A NNALES DE L ’I. H. P., SECTION B
S TÉPHANE A TTAL
Représentation des endomorphismes de l’espace de Wiener qui préservent les martingales
Annales de l’I. H. P., section B, tome 31, n
o3 (1995), p. 467-484
<http://www.numdam.org/item?id=AIHPB_1995__31_3_467_0>
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467
Représentation des endomorphismes de l’espace
de Wiener qui préservent les martingales
Stéphane
ATTALInstitut de Recherche Mathématique Avancée, Université Louis Pasteur et C.N.R.S., 7, rue René Descartes, 67084 Strasbourg Cedex, France.
Vol. 31, n° 3, 1995, p. 484. Probabilités et Statistiques
RÉSUMÉ. - Sur
l’espace
de Wiener(Q, A, P),
onappelle endomorphisme
une
application
T de H dans lui-mêmequi préserve
la mesureP,
i. e.qui
transforme le mouvement browniencanonique
en un autremouvement brownien Parmi ces
endomorphismes
nous étudionsceux tels que
W est
unemartingale
pour la filtration naturelle F =(0t )tzo
de W.
L’opérateur
T deL2 (SZ, ,A., P)
danslui-même,
défini par TF = F oT,
est alors une isométrie et un
morphisme
del’algèbre
L°°(0, A, P),
ilcommute avec les
espérances
conditionnellesEt = E [. 1Ft],
pour tout t.Au moyen du calcul
stochastique
non commutatif surl’espace
de Focknous allons étudier ces
opérateurs
et en donner une caractérisationsimple.
Nous allons voir que les conditions de commutation et de
morphisme
suffisent à assurer
qu’un opérateur
borné non nul Tprovient
d’unendomorphisme
T of(H, A, P) qui préserve
lesmartingales.
Enfin unecondition nécessaire et suffisante pour que
T
soit inversible sera obtenue.ABSTRACT. - On Wiener space
(H, .4, P),
we call anendomorphism
anapplication T
from H into itself which preserves the measureP,
i. e. which transforms the canonical Brownian motion into another Brownian motion(Wt)t>o. Among
theseendomorphisms
westudy
those such thatW
is a
martingale
for the natural filtration .~’ = of W.The
operator
T fromL2 (~,.4, P)
into itself definedby
TF = F oT
is an
isometry
and amorphism
of thealgebra
L°°(H, A, P),
it commuteswith the conditional
expectations Et = E [. 1Ft],
for every t.Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités et Statistiques - 0246-0203
Vol. 31/95/03/$ 4.00/© Gauthier-Villars
Using
non-commutative stochastic calculus on the Fock space we willstudy
theseoperators
andgive
asimple
characterization of them. We willsee that commutation and
morphism
conditions are sufficient to ensure that abounded non null
operator
T is theisometry
associated to anendomorphism T
of(0, A, P)
which préserves themartingales. Finally,
a necessary and sufficient condition for T to be invertible will be obtained.I. INTRODUCTION
Notations
Tous les espaces vectoriels considérés seront réels.
Soit
(Q, A, P) l’espace
deWiener,
mouvement browniencanonique,
F =(0t)tzo
sa filtrationnaturelle, Et
ER+.
Soit la filtration des accroissements futurs de
W,
c’est-à-direYt
= a(WS - t).
Nous noterons ~l’espace L2 (0, A, P),
il estisomorphe
àl’espace
de Focksymétrique
surL2 (IR+).
Leproduit
scalairede 03A6 sera noté
(., .),
sa Pour tout t ER+,
nous noterons=
L2 (0, 0t, P),
et =L2 (H, ~t, P).
Grâce àl’indépendance
des accroissements du mouvement
brownien,
on a la structure deproduit
tensoriel @
(cf [5]).
Pour tout
f
EL 2 (R+), appelons
l’exponentielle stochastique
de la variablealéatoire 100 f (s)
et, pourtout t E
R+,
posonsft]
=f 1 [0, t]
etf[t
=f
Enfin ~ seral’espace
des combinaisons linéaires finies de vecteurs c
( f ) , f E L2 (R~). Rappelons que ~
est un sous-espace dense de ~.Quelques
éléments de calculstochastique
non commutatifNous ne
présenterons
ici que les outils dont nous aurons besoin. Pourune
présentation plus complète
dusujet
on se référera à l’articleoriginal
de Hudson &
Parthasarathy [4]
ou au livre deMeyer [6].
