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Étude comportementale de l'intérêt des porcs à l'engraissement envers des objets d'enrichissement et évaluation de l'utilisation d'une analyse automatisée basée sur des données d'accélérométrie comparativement à l'analyse vidéo

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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Étude comportementale de l'intérêt des porcs à

l'engraissement envers des objets d'enrichissement et

évaluation de l'utilisation d'une analyse automatisée

basée sur des données d'accélérométrie

comparativement à l'analyse vidéo

Mémoire

Jean-Michel Beaudoin

Maîtrise en sciences animales

Maître ès sciences (M. Sc.)

Québec, Canada

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Étude comportementale de l'intérêt des porcs à

l'engraissement envers des objets d'enrichissement et

évaluation de l'utilisation d'une analyse automatisée

basée sur des données d'accélérométrie

comparativement à l'analyse vidéo

Mémoire

Jean-Michel Beaudoin

Sous la direction de :

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iii

Résumé

Dans un premier temps, ce projet visait à évaluer la possibilité d’utiliser des accéléromètres pour automatiser l’analyse comportementale des porcs à l’engraissement envers des objets d’enrichissement. Les accéléromètres ont été placés dans sept différents objets qui ont été mis à la disponibilité de 328 porcs logés en groupes, dans des parcs entièrement lattés et sans litière, sur des périodes de cinq jours. Les analyses des données d’accéléromètres ont été effectuées à l’aide d’un algorithme de classification basé sur des seuils de vélocité et de durée de déplacement. Chacun des parcs était muni d’une caméra vidéo pour comparer les résultats d’analyse d’accélérométrie et d’analyse vidéo de référence, toutes les deux basées sur la fréquence et le temps d’interactions avec les objets. Les comparaisons par objet montrent que la correspondance des deux types d’analyses dépend de la mobilité et de la disposition des objets, mais que pour l’instant, elle n’atteint en aucun cas un niveau satisfaisant pour baser une analyse comportementale sur les données d’accélérométrie. Néanmoins, certaines modifications des paramètres des accéléromètres pourraient apporter un plus haut taux de fiabilité.

Ce projet de recherche visait également à évaluer l’intérêt des porcs à l’engraissement envers différents types d’objets d’enrichissement placés dans leur parc. L’effet de la propreté des objets ou de leur renouvellement quotidien sur l’intérêt des porcs à l’engraissement a aussi été déterminé. Les porcs ont un intérêt supérieur pour les objets faits de matériaux flexibles, destructibles et qui sont aisément manipulables avec la gueule ou le groin. Les porcs ne semblent pas avoir de préférence pour les objets qui sont lavés (objets de plastique ou de caoutchouc) ou renouvelés (objets destructibles) quotidiennement, sur une période de cinq jours, comparativement aux mêmes objets intouchés.

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Table des matières

Résumé ... iii Liste de tableaux ... ix Liste de figures ... xi Remerciements ... xv Avant-propos ... xvii Introduction ... 1

CHAPITRE 1 Revue des travaux antérieurs ... 3

1.1. Comportements anormaux et stress chez les porcs à l’engraissement ... 4

1.1.1. Caudophagie ... 4

1.1.2. Autres comportements anormaux ... 5

1.1.3. Stress ... 6

1.2. Prévention des comportements anormaux et du stress par les objets d’enrichissement ... 6

1.2.1. Comportements anormaux ... 6

1.2.2. Stress ... 7

1.3. Enrichissement de l’environnement chez le porc à l’engraissement ... 8

1.3.1. Objets d’enrichissement sans substrat ... 8

1.3.2. Caractéristiques bénéfiques des objets ... 10

1.3.3. Disposition des objets ... 12

1.4. Enrichissements offrant des substrats ... 21

1.4.1. Distributeurs ... 23

1.4.2. Boîtes au sol ... 23

1.4.3. Dépôt sur le plancher ... 24

1.5. Litière ... 24

1.5.1. Effet sur les comportements anormaux ... 25

1.5.2. Effet sur d’autres paramètres de production ... 26

1.6. Enrichissement chez les truies ... 27

1.6.1. Truies en cages individuelles ... 27

1.6.2. Truies gestantes en groupes ... 28

1.7. Automatisation de l’évaluation comportementale associée au bien-être animal ... 29

1.7.1. Traitement d’images automatisé ... 29

1.7.2. Détecteurs électroniques ... 30

1.7.3. Localisation géographique ... 33

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vi

1.8. Conclusion et hypothèses ... 40

1.9. Liste des ouvrages cités ... 42

CHAPITRE 2 Comparison of the interest of growing pigs to interact with different enrichment objects with assessment of the behaviour using accelerometers attached to the objects ... 50

Résumé ... 51

Abstract ... 52

2.1. Introduction ... 53

2.2. Material and methods ... 55

2.2.1. Animals and housing ... 55

2.2.2. Recording equipment ... 55

2.2.3. Experimental procedure ... 55

2.2.4. Experimental recordings ... 58

2.2.5. Behavioural analysis ... 58

2.2.6. Accelerometry data analysis ... 59

2.2.7. Statistical analysis ... 61 2.3. Results ... 61 2.3.1. Behavioural analysis ... 61 2.3.2. Accelerometry analysis ... 64 2.4. Discussion ... 66 2.4.1. Behavioural analysis ... 66 2.4.2. Accelerometry analysis ... 69 2.5. Conclusion ... 72 2.6. Acknowledgments ... 72 2.7. References ... 73

CHAPITRE 3 Evaluation of the preferences of pigs between cleaned or renewed enrichment objects and unwashed or unreplaced enrichment objects ... 76

Résumé ... 77

Abstract ... 78

3.1. Introduction ... 79

3.2. Material and methods ... 80

3.2.1. Animals and housing ... 80

3.2.2. Enrichment treatments ... 80

3.2.3. Experimental procedure ... 82

3.2.4. Behavioural analysis ... 82

(7)

vii 3.3. Results ... 83 3.3.1. Preferences ... 83 3.3.2. Object manipulations ... 84 3.4. Discussion ... 86 3.4.1. Preferences ... 86 3.4.2. Object manipulations ... 87 3.5. Conclusion ... 88 3.6. Acknowledgments ... 88 3.7. References ... 89 Conclusion ... 91

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ix

Liste de tableaux

Tableau 1.1. Les quatre objets d’enrichissement préférés (sur les 25 meilleurs), selon les durées d’interactions, pour des porcs à l’engraissement au premier et cinquième jour d’une expérimentation, avec leurs caractéristiques respectives. ... 11 Tableau 1.2. Les quatre objets d’enrichissement particulaires préférés (sur les 25 meilleurs), selon les durées d’interactions, pour des porcs à l’engraissement au premier et cinquième jour d’une expérimentation, avec leurs caractéristiques respectives. ... 22 Table 2.1. Evaluation of the effectiveness of the algorithm using accelerometer data to properly classify interactions of growing pigs (12 ± 3 pigs per pen, weighing 61 ± 9.2 kg) with each of the five objects (one object per pen at a time, for a period of 5 days), compared to a video analysis. ... 64 Table 2.2. Example of the inconsistency between days from the algorithm analysis compared to the video analysis for object B (red plastic ball; diameter 25 cm) based on the time of interaction and the frequency of interaction for every timeframe (n) analyzed for a given day. Differences between accelerometry data analysis (algorithm) and video analysis for object B for five days. ... 66 Table 3.1. Mean differences1 between treatment (washed B, BR and RC or renewed R) and control (untouched) objects for the interaction frequency (Freq.) and interaction time in seconds (Time) from day 1 to 5, when both objects are presented simultaneously to growing pigs (13.5 ± 1 pigs per pen, weighing 47 ± 7 kg). ... 84

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xi

Liste de figures

Figure 1.1. Bloc de bois fixé à un tuyau offrant un mouvement vertical seulement. Tiré de Elkmann et Hoy (2009). ... 15 Figure 1.2. Embranchement de chaînes suspendues à un barreau horizontal d’un parc d’engraissement de porcs. Tiré de Telkänranta et al. (2014) ... 15 Figure 1.3. Morceaux de bois frais suspendus à l’horizontale par des chaînes dans un parc de porc à l’engraissement. Tiré de Telkänranta et al. (2014). ... 19 Figure 1.4. Blocs de bois en croix (A) et en pendule (B). Tiré de Elkmann et Hoy (2009). .... 19 Figure 1.5. Tubes de plastique, disposés en croix, suspendus dans un parc de porcs à l’engraissement. Tiré de Telkänranta et al. (2014). ... 19 Figure 1.6. Image originale des porcs dans un parc (A) et image ayant subi une transformation binaire pour éliminer l’arrière-plan et faciliter l’analyse (B). Tiré de Kashiha et al. (2013). ... 31 Figure 1.7. Ellipses de références (A) ajustées sur les images transformées des porcs dans un parc (B). Adapté de Kashiha et al. (2014). ... 31 Figure 1.8. Différentes zones d’un parc pour l’analyse comportementale de porcs par traitement d’image. Adapté de Kashiha et al. (2013). ... 31 Figure 1.9. Détecteur de mâchouillage composé d’un objet cible et d’un système de transduction et de conditionnement du signal. Adapté de Feddes et al. (1993). ... 32 Figure 1.10. Détecteur de mouvement d’un objet suspendu. Adapté de Zonderland et al. (2003).

