FACULTÉ DE MÉDECINE ET DE PHARMACIE DE BORDEAUX
ANNÉE 1901-1902
H° 36
CONTRIBUTION A L'ÉTUDE
de l'Apophyse mastoïde
AU
COURS DES MASTOÏDITES AIGUËS
THÈSE POUR LE DOCTORAT EN MÉDECINE
présentée et soutenuepubliquement
le 2 0 Décembre 1901
PAR
Léon-Joseph BREFFEIL
Né àCiré(Charente-Inférieure),
le 14 avril 1876
! MM. MASSE professeur.... Président Examinateurs de laThèse:I
™
VILLARprofesseur....,
agrege \ Juges\ MOURE chargé de
cours)
Ce Candidat répondra aux questions
qui lui seront faites sur les
diverses parties de
l'Enseignement médical.
BORDEAUX
IMPRIMERIE DU MIDI — PAUL
CASSIGNOL
91 — RUE PORTE-UIJEAUX — 91 1901
Faculté de Médecine et de Pharmacie de Bordeaux
M. DENABIAS,doyen — M. PITRES,doyen honoraire.
PROFIOSSIEUBl»
MM. M1GÉ
DUPUY \
)
Professeurs honoraires.MOUSSOUS MM.
Pl. . . . \ PICOT, clinique interne
^ PITRFS
.
, \ DEMONS.
Clinique externe.....
j
LANEL0KaUE.Pathologie et théra¬
peutique générales. VERGELY.
Thérapeutique ARNOZAN.
Médecine opératoire. MASSE.
Clinique d'accouche¬
ments LEFOUR.
Anatomie pathologi¬
que COYNE.
Anatomie CANN1EU
Anatomie générale et
histologie VIAULT.
Physiologie JOLYET.
Hygiène LAYET.
Médecine légale MORACHE.
AGII JE Cl JES EN SKCTION DE MÉDECINE(Patholog
MM. SABRAZÈS. | LE DANTEC.
HOBBS. I
Physiquemédicale...
Chimie
Histoire naturelle ...
Pharmacie
Matière médicale....
Médecine expérimen¬
tale
Clinique ophtalmolo¬
gique
Clinique des maladies chirurgicalesdes en¬
fants
Clinique gynécologique Clinique médicaledes maladiesdesenfants Chimiebiologique.. . Physique pharmaceu¬
tique
ES N. Si B5€SCE : ie interneet Médecine
MM. MONGOUR.
CABANNES.
MM.
BERGONIÉ.
BLAREZ.
GUILLAUD.
FIGUIER.
DE NARIAS
FERRÉ.
BADAL.
P1ECHAUD.
BOURSIER.
A. MOUSSOUS DEN1GÈS.
SIGALAS.
légale.)
SECTION DE CHIRURGIE ET ACCOUCHEMENTS
Pathologieexterne'
MM. YILLAR.
) CHAYANNAZ.
I BRAQUEHAYE BÉGOUIN.
.
, , (MM. FIEUX.
Accouchements.
j ANDERODIAS.
Anatomie,
SECTIONDESSCIENCES ANATOMIQUESET PHYSIOLOGIQUES
JMM. GENTES. | Physiologie MM. PACHOK.
••••) CAYALIÉ. Histoire naturelle BEI LIA
SECTION DESSCIENCESPHYSIQUES Chimie MM. BENECH. | Pharmacie....
41 €» 111* liÉ1110N 'S' \ 111
Clinique des maladiescutanées et syphilitiques Clinique desmaladies desvoies urinaires Maladies du larynx,des oreilles etdu nez Maladies mentales
Pathologie interne Pathologieexterne Accouchements
Physiologie Embryologie Ophtalmologie
HydrologieetMinéralogie Pathologie exotique
Le Secrétaire /le la l'acuité:
M. DUPOUY.
■OS :
MM. DUBREUJLH.
POUSSON.
MOURE.
REGIS.
RONDOT.
DENUCUJ.
FIEUX.
PACHON.
PRINCETEAU LAGRANGE.
CARLES.
LE DANTEC.
USAIAIRE.
Pardélibération du 5 août1879, la Facultéaarrêté que les Thèsesquilui sontprésentéesdoivent êtreconsidérées comme i
qu'elle n'entend leur donner niapprobation ni improbation.
i\i\ininnc P.inlSGS
A LA
MÉMOIRE DE MA MÈRE
A MON
PÈRE
A MES ERERE
S ET
A TOUS MISS PARENTS
A MES
CAMARADES
ET AMIStous ceux
qui m'ont témoigné quelque intérêt
A MES
MAITRES
de la Faculté et des
Hôpitaux
A
MONSIEUR
LEDOCTEUR
MOURECHARGÉ DE LA CLINIQUE DES MALADIES DU NEZ, DES OREILLES ET DU
LARYNX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
Et à son dévoué aide de
clinique
MONSIEUR
LEDOCTEUR
BRINDELA mon Président de
Thèse
MONSIEUR
LE DOCTEUR MASSE
PROFESSEURDEMÉDECINEOPÉRATOIREA LA
FACULTÉ DE MÉDECINE
1)E BORDEAUX
OFFICIER DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE
AVANT-PROPOS
Avant de commencer notre thèse
inaugurale, il est une
tâche que nous nous
faisons
undevoir d'accomplir, celle de
remercier nosexcellents maîtres des leçons
et des conseils
qu'ilsnousontdonnés
durant
nosannées d'études médicales.
