ÉTUDE DU CARACTÈRE CULARD
II. —
INCIDENCE DU CARACTÈRE CULARD SUR LA MORPHOLOGIE
GÉNÉRALE
DES BOVINSB. VISSAC
B. PERREAU
Station centrale de
Génétique
animale,Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
La
morphologie
de bovins de types culard et normal a étécomparée, après abattage,
à 15, 20et3 o mois.
L’hypertrophie
musculaire des culardsappréciée
par lespoids
de viande estparticulièrement
nette au niveau de
l’épaule
et surtout de la cuisse. Elle semble croîtreprincipalement
du thoraxvers le membre
postérieur
lelong
de la colonne vertébrale. La réductionparallèle
dupoids
du sque- lette estgénérale.
Elleintervient,
au niveau des membres, suivant ungradient centripète
d’intensité croissante. Lepoids
des autres organes et tissus est diminué : le tissuadipeux,
lesphanères
et le tubedigestif
notamment. Ces résultats sontremarquablement
concordants aux 3âgesd’abattage
consi- dérés, cequi
conduit à penser que lescaractéristiques morphologiques
liées au caractère culard semanifestent tôt dans la vie de l’animal.
Des fonctions linéaires discriminantes ont été établies à
partir
de variables choisies suivant uneméthode de sélection
progressive :
la hauteur et lalargeur
sur l’animal vif, lespoids
de viande et d’osde
l’épaule
ou duglobe
associés auxpoids
de la peau ou du gras de rognonaprès abattage, paraissent
être les mesures les
plus
efficaces pourdistinguer
le bovin culard du normal.INTRODUCTION
Avant de
poursuivre
des recherchesapprofondies
sur leculard,
ilimporte
depouvoir
définir d’unefaçon objective
etanalytique
ce caractère dans sesrépercussions
les
plus
évidentes sur lamorphologie
des bovins. Une telle étudepeut
orienter lephy-
siologiste
ou le nutritioniste sur la recherche des mécanismes en cause ; elle est indis-pensable
augénéticien
àqui
ellepeut
fournir des critèresobjectifs
de mesure du carac-tère culard.
Après
avoir effectué une revuebibliographique générale
des travaux effectuéssur ce caractère
(L AUVERGXE
etal., 19 6 3 )
nous avons, dans cetesprit, comparé
lamorphologie
de bovins culards et normaux àplusieurs
stades de leur croissance( 1 ).
1. -
MATÉRIEL
ETMÉTHODES
A. - illatàicl animal
L’étude, effectuée de i96o il r9<!, a porté sur des lots de bovins maies de race Charolaise, choisis
conune
représentatifs
des types culard et normal. Les troisâges d’abattage
suivants ont été retenus :15 mois. 20 mois, 3o mois
parce qu’ils correspondaient
(les âges commerciaux.l!ans les deux
premiers
cas, les animaux étaient achetés au sevrage (7-8mois)
et,après
une pé-riode de transition d’environ 40
jours,
nourris ad libitum avec une ration à base de betteraves, de foinde luzerne et de
paille ;
ils étaient abattus à l’âgeindiqué
et contrôlés à l’abattoir du c. !. R. Z. Dans le troisième cas, ils’agissait
d’animaux achetés sur le marché, d’antécédents inconnus et dont l’âged’abattage
étaitapproximatif
(’J.Les bovins de 30 mois étaient castrés des âges non
précisés ;
ceux de 15 mois et de 20 mois étaient entiers.Les
caractéristiques principales
du matériel aninrtl et du schémaexpérimental
sont présentéesau le tableau r.
( 1
) Cette recherche a été financée par ta Délégation générale à la Recherche scientifique et technique
et effectuée en collaboration avec les chercheurs du groupe d’études sur le culard dirigé par !1VI. CHARLETet POL
Y .
( 2
) Quelques résultats sommaires relatifs à ce groupe d’animaux de 30 mois ont été présentés lors de pré-
cédentes réunions des Commissions d’Etudes de la Fédération européenne de Zootechnie à Baden (VISSAC, 19
6 2
) et à
Édimburg
(AVOSY!3!., 1966).Par ailleurs, MABILLEAU(ig6i) et GxçVET (i96!) ont utilisé, dans des travaux d’élève, réalisés sous la direction de l’auteur, une partie des matériaux du présent mémoire.