... 32 Figure 1.11. Amplitudes (g) et longueurs (sec) des schémas d’accélérométrie associés aux vaches debout (Standing), qui marchent (Walking), qui broutent (Grazing) et qui ruminent (Ruminating), sous les axes X, Y et Z. Tiré de Scheibe et Gromann (2006). ... 36 Figure 1.12. Détermination de la position debout (a) si l’inclinaison de l’accéléromètre est égale ou supérieure à 130° par rapport à l’axe XL, de la position couchée sur le côté gauche (b) si l’inclinaison est égale ou supérieure à 135° par rapport à l’axe YB et de la position assise (c) si l’inclinaison est supérieure ou égale à 113° par rapport à l’axe XB. Tiré de Ringgenberg et al. (2010). ... 36 Figure 1.13. Graphique de visualisation de la concordance des résultats entre une analyse éprouvée et une analyse à l’essai. La ligne pointillée est la droite ajustée aux données (tendance linéaire), la ligne pleine est la droite de concordance parfaite à 45°. ... 39

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Figure 2.1. Enrichment objects placed individually in pens containing around 12 growing pigs, weighing around 60 kg on average per pen. All objects were left in pens for five days and interactions with them were video recorded. Accelerometers were fixed on or within all objects and also recorded interactions by pigs. ... 57 Figure 2.2. The three steps of the filtration procedure performed by the algorithm, using data from the accelerometers. ... 60 Figure 2.3. Overall adjusted means (± SE) of proportions of time (%) growing pigs (12 ± 3 pigs per pen, weighing 61 ± 9.2 kg) are interacting with objects (only 1 object per pen at a time, for a period of 5 days) and the frequency of interactions per hour. Objects used were objects B: Ball, BR: Bite-Rite, D: Disc, P: Porcichew, RC: Rooting Cones, S: Seesaw and W: Wood. Four timeframes of one hour each were analyzed, equally distributed during the day (9:00-10:00, 11:00-12:00, 13:00-14:00, 15:00-16:00). Different upper or lowercase letters within a variable show a significant difference (P < 0.05). ... 62 Figure 2.4. Daily means of the proportion of time with interactions (A) and the number of interactions per hour (B) from growing pigs (12 ± 3 pigs per pen, weighing 61 ± 9.2 kg) on all objects (B: Ball, BR: Bite-Rite, D: Disc, P: Porcichew, RC: Rooting Cones, S: Seesaw and W: Wood) presented individually in pens for five consecutive days. Four timeframes of one hour each were analyzed, equally distributed during the day (9:00-10:00, 11:00-12:00, 13:00-14:00, 15:00-16:00). Significant effect of days is presented for each object separately with * (P < 0.05), ** (P < 0.01), *** (P < 0.001). ... 63 Figure 2.5. Quantities of interactions (A: daily time spent (± SD); B: daily frequency (± SD)) for growing pigs (12 ± 3 pigs per pen, weighing 61 ± 9.2 kg) in presence of a red plastic ball (object B; diameter 25 cm) all day, for 5 consecutive days. Four timeframes of one hour each were analyzed, equally distributed during the day (9:00-10:00, 11:00-12:00, 13:00-14:00, 15:00-16:00). Data were obtained from an accelerometer introduced into the ball (algorithm) and from a video camera recording (video). .... 65 Figure 3.1. Enrichment objects used to evaluate the cleanliness effect (B, BR and RC) and renewability effect (R). Each object was put in pairs in each pen and one of them was set as a control (not washed for objects B, BR and RC or unrenewed for object R) while the other one received the treatment (washed with water for objects B, BR and RC or replaced with a new and identical piece of rope for object R). Interactions with the objects were video recorded. ... 81

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xiii Figure 3.2. Adjusted means of interaction frequency per 30 minutes (Freq) and proportion of interaction time (%, Time) with confidence intervals (95%) for treatment (solid line) and control (dash line) objects. Both identical objects were presented simultaneously to growing pigs (13.5 ± 1 pigs per pen, weighing 47 ± 7 kg) but only treatment object was washed (B, BR and RC) or renewed (R) daily. Daily average values (day 2 to day 5) from treatment and control objects are compared with average value of day 1 (Dunnett correction) and differences are shown with * (P < 0.05), ** (P < 0.01), *** (P < 0.001). ... 85

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Remerciements

Je tiens tout d’abord à remercier mon directeur de maîtrise, M. Jean-Paul Laforest, qui a su me guider et me soutenir pendant tout mon parcours à la maîtrise. Ta grande expertise, ta disponibilité et ton enthousiasme envers l’enseignement m’ont aidé à réussir et surmonter les périodes plus difficiles. Merci Jean-Paul, ton appui m’a fait grandir et a énormément enrichi mon parcours personnel. Ce fut un plaisir de travailler avec toi. Merci également à M. Nicolas Devillers et Mme Renée Bergeron pour leur précieuse collaboration.

Je veux remercier toutes les personnes qui ont participé de près et de loin à ce projet de maîtrise, autant lors de l’élaboration du projet qu’aux analyses finales. D’abord, M. Olivier Munger, ingénieur responsable des accéléromètres. Ce projet a présenté de nombreux défis techniques et tu as su les relever avec brio. Merci Olivier, pour les innombrables heures que tu as dédiées au projet. Merci à M. Louis Bélanger du département de génie électrique et de génie informatique de l’Université Laval et M. Normand Massicotte du Département des sols et de génie agroalimentaire de l’Université Laval qui ont participé au montage technique au début du projet.

Merci au personnel sympathique et professionnel de la ferme du CDPQ au CRSAD où se sont déroulées les phases expérimentales. Richard et Jean-Gabriel, votre appui technique fut très apprécié. Louis et Hélène, votre contribution lors de la deuxième phase expérimentale fut tout autant appréciée. Il était toujours plaisant d’aller à la ferme en y étant si bien entouré.

Je veux également remercier Alexandra, Gabrielle D. et Gabrielle T., étudiantes au premier cycle qui ont participé au projet, soit pour la récolte de données ou pour les analyses vidéo. Vous m’avez sauvé plusieurs heures d’analyse !

Finalement, un merci spécial à ma famille, amis et collègues pour m’avoir soutenu et avoir agrémenté mon parcours. Mention particulière à mes chers parents ; merci de m’avoir appuyé pendant autant d’années sans jamais remettre en question mes décisions de prolonger mes études !

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Avant-propos

Ce mémoire contient deux chapitres rédigés en anglais sous forme d’articles scientifiques dont je suis l’auteur principal. Les coauteurs de l’article « Comparison of the interest of growing pigs to interact with different enrichment objects with assessment of the behaviour using accelerometers attached to the objects », présenté au deuxième chapitre, sont J.P. Laforest, N. Devillers et R. Bergeron, trois chercheurs ayant été impliqués dans l’élaboration du projet, la planification expérimentale et le suivi des travaux. Ils ont aussi été partie prenante de toutes les discussions portant sur l’analyse et l’interprétation des résultats. Toutefois, seul J.P. Laforest a participé à la correction du premier jet de l’article, présenté ici. Une fois retravaillé par l’ensemble des coauteurs, l’article sera soumis sous peu pour publication.