Une famille
d’opérateurs
de 03A6 dansP,
définis sur~,
sera unprocessus
adapté d’opérateurs si,
pour toutf
EL2 ((f8+ ), l’application
t -
Ht E (ft])
est fortement mesurable dans ~ etsi,
pour tout t ER+,
Un processus
adapté d’opérateurs
sera unemartingale d’opéra-
teurs
si,
pourtout s t, f , g E L~ (R~),
Si T est un
opérateur
sur~
défini sur£,
la famille définie parest une
martingale d’opérateurs, appelée martingale
associée à T.Les trois
martingales particulières
decréation,
annihilation etnombre,
seront
respectivement
notées elles sont définiespar
pour tout t
E R+, f , g
EL~ (R+).
Si sont des processus
adaptés d’opérateurs
vérifiant,
pour toutf
EL2 (I~+), t
ER+,
alors la famille des
intégrales stochastiques
non commutativesest bien définie sur
~,
comme unemartingale d’opérateurs, vérifiant,
Vt E
R+,
EL2 (~+),
Vol. 31, n° 3-1995.
L’intégrale stochastique
non commutativeTt, peut
être définie pour t = -}-oo de la mêmefaçon,
si(1)
est vérifiépour t
= +00. On vérifie alors facilement que lamartingale d’opérateurs
associéeà Hs
+yoc yoo
~0 Ls dAs+ ~0 Ks dAs
est le processus comme définiplus
haut.Dans la
suite, chaque
foisqu’une intégrale
de cetype apparaîtra,
noussupposerons que les processus
H,
K et L vérifient(1).
Extension des
intégrales stochastiques
non commutativesSupposons
que T soit unopérateur
borné sur 4l défini sur?,
et par extension sur tout$,
tel que, sur£,
où
H, K,
L sont des processusd’opérateurs
bornés. La définition(2)
deces
intégrales
ne nouspermet
pas de les étendre hors du domaine ?.Comme nous voulons étudier des
opérateurs bornés,
définis sur tout~
nous allons utiliser l’extension de la notion
d’intégrale stochastique
noncommutative donnée dans
[2].
Tout F E 4l admet une
représentation prévisible
Posons Ft
=Et F, Foc
= F etDans
[7]
il est montré que, si F est dansl’espace Éib engendré
par les ~( f ),
pour
f
dansL2 (R+)
etf
localementbornée,
on a, pour tout t ER+,
Sur cette formule est
équivalente
à(2),
mais elle al’avantage
d’avoirencore un sens pour toute F dans 4l
[contrairement
à(2)].
DÉFINITION. - Soit une
martingale d’opérateurs
bornés sur soit(Kt)tO
et des processusadaptés bornés,
nous dirons quesur tout
~,
si(3)
est vérifiée pour tout F E ~.Cette définition
provient
d’unpoint
de vue deMeyer, cf [6],
sur lesintégrales stochastiques d’opérateurs.
Il demandequ’une
telleintégrale d’opérateurs appliquée
à un vecteur de ~satisfasse,
en un certain sens,une formule
d’intégration
parpartie
dutype
Ito. On renvoie à[2]
pour uneprésentation plus complète
de cetteextension,
enparticulier
pour l’unicité deTt lorsque H,
K et L sont donnés.II.
OPÉRATEUR ASSOCIÉ À
UN ENDOMORPHISMEPRÉSERVANT
LES MARTINGALES Présentation etpremières propriétés
Une
application
mesurable T : est unendomorphisme
si ellepréserve
la mesure P. Dans ce cas, si nousdéfinissons,
pour tout t ER~,
la variable aléatoire
Wt (w)
=Wt (T c~),
le processus est unmouvement brownien.
Un
endomorphisme
T sera ditpréserver
lesmartingales
si West unmouvement brownien pour la filtration .~’
(cette terminologie
serajustifiée
par la
proposition 1).
Dans ce cas, W est une0-martingale
decrochet t t,
elle admet donc une
représentation prévisible
de la formeWt
=lt ks dWs ,
où est un processus
prévisible
tel quek2t (03C9)
=1,
pour presque tout(t, w) .
Il est clair queT
est entièrement déterminé par k.Soit T un
endomorphisme,
onpeut
définir sur ~l’opérateur
linéaireT : F - F o T. Cet
opérateur
vérifie :(i)
T est une isométrie(T
est unitaire ssi T admet une versioninversible).