C'est avec unsensible
plaisir, mêlé d'émotion, que nous pro¬
fitons de l'occasion qui nous
est offerte
en cejour, le dernier
de notre vied'étudiant,pour
les prier de vouloir bien accepter
commetoutà fait sincères les regrets
cle
seséparer de cette
affection spéciale qui unit
le maître et l'élève, affection con¬
tractée soit au chevet des malades, soit dans
les labora¬
toires, car c'estsurtoutlà qu'ils sont en
vraie relation.
Jeremercie mes maîtres de la bienveillance
qu'ils m'ont
accordée,de l'amitié qu'ils
m'ont témoignée, des armes dont
ils m'ont doté pour entreprendre
cette nouvelle lutte dans
laquelle nous rencontrerons
probablement quelques obsta¬
cles; c'estenpensant à euxque nous
trouverons le courage
et la force nécessaires pourles
surmonter.
Nous devons mentionner le nom de M. Dubourg,
chirur¬
giendes
hôpitaux,
avec lequel nous avonsdébuté dans la chirurgie.
M. le Prof, agrégé Rondot a
également beaucoup de
droitsà notre reconnaissance, car c'est lui
qui
nous ainitié
à la médecine, et l'on gagne
assurément beaucoup à suivre
sonenseignement.
Nous n'aurions garde d'oublier M.
le Prof. Picot, le pro¬
fesseurpaternel pour lesélèves et
les malades;
nousn'ou-
idiorons
jamais sescliniques médicales faites
nuchevet
— 10 -
même des malades. Remercions-le de l'accueil particulière¬
mentbienveillant qu'il nous a toujours fait dans son service.
C'est dans le service du maître et professeur Démonsque
nous avons accompli notre stage de
clinique chirurgicale;
là aussi nous avons rencontré
beaucoup
de bienveillancede la part de Déminent maître.M. le Dr Brindel, aide de clinique de M. le D>' Moure,
nousa donné l'idée du sujet qui fera l'objet de notre thèse;
nousle remercions bien sincèrement et le prions de croire à notre entière reconnaissance.
Nous remercions enfin M. le Prof. Masse, professeur de médecine opératoire à la Faculté, de l'honneur qu'il nous fait
d'accepter
la présidence de notre thèse. Nous lui offronsun modeste travail et réclamons de sa part une indulgence qu'il ne saura assurément pas nous refuser.
Que l'on veuille bien me permettre d'inscrire ici un nom
qui m'est particulièrement cher, celui de mon frère, ledoc¬
teur Breffeil.
Il a laissé, je crois, dans les
hôpitaux
et à la Faculté de Bordeaux un bon souvenir et une estime dont j'ai assuré¬ment bénéficié.
Je remercie doublement ses anciens maitres, qui
furent
aussi les miens, de la bienveillance et de l'indulgence
qu'ils
m'ont accordées en mémoire de lui. Il a droit lui aussi âmes remerciements et à ma reconnaissance, car depuis
long¬
temps déjà il ne m'a montré que le bon exemple.
Enfin je n'oublierai pas non plus mes amis et tous ceux qui m'ont entouré, c'est avec regret que la nouvelle
carrière
m'oblige à me séparer d'eux.INTRODUCTION
Le sujetque nous nous proposons
de traiter n'est pas un
sujet bien nouveau.
Les
cascle nécrose portant sur l'apo¬
physe
mastoïde
nesont
pas rares;seulement, pour ne pas
tropétendrele sujet, car
il faut toujours le limiter et
«savoir
seborner pour
savoir écrire
», nous avonscru devoir l'envi¬
sager à un point de vue
spécial et
ne nousoccuper unique¬
ment que des nécroses
frappant la table externe de l"apo¬
physe mastoïde.
Dans un premier
chapitre
nousdonnerons la définition de
cette nécrose et ferons son étiologie.
Puis l'anatomie
pathologique fera l'objet d'un second cha¬
pitre.
La pathogénie et
l'évolution de la maladie trouveront alors
uneplace toute indiquée.
Chemin faisant, la
symptomatologie
seratracée aussi fidè¬
lement que possible, et
suivie des observations que nous
avons pu recueillir.
Enfin des considérations sur le
pronostic et les complica¬
tions qui peuvent survenir au cours
de l'affection feront
l'objet d'un sixième chapitre, et nous
terminerons par le
traitement indiqué par les
circonstances.
I
DÉFINITION. ÉTIOLOGIE
Lanécrose de l'apophyse
mastoïde, el
enparticulier de sa
tableexterne,est une lésion
de cette partie de l'os temporal
dans laquelle
le point malade est trouvé déjà nécrosé au
momentoù le chirurgien
intervient. Ce n'est
pasà dire que
l'affection débute par
là,
car nousallons voir, au contraire,
que ces nécroses se
produisent à la suite de mastoïdites
aiguës, dont elles ne sont
qu'une complication.
On sait parfaitement que
les mastoïdites nécrosantes
reconnaissent les causes ordinaires des
mastoïdites; mais
c'est surtout au cours des maladies infectieuses ou
dans
certains étatsdiathésiquesque
l'on observe des suppurations
de l'oreille moyenne se
compliquant de nécrose de l'apo¬
physe.
Il n'est pas rare de voir des
malades, après
unefièvre scar¬
latine,présenter un écoulement
purulent
sefaisant par le
conduit auditif externe: c'estuneotite moyenne
qui
suppure.Le pus, trouvant un passage
tout indiqué, fuse
parcette
porte desortie.
(Nous
verronsplus loin
quecette porte n'est
paslaseule.)
Observation I
(Recueillie à la Cliniqueotologiquede la Facultépar
le Dr Beaussenat,
in Thèse1901.)