Les coauteurs de l’article « Evaluation of the preferences of pigs between cleaned or renewed enrichment objects and unwashed or unreplaced enrichment objects », présenté au troisième chapitre, sont également J.P. Laforest, N. Devillers et R. Bergeron. Les contributions des coauteurs sont les mêmes que pour l’article précédent, et il sera lui aussi soumis sous peu pour publication après avoir été retravaillé par l’ensemble des coauteurs.

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Introduction

Le respect du bien-être des porcs à l’engraissement est essentiel non seulement pour les animaux, mais aussi pour le soutien économique et l’image de la production porcine. Dans plusieurs grands pays producteurs, l’engraissement des porcs est effectué dans des parcs bétonnés, sans litière (EFSA, 2007). Un tel environnement n’offre pas la possibilité aux porcs d’exprimer pleinement leurs comportements naturels, ce qui peut engendrer de la détresse psychologique (Van de Weerd et Day, 2009). Ces porcs sont plus enclins à exprimer des comportements anormaux, tels que des comportements sociaux agressifs sur leurs congénères, pour tenter de combler leur insatisfaction comportementale (Van de Weerd et Day, 2009) ou sous l’effet de la frustration (Broom, 1998). Les agressions entre congénères peuvent affecter la santé des porcs, leur croissance, leur bien-être, et causer des pertes économiques significatives (EFSA, 2007; Taylor et al., 2010; Sinisalo et al., 2012). Selon des données européennes, il y aurait des problèmes de caudophagie à certains degrés sur 30 % à 70 % des fermes, avec 1 % à 5 % des porcs qui auraient des lésions à la queue (EFSA, 2007). Les conditions d’élevage peuvent également engendrer un stress, car les porcs ont de la difficulté à s’adapter à leur environnement (Broom, 1998). Le stress réduirait le bien-être des animaux (Broom, 1998) et pourrait réduire les performances zootechniques ainsi que la qualité de la viande (Beattie et al., 2000).

Pour diminuer les impacts négatifs des parcs bétonnés, des objets d’enrichissement peuvent être offerts pour combler quelques-uns des comportements naturels des porcs (Van de Weerd et Day, 2009; Averós et al., 2010). Le type de matériau et la disposition des objets sont des caractéristiques susceptibles d’influencer l’intérêt des porcs envers les objets (Van de Weerd et al., 2003; Bracke et al., 2006). Le niveau d’intérêt est souvent proportionnel à l’intensité de la stimulation comportementale suscitée par l’objet (Van de Weerd et al., 2003). Les objets d’enrichissement suscitant un intérêt élevé sont plus susceptibles de réduire les comportements sociaux agressifs entre les porcs (Bracke et al., 2006; Van de Weerd et Day, 2009). Cet intérêt peut par contre décroître après quelques jours (Zonderland et al., 2003; Guy et al., 2013) ou quelques semaines (Blackshaw et al., 1997). Il serait aussi important de considérer les préférences des porcs selon leur âge (Docking et al., 2008).

Dans le but de mieux répondre aux besoins des porcs, il est indispensable de mieux comprendre leurs préférences. L’étude du comportement des porcs envers les objets d’enrichissement repose principalement sur des observations en temps réel (p. ex. : Courboulay, 2006; Scott et al., 2009) ou l’analyse vidéo (p. ex. : Bracke, 2007; Telkänranta et al., 2014). Ces deux méthodes sont associées

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à des risques de subjectivité humaine ainsi qu’aux erreurs dues aux variations d’interprétation entre les observateurs (Cangar et al., 2008; Ringgenberg et al., 2010). Ces méthodes sont aussi reconnues pour demander beaucoup de temps (Zonderland et al., 2003; Ringgenberg et al., 2010; Giovanetti et al., 2017), pouvant entrainer des coûts importants en main-d’œuvre, en plus du coût de l’équipement. L’automatisation de l’analyse comportementale peut éliminer la subjectivité humaine ainsi que diminuer le temps relié à la récolte et l’analyse des données. Certaines techniques ont été testées, comme des détecteurs électroniques d’utilisation d’objets (Feddes et al., 1993; Zonderland et al., 2003), par exemple. Ces détecteurs seraient fiables pour récolter des données pertinentes pour certains objets spécifiques, mais ils ne sont pas assez versatiles pour être utilisés sur une plus vaste gamme d’objets.

Une technique plus polyvalente pourrait faire appel aux accéléromètres. Ces appareils enregistrent précisément les mouvements sous un format tridimensionnel. Ils sont compacts et sont monétairement abordables (Escalante et al., 2013). Ils ont déjà été testés dans de multiples applications, comme l’étude du comportement des vaches laitières (Ledgerwood et al., 2010; Bonk et al., 2013), des truies (Cornou et Lundbye-Christensen, 2008; Ringgenberg et al., 2010) et des moutons aux pâturages (Giovanetti et al., 2017). L’information compilée sous forme de données quantitatives peut être analysée rapidement par divers logiciels, offrant la possibilité de créer une procédure d’analyse efficace et standardisée. La justesse des résultats obtenus est influencée par le raffinement de l’analyse des données, qui repose souvent sur des algorithmes de classification et de prédiction. L’automatisation de l’analyse des données d’accéléromètres jumelée à la possibilité d’associer ces appareils à une vaste gamme d’objets d’enrichissement laisse croire qu’il s’agit d’une méthode d’analyse comportementale prometteuse.

Le premier chapitre de ce mémoire couvre d’abord les travaux effectués qui évaluent l’intérêt des porcs envers divers types d’enrichissement et d’environnements d’élevage ainsi que leurs effets sur le comportement et le bien-être. Ces travaux touchent principalement les porcs à l’engraissement, mais une partie touche les truies. Le premier chapitre se termine par un recensement de diverses technologies qui sont utilisées à ce jour pour étudier le comportement des animaux. Le deuxième chapitre est écrit sous forme d’article et présente les résultats obtenus sur l’analyse comportementale à l’aide d’accéléromètres ainsi que des analyses plus complètes sur le comportement des porcs envers les objets d’enrichissement sélectionnés pour cette expérimentation. Le troisième chapitre est également écrit sous forme d’article et présente l’évaluation de la préférence des porcs entre des objets d’enrichissements qui sont lavés ou renouvelés quotidiennement et des objets qui sont intouchés.

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CHAPITRE 1

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1.1. Comportements anormaux et stress chez les porcs à l’engraissement

La production porcine intensive engendre souvent des problèmes d’insatisfaction comportementale chez les porcs à l’engraissement. L’ingénierie des bâtiments d’élevage n’a pas nécessairement suivi l’évolution des connaissances sur le plan du bien-être animal dans les dernières décennies. Présentement, le facteur économique joue un rôle limitant pour optimiser le confort et la configuration des élevages, étant donnés les coûts significatifs qu’engendrent des modifications des infrastructures. C’est entre autres pour cette raison que l’engraissement des porcs commerciaux s’effectue souvent dans des parcs de béton qui satisfont très peu les comportements naturels des porcs. Ces parcs, sur planchers entièrement ou partiellement lattés, offrent un environnement peu stimulant et potentiellement stressant (EFSA, 2007). Lorsque les porcs sont dépourvus de possibilités d’exprimer leurs comportements naturels, ils peuvent souffrir d’inconfort et de détresse psychologique menant parfois à l’apparition de certains comportements anormaux, tels que des stéréotypies (Van de Weerd et Day, 2009). Ces porcs peuvent éventuellement combler le manque de stimulations par des comportements sociaux agressifs, comme les morsures de queue (caudophagie) et d’oreilles entre congénères (Fraser et al., 1991). L’association entre la fréquence de ces comportements et le niveau de privation comportementale semble assez forte, bien que plusieurs autres facteurs puissent intervenir (p. ex. : la nutrition, la génétique, l’âge et la santé (EFSA, 2007; Taylor et al., 2010)).