(ii) T (FG) = (TF) (TG),
pour tousF,
GE lll
tels que FG E ~.De
quelle façon
lapropriété
« Tpréserve
lesmartingales »
sereprésente-
t-elle sur
l’opérateur
T ?PROPOSITION 1. - Soit T une isométrie de associée à un
endomorphisme T
de(0, A, P).
Les assertions-suivantes sontéquivalentes.
(i)
Tpréserve
lesmartingales.
Vol. 31, n° 3-1995.
(ii)
Pour toute~-martingale (T Ft)tO
est une.~-martingale.
(iii)
TlEt
=lEt T,
pour tout t EI~+.
Démonstration. -
(i)
~(iii).
L’égalité
TlEt
=lEt
Tpeut
être vérifiée sur une familletotale,
parexemple
les ~(f)
oùf
est une combinaison linéaire d’indicatrices d’intervalles bornés. On a dans ce cas(car l’intégrale s’explicite
comme une sommefinie);
(en
vertu de la forme de lareprésentation prévisible
de Wquand
Tpréserve
les
martingales).
Le vecteurEt TF,
obtenu enremplaçant
oopar t
danscette
expression,
coïncide avecT Et F,
obtenu enremplaçant f
parft].
Les
implications (iii)
#(ii)
et(il)
#(i)
neprésentent
aucunedifficulté. []
Lorsque
T est unopérateur
sur 4l associé à unendomorphisme
Tpréservant
lesmartingales (représenté
par un processusprévisible k
de carréégal
à1),
il est naturel de se demander àquoi correspond
lamartingale d’opérateurs (Tt)tzo
associée à T.Chaque opérateur Tt
est en fait aussi unopérateur
sur 4l associé à unendomorphisme Tt préservant
lesmartingales, défini,
pour touts, t
ER+
par(c’est-à-dire
queTt
est la « la même transformation queT
sur[0, t]
etl’identité sur
~t, »).
En
effet,
soitTf l’opérateur
sur ~ associé à un telendomorphisme.
Prenons un F == c
( f )
du mêmetype
que dans la démonstration de laproposition
1. Il est facile devoir,
en utilisant le même genre decalcul,
queTf Ft
=T Ft .
SoitF[t
= c(/~),
de la mêmefaçon
queprécédemment
onpeut
voir queTf F[t
=F[t.
CommeTf
estmultiplicatif (en
tantqu’opérateur
associé à un
endomorphisme),
Ce
qui
prouve que est lamartingale
associée à T..Il est
important
derappeler
ici unepropriété
facile.LEMME 2. - Soit
(0, A, P)
un espaceprobabilisé,
soit T unopérateur
borné non nul sur
L~ (Q, A, P) tel
que T(FG) = (TF) (TG),
pour tousF,
G dansL~ (H, A, P) vérifiant
FG EL2 (0, A, P).
Si T commute avecl’opérateur d’espérance E
alors T est une isométrie deL2 (0, A, P).
Démonstration. - Si T commute avec
l’opérateur d’espérance E,
on aTl = TE1 = ET1. Donc T 1 E R. Mais la
propriété
demultiplicativité implique
que(T 1 ) 2
=T 1,
ainsi T 1 = 0 ou 1. Comme pour tout F on aT F =
(T 1) (TF),
la non nullité de T entraîne que T 1 = 1.Maintenant,
pour tousF,
G dansL~ (H, A, P)
tels que FG soit aussi dansA, P),
Finalement,
lesopérateurs
T surl’espace
de Fock issus d’un endo-morphisme préservant
lesmartingales
vérifient :(i)
T(FG) = (T F) (TG),
pour tousF,
G tels que FG E ~.(ii) T Et = Et T,
Vt ER+.
(iii) (T
est uneisométrie).
Remarque. -
Apriori,
il n’est pas clair que cespropriétés
caractérisentcomplètement
lesopérateurs
associés à unendomorphisme préservant
lesmartingales.
Si onremplace
la condition(iii)
par l’unitarité deT,
on caractérise alors tous lesendomorphismes
inversiblesqui préservent
lesmartingales (par [3]
etProposition 1).
