Master de math´ematiques
premi` ere ann´ ee
ALG` EBRE 1
Premi` ere partie : groupes
Notes de cours de Fran¸cois DUMAS - ann´ ee 2020-2021
Table des mati` eres
1 Groupes ab´eliens finis 1
1.1 Rappels sur les groupes cycliques . . . 1
1.1.1 Ordre d’un sous-groupe, ordre d’un ´el´ement . . . 1
1.1.2 Groupes isomorphes . . . 1
1.1.3 Groupe cyclique . . . 2
1.1.4 Produit direct de groupes . . . 3
1.1.5 Produit direct de groupes cycliques . . . 4
1.2 Structure des groupes ab´eliens finis . . . 5
1.2.1 Exposant d’un groupe ab´elien . . . 5
1.2.2 Dual d’un groupe ab´elien fini . . . 6
1.2.3 Th´eor`eme de Kronecker . . . 7
1.2.4 Facteurs invariants et diviseurs ´el´ementaires . . . 8
1.2.5 Espace hermitien des fonctions complexes sur un groupe ab´elien fini . . . 9
2 Rappels et compl´ements sur les groupes non ab´eliens 11 2.1 Exemples de r´ef´erences . . . 11
2.1.1 Groupes sym´etriques . . . 11
2.1.2 Groupes di´edraux . . . 13
2.1.3 Exemple de groupe quaternionique . . . 13
2.2 Groupes quotients . . . 14
2.2.1 Classes modulo un sous-groupe, indice d’un sous-groupe . . . 14
2.2.2 Sous-groupe normal . . . 14
2.2.3 Quotient d’un groupe par un sous-groupe normal . . . 16
2.2.4 Centre, automorphismes int´erieurs, groupe d´eriv´e . . . 18
2.2.5 Propri´et´e universelle du groupe quotient . . . 18
2.2.6 Sous-groupes d’un groupe quotient . . . 20
2.3 Produit direct ou semi-direct . . . 21
2.3.1 Observations pr´eliminaires . . . 21
2.3.2 Produit direct ou semi-direct (interne) de deux sous-groupes . . . 22
2.3.3 Produit direct ou semi-direct (externe) de deux groupes . . . 23
3 Groupe op´erant sur un ensemble 25 3.1 Groupe op´erant sur un ensemble, exemples . . . 25
3.1.1 Rappel de quelques notions g´en´erales . . . 25
3.1.2 Exemples g´en´eraux d’actions . . . 26
3.2 Equation aux classes, applications auxp-groupes . . . 27
3.2.1 Indice des stabilisateurs . . . 27
3.2.2 Formule de Burnside . . . 29
3.2.3 Equation aux classes pour un groupe fini . . . 29
3.2.4 Applications auxp-groupes . . . 29
3.3 Actions transitives, applications `a la non simplicit´e . . . 30
3.3.1 Exemple fondamental d’action transitive . . . 30
3.3.2 Th´eor`eme de Frobenius . . . 31
4 Th´eor`emes de Sylow et applications 33 4.1 Les th´eor`emes de Sylow . . . 33
4.1.1 Premier th´eor`eme de Sylow . . . 33
4.1.2 Sous-groupes de Sylow . . . 34
4.1.3 Second th´eor`eme de Sylow . . . 35
4.2 Exemples d’applications . . . 36
4.2.1 Sous-groupes de Sylow d’un groupe ab´elien . . . 36
4.2.2 Quelques r´esultats de non-simplicit´e . . . 37
4.2.3 Quelques r´esultats de classification . . . 40
5 Groupe sym´etrique, groupe altern´e 43 5.1 D´ecomposition en cycles disjoints . . . 43
5.1.1 Support et orbites . . . 43
5.1.2 Cycles . . . 44
5.2 Simplicit´e deAn pourn≥5 . . . 46
5.2.1 G´en´erateurs du groupe altern´e. . . 46
5.2.2 Simplicit´e du groupe altern´e . . . 46
5.3 Une approche directe des questions de r´esolubilit´e . . . 48
5.3.1 Sous-groupes normaux deSn . . . 48
5.3.2 Suites normales deSn . . . 49
6 Groupes r´esolubles 51 6.1 Suites normales et groupes r´esolubles . . . 51
6.1.1 Groupes d´eriv´es successifs . . . 51
6.1.2 Notion de groupe r´esoluble. . . 52
6.1.3 Caract´erisation de la r´esolubilit´e par les suites de compositions et les suites normales. 52 6.1.4 Exemples de groupes r´esolubles . . . 53
6.1.5 Quelques compl´ements sur la notion de groupe r´esoluble . . . 55
6.2 Suites de Jordan-H¨older et groupes r´esolubles . . . 55
6.2.1 Notion de suite de Jordan-H¨older . . . 55
6.2.2 Exemples de suites de Jordan-H¨older. . . 56
6.2.3 Caract´erisation de la r´esolubilit´e d’un groupe fini par les suites de Jordan-H¨older. 57 6.2.4 A propos du th´eor`eme de Jordan-H¨older. . . 58
version provisoire du 6 juillet 2020
Ces notes correspondent au programme d’une unit´e d’enseignement de premi`ere ann´ee de master. Elles ne constituent pas un cours d’alg`ebre autonome et complet sur les notions pr´esent´ees, mais s’ins`erent entre le contenu d’enseignements pr´ealables de licence et d’enseignements ult´erieurs pour le master ou l’agr´egation. Elles incluent donc autour des r´esultats principaux `a fois quelques rappels synth´etiques sur des pr´erequis essentiels et quelques compl´ements ouvrant sur des prolongements possibles.
Le mode de r´edaction n’est pas celui d’un trait´e, mais de simples notes destin´ees `a servir de support au travail personnel des ´etudiants, `a compl´eter ´evidemment par des exercices et des probl`emes.
Les ouvrages d’enseignement en fran¸cais sur ces sujets classiques sont nombreux, et ces notes les utilisent.
Citons entre autres :
Serge Lang,Alg`ebre, ´editions Dunod,
Patrice Tauvel,Alg`ebre (agr´egation, master), ´editions Dunod, Daniel Perrin,Cours d’alg`ebre, ´editions Ellipses,
Collectif (sous la direction de Aviva Szpirglas),Math´ematiques Alg`ebre, ´editions Pearson, Jean Delcourt,Th´eorie des groupes, ´editions Dunod,
Josette Calais,El´ements de th´eorie des groupes, ´editions PUF, Josette Calais,El´ements de th´eorie des anneaux, ´editions PUF, Jean Querr´e,Cours d’alg`ebre, ´editions Masson,
Daniel Guin,Alg`ebre, tome 1 : groupes et anneaux, ´editions Belin.
