Chapitre 9
Les polynômes
Motivation : Les polynomes sont les seules fonctions dont on sache calculer les images des rationnels.
K sera le corps R ou C.
I
Définitions et structures
I.1
Définitions
Définition I.1
On appelle polynôme à coefficients dans K toute fonction f : K → K pour laquelle il existe n ∈ N et a0, a1, . . . , an∈ K tels que
∀x ∈ K, f (x) = a0+ a1x + a2x2+ . . . + anxn.
On notera alors ce polynôme
n
X
k=0
akXk, et K[X] l’ensemble de ces polynômes.
Remarque :
– Noter que la fonction X0est la fonction constante égale à 1 dans la notationPn
k=0akXk. – Untrinôme est un polynôme du type x 7→ aX2+ bX + c.
– Les fonctions constantes (donc la fonction nulle) et les fonctions affines sont des polynômes. – Soit P (X) =Pn
k=0akX
kun polynôme. Si m > n, on peut noter P (X) =Pm k=0akX
ken posant a
k = 0pour tout k > n. Cette remarque nous permettra par la suite lorsque nous aurons deux polynômes de prendre le même n. Par ailleurs, on peut définir les polyômes comme les fonctions P (X) =P
kakX
k, où les a k sont tous nuls sauf un nombre fini d’entre eux.
Proposition I.2 (unicité des coefficients) – Soit un polynôme P (X) =
n
X
k=0
akXk ∈ K[X] .
P est la fonction nulle ⇐⇒ pour tout i ∈ [[0, n]], ai = 0. On dit alors que P est le
polynôme nul. – Soient P (X) = n X k=0 akXk et Q(X) = n X k=0
bkXk ∈ K[X] . Les fonctions P et Q sont
Démonstration : Supposons que tous les coefficients ne soient pas nuls. Alors l’ensemble {0 6
k 6 n tels que ak6= 0} est une partie non vide de N. Elle possède donc un plus petit élément
k0. Ainsi, P (X) =Pnk=k0akX
k. La fonction x ∈ R 7→ f (x)
xk0 = ak0 + ak0+1x + ... + anx
n−k0 est
nulle sur R∗, donc sa limite en 0 est nulle. Or celle-ci vaut ak0. ABSURDE.
Définition I.3 Soit P ∈ R[X].
B On appelle coefficients de P les scalaires ak tels que P (X) =Pk>0akXk.
B P est un polynôme pair lorsque tous ses coefficients d’indice impair sont nuls, i.e lorsqu’il existe n ∈ N et a0, a2, . . . , a2n ∈ K tels que P (X) =Pnk=0a2kX2k.
B P est un polynôme impair lorsque tous ses coefficients d’indice pair sont nuls, i.e lorsqu’il existe n ∈ N et a1, a3, . . . , a2n+1 ∈ K tels que P (X) =Pnk=0a2k+1X2k+1.
I.2
Lois
On peut définir deux lois sur l’ensemble K[X] : Soient deux entiers naturels n 6 m, et P (X) =
n X k=0 akXket Q(X) = m X k=0 bkXk. Tous les ai
sont donc nuls pour i > n.
B P + Q est le polynôme défini par P + Q (X) := m X k=0 (ak+ bk)Xk.
B P × Q est le polynôme défini par P × Q (X) := n+m X k=0 ckXk,
où pour tout k ∈ [[0, n + m]], ck = k X i=0 aibk−i ! Remarque : B c0= a0b0, cn+m= anbm.
B (a + bX + cX2) × (d + eX + f X2) = ad + (ae + bd)X + (af + be + cd)X2+ (ce + bf )X3+ cf X4.
B A quelle CNS sur a, b le polynôme x4+ ax3+ bX2+ 4x + 4 est-il le carré d’un polynôme à coeffs réels ? Réponse : une des deux racines carrées sera de la forme X2+αX +2, où 2= 1. Or le carré de ce polynôme
sera X4+ 2αX3+ (α2+ 4)X2+ 4αX + 4
. Par unicité des coefficients, ceci est possible ssi il existe α ∈ R et valant 1 ou −1 tels que α = a/2, α2+ 4 = b, et 4α = 4. Alors soit = 1, auquel cas a = 2 et b + 5, soit = −1et a = −2, b = −3.