1.1.1. Caudophagie

La définition exacte de la caudophagie peut varier entre experts. Elle peut n’inclure que les morsures cannibales, comme elle peut inclure toutes les manipulations orales de la queue causant des lésions ou non (Taylor et al., 2010). Il semble que toutes les manipulations devraient être considérées, à un certain degré, puisque même les morsures aux apparences inoffensives peuvent prendre de l’ampleur et ultimement engendrer des lésions (Taylor et al., 2010). Cette évolution peut être rapide et passer d’un stade sans lésion à un stade de blessures visibles en une journée (Zonderland et al., 2008). Une fois le sang apparu, la curiosité des porcs est d’autant plus stimulée, pouvant aggraver le problème (Fraser, 1987). En plus du développement rapide, il est souvent difficile d’identifier le ou les porcs responsables, compliquant l’isolation des porcs agresseurs par le producteur (Brunberg et al., 2011).

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5 La caudectomie a été implantée pour réduire l’incidence de la caudophagie, mais cette procédure n’éliminerait pas complètement ce problème (Sutherland et al., 2009) et le mordillage des queues peut tout de même persister (Paoli et al., 2016). Cette procédure peut également être elle-même reliée à de la douleur et un stress, affectant le bien-être des porcelets (Sutherland et al., 2008). Malgré la pratique assez répandue de la caudectomie, la caudophagie serait l’un des principaux problèmes reliés au bien-être dans les élevages porcins à travers le monde (EFSA, 2007). La prévalence exacte de la caudophagie semble difficile à évaluer en raison des divers degrés de sévérité et l’inconstance des observations associées. Somme toute, de 30 % à 70 % des fermes présenteraient des problèmes épisodiques de caudophagie, avec 1 % à 5 % des porcs qui auraient des lésions à la queue (EFSA, 2007).

Les impacts sur les porcs peuvent toucher leur santé, selon le niveau de sévérité des morsures. Les lésions peuvent générer des abcès, qui eux peuvent entrainer une pyohémie (type de septicémie propageant des abcès de nature métastatiques) (EFSA, 2007). Les répercussions vont de la diminution de la croissance jusqu’à la condamnation de la carcasse entière à l’abattage (EFSA, 2007; Sinisalo et al., 2012). Dans les cas modérés et graves, la caudophagie inflige également de la douleur et de la détresse, réduisant le bien-être des animaux affectés (EFSA, 2007). La douleur pourrait persister quelques semaines après l’apparition des dommages lorsqu’il y a formation d’un névrome (EFSA, 2007). Pour les producteurs, les impacts sur la santé et le bien-être des porcs se traduisent par des pertes économiques (EFSA, 2007; Taylor et al., 2010; Sinisalo et al., 2012).

1.1.2. Autres comportements anormaux

D’autres comportements impliquant des contacts avec la gueule, le groin ou la tête entre les porcs ou sur les structures de contention sont répertoriés. Entre congénères, les morsures d’oreilles et les coups de groin (ou morsures) sur le ventre sont fréquemment recensés (EFSA, 2007; Brunberg et al., 2011). Ces comportements peuvent être attribuables aux mêmes motifs que les morsures de queues. Les risques pour la santé des porcs et les conséquences peuvent équivaloir à la caudophagie, dépendamment de la sévérité des lésions. Il existerait également une relation entre la fréquence de ces comportements anormaux et la fréquence de la caudophagie (Brunberg et al., 2011).

Le mâchouillage des barreaux de métal ou des boulons des parcs sont des exemples de redirection comportementale sur les structures des bâtiments. À certains égards, ces comportements peuvent être classifiés comme des stéréotypies (EFSA, 2007).

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1.1.3. Stress

La définition du stress et ses causes peuvent varier selon les sources. Une des définitions reconnues est celle de Broom et Johnson (1993): « stress is an environmental effect on an individual which

overtaxes its control systems and reduces its fitness or appears likely to do so ». Selon Broom

(1998), un animal stressé a automatiquement un niveau de bien-être amoindri. Qu’il soit induit par l’environnement ou les manipulations humaines, le stress peut diminuer les performances zootechniques et la qualité de la viande (Beattie et al., 2000). Les conditions dans lesquelles sont placés les porcs en élevages intensifs risquent d’infliger un stress prolongé aux animaux (Cornale et al., 2015). Comme ces élevages sont la norme dans plusieurs grands pays producteurs, le nombre de porcs touchés est très important.

1.2. Prévention des comportements anormaux et du stress par les objets

d’enrichissement

L’enrichissement de l’environnement à l’aide d’objets permet aux porcs d’exprimer des comportements naturels, ce qui peut avoir un impact positif sur le bien-être et certains paramètres de production. La littérature présente parfois des résultats contradictoires par rapport à l’efficacité des objets d’enrichissement sur certains aspects du bien-être et des performances de production. Sur d’autres aspects, un manque d’information empêche également d’établir des conclusions pertinentes.

1.2.1. Comportements anormaux

La caudophagie, exprimée de manière soudaine et excessive, voire même obsessive, pourrait ne pas être prévenue par l’enrichissement de l’environnement (Taylor et al., 2010). Les facteurs causaux tels que la génétique et l’accès restreint aux ressources alimentaires semblent être prédominants dans ces cas. La prévention des cas plus communs et moins sévères de caudophagie par l’enrichissement de l’environnement serait plus efficace (Taylor et al., 2010). Ce type de caudophagie est souvent associé à la privation des besoins comportementaux innés des porcs, qu’ils sont alors capables d’exprimer sur des objets.

Généralement, la littérature rapporte des diminutions des comportements sociaux indésirables lorsqu’un ou plusieurs objets d’enrichissement sont offerts, comparativement à des parcs sans objets (Bracke et al., 2006; Averós et al., 2010). Il est fréquent que ces diminutions ne soient toutefois pas significatives (p. ex. : Cornale et al., 2015). Le type d’objet offert aurait une grande

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7 influence sur les résultats. Par exemple, des morceaux de bois seraient meilleurs que des bouts de plastiques pour diminuer les agressions (Telkänranta et al., 2014).

1.2.2. Stress

L’évaluation de la sécrétion d’hormones reliées au stress est une mesure directe du stress, mais n’est pas très bien documentée en ce qui a trait aux effets des objets d’enrichissement. Il semblerait tout de même que les objets ne diminueraient généralement pas les concentrations sanguines de corticostéroïdes (Van de Weerd et Day, 2009). Un biais pourrait être induit lors de la récolte de données sur les animaux, car la prise de sang induirait elle-même une élévation de sécrétions de corticostéroïdes (Mormède et al., 2007). Cependant, même en contournant les manipulations directes des animaux qui peuvent causer un stress, par exemple en analysant les concentrations fécales des corticostéroïdes, les objets d’enrichissement restent sans effet significatif (Cornale et al., 2015).

Les impacts des objets d’enrichissement sur l’amélioration des performances zootechniques et de la qualité de la viande, qui peuvent être influencés par le stress en production, sont inconstants dans la littérature. Les niveaux d’intérêt différents suscités par les objets utilisés pourraient expliquer en partie ces fluctuations. Il semble fréquent de ne pas noter de différences sur le plan des performances zootechniques (Pearce et al., 1989; Pearce et Paterson, 1993) ou encore sur la qualité de la viande (Hill et al., 1998), suite à l’ajout des objets. Cependant, une amélioration du gain moyen quotidien et de la conversion alimentaire pour certaines lignées de porcs élevés dans un milieu enrichi d’objets a été notée (Hill et al., 1998). Rodarte et al. (2004) ont aussi noté une augmentation significative du gain moyen quotidien sous l’effet de l’ajout d’objets pour les porcelets sevrés. En contrepartie, il est plus clair que l’ajout d’objets d’enrichissement n’a pas de conséquences négatives sur les performances zootechniques (Bracke et al., 2006).

Les effets bénéfiques des objets en engraissement doivent être perçus de manière holistique. L’amélioration du bien-être est multifactorielle et peut ne pas être perceptible sous un seul facteur comme le stress. Elle peut aussi être embrouillée sous l’effet de groupe. Il se pourrait qu’un porc dans un parc souffre de stress chronique, car il est agressé à répétition, mais que son état soit dissimulé dans une moyenne de groupe.

