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L'aménagement du territoire de la communauté d'Inukjuak, Nunavik

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Academic year: 2021

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Texte intégral

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L’aménagement du territoire dans la communauté d’Inukjuak,

Nunavik

Mémoire

Catherine Claveau Fortin

Maîtrise en aménagement du territoire et développement régional Maître en aménagement du territoire et développement régional (M.ATDR)

Québec, Canada

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L’aménagement du territoire dans la communauté d’Inukjuak,

Nunavik

Mémoire

Catherine Claveau Fortin

Sous la direction de :

Michel Allard, directeur de recherche Geneviève Cloutier, codirectrice de recherche

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iii

Résumé

La croissance démographique, le surpeuplement des logements, les pressions de développement urbain et économique ainsi que le réchauffement climatique provoquant le dégel du pergélisol sont des facteurs qui incitent à mieux planifier l'aménagement du territoire dans les communautés inuites du nord du Canada. Une meilleure connaissance des conditions locales du pergélisol favorise une meilleure prise de décision et, par le fait même, favorise en partie l'adaptation des communautés face au réchauffement climatique tout en les aidant à planifier l’expansion que commande l’immense besoin en logements. L’étude des types de fondation par rapport aux conditions du pergélisol dans la communauté d’Inukjuak souligne la nécessité de l’intégration des connaissances sur le pergélisol dans le processus d’aménagement du territoire dans la communauté.

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iv

Abstract

The rising population, overcrowded housing, the pressure of urban and economic development and the warming climate are all factors that create the necessity of better land use planning in the communities of Nunavik, Canada. In this context, the link between land use planning and permafrost knowledge is strong. A better understanding of the permafrost conditions supports better decision making and therefore promotes a better adaptation of the communities facing the challenge of climate change and better planning of village growth due to more housing development. The study of the foundation types on permafrost terrain in the community of Inukjuak shows the necessity of the technical integration of the permafrost in the land use planning process in the community.

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v

Table des matières

Résumé ... iii

Abstract ... iv

Table des matières ... v

Liste des tableaux ... vii

Liste des figures ... viii

Liste des abréviations ... ix

Liste des cartes ... x

Remerciements ... xi

Introduction ... 1

Chapitre 1 : Mise en contexte ... 3

1.1. Contexte socio-historique du Nunavik ... 3

1.1.1. Généralités ... 3

1.1.2. La population ... 4

1.1.3. Occupation du territoire, aménagement et gouvernance à travers le temps ... 5

1.2. Changements climatiques ... 8

1.3. Le pergélisol ... 8

1.4. L’aménagement du territoire ... 9

1.4.1. Dimension technique de l’aménagement du territoire ... 10

1.4.2. Stratégies d’adaptation ... 11

1.5. Objectif ... 11

1.6. Site de l’étude... 12

1.6.1. Choix du site à l’étude et contribution du mémoire ... 12

1.6.2. Localisation et description d’Inukjuak ... 13

1.6.3. Contexte socio-historique d’Inukjuak ... 16

1.7. Postulat ... 17

1.8. Objectifs spécifiques... 17

Chapitre 2 : Méthodologie ... 19

2.1. Préparation du projet : revue documentaire ... 19

2.2. Campagnes terrain ... 19

2.2.1. Campagne d’août 2015 ... 20

2.2.2. Campagne avril 2016 ... 25

2.3. Traitement des données ... 25

2.3.1. Nouvelles données sur les sols ... 25

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vi

2.3.3. Propriétaires ... 27

2.3.4. Types de fondation ... 28

2.3.5. État du bâti ... 28

2.3.6. Espaces occupés et/ou libres de construction ... 31

Chapitre 3 : Résultats ... 32

3.1. Dépôts de surface ... 32

3.2. Conditions de pergélisol ... 32

3.3. Carte du potentiel de construction et types de fondation possibles ... 33

3.4. Les pentes ... 34

3.5. Année de construction des bâtiments ... 36

3.6. Les différents propriétaires ... 38

3.7. Les types de fondation ... 41

3.8. L’état du bâti ... 43

3.9. Espaces occupés et/ou libres de construction ... 46

Chapitre 4 : Diagnostic ... 51

4.1. Dépôts de surface, conditions de pergélisol et potentiel de construction ... 51

4.2. Pentes ... 51

4.3 Périodes de construction ... 52

4.4. Propriétaires ... 53

4.5. Types de fondation ... 55

4.6. État des fondations ... 56

4.7. Espaces ... 58

Chapitre 5 : Discussion ... 60

5.1. Utilisation du territoire / Espace à développer (planification de l’aménagement) .... 60

5.2. Types de fondations et pergélisol ... 63

5.3. Préservation du pergélisol ... 64

5.4. Résumé des éléments importants pour la planification de nouveaux développements ... 69 5.4.1. Choix du site ... 70 5.4.2. La construction et utilisation ... 70 5.4.3. Bonnes pratiques ... 70 Conclusion ... 72 Bibliographie ... 74 Annexes 1 ... 77 Annexe 2 ... 78

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vii

Liste des tableaux

Tableau 1: Les types de fondation retrouvés, Inukjuak 2015... 24 Tableau 2: Les périodes de développement utilisées ... 27 Tableau 3: Méthode d'attribution du niveau de risque de dégradation à venir ... 31 Tableau 4: Résultat présentant le nombre de bâtiment ayant été construit pour chacune des périodes de développement ... 38 Tableau 5: Résultat du nombre de bâtiment appartenant à chacun des différents

propriétaires, Inukjuak 2015 ... 41 Tableau 6: Résultat du nombre et pourcentage des différents types de fondation, Inukjuak 2015 ... 43 Tableau 7: Indentification des indicateurs de risque ... 44 Tableau 8: Les différentes infrastructures publiques répertoriées, Inukjuak 2015 ... 50

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viii

Liste des figures

Figure 1: Section : Informations générales, extraite de l'Annexe 1 ... 21

Figure 2:Section: Propriétaires, extraite de l'Annexe ... 21

Figure 3:Section: Fonction, extraite de l'Annexe 1 ... 22

Figure 4:Section: Fondation, extraite de l'Annexe 1 ... 22

Figure 5:Section: Radier, extraite de l'Annexe 1 ... 24

Figure 6:Section: Sheds (cabanons) et Containeurs (conteneurs), extrait de l'Annexe 1 .. 24

Figure 7:Section: Commentaires, extraite de l'Annexe 1 ... 25

Figure 8: Exemple typique des déformations retrouvées dans le secteur problématique .. 57

Figure 9: Exemples de cabanon conventionnel ... 58

Figure 10: Exemple d'accumulation de neige sous un bâtiment résidentiel, Inukjuak 2016 ... 65

Figure 11: Exemple de tassement sous un cabanon, Inukjuak 2015 ... 66

Figure 12: Exemple 1 : Accumulation de neige dû à l'entreposage, conteneur dans ce cas, Inukjuak 2016 ... 66

Figure 13: Exemple 2 : Accumulation de neige dû à l'entreposage, Inukjuak 2016 ... 67

Figure 14: Exemple 1 : Dépôt de neige à l'intérieur du village, Inukjuak 2016 ... 67

Figure 15: Exemple 2: Dépôt de neige à l'intérieur du village, Inukjuak 2016 ... 68

Figure 16: Exemple 3: Dépôt de neige à l'intérieur du village, Inukjuak 2016 ... 68

Figure 17: Exemple de dépôt de neige à retrait du village, Inukjuak 2016 ... 68

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ix

Liste des abréviations

ARK : Administration Régionale Kativik CEN : Centre d’Études Nordiques

CBJNQ : Convention de la Baie James et du Nord québécois KSB : Kativik School Board / Commission scolaire Kativik MSSS : Ministère de la Santé et des Services sociaux N.V. : Nordique Village / Village Nordique

OMHK : Office Municipale de l’Habitation Kativik SHQ : Société d’Habitation du Québec