Ces notes contiennent immanquablement des coquilles ou des erreurs. Merci de m’en faire part.
Francois.Dumas@uca.fr
Chapitre 1
Groupes ab´ eliens finis
1.1 Rappels sur les groupes cycliques
1.1.1 Ordre d’un sous-groupe, ordre d’un ´ el´ ement
D´ efinitions. Un groupe G est dit
finilorsqu’il n’a qu’un nombre fini d’´ el´ ements. Dans ce cas, le nombre d’´ el´ ements de G est appel´ e l’ordre de G. On le note o(G), ou encore
|G|. C’est unentier naturel non-nul.
Th´ eor` eme de Lagrange. Soit H un sous-groupe d’un groupe fini G. Alors H est fini, et l’ordre de H divise l’ordre de G.
Preuve.Notons|G|=n. Il est clair queH est fini. Notons|H|=m. Pour toutx∈G, notons xH ={xy;y∈H}la classe dex`a gauche moduloH. Il est facile de v´erifier que l’ensemble des classes xH lorsque x d´ecrit G est une partition de G. Comme chaque classe xH est d’ordrem, on conclut quenest ´egal au produit dempar le nombre de classes distinctes.
Proposition et d´ efinition. Soit G un groupe fini. Pour tout x
∈G distinct du neutre e, il existe un entier n
≥2 unique tel que :
x
n= e et x
k 6=e pour tout 1
≤k < n.
Le sous-groupe de G engendr´ e par x est alors :
hxi
=
{e, x, x2, x
3, . . . , x
n−1}.L’entier n est l’ordre du sous-groupe
hxiet est appel´ e l’ordre de l’´ el´ ement x de G. On le note
|x|. C’est un diviseur de l’ordre de
G. Dans le cas o` u x = e, on a
hei=
{e}, et|e|= 1.
Preuve.Evidente, laiss´ee au lecteur (voir le cours de L3).
1.1.2 Groupes isomorphes
D´ efinition. Deux groupes G
1et G
2sont dits
isomorpheslorsqu’il existe un isomorphisme de groupes de l’un sur l’autre.
• Remarques. Lorsque deux groupes sont isomorphes : si l’un est ab´elien, alors l’autre l’est aussi ; si l’un est fini, l’autre l’est aussi et ils sont de mˆeme ordre ; ils ont le mˆeme nombre de sous-groupes d’ordre donn´e ; leurs centres, leurs groupes d´eriv´es, leurs groupes d’auto- morphismes,... sont isomorphes. Deux groupes finis de mˆeme ordre sont isomorphes si et seulement si leur tables sont identiques `a une permutation pr`es des ´el´ements.
• Exemple. Soit G1 le groupe des racines quatri`emes de l’unit´e dans C. On a : G1 = {1, i,−1,−i}. La loi de groupe est ici la multiplication des complexes.
SoitG2 le groupe des rotations affines du plan euclidien conservant un carr´e. Il est constitu´e de la rotationrde centre le centre O du carr´e et d’angle π2, de la sym´etrie centralesde centre O, de la rotationr0 de centre O et d’angle−π2, et de l’identit´e id. On a : G2 ={id, r, s, r0}.
La loi de groupe est ici la loi◦de composition des applications.
SoitG3le groupeZ/4Zdes classes de congruences modulo 4. On a :G3={0,1,2,3}. La loi de groupe est ici l’addition des classes de congruence.
G1 1 i −1 −i
1 1 i −1 −i
i i −1 −i 1
−1 −1 −i 1 i
−i −i 1 i −1
G2 id r s r0 id id r s r0 r r s r0 id s s r0 id r r0 r0 id r s
G3 0 1 2 3
0 0 1 2 3
1 1 2 3 0
2 2 3 0 1
3 3 0 1 2
Il est clair qu’ils sont isomorphes, via les isomorphismes :
17→id7→0, i7→r7→1, −17→s7→2, −i7→r07→3.
• Exemple.Il est bien connu (voir cours de L3) qu’il n’existe `a isomorphisme pr`es que deux groupes d’ordre 4. L’un est le groupe cyclique d’ordre 4, not´eC4 (voir ci-dessous), l’autre est appel´e groupe de Klein, not´eV. Les deux sont ab´eliens.
C4 e a b c e e a b c
a a b c e
b b c e a
c c e a b
V e a b c e e a b c a a e c b b b c e a c c b a e
D’une part C4={e, a, b, c} avecb=a2 et c=a3=a−1; il contient, outre le neutre d’ordre 1, deux ´el´ements d’ordre 4 et un ´el´ement d’ordre 2. D’autre partV ={e, a, b, c}avecb=ac et c=ab; il contient, outre le neutre d’ordre 1, trois ´el´ements d’ordre 2.
1.1.3 Groupe cyclique
D´ efinition. Un groupe fini est dit
cycliquelorsqu’il est engendr´ e par un ´ el´ ement.
Remarques.
1. Dire qu’un groupe fini G d’ordre n est cyclique signifie qu’il existe dans G un ´ el´ ement a qui est d’ordre n, de sorte que G =
hai=
{e, a, a2, . . . , a
n−1}.2. Un groupe cyclique est n´ ecessairement ab´ elien.
3. Pour tout entier n
≥1, il existe ` a isomorphisme pr` es un unique groupe cyclique d’ordre n, not´ e C
n. Ce groupe C
nest isomorphe par exemple au groupe multiplicatif
Undes racines n-i` emes de l’unit´ e dans
C, ou encore au groupe additif
Z/n
Zdes classes de congruences modulo n, ou encore ` a beaucoup d’autres groupes que l’on rencontre dans divers domaines des math´ ematiques.
Pour certaines valeurs de n, il existe des groupes ab´ eliens non cycliques. On a vu par exemple
ci-dessus que pour n = 4, le groupe de Klein V n’est pas cyclique puisqu’il ne contient pas
d’´ el´ ements d’ordre 4. Le th´ eor` eme suivant montre au contraire que, pour certaines valeurs de n,
le groupe C
nest ` a isomorphisme pr` es le seul groupe d’ordre n.
Th´ eor` eme. Tout groupe fini d’ordre premier est cyclique.
En d’autres termes, pour tout nombre premier p, il existe ` a isomorphisme pr` es un et un seul groupe d’ordre p, qui est le groupe cyclique (donc ab´ elien) C
p.