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1.3. Enrichissement de l’environnement chez le porc à l’engraissement

Les modifications ou les ajouts effectués peuvent améliorer le bien-être des porcs, pourvu que les enrichissements aient des propriétés permettant l’expression de comportements spécifiques à leur espèce (Van de Weerd et Day, 2009). La notion de l’amélioration du bien-être peut changer selon les points de vue, en référant soit aux paramètres physiologiques des porcs, à leurs comportements, à leur environnement ou à un amalgame de ces critères. Broom (1998) considère que le bien-être d’un animal peut se refléter par sa capacité à s’adapter à l’environnement qui lui est offert. En milieu naturel, les porcs sont des animaux explorateurs, qui aiment fouir et mâcher différents substrats à leur disposition. Pour être classée comme enrichissante, la modification du milieu doit idéalement permettre au porc d’exprimer l’un ou plusieurs de ces comportements. Il est par la suite plus probable que le porc ait une réponse émotionnelle positive, pouvant être reliée à une amélioration du bien-être animal (Boissy et al., 2007), et qu’il s’adapte mieux à son environnement. Il est possible d’établir deux grandes catégories d’enrichissements pour les parcs d’engraissement. La première catégorie englobe tous les objets qui n’offrent pas de substrat pouvant être déplacé et ingéré (ex. : de la paille). La deuxième catégorie englobe les objets qui offrent ces substrats, quelles que soient la nature du substrat, la disposition et les quantités offertes. Les deux catégories d’enrichissements peuvent être disponibles simultanément. Néanmoins, peu importe la catégorie à laquelle appartiennent les enrichissements, ceux-ci doivent être pratiques à employer, peu dispendieux, en plus d’avoir un impact positif sur l’économie de la production et sur le bien-être des porcs (Van de Weerd et Day, 2009). Ainsi, les producteurs sont plus enclins à les adopter de manière permanente.

1.3.1. Objets d’enrichissement sans substrat

Les systèmes de gestion de lisier en production porcine intensive ne sont souvent pas adaptés pour l’ajout de litière (EFSA, 2007), pratique qui pourrait favoriser le bien-être (voir la section 1.5 sur la litière). Des objets peuvent alors être ajoutés dans les parcs pour stimuler les porcs. Pour qu’un objet soit reconnu comme un enrichissement favorable et pertinent, il doit occasionner une diminution des comportements indésirables en plus de permettre aux porcs d’exprimer certains de leurs comportements naturels (Van de Weerd et Day, 2009). La privation comportementale est proportionnelle aux manques de stimuli offerts dans le parc d'engraissement. Plus ces parcs sont pauvres en éléments stimulants, plus la réponse des porcs à l'introduction d'un nouvel objet serait forte, indiquant un besoin plus fort à combler (Stolba et Wood-Gush, 1984).

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9 La littérature présente de multiples exemples d’objets pour enrichir le milieu des porcs à l’engraissement. Il est possible de dresser une liste des matériaux de base constituant les objets (p. ex. bois, plastique ou caoutchouc) telle que faite par Bracke et al. (2006). Il est aussi possible de caractériser les objets selon leurs propriétés. Van de Weerd et al. (2003) ont conclu que les objets comestibles, destructibles, déformables, odorants et qui peuvent être mâchés sont les plus propices à stimuler les porcs. Certains objets, qui offrent peu ou pas de ces caractéristiques, peuvent intriguer et stimuler les porcs, mais sur une courte période. L’intérêt peut alors se perdre après quelques jours seulement (Van de Weerd et al., 2003; Zonderland et al., 2003; Guy et al., 2013), amenuisant leurs effets positifs. Blackshaw et al. (1997) ont relevé une diminution de l’intérêt envers les objets pouvant être mâchés après une période de trois semaines, montrant la persistance prolongée de l’intérêt pour un objet comblant un comportement important. Le maintien de l’intérêt devient donc également un paramètre à considérer.

Trickett et al. (2009) ont noté que le renouvellement des objets présentés à des groupes de porcs sevrés contribue à rehausser l’intérêt. La nouveauté d’un objet semble stimuler leur curiosité. Il y aurait une différence dans la réponse entre la rotation de différents objets et l’apport de nouveaux objets avec lesquels les porcs n’ont jamais eu de contact. Les porcs auraient la capacité de garder en mémoire un objet pour environ cinq jours après y avoir été exposés sur une période de deux jours, affaiblissant ainsi l’effet de nouveauté lorsque ce même objet est réintroduit dans le parc (Gifford et al., 2007).

L’offre de plus d’un objet simultanément aurait la propriété d’augmenter l’enrichissement en accroissant le temps passé à interagir avec ces objets (Averós et al., 2010). Certains objets offriraient des niveaux de manipulation additifs l’un à l’autre, c’est-à-dire que le temps total passé sur les objets lorsqu’ils sont présentés simultanément dans le même parc équivaut à la somme des temps passés sur chacun des objets placés individuellement dans des parcs différents (Trickett et al., 2009). Cependant, il pourrait y avoir une influence du niveau d’intérêt attribué à chacun des objets individuellement. Si deux objets moins stimulants sont combinés, il en résulterait une bonification de l’enrichissement total. Si un objet à haut niveau d’intérêt est combiné avec un objet de niveau d’intérêt égal ou inférieur, ce dernier pourrait ne pas engendrer une hausse significative de l’intérêt combiné. Les taux d’utilisation d’un seul ou de plusieurs objets dans un parc contenant plusieurs porcs peuvent être réduits par cause de limitation physique de l’accessibilité à ces enrichissements (Docking et al., 2008). Les porcs peuvent se faire compétition pour les objets, ce qui peut même engendrer des comportements agressifs entre congénères (Schaefer et al., 1990; Ishiwata et al., 2004). Il est difficile d’établir le ratio idéal de porcs par objet étant donné la

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multitude de variables possibles pour les objets, les comportements des porcs ainsi que les conditions d’élevage.

Pour évaluer l’efficacité, ou la valeur d’enrichissement d’un objet, deux procédures générales sont possibles. La première se base sur l’appréciation des enrichissements par les porcs et comptabilise l’utilisation des objets. La durée et la fréquence des interactions avec les objets sont les deux paramètres les plus souvent compilés pour évaluer la valeur d’enrichissement. Cette valeur est alors proportionnelle au temps qui leur sont consacrés ou au nombre d’interactions qu’ils ont suscité. Cependant, une analyse basée seulement sur la fréquence des interactions pourrait ne pas être suffisante. Bracke (2007) a montré qu’une analyse comportementale basée seulement sur des critères fréquentiels pourrait être incomplète pour bien évaluer l’appréciation et l’effet sur le bien-être d’un enrichissement. Telkänranta et al. (2014) ont obtenu des résultats qui corroborent cette hypothèse. Alors que deux des enrichissements qu’ils ont présentés aux porcs ont été manipulés à des fréquences similaires, un seul des deux a réussi à réduire l’incidence des morsures de queues et d’oreilles.

La deuxième procédure se base sur des mesures comportementales, biologiques ou physiologiques. La valeur d’enrichissement d’un objet sera alors proportionnelle à son effet positif sur le type de mesures choisi (ex. la fréquence de la caudophagie). Une évaluation plus complète peut aussi combiner les valeurs d’enrichissements obtenues par les deux procédures pour un même objet ou même matériau, comme Bracke et al. (2006) l’ont fait. Van de Weerd et Day (2009) ont également inclus des paramètres de performance zootechniques, de qualité de la carcasse et de la viande, bien que ces paramètres soient inconstants et parfois moins bien documentés.

1.3.2. Caractéristiques bénéfiques des objets

Certaines caractéristiques semblent offrir de meilleures valeurs d’enrichissement. Ces caractéristiques amènent aux porcs une source de stimulation positive reliée à l’expression de comportements innés, nécessaires au bien-être. Van de Weerd et al. (2003) ont testé 74 objets de différentes natures et ont mis en évidence quelques caractéristiques communes des objets préférés des porcs. Pour y arriver, ils ont dressé une liste des objets qui ont reçu les plus longues durées totales d’interactions au premier jour de mise en contact, puis après cinq jours de contact avec les objets. Le tableau 1.1 montre les quatre objets préférés, sur les 25 meilleurs, en excluant les objets comestibles (ex. : arachides, betteraves, carottes) et particulaires (« particulate », p. ex. : la paille est sous forme de « particules »).

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Tableau 1.1. Les quatre objets d’enrichissement préférés (sur les 25 meilleurs), selon les durées

d’interactions, pour des porcs à l’engraissement au premier et cinquième jour d’une expérimentation, avec leurs caractéristiques respectives.

