F RÉDÉRIC S ARRUS
Analise transcendante. Essai sur le développement, en fractions continues, des racines des équations du troisième degré, et sur l’approximation graphique du problème de la trisection de l’angle
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 10 (1819-1820), p. 189-201
<http://www.numdam.org/item?id=AMPA_1819-1820__10__189_0>
© Annales de Mathématiques pures et appliquées, 1819-1820, tous droits réservés.
L’accès aux archives de la revue « Annales de Mathématiques pures et appliquées » implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/conditions). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale.
Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright.
Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques
http://www.numdam.org/
I89
ANALISE TRANSCENDANTE.
Essai
surle développement ,
enfructions continues , des
racinesdes equations du troisieme degre ,
et surl’approximation graphique du probleme de
latrisection
de l’angle.
Par M. FRÉDÉRIC SARRUS.
ÉQUATIONS DU TROISIÈME DEGRÉ.
I.
Nous
allons prouver , enpremier lieu , qne la
résolutiond’une
équation quelconque
du troisièmedegré peut toujours
être ramenéeà celle d’une autre
équation
de la formeoù a est un nombre
positif.
En
effet ,
laproposée
ne saurait être ,après
l’évanouissement du second terme , que de l’une ou de l’autre de ces deux formesoù il est
permis
de supposer que pet q
sont des nombresentiers 1
et où q est un nombre essentiellement
positif.
Si c’est la
première
formequi
alieu ,
ilsuffira
de poserle
signe supérieur
ou lasigne
inférieurayant
lieu suivant que qTom. X ,
n.°VII,
I.erjanvier
I820. 26I90
est
négatif
ouposidf.
En substituant et divisant ensuitepar
-t-
2p 3 V p 3,
ilviendra,
eneffet,
entransposant,
qui , en
faisantV 27q2 4p3 = a, devient,
eneffet,
Si
l’équation
est de la secondeforme ,
on poserad’abord
ce
qui onnera,
en substituant et divisanttoujours par ± 2p 3 p 3
posant ensuite ,
dans celle-cice aui revient , au
surplus, a
faire immédiatementeile deviendra
ou, en
quarrant
ou, en
développant
DU TROISIÈME DEGRÉ.
I9Iou
enfin ,
entransposant
etextrayant
la racinequarrée des deux
membres.
équation qui ,
enposant, I+ 27q2 rp3
=a, revient encore àIl
n’y
aurait doncd’exception
que pour le seul cas où la pro-posée
aurait ses trois racineségaies. Alors,
eneffet ,
p’,qui
entrecomme dénominateur dans nos
formules ,
se trouvenul ,
eequi
y introduit desgrandeurs
infinies.Soit ,
parexemple, l’équation
qui
serapporte
à lapremière forme ,
enposant
elle deviendra
où a =
32I I4
Soit encore
l’équation
qui
serapporte a
la secondeforme ;
enposant
ÉQUATIONS
elle
deviendra
ou a=26.
II. Nous allons prouver
présentement
que l’onpeut
fairedépendre
la résolution de
l’équation 4x3-3x=a
de celle d’uneéquation
dela même
forme ,
danslaquelle
le secondmembre
sera sivoisin
del’unité
qu’on voudra. Posons ,
eneffet ,
en substituant dans
elle deviendra
de sorte
qu’en posant,
pourabréger,
et
extrayant
la racinequarrée , l’équation
a résoudre seraéquation
exactement de même forme que laproposée. Or,
del’équation
on
tire,
enquarrant , chassant
ledénominateur
ettransposant
DU TROISIÈME DEGRÉ. I93
ou
d’où
et par
conséquent
la différence de al avec l’unité sera donc moindre
que
lamoitié
de la différence de a avec l’unité.Donc ,
si l’on pose successivementon aura,
eel
que soitd’ailleurs l’indice
n ,et la série a , aI , a2 , ... an sera telle que la différence de chacun de ses termes avec l’unité sera moindre que la moitié de
la différence avec cette même unité da terme
qui
leprécédera
immédiatement.
il n’est pas même difficile de voir que
passé
lepremier
termedans la
serie des différence a-I,
aI-I, a2-I ,...an- I,chaque
terme sera reellement moindre que le tiers de celuiqui
leprecedera
immédiatement. Eneffet,
il re-ulte des relations ci-dessusqu’aucun
dester nes aI , a2 , a3
,...an ne sauf ait être intérieurâ ;
etquib
seront mêmetoujours plus grands
que cettefraction ;
on a donc
d’où
et
donc
mais on a , en
général ,
par cequi précède ,
donc,
àfortiori,
comme nous t’avions annonce.