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x

Liste des cartes

Carte 1: Localisation du Nunavik et de ses 14 communautés ... 4

Carte 2: Localisation d'Inukjuak ... 14

Carte 3: Aménagement du village d'Inukjuak (ARK, 2015) ... 15

Carte 4: Dépôts de surface, Inukjuak (Allard et al., 2015) ... 32

Carte 5: Condition du pergélisol, Inukjuak (Allard et al., 2015) ... 33

Carte 6: Potentiel de construction et types de fondation possibles, Inukjuak (Allard et al., 2015) ... 34

Carte 7: Pentes sur le territoire d'Inukjuak et mise en évidence des principaux abrupts et escarpements ... 35

Carte 8: Principaux abrupts et escarpements sur le territoire d'Inukjuak, présentés sur fond des dépôts de surface (Allard et al., 2015) ... 36

Carte 9: Périodes de construction pour Inukjuak ... 37

Carte 10: Différents propriétaires, Inukjuak 2015 ... 39

Carte 11: Type de fondation pour chacun des bâtiments, Inukjuak 2015 ... 42

Carte 12: État des fondations des différents bâtiments, Inukjuak 2015 ... 45

Carte 13: Utilisation du territoire par les types de bâtiments et usages du territoire, Inukjuak 2015 ... 47

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xi

Remerciements

Je dois mentionner ici les personnes qui ont su bien m’entourer tout au long de ce projet. Tout d’abord, je tiens à remercier mon directeur, M. Michel Allard, professeur au département de géographie de l’Université Laval, d’avoir accepté le partenariat avec l’École supérieure d’aménagement du territoire et développement régional, ce qui m’a permis de réaliser mon mémoire de maîtrise à ses côtés. Il m’a non seulement donné les moyens de réaliser mon projet, mais il m’a aussi accordé sa confiance et un encadrement de qualité qui m’ont permis de me dépasser et d’acquérir des compétences qui seront plus qu’utiles pour mon futur. La passion qu’il a pour son domaine, pour l’enseignement et pour la relève fait de lui un mentor exemplaire, une grande inspiration. Je serai éternellement reconnaissante pour toutes les expériences que j’ai pu vivre et accomplir grâce à lui. Le projet de recherche espéré nécessitait d’avoir les moyens de ses ambitions, notamment pour les campagnes terrain. Je remercie donc le réseau de centres d’excellence Arcticnet pour son financement ainsi que pour l’opportunité de participation à sa 11ième réunion scientifique annuelle, Vancouver 2015.

Un partenariat entre deux facultés peut parfois s’avérer flou et incertain. Je dois absolument remercier ma codirectrice, Geneviève Cloutier, professeure à l’École supérieure d’aménagement du territoire et développement régional de l’Université Laval, pour m’avoir fait confiance et avoir osé cette aventure. Son support et le suivi de qualité qu’elle a effectué tout au long du projet m’ont aidée à garder le lien avec l’aménagement du territoire.

Je ne pourrais passer sous silence toute l’équipe du Centre d’Études Nordiques que j’ai côtoyée tout au long des dernières années, soit au bureau, au laboratoire ou sur le terrain, soit Antoine Boisson, Arianne B. St-Amour, Sarah Aubé-Michaud, Valérie Mathon-Dufour, Emmanuel L’Hérault et Andrée-Sylvie Carbonneau. Merci également aux gens de l’Administration Régionale Kativik, en particulier Marie-Pier McDonald et Frédérick Brassard.

Je souligne l’excellent accueil reçu dans la communauté d’Inukjuak et notamment les entrevues extrêmement enrichissantes que j’ai eues avec le directeur général Shaomik Inukpuk ainsi qu’avec le maire Pauloosie J. Kasudluak.

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xii

Merci à ma collègue Marie-Pier Breton pour la complicité rassurante durant nos projets respectifs. Le Nord aura su alimenter quelques bonnes discussions entre nous.

Merci à Geneviève Vachon pour sa participation au comité d’évaluation de ce mémoire et pour son soutien financier, par le biais du programme Habiter le Nord dans le projet.

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1

Introduction

Réparties sur un territoire couvrant 1667 712 km² (Institut de la statistique du Québec, 2014) les différentes communautés du Québec font face à de multiples défis, parfois communs, mais aussi parfois très différents. En effet, un territoire aussi vaste comporte une variété d’environnements et de contextes de vie, répartis de façon hétérogène et créant des inégalités. De façon générale, le Québec est divisé en régions administratives, soit la région montréalaise, les régions centrales et les régions ressources. La population de la province est elle aussi répartie de façon inégale. La région montréalaise regroupe le plus gros pourcentage de population suivi des régions centrales et des régions ressources. En plus de la population, nous pouvons aussi nommer d’autres facteurs tels que la répartition des activités économiques, des enjeux sociaux et culturels, des ressources, des conditions climatiques, des contraintes et spécificités physiques propres au territoire, qui varient grandement du Nord au Sud, d’Est en Ouest et sur différentes échelles (provinciale, régionale et locale).

Tous ces facteurs viennent influencer les processus d’aménagement du territoire et de développement régional des différents villages et villes. Un développement résidentiel en banlieue de Montréal ne peut être planifié de la même façon qu’un même type de développement dans le Nord du Québec, au Nunavik par exemple. Pour ce même exemple, nous pouvons rapidement penser à plusieurs facteurs qui rendent le développement au Nunavik différent, soit le climat, la courte période de construction, l’éloignement géographique des ressources matérielles et de la main d’œuvre, les coûts de déplacement pour ces derniers, le contexte social et culturel, etc. Chacun de ces facteurs finit par en affecter d’autres et devient, au final, interrelié aux autres. Ces facteurs doivent donc tous être pris en considération lors des processus de planification. À titre d’exemple, nous pouvons nommer l’aspect climatique qui vient jouer sur l’environnement naturel du territoire, soit sur la végétation (toundra) et autres conditions physiques telle la présence de pergélisol. Ce dernier influence la stabilité des sols et leur capacité portante, soit leur capacité à supporter des charges, des constructions.

Ce mémoire, sur l’aménagement du territoire dans la communauté d’Inukjuak au Nunavik, vient traiter de l’un de ces aspects. Sans minimiser l’importance des autres facteurs, il vient analyser l’utilisation des types de fondations et des techniques de construction par rapport aux conditions de pergélisol. À travers une méthodologie spécifiquement développée, des liens sont établis entre l’utilisation actuelle du territoire actuel et des

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2

espaces à développer ainsi qu’entre les fondations des bâtiments et les conditions du pergélisol variables dans l’espace. Les étapes de recherche sur le terrain, d’analyse de photographies aériennes et l’analyse d’anciens rapports ont pu démontrer, pour la communauté d’Inukjuak, un manque de prise en considération des conditions de pergélisol pour le choix des sites de développement ainsi que pour les types de fondations utilisés, en particulier à partir des années 2000. Ces constats sont d’ailleurs appuyés par plusieurs signes de détérioration dans la communauté. Toutefois, aucune recherche n’est faite quant aux raisons ou aux responsables des choix effectués au cours des années passées alors que la communauté grandissait en nombre et s’étalait dans l’espace. L’étude se penche sur la question d’une meilleure prise en compte des conditions géomorphologiques et du pergélisol dans l’aménagement des communautés, à partir du cas d’Inukjuak et pour le territoire du Nunavik dans son ensemble.

(15)

3

Chapitre 1 : Mise en contexte

1.1. Contexte socio-historique du Nunavik

1.1.1. Généralités

Une grande portion du Québec est située en zone arctique (Allard et Lemay, 2013). On appelle le Nunavik (Carte 1) le territoire québécois au nord du 55e parallèle (Société d’Habitation du Québec (SHQ), 2014). Ce territoire partage plusieurs caractéristiques physiques et écologiques, mais aussi socio-économiques et culturelles, avec le reste de l'Arctique canadien. Tout d'abord, la population des différentes communautés sur le territoire est majoritairement inuite. Ces communautés sont établies, en partie, sur du sol gelé (pergélisol, continu ou discontinu). De plus, les gens dépendent en bonne partie des ressources écologiques (poisson, gibier, petit fruit, etc.) pour leur subsistance et leur alimentation (Allard et Lemay, 2013).