B Montrons l’égalité C2nn =
X
(Cnk)2. On serait bien inspirés d’utiliser le binôme de Newton, et d’écrire plus
précisément : (X + 1)2n = (X + 1)n× (X + 1)n,soit 2n X k=0 2n k Xk = n X k=0 n k Xk ! × n X k=0 n k Xk ! .
L’unicité des coefficients implique que2n
n = n X i=0 n i n n − i . On conclut avec n n − i =n i . Propriétés I.4 K[X], +, ×
Démonstration : N (K[X], +) est un sous-groupe de (KK, +) car 0 ∈ K[X] et la différence de deux polynômes est un polynôme.
N La fonction constante égale à 1 est un polynôme. Le produit de deux polynômes est encore un polynôme.
I.3
Dérivation
Définition I.5 Soit P (X) = n X k=0akXk.On appelle polynôme dérivé de P le polynôme P0(X) = n X k=1 kakXk−1 = n−1 X k=0 (k + 1)ak+1Xk. Remarque :
– A ce stade, la dérivation n’est qu’une opération formelle, mais nous savons qu’elle provient de la dérivation des fonctions si l’on considère P comme une fonction de R dans R ou C, et que par suite elle hérite de toutes les formules que nous connaissons sur celles-ci.
– On a en particulier ∀p ∈ N, (Xp)0 =
(
pXp−1 si p > 1, 0 si p = 0.
– On note P(0) = P, P(1)= P0 et P(n+1)le polynôme dérivé de P(n)pour tout entier naturel n.
– On a ∀p, k ∈ N, (Xp)(k)= p! (p − k)!X p−k si p > k, 0 si k > p. Propriétés I.6 Soient P, Q ∈ K[X]. 1. Pout tout a, b ∈ K,aP + bQ0 = aP0+ bQ0. 2. P Q0 = P0Q + P Q0. Démonstration : Soient P (X) =P
akXket Q(X) =PbkXk. Soit n ∈ N. Le n−ième coefficient
de P Q0+ P0Qest n X k=0 ak(n + 1 − k)bn+1−k + n X k=0 (k + 1)ak+1bn−k = n X k=0 (n + 1 − k)akbn+1−k+ n+1 X k=1 kakbn−k+1 = (n + 1)a0bn+1+ n X k=1 (n + 1)akbn+1−k+ (n + 1)an+1b0 = (n + 1) n+1 X k=0 akbn+1−k.
Proposition I.7
1. Les polynômes constants sont ceux dont le polynôme dérivé est nul. 2. P0 = Q0 ssi P et Q diffèrent d’une constante.
Démonstration : On a pour tout n ∈ N, (n + 1)an= 0.
Du cours de calcul différentiel, nous déduisons : Proposition I.8 (Formule de Leibnitz (1670))
Soient P, Q ∈ K[X] et n ∈ N∗. P × Q (n) = n X k=0 n k ! P(k)× Q(n−k).
II
L’aspect algébrique
On aurait pu définir K[X] comme l’ensemble des suites de K dont tous les termes sont nuls APCR, et munir celui-ci des lois + et × données ci-dessus. Ce point de vue oublierait les propriétés fonctionnelles du poly pour ne s’intéresser qu’aux notions propres aux anneaux : la divisibilité, la division euclidienne, l’irréductibilité des polynômes. C’est ce point du vue qui va nous intéresser dans cette partie.
II.1
Le degré
Définition II.1 Soit P (X) = n X k=0 akXk∈ K[X]. On pose B deg P := max{0 6 k 6 n tels que ak6= 0} si P 6= 0K[X]
−∞ si P = 0K[X].
B SI P est non nul, on note CD(P ) := am si m est le degré de P .
B P est dit unitaire s’il est non nul et de coefficient dominant 1. Exemples :
– (X2+ 1)13est unitaire et de degré 26.