Objet Caractéristiques 1 Temps d’interaction

(%) 2

Jour 1

Sac de jute dans une boîte 1, 2, 4, 5, 7 10,4

Bande de tissus (suspendue) 2, 3, 5, 6 9,7

Corde (suspendue) 2, 3, 5, 6 9,1

Corde de sisal avec nœuds (suspendue) 1, 2, 3, 5, 6 8,4

Jour 5

Corde en sisal (suspendue) 1, 2, 3, 5, 6 4,6

Tête de balai serpillère (suspendue) 2, 3, 5, 6 3,2

Carillon métallique (suspendu) - 2,1

Sangle (suspendue) 2, 3, 5, 6 2,1

1 Liste des caractéristiques attribuables à l’objet :

1. Odorant 2. Déformable

3. Ne permet pas de combler le besoin de fouir 4. Libre (non attaché ou fixé)

5. Peut être mâché (pris et manipulé avec la gueule) 6. Destructible

7. Placé dans un contenant (ex. : une boîte dans un coin du parc)

2 Durée relative du temps consacré à l’objet par rapport à la période complète d’observation.

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Tous les objets de leur expérimentation ont été utilisés avec une fréquence et une intensité d’amplitudes variables. Les porcs avaient été logés dans un environnement non enrichi au préalable. Les observations de cette étude soutiennent également le principe du déclin de l’intérêt avec le temps. Les durées initiales plus élevées d’interactions s’expliqueraient par la curiosité causée par la nouveauté de l’objet. L’enrichissement qui a maintenu l’intérêt le plus élevé aux jours un et cinq (la paille de lavande avec arachides entières dans une boîte) offre plusieurs stimuli captant l’intérêt des porcs, expliquant probablement les interactions plus longues et plus fréquentes. Le fait que cet enrichissement offre la possibilité de fouir est un atout majeur, étant donné la haute priorité présumée de ce comportement pour les porcs (Studnitz et al., 2007).

Les porcs sont fortement motivés à explorer l’environnement dans lequel ils sont placés en effectuant des comportements typiques. L’un des comportements les plus perceptibles, mis à part le fouissage, est le mâchouillage. Son occurrence est bien connue et peut être utilisée pour étudier le comportement du porc envers certains objets, comme Feddes et al. (1993) l’ont fait avec les détecteurs de pression installés dans un objet pouvant être mâché. Plusieurs matériaux peuvent être utilisés pour combler le besoin des porcs de mâcher, de mordre ou tout simplement de manipuler quelque chose avec la gueule. Feddes et Fraser (1994) ont conclu que les matériaux qui pouvaient non seulement être mâchouillés, mais aussi altérés (détruits) en les mordillant sont les plus utilisés par les porcs.

Il semble donc que les objets permettant aux porcs de fouir sont les plus fortement appréciés. Ces objets particulaires ne sont toutefois pas toujours implantables dans les parcs. Les autres caractéristiques qui semblent être appréciées sont la destructibilité et le fait de pouvoir être mâché.

1.3.3. Disposition des objets

En plus des caractéristiques des objets, reliées avec le type de matériau de fabrication, la disposition des objets aurait un impact sur l’intérêt qu’ils suscitent.

1.3.3.1. Objets libres dans le parc

Ces objets sont placés dans le parc d’engraissement sans être fixés aux murs ou au plancher. Ceux-ci peuvent être manipulés à la grandeur du parc. L’un des désavantages les plus souvent répertoriés est le désintéressement du porc après un certain temps, principalement causé par l’insalubrité de l’objet (Blackshaw et al., 1997; Van de Weerd et al., 2003). Des objets souillés risquent d’engendrer des temps et des intensités d’utilisation moindres que des objets propres (Bracke, 2007). Pour contrecarrer ce problème, il est possible de nettoyer les objets sur une base quotidienne, mais cela

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13 demande du temps en main-d’œuvre et les objets se resalissent rapidement. Les objets libres peuvent également se coincer sous la mangeoire ou encore être poussés dans un autre parc (Blackshaw et al., 1997). Les prochains paragraphes présentent quelques exemples courants d’objets libres déposés dans les parcs d’engraissement.

Les morceaux de bois

Le bois est souvent cité comme étant l’un des matériaux les plus attrayants pour les porcs, spécialement s’il s’agit d’un bois frais. Cependant, lorsque les morceaux de bois sont présentés directement au sol, l’intérêt des porcs pourrait être amoindri comparativement à une disposition qui évite le contact avec le sol. Dans l’étude de Trickett et al. (2009), les blocs de bois déposés au sol dans les parcs ont été manipulés moins souvent que des cordes suspendues, autant lorsque ces deux enrichissements étaient offerts séparément ou simultanément. Le manque de mobilité et l’insalubrité d’un bloc de bois souillé au sol, après un certain temps, pourraient amenuiser l’attrait.

Les balles

Des balles sont commercialisées pour différentes espèces animales, autant pour les animaux de compagnie et les animaux d’élevage que les animaux de zoo. Elles sont conçues pour inciter le jeu et sembleraient être préférées des espèces qui ont une certaine dextérité des membres antérieurs. Les porcs vont plutôt sentir, tenter de gruger la balle et lui donner des coups de tête. La dureté et la forme d’une balle de plastique rendent le mâchouillage difficile. Pour ces raisons, il a déjà été noté qu’une balle de plastique suscite une utilisation moins fréquente qu’une chaîne de métal suspendue (Hoges, 1991, cité par Bracke et al., 2006). L’attrait pour une balle serait variable d’un porc à l’autre et serait également plus grand lorsque les porcs ont déjà été en contact avec d’autres types d’enrichissement auparavant. Lorsqu’élevés dans un environnement peu enrichi, les porcs ont montré moins d’intérêt et une plus grande peur envers une balle nouvellement introduite, comparativement aux porcs évoluant dans un environnement déjà enrichi (Tönepöhl et al., 2012).

Autres objets

Plusieurs autres types d’objets ont été testés (des jouets de caoutchoucs pour chiens, des contenants de plastique ou encore tout simplement des roches), mais l’information sur ces objets moins utilisés est plus rare dans la littérature. Il est tout de même possible d’appliquer la logique générale sur l’appréciation des objets : ceux faits de matériaux plus tendres, qui sont manipulables avec la gueule des porcs, sont préférés.

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Le principal désavantage d’un objet libre semble être la souillure rapide. Il permet par contre d’être manipulé à n’importe quel endroit dans le parc, augmentant l’activité des porcs. L’objet devrait idéalement pouvoir être mâchouillé ou manipulé avec la gueule.

1.3.3.2. Objets fixes

L’avantage le plus marqué d’un objet fixé est qu’il laisse la liberté aux porcs de satisfaire vivement leur besoin de le mâchouiller. Pour le producteur, ces objets peuvent être moins encombrants lorsqu’ils doivent aller dans les parcs. Lorsque surélevés du sol, ils se salissent moins rapidement. Cependant, ils ont moins tendance à engendrer des temps de manipulation aussi longs qu’un objet suspendu, bien que cette affirmation soit variable selon le type de matériau utilisé.

Objets fixés au mur ou à une barrière

Cette méthode de fixation permet de placer l’objet à la hauteur des yeux des porcs, accentuant les chances d’engendrer des interactions. Elkmann et Hoy (2009) ont testé l’ajout d’un bloc de bois fixé au mur à l’aide d’un tuyau métallique, ce qui lui permettait d’être soulevé à la verticale (figure 1.1). Cet objet a été comparé à des blocs de bois suspendus (figures 1.4A et 1.4B). Les temps d’utilisation moyens, du début à la fin de l’engraissement, ont été supérieurs pour le bois fixe par rapport au bois sous forme de pendule.

Objets fixés au sol

Ce positionnement offrirait aux porcs l’opportunité de mieux flairer, mâcher et détruire (lorsque le matériau le permet) les objets. Courboulay (2004) a obtenu deux fois plus de manipulations pour des tuyaux de plastique fixés au sol comparativement à ces mêmes tuyaux suspendus. Les tuyaux fixes ont été léchés et flairés beaucoup plus longtemps. Ces tuyaux ont également été considérablement plus détruits que ceux suspendus. Cela s’est traduit par une diminution des temps de contact entre les congénères. Ce même montage a engendré des résultats comportementaux comparables à la mise à disposition de paille dans un râtelier (Courboulay, 2006). L’utilisation plus marquée des chaînes et des tuyaux de plastique au sol s’est répétée dans une étude ultérieure (Courboulay, 2011). Les objets au sol laissent l’opportunité aux porcs de manipuler les objets lorsqu’ils sont couchés. Les porcs auraient tendance à utiliser la zone où se trouve l’objet comme zone de repos, améliorant la propreté de ce lieu et des objets (Courboulay, 2004).