La population du Nunavik vit dans 14 communautés réparties le long du littoral (Allard et Lemay, 2013 ; Société Makivik, 2015). Elles ne sont pas reliées avec le reste du Québec par un réseau de transport routier. Il n’existe pas non plus de lien routier entre les villages eux-mêmes. C’est donc par transport aérien que s’effectue le déplacement des personnes et de biens, mais il existe aussi un service maritime durant l’été et l’automne afin d’acheminer la majorité des biens (SHQ, 2014).

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4 Carte 1: Localisation du Nunavik et de ses 14 communautés

1.1.2. La population

En date du dernier recensement de Statistique Canada (2011), on dénombrait une population de 12 090 habitants au Nunavik. Selon la Société Makivik (2015), on compterait parmi ce nombre 10% d'habitants non inuits soit environ 1000 résidents. Depuis plusieurs années, on note une forte croissance démographique de la population inuite (Allard et Lemay, 2013 ; Statistique Canada, 2015); cette croissance est d'autant plus impressionnante lorsque comparée à celle de la population du reste du Québec. En effet, entre 2001 et 2006 on notait une croissance démographique de 12% au Nunavik comparativement à 4% pour la province de Québec (Statistique Canada, 2015). Cette croissance se manifeste par la grande proportion de jeunes dans la pyramide des âges. À titre d'exemple, en 2006, 54% de la population était âgée de 24 ans ou moins (Statistique Canada, 2015 ; Société Makivik, 2015).

Cette croissance démographique apporte son lot de répercussions sur la population elle-même, mais aussi sur les infrastructures qu'elle utilise. La grande majorité des résidents du Nunavik sont locataires de leur logement et ils occupent en majeure partie des logements à loyer modique (Allard et Lemay, 2013). Selon l'enquête sur la santé (2004), 25% des logements sont surpeuplés, ce qui entraine d'autres problèmes sur la santé, l'éducation et la qualité de vie (Dewailly et Owens, 2013). Nous assistons donc

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5

présentement à une crise du logement et à un grand besoin de développement, soit en construction de logements, mais aussi en équipements publics (Statistique Canada, 2015). Par le fait même, l’expansion des villages est incontournable au Nunavik et apporte son lot de défis pour le développement et l’aménagement du territoire dans les différentes communautés (Allard et al., 2015).

1.1.3. Occupation du territoire, aménagement et gouvernance à travers le

temps

Traditionnellement, les Inuit étaient un peuple semi-nomade qui se déplaçait selon la disponibilité des ressources fauniques. L’occupation du territoire était donc changeante au fil des saisons et ils vivaient sous des installations temporaires telles que des tentes en été et des igloos en hiver. C’est aux alentours des années 1950 qu’ils commencent à se regrouper davantage autour des postes de traite répartis le long du littoral. Cette période correspond en réalité au début de leur sédentarisation (SHQ, 2014). D’ailleurs, tel que mentionné par Duhaime (1985 :15) : «La pénétration des compagnies de fourrure sur le territoire aura une influence beaucoup plus profonde». En effet, avant même les années 1950, on remarque de nombreuses conséquences directes de ces différentes fréquentations. Nous pouvons nommer à titre d’exemple la diminution des troupeaux, la croissance des famines et des épidémies. Toutefois, c’est au poste de traite que les Inuit pouvaient retrouver de l’espoir puisque c’est aussi là où étaient les secours et autres allocations. Ce qui explique donc leur intérêt face aux postes de traite et, par le fait même, leur obligation à s’y sédentariser. C’est donc une évidence qu’à cette époque, l’occupation du territoire était en quelque sorte dictée par les compagnies de fourrure et leurs postes de traite. Par exemple, lorsqu’un poste de traite fermait, les différentes familles inuites se relocalisaient dans un autre (Duhaime, 1985). Duhaime (1985 :17) mentionne que «les déménagements de poste de traite changent donc presque automatiquement la répartition de la population.».

À cette même époque, en plus des compagnies de fourrures, les missionnaires (anglicans, catholiques et moraves) ainsi que la GRC sont présents sur le territoire des postes et y exercent eux aussi une force d’attraction. Nous pouvons aussi noter que la présence de bases militaires (à Kuujjuaq et à Kuujjuarapik) a su créer ce même mouvement d’agglomération autour des établissements. Ce qui entraîne le passage d’une occupation régulière à une fréquentation sporadique du territoire intérieur. En effet, les Inuit occupant l’espace intérieur du territoire migrent vers les côtes dès cette époque (Duhaime, 1985).

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La situation s’accentue à partir de 1957. La sédentarisation devient, à ce moment, activement encouragée par le gouvernement canadien puisque les priorités sont accordées à la santé et à l’enseignement, pour «optimiser l’effet des institutions à partir de cette date et pour augmenter les chances de succès des activités de développement économique» (Duhaime, 1985 :30). Le personnel infirmier avait commencé à arriver dès 1947 et, en 1949, le personnel enseignant était présent dans certains établissements. Mais ce n’est qu’à partir des années 1960 que leur présence se généralise dans la majorité des villages.

À la fin des années 1950, les villages se dessinent suivant des formes récurrentes. On retrouve presque partout sur le territoire et en ordre chronologique : les magasins de la Compagnie de la Baie d’Hudson et les bâtiments qu’elle entretient, les bâtiments des missionnaires et les bâtiments gouvernementaux (dispensaire, école, GRC, station radio-météo et ministère des Transports). On y retrouve aussi les tentes et des abris de fortune que certains Inuit se construisaient à l’aide de résidus de construction, de morceaux de bois trouvés sur les grèves, etc. (Duhaime, 1985).

C’est en 1959 qu’est développé le premier programme fédéral d’habitation proposant deux modèles de maison, l’une sous forme de tente et l’autre en matériaux préfabriqués comprenant une seule pièce : la maison dite «matchbox». Ces premiers modèles ne disposent d’aucun service de base tel que l’eau courante. Ils sont munis d’un seul poêle à l’huile, qui sert de système de chauffage. Leur occupation est d’ailleurs locative et le loyer correspond au prix du chauffage. Ces modèles s’avèrent inefficaces, puisqu’ils sont trop petits. En effet, généralement cinq personnes et plus habitent la «matchbox», c’est-à-dire qu’ils y mangent, dorment et demeurent (SHQ, 2014).

Ce programme d’habitation ainsi que la politique d’habitation à loyer modique (1959) entraine une seconde vague de sédentarisation, désirée par le gouvernement. Le but du programme était de diminuer les coûts associés aux soins de santé et de procurer aux Inuit une certaine sorte d’égalité en termes de conditions de vie, par rapport aux autres Canadiens. L’objectif principal du programme n’a pas été atteint, puisque les logements ont rapidement été surpeuplés, les taux de morbidité et de mortalité sont restés aussi élevés que précédemment et de nouvelles maladies se sont développées (Duhaime, 1985).

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C’est en 1965 qu’est mis sur pied un deuxième programme d’habitation fédéral d’habitation. Les maisons alors fournies sont plus grandes et leur coût de location est désormais établi à 20% du revenu familial. Par contre, le climat, le surpeuplement ainsi que la pauvre qualité de construction des logements amènent une fois de plus leur rapide détérioration (SHQ, 2014).