Preuve.Soientpun nombre premier etGun groupe d’ordrep. Soitaun ´el´ement deGdistinct du neutree. Consid´erons dansGle sous-groupehaiengendr´e para. D’apr`es le th´eor`eme de Lagrange, son ordre |a|divise p. Comme pest premier, on ne peut avoir que deux cas : ou bien|a|= 1, mais alorsa=e, ce qui est exclu ; ou bien|a|=p, mais alorshaiest inclus dans Get de mˆeme ordre queG, donc il est ´egal `a G. On conclut queG=haiest cyclique.
Questions. SoitCn ={e, a, a2, . . . , an−1} le groupe cyclique d’ordre n. Peut-on d´eterminer parmi ses ´el´ements ceux qui engendrentCn(outreabien entendu) ? Peut-on d´eterminer tous ses sous-groupes ? Prenons par exemple n= 6. DansC6={e, a, a2, a3, a4, a5}, les diff´erents
´
el´ements engendrent les sous-groupes suivants :hei={e}d’ordre 1,ha3i={e, a3}d’ordre 2, ha2i=ha4i={e, a2, a4} d’ordre 3, ethai=ha5i={e, a, a2, a3, a4, a5}d’ordre 6. La derni`ere
´
egalit´e provient du fait que (a5)2=a4, (a5)3=a3, (a5)4=a2, et (a5)6=e.
Le r´ esultat g´ en´ eral est le suivant :
Proposition. Soit n un entier naturel non-nul. Soit C
n=
hai=
{e, a, a2, . . . , a
n−1}le groupe cyclique d’ordre n.
(i) Pour tout diviseur d de n, il existe un et un seul sous-groupe d’ordre d de C
n; il est cyclique, engendr´ e par a
kpour k =
nd.
(ii) Les g´ en´ erateurs de C
nsont tous les ´ el´ ements a
ktels que k et n sont premiers entre eux.
Preuve. Repose sur des consid´erations simples d’arithm´etique ´el´ementaire, en particulier le th´eor`eme de B´ezout pour le point (ii). Laiss´ee au lecteur (voir le cours de L3).
1.1.4 Produit direct de groupes
Proposition et d´ efinition. Soit r un entier naturel non-nul. Soient G
1, G
2, . . . , G
rdes groupes, d’´ el´ ements neutres respectifs e
1, e
2, . . . , e
r. Le produit cart´ esien :
r
Q
i=1
G
i= G
1×G
2× · · · ×G
r=
{(x1, x
2, . . . , x
r), x
1∈G
1, x
2 ∈G
2, . . . , x
r∈G
r}est un groupe pour la loi d´ efinie par :
(x
1, x
2, . . . , x
r).(y
1, y
2, . . . , y
r) = (x
1y
1, x
2y
2, . . . , x
ry
r) pour tous x
i, y
i∈G
i, 1
≤i
≤r.
Ce groupe est appel´ e le produit direct des groupes G
i. Son ´ el´ ement neutre est (e
1, e
2, . . . , e
r).
Preuve.Simple v´erification, vue en L3 et laiss´ee au lecteur.
Remarques. Il est clair que : 1. le produit direct
Qri=1
G
iest fini si et seulement si G
iest fini pour tout 1
≤i
≤r, et l’on a alors
|Qri=1
G
i|=
Qri=1|Gi|
; 2. le produit direct
Qri=1
G
iest ab´ elien si et seulement si G
iest ab´ elien pour tout 1
≤i
≤r ; 3. le produit direct
Qri=1
G
iest isomorphe au produit direct
Qri=1
G
σ(i)pour tout permutation
σ des indices
{1,2, . . . , r}.
Rappelons (en l’´ enon¸cant seulement dans le cas ab´ elien) le r´ esultat suivant, qui sera utile un peu plus loin.
Lemme. Soient G
1et G
2deux groupes ab´ eliens et G = G
1 ×G
2leur produit direct. Soient H = G
1× {e2}et K =
{e1} ×G
2. Alors :
(i) H et K sont deux sous-groupes de G, avec H
'G
1, K
'G
2, et H
∩K =
{(e1, e
2)} ; (ii) tout ´ el´ ement g
∈G s’´ ecrit de fa¸ con unique g = hk avec h
∈H et k
∈K ;
(iii) G/H
'K
'G
2.
Preuve.Simple v´erification, vue en L3 et laiss´ee au lecteur.
1.1.5 Produit direct de groupes cycliques
La question ´ etudi´ ee ici est celle de savoir ` a quelles conditions un produit de groupes cycliques est cyclique.
Th´ eor` eme (dit th´ eor` eme des restes chinois). Soient G
1, G
2, . . . , G
rdes groupes cycliques d’ordres respectifs n
1, n
2, . . . , n
r. Alors, le produit direct
Qri=1
G
iest cyclique si et seulement si les entiers n
isont deux ` a deux premiers entre eux.
Preuve.Pour tout 1≤i≤r, notonsGi=haii 'Cniavecaid’ordreni. PosonsG:=Qr i=1Gi
et e= (e1, e2, . . . , en) son ´el´ement neutre. Supposons que les ni sont deux `a deux premiers entre eux. Consid´erons dans G l’´el´ement x = (a1, a2, . . . , ar). Quel que soit k ∈ Z, on a xk = e si et seulement si aki = ei pour tout 1 ≤ i ≤ r, ce qui ´equivaut `a dire que k est multiple de chaqueni, et donc de leur ppcm. Or ce ppcm est ici le produitN:=n1n2. . . nr. DoncxN =eetxk 6=epour tout 1≤k < N. On conclut que l’´el´ementxest d’ordreN dans G. Or on sait queGest form´e deN ´el´ements ; on conclut queG=hxi 'CN. La r´eciproque est laiss´ee au lecteur (voir cours de L3).
Remarque. Avec les notations multiplicatives utilis´ ees ici, le th´ eor` eme s’´ enonce sous la forme : C
n1×C
n2 × · · · ×C
nr 'C
n1n2...nr ⇐⇒les n
isont deux ` a deux premiers entre eux.
Avec les notations additives usuelles en arithm´ etique, le th´ eor` eme s’´ enonce sous la forme :
r
Q
i=1
(
Z/n
iZ)
' Z/(n
1n
2. . . n
r)
Z ⇐⇒les n
isont deux ` a deux premiers entre eux.
Lemme (th´ eor` eme de Cauchy dans le cas ab´ elien). Soit G est un groupe fini ab´ elien. Alors, pour tout diviseur premier p de l’ordre de G, il existe un ´ el´ ement de G d’ordre p.