B. C’ontrôle de la
morphologie
Différentes mesures linéaires ou pondérales ont été effectuées sur les animaux vivants (avant
abattage),
sur les éléments du 5equartier
et sur l’une des deux demi-carcasses. Ces mesures ont étéregroupées en ensembles
biologiques homogènes
soit en raison de la naturephysique
des mesures, desconditions
pratiques
de réalisation ou des tissusauxquels
elles se rapportent. Ce regroupement a été effectué pour des raisons de clarté deprésentation
etd’organisation
des calculs ultérieurs. Les en.sembles considérés sont ainsi
désignés :
A : mesures
corporelles
externes,B : mesures de la carcasse,
C :
poids
des éléments du 5!quartier,
D :
poids
des os ou groupes d’os,E
poids
desparties
de la carcasseaprès découpe,
F :
poids
des os et de la viande de cesparties après découpe
etdésossage,
G : mensurations de certains os, H : mesures
globales.
Les mesures
correspondant
à chacun de ces ensembles sontindiquées
sur le tableau 2 etrepré-
sentées
schématiquement
sur lesfigures
i à 6pour les
ensembles A, B, D, E, F, et G, sans aucun détailsur la
technique
opératoire. Elles serontdésignées,
dans la suite de ce texte, par la lettremajuscule
del’ensemble
auquel
elles se raphortent(voir ci-dessus)
et par le numéro d’ordre indicéfigurant
autableau 2. En ce
qui
concerne l’ensemble H (mesuressynthétiques)
on a considéré les mesures du corps et de la carcasse lesplus caractéristiques (H i
àH5)
ainsi que lespoids
de groupesd’organes (estomac =
ensemble des réservoirsgastriques),
de tissus(dépôts adipeux
au niveau du cœur, des intestins et durein)
ou departies corporelles
similaires dans leur fonction(globe
etépaule),
ou leurorigine (phanères
= cornes et peau). Lespoids
d’os (Hl2) et de viande (H13) représentent ces mêmescritères
dans la fraction désossée, mais nondégraissée,
de la demi-carcasse(poitrine, plat de côtes et
collier non
compris).
’
Notons enfin que certaines mesures des ensembles A, D et G n’ont pas été réalisées sur les ani-
maux de 3o mois.
C. - Méthode
hiosné t ri q ue
Les groupes de bovins culards et normaux, abattus au même âge, ont été
comparés d’abord
àpartir
dechaque
mesureprise
séparémentd’après
le 1 de Student-Fisher. Lescomparaisons
effectuéesensuite à
partir
deplusieurs
mesuresprises
simultanément (X, ... X!,... X,,) sont basées surl’emploi
de la fonction discriminante linéaire de FtsttEx :
L’importance statistique
des différencesenregistrées
entre deux groupes de Ni et N2animaux pourun ensemble de n mesures a été
exprimée
par le Dlde Mahaiajiobis D;, et testée àpartir
de l’ex-pression :
distribuée comme un rapport de variance avec net Ni + N2 — li - i
degrés
de liberté (Rno,1952 ).
Bien que les animaux destinés à être abattus au même âge et appartenant à des lots différents
(culards
- normaux parexemple)
aient étéaccouplés
dans la conduite del’expérience,
nous n’avonspas utilisé la méthode des
couples
pour le 1 de Student, ni le D2 de REY1IENT(1962).homologue
du tde la méthode des
couples
dans le cas de 11 variables, en raison des éliminationsqui
sont intervenuesen cours d’étude. Cette
façon
de faire aurait pu accroître sensiblement l’efficacité descomparaisons statistiques
et tenir compte del’hétérogénéité
des matrices de variances-covariances relatives aux 2 lots comparés : culards-normaux.Un choix
systématique
des mesures lesplus
efficaces danschaque
ensemble pour discriminer les deux groupes a été réalisé suivant la méthode de sélectionprogressive
décrite par WAGNER(rc!65).
Cette méthode est une
transposition
à lacomparaison
de 2groupes de la méthode de sélection ditefovward selertion proposée notamment par HAVtnKEx (1962) pour déterminer les variables four- nissant la meilleure
prédiction
d’une variable dépendante. Rappelons sonprincipe :
si on part d’un ensemble de N mesures, on choisit d’abord celle correspondant à la valeur de t ou(D’-1)
laplus
élevée.!près
avoir calculé les N - i valeurs de 1)22obtenues àpartir
de cette mesure et chacune des autres onchoisit une zemesure
correspondant
à la valeur de D22 maximum. On progresse ainsi pas à pas. Les programmes de calcul élaborés à cet effet nous permettent de choisir les 6 variables lesplus
efficacespour discriminer 2 groupes dans un ensemble maximum de 16 variables (N = 16). La contribution
spécifique
de la ièrne variable introduite dans la discrimination de 2groupes a été testée àpartir
dela
quantité
distribuée comme un rapport de variance avec et N1 + N2 --. i - i
degrés
de liberté (RAO,i 95 a).