En 1975 est signée la Convention de la Baie James et du Nord québécois (CBJNQ). Cette dernière découle des grandes revendications des Inuit et autres nations autochtones du Québec face aux projets de développement des installations hydroélectriques du gouvernement québécois dans la région de la Baie James (SHQ, 2014; Québec, 1998). La convention va grandement aider les communautés du Nunavik puisqu’elle entend favoriser et appuyer le développement socioéconomique des nations autochtones, par exemple, en maintenant les programmes existants, ce qui inclut les services de logement (SHQ, 2014). En 1981, le gouvernement canadien transfère le parc de logements du Nunavik au gouvernement québécois. Par la suite, en 1986 est conclue l’Entente-cadre Canada-Québec qui, dans son volet Inuit, vise à améliorer les conditions d’habitation des communautés du Nunavik. C’est d’ailleurs cette entente qui amènera le plus gros programme de construction de logements sociaux au Nunavik (SHQ, 2014).

Par après, en 1993 le gouvernement du Canada annonce son désengagement financier dans le secteur de l’habitation sociale, et ce, jusqu’en 1998, date de l’Entente-cadre concernant la région Kativik. En effet, cette dernière est conclue entre le gouvernement du Québec et l’Administration Régionale Kativik (ARK) qui propose une meilleure prise en charge par les différentes instances de la région visant une diversification des programmes et une révision du mode de gestion du parc de logements sociaux.

En 2000, le gouvernement fédéral se voit obligé de reprendre ses engagements financiers par la signature de l’Entente concernant la mise en œuvre de la CBJNQ. À partir de cette date, le gouvernement canadien et le gouvernement québécois se répartissent à parts égales le financement de logements sociaux au Nunavik. L’Entente est renouvelée entre 2005-2010, puis entre 2010-2015.

En 2011 le gouvernement du Québec annonce son Plan Nord, qui amènera à son tour la construction de nouveaux logements au Nunavik (SHQ, 2014).

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1.2. Changements climatiques

En parallèle avec la problématique de la croissance démographique dont il a été question en tout début de chapitre, un autre facteur vient compliquer l’aménagement du territoire des communautés du Nunavik. En effet, plusieurs études démontrent que l'Arctique est actuellement la région qui connaît les impacts les plus importants du réchauffement climatique (Allard et Lemay, 2013). D'ailleurs, plusieurs effets se font déjà ressentir dans la région du Nunavik. Ces effets sont observés autant par les résidents de la région, que par les scientifiques qui l'étudient (Allard et Lemay, 2013 ; Allard et al., 2015). Les projections à plus long terme vont dans le même sens et annoncent le maintien et l’accélération de la tendance du réchauffement climatique (Allard et Lemay, 2013 ; Allard et al., 2015 ; Brown et al. 2012). De ces impacts ressentis, on note la dégradation du pergélisol, qui joue un rôle majeur pour l’aménagement du territoire (Allard et Lemay, 2013).

1.3. Le pergélisol

Rappel : Le pergélisol correspond à tout sol ou toute roche dont la température est inférieure ou égale à 0°C pendant au moins deux ans (Conseil national de recherche du Canada, 1988). Sa distribution est déterminée par plusieurs facteurs, naturels (climatiques et locaux) et anthropiques (infrastructures et pratiques) (Gold & Lachenbrunch, 1972; Allard, 2013; Johnston, 1981).1

La dégradation du pergélisol est due à un changement dans son régime thermique (gain de chaleur). Elle peut donc être le résultat de différentes sources de chaleur, telles que la température de l'air, la radiation solaire, le drainage de l'eau de surface, le drainage de l'eau souterraine, etc. (Johnston, 1981). Dans le contexte actuel des changements climatiques, le réchauffement climatique a comme conséquence la dégradation du pergélisol (Riseborough et al., 2008; Allard et Lemay, 2013). Selon Allard et al. (2007), Delisle (2007) et Nelson (2001), les premières manifestations du réchauffement climatique sont le réchauffement du profil de température dans le sol ainsi que l'approfondissement de la couche active. Ces effets sont davantage prononcés en présence d'un pergélisol discontinu. Ce dernier étant situé dans la frange sud des territoires nordiques, sa température est déjà moins froide au départ. Au fil du réchauffement, le pergélisol peut

1 Pour de plus amples explications sur les différents processus de formations et de distributions du pergélisol,

veuillez-vous référer à l’ouvrage du Conseil national de recherche du Canada, La terminologie du pergélisol et

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être amené à disparaitre (Delisle, 2007). Par le fait même, la superficie de l'étendue du pergélisol dans l'hémisphère nord sera progressivement réduite (Allard et al., 2007). En plus des apports naturels de chaleur et du réchauffement climatique, nous pouvons ajouter aux facteurs de dégradation du pergélisol l'effet de l'activité anthropique. En effet, le pergélisol étant influencé par les échanges de chaleur, il peut donc être dégradé par la présence de tout aménagement anthropique modifiant son régime thermique (routes, bâtiments, dépôts de neige, etc.). Une infrastructure telle qu'un bâtiment transmet de la chaleur dans le sol de sa fondation et en modifie le régime thermique si sa construction, sa fondation notamment, n'est pas adéquate (Johnston, 1981). De plus, une infrastructure telle qu'une route peut modifier le régime thermique du pergélisol en jouant le rôle d'isolant et en réduisant les échanges thermiques entre le sol et l'air (Allard et Lemay, 2013). Le sol gelé sert de base solide afin de soutenir les différentes infrastructures. Le dégel devient donc une menace pour l'intégrité des infrastructures. La capacité portante du sol est considérablement diminuée et les risques d’instabilité des sols augmentent (Allard et Lemay, 2013; Allard et L’Hérault, 2015). Les dommages causés au milieu bâti peuvent être très négatifs si celui-ci est construit dans des zones considérées plus à risque ou si les infrastructures ne sont pas construites de façon appropriée pour les différentes conditions du pergélisol (Lemieux et al., 2013; Allard et al., 2007).

On estime que le réchauffement climatique met donc à risque de nombreuses infrastructures et communautés (Allard et al., 2007; Nelson, 2001; Allard et Lemay, 2013). Déjà, des signes de dégradation ont été observés dans certains villages du Nunavik. Par exemple, on observe une déformation de certaines pistes d'atterrissage et de routes (Allard et al., 2007). De plus, il faut mentionner que les anciennes infrastructures sont davantage à risque d'être endommagées par la dégradation du pergélisol puisqu'elles ont été construites avec peu de précautions, dans la perspective d'un pergélisol stable qui, anciennement, ne subissait pas les conséquences des changements climatiques (Johnston, 1981).

1.4. L’aménagement du territoire

L'aménagement du territoire est un terme très large qui est employé dans plusieurs domaines de compétence. C'est pour cette raison qu'il est nécessaire d'en présenter une définition dans son sens large et de présenter la définition spécifique au champ plus restreint qui sera appliquée pour aborder le sujet principal de ce mémoire, à savoir

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l’utilisation de l’information sur le pergélisol dans les processus de choix des sites de développement, des techniques de construction et des types de fondations utilisés.

Dans son sens global, l’aménagement se définit comme étant l'ensemble des actions concertées visant à disposer avec ordre les habitants, les activités, les constructions, les équipements et les moyens de communication sur l'étendue d'un territoire (Meloche, 2012). Toutefois, il ne faut pas oublier que l'aménagement du territoire, peu importe l'angle adopté, a comme but général de donner à la population une qualité de vie saine (Fainstein, 2014). Dans cette même vision, Prévil et al. (2003) mentionnent que l'aménagement du territoire vise principalement la concertation et la justice sociale.