M. X...,sept ans, de Mézin.
Otorrhée double, ancienne,fongueuse. Ilest vu pour
la première
f°is le 2 octobre 1901.Il y a deuxans,
le jeune X...
a eula scarlatine,
etaprès elleune suppuration
auriculaire abondante. A
cemoment, il
a— 14 —
fait un abcès péri-mastoïdien à gauche; son médecin l'a incisé en
dessous eten arrière del'apophyse. Le trajet s'est rapidementcicatrisé.
Actuellement, l'apophyse gauche est très légèrement soulevée en
masse; elleest un peu douloureuse à la pression; pas de fièvre.Des fongosités abondanteset assez volumineusesremplissent le conduit.
Opération le 9 octobre par M. le Dr Moure:
A gauche, Yapophyse est nécrosée aulieu d'élection. Les fongosités
ont évidé en partie l'apophyse: elles s'étendent en arrière, près de
la
corticale, ainsi que vers la pointe. Dans la caisse existe un recessus assez marqué.On fait une cure radicale imposéepar l'anciennetédes lésions etl'état fongueuxde l'attique, de la caisseetdu canal tympano-mastoïdien.
La rougeole, aussi, fait des
otorrhéiques,
et leur mastoï¬dite peut aboutirà la nécrose et à la perforation de l'apo¬
physe comme en témoigne l'observation suivante :
ObservationII (Inédite).
(Due àl'obligeancede M. le Dr Brindel.)
Lejeune Ch..., six ans. Otite moyenne suppurée gauche datant
d'un
mois et consécutive à la rougeole, se présente à la Clinique
otologique le
29 avril1901 avec une mastoïdite et un gros gonflement extérieur.
On
propose de l'opérer le lendemain.
Opération, le 30 avril 1901. — Apophyseperforée
extérieurement
remplie de pus etde fongositésen abondance. Toutefois latable interneest saine, dureet nacrée. On faitun curettage, puis un drainage.
Les jours suivants le malade est en bon état, l'on ne trouve pas de pus.
Le 30 mai, un mois après, il se produit un érythème diffusen arriéré
dupavillon de l'oreille. On fait desapplications de pommade à
l'oxyde
de zinc,et tout vabien.
Le petit malade part guéri le 4 juin 1901, sans nouvel incident.
La fièvre typhoïde, dont les complications, quelles
qu'elles
— 15 —
soient,sontsi
à redouter,
secomplique d'otite avec retentis¬
sement mastoïdien.
La
diphtérie, de
soncôté, est une cause fréquente d'otor-
rhée.
Enfin, les
mastoïdites qui surviennent le plus habituelle¬
ment à la suite des otites moyennes
s'observent à titre de
complication
dans la grippe, Pinfluenza. Nous citerons deux
observations à l'appui,
parmi toutes celles
quenous avons
pu relever.
Observation III
(Recueillieparle DrBrindel, citée
in Thèse de Beaussenat, 1901.)
MmeGr... àBordeaux. Coryzaatrophique avec
ozène ancien bilaté¬
ral ; a eu l'influenzaversle
milieu de décembre 1897. A
cemoment
apparut uneotite moyenne aiguë
double,
avecdouleurs auriculaires et
péri-mastoïdiennes assezviolentes. On
fait
unepremière paracentèse à
la fin dedécembre, qui donneun soulagement
momentané. A la fin du
mois de janvier 1898, nouvelles
douleurs auriculaires. On ouvre les
deuxtympansaugalvano. Soulagement
temporaire.
Dèsledébut, la malade avaitsouffert au niveau
de l'antre, puis les
douleurs s'étaient complètement calmées,
même
aucontact.
31janvier 1898. Petite tuméfaction en arrière du
pavillon. Pas de
fièvre ni de douleurs.
Latuméfaction augmente lesjours suivants
quoique limitée. On se
décideàintervenir.
2février 1898.Ouverture del'antre droit, évidement de l'apophyse: Osetpérioste nécrosés aulieu d'élection ; les cellules
mastoïdiennes
sont égalementfongueuses et nécrosées, et
mènent
par untout petit
trajetdansl'antre, fongueux luiaussi. La
pointe de l'apophyse est
per¬foréeendedans,versle digastrique.
Drainage
après mise ànude toutes les cavitésmalades. La malade
vabien lesjourssuivants.
De 9
février,
elle fait une poussée de fièvre,39o, et présente des dou¬
leursà gauche avec gonflement dela racine
du
cou,près du sterno-
cléido-mastoïdien.
- 16 —
Le 11 février,on ouvrede nouveaul'antre,mais legauchecettefois-ci;
la corticale estsaine ; l'antre est très bas. A l'ouverture il sort un
iiotde pus. L'apophyseestlargement perforée versle sternoendedans;
le sinusestà nu àla partie postérieure del'antre. Le crâneestàdécou¬
vertà cetendroit. Curettage, écouvillonnage au chlorure de zinc et
drainage. La convalescence est très longue ; il se forme divers abcès
sur le côté du cou, à droite, au-dessous de l'apophyse ; il s'en formeun autreen avant de la fourchette sternale, le pus fuse derrièrelesterno.
Alternative d'écoulement et de tuméfaction vers la pointe de l'apophyse droite, lapremière opérée.
Le 26 avril 1898, ouverture de
l'apophyse
droite à nouveau ;elle est malréparée. Fongosités. Guérison complète auxEaux-Bonnes verslafin d'août. L'audition estnormale des deux côtés.
Observation IV (Inédite).
(Recueillieparlessoins de M. le DrBrindel.)
M. G..., vingt-trois ans. Otite moyenne aiguë suppurée ily a
sept
semaines, suite degrippe. Au début, douleurs mastoïdiennes,puis ces¬sation absolue. Depuis le début, il s'est produit un affaissement de
la
partie postérieure du conduit. Pusassez abondant.Il y a huit jours (nous sommes le 27 mars 1901),
apparition d'un
petit bourgeon près du tympan,qui estinvisible.