Preuve. Consid´erons x1, . . . , xr une famille finie de g´en´erateurs de G. NotonsGi le groupe cyclique engendr´e par xi pour tout 1 ≤ i ≤ r. Parce que G est ab´elien, l’application ϕ : Πri=1Gi→Gqui `a toutr-uplet (y1, y2,· · · , yr) associe le produity1y2· · ·yrest un morphisme de groupes surjectif. Donc en utilisant le premier th´eor`eme d’isomorphisme sur les groupes (voir cours de L3), l’ordre deGdivise l’ordre du groupe produit Πri=1Gi. Donc tout diviseur premier p de |G| divise |Gi| pour un indice 1 ≤ i ≤ r au moins, ce qui implique qu’une puissance dexi est d’ordrepdansG.
On verra plus tard au corollaire 4.1.1 que ce r´ esultat reste vrai pour tout groupe fini mˆ eme non
ab´ elien.
1.2 Structure des groupes ab´ eliens finis
1.2.1 Exposant d’un groupe ab´ elien
• Remarque pr´eliminaire.On sait d’apr`es le th´eor`eme de Lagrange que, dans un groupe fini G, l’ordre de tout ´el´ementg (c’est-`a-dire l’ordre du groupe cyclique engendr´e par g) est un diviseur de l’ordre de G. On sait aussi que r´eciproquement, si d est un diviseur donn´e de l’ordre de G, il n’existe pas forc´ement dans G d’´el´ement d’ordre d(par exemple, voir plus loin en 2.1.1, le groupe altern´e A4 d’ordre 12 contient le neutre e qui est d’ordre 1, trois
´
el´ements d’ordre 2 qui sont les produits de deux transpositions disjointes, et huit 3-cycles : il ne contient donc pas d’´el´ement d’ordre 4 ni d’ordre 6). D’o`u le sens de la d´efinition suivante.
D´ efinition. Soit G un groupe fini. On appelle
exposantde G le plus petit entier strictement positif n tel que g
n= e pour tout g
∈G.
Propri´ et´ es imm´ ediates. Il est clair que :
X
l’exposant de G est le ppcm des ordres des ´ el´ ements de G,
Xl’ordre de tout ´ el´ ement de G divise l’exposant de G,
Xl’exposant de G est un diviseur de l’ordre de G.
Le groupe altern´ e A
4d’ordre 12 est d’exposant 6 et ne contient pas d’´ el´ ement d’ordre 6 ; c’est un fait qui ne peut pas se produire pour un groupe fini ab´ elien d’apr` es la proposition suivante.
Proposition. Si G est un groupe fini ab´ elien, alors l’exposant de G est le maximum des ordres des ´ el´ ements de G ; en particulier, il existe alors au moins un ´ el´ ement de G dont l’ordre est ´ egal
`
a l’exposant de G.
Preuve.SupposonsGab´elien fini. Soientg ethdeux ´el´ements de Gd’ordres respectifs`et m premiers entre eux. D’une part (gh)`m = (g`)m(hm)` =e, donc l’ordre degh divise`m.
D’autre part, si k est un entier tel que (gh)k =e, alors l’´el´ement gk =h−k appartient `a la fois au groupe cyclique hgi d’ordre` et au groupe cyclique hhi d’ordrem, et donc vaut e puisque`etmsont premier entre eux ; il en r´esulte quekest un multiple de`et un multiple dem, donc un multiple de leur ppcm`m. On conclut que l’ordre deghest ´egal `a `m.
Ceci ´etant, appelons n le maximum des ordres des ´el´ements de G, et g un ´el´ement de G dont l’ordre vautn. Notons par ailleursN le ppcm des ordres des ´el´ements deG, c’est-`a-dire l’exposant deG. Puisqueg est d’ordren, il est clair quendiviseN.
Par l’absurde, supposons qu’il existe un ´el´ementh∈Gdont l’ordreqne soit pas un diviseur de n. Il existerait alors un nombre premierpet des entiers n0, q0, α, β tels que n=pαn0 et q=pβq0 avecpqui ne divise nin0 ni q0, etβ > α. Les ´elements gpα ethq0 seraient d’ordres respectifsn0etpβ, qui sont premiers entre eux. En appliquant la premi`ere ´etape de la preuve, l’´el´ement gpαhq0 serait dordrepβn0 > n, ce qui serait contradictoire avec la d´efinition de n.
Ainsi l’ordre de tout ´el´ement deGdivisen, doncnest un multiple du ppcmN. On conclut quen=N, ce qui ach`eve la preuve.
Remarque. Si G est un groupe fini ab´ elien, alors l’exposant de G a exactement les mˆ emes diviseurs premiers que l’ordre de G.
En effet, cela r´esulte directement du lemme final de 1.1.5 et des propri´et´es imm´ediates de l’exposant.
En d’autres termes, si
|G|= p
α11· · ·p
αssest la d´ ecompositon de
|G|en produit de facteurs
premiers, avec α
i ≥1 pour tout 1
≤i
≤s, alors l’exposant de G est de la forme = p
β11· · ·ps
βsavec 1
≤β
i≤α
ipour tout 1
≤i
≤s.
1.2.2 Dual d’un groupe ab´ elien fini
D´ efinition et proposition. Pour tout groupe fini G (ab´ elien ou non), on appelle caract` ere de G tout morphisme de groupes de G dans le groupe multiplicatif
C∗. Les caract` eres de G forment un groupe ab´ elien fini appel´ e le dual de G et not´ e G.
bPreuve. Notons n l’ordre de G. Soitχ un caract`ere deG. Pour toutg ∈G, on a χ(g)n = χ(gn) = χ(e) = 1, ce qui prouve que l’image de χ est un sous-groupe du groupe Un des racines n-i`emes de l’unit´e dansC. L’ensemble Gb des caract`eres de Gest donc inclus dans l’ensembleUGn des applications deGdansUn.
Une cons´equence de cette observation est que, pour tout g ∈ G, on a |χ(g)| = 1 donc χ(g)−1 = χ(g). En d´efinissant naturellement le produit de deux caract`eres χ et χ0 par χχ0(g) =χ(g)χ0(g) pour toutg∈G, on obtient surGbune structure de groupe ab´elien, dont le neutre est le caract`ereχ0qui `a toutg∈Gassocie 1, et tel que l’inverseχ−1d’un caract`ere χ associe `a toutg∈Gle complexeχ−1(g) =χ(g).
Enfin, en rappelant que l’ensemble FE des applications d’un ensemble finiE dans un en- semble fini F est fini de cardinal (cardF)cardE, il est clair queGb est fini d’ordre≤nn.