De façon plus spécifique, l’aménagement du territoire renvoie également à un processus appliqué. À cet égard, il est indispensable de ne pas négliger la dimension technique de l'aménagement du territoire, nécessaire afin d'aider à la prise de décision. On entend par dimension technique la collecte, l’organisation et la mise en disponibilité aux pouvoirs publics des données précises (biophysiques et socio-économiques) essentielles à la compréhension du milieu et à la prise de décision (Prévil et al., 2003). Cette dimension est d'autant plus importante dans un contexte tel que celui de cette étude. En effet, tel que mentionné par Allard et al. (2007), pour une communauté sur pergélisol, planifier l'aménagement du territoire selon les connaissances de terrain peut permettre de réduire les risques. Le présent mémoire est réalisé en collaboration avec l’équipe de Michel Allard du Centre d’Études Nordiques (CEN) qui travaille notamment à l’élaboration de cartes de potentiel de construction pour différents villages du Nunavik. Ces cartes sont le résultat d’analyses multicritères basées sur des analyses géotechniques, des observations terrain ainsi que de la photo-interprétation (Allard et al., 2015). Ces travaux sont effectués dans l’optique d’être utilisés par les différentes instances à des fins de planification.

1.4.1. Dimension technique de l’aménagement du territoire

La dégradation actuelle et potentielle du pergélisol doit donc être prise en compte dans la planification de l'aménagement des territoires arctiques. Nous pouvons considérer la caractérisation du pergélisol comme étant une dimension technique de l'aménagement du territoire. Deux facteurs sont très déterminants en ce qui concerne les risques d'instabilité des sols et ils doivent être inventoriés avant d'entreprendre toute planification urbaine. Il s’agit du volume de glace dans le pergélisol (teneur en eau) et de la texture du dépôt de surface (Lemieux et al., 2013). Mackay (1972) mentionne d’ailleurs qu'il est nécessaire de

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bien connaitre l'abondance et la distribution de la glace souterraine pour le développement dans le Nord. La fonte de la glace contenue dans le pergélisol entraine des tassements de la surface de terrain et rend donc le sol instable (Allard et al., 2015).

1.4.2. Stratégies d’adaptation

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Les sociétés nordiques démontrent une grande capacité d'adaptation au changement dans l’environnement (Berkes et Armitage, 2010). La construction sur pergélisol dans le contexte actuel des changements climatiques requiert une fois de plus de s'adapter. Cela demande la recherche de solutions novatrices (Allard et Lemay, 2013). En effet, la présence de pergélisol apporte son lot de problèmes d'ingénierie, qui doivent être pris en considération (Johnston, 1981). Des techniques de construction et de fondation spécialement adaptées au pergélisol peuvent être considérées comme étant un moyen d'adaptation (Allard et al., 2007). Toutefois, la planification de l'aménagement du territoire (expansion d’un village, installation d'infrastructures industrielles, etc.) sur un territoire ayant des caractéristiques de pergélisol variables en tenant compte des changements climatiques à venir demande une approche technique multidisciplinaire (Allard et Lemay, 2013). À ce titre, les travaux mentionnés précédemment concernant la caractérisation du pergélisol dans les différentes communautés du Nunavik (Allard et al., 2015) servent d’outil d’aide pour la prise de décisions. Ajoutons que l’adaptation aux changements climatiques n’est pas exclusive au contexte nordique et encore moins à la problématique du pergélisol. D’ailleurs, plusieurs études, de domaines divers, soulignent que l’utilisation d’approches et d’outils multidisciplinaires permettrait une meilleure efficacité (Ostrom, 2011; Pahl-Wostl, 2009 et Eriksena and al., 2015).

1.5. Objectif

Avec la sédentarisation des Inuit est venue l’établissement progressive des villages qui est passée maintenant au stade de l’urbanisation. L'augmentation de la population, le surpeuplement des logements, les pressions de développement urbain et économique autour des ressources naturelles et le réchauffement climatique qui augmente l'instabilité des sols sont tous des facteurs qui soutiennent maintenant la nécessité de mieux planifier l'aménagement du territoire dans les communautés du Nunavik (Allard et al., 2015). Dans ce contexte, le lien entre l'aménagement du territoire des communautés et les

2 Le terme «adaptation» utilisé fait référence aux efforts pour réduire la gravité des impacts du changement

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connaissances du pergélisol est très clair. Une meilleure connaissance du terrain favorise la prise de meilleures décisions. Par le fait même, cette connaissance favorise l'adaptation des communautés face au réchauffement climatique et est désormais nécessaire pour la planification des communautés du Nunavik. Dans ce contexte, l'objectif principal de ce mémoire est d’évaluer comment de meilleures connaissances sur le pergélisol s’insèrent dans le processus de planification urbaine d’une communauté nordique par une étude de cas dans la communauté d’Inukjuak.

Plus précisément, le mémoire vise à analyser comment mieux tirer profit de l’information disponible sur les cartes de conditions du pergélisol et de potentiel de construction, effectuées par le CEN (Allard et al., 2015), afin de sélectionner les meilleures fondations de bâtiments, de déterminer les zones sécuritaires d’expansion future et d’influencer l’aménagement du territoire de façon générale.

1.6. Site de l’étude

1.6.1. Choix du site à l’étude et contribution du mémoire

Dans le cadre de ce mémoire, la communauté d’Inukjuak a été choisie en fonction de plusieurs facteurs déterminants. Mentionnons tout d'abord que la communauté a fait l'objet, comme 12 autres communautés du Nunavik, d'une étude préliminaire de cartographie des conditions de pergélisol en vue de l'adaptation aux changements climatiques (Allard et al., 2007). Une autre étude a été répétée par le CEN pour quatre communautés (L’Hérault et al., 2013), puis pour huit communautés du Nunavik (Allard et al., 2015) afin de produire des cartes des caractéristiques du pergélisol pour guider le développement de l'environnement bâti. Les plus récentes cartes venaient reprendre la caractérisation faite lors de l'étude 2007, en plus de les bonifier par une campagne de terrain effectuée en 2014. Toutefois, il est mentionné dans cette étude que malgré l’information validée lors de la campagne de terrain 2014, l’interprétation reste préliminaire. Une seconde campagne terrain et davantage de sondages seraient toutefois nécessaires à effectuer pour le village d’Inukjuak afin de mieux préciser la nature, la répartition et en particulier l'épaisseur et la stratigraphie des dépôts de surface.

Un autre aspect particulier de ce mémoire concerne l'environnement bâti d’Inukjuak. Jusqu’à maintenant, aucune étude relative aux bâtiments n’a été menée dans cette communauté. En développant des connaissances plus précises sur les bâtiments, sur leur état ainsi que sur les espaces libres de construction à l’intérieur même du village, le

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mémoire contribuera à fournir des informations susceptibles d’appuyer les choix de cette communauté en matière de développement et d’aménagement. À la différence d’Inukjuak, le village de Salluit a fait, pour sa part, l’objet d’un relevé des bâtiments (Allard et al., 2009) dans le but de déterminer les espaces potentiellement disponibles pour la construction dans un contexte de rénovation urbaine. Ce mémoire en aménagement du territoire se servira de ce précédent comme modèle pour étudier en détail le milieu bâti existant à Inukjuak.

De plus, selon l’étude d’Allard et al. (2015) et selon le rapport de l’Office Municipal d’Habitation Kativik (OMHK) (2014), des signes de dégradation majeure sont observés sur l’environnement bâti et sur les infrastructures dans le village d’Inukjuak. Il importe de les relever pour déterminer les secteurs qui seraient plus sensibles, identifier les modes de fondation qui ont mieux performé et tirer des enseignements pour les rénovations et les constructions futures.

Pour finir, l’ARK réalise présentement des travaux afin d’élaborer un plan d’aménagement (masterplan) pour chacun des villages du Nunavik. La planification pour le village d’Inukjuak est prévue pour 2016. Cette circonstance ajoute un intérêt particulier et ouvre des possibilités de collaboration avec cette administration importante pour l’aménagement du territoire dans les communautés du Nunavik.