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Figure 1.1. Bloc de bois fixé à un tuyau offrant un mouvement vertical seulement. Tiré de Elkmann et Hoy (2009).

Figure 1.2. Embranchement de chaînes suspendues à un barreau horizontal d’un parc d’engraissement de porcs. Tiré de Telkänranta et al. (2014)

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Les objets fixes ont donc l’avantage de permettre aux porcs de mâchouiller les objets d’une manière plus satisfaisante. Au sol, les porcs peuvent manipuler les objets même lorsqu’ils sont couchés, pouvant augmenter le temps d’utilisation. Ces objets sont par contre plus à risque de se salir rapidement.

1.3.3.3. Objets suspendus

Ces objets sont suspendus à partir des structures des parcs, du plafond ou d’un montage fabriqué sur mesure. La hauteur à laquelle ils sont présentés est généralement celle des épaules des porcs ou plus près du sol, de manière à ce qu’ils soient constamment visibles. Ce type d’enrichissement serait propice à maintenir l’intérêt des porcs sur une plus longue période qu’un objet au sol (Scott et al., 2009; Averós et al., 2010), de stimuler davantage le jeu en raison de son mouvement de balancier (Blackshaw et al., 1997), en plus d’être plus hygiénique comparativement aux objets qui touchent le sol (Trickett et al., 2009). Les prochains paragraphes présentent quelques exemples communs d’objets suspendus à l’intérieur des parcs d’engraissement.

Les chaînes de métal

Différentes variantes sont possibles pour les méthodes d’installation des chaînes. En production commerciale, elles sont souvent suspendues verticalement à un des barreaux horizontaux faisant partie de la structure de contention des animaux. Elles peuvent aussi être suspendues à partir du plafond ou d’une autre structure, pouvant faire partie ou non de l’enrichissement. Certains montages semblent plus attrayants pour les porcs, comme la pose d’un embranchement de chaînes (figure 1.2), qui serait plus utilisé qu’une chaîne seule (Telkänranta et al., 2014).

La chaîne est une solution simple, peu dispendieuse et durable. Cependant, plusieurs études remettent en question sa valeur réelle d’enrichissement. Grandin (1989) a montré que les chaînes étaient moins appréciées que des bandes de tissus et que des tuyaux de caoutchouc suspendus. Apple et Craig (1992) ont montré que la chaîne est moins utilisée en comparaison avec un tuyau de caoutchouc, une corde avec des nœuds et des jouets pour chien en caoutchouc. Cette préférence pour les tuyaux de caoutchouc, aux dépens des chaînes, s’est également répétée dans l’étude de Hill et al. (1998), pour les porcs en finition.

Les résultats mitigés des chaînes peuvent être attribuables à la nature même de cet enrichissement. Les objets métalliques ne semblent pas satisfaire suffisamment les besoins des porcs, étant donné qu’ils sont moins agréables à mâchouiller qu’un matériau plus malléable. Bracke et al. (2006) ont conclu que les enrichissements métalliques, tels que les chaînes, sont ceux qui offrent les plus

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17 faibles améliorations du bien-être des porcs. Il demeure que leur utilisation par les producteurs est fréquente étant donné leur durabilité, la simplicité d’installation et leur faible coût. De plus, l’ajout d’enrichissements, même les plus simples tels que les chaînes, contribue à améliorer la satisfaction des besoins comportementaux des porcs.

Les cordes

Il y a plusieurs similarités entre les cordes suspendues et les chaînes. Elles peuvent être installées en utilisant les mêmes techniques et sont peu dispendieuses. Cependant, elles donnent des résultats différents. Les cordes peuvent être fabriquées à partir de différents matériaux, tous offrant une stimulation supérieure pour le mâchouillage que les chaînes de métal. De plus, certains matériaux, comme le sisal, émettent une odeur qui pourrait stimuler les porcs (Van de Weerd et al., 2003). Dans l’étude de Zonderland et al. (2003), des bouts de cordes de coton, suspendus à la hauteur des épaules des porcs, ont occasionné une plus haute fréquence de manipulation qu’une chaîne de métal, un tuyau de métal et un morceau de bois, tous présentés de la même manière. Il est également mentionné dans cette étude que le placement de la corde à l’horizontale ou à la verticale n’entrainait pas de changements de la fréquence des manipulations.

Les cordes peuvent avoir le désavantage de se désagréger trop rapidement. Dans l’étude de Telkänranta et al. (2014), des cordes en sisal avaient été préalablement testées, mais elles n’ont pas été retenues pour la phase expérimentale, car elles devaient être remplacées trop souvent. Comme l’un des buts de cette étude était d’offrir des enrichissements au meilleur coût possible, ce remplacement fréquent ne répondait pas aux critères recherchés. Un renouvellement des cordes suspendues toutes les deux semaines a été nécessaire dans l’étude de Trickett et al. (2009). Toutefois, les auteurs de cette étude ont remarqué que le remplacement de la corde, même lorsqu’elle était combinée avec un autre objet, rehaussait l’intérêt des porcs, comme s’il s’agissait d’un nouvel objet. En partie pour cette raison, ils ont également pu conclure que la corde offrait un excellent niveau de manipulation.

Dans le même ordre d’idées, le désagrégement progressif d’une corde pourrait aussi prolonger l’intérêt. Les bouts de cordes qui émergent et qui se défont inciteraient les porcs à continuer les manipulations (Feddes et Fraser, 1994). La présence de nœuds atténuerait temporairement l’intérêt envers les cordes, principalement parce qu’ils empêcheraient le désagrégement progressif, jusqu’à ce qu’ils se défassent.

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Les bandes de tissus

Leurs propriétés sont similaires à celles des cordes. Elles peuvent être désagrégées et facilement manipulées. Cette facilité de manipulation serait un avantage auprès des porcelets nouvellement sevrés. Grandin (1989) a noté une utilisation supérieure des bandes de tissus à des tuyaux de caoutchouc et à des chaînes pour les porcelets en début d’engraissement. Les porcelets auraient eu plus de facilité à saisir le tissu en raison de la coordination et de l’apprentissage nécessaires afin de bien manipuler un matériau plus rigide.

Les morceaux de bois suspendus

Dans l’étude de Telkänranta et al. (2014), les pièces de bois frais suspendues horizontalement (figure 1.3) se sont avérées les meilleurs enrichissements en comparaison à des chaînes et des tuyaux de plastique suspendus. C’est d’ailleurs le seul traitement qui a réussi à réduire l’incidence des morsures de queues et d’oreilles. C’est également le seul à avoir maintenu l’intérêt des porcs sur une période de plus de deux mois. Il est noté dans cet article que l’utilisation de bois frais, non séché, peut expliquer ces résultats. Le positionnement des pièces de bois serait également responsable du niveau d’intérêt élevé. Les auteurs de cette étude avaient préalablement testé d’autres façons de présenter les morceaux de bois. Ils les avaient placés verticalement et à un angle de 45 degrés, mais les observations ont montré que la position horizontale était préférée.

D’autres études révèlent que certains montages obtiennent de meilleurs temps d’utilisation. Elkmann et Hoy (2009) ont obtenu de meilleurs niveaux de manipulations avec des blocs de bois suspendus en forme de croix (figure 1.4A) plutôt qu’un seul bloc de bois attaché comme un pendule (figure 1.4B). Les auteurs mentionnent que le premier porc à manipuler un bloc du montage en croix provoquait du mouvement et du bruit, ce qui attirait les autres porcs. Ce montage était également plus visible et accessible pour un plus grand nombre de porcs à la fois.

Le bois frais semble préférable au bois séché commercial. Il est plus mou, donc plus facile à mâchouiller et les porcs peuvent en ingérer plus comparativement à un morceau de bois séché qui est plus dur. Le bois frais a aussi une odeur plus prononcée. Les matériaux mous, pouvant être mâchés facilement et générant une odeur sont associés au maintien de l’intérêt selon Van de Weerd et al. (2003).