Les valeurs des coefficients des fonctions discriminantes (F et F’) relatives a 2
comparaisons
effectuées, sur les mêmes variables, à 2âgesd’abattage
différentes parexemple,
ont été comparéesen calculant
l’angle
0 que font entre elles les droitesreprésentatives
des 2 fonctions discriminantes.Si
et
on sait, en effet, que cos f
(B LACKI TII, t965).
II. -
RÉSULTATS BIOMLTRIOUES
A. -
Comparaison
des mesures individuellesPour
chaque
lotd’animaux,
les valeurs moyennes et lesécart-types
dechaque
mesure sont rassemblés sur le tableau 3 ainsi que les valeurs de t et leur
significa-
tion
statistique
dans le cas descomparaisons
suivantes :culards/normaux ( 15 mois) culards/normaux ( 20 mois) culards/normaux (go mois)
B. - Sélcctz’oii
progressive
des mesuresCette
partie
de l’étude a été limitée à chacune des 2comparaisons : culards/normaux ( 15 mois)
culards/normaux ( 20 mois)
Les lots d’animaux de 30
mois,
d’effectifs trèsrestreints,
et pourlesquels
certainesmesures n’avaient pas été
réalisées,
ont été exclus de ce travail.Le tableau 4 rassemble les résultats de cette sélection par ensemble de mesures ; il
comporte,
pourchaque
variableX i
sélectionnée à un stade i :- l’identification de la
variable,
- la valeur de
D 2 ,
relative à la combinaison de i variablescorrespondantes,
- la
signification statistique (aux
seuils de i p. 100et 5 p.100 )
de la contribu-tion propre à la ième variable dans la discrimination des 2groupes considérés.
C. -
Comftavaison
dequelques fonctions
discriminantesLes fonctions discriminantes établies sur les groupes de mesures les
plus
caracté-ristiques
et lesplus
efficaces ont étécomparées
successivement pour :les culards et normaux de 15 et 20
mois,
les culards et normaux de 15 et 30
mois,
les culards et normaux de 2o et 30 mois.
Les valeurs de
l’angle
0 entre lescouples
de droitesreprésentatives
des fonctions discriminantesfigurent
au tableau 5.III. -
INTERPRÉTATION
ET DISCUSSION DESRÉSULTATS
L’interprétation biologique
des résultatsstatistiques
sera effectuée pourchaque
ensemble de mesures
homogènes.
A. - Ilesures
corporelles
externesA un
âge
donné(r 5 mois,
20mois,
3omoisl
le bovin culard se caractérise par uneréduction de la
longueur
du corps( 5
cm <,’A 4
< 10cm) ( 1 )
et de la taille(
3
cm <AA,, AA,
< 7em) :
cette dernière étant liée à une diminution de laprofondeur
de
poitrine (A 3 )
de l’ordre de 3 cm. Kn outre, les os sontplus
fins(!A13
= - 1,2cm).
L’animal culard est, par contre,
plus large,
que ce soit au niveau desépaules (!A6
= 3cm),
de lapoitrine ( 2 ,5
cm <AA,
< 3cm)
ou des trochanters(
2
cm <!A9
< 5cm).
Cette différencen’apparaît
pas,toutefois,
au niveau deshanches, qui
seraient au contraireplus
resserrées que celles de l’animal normal(AA,
= - 2 cm à 20mois).
Réduit enlargeur,
le bassin l’est aussi enlongueur : (-
2 cm <AA,
< - I cm, t = 2,39 ; 1,90 ; 1,72 ).
Pourexpliquer
ce résultat ilfaut considérer que,
parmi
les mesures delargeur,
celleprise
au niveau des hanches est la moins affectée par les variations dedéveloppement musculaire ;
nous verrons( 1
) !.Bi caractérise l’écart moyen de la mesure Ai entre bovins culards et normaux.
par ailleurs que
l’exiguïté
du bassin du culard est confirmée par l’étude dusquelette.