L'étatgénéral du malade estpresque parfait. Aucune douleur spon¬
tanée. Légère douleur à lapression seulement, au niveau del'antre.
Cette douleurapersisté depuis le début des accidents. Ilya
aussi
untrèsléger soulèvement en masse de l'apophyse.
Le 25 mars, après un nettoyage du conduit, la pression sur
l'antre
amèneune goutte depus au niveaudubourgeon du conduit.
Opération, le 27 mars 1901. Après l'ablation d'un copeau
d'un demi
à trois quarts de centimètre on tombesur des fongosités en
abondance
etdu pus crémeux.
Toute l'apophyse estévidée par le pus etles fongosités
surtout.
En arrière, le sinus est à nu; il y a aussi destruction de
la table
interne. Petit
pertuis dans le conduit. Ce dernier est séparé de l'ouver¬
ture
apophysaire
par unesimple lame.
Lesjours
suivants tout
vabien. Mais le 17 avril la plaie est infectée à
nouveau.
Depuis,il est
pansé tous les jours, puis tous les deux jours. Le 11 mai,
onsupprime
le drain,que l'on remet le 13.
Lesbords de laplaiesont
tuméfiés
;le fond ne se comble pas ; on fait
uncurettageet, à sa
suite, des pansements quotidiens d'abord, triheb-
domadairesensuite.
Réouverture delaplaiele
25 mai. Peu à
peuelle se cicatrise du fond
versl'extérieur. Laguérison
est totale le 27 juin.
Nous venons clevoir des
mastoïdites provenant de fièvres
infectieuses; elles
trouveront également un excellent terrain
pour sedévelopper
si elles rencontrent des sujets diathési-
ques.Les
diabétiques, notamment, sont souvent frappés, et le
pronostic devient
plus sombre chez eux que chez d'autres
malades.
Observation Y
(Inédite).
(M. le D'Moure,dans sa
Clinique otologique.)
M. C...,cinquanteet unans,
diabétique, atteint d'influenza. Douleurs
d'oreillele 6 décembre 1897, prises par
le médecin traitant pour de
l'otiteexterne. Le IIdécembre, écoulement. Le
12, douleurs violentes
danstoutle côté dela tête. Nystagmus
le matin. Faciès terreux et ma¬
lade hébété.Raideur de lanuque. Le
soir, état à demi comateux.
Ouverturede l'antrele 12 décembre,à quatre
heures du soir, avec
M. leProf.Lanelongue, on trouve que
l'apophyse est atteinte tout en¬
tièred'ostéitenécrosante. On pratique
l'évidement complet. A huit heu¬
resdusoir,le malade meurt àpeuprès
subitement.
II
ANATOMIE
PATHOLOGIQUE
Lescauses de lalésion étantconnues, quellesera
la nature
de cettelésion, et plus
spécialement de cette nécrose
osseuseque nous trouverons dans nos
observations,
aumoment où
noustomberons surla table externe de l'apophyse
malade.
La nécrose osseuse, telle qu'on
la conçoit actuellement,
c'est la mortification du tissu osseux, et le séquestre, c'est
la
portion d'os mortifiée. Lesphénomènes de la nécrose pré¬
sentent la plus grande analogieavecceux
de la gangrène des
parties molles; clans les deux cas, la partie
mortifiée devient
un corps étranger dont l'économie se débarrasse par
des
procédés à peu près semblables.Toutefois, la nécrose pré¬
sente uncaractère spécial, sans analogue
dans la mortifica¬
tion des parties molles : c'est la réparation
de l'os mortifié.
Cependantnous ferons remarquerqu'ici,
c'est-à-dire dans les
os ducrâne,la réparation de la perte de
substance, après la
trépanationou l'évidement,se fait parcicatrisation fibreuse.
La nécrose trouve ses causes dans l'arrêtou l'insuffisance de la circulation de l'os.
Les troubles de la vascularisation peuvent porter sur
le
périoste, sur le réseau vasculaire interne, sur les artèresnourricières,
sur tous ces points àla fois, mais il faut faire
remarquer que ces causes n'agissent que si
elles s'accompa¬
gnent de processus septiques locaux;
c'est
eneffet à la suite
dunesorte de gangrène septique que l'os se
nécrose. Toute¬
fois il convient cle rappeler que les os clu
crâne
ont unevita¬
lité plus
indépendante
des membranes qui lesrecouvrent
duenel'ontla plupart-des os des membres; c'est ainsi
qu'on
— 20 —
a vu maintes fois des
épanchements
sanguins s'effectuer entre la dure-mère et la table interne sans qu'il y ait morti¬fication de celle-ci.
La nécroseaboutit, en général, à la formation d'unséques¬
tre qui se détache de l'os et qui, remplissant le rôle decorps étranger, entretient l'irritation, l'inflammation, et sert à leur propagation dans la région où il devient leur intermé¬
diaire.
Il en résulte, dans tous les points de l'os, une véritable ostéite raréfiante; les cellules osseuses contenues dans les canalicules de Havers et dans les aréoles du tissuspongieux prolifèrent, les t.rabécules osseuses disparaissent, les
vais¬
seaux se développent, etbientôt,parleurréunion,par
la
pro¬lifération des éléments embryonnaires, ils constituent une membrane granuleuse qui établit une démarcation
bien
nette entre les parties saines et celles qui ont cesséde
vivre.
Cette membrane granuleuse a pourprincipal
rôle
desécréter
unexsudâtqui se transformeen tissu osseux.
