
s’ilpeut ouvrir
» des chemins
plus
courts etplus faciles ,
pour démontrer certaines» vérités ? » c’est ce que le fait seul
peut
décider.11. Nous ne croyons pas devoir omettre
quelques
aperçus surune extension dont nos
principes paraissent susceptibles. Soient
comme
plus haut (fig. 10) , KA==+I , KC=2013I, KB=+-I, KD=2013I;
tout autre rayonKN,
mené dans leplan
de ceux-là,,
sera de la formep+q-I;
etréciproquement ,
toute expres-sion de cette forme sera celle d’une
ligne dirigée
dans ceplan.
Tirons
maintenant ,
du centreK ,
uneperpendiculaire
KP=KA àce
plan. Que
sera laligne dirigée KP
relativement auxprécédentes?
Leur est-elle tout à fait
hétérogène,
ou bienpeut-on
larapporter
analltiquement
à l’unitéprimitive KA ,
etassigner
sonexpression algébrique ,
comme celle deKB, KC,...?
Si nous nous laissons
guider
parl’analogie ,
voici cequelle
noussuggère
sur cesquestions.
En
prenant
pour unité desangles
la circonférenceentière ,
il suitdes
principes
ci-dessusqu’un
rayon endirection ,
faisant unangle
03B1 avec KA
peut
êtreexprimé
par n.Mais, d’après
la nature desexposans, cette
expression
a des valeursmultiples , lorsque a
estfractionnaire ,
cequi peut
amenerquelques
difficultés. On éviteracet
inconvénient ,
enemployant
la notation de M.Français (
mémoirecité
et enécriivant I03B1;
on aura ainsiKA=Io,
KB=i.KC=I, KD=I;.
Nous avons
pris ,
depart
et d’autre dupoint A ,
sur la circon- férenceABCD,
deux directionsopposées,
affectées l’une auxangles positifs,
l’autre auxangles négatifs ;
or , si nousappliquons
auxangles
les mêmes considérationsqu’aux lignes ,
nous serons conduitsà
prendre
lesangles imaginaires
dans une directionperpendiculaire
à celle
qui appartient
auxangles
réels.I45
DES
GRANDEURS IMAGINAIRES.
Supposons
que le demi-cercle ABC tourne autour deAC,
lepoint
B décrivant le cercleBPDQ ; puisqu’on
adéjà
on pourra dire que
d’où on conclura
Telle
paraît
devoir êtrel’expression analitique
demandée.Si l’on
prend
unpoint
M sur le cercle BPD telqu’on
aitAng.BKM=03BC,
on aurapareillement
et,
en
faisant pourabréger Cos.03BC+-1Sin.03BC=03B2,
tiest
l’expression générale
de tous les rayonsperpendiculaires a.
rayon
primitif
deKA.
Cherchons
maintenantl’expression
del’angle BKP.
De
part
et d’autre dupoint B ,
sur la circonférenceABC,
lesangles
sontpositifs
etnégatifs réels,
et leplan
BKP est perpen-diculaire à leur
direction ;
il semblerait donc quel’angle BKP est
ainsi que
l’angle AKP=1 4 2013I,
etqu’il
en doit être de même detout
angle
NKP , N étantpris
sur la circonférenceABCD ;
maison
s’aperçoit
bientôt de la fausseté decette.conclusion ,
en faisantcoïncider
N avec lepoint C ,
cequi
donneraitCKP=I 4 2013I,
tandisque cet
angle
est évidemment2013AKP=20131 42013I.
I46
s
CONSTRUCTION GÉOMÉTRIQUE
Pour éclaircir cette
difficulté ,
observonsqu’une
direction étantadoptée
pour celle de+I,
il y a une infinité de directionsqui
luisont
perpendiculaires , parmi lesquelles
on enprend
arbitrairementune, pour l’affecter à l’unité
imaginaire 2013I. L’expression générale
de toute unité
prise
dans l’une de ces directions est, comme nousvenons de le
voir,
Imaginons
aupoint
A une infinité de directionperpendiculaires
à la circonférence en ce
point ;
une de ces directions seraparallèle
à
KP.
