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CHAPITRE 1 Revue des travaux antérieurs

1.4. Enrichissements offrant des substrats

La mise à disposition de substrats (matériaux de différentes essences, souvent semblables à de la litière, tels que de la paille, le foin, les copeaux de bois et le sable) semblerait être bénéfique malgré les quantités parfois minimes auxquelles les porcs ont accès. Il s’agit d’un compromis pour les élevages dans lesquels le système de récupération du lisier est inadapté pour de grandes quantités de résidus solides. Ces types d’enrichissement, permettant aux porcs de fouir à un certain degré, seraient les meilleurs pour réduire l’incidence de la caudophagie (EFSA, 2007). Van de Weerd et al. (2003) ont inclus ce type d’enrichissement dans leur étude sur les durées d’interaction avec des objets pendant cinq jours. Le tableau 1.2 dresse la liste des quatre objets offrant des substrats qui ont été préférés au premier et cinquième jour par des porcs en groupes, logés dans des parcs partiellement lattés.

L’alimentation des porcs a une influence sur le niveau d’attraction avec les substrats offerts. Lorsqu’ils sont alimentés à volonté, leur motivation pour manipuler le substrat tendrait à diminuer puisqu’une certaine quantité est généralement ingérée. Dans l’étude de Guy et al. (2013), les animaux étaient nourris à volonté durant toute la période d’expérimentation. Les résultats montrent des temps d’interaction supérieurs d’une chaîne et d’une corde de sisal en comparaison aux copeaux et à la sciure de bois mis dans des mangeoires. Les auteurs expliquent en partie ce bas niveau d’intérêt par la satisfaction de la satiété des porcs. Cependant, la faim n’est pas la seule motivation des porcs pour explorer l’environnement. Il serait possible de distinguer les comportements reliés à l’appétit et ceux reliés à d’autres besoins innés (Day et al., 1995). Les porcs ont donc un certain niveau de motivation pour fouir dans des substrats comestibles même lorsqu’ils sont nourris à volonté. Il demeure par contre qu’il est possible d’accentuer l’intérêt des porcs en leur offrant un substrat appétant, comme de l’ensilage de maïs (Jensen et al., 2010).

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Tableau 1.2. Les quatre objets d’enrichissement particulaires préférés (sur les 25 meilleurs), selon les durées d’interactions, pour des porcs à l’engraissement au premier et cinquième jour d’une expérimentation, avec leurs caractéristiques respectives.

Objet Caractéristiques 1 Temps d’interaction

(%) 2

Jour 1

Paille de lavande avec arachides entières dans une boîte

1, 2, 4, 5, 6, 7 11,9

Panier de maïs et papier de post-consommation 1, 2, 4, 5, 6, 7 10,6

Rutabagas dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 8,3

Papier déchiqueté dans une boîte 2, 4, 5, 6, 7 8,1

Jour 5

Paille de lavande avec arachides entières dans une boîte

1, 2, 4, 5, 6, 7 9,3

Paille longue dans une boîte 2, 4, 5, 6, 7 5,8

Rutabagas dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 5,8

Compost de champignon dans une boîte 1, 2, 4, 5, 6, 7 5,4

1 Liste des caractéristiques attribuables à l’objet :

1. Odorant 2. Déformable

3. Ne permet pas de combler le besoin de fouir 4. Libre (non attaché ou fixé)

5. Peut être mâché (pris et manipulé avec la gueule) 6. Comestible

7. Destructible

2 Durée relative du temps consacré à l’enrichissement par rapport à la période complète d’observations.

23 La consommation des substrats n’aurait pas d’impact sur les paramètres d’efficacité alimentaire (Van de Weerd et Day, 2009). Il pourrait même y avoir un avantage pour la santé du système digestif. Les substrats, comme la paille, raffermit le contenu de l’estomac qui peut être trop fluide en raison de la finesse de mouture des aliments, notamment (Herskin et al., 2016). Un contenu gastrique fluide accentue le brassage du bolus alimentaire plus élevé en acide gastrique, bile et pepsine de la région distale de l’estomac vers la région gastro-œsophagienne, augmentant les chances de développement d’ulcères dans cette région moins résistante (Herskin et al., 2016). Un contenu plus ferme, sous l’effet de l’ingestion de paille en certaines quantités, peut diminuer le brassage et réduire l’incidence des ulcères gastro-œsophagiens (Scott et al., 2006; Herskin et al., 2016).