Mais la position du séquestre peut entraînerdes
disposi¬
tions d'une importance capitale. Supposons que
le séquestre
occupele centre de l'os, l'exsudat destiné à l'ossificationva s'épancher tout autour de lui; du tissu osseuxseforme
donc
surtout son pourtour, l'emprisonne, empêcheson
expulsion
et forme une véritable coque perforée çà et
là
pourlivrer
passage aux produits de la suppuration. C'est ce
qu'on dési¬
gne sous le nom de séquestre invaginé.
Si le séquestre est libre et non invaginé, il se
détache dès
que-la membrane granuleuse sous-jacente est
bien déve¬
loppée. Son élimination est immédiate s'il est
exposé à l'air;
dans le casoù il est recouvert de parties molles,
il
seforme
un abcès,et au moment où il s'ouvre le séquestre
s'échappe
avec le pus.
Si le séquestreest invaginé, le pronostic change
absolu¬
ment; il est vrai que parfois il peut être
éliminé spontané¬
ment, ou alors il est extrait par le chirurgien
à travers les
perforations de l'os nouveau; si l'élimination a été
complète*
— 21 —
la
guérison est rapide, mais ordinairement l'élimination ne
s'effectue pas,
et la suppuration persiste indéfiniment.
Les séquestres
sont généralement rugueux et très poreux
sil'osa été
atteint d'ostéite avant de mourir; ils sont blancs,
plus
denses, plus serrés si l'ostéite n'a pas précédé la né¬
crose.
Cettenécrosecle
l'apophyse peut siéger sur différents points
dela
pyramide
osseuse.Tantôt lepoint
de perforation sera à la pointe même de
l'apophyse,
tantôt
auniveau de l'antre; une autre fois, c'est
la partie
postéro-supérieure qui sera mortifiée; enfin la
mastoïde tout entière ne formera
qu'une vaste bouillie de
nécrose etde fongosités.
Observation YI
(Dueau docteurBriudel, citéein
Thèse Chagnolléau, 1896.)
Mme X...,cinquante-cinq ans,
atteinte, à droite, d'une ancienne otite
scléreuse, avec participation du
labyrinthe,
et,à gauche, d'une otite
scléreusesimple; entendait encore assez
bien de ce côté. Après refroi¬
dissement, pousséeaiguë. Tympanrouge
et bombé; souffre depuis huit
jours quand elle vient àlaClinique.
Le docteur Brindel fait une large
myringotomie suivant le bord du
cadre,danstoute la circonférence inférieure; il sort
du
pus.Lavage
quotidien. Soulagement temporaire.
Trois jours après, les douleurs
recommencent; céphalalgie
unilatérale; suppuration abondante, fièvre,
insomnie.
Ouverture del'antrele 18 août.
L'apophyse
est molle, spongieuseet' nécrosée dans toute sa masse;
peudepus, maisfongosités dansl'antre.
Evidement, curettage, drainage.
Le 19août, la malade se trouvetrès
soulagée, et, le 21, elle sort de
1
hôpital,
etvientse fairepanser tousles jours.
Le4septembre, douleurs constantes
depuis quelques jours, amaigris-
— 22 —
sement, insomnie; perte des forces, avec vomissements; on craintun
abcès cérébral et onfaitentrer la malade à
l'hôpital.
Au bout d'une semaine, tout se dissipe peu àpeu, et la plaie, quiétait atone, devientbourgeonnante.
Le 25, il y a encore un peu de suppuration.
Le8 octobre, enlèvementdu drain.
Le 12, cicatrisationcomplète.
Enfin,
puisque
nous sommes auchapitre
anatomo-p.itho-logique,
nous dirons quelques mots de la constitution même du pus qui s'écoule par la partie nécrosée aussi bien que par le conduit auditif.On a pris, dans
beaucoup
de cas, la nécrosede la mastoïde pourune suppuration tuberculeuse aboutissant à la carie de cetteapophyse.
Or, pas plus ici que dansl'ostéomyélite,
qui étaitconsidéréeau mêmetitre, l'onn'a trouvé le bacille propre à la tuberculose.D'aprèsles examens
bactériologiques
nombreux qui ont été faits, et par Moos, Lévy et Scliader,etparHessler, Zaufal,Habermann,
il n'a pas encore été possible de conclure à unrapport entre la présence d'un microbe et une modalité
clinique.
Si l'on parcours les résultats de certains travaux de micro¬
biologie faits à ce sujet-là, on est
frappé
par la fréquencede
la présence du
streptocoque.
La fièvre scarlatine, qui l'aitbeaucoup d'otorrhéiques
parmi sesvictimes,
est un des fac¬teurs de cette
fréquence.
Lestreptocoque
que nous venons de citer et les diversstaphylocoques
pyogènes setrouvent
dans presquetoutes les suppurations otiques, ce sont ceux que que l'on a surtout rencontrésavec les cliplocoques et
les
pneumocoques.Observation VII
(Inédite).
(Recueillie parle docteurBrindel à la Clinique otologique.)
M. D..., trente-deuxans, garçon navigateur.
Venu pour la première fois à la Clinique,le 23 avril 1901, porteur
d'uneotite moyenne
aiguë suppurée gauche depuis un mois. Nouvelles
douleursdepuis
six jours, avec gonflement du côté de la pointe de l'apo¬
physe,en
arrière et autour des muscles de la nuque. Les douleurs sont
spontanées et existent également à la pression. On décide d'opérer.
Opération,
le 25 avril 1901.
—Corticale perforée extérieurement
prèsde
la pointe. On trouve du pus sous le périoste. L'antre est petit et
difficile àtrouver. La
pointe est évidée et largement perforée en arrière,
verslesmuscles dela nuque.