Dans le cas oùl’opérateur
estseulement
isométrique
ces conditions n’assurent pas, apriori, qu’il provient
d’une transformation de
l’espace (Q, A, P) qui préserve
la mesure.Dans la suite nous allons établir que de tels
opérateurs
sur 03A6 sontrepré-
sentables en
intégrales stochastiques
non commutatives i. e.les caractériser par des
propriétés
deH,
L et K seuls et en déduire que les conditions(i)
et(ii)
sont non seulementnécessaires,
mais aussi suffisantes pour que Tprovienne
d’unendomorphisme qui préserve
lesmartingales.
Caractérisation de la
propriété
de commutationavec les
espérances
conditionnelles Dans[1] ] (théorème 111.1) figure
le résultat suivant.Vol. 31, n° 3-1995.
THÉORÈME 3. - Soit T un
opérateur
borné sur 4l. Les assertions suivantes sontéquivalentes.
(ii)
Il existe un processusadapté d’opérateurs bornés,
et 03BB ER,
tels que-
Par
(3)
on voit facilement que dans ce cas À = T l.Donc,
comme corollaireimmédiat,
si T est unopérateur
associé à unendomorphisme
T
préservant
lesmartingales,
il existe un processusadapté d’opérateurs
bornés tel que, sur tout&,
T = I --~0 Hs
De
plus,
les remarques faitesprécédemment
sur lamartingale
associée à T
(qui
est,rappelons-le,
la famille desopérateurs associés
aux
endomorphismes 7~
comme définisprécédemment)
et sur lamartingale
associée à une
intégrale stochastique
non commutative engénéral,
entraînentt
que Tt
= I +/ 7o Hs
Caractérisation de la
propriété
demultiplicativité
Nous allons dans cette section donner deux caractérisations des
opérateurs qui
rentrent dans le cadre du théorème 3 etqui
vérifient aussi lapropriété
demultiplicativité [ou
si l’onpréfère,
lapropriété
demorphisme
del’algèbre
L°°
0, P)].
Bienqu’il
ne soit pasprésenté
comme le résultatprincipal,
il
s’agit
là du théorème clef de cet article.THÉORÈME 4. - Soit T un
opérateur
borné sur&, qui
commute avec lesyOO
Et, t
eR+ et
tel que T 1 = 1.Donc,
T = I +/ 7o HS dlls,
sur tout 03A6.Soit
martingale qui
lui est associée. Les assertions suivantes sontéquivalentes.
(i)
T(FC) = (T F) (T G),
pour tousF,
G tels que FG(ii)
Pour presque tout t,(Ht 1) Tt
etHt
1 est à valeurs dans{0, -2}.
(iii) Pour presque
tout t, pourtous F,
Gdans ~,
tels que FG soit dans~,
et, pour presque tout s
t,
Remarque
1. - La deuxièmepropriété
que l’onrequiert
pour H dans(iii)
n’est pas aussi fortequ’il
yparaît.
Eneffet,
siHt
vérifieHt (FG) _ -1/2 (Ht F) (Ht G),
on aformellement
c’est-à-dire
Ht Ws
=(Htl)
où = 1 pour presque toutu. Ainsi la seconde
condition précise
seulement que cet élémentFu, t
telque = 1 est 1 +
H,~
1.Remarque
2. - Il est assezsurprenant
que lapropriété
demorphisme
deL°°
(H, 0, P)
pour T se traduise par la mêmepropriété (à
un coefficient moins 1/2près)
pour sa « dérivée » Il serait intéressant d’avoirune
explication
intuitive de ce résultat.-
Remarque
3. - C’estl’équivalence (i)
~(ii) qui
est laplus
utile danspratique,
mais elle nepermet
pas, pour un processusd’opérateurs
Hdonné,
de savoir sil’opérateur l
+1= Ht dAt
estmultiplicatif
ou non. Eneffet,
la condition
(ii)
est donnéecomme
uneéquation
différentiellestochastique
non commutative et non pas par une
propriété
de H seulement. C’est la condition(iii) qui remplit
ce rôle.Démonstration du théorème. - Nous allons démontrer ce théorème en montrant d’abord que
(i)
estéquivalent
à(ii), puis
que(ii)
estéquivalent
à
(iii).
yoo /.oo
Soit T =
I+~0 Hs dAs,
sur tout 03A6. Soit F = E[F] + 1= Ps dWs
E 03A6.Alors,
par(3), en posant
qt =Tt
+Ht,
o
Supposons
queF2
E~,
soitFt
=Et F, Foo
=F, alors,
V t ER+,
Vol. 31, n° 3-1995.
donc
Par ailleurs
(1) # (ii) .