– Le polynôme P (X) = n X k=0
akXkest de degréinférieur ou égal à n. – Soit n ∈ N∗. Quels sont le degré et le coefficient dominant de P
n(X) := (X2+ 1)2n − (X2− 1)2n? Son dégré est déjà 6 4n. De plus, le coefficient en X4n est nul, celui en X4n−1aussi car il est pair, et celui en X4n−2vaut 2n − (−2n) = 4n 6= 0. Son dégré est donc 4n − 2 et son CD 4n.
Pour simplifier la proposition à venir, on pose pour tout n ∈ R ∪ {−∞} : – −∞ + n = −∞,
Propriétés II.2
Degré et lois Soient P, Q ∈ K[X].
1. degP × Q = deg P + deg Q, et, si ces polynômes sont non nuls, CD(P Q) =
CD(P )CD(Q).
2. degP + Q6 max{deg P, deg Q},
et si deg P 6= deg Q, degP + Q= max{deg P, deg Q}.
Démonstration : Ces deux affirmations sont évidentes dans le cas où l’iun des deux polynômes
P ou Q est nul. Nous excluons ce cas dans la suite de cette preuve. Notons n = deg P > m = deg Q, P (X) =Pn
k=0akXk et P (X) =Pmk=0bkXk. P × Q est un
polynôme de degré au plus n + m et son coefficient en Xm+nest a
nbm 6= 0.
Le deuxième point est encore plus évident, puisque si n > m, le coefficient dominant de
P + Qest celui de P .
Exemples : Résolvons l’équation d’inconnue P dans R[X] suivante :
X(X + 1)P00+ (X + 2)P0− P = 0.
Notons n le degré de P et anson CD. Le coefficient en Xndu polynôme de droite est (n(n − 1) + n − 1)an = (n2+ 2n − 1)a
n. Puisqu’il est nul, n = 1 et P est donc une fonction affine. Si P (X) = aX + b, on trouve
aX + 2a − aX − b = 2a − b = 0. L’ensemble des solutions est l’ensemble des polynômes qui s’écrivent
P (X) = aX + 2a.
Propriétés II.3 (de l’anneau des polynômes)
1. K[X] est un anneau intègre, i.e que si P, Q ∈ K[X] vérifient P × Q = 0 alors P = 0 ou Q = 0.
2. Les inversibles de K[X] sont les polynômes constants non nuls : soit P ∈ K[X]. Alors il existe Q ∈ K[X] tel que P × Q = 1 ssi deg P = 0.
Démonstration : 1. P Q = 0 ⇒ deg P Q = −∞ ⇒ deg P + deg Q = −∞ ⇒ deg P ou deg Q = −∞.
2. Le sens ⇐ est facile. pour ⇒ , il suffit de dire que n + m = 0 implique n = m = 0 lorsque n, m ∈ N.
II.2
La division euclidienne
Rappelons la définition de la divisibilité dans l’anneau K[X] : soient A, B ∈ K[X]. On dit que B divise A lorsqu’il existe Q ∈ K[X] tel que A = BQ. On note B|A.
Exemples :
– Soient n ∈ N∗et P (X) =
n X k=0
akXk. X divise P ssi a0est nul, et Xmdivise P ssi a0= a1= ... = am−1= 0. – X2|(X + 1)n− nX − 1 car (X + 1)n = 1 + nX + X2Q(X)où Q est un polynôme d’après le binôme de
Newton.
Théorème II.4
La division euclidienne
Soient A, B ∈ K[X], où B n’est pas le polynôme nul. Il existe un unique couple (Q, R) de polynômes à coefficients dans K qui vérifie :
– A = BQ + R, – deg R < deg B.
Cette égalité s’appelle division euclidienne de A par B, Q est appelé quotient et R reste. Exemples :
– Effectuer la division euclidienne de A(X) = 6X4+ 2X3− X + 6 par B(X) = X2+ X + 4.