Lemme. Si G est un groupe cyclique, ou plus g´ en´ eralement un produit direct de groupes cy- cliques, alors le groupe dual G
best isomorphe ` a G.
Preuve.Supposons queG'Cnest cyclique d’ordren. NotonsG=hai={e, a, a2, . . . , an−1} o`ua est un g´en´erateur deG. Il est clair qu’un caract`ere χ deGest enti`erement d´etermin´e par la donn´ee de la valeurχ(a), puisqu’alorsχ(ak) =χ(a)k pour tout ´el´ement ak∈Gavec 0≤k≤n−1. Le morphisme d’´evaluationGb→Un, χ7→χ(a) est donc bijectif, et d´etermine un isomorphisme entre Gbet Un.
Consid´erons maintenant deux groupes ab´eliens finisGetH, et leur produit directG×H. Il est facile de v´erifier directement que l’applicationφ:G\×H →Gb×Hb d´efinie par :
φ(χ)(g, h) = (χ(g, eH), χ(eG, h)) pour toutχ∈G\×H et tout (g, h)∈G×H est un morphisme de groupes, et qu’il est bijectif de bijection r´eciproqueφ−1d´efinie par :
φ−1(χ1, χ2)(g, h) = (χ1(g), χ2(h)) pour tous (χ1, χ2)∈Gb×Hb et tout (g, h)∈G×H. On a donc un isomorphisme G\×H ' Gb×H, ce qui ach`b eve la preuve en appliquant la premi`ere ´etape.
Ce lemme est en fait une ´ etape vers le r´ esultat plus g´ en´ eral que l’on montrera plus loin en 1.2.3 suivant lequel l’isomorphisme entre G et G
best vrai pour tout groupe ab´ elien fini. On a pour cela besoin d’un autre r´ esultat interm´ ediaire non trivial, qui est le lemme suivant.
Lemme (dit lemme de prolongement des caract` eres). Soient G un groupe ab´ elien fini, et H un sous-groupe de G. Alors tout caract` ere de H se prolonge en un caract` ere de G. En d’autres termes, l’application canonique de restriction G
b→H
best surjective.
Preuve. On proc`ede par r´ecurrence sur l’indice r= [G:H] de H dans G. Rappelons que r est l’ordre du groupe quotientG/H. Sir= 1, alorsH=Get le r´esultat est clair. Supposons r≥2 et supposons le r´esultat du lemme vrai pour tous les sous-groupes d’indice strictement inf´erieur `a r. CommeH 6=G, on peut choisir un ´el´ement g ∈G tel que g /∈H. SoitK le sous-groupe deGengendr´e parH et parg. Le principe de la preuve consiste `a construire pour tout caract`ereχ deH un caract`ere χ0 deK prolongeantχ. Puisque [G:K]<[G:H] =r,
on peut alors appliquer `a Kl’hypoth`ese de r´ecurrence pour prolongerχ0 en un caract`ereχ00 deG.
Comme G/H est d’ordre r, on agr ∈H; notons m le plus petit entier strictement positif tel quegm∈H, c’est-`a-dire l’ordre deg dansG/H, qui divise doncr. Puisquegm∈H, on peut consid´ererω=χ(gm)∈C∗. Tout ´el´ement dek∈Kpeut s’´ecrire sous la formek=hg` avech∈H et `entier tel que 0≤` < m. Cette ´ecriture est unique car si hg`=h0g`0, alors g`−`0 =h0h−1 ∈ H, d’o`u `−`0 = 0 par minimalit´e de m, et finalement ` = `0 et h= h0. On pose alorsχ0(k) =χ0(hg`) =χ(h)ζ` o`uζd´esigne une racinem-i`eme deωarbitrairement choisie, ce qui d´efinit bien une applicationχ0 :K→C∗ dont la restriction `a H est χ.
Pour montrer que χ0 un morphisme de groupes, consid´erons deux ´el´ements quelconques k, k0 ∈K. Il existeh, h0∈H et `, `0∈ {0,1, . . . , m−1} tels quek=hg` et k0=h0g`0. Parce queGest ab´elien, on akk0=hh0g`+`0. Deux cas sont possibles. Si 0≤`+`0< m, on calcule directement :
χ0(kk0) =χ0(hh0g`+`0) =χ(hh0)ζ`+`0 =χ(h)χ(h0)ζ`ζ`0 =χ(h)ζ`χ(h0)ζ`0 =χ0(k)χ0(k0).
Si m≤`+`0<2m, alors 0≤`+`0−m < m, et on calcule en utilisant le fait quegm∈H : χ0(kk0) =χ0(hh0g`+`0) =χ0(hh0gmg`+`0−m) =χ(hh0gm)ζ`+`0−m=χ(h)χ(h0)χ(gm)ζ`+`0−m, puis comme χ(gm) =ζm:
χ0(kk0) =χ(h)χ(h0)ζmζ`+`0−m=χ(h)χ(h0)ζ`+`0 =χ0(k)χ0(k0).
On a ainsi montr´e queχ0 est un caract`ere deKqui prolongeχ. On applique l’hypoth`ese de r´ecurrence pour conclure, comme indiqu´e au d´ebut de la preuve, qu’il existe un caract`ereχ00 deGdont la restriction `aK estχ0, et donc dont la restriction `aH estχ.
1.2.3 Th´ eor` eme de Kronecker
Th´ eor` eme et d´ efinition. Soit G un groupe ab´ elien fini d’ordre n
≥2. Il existe un unique entier r
≥1 et des entiers d
1, . . . , d
r≥2 uniques, dont le produit vaut n, et qui v´ erifient :
(1) d
idivise d
i+1pour tout 1
≤i
≤r
−1,
(2) G est isomorphe au produit direct de groupes cycliques C
d1 ×C
d2× · · · ×C
dr.
On dit que ces entiers d
1, d
2, . . . , d
r, qui caract´ erisent G ` a isomorphisme pr` es, forment la suite des facteurs invariants de G.
Preuve : On proc`ede par r´ecurrence sur l’ordre deG. Si Gest d’ordre 2, alors G 'C2 et le r´esultat est ´evident. Consid´erons maintenant un groupeGd’ordren≥3 et supposons le th´eor`eme vrai pour tout groupe d’ordre strictement inf´erieur `a n.