Le
pusest laiteux et abondant.
On fait l'examen
bactériologique, qui donne les résultats suivants :
Examendirect : diplocoques.
Ensemencement : staphylocoques.
Drainageverscette
perforation. Pas de contre-ouverture. Fermeture
du restedelàpflaie.
Pansements demi humides.
Lesjours
suivants, la plaie est infectée extérieurement à la partie
supérieure.
Legonflement
cervical diminue très rapidement, mais le malade ne
réparepas. La
plaie reste très atone. Le faciès du malade est très
fatigué.
Le 6 mai au soir, sa température
est de 40\
Lepremier jour,le
drain
aété sorti de l'apophyse, et n'y a été remis
quele6.
Le maladese plaintd'un
violent mal de tète, sans localisation précise.
Il nedort pasla nuit.
Le ? maiaumatin, température37°.
Le soir, 41°.
Le 8 maiau matin, 38°.
Devantunetelle élévation thermique,on
fait
uneréintervention.
Le 8 mai 1901,cureradicale. Couenne
inflammatoire sur la plaie, que
le malade n'a pasréparée du tout.
L'os saigne beaucoup, les cellules
mastoïdiennes sontfongueuses,
mises à
nu,et forment un tunnel entre
lapointede l'apophyse évidée et
l'antre. Ce dernier, qu'on croyait petit,
avaitundiverticulum
postéro-supérieur qui n'avait pas été découvert et
quiétaitfongueux. La table interne est
saine. Somme toute, ostéo¬
myélitediffuse del'apophyse. Rienne
permet de supposer une phlébite
du sinusouun abcès du cerveau.
8 maiausoir, température 38°.
9 maiaumatin, 37°6.
— 24— Lesjourssuivants, pasde fièvre.
Le malade estpansé le 11 mai. A
l'extérieur,
pas de pus; ilvatrès bien.5juin. 11est trouvéenbonne santé.
13juin. A peu près rien sur la gaze. Les premiers pansements ont été faits par parle docteur Liaras. Il a été impossible de maintenir lecon¬
duit ouvert. Lavoiepar la mastoïde est seuleouverte etvajusque dans la caisse.
Netter, qui a été un des premiers à appliquer à Potologie
les données de la
bactériologie,
avaitadmis, dès 1888, qu'il y avait plusieurs sortes d'otites et que chacune de ces espèces présentait des caractères spéciaux en rapport avec les pro¬priétés des microbes pathogènes. Il avait établi, pour ainsi dire, une équation entre la gravité de l'évolution des inflam¬
mations de l'oreille et la virulence des germes développés
dans la caisse.
Le
streptocoque
formait ainsi l'otite la plus grave et la forme la plusfréquente.
Ces otites se compliquaient souvent d'autres manifesta¬
tions purulentes, consécutives à l'activité du microbe
patho¬
gène.
D'après Netter, toujours, l'otite pneumoçocciqueétait une affection cyclique, comme la pneumonie.
Il est certain que la virulence du microbe joue un
grand
rôle, un rôle prépondérant dans la formede la lésion, commenous leverrons dans le
chapitre
suivant.Nous ferons remarquerenfin, parmi les lésions anatomo-
pathologiques
se reportant auxobservations,
qu'engénéral
la nécrose de la table externe
s'accompagne
à peuprès tou¬
jours de la destruction d'une partie de la table interne et que les sinus sont souvent mis à nu sur 1/2,1, ou 2 centimètres
carrés. Dans ces cas-là, il est fort probable que la nécrose
de
la table externe, qui est plus résistanteen général que
1 in¬
terne, est consécutive à la nécrose de cette même table in¬
terne. Toutefois, il y a desvariantes suivant, commenous
le
— 25 —
verronsdans
le chapitre qui va suivre, que les groupes de
cellules
mastoïdiennes
setrouvent de par leur conformation,
plus
rapprochés de la table externe.
Disons en passant que
cette terminaison, à savoir la né¬
crose de la
table externe consécutive à celle de la table
interne, est une
terminaison heureuse, car le pus a beau¬
coup plus
de tendance à creuser en profondeur, vers les mé¬
ninges,
où la paroi est plus mince, que vers l'extérieur. Le
pus
trouvant
unenouvelle porte de sortie, s'échappe, et de ce
chef,diminue
la tension du côté interne. Nous déduisons de
là qu'il ne
faut jamais attendre que la table externe soit
nécrosée pour
intervenir.
i
III
PATHOGÉNIE. ÉVOLUTION
C'estclans la
constitution anatomique de la région mastoï¬
dienne
qu'il faut chercher la pathogéniede la lésion qui nous
occupe. Que
l'on veuille bien nous permettre de retracer suc¬
cinctement l'anatomie de la
région mastoïdienne.
L'apophyse
mastoïde est, comme on lésait, un bloc osseux,
de formeconoïde, à
sommet inférieur, donnant attache au
musclesterno-cléido-mastoïdien,
à bord postérieur oblique¬
mentdirigévers la
ligne courbe supérieure de l'occipital et à
bord antérieurépaiset
vertical.
La face externe del'apophyse,
plus
oumoins convexe, est
recouvertepar la peau,
le tissu sous-dermique et l'aponé¬
vroseépicranienne qui
sont nourris par les branches de
l'auriculaire
postérieure, et innervés par une branche du
plexuscervical
superficiel.
Laface interne, concave, est en
rapportavec la portion
descendante du sinus latéral, mais
celle-ci n'occupe pas une
situation fixe ; elle varie avec la
formede l'apophyse etsa
variété, et on ne peut rien indiquer
deprécisà ce sujet.