– Soit a ∈ C et P ∈ C[X]. Le reste de la division euclidienne de P par B(X) = X −α est le polynôme constant
P (α): P (X) = Q(X)(X − α) + P (α).
Démonstration : – Unicité : Supposons que A = BQ1+R1 = BQ2+R2et deg Rk< deg B.
Alors degB(Q1−Q2)
= degR2−R1
< deg B, i.e deg Q2−Q1 < 0et ainsi Q2= Q1 qui implique à son tour l’égalité entre R1 et R2.
– Existence : Nous allons effectuer une récurrence sur n = deg A.
P(n) : (∀A ∈ K[X] de degré n, ∀B ∈ K[X] non nul, il existe au moins ...). Le cas A = 0est évident :(Q, R) = (0, 0).
L’initialisationP(0) : A est une constante non nulle a. Si B est aussi une constante non nulle b, on prend Q = b/a et R = 0. Sinon, on prend Q = 0 et R = a.
Hérédité : Soit n ∈ N. Supposons P(n) vraie et montrons P(n + 1). – Si deg B > n, il suffit de poser (Q, R) = (0, A).
– Supposons deg B 6 n. Soit A(X) =
n+1 X k=0 akXk où an+1 6= 0, et B(X) = q X i=0 biXi
où bq 6= 0. En posant Qn+1(X) = an+1bq Xn+1−q et An(X) = A − BQn+1, on voit
facilement que An est de degré au plus n. Par HdR, il existe (Qn, Rn) couple de
polynômes tel que deg Rn < deg B et A − BQn+1 = QnB + Rn, i.e A = B Qn+1+
Qn+ Rn.
Proposition II.5
Soient A, B ∈ K[X], où B 6= 0K[X].
B divise A ssi le reste dans la division euclidienne de A par B est nul. Démonstration : Cela provient de l’unicité du reste : A = BQ + R = BS
Exemples : Cns pour que X2+ 1divise X4+ aX3+ bX + c. Réponse : c = −1 et b = a.
III
Racines de polynômes
Retour sur le point de vue fonctionnel des polynômes avec une notion qui fait la syn-thèse, puisqu’elle relie la divisibilité (notion algèbrique) à l’existence de racines (notion fonctionnelle).
III.1
Racines simples
Définition III.1
Soit a ∈ K et P ∈ K[X]. On dit que a est une racine de P lorsque P (a) = 0.
On appelleéquation algébrique toute équation en x ∈ K du type P (x) = 0 où P est un polynôme.
Exemples :
– Un polynôme constant ne possède aucune racine s’il est non nul, et tout a ∈ K est racine du polynôme nul. – Soient a, b, c ∈ R, a 6= 0, et P (X) = aX2+ bX + c. P possède au moins une racine complexe, et il possède
au moins une racine réelle ssi ∆ > 0. Il existe donc des polynômes qui ne possèdent pas de racines réelles, le parangon de ceux-ci étant X2+ 1.
Proposition III.2
Soit P ∈ K[X] et a ∈ K. Alors a est une racine de P ssi le polynôme X − a divise P (X). Démonstration : Le reste dans la division euclidienne de P par X − a est la constante P (a). Or
la divisibilité est équivalente à la nullité du reste.
Proposition III.3
Soit P ∈ K[X], k ∈ N∗ et a
1, a2, ..., ak k éléments de K deux à deux distincts. Alors
a1, ..., ak sont des racines de P
⇐⇒ k Y j=1 (X − aj)divise P (X).
Démonstration : Le sens ⇐ est évident.
⇒ On effectue une récurrence sur k > 1, puisque l’initialisation est le fait de la proposition précédente.
Si P (a1) = ...P (ak+1) = 0, par HdR, il existe un polynôme Q tel que P (X) = Q(X) k
Y
j=1
(X−
aj). Puisque les racines sont deux à deux distinctes, Q(ak+1) = 0, et on peut lui appliquer à
nouveau la proposition précédente.
Exemples : – Soit n ∈ N∗. Xn− 1 = n Y k=1 X − exp2ikπ n
– Il existe au plus un polynôme de degré 4 dont 5 valeurs sont prescrites.