D´esignons pard l’exposant deG. D’apr`es la proposition 1.2.1, il existe dansGun ´el´ement xd’ordre d. Le groupe cyclique H =hxi est isomorphe au sous-groupe Ud de C∗. Prenons un isomorphisme de groupes χ : H →Ud; c’est en particulier un caract`ere deH. D’apr`es le second lemme de 1.2.2, il existe un caract`ere χedeGprolongeantχ. Parce que d’apr`es la proposition 1.2.1 tout ´el´ement deGest d’ordre divisantd, le caract`ereχeest en fait `a valeurs dans Ud; il d´efinit donc un morphisme de groupes χe : G → Ud. Ceci permet d’introduire l’application :
φ : G → (G/H)×H g 7→ (g , χ−1◦χ(g))e .
Il est clair queφest un morphisme de groupes. Soitg∈Kerφ. On ag=ec’est-`a-direg∈H, doncχ(g) =e χ(g), donc χ−1(χ(g)) =e g, d’o`u g=e. Ainsiφ est injectif. Les groupes finisG
et (G/H)×H ´etant de mˆeme ordre, cela suffit pour d´eduire queφest bijectif, et d´etermine donc un isomorphisme de groupes deGsur (G/H)×H.
Puisque|G/H|<|G|, l’hypoth`ese de r´ecurrence implique l’existence d’entiersd1, d2, . . . , dr−1 sup´erieurs ou ´egaux `a 2 tels quedi divise di+1 etG/H'Cd1×Cd2× · · · ×Cdr−1. On pose de plusdr=d. CommeH 'Cdr, il vient :
G'(G/H)×H 'Cd1×Cd2× · · · ×Cdr−1×Cdr.
Il est clair que, si l’on d´esigne paraun g´en´erateur du groupeCdr−1 et parei l’´el´ement neutre deCdi pour tout 1≤i≤r, l’´el´ement (e1, e2, . . . , er−2, a, er) est d’ordredr−1. On a d´ej`a vu que l’ordre de tout ´el´ement deGdivise l’exposantdr, donc icidr−1 divisedr, ce qui ach`eve la preuve de l’existence de la d´ecomposition.
Pour l’unicit´e, supposons qu’il existe un isomorphisme de groupes θ de G sur un produit de groupes cycliques Cn1 ×Cn2 × · · · ×Cns avec s ≥ 1 et ni qui divise ni+1 pour tout 1≤i≤s−1. Pour tout 1≤i≤s, notonsai un g´en´erateur de Cni etei l’´el´ement neutre de Cni. Il est clair que l’´el´ement (e1, . . . , es−1, asest d’ordrensdansK. De plusanis =eipour tout 1≤i≤spuisque ni divisens; il en r´esulte que tout ´el´ement deKest d’ordre inf´erieur ou ´egal `a ns. En d’autres termesnsest l’exposant deK. On en d´eduit via l’isomorphismeθ quens=dr et donc :
Cd1×Cd2× · · · ×Cdr−1×Cdr 'Cn1×Cn2× · · · ×Cns−1×Cdr, d’o`u il r´esulte par passage au quotient (voir point (iii) du lemme 1.1.4) que :
Cd1×Cd2× · · · ×Cdr−1 'Cn1×Cn2× · · · ×Cns−1.
L’hypoth`ese de r´ecurrence permet alors de conclure ques−1 =r−1 et ni=di pour tout 1≤i≤r−1, ce qui ach`eve la preuve.
Corollaire. Pour tout groupe ab´ elien fini G , le groupe dual G
best isomorphe ` a G.
Preuve.R´esulte imm´ediatement du th´eor`eme pr´ec´edent et du premier lemme de 1.2.2.
1.2.4 Facteurs invariants et diviseurs ´ el´ ementaires
I
En utilisant le th´ eor` eme ci-dessus et le th´ eor` eme des restes chinois, on d´ eduit par exemple qu’il existe ` a isomorphisme pr` es quatre groupes ab´ eliens d’ordre 36, qui sont :
C
36'C
9×C
4, C
3×C
12'C
3×C
3×C
4,
C
2×C
18'C
2×C
2×C
9, C
6×C
6'C
3×C
3×C
2×C
2'C
6×C
3×C
2, ou encore que tous les groupes ab´ eliens d’ordre
≤12 sont, ` a isomorphisme pr` es, donn´ es par :
n= 1 C1
n= 2 C2
n= 3 C3
n= 4 C4 C2×C2
n= 5 C5
n= 6 C6'C2×C3
n= 7 C7
n= 8 C8 C2×C4 C2×C2×C2
n= 9 C9 C3×C3
n= 10 C10'C2×C5
n= 11 C11
n= 12 C12'C3×C4 C2×C6'C2×C2×C3
I
Plus g´ en´ eralement, si l’on consid` ere un groupe ab´ elien fini G donn´ e par sa d´ ecomposition suivant les facteurs invariants d
1, . . . , d
r, on peut d´ ecomposer chaque groupe cyclique C
dien produit de groupes cycliques dont l’ordre est une puissance d’un nombre premier. En notant d
i=
Qj
p
αji,jla d´ ecomposition en facteurs premiers de d
i, les entiers d
ij= p
αji,js’appellent les
diviseurs´
el´ementaires
de G. Le th´ eor` eme des restes chinois permet de passer de la d´ ecomposition suivant
les facteurs invariants ` a la d´ ecomposition suivant les diviseurs ´ el´ ementaires et r´ eciproquement.
Sans formaliser d’´ enonc´ e sur ce point, donnons quelques exemples.
Consid´ erons le groupe G = C
54×C360d’ordre 19440. On a C
54'C
2×C27et C
360'C
8×C9×C5. La suite des diviseurs ´ el´ ementaires de G est 2, 2
3, 3
2, 3
3, 5. On en d´ eduit les facteurs invariants d
1= 2
×3
2×5
0= 18 qui divise d
2= 2
3×3
3×5 = 1080, d’o` u la d´ ecomposition G
'C
18×C
1080. Soit G un groupe ab´ elien d’ordre 360. On d´ eduit de 360 = 2
3×3
2×5 les diff´ erentes possibilit´ es pour les diviseurs ´ el´ ementaires et les facteurs invariants de G ; ` a isomorphisme pr´ es, six cas sont possibles :
C
8×C
9×C
5'C
360C
8×C
3×C
3×C
5'C
3×C
120C
2×C
4×C
9×C
5'C
2×C
180C
2×C
4×C
3×C
3×C
5'C
6×C
60C
2×C
2×C
2×C
9×C
5'C
2×C
2×C
90C
2×C
2×C
2×C
3×C
3×C
5'C
2×C
6×C
30Citons pour finir ` a titre d’exemple une autre application du th´ eor` eme de Kronecker, qui est la version simple (dans le cas des groupes ab´ eliens) d’un r´ esultat important de la th´ eorie des caract` eres pour les groupes finis quelconques.