Dans l'intérieur de
l'apophyse
setrouvent plusieurs cavi¬
tés; lescellules mastoïdiennes, l'antre,
l'aditus ad antrum,
qui acquièrent en
pathologie auriculaire une importance
considérable.
L'aditus, canal
tympano-mastoïdien ou prémastoïdien (de
Sappey),
est situésur leprolongement de la trompe d'Eus-
tache. Il forme un conduit très court,
prismatique et trian¬
gulaire,dont la paroi
supérieure est concave et rugueuse,
l'externe plane et plus
régulière, l'interne convexe et lisse,
correspondantau canal semi-circulaire externe.Ilesttapissé d'une muqueusequi n'est que la continuation de celle de la caisse et exposé comme elle à toutes les inflammations.
Ce conduit mène dans
Vantre,
désigné par Poirier sous le nom d'antre pétreux. Cet antre est lui-même un conduit de forme ordinairementovoïde, àgrand axeantéro-postërieur,
faisantsuite au canal
tympano-mastoïdien.
On lui considère:
Une paroi
supérieure,
souvent très mince et forméepar la portion du rocher qui n'est que le prolongement du tegmen tympani, quelquefois perforée,d'où extension possible d'une suppuration de l'antre aux méninges. Une paroi interne,inégale,
creusée depetites cellulesrépondant
à la faceposté¬rieure du rocher et à la portion descendantedu sinus latéral.
Une paroi externe, variable avec les sujets, mais générale¬
ment
épaisse
etcompacte chez l'adulte, où elle atteint jus¬qu'à 2 centimètres;
lamelleuse,
au contraire et très tendre chezl'enfant.Tout autour de l'antre se disposent des cavités plus petites, qui communiquenttoutesentre elles, etcommuniquent éga¬
lement toutes avec la cavité
principale:
ce sont les cellules mastoïdiennes.Elles forment à l'antre comme une coque celluleuse, beau¬
coup plus épaisse en bas et en dehors que sur les autres points
(Testut).
Les cellules mastoïdiennes sont essentielle¬mentvariables par leursdimensions, par leur forme etpar leur
disposition.
Le plussouvent elles sont
allongées,
et leur grand axe sedirige
vers le centre de l'antre mastoïdien à la faconde rayons.Mais cen'est pas une
disposition
constante, carTestut, quenous citons ici, dit: « J'ai actuellement sous les yeux
trois
temporaux surlesquels
les cellules mastoïdiennes présen¬tent une orientation tout opposée: elles s'allongent
parallè¬
lement auxparois de la.grande cavité centrale. »
Toutefois,les cellulesmastoïdiennes ne sont pas
toujours
- 29 —
disposées de la même façon, c'est ce qui a fait diviser les
apophyses mastoïdes en plusieurs groupes.
C'estainsique
Zuckerkandl et M. Moure les ont divisées
entroiscatégories :
Lesapophyses creuses
ou pneumatiques.
Lesapophyses
pleines
ouéburnées, ou diploïques.
Les apophyses
mixtes, tenant des unes et des autres,
c'est-à-dire, en partie
pleines,
enpartie creuses ; et qui sont
lesplus
nombreuses, ordinairement, d'après Zuckerkandl.
Nous avons eu entre les
mains
unestatistique rapportée par
MM. Stanculeanu et
Depoutre (Annales des Maladies de
l'oreille, octobre
1901), dont les chiffres varient aussi un peu!
Nous citerons ici les
chiffres obtenus par notre maître
M.Moure, sur34opérés,
et qui sont loin de concorder avec
ceuxde Zuckerkandl:
Apophyses
pneumatiques 4
Apophyses
éburnées 25
N'existant pas
5
Ainsiplacées, ces
cellules mastoïdiennes doivent entrer en
lignedecompte dans les
complications de voisinage. Il est à
croire que cesmanifestations
de la nécrose tantôt à l'extérieur,
tantôt àl'intérieur, sont duesaux
variations dans les grou¬
pescellulaires; mais
réciproquement aussi, les lésions apo-
physaires réagissent à leur
tour
surla constitution anato-
miquedel'apophyse, ce
qui explique les différences entre
les statistiques faites sur
des apophyses saines et celles
laitessurdesapophyses
malades.
Nousvenonsde parlerdes
cellules mastoïdiennes, mais il
leur fautune connexion avec le foyer
primitif cle l'infection,
bettecommunication leur est fourniepar la muqueuse
de la
caisse, qui se prolonge en
effet dans le canal tympano-mas-
loïdienet delà dans l'antre etles diverses
cellules, de l'apo- Physe.
Le processusde formation des
mastoïdites
ouinflamma¬
tion des cellules mastoïdiennes est facile à
expliquer
parla
— 30 —
suppuration qui débute ordinairementdans la caisse et de là sepropage, quelquefois très rapidement aux partiesqui
avoisinantes, et, dans le cas qui nous
intéresse,
à l'apo¬physemastoïde et à ses cellules. Cette suppuration est-elle
abondante,
profuse, la lame osseusefermantà l'extérieurles cellules mastoïdiennes est ramollie, puis détruite : c'est cequi fait l'objet de nos observations.