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19 Figure 1.3. Morceaux de bois frais suspendus à l’horizontale par des chaînes dans un parc de porc

à l’engraissement. Tiré de Telkänranta et al. (2014).

A B

Figure 1.4. Blocs de bois en croix (A) et en pendule (B). Tiré de Elkmann et Hoy (2009).

Figure 1.5. Tubes de plastique, disposés en croix, suspendus dans un parc de porcs à l’engraissement. Tiré de Telkänranta et al. (2014).

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Les objets de plastique suspendus

Le plastique est un matériau rigide qui peut plus difficilement être mordillé, déformé (lorsque les dimensions ne le rendent pas complètement rigide) et détruit. Courboulay (2004) a noté qu’il était difficile pour les porcs de gruger les tuyaux de plastiques suspendus, diminuant le temps de manipulation. Cette impossibilité de satisfaire le besoin de mordiller pourrait avoir pour effet de ne pas résoudre les problèmes des morsures de queues et d’oreilles, comme les résultats de Telkänranta et al. (2014) l’indiquent. Des tuyaux de plastique auraient par contre un meilleur taux d’utilisation et un maintien supérieur de l’utilisation au fil du temps comparativement aux chaînes (Courboulay et Thuard, 2008). Telkänranta et al. (2014) ont obtenu un résultat similaire avec leur montage en croix (figure 1.5).

Les objets en caoutchoucs suspendus

Plusieurs types de caoutchoucs ont été testés. Malgré les différentes textures et rigidités qui existent, ils offrent tous la possibilité aux porcs de mâchouiller et mordiller. Pour évaluer leur efficacité, ils sont eux aussi comparés à d’autres matériaux. Dans la revue sur les enrichissements de Bracke et al. (2006), les objets de caoutchouc ont été présentés comme préférables aux objets métalliques, mais moins bons que les cordes et le bois. Feddes et Fraser (1994) ont découpé des lanières de caoutchouc rigide à partir de tapis commerciaux pour les animaux, qui ont été suspendues à la hauteur des yeux des porcs. Ces lanières se sont avérées moins appréciées que les cordes utilisées à titre de comparaison. Le caoutchouc pourrait avoir été trop rigide pour pleinement satisfaire les porcs. Des bandes de caoutchouc suspendues ont aussi été étudiées dans la deuxième expérimentation de Schaefer et al. (1990). Elles se sont avérées efficaces pour réduire les agressions entre les porcs.

Il est fréquent de retrouver des pneus comme enrichissement. Malgré la rigidité du caoutchouc, certaines études révèlent une haute fréquence d’interactions avec les pneus suspendus, corrélée avec une diminution des agressions envers les congénères (Schaefer et al., 1990). Cependant, les pneus ne sont pas recommandés (entre autres par le Conseil national pour les soins aux animaux

d’élevage (CNSAE, 2014)), puisqu’il a été reporté que les porcs peuvent se coincer dans ceux-ci,

entraînant des blessures parfois létales (Hoges, 1991, cité par Bracke et al., 2006).

D’autres objets fabriqués à partir de types de caoutchouc plus mous et plus flexibles sont répertoriés dans la littérature. Plusieurs d’entre eux sont des conceptions commerciales, reliés ou non à la production porcine. Apple et Craig (1992) ont comparé un jouet pour chien, suspendu avec une corde, des boyaux de caoutchouc (boyaux d’arrosage) et des chaînes. Le jouet pour chien a suscité

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21 le plus d’intérêt parmi les quatre objets. Les auteurs ont noté la souplesse du caoutchouc utilisé, ce qui rendait le jouet plus attrayant pour les porcs. Les résultats de cette étude ont montré un niveau d’intérêt pour les bouts de boyaux presque aussi faible que pour la chaîne, qui elle, était dernière au classement. Zonderland et al. (2008) ont également observé une similitude des résultats entre les chaînes et les boyaux d’arrosage.

Globalement, l’intérêt envers les objets suspendus est supérieur s’ils sont à la hauteur des yeux des porcs et qu’ils sont agréables à mâchouiller. Le type de montage influence l’attrait, comme dans le cas d’un embranchement de chaînes, pouvant ainsi rehausser l’effet positif de l’enrichissement.

1.4. Enrichissements offrant des substrats

La mise à disposition de substrats (matériaux de différentes essences, souvent semblables à de la litière, tels que de la paille, le foin, les copeaux de bois et le sable) semblerait être bénéfique malgré les quantités parfois minimes auxquelles les porcs ont accès. Il s’agit d’un compromis pour les élevages dans lesquels le système de récupération du lisier est inadapté pour de grandes quantités de résidus solides. Ces types d’enrichissement, permettant aux porcs de fouir à un certain degré, seraient les meilleurs pour réduire l’incidence de la caudophagie (EFSA, 2007). Van de Weerd et al. (2003) ont inclus ce type d’enrichissement dans leur étude sur les durées d’interaction avec des objets pendant cinq jours. Le tableau 1.2 dresse la liste des quatre objets offrant des substrats qui ont été préférés au premier et cinquième jour par des porcs en groupes, logés dans des parcs partiellement lattés.

L’alimentation des porcs a une influence sur le niveau d’attraction avec les substrats offerts. Lorsqu’ils sont alimentés à volonté, leur motivation pour manipuler le substrat tendrait à diminuer puisqu’une certaine quantité est généralement ingérée. Dans l’étude de Guy et al. (2013), les animaux étaient nourris à volonté durant toute la période d’expérimentation. Les résultats montrent des temps d’interaction supérieurs d’une chaîne et d’une corde de sisal en comparaison aux copeaux et à la sciure de bois mis dans des mangeoires. Les auteurs expliquent en partie ce bas niveau d’intérêt par la satisfaction de la satiété des porcs. Cependant, la faim n’est pas la seule motivation des porcs pour explorer l’environnement. Il serait possible de distinguer les comportements reliés à l’appétit et ceux reliés à d’autres besoins innés (Day et al., 1995). Les porcs ont donc un certain niveau de motivation pour fouir dans des substrats comestibles même lorsqu’ils sont nourris à volonté. Il demeure par contre qu’il est possible d’accentuer l’intérêt des porcs en leur offrant un substrat appétant, comme de l’ensilage de maïs (Jensen et al., 2010).

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22

Tableau 1.2. Les quatre objets d’enrichissement particulaires préférés (sur les 25 meilleurs), selon les durées d’interactions, pour des porcs à l’engraissement au premier et cinquième jour d’une expérimentation, avec leurs caractéristiques respectives.

Objet Caractéristiques 1 Temps d’interaction

(%) 2

Jour 1

Paille de lavande avec arachides entières dans une boîte

1, 2, 4, 5, 6, 7 11,9

Panier de maïs et papier de post-consommation 1, 2, 4, 5, 6, 7 10,6

Rutabagas dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 8,3

Papier déchiqueté dans une boîte 2, 4, 5, 6, 7 8,1

Jour 5

Paille de lavande avec arachides entières dans une boîte

1, 2, 4, 5, 6, 7 9,3

Paille longue dans une boîte 2, 4, 5, 6, 7 5,8

Rutabagas dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 5,8

Compost de champignon dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 5,4

1 Liste des caractéristiques attribuables à l’objet :

1. Odorant 2. Déformable

3. Ne permet pas de combler le besoin de fouir 4. Libre (non attaché ou fixé)

5. Peut être mâché (pris et manipulé avec la gueule) 6. Comestible

7. Destructible

2 Durée relative du temps consacré à l’enrichissement par rapport à la période complète d’observations.

Figure

Figure 1.1.   Bloc de bois fixé à un tuyau offrant un mouvement vertical seulement. Tiré de Elkmann  et Hoy (2009)
Figure  1.5.  Tubes  de  plastique,  disposés  en  croix,  suspendus  dans  un  parc  de  porcs  à  l’engraissement
Figure 1.6.    Image originale des porcs dans un parc (A) et image ayant subi une transformation  binaire pour éliminer l’arrière-plan et faciliter l’analyse (B)
Figure 1.10.     Détecteur de mouvement d’un objet suspendu. Adapté de Zonderland et al
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Références

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