1.2.5 Espace hermitien des fonctions complexes sur un groupe ab´ elien fini Soit G un groupe fini. On note
CGl’ensemble des applications de G dans
C. C’est de fa¸con
´
evidente un espace vectoriel de dimension finie n =
|G|. Il est bien connu et facile de v´erifier que
CGest muni d’un produit hermitien d´ efini par :
hϕ, ψi
=
|G|1 Pg∈G
ϕ(g)ψ(g), pour tous ϕ, ψ
∈CG. Proposition. Soit G un groupe fini. Avec les notations ci-dessus :
(i) le groupe dual G
best une famille orthonormale dans
CG;
(ii) si de plus G est ab´ elien, le groupe dual G
best une base orthonormale de
CG.
Preuve.Rappelons (voir 1.2.2) que, dans le groupeGb :(l’´el´ement neutreχ0est le caract`ere constant ´egal `a 1, l’inverseχ−1d’un caract`ereχ est ´egal au conjugu´eχ deχ.
Pour tous χ, χ0 ∈ G, on ab hχ, χ0i=hχ0, χχ0i=hχ0, χ−1χ0i. Commehχ0, χ0i= 1, il suffit pour montrer (i) de v´erifier quehχ0, χi= 0 pour toutχ∈Gbdistinct deχ0.
Soit donc χun caract`ere de Gdistinct deχ0. Il existeh∈Gtel queχ(h)6= 1. On calcule : χ(h)hχ0, χi=χ(h)|G|1 P
g∈G
χ(g) =|G|1 P
g∈G
χ(h)χ(g) = |G|1 P
g∈G
χ(hg) = |G|1 P
g0∈G
χ(g0).
Doncχ(h)hχ0, χi=hχ0, χi, d’o`uhχ0, χi= 0, ce qui montre le r´esultat voulu.
Puisque la famille form´ee des ´el´ements deGb est orthonormale, elle est libre. Si l’on suppose de plus que Gest ab´elien, il r´esulte du corollaire 1.2.3 que le cardinal de cette famille est
´
egale `a|G|, qui n’est autre que la dimension deCG, de sorteGb est une base deCG.
Chapitre 2
Rappels et compl´ ements sur les groupes non ab´ eliens
2.1 Exemples de r´ ef´ erences
2.1.1 Groupes sym´ etriques
Proposition et d´ efinition. Pour tout entier n
≥1, l’ensemble des bijections d’un ensemble fini ` a n ´ el´ ements sur lui-mˆ eme est un groupe fini d’ordre n! pour loi
◦. On l’appelle len-i` eme groupe sym´ etrique et on le note S
n. Les ´ el´ ements de S
nsont appel´ es les permutations sur n
´
el´ ements.
Preuve.Vue en L3 ; `a r´eviser.
Exemple. Pour n = 1, le groupe S
1est le groupe trivial
{e}d’ordre 1. Pour n = 2, le groupe S
2est d’ordre 2, donc S
2= C
2=
{e, τ}o` u e = (
1 21 2) et τ = (
1 22 1), qui v´ erifie bien τ
2= e.
Exemple. Pour n = 3, le groupe S
3est d’ordre 6. On a : S
3=
{e, γ, γ2, τ
1, τ
2, τ
3}avec : e = (
1 2 31 2 3) , γ = (
1 2 32 3 1) , γ
2= (
1 2 33 1 2) , τ
1= (
1 2 31 3 2) , τ
2= (
1 2 33 2 1) , τ
3= (
1 2 32 1 3) .
e γ γ
2τ
1τ
2τ
3e e γ γ
2τ
1τ
2τ
3γ γ γ
2e τ
3τ
1τ
2γ
2γ
2e γ τ
2τ
3τ
1τ
1τ
1τ
2τ
3e γ γ
2τ
2τ
2τ
3τ
1γ
2e γ τ
3τ
3τ
1τ
2γ γ
2e
Le groupe S
3n’est pas ab´ elien. C’est le plus petit groupe non ab´ elien (car les groupes d’ordre 2, 3 ou 5 sont ab´ eliens car cycliques d’apr` es le th´ eor` eme 1.1.3, et les deux seuls groupes d’ordre 4 sont ab´ eliens comme on l’a rappel´ e en 1.1.2.
Il admet trois sous-groupes d’ordre 2 qui sont
{e, τ1},{e, τ2}et
{e, τ3}, et un sous-groupe d’ordre 3 qui est {e, γ, γ2}.D´ efinition. On appelle
transpositionde S
ntoute permutation τ qui ´ echange deux ´ el´ ements i et j en laissant fixe les n
−2 autres. On note alors τ = [i, j]. On a de fa¸ con ´ evidente τ
2= e.
Th´ eor` eme. Toute permutation de S
nest un produit de transpositions. En d’autres termes, le groupe S
nest engendr´ e par ses transpositions.
Preuve.Vue en L3 ; `a r´eviser. On pourra proc´eder par r´ecurrence surn.
• Remarque. Il n’y a pas unicit´e de la d´ecomposition d’une permutation en produit de transpositions. Par exemple, dansS4, on a [2,4][1,4][4,2][1,3] = [2,3][1,2]. N´eanmoins, on a le lemme suivant.
Th´ eor` eme et d´ efinitions.
(i) Si une mˆ eme permutation σ de S
nse d´ ecompose d’une part en un produit de m transpo- sitions, d’autre part en un produit de m
0transpositions, alors les entiers naturels m et m
0sont de mˆ eme parit´ e. On appelle signature de σ le nombre (−1)
m, o` u m d´ esigne le nombre de transpositions d’une d´ ecomposition quelconque de σ en produit de transpositions. On la note ε(σ).
(ii) L’application signature ε : S
n→ {−1,1} est un morphisme de groupes.
(iii) L’ensemble des permutations de signature 1 (ie. qui se d´ ecomposent en un nombre pair de transpositions) est un sous-groupe de S
nappel´ e groupe altern´ e, not´ e A
n, d’ordre
n!2.
Preuve.Vue dans le cours de L3. A r´eviser.Exemple. Pour n = 2, on a A
2=
{e}. Pourn = 3, on a A
3=
{e, γ, γ2}avec γ = (
1 2 32 3 1).
Exemple. Pour n = 4, le groupe altern´ e A
4est d’ordre 12.
Le groupe A
4contient les trois produits de deux transpositions disjointes :
a = [1, 2][3, 4] = (
1 2 3 42 1 4 3), b = [1, 3][2, 4] = (
1 2 3 43 4 1 2), c = [1, 4][2, 3] = (
1 2 3 44 3 2 1).