Comme pour les objets sans substrat, la présentation des enrichissements avec substrat peut varier et permettre des niveaux de stimulation qui varient, bien que l’effet de la présentation soit beaucoup moins marqué que les objets sans substrats.

1.4.1. Distributeurs

Les distributeurs sont majoritairement utilisés pour la paille ou d’autres substrats de texture similaire. Ceux-ci permettent de contrôler les quantités de substrat accessible et laissent la liberté aux porcs d’en transporter ailleurs dans le parc. Lorsque la paille est utilisée, ce type d’enrichissement serait une alternative intéressante à une litière paillée complète, malgré les quantités réduites de paille disponibles (Van de Weerd et al., 2006). Fraser et al. (1991) ont noté une diminution des comportements agressifs dirigés envers les congénères avec un distributeur de paille fixé à un mur. Le réapprovisionnement quotidien de la paille pourrait avoir un effet de nouveauté sur les porcs, stimulant leur curiosité et le maintien de l’intérêt. Zwicker et al. (2013) ont observé que la fréquence des comportements d’investigation dirigés sur la paille dans un distributeur n'a pas diminué après 18 jours.

1.4.2. Boîtes au sol

Les boîtes ne servent qu’à contenir les substrats particulaires qui autrement seraient répandus trop rapidement. Elles permettent d’avoir une épaisseur suffisante de substrat offrant la possibilité aux porcs de fouir convenablement. De la paille peut être mise dans ces boîtes, mais elles sont plus utiles pour contenir des matériaux à particules plus fines. Du compost, de la sciure de bois ou encore de l’ensilage sont des exemples se retrouvant dans la littérature. La revue de Bracke et al. (2006) établit que le compost et les autres substrats à propriétés similaires (p. ex. : sciure de bois et tourbe)

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seraient presque aussi bénéfiques que la paille. Il est également possible de faire des mélanges hétérogènes, ce qui pourrait augmenter la valeur enrichissante (Jensen et al., 2010). Dans l’étude de Van de Weerd et al. (2003), l’enrichissement le plus apprécié était un mélange de paille de lavande et d’arachides entières contenues dans une boîte au sol, combinant l’hétérogénéité ainsi que l’attrait alimentaire.

1.4.3. Dépôt sur le plancher

De petites quantités de matériel servant de litière peuvent être déposées directement dans le parc sans qu’il n’y ait d’accumulation. Même lorsque les quantités sont petites, elles auraient le potentiel de satisfaire certains besoins comportementaux des porcs. Pedersen et al. (2014) ont évalué la quantité de paille par porc nécessaire quotidiennement pour réduire les comportements anormaux entre congénères. Ils ont établi que la quantité optimale serait d’environ 387 g par porc par jour sur un plancher partiellement latté et que des quantités supérieures n’engendreraient pas de diminution supplémentaire significative des comportements indésirables. Zonderland et al. (2008) ont vu une réduction significative de la caudophagie avec seulement 20 g de paille par jour par porc. Cependant, les plus petites quantités pourraient ne pas être en mesure d’avoir un effet qui perdure sur 24 heures. Dans l’étude de Jensen et al. (2010), 90 g de paille étaient fournis quotidiennement à chaque porc. Les manipulations orales entre congénères étaient plus fréquentes avant de mettre la paille fraîche, suggérant qu’il n’y avait probablement plus assez de paille propre restante. Il semble donc possible de fournir des enrichissements offrant des substrats similaires à ceux utilisés pour la litière en petites quantités pour enrichir l’environnement sans trop risquer de boucher le système de gestion du lisier. Ces substrats plaisent aux porcs, quelle que soit la manière dont ils sont présentés. Par contre, ce type d’enrichissement demande plus de temps de main d’œuvre pour réapprovisionner les porcs, ce qui devrait préférablement se faire sur une base quotidienne. Une limitation trop importante de substrat frais qui est apprécié par les porcs pourrait causer une augmentation de la compétition entre les porcs (Fraser et al., 1991), bien que cette observation ne semble pas être commune (Van de Weerd et Day, 2009).

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