1.6.2. Localisation et description d’Inukjuak

Située au Nunavik, la communauté d’Inukjuak se trouve en zone de pergélisol continu. Le village est bâti sur le littoral de la baie d’Hudson, face aux Îles Hopewell. Le territoire de la communauté est relativement plat, constitué de collines rocheuses et de vallées. On retrouve dans la région d’Inukjuak plusieurs types de dépôts de surface ainsi que différents processus périglaciaires actifs (Allard et al., 2015). La disposition et l’organisation urbaine de la communauté sont respectivement illustrées à la Carte 2 et 3. De plus, en date du dernier recensement de Statistique Canada, la communauté comptait une population d’environ 1600 habitants (Statistique Canada, 2015).

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14 Carte 2: Localisation d'Inukjuak

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15 Carte 3: Aménagement du village d'Inukjuak (ARK, 2015)

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1.6.3. Contexte socio-historique d’Inukjuak

Avant 1980 Inukjuak n’était pas légalement considérée comme une municipalité. D’ailleurs, au début du 20e siècle, le site du village se nommait Port Harrison. C’est d’abord un poste de traite de la Compagnie Revillon Frères (société française de fourrures) qui s’y est installé de 1909 à 1936, suivi de la Compagnie de la Baie d’Hudson aux alentours de 1920 (ARK, 1980 ; Association touristique du Nunavik, 2010). Une autre compagnie, Baffin Trading Compagny, a elle aussi opéré sur le territoire d’Inukjuak entre 1939 et 1949 (ARK, 1980). Comme plusieurs autres villages du Nunavik, Inukjuak n’a pas été épargné des conséquences reliées à l’installation des compagnies de fourrure sur le territoire. En effet, dans un rapport de 1936, le docteur N.M. McArtur constate l’état de santé très mauvais des habitants d’Inukjuak. Quelques années plus tôt, en 1927, la mission anglicane St. Thomas s’installe sur place, suivie des services communautaires fournis par le gouvernement fédéral, soit le bureau de poste et le poste de police en 1935, le poste de soins infirmiers en 1947, une école en 1951 et une coopérative inuite en 1967 (magasin général et atelier vitrine de sculpture) (ARK, 1980 ; Association touristique du Nunavik, 2010). C’est durant ces années que la structure du village s’est développée. Les Inuit n’ont commencé à s’y installer de façon permanente qu’à partir des années 1950. Il est d’ailleurs mentionné dans le plan directeur de 1980 qu’à partir de 1948 le «Departement of indian and Northern Affairs» a commencé à fournir des services aux Inuit en plus des premières maisons, et qu’avant cette date, la population inuite vivait dans sept camps distincts (ARK, 1980). En effet, avant cette période, les Inuit vivaient selon leur mode de vie traditionnel (Association touristique du Nunavik, 2010).

Bien que le développement du village ait débuté avec l’arrivée des postes de traites, des fouilles archéologiques ont prouvé que les Inuit ont occupé le territoire depuis le 8e siècle (ARK, 1980). Nous pouvons donc faire ressortir de ces faits que l’occupation du territoire d’Inukjuak par les Inuit, tout comme celle de la majorité des autres villages du Nunavik, a donc dramatiquement changé à partir de l’arrivée des compagnies de poste de traite dans les années 1920. En outre, un évènement dramatique s’est produit au courant de l’année 1953 alors que le gouvernement canadien voulait assurer sa présence dans l’extrême arctique, en raison de la souveraineté canadienne. Une partie de la population fut déportée de force à Resolute Bay et Grise Fjord situé à 2000 km au nord d’Inukjuak, brisant ainsi plusieurs familles. Les déportés se sont retrouvés dans une situation de survie très pénible et dans des conditions climatiques beaucoup plus difficiles. Ils ont dû

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rapidement acquérir de nouvelles techniques de chasse. Sans s’excuser auprès des Inuit pour les grandes difficultés rencontrées, le gouvernement a tout de même dédommagé ces derniers ainsi que leur famille, mais plusieurs décennies plus tard, en 1996 (Association touristique du Nunavik, 2010).

Tout comme les autres communautés, Inukjuak a bénéficié des différentes conventions et ententes mentionnées plus haut. Ces dernières sont nécessairement venues modifier le développement et l’aménagement de la communauté au fil du temps (SHQ, 2014).

En 1980 était publié le Plan directeur d’Inukjuak issu de la collaboration entre l’ARK et la Corporation du Village Nordique (N.V.) d’Inukjuak. Ce plan avait comme mandat premier d’élaborer un outil de planification pour l’organisation et le développement du village en plus de proposer des solutions aux problèmes rencontrés sur le territoire, par la protection de l’environnement naturel et humain, et ce, en optimisant l’affectation du sol et l’organisation spatiale. Pour ce faire, le plan propose les différentes affectations du sol pour les différentes fonctions, soit résidentielles, commerciales, activités communautaires, entreposages et services (ARK, 1980). Ce plan est d’ailleurs en processus de révision par l’ARK, en collaboration avec le N.V. d’Inukjuak et le «Landholding».

1.7. Postulat

Comme les risques d’instabilité des bâtiments et les difficultés de l’aménagement urbain seront dorénavant accrus à cause du réchauffement climatique, il est postulé que les choix appropriés de fondations et une meilleure planification de l’aménagement constitueront des moyens d’adaptation nécessaires dans les communautés inuites urbanisées.

1.8. Objectifs spécifiques

À la lumière de la situation actuelle connue de la communauté d’Inukjuak et du postulat de ce mémoire, quatre objectifs spécifiques sont établis :

1. Évaluer comment se comporte le milieu bâti actuel sur les différents types de terrain dans la communauté.

2. Analyser dans quelle mesure l’organisation spatiale du village est adaptée aux conditions du terrain et du pergélisol et retracer l’évolution historique de l’expansion de la communauté sur le territoire.

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3. Fournir de l’information géomorphologique et climatique nouvelle et intégrée en appui à la communauté et à l’ARK pour le plan d’aménagement, en considérant le changement climatique.

4. Proposer certaines pistes de solutions d’aménagement et des méthodes de fondation encore peu étudiées au Nunavik pour aider l’aménagement.

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Chapitre 2 : Méthodologie

La méthodologie utilise comme base d’information géomorphologique les cartes de dépôts de surface, de conditions de pergélisol et de potentiel de construction élaborées au CEN (Allard et al., 2015). Existantes dans une première version, celles d’Inukjuak sont encore en voie d’amélioration. Tout de même, elles permettent déjà une très bonne appréhension de la répartition spatiale des conditions de terrain. L’amélioration prévue par l’équipe de recherche consistera principalement en une meilleure validation des propriétés du pergélisol grâce à une campagne de forages. Cette validation aidera ultimement à sélectionner plus précisément les meilleures options de fondations des bâtiments lors de l’application du plan d’aménagement. Notre méthodologie comporte aussi une série de relevés portant sur tous les bâtiments du village afin de les cartographier en fonction de critères ciblés : leur âge (lié à l’histoire de mise en place de la trame urbaine et des programmes de construction), leurs propriétaires (i.e. de quelles autorités ils dépendent, car il n’y a presque pas de propriétés privées), le type de fondation, leur état d’entretien ainsi que leur fonction.

2.1. Préparation du projet : revue documentaire

Une revue de littérature exhaustive ainsi que l’analyse des photographies aériennes et des cartes thématiques disponibles ont été réalisées.

2.2. Campagnes terrain

La réalisation de la recherche a nécessité deux campagnes terrain afin de récolter les données nécessaires. La première campagne, qui s’est déroulée du 19 au 26 août 2015, était presque entièrement consacrée à la collecte de données sur le bâti et sur les dépôts de surface du territoire. La deuxième campagne, qui a eu lieu du 11 au 14 avril 2016, a pris la forme d’une visite hivernale dédiée à la rencontre des gestionnaires municipaux pour compléter les renseignements recueillis précédemment et à la finition du relevé des bâtiments. Ce fut aussi l’occasion d’observer le village sous les conditions hivernales, en particulier de voir comment la neige au sol est distribuée à travers la trame urbaine. Cela a également permis de reconnaître les problèmes de gestion urbaine liés au déneigement, au gel et à l’englacement, de même qu’à la distribution des services d’utilité publique. Cette visite a été l’occasion de discuter avec des élus et des administrateurs locaux et de recueillir leurs intentions quant à l’aménagement de leur communauté. Comme l’ARK a déjà entrepris le processus de consultation publique et que la communauté y participe

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activement, ces discussions avec les personnes en autorité et des citoyens ont aidé à comprendre les aspirations de la communauté et les défis qu’elle affronte.