Il contient aussi les huit permutations qui permutent circulairement trois ´ el´ ements i, j, k en fixant le quatri` eme, et qui sont donc de la forme [i, k][i, j]. De tels ´ el´ ements sont appel´ es des 3-cycles.
x
1= (
1 2 3 41 3 4 2), y
1= (
1 2 3 41 4 2 3) = x
21, x
2= (
1 2 3 43 2 4 1), y
2= (
1 2 3 44 2 1 3) = x
22, x
3= (
1 2 3 42 4 3 1), y
3= (
1 2 3 44 1 3 2) = x
23, x
4= (
1 2 3 42 3 1 4), y
4= (
1 2 3 43 1 2 4) = x
24. e a b c x
1y
1x
2y
2x
3y
3x
4y
4e e a b c x
1y
1x
2y
2x
3y
3x
4y
4a a e c b x
3x
4y
3y
4x
1x
2y
1y
2b b c e a y
4x
2y
1x
3y
2x
4y
3x
1c c b a e y
2y
3x
4x
1y
4y
1x
2x
3x
1x
1y
4y
2x
3y
1e c x
4x
2a b y
3y
1y
1y
3x
4x
2e x
1x
3b c y
4y
2a x
2x
2x
4y
3y
1b y
4y
2e a x
1x
3c y
2y
2x
3x
1y
4y
3c e x
2x
4b a y
1x
3x
3y
2y
4x
1x
4a b y
1y
3e c x
2y
3y
3y
1x
2x
4c y
2y
4a e x
3x
1b x
4x
4x
2y
1y
3a x
3x
1c b y
2y
4e y
4y
4x
1x
3y
2x
2b a y
3y
1c e x
4Les trois ´ el´ ements a, b, c sont d’ordre 2, et le sous-groupe V =
{e, a, b, c}de A
4est le groupe de Klein.
Les huit 3-cycles x
i, y
ipour 1
≤i
≤4 sont d’ordre 3. On obtient donc quatre sous-groupes cycliques G
i=
{e, xi, y
i}, pour 1≤i
≤4.
On observe au passage que, bien que 4 et 6 soient des diviseurs de
|A4|= 12, le groupe A
4ne contient pas d’´ el´ ement d’ordre 4 ni 6, puisqu’il est form´ e de huit ´ el´ ements d’ordre 3, trois
´
el´ ements d’ordre 2, et du neutre e d’ordre 1.
On montrera plus loin que, non seulement A
4n’admet pas d’´ el´ ement d’ordre 6, mais qu’il n’admet
en fait pas de sous-groupe d’ordre 6 ; en revanche, A
4admet le sous-groupe V d’ordre 4 bien
qu’il n’admette pas d’´ el´ ement d’ordre 4.
2.1.2 Groupes di´ edraux
Exemple. Soit
D6le sous-groupe des isom´ etries du plan affine euclidien conservant un triangle
´
equilat´ eral (ABC ).
On montre ais´ ement que
D6est form´ e de l’identit´ e e, de la rotation r de centre l’isobarycentre O de (ABC) et d’angle 2π/3, de la rotation r
2de centre O et d’angle 4π/3, et des r´ eflexions s
1, s
2, s
3par rapport aux trois m´ edianes (ou hau- teurs) du triangle (faire un dessin !).
Il est clair que
D6est isomorphe au groupe sym´ etrique S
3.
e r r
2s
1s
2s
3e e r r
2s
1s
2s
3r r r
2e s
3s
1s
2r
2r
2e r s
2s
3s
1s
1s
1s
2s
3e r r
2s
2s
2s
3s
1r
2e r s
3s
3s
1s
2r r
2e Exemple. Soit
D8le sous-groupe des isom´ etries du plan affine euclidien conservant un carr´ e (ABCD).
On montre que
D8est form´ e de l’identit´ e e, de la rotation r de centre le centre O du carr´ e et d’angle π/2, de la sym´ etrie centrale r
2de centre O, de la rotation r
3de centre O et d’angle 3π/2, des r´ eflexions s
1, s
2par rapport aux deux m´ edianes du carr´ e, et des r´ eflexions t
1, t
2par rapport aux deux diagonales (faire un dessin).
On a t
1= rs
1, s
2= r
2s
1, t
2= r
3s
1, donc
D8est engendr´ e par les deux ´ el´ ements r et s
1.
e r r
2r
3s
1s
2t
1t
2e e r r
2r
3s
1s
2t
1t
2r r r
2r
3e t
1t
2s
2s
1r
2r
2r
3e r s
2s
1t
2t
1r
3r
3e r r
2t
2t
1s
1s
2s
1s
1t
2s
2t
1e r
2r
3r s
2s
2t
1s
1t
2r
2e r r
3t
1t
1s
1t
2s
2r r
3e r
2t
2t
2s
2t
1s
1r
3r r
2e D´ efinition. Pour tout entier n
≥2, on appelle groupe di´ edral d’ordre 2n, not´ e
D2n, le sous- groupe des isom´ etries affines conservant un polygone r´ egulier ` a n cˆ ot´ es.
On montre en g´ eom´ etrie que
D2nest form´ e de 2n ´ el´ ements distincts :
D2n=
{e, r, r2, r
3, . . . , r
n−1, s, sr, sr
2, sr
3, . . . , sr
n−1},engendr´ e par deux ´ el´ ements r et s v´ erifiant les relations :
r
n= e, s
2= e, sr
k= r
n−ks pour tout 1
≤k
≤n.
Convention. Dans le cas n = 2,
D4est le groupe des isom´ etries conservant un segment ; il est clair que
D4est isomorphe au groupe de Klein V .
2.1.3 Exemple de groupe quaternionique Exemple. Le sous-ensemble Q
8de GL
2(
C) form´ e des huit matrices :
e = (
1 00 1),
−e=
−1 00 −1, j =
0i−i0,
−j
=
−i0 0i, k =
−1 00 1,
−k=
01 0−1,
` =
0i 0i,
−`=
−i0 −i0.
est un groupe, d’ordre 8, non ab´ elien, appel´ e
groupe des quaternions.e −e j −j k −k ` −`
e e −e j −j k −k ` −`
−e −e e −j j −k k −` `
j j −j −e e ` −` −k k
−j −j j e −e −` ` k −k
k k −k −` ` −e e j −j
−k −k k ` −` e −e −j j
` ` −` k −k −j j −e e
−` −` ` −k k j −j e −e