Si, pour tout
F E~,
tel queF~
E on aT (F2 ) _ (T Ft)2,
pour tout t ER+,
alors en identifiant(~)
et(~),
on obtient entre autres(r~t Ft ) 2
=Tt (F2 ).,
pour presque tout t EU~+ .
Cequi, après polarisation,
s’écrit = En
prenant
F = doncPt
=1,
on trouve
(qt 1) (qt C t)
= T(G~),
que l’onpeut
aussi écrire sous la forme~7t
Gt
=(T/t 1)
car, enprenant
aussi G tel queGt
=1,
on aSi G =
ë- (~),
pour un g EL2 (R+),
alorsGt
et ainsiSoit D un sous-ensemble dénombrable dense de
L2 (R+),
ne contenant que des fonctions ne s’annulantjamais.
Le sous-espaceED
de Eengendré
par les c(g), g
ED,
est dense dansE,
donc dans ~.Si g
ED,
nous avonsalors, grâce
àl’égalité précédente, ~t ~ (gt])
=1 ) (gt])),
donc sur~D,
On conclut à la même
égalité
sur tout ~ par densité de£ D
dans ~ et par bornitude desopérateurs
enjeu.
D’autre
part, l’égalité (4) implique
aussi( Ht 1 ) 2 = - 2 Ht 1, i. e. Ht
1 està valeur
dans {0, 20142}.
Cequi
achève de montrer(ii).
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
Si
Ht
=(Ht 1) Tt,
pour presque tout t E =(1 + Ht 1 ) Tt
=(qt 1) Tt.
Si deplus Ht
1 est à valeur dans~0, -2},
nous avons(Ht 1 ) 2 = - 2 Ht
1 et(qt 1 ) 2
= 1. Ainsi(*)
s’écritEn
polarisant
on obtientDe la même
façon, (**)
s’écritEn
polarisant
on obtientPour tout n E
N,
soit L2(R~) l’espace
des éléments deL2 (R~) qui
sont
symétriques.
Pour toutf n
E L2(R~),
on noteIn (fn)
l’élément dun-ième chaos de Wiener associé :
Vol. 31, n° 3-1995.
En
posant
F =In ( f n )
et G =Im ( f ~-,2 ),
enremarquant que Ft =
In-i (fn (., t)
et de même pourGt,
nous voyons, parcomparaison
de
(5)
et de(6),
que démontrer la formulese ramène à établir P
(n,
m -1),
P(n - 1, m)
et P(n - 1,
m -1).
Comme P
(0, n)
et P(n, 0)
sont trivialement vraies pour tout n EN,
on conclut par récurrence que P
(n, m)
est vraie pour tout n, mEN.Enfin,
T estmultiplicatif
sur tout~,
par densité des sommes finies de chaos dans ~ et par bornitude de T.Ainsi nous avons
l’équivalence ( i )
~(ii).
Si T vérifie
(ii), Tt
=7+
avecHt
=(Ht 1) Tt,
etHt
1 à valeursdans (0, -2),
pour presque tout t.Rappellons qu’alors
(1+N~l)~
= 1.Donc,
pour toutF,
G dans ~ tels que FG soit aussi dans~,
Mais nous avons comme corollaire immédiat de
l’équivalence (i) (ii),
que, dans ce contexte, si T est
multiplicatif,
alorsTt
l’estaussi,
pour presquetout t. En
effet, Tt
vérifie aussi(ii)
avec un processus défini parHs
si st, HS
= 0 sinon. Parconséquent
-
Ce
qui
donne lapremière
condition sur( Ht ) t > o .
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
On a de
plus
Ce
qui
achève de prouver(iii).
(iii)
#(ii)
Par la
propriété
demultiplicativité
sur on a( Ht 1 ) 2 = - 2 Ht 1,
donc, Ht
1 est à valeurs dans{0, 20142}.
-
Pour prouver que
Ht
=(Ht 1 ) Tt
sur tout&,
nous allons tout d’abordmontrer un lemme
permettant
de le prouver par récurrence sur les différents chaos de 03A6.LEMME 5. - Soit
Ft = t Fs dWs,
avecFS
=Ua
b]( s ),
pour unHt Ft
=(Ht 1 ) Tt Ft.
Démonstration. - Sous les
hypothèses
du lemme on aPar
hypothèse
surUa
et surHt Ws,
st,
on aComme
(Tt)tO
est unemartingale d’opérateurs qui
commutent tous avec leslEs (théorème 3),
nous avonstoujours,
pourUa
E pour tout t > a,Tt Ua
=Ta Ua
E AinsiVol. 31, n° 3-1995.