Un corollaire essentiel est Corollaire III.4
(Version 1) Soit n ∈ N. Un polynôme de K[X] de degré n possède au plus n racines deux à deux distinctes.
Démonstration : Soient a1, ...akkracines deux à deux distinctes de P . Alors il existe Q ∈ K[X]
tel que P (X) =
k
Y
j=1
(X − aj)Q(X). Ce qui implique que n − k = deg Q > 0 car Q est non nul.
Corollaire III.5 (Version 2)
– Soit n ∈ N. Si P est un polynôme de degré 6 n et s’il possède au moins n + 1 racines deux à deux distinctes, alors P est le polynôme nul.
– Si deux polynômes coincident sur une partie infinie, alors ils sont égaux.
Exemples : Tout polynôme périodique est constant : si P (X + 1) = P (X), le polynôme Q(X) := P (X) − P (0) s’annule en tous les entiers naturels. Il est donc nul.
III.2
Dérivation et racine multiples
Définition III.6
Soient P ∈ K[X] et a ∈ K. On appelle multiplicité de a dans P le plus grand entier
m ∈ N tel que (X − a)m divise P (X). C’est donc le seul entier m ∈ N qui vérifie : il existe
Q ∈ K[X] tel que P (X) = (X − a)mQ(X)et Q(a) 6= 0. Remarque :
– a est racine de P ssi sa multiplicité est non nulle. – On parle de racine simple, double, triple...
La multiplicité de a se lit simplement sur les dérivées successives P (a), P0(a), P00(a), ... grâce à la formule de Taylor.
Proposition III.7 Formule de Taylor
Soient n ∈ N∗
et P ∈ K[X] de degré au plus n. Soit a ∈ K. Alors
P (X) = n X k=0 P(k)(a) k! (X − a) k .
En particulier, si a0, a1, ...an sont les coefficients de P , alors
∀k ∈ [[0, n]], ak =
P(k)(0)
k! .
Démonstration : Il suffit de le vérifier pour P (X) = Xi. Or pour cette valeur de P , dk
dXkP (X) =
i!
(i − k)!X
i−k, et donc P(k)(a) = i! (i − k)!a i−k. Finalement, n X k=0 P(k)(a) k! (X−a) k= n X k=0 i! (i − k)!k!a i−k(X− a)k= n X k=0 i k ! ai−k(X − a)k = Xi.
Alors :
Proposition III.8
Soit P ∈ K[X], a ∈ K et m ∈ N. Alors,
1. a est une racine de P de multiplicité > m ssi
P (a) = P0(a) = P00(a) = ... = P(m−1)(a) = 0. 2. La multiplicité de a dans P est exactement m ssi
P(k)(a) = 0, ∀k ∈ [[0, m − 1]],
P(m)(a) 6= 0.
Démonstration : On ne prouve que le 2. Le sens ⇐ est évident d’après Taylor.
L’autre sens vient de P (X) = Q(X)(X − a)met Q(a) 6= 0. ∀k ∈ [[0, m]],
P(k)(X) = k X j=0 k j ! (X − a)m(j)Q(k−j) = k X j=0 k j ! m! (m − j)!(X − a) m−jQ(k−j)
Ce polynôme s’annule si k 6 m − 1 et vaut m!Q(a) 6= 0 si k = m.
Exemples : Montrer que (X − 1)2divise
n−1 X k=0 Xk !2 − n2Xn−1.
On peut généraliser la proposition reliant le nombre de racines au degré dans le cas où les racines sont multiples :
Proposition III.9 Soient k ∈ N∗
, P ∈ K[X], a1, ...akdes racines de P deux à deux distinctes de multiplicités
respectives m1, ...mk. Alors k
Y
j=1
(X − aj)mj divise P (X).
Démonstration : Se démontre par récurrences sur k > 1. L’initialisation n’étant que la définition de la multiplicité.
Corollaire III.10
La somme des multiplicités des racines d’un polynôme non nul est toujours 6 à son degré.