Cette circonstance facilite
singulièrement
le calcul desquantités
ai , a2 , a; ,...an. On
sait,
en effet. que.lorsque
/ est unetrès-petite fraction ,
on a sensiblementI = i = I 3±I 2 l;
d’où l’onvoit
que,lorsqu’on
sera parvenu a des termestrès-peu
différensDU
TROISIÈME DEGRE. I95
de
l’unité,
on pourrapoursuivre
enremplaçant
l’extrction de la racine de laquantité
sous le radical par laréduction à
moitié desa différence avec l’unité.
Il résulte de là que dans la série a-I , aI-I, a2-I, .... a-I,
chaque
tcrme, que nous venonsdéjà
de démontrer être moindre que le tiers decelui qui
leprécède immédiatement
tend sans cesseà n’en être
plus
que lequart. Soit,
eneffet,
an-I =I+i, i
étantune
très-petite fraction ,
nous auronsce
qui
donnera sensiblementan=I+I 4 i;
on auradonc,
aussisensiblement ,
ainsi , parvenue à
cepoint,
la série a-I, aI-I, a2-I, .... an-Isera
facile à continuer,
et on en conclura ensuite lestermes
cor-respondans
à la série a, aI , a2 , a3 ,...an.On
peut
remarquerprésentement
que, si l’on avaitrigoureusement
on en
conclurait,
entransposant
etdécomposant,
d’où l’on voit que , tandis que l’une des racines des diverses trans-
formées converge sans cesse vers
l’unité ;
les deux autres conver-gent
en mêmetemps vers la
fraction- I 2.
On pourradonc , passe
uncertain terme , tirer un
parti
avantageux de la méthoded’approxi-
mation de
Newton ,
pour résoudre ladernière transformée ,
et re-ÉQUATIONS
monter ensuite à la valeur de x, au moyen des relations établie.
ci-dessus
entre x , xI , y x2 , .z 3 ... x.III. A l’aide de ces
relations,
la valeur de xpeut
êtredevelop- pée
en fraction continue d’une forme fortélégante. L’équation
4xn3-3xn=an donne,
entransposant ,
mais
l’équation xn=I=2xn2-I,
donneaussi ,
entransposant,
divisant donc la
première
par laseconde ,
il viendraou, en
chassant
ledénominateur,
réduisant et transposantd’où on tire
on aura
donc
cette suite déquations
d’où
onconclura facilement
2x=I+
TRISECTION DE L’ANGLE. I97
fraction
continuequi
tendra continuellement à se résoudre dans la fractionpériodique
que l’on trouve être
égale
à 2 ; de sortequ’en poussant
ledéve-
loppement
assezloin ,
onpeut,
sans erreursensible ,
écrireIV. Le
problème
de la trisection del’angle
seréduisant ,
commel’on
sait ,
à la résolution d’uneéquation
du troisièmedegré ,
dansle cas
irréductible ;
les formules que nous venons d’obtenir sem-bleraient
pouvoir
en offrir une solutionapprochée ;
mais elle nesaurait être d’aucune utilité dans
l’application
aux arts.Heureuse-
ment on
peut
obtenir de ceproblème
une solutiongraphique
à lafois
très-simple
ettrès-convergente.