2.2.1. Campagne d’août 2015

Relevé du milieu bâti actuel

Cette étape s’est effectuée en deux parties, soit l’inventaire des bâtiments et des espaces vacants et un relevé descriptif des bâtiments.

Inventaire des bâtiments et des espaces libres

Lors de la collecte de données sur le terrain, un inventaire complet des bâtiments du village a été effectué afin de pouvoir les cartographier de façon exhaustive. Tous les bâtiments ont donc été localisés, lors de la visite terrain, à l'aide d'un GPS. Cette cartographie permet non seulement de relever le bâti, mais aussi de faire le portrait des espaces vacants sur le territoire de la communauté.

Relevé descriptif des bâtiments

Pour chaque bâtiment localisé, une fiche descriptive a été remplie directement sur le terrain afin d'en dresser l’état actuel (Annexe 1). Cette fiche descriptive a été inspirée du rapport d’Allard et al. (2009), qui incluait une étude du même format pour Salluit. Cette première application de la fiche s’est avérée pertinente et efficace. Elle a été adaptée aux cas locaux spécifiques à Inukjuak. Cette fiche a permis de récolter des informations propres à chaque maison et bâtiment, soit le numéro de maison, la position GPS, le type de zone (occupé ou non), le nombre d'étages, le type de résidence s'il y a lieu (simple, double, multiple, etc.), le type d’utilisation publique (pour les bâtiments publics), l’apparence générale et le nombre de cabanons, de conteneurs et de garages sur le lot. La fiche comporte un espace pour tous les autres commentaires sur l'état extérieur et un autre espace pour l'état intérieur des bâtiments. D'autres informations relatives aux fondations, au terrain et au pergélisol sont aussi récoltées à l'aide de la fiche descriptive (type de fondations, hauteur de la bâtisse au-dessus du terrain, etc.). Plusieurs bâtiments typiques ou affectés de problèmes d’entretien ou de fondations ont été photographiés. Il est à noter que la fiche terrain est en anglais, et ce, parce qu’elle a été utilisée à Inukjuak, où l’anglais a été la langue de communication avec la population.

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21 Description fiche terrain

Cette étape était donc basée sur une méthode d’échantillonnage exhaustif par observation.

Informations générales : Ces informations ont été relevées pour chacun des bâtiments afin de bien les identifier et de pouvoir les reconnaître au retour de la campagne terrain. Il s’agit donc du nom de la communauté, du numéro de maison, de sa position GPS, l’utilité du bâtiment, s’il semblait occupé ou non et le nombre d’étages. L’occupation du bâtiment a été déterminée si le bâtiment ne semblait pas être utilisé pour sa fonction initiale par exemple. Il est à noter que parfois les bâtiments qualifiés de «non-occupés» sont utilisés à des fins de rangement, il faut donc rester vigilant sur ce type de données. Les autres informations générales se retrouvant sur la fiche terrain (numéro de lot, nom de la rue, le zonage, nombre de chambres, année de construction et année de rénovation) n’ont pas été collectées directement puisqu’elles se sont avérées difficiles, voire impossibles à obtenir. L’information sur le zonage a été obtenue par le biais de l’ARK, tandis que l’information sur les années de construction a été le fruit d’analyses et d’interprétations (voir section sur les années de construction).

Figure 1: Section : Informations générales, extraite de l'Annexe 1

Propriétaire : Une catégorie relative au type de propriétaire figurait sur la fiche terrain. Par contre, il a été impossible de récolter cette information directement sur le terrain. Voir section Propriétaires.

Figure 2:Section: Propriétaires, extraite de l'Annexe 1

Fonction (Résidentielle ou Publique) : La fonction de chacun des bâtiments a été notée sur la fiche à partir des observations réalisées directement sur le terrain. Dans le cas d’un bâtiment résidentiel, on identifiait s’il s’agissait d’un bâtiment unifamilial, d’un duplex, d’un multiplex ou autres. Pour les bâtiments d’utilité publique, on a identifié leur utilité. Parfois, l’utilité n’a pas pu être identifiée directement sur le terrain. Il a donc fallu de plus amples recherches.

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22 Figure 3:Section: Fonction, extraite de l'Annexe 1

Fondations : Des informations ont été identifiées sur le type et la hauteur des fondations de chacun des bâtiments. Le Tableau 1 illustre à l’aide de photos les différents types de fondations ayant été répertoriés sur le territoire. La hauteur minimum et maximum, entre, le bâtiment et le sol ont été évalués de manière approximative. La hauteur entre le réservoir d’eau et le sol a été évaluée approximativement. Les deux hauteurs ont été évaluées de manière distincte, puisque le réservoir d’eau est souvent plus proche du sol que le reste du bâtiment.

Figure 4:Section: Fondation, extraite de l'Annexe 1

Les types de fondation

Dalle de béton - Concrete slab

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23 Blocs de bois - Wood blocks Bloc de béton - Concrete blocks Non-photographié Pilier sur assise de béton -

Pile on concrete footing

Chevalet ajustable sur assise de bois -

Adj. Jack on wood block

Chevalet ajustable sur assise de béton -

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24 Radier -

Pad

Tableau 1: Types de fondation retrouvé, Inukjuak 2015

Radier (Pad) : Le radier est le comblement en gravier sous les bâtiments servant de mise à niveau, de protecteur pour le pergélisol et/ou autre. La majorité des bâtiments du village d’Inukjuak sont construits sur un radier. Une brève analyse physique a été effectuée afin de déterminer l’épaisseur minimum et maximum de ce dernier et d’identifier sa condition. Des informations sur son apparence générale, le drainage du terrain, les possibles brise-vent, les obstructions et les irrégularités du sol.

Figure 5:Section: Radier, extraite de l'Annexe 1

Sheds (cabanons) et Containers (conteneurs) : Les cabanons et les conteneurs sont généralement utilisés aux fins de rangement sur le radier. Ils ont donc été dénombrés aux alentours de chacun des bâtiments du village.

Figure 6:Section: Sheds (cabanons) et Containeurs (conteneurs), extrait de l'Annexe 1

Commentaires (extérieurs, intérieurs et autres) : À la fin de la fiche terrain, des sections de commentaires ont servi à inscrire toute autre information pertinente qui n’aurait pas été consignée ailleurs dans la fiche. Aucun commentaire sur l’apparence intérieure n’a été inscrit puisqu’aucun bâtiment n’a été inspecté à l’intérieur afin d’identifier des fissures ou autres.

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25 Figure 7:Section: Commentaires, extraite de l'Annexe 1

2.2.2. Campagne avril 2016

L’objectif de la campagne d’avril 2016 était d’acquérir de l’information supplémentaire sur les différentes années de construction ou années de rénovation des bâtiments, d’identifier les propriétaires encore inconnus ainsi que de valider certaines fonctions des bâtiments. Deux rencontres étaient prévues, l’une le 12 avril avec le maire M. Pauloosie J. Kasudluak et l’autre le 13 avril avec le directeur général M. Shaomik Inukpuk. Les deux ont permis d’amasser plusieurs informations relatives aux différents propriétaires de bâtiment.

Un autre objectif de cette deuxième campagne sur le terrain était, comme mentionné plus tôt, d’observer le village sous les conditions hivernales. En particulier, le but était de voir comment la neige au sol est distribuée à travers la trame urbaine et de reconnaître les problèmes de gestion urbaine liés au déneigement, au gel et à l’englacement et à la distribution des services d’utilité publique. Plusieurs notes et photos ont été prises afin de bien documenter ces sujets et sont présentées au chapitre 5.