III.3
Relations coefficients-racines
Définition III.11 Polynôme scindé
Soit P un polynôme de degré > 1. P est dit scindé sur K lorsqu’il s’écrit comme pro-duit de polynômes de degré 1 à coefficients dans K, i.e lorsqu’il existe p ∈ N∗complexes
a1, ..ap tels que P (X) = c(X − a1)(X − a2) . . . (X − ap), c étant le coefficient dominant
de P . Exemples :
B P (X) = X2+ 1 est scindé en tant que polynôme de C[X], mais pas en tant que polynôme de R[X]. Un trinôme à coefficient réels est scindé sur R ssi ∆ > 0.
B Tout polynôme de degré 1 est scindé. B
(X − a1)(X − a2) = X2− SX + P,
(X − a1)(X − a2)(X − a3) = X3− σ1X2+ σ2X − σ3.
Ceci se généralise :
Définition III.12
Fonctions symétriques élémentaires Soit n ∈ N∗, a
1, . . . , an nscalaires de K. On appelle FSE de a1, . . . , an les scalaires
σ1 = a1+ · · · + an, σ2 = X 16i1<i26n ai1ai2, σp = X 16i1<...<ip6n ai1ai2...aip.
pour tout 1 6 p 6 n. En particulier, σn = a1...an.
Exemples :
B σ1, σ2, σ3, σ4pour n = 4.
Proposition III.13
Relations coefficients-racines Soit P (X) =Pn
k=0akXk ∈ K[X] un polynôme de degré n > 1 scindé sur K.
Il existe alors α1, . . . , αn ∈ K tels que P (X) = an n
Y
k=1
(X − αk). Notons σ1, ..., σn les FSE
des ai. On a alors pour tout k ∈ [[1, n − 1]], σk= (−1)k an−k an . Exemples :
B x1, x2, x3, x4les racines complexes de P (X) = X4+ X3+ X2+ X + 1. Calculer x1+ ...x4et x21+ ... + x24.
IV
Polynomes irréductibles
Définition IV.1Un polynôme est ditirréductible sur K s’il est de degré > 1 et s’il ne peut s’écrire comme le produit de deux polynômes de K[X] de degrés > 1. Par exemple, tout polynôme de degré 1 est irréductible. Ces polys se situent à l’opposé des polynômes scindés dans l’hémicycle des polynômes.
IV.1
Le corps des complexes
Théorème IV.2 de D’Alembert
Soit P ∈ C[X]. Il existe α ∈ C tel que P (α) = 0, i.e tel que (X − α) divise P . Corollaire IV.3
– Tout polynôme à coefficients complexes (a fortiori à coefficients réels) est scindé sur C.
– Les polynômes irréductibles sur C sont les polynômes de degré 1. Exemples : B Calculer n Y k=1 sin kπ n + 1 en décomposant n X k=0 Xk.
IV.2
Le corps des réels
Proposition IV.4
– Soit P ∈ C[X]. Alors P ∈ R[X] ssi pour tout z ∈ C, P (z) = P (¯z). – Soit a un complexe non réel et P ∈ R[X]. Alors multP(a) =multP(¯a).
Démonstration : Se prouve évidemment avec la carcatérisation de la multiplicité avec les dérivées.
Théorème IV.5
Les polynômes irréductibles de R[X] sont : – les polynômes de degré 1.
– les trinômes de discriminant < 0.
Démonstration : Le sens direct se prouve avec les théorème de D’Alembert.
Théorème IV.6
Tout polynôme de R[X] s’écrit comme le produit de polynômes irréductibles sur R.
B X4− 2X2− 3 = (X −√3)(X +√3)(X2+ 1). B X4+ X2+ 1 = (X2+ 1)2− X2= (X2− X + 1)(X2+ X + 1). B Soit n ∈ N∗. X2n− 1 = (X − 1)(X + 1) n−1 Y k=1 X2− 2 coskπ 2nX + 1 , X2n+1− 1 = (X − 1) n Y k=1 X2− 2 cos kπ 2n + 1X + 1 .