C’est celle que nous avonsprise
pour construire lesangles imaginaires positifs +03B12013I; c’est-à-dire ,
que nous avonschoisi,
pour ce cas ,
03C1=1 =KA. Pareillement ,
aupoint C ,
la directionparallèle
à KP nous a donné lesangles imaginaires négatifs 201303B12013I ; c’est-à-dire,
que nous avons fait03C1=2013I=KC.
Donc
l’analogie
nous conduit à faire 03C1=2013I=KB, lorsqu’il s’agit
de la direction
parallèle
àKP,
apartir
dupoint
B.L’angle BKP
aura donc pourexpression
I2. Nous ne pousserons pas
plus
loin ces aperçus; et nous obser-verons, en
terminant,
queles expressions,
a,ab, abc, qui désignent
des
lignes
considérées parrapport
à une , àdeux ,
à trois dimen-sions ,
ne sont que lespremiers
termes d’une suitequi peut
êtreprolongée
indéfiniment.Si les notions
exposées
dans l’articleprécédent
étaientadmises
la
question,
souventagitée ,
de savoir si toute fonctionpeut
êtreramenée à la forme
p+q2013I
se trouverait résoluenégativement;
et
offriraitl’exemple
leplus simple
d’une quan- tité non réductible à cetteforme,
et aussihétérogène
parrapport
à
2013I
que l’est celle-ci parrapport
à+I.
DES
GRANDEURS IMAGINAIRES. I47
Il
existe,
à lavérité-,
des démonstrations tendant à établir que la fonction(a+b2013I)m+n peut toujours
être réduite à la forme maisqu’il
nous soitpermis
de remarquer surces
démonstrations,
que cellesqui emploient
ledéveloppement
enséries ,
ne sauraient être concluantesqu’autant qu’on prouverait
que pet ’1
ont des valeurs finies. Il arrive souvent, eneffet,
dansl’analise , qu’une
sériequi ,
par sa nature , nepeut exprimer
que desquantités réelles, prend
unevaleur ,
ouplutôt
une forme in-finie, lorsqu’elle
doitreprésenter
unequantité imaginaire ;
et onpeut
présumer pareillement qu’une
sériecomposée
de termes de laforme ou ab
peut
devenirinfinie,
si elle doitexprimer
une
quantité
de l’ordre abc.Quant
aux démonstrationsqui emploient
leslogarithmes ,
elleslaissent
aussi ,
ce noussemble , quelques
nuages dansl’esprit ,
ence
qu’on
n’a pas encore des notions bienprécises
sur leslogarithmes imaginaires.
Il faudrait d’ailleurs s’assurer si un mêmelogarithme
ne
pourrait
pasappartenir
à la fois àplusieurs quantités
d’ordresdifférents a, ab, abc. En outre, la
multiplicité
des valeurs dues auxradicaux de
l’expression proposée,
est une autre sourced’incertitude ;
de telle sorte
qu’on pourrait parvenir,
de la manière laplus rigou-
reuse, à réduire
(a+b2013I)m+n2013I
à la formep+q2013I,
sansqu’il
s’ensuivit nécessairement que cette fonction n’a pas encore d’autres valeurs de l’ordre abc, non réductibles à cette forme(*)
(*) On ne peut , sans doute , que savoir
beaucoup
degré
à M.Français
d’avoir ? en
quelque
sorte ,provoqué
M.Argand
à donnerplus
depublicité à
ses vues sur 1’un des
points
lesplus
délicats et lesplus épineux
de l’analisealgé- brique. Espérons qu’il
s’établira désormais une heureuse rivalité entre ces deux estimablesgéomètres ,
etqu’ils s’empresseront , à
l’envi l’un de l’autre , à per- ectionner età
éclaircir l’intéressante théorie dont ils viennent de poser les fondemens.J. D. G.