2.3. Traitement des données

2.3.1. Nouvelles données sur les sols

Dépôts de surface

Il avait été prévu d’effectuer davantage de forages et d’autres relevés afin d’ajouter de l’information sur la carte de dépôt de surface, afin de la rendre plus précise. Cependant, la campagne de forage n’a pas pu avoir lieu. Les données qui sont donc utilisées pour l’étude sont celles qui ont été produites par d’autres membres du CEN en 2015 (Allard et al., 2015).

Conditions de pergélisol

La carte utilisée pour traiter des conditions de pergélisol est aussi celle qui a été produite en 2015 par le CEN (Allard et al., 2015).

Pentes

Les pentes sur le territoire sont un élément important à prendre en considération dans les projets de développement urbain. En effet, la topographie peut imposer des contraintes à la construction ou être associée à des pentes instables. Par contre, en architecture la

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topographie peut aussi être exploitée pour concevoir des bâtiments adaptés au relief ou bénéficiant d’avantages comme, par exemple, l’ensoleillement ou la vue sur le paysage. Dans le cas de la topographie du territoire d’Inukjuak, les données ont été compilées à partir d’un modèle de terrain de haute résolution produit au CEN à l’aide de cartes topographiques et d’imagerie LiDAR. Leur analyse consiste en la délimitation des secteurs à dénivellation élevée. Chacun de ces secteurs a par la suite été caractérisé par son type de dépôt de surface. C’est d’ailleurs en fonction des dépôts que les différents secteurs seront décrits dans le chapitre sur les résultats.

2.3.2. Année de construction

Les années de construction des différents bâtiments et infrastructures ont été obtenues de différentes façons. La grande majorité des bâtiments ont pu être datés par le biais des informations obtenues auprès des différents administrations et organismes, soit par l’ARK ou par KSB (Kativik School Board). À l’aide des informations déjà existantes, certaines déductions très spécifiques ont pu être effectuées lorsqu’il y avait évidence, dans un même secteur avec des bâtiments semblables (même style, mêmes matériaux, même type de fondation, etc.). C’est seulement dans des cas très spécifiques et peu nombreux que l’année de construction a été empruntée à celle des bâtiments semblables à proximité. Une autre technique de datation a été aussi appliquée lors de la campagne terrain au mois d’août 2015. Les bâtiments qui étaient en construction à ce moment ont pu être géolocalisés et datés.

Par la suite, l’analyse de photographies aériennes et de plans de construction a elle aussi permis d'obtenir des précisions sur les périodes de construction. Les photos aériennes disponibles datent de 2010, 2002 et 1975. Ces deux dernières méthodes sont, par contre, moins précises puisque quelles ne permettent pas d’identifier précisément l’année de construction, mais plutôt d’identifier si oui ou non le bâtiment était présent lors de la prise de la photographie aérienne ou, dans le cas des plans de construction, d’évaluer à partir de quelle année le projet de construction du bâtiment a été soumis. Il existe donc une incertitude sur l’année exacte de la construction des bâtiments, mais la période de construction est relativement bien circonscrite.

Pour les bâtiments où l’information était toujours manquante, une discussion avec les répondants clés lors que la deuxième campagne terrain en avril 2016 a contribué à identifier le plus précisément possible leur année de construction.

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Malgré les nombreuses sources d’informations sur les années de construction des bâtiments, il reste quelques incertitudes et données manquantes. Il faut aussi considérer que plusieurs bâtiments ont été rénovés ou remplacés, ce qui vient ajouter au degré d’incertitude. C’est d’ailleurs pour cette raison que l’illustration des données dans la section Résultats sera faite par période de 10 ans, selon le tableau suivant (Tableau 2). Les résultats de cette section devront être interprétés avec prudence afin de laisser place à l’incertitude. Ils devront donc être utilisés à des fins indicatives. Néanmoins, cette approche permettra de circonscrire dans le paysage les phases générales de construction et d’expansion de la communauté. Périodes de développement Avant 1950 1950-1959 1960-1969 1970-1979 1980-1989 1990-1999 2000-2009 2010-Aujourd’hui

Tableau 2: Périodes de développement utilisées

2.3.3. Propriétaires

Les différents propriétaires des bâtiments ont, eux aussi, été recensés à l’aide de plusieurs techniques. Certaines informations ont été trouvées à l’aide de documents de l’ARK, du KSB et du MSSS (Ministère de la Santé et des Services sociaux). D’autres informations ont pour leur part été déterminées par déduction seulement si les caractéristiques permettaient de le faire (tel que discuté dans la section des périodes de construction) et par déduction, grâce à la fonction même du bâtiment. Ce fut le cas pour l’Hôtel Coop ou le magasin Northern par exemple. Concernant les données manquantes, c’est lors de la deuxième sortie sur le terrain (en avril 2016) que le directeur général a été rencontré et qu’il nous a fourni la majorité des informations manquantes nécessaires afin de compléter le portrait du village.

Il est toutefois à noter que les propriétaires de bâtiments sont susceptibles de changer au fil du temps. En effet, il arrive qu’il y a échange de bâtiments et par le fait même changement d’utilisation et/ou affectation.

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2.3.4. Types de fondation

Le ou les type(s) de fondation pour chacun des bâtiments ont été répertoriés en majorité lors de la sortie sur le terrain en août 2015. Il reste cependant quelques bâtiments qui, soit ne permettaient pas d’observer les fondations, soit comptaient une case manquante sur la fiche d’observation du terrain. Certains d’entre eux ont donc pu être déduits d’après le propriétaire ainsi que d’après le type de bâtiment. Après ces étapes, les bâtiments ayant une donnée manquante pour cette analyse ont été soumis à une vérification lors de la deuxième campagne terrain. De plus, cette visite sur place a aussi permis de confirmer ou de corriger les déductions faites préalablement, si les conditions d’enneigement le permettaient. Les types de fondation qui ont été répertoriés sont représentés au Tableau 1.

2.3.5. État du bâti

L’analyse de l’état du bâti, caractérisé par l’état des fondations, a été effectuée en différentes phases. Premièrement, les données de terrain ont été récoltées lors de la campagne d’août 2015 et complétées en avril 2016, comme mentionnées précédemment. L’analyse de l’état des fondations a donc été faite selon certaines normes établies préalablement. L’état des fondations a été classé suivant trois catégories, soit bonne «Good», moyenne «Medium» ou mauvaise «Bad». Cette donnée indique si les fondations d’origines ont subi, ou non, des impacts. Par exemple, dans certains cas, elles avaient subi des déformations, des tassements ou des bris. Une fondation caractérisée comme «Bonne» ne montrait pas de signe apparent de mouvement ou de déformation. Il est toutefois à noter que les fondations à chevalet ajustable, à moins de conditions particulières, ont été caractérisées comme étant «Bonne» puisque pour ce type de fondation il est difficile de voir les déformations ou les impacts du mouvement par une simple analyse à l’extérieur du bâtiment. De plus, les chevalets sont dits «ajustables» et doivent donc être utilisés pour justement venir compenser le mouvement (tassement) du sol ou la dénivellation si le sol n’est pas initialement exactement au niveau. Il faut, par contre, mentionner que ce type de fondation peut aussi être endommagé et qu’il peut aussi arriver que les ajustements et les mises à niveau annuelles soient négligés. Une analyse plus poussée à l’intérieur des bâtiments permettrait de mieux classer l’état des fondations en recensant diverses déformations, telles que des portes qui ne ferment plus, des fissures dans les murs, etc.

Figure

Figure 1: Section : Informations générales, extraite de l'Annexe 1
Figure 4:Section: Fondation, extraite de l'Annexe 1
Figure 5:Section: Radier, extraite de l'Annexe 1
Tableau 2: Périodes de développement utilisées
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