On a , en
effet ,
par les théorèmes connus ,ou
bien ,
entransposant t
Tom. X. 27
d’où
Cela
posé,
considérons la formuleon en
tirera,
enprenant
les différentielleslogarithmiques
ou en mettant pour
2 - -
sa valeur donnée par1 équation (I),
et tirant la valeur de dx1 dx ,
mais,
encomparant
leséquations (I , 2) ,
on voit que,lorsque
x=a , on a xI=x=a;
donc,
dans ce même cas, la valeur dedx
devientDonc
si,
dans la formule(t) ,
on faitx=a+g
etxI=a-h ,
g étant untrès-petit
arc , on aurasensiblement
DE L’ANGLE.
I99Cette
expression
devenantégalement nulle ,
soitque
3a soitnuI ,
soit
qu’il
soitégal
àl’angle droit ;
elle doit êtresusceptible
d’unmaximum entre ces deux limites.
Si ,
dans la vue de le déter-miner ,
onégale
à zéro la differentielle deTang.3a Tang.3a,
ilviendra,
ensupprimant
le dénominateur et divisant parSin.2aCos.2a.
ou bien
ou
simplement
puisque
Sin.2a=orépondrait
au minimum. On auradonc ,
danste cas du
maximum ,
de là
d’où
on aura
d’ailleurs ,
dans ce cas ,dunc finalement on aura , dans le cas du
maximum,
c’est à-dire
d’où il suit que , dans la formule
(2) ,
en mettant pour x une valeurqui
diffère peude a,
la valeurqui
en résultera pour xIne diffèrera de a que d’une
quantité
au moins 33 foisplus
pe-tite ;
de sortequ’en
remettant cette nouvelle valeur pour x dans la mêmeformule,
etpoursuivant toujours ainsi ,
on obtiendra unesuite de
valeurs x,
X, , x2 , x3 , ...convergente
vers a, tellesque , dans le cas même le
plus défavorable ,
la différence de chacune avec a seraplus
de 33 fois moindre que la différence avecle même .arc de celle
qui
laprécédera
immédiatement.Il n’est donc
plus question
que de trouver une constructionqui réponde
à cesindications ,
etreprésente
la formule(2);
or, c’est là une chose extrêmement facile.Soit ,
eneffet ,
ASB(Hg. 1 )
unangle
donnéégal
à3a , qu’il
soitquestion
de diviser en trois par- tieségales.
De son sommet S comme centre , et avec un rayonarbitraire
soitdécrit ,
entre ses côtes , un arc MN. Par le mêmesommet , soit élevée à l’un
quelconque
SA de sescôtés,
et dansle sens de
l’autre,
laperpendiculaire SC,
surlaquelle
soitprise;
a
partir
dupoint S
unepartie
SD à peuprès égale
à la cordedes deux tiers de l’arc
MN ;
aux deux tiers de sacorde ,
parexemple.
Dupoint
D comme centre , et avec un rayon doublede
SM=SN ,
soit décrit un arccoupant
en E leprolongement
de
SA;
et soit menéeNE,
coupant SC enD, ;
aloisSD,
seraune valeur
plus approchée
de la corde des deux tiers de l’arcMN ;
substituant donc lepoint D,
aupoint D ,
onobtiendra,
par un semblableprocèdé .
un nouveaupoint D, ,
tel queSD2
sera uneDE L’ANGLE.
20Ivaleur
beaucoup plus approchée
encore ; enpoursuivant
donc tou-jours ainsi ,
unparviendra très-rapidement
à une valeur extrême-ment
approchée
de la corde des deux tiers de MN.Cette
construction est extrêmement facile àjustifier ; soit ,
eneffet ,
mené le sinusNP,
et soitpris
pour unité delongueur
lerayon
SM=SN;
d’oùDE=2 ;
en nommant 2x et 2x, les arcsqui répondent
aux cordes dont leslongueurs
sont SD etSDt ,
onaura
mais
on aclone,
ensubstituant
etréduisant ,
qui
estprécisément
notre formule(2)
Dans cette
trisection, qui
estplus simple ,
enquelque sorte,
qu’une bissection ,
onpent ,
sansinconvénient , placer ,
dèsl’abord ,
le
point
D d’une manière tout-à-faitarbitraire ,
etconséquemment
le