En utilisant à nouveau
l’ hypothèse
surUa,
Ce
qui
démontre le lemme.Notons maintenant que, pour tout c E
R,
Comme les
opérateurs Ht
etTt
sontbornés,
comme lesHt
1 sont desvariables aléatoires
bornées,
comme l’ensemble des combinaisons linéaires d’indicatrices d’intervalles bornés est dense dans£2 (IR+),
en utilisant(7)
et le lemme5,
on voit facilement que, pour toutFt
e élément dupremier chaos, Ft
pourun f ~ L2(R+),
on aHt Ft
=(Ht 1) Tt Ft.
Les éléments de la forme
forment un ensemble total dans le deuxième chaos de
Grâce au lemme 5 et à la remarque
précédente
sur les éléments dupremier chaos,
on conclut aussi àHt Ft
=(Ht 1) Tt Ft.
Ainsi de
suite,
parrécurrence,
on montre queHt
=( Ht 1 ) Tt
surl’espace
des sommes finies de chaos. On conclut par densité de cet espace et par bornitude des
opérateurs..
III.
CARACTÉRISATIONS
DES ENDOMORPHISMESPRÉSERVANT
LES MARTINGALESNous savons donc maintenant caractériser tous les
opérateurs
bornés Tnon nuls vérifiant :
(i)
T(FG) = (T F) (TG),
pour tousF,
G tels que FG E P(ii) T Et
=Et T, Vt
ER+
(iii) (T
est uneisométrie.)
Mais,
comme nous l’avonsremarqué
en sectionII,
cespropriétés n’impliquent
pas, apriori,
que Testl’opérateur
associé à un endo-morphisme
de(0, A, P) qui préserve
lesmartingales.
Le théorème
qui
suit prouvepourtant qu’ici
les deuxpremières
conditionssont suffisantes pour conclure que
l’opérateur
considéréprovient
d’unetransformation de
l’espace
de Wienerqui préserve
la mesure. C’est lecalcul
stochastique
non commutatifqui
donne unprocédé
constructif pour obtenirl’endomorphisme
associé. Résultatqui n’apparaît
pas évident sans cet outil.THÉORÈME 6. - Soit T un
opérateur borné,
nonnul,
de~, défini
partout.Les assertions suivantes sont
équivalentes.
(i)
Test l’isométrie associée à unendomorphisme
T del’espace
deWiener
qui préserve
lesmartingales.
(ii) L’opérateur
T commute avec lesespérances
conditionnellesEt,
t E
(~+
etvérifie
T(FG) _ (T F) (T G)
pour tousF,
G dans ~ telsque FG soit aussi dans ~.
(iii)
Il existe un processusadapté d’opérateurs
bornés sur 03A6 tel que-
et que pour presque tout t,
Ht
=(Ht 1) Tt
etHt
1 soit à valeurs dans~0, -2}.
(iv)
Il existe un processusadapté d’opérateurs
bornés sur 03A6tel que
-
avec, pour presque tout s
t,
Quand
ces conditions sontvérifiées, l’image À
du mouvement brownienW par
Î
est donnée parWt
=t0 ksdWs, où le processus prévisible (kt )t>o vérifie kt
== 1 + Ht 1 ,
pour presque tout (t, w) .
Démonstration. - Dans la section II
(proposition 1)
nous avons vu que(1)
#(ii).
Vol. 3 1, n° 3-1995.
Du théorème
5,
nous avons(ii)
~(iii)
~(iv).
Pour
conclure,
il nous suffit de montrer que(iv)
#(i).
(iv) ~ (i)
Pour presque
tout t,
on aComme H est un processus
adapté d’opérateurs,
on a, pourtout t, 1 + Ht
1 EPosons kt
=1 + Ht 1, t
E Donc est un processus mesurableadapté
et borné.Quitte
à leremplacer
par saprojection prévisible,
on
peut
le supposerprévisible.
Comme il vérifiek2
=1,
pour presque tout(t, w) ,
le processusW;
=it ks dWs
est un mouvement brownien.Nous
définissons,
presquepartout
surQ,
unendomorphisme T’ préservant
les
martingales :
tel que,
W’ (t)
=Wt (03C9).