Ce que nous venons de dire étant
établi,
en vertu de quoi est-ce la lame externe, plutôt quel'interne,
qui dans les cas quenous venons de visera été perforée par la nécrose.Nous avonscherché à résoudre cette question, qui est la vraie pathogénie de notre sujet, voyons si nous avons des raisons en faveur des faits que nous avons groupés, car ce ne sonten sommeque des faitsque nous rapportons, savoir la nécrose de la table externe de la mastoïde. C'est unfait bien connu en
pathologie
générale,qu'unfoyer
de suppura- .ion, emprisonné dans une cavité osseuse, a tendance àse propager à la surface de l'os atteint, soit par la migration desmicro-organismes
à travers la paroi osseuse, soit par une perforation directe de cette paroi. Le résultat de cette propagation entraîne dans les deux cas la formation d'un abcès à la surface del'os. Cet abcès, sous-périosté au début,ne tarde pas à envahir les tissus environnants et à se
frayer
un chemin dans ceux qui lui opposent le moinsde résistance,
c'estceque nous observerons dans lescompli¬
cations de notre nécrose
lorsqu'elle
s'étend auxparties
molles pour faire ici un abcès
péri-mastoïdien,
là unabcès
temporal.Pourrait-on
invoquer
la rétention ou stagnation puru¬lente dans les cellules mastoïdiennes résultant de l'obstruc¬
tion de l'ouverture
tympanique,
ou de l'étroitessede l'orifice de communication entre lescellules et la caisse. Est-ceaussi la déclivité des cellules qui favorise cette stagnation.Ce
sont-là, en effet, des causesqui favorisent la macération
de
l'os, et par suite sa mortification, par compression, paralté¬
ration cle la
circulation,
causesprincipales
de la nécrose.— 31 —
Pendant que nous
envisageons des causes d'ordre anato-
mique, essayons une
autre considération. « La perforation
dela table externe
de l'apophyse mastoïde par le pus se ren¬
contreassez
fréquemment, dit M. de Quervain {in Semaine
médicale,1897). Elle
s'explique dans bien des cas par l'épais¬
seur parfois
minime de cette paroi osseuse. Dans d'autres
cas,des
dispositions anatomiques particulières peuvent s'y
prêter: nous
voulons parler de la persistance de la suture
squamo-mastoïdienne.
»Plusieursotologistes,
parmi lesquels Gruber, Kirchner et
Kiesselbach, ont fait remarquerque
la suture qui existe à
lafin de la vie fœtale entrela
portion écailleuse et la portion
mastoïdiennede l'os
temporal, et qui persiste normalement
pendant la
première année de la vie extra-utérine, s'observe
quelquefois plus longtemps
et peut même se rencontrer,
plusoumoins bien
développée, chez l'adulte. C'est ainsi que
Bezold,enexaminant200
crânes d'adultes, l'a trouvée 4 fois
entièrement conservée et
partiellement dans 41 cas. Sur 122
crânes, son trajet était indiquépar
de petites perforations et
fissures delà table externede l'apophyse.
Moosa retrouvé des vestiges plus ou
moins complets de
cette fissure 54 fois sur 239 crânes
examinés
parlui. Sur 24
deces54 cas, la fissure était
très nette, tandis qu'elle n'était
conservée
qu'incomplètement dans les autres cas.
Onseraiten droit de se demander s'il ne faut
point attri¬
buer aussi unrôle important,
dans la production des perfo¬
rations osseuses, aux
particularités bactériologiques des
différentes formes d'otite moyenne
Nous necroyons pasque
l'étude bactériologique de l'écou¬
lementd'oreille, quelque
importante qu'elle soit, puisse nous
fournir des renseignements
décisifs à cet égard, et nous
basonscette opinion sur les
considérations suivantes :
h résulte des travaux des otologistes que
l'otite
moyennepeutêtre causée par les
différents micro-organismes pyo-
genes, ainsi que nousl'avons vu
plus haut, et que la perfo¬
ration de l'os ne serattache point
à
uneinfection spéciale.
— 32 -
Si
l'espèce
du microbe nejoue pas un rôleimportant
dans ledéveloppement
de la perforation osseuse, il n'en est pas de même, croyons-nous,de la virulence dumicro-organisme.Nous savons, en effet, par l'anatomie
pathologique
de l'os¬téomyéliteaiguë, quele même microbe cause, danscertains cas, des nécroses rapides de l'os et une production abon¬
dante de pus ; tandis que, moins virulent, il se borne dans d'autres cas à déterminer uniquement un épaississement du
périoste,
suivi de la formationd'ostéophytes.
Le strepto¬coque dont nous avons parlé n'a rien à céder dans ces cas- là aux autres microbes, au point de vue de la virulence.
Les maladies infectieuses exagèrent, comme on le sait, la virulence de leursmicrobes.
Pourrait-on enfin incriminer les
diathèses,
et les accuserd'augmenter la virulence desagents
pathogènes;
et voirici,
comme dans les parties molles, une prédisposition
à
lagan¬grène osseuse ou nécrose causée par le diabète, de même qu'on observeassez fréquemmenldesgangrènes diabétiques.
Observation VIII
(Due àM.Brindel, citéein Thèse de Chagnolleau,1896.)
M. P..., pharmacien, cinquante et un ans, habitant dans les Bas¬
ses-Pyrénées, envoyé à Vichy pour diabète, où il est atteint d'une
otite aiguë très douloureuse, avecfièvreet gonflement del'apophyse;
on lui fait une petite incision, qui donneissue à du pus
situé
sousle
derme. Les douleurs continuent et on envoie le malade au docteur Moure.
L'examen austylet montreunos nécrosé, uneapophyse
perforée.
Grande quantité desucre dansles urines
(50
grammesparlitre).
L'opérationestpratiquée le 30juillet:
Incision rétro-auriculaire donnant beaucoup de sang. Petite
perfora¬
tionosseuse. A l'aidedu protecteur, introduit dansl'antre,on
fait sautei
toute laparoi externe, ce qui ouvrelargementla cavité.
Enlèvementdu puset des fongosités, curettage ; écouvillonnage
au
chlorure de zinc. Deux points desuture en hautetenbas; drainage.