Notons T’l’opérateur
de 03A6 associé à l’endo-morphisme T’.
Comme on le
sait,
par(i)
~(iv),
ilexiste
un processusadapté, H’, d’opérateurs
bornés sur 03A6 tel que T’ = I +~0 Hs ds,
sur tout03A6,
avecSoit la
martingale
associée àT’,
nous avonsD’autre
part, T’ Wt
=donc,
pour presquetout s, ks
=1+~1.
Mais comme
ks
= 1+ Hs 1,
pour presque tout s, on aHs
1= Hs 1,
pourpresque tout s. Grâce à la formule donnant
Ht Ws
etHt
onvoit
qu’alors Ht Ws é Ht Ws ,
pour presque tout s t. En utilisant à la formule demultiplication
deH’
et deH,
on aH’tPt
=Ht Pt,
pour toutpolynôme Pt
de Par bornitude deHt
etHt, t
ER+,
et par densité despolynômes
de(Ws )st
danstPtb
on aHt = Ht
sur ER+.
ParAnnales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités
adaptation
des processus H’ etH,
on aHt
=Ht,
pour presque toutt,
cequi permet
de conclure...Nous avons ainsi
complètement
caractérisé lesendomorphismes qui préservent
lesmartingales.
Cette caractérisationa l’avantage
d’êtresimple
et totalement
algébrique.
Nous concluons sur uneapplication
facile.COROLLAIRE 7. - Soit T un
endomorphisme
del’espace
de Wienerqui préserve
lesmartingales.
Soit T l’isométriequi
lui est associée sur Ona donc T = I +
Hs dlls,
sur tout03A6,
pour un processus,(Hdt’2o, d’opérateurs
bornés. Les assertions suivantes sontéquivalentes.
(i)
Latransformation
T admet une version inversible.(ii) L’opérateur
T*vérifie
T*(FG) _ (T* F) (T* G)
pour tousF,
Gdans ~ tels que FG soit aussi dans 1>.
(iii)
Le processusvérifie
Démonstration. - Si T est l’isométrie associée à un
endomorphisme
Tpréservant
lesmartingales,
alors T commute avec lesEt, t
ER+ .
Commeles
Et
sontauto-adjoints, l’opérateur
T* commute aussi avec eux etDonc par le théorème
6,
on a(ii)
~(iii).
(i)~(iu).
Si
T
admet une versioninversible,
alors T estinversible,
avec T* =T -1,
et
T -1
estl’opérateur
associé àl’endomorphisme rf-1. L’opérateur
T*vérifie donc T*
(FG) = (T* F) (T* G),
pour tousF,
G dans ~ tels queFG soit encore dans &. ’ On conclut par le théorème 6.
(iii)
#(i)
Si T* vérifie
(iii)
et les conditions de l’énoncé(entre
autre il commuteavec les
Et , t
EIR+), alors,
par le théorème6,
T* estl’opérateur
associéà un
endomorphisme (préservant
lesmartingales), donc,
enparticulier,
uneisométrie. Ainsi T est
unitaire,
et T inversible(cf. [3])..
Vol. 31, n° 3-1995.
RÉFÉRENCES
[1] S. ATTAL, Characterizations of some operators on Fock space, Quantum Prob. & Rel. Topics VIII, World Scientific, 1993, p. 37-46.
[2] S. ATTAL et P. A. MEYER, Interprétation probabiliste et extension des
intégrales
stochastiquesnon commutatives, Séminaire de probabilités XXVII, Springer Verlag, 1993, p. 312-327.
[3] J. R. CHOKSY, Unitary operators induced by measure preserving transformations, J. Math.
Mech., vol. 16, 1966, p. 83-100.
[4] R. L. HUDSON et K. R. PARTHASARATHY, Quantum Itô’s formula and stochastic evolutions, Comm. Math. Phys., vol. 93, 1984, p. 301-323.
[5] P.-A. MEYER, Éléments de probabilités quantiques, Séminaire de probabilités XX, Springer Verlag, 1986, p. 186-312..
[6] P.-A. MEYER, Quantum probability for probabilists, Springer-Verlag L.N.M. 1538, 1993.
[7] P.-A. MEYER, Quelques remarques au sujet du calcul stochastique sur l’espace de Fock, Séminaire de probabilités XX, Springer Verlag, 1986, p. 321-330.
(Manuscrit reçu le 22 février 1993.)
Annales de l’Institut Henri Poincaré - Probabilités