Au niveau des mesures de
circonférence,
aucune différencesignificative n’appa-
raît entre le tour de
poitrine (A lo )
ou le tourspiral (A!)
d’animaux culards et normaux, la réduction de taille ou delongueur
étantcompensée
dans ces mesures parl’élargisse-
ment des
animaux ;
le tour du corps au niveau desgrassets
est, par contre,plus
faiblechez les culards
(AA! ! —
10cm, t = .!,i9 ;3 , 55 ) :
ce résultatexprime quantitati-
vement
l’impression
de rétraction de l’abdomen(«
ventre levreté»)
que fournit l’observation de ces animaux etqui
laisseprévoir
une diminution du volume de leurs organesdigestifs. Globalement,
lepoids
des culards est sensiblementplus
faible que celui des bovins normaux(de
30 à 50kg
enmoins,
soit 6 à 8 p. zoo ; t= z, 9 S ;
2,70 ;I!79)!
L’étude des associations linéaires de mesures les
plus
efficaces pourdistinguer
culards et normaux ne fait pas
apparaître
les mêmes variables pour les animaux de r5 et 2o
mois, mais,
dans les deux cas, la fonction discriminanteoptimum
traduitl’opposition signalée
ci-dessus entre les deuxtypes
dans les variations de taille(A z )
etlongueur (A,)
d’une part, delargeur (A I2
-A!)
d’autrepart.
Deux variables suffisent pourexprimer
cetteopposition
dans le cas des 20mois ;
par contre, pour les ymois,
le tour du corps au niveau des
grassets apporte
une contributionsupplémentaire
utilepour différencier les deux groupes.
Compte
tenu des difficultéspratiques
de réalisation de certaines mesures(tour spiral, longueur
du corpsnotamment),
onpeut
être amené à utiliser d’autres variablesplus simples
à évaluer en vue de traduire efficacementl’opposition
ci-dessus. La hau- teur augarrot,
lalargeur
auxtrochanters,
et,éventuellement,
le tour au niveau desgrassets
fournissent alors une discrimination presque aussi bonne. Les directions obtenues par les fonctions discriminantesenglobant
les deuxpremières
mesuresprécé-
dentes et le
poids
vif pourdistinguer
culards et normaux à 15 et 20mois sont en fait très voisines(8
=1 8°).
Ces résultats sont conformes aux
descriptions générales
du caractère culard fournies par les différents auteurs cités par 1,AUVERGNF et al.(ig6 3 ).
Les mesurescorporelles permettent d’apprécier objectivement
lacompacité générale
du corps et la rétraction du ventre mais non lescaractéristiques
liées directement àl’hypertrophie
musculaire. L’étude par les mêmes méthodes
biométriques
des mesurescorporelles
effectuées par RAmoVDt
(ig6i)
sur deux lots de 9taurillons normaux et 9 taurillons culardspiémontais
conduit à des conclusions voisines :toutefois,
dans ce cas,l’aug-
mentation de
largeur
aux trochanters(3,A,
= 2,7cm)
étaitstatistiquement plus
nette que la réduction de taille
(DA 1
= - 4cm).
On a pu établir aussi que ces deuxmesures étaient
statistiquement
lesplus
efficaces pourdistinguer
les deux groupesaprès
sélectionprogressive
des variables considérées par RAIMO.B-1)1.B. - 21fesures de la carcasse
Les
comparaisons
effectuées sur la carcasse traduisent clairement la réduc- tion dusquelette
des bovins culards(mesures B,
àB 4
de distances entrerepères osseux)
etl’augmentation d’épaisseur
des masses musculaires(mesures B 6
àB lz d’épaisseurs musculaires).
En cequi
concerne la réduction dusquelette,
lesdimensions les
plus
affectées varient suivant lescomparaisons : longueur
dumembre arrière
(tlB 5 = -
3 cm, t =.!,85
à 15mois), longueur
de la carcasse(-
9 cm <AB,
< - 5 cm, 3,00 < t <!,43).
Pour cequi
est desépaisseurs
mus-culaires,
les différences lesplus importantes apparaissent
au niveau duplat
de côtes etdu faux-filet
(mesures postérieures)
à I5et 20 mois( 4 , 2 6
< t <6,g6) ;
sur les lots de30
mois,
c’est cette dernière mesure(t
= 3,05 et surtoutl’épaisseur
de cuisse(t
= 4,222qui permet
la meilleure distinction entre culards et normaux.Une
simple
association de 2 mesures : l’une de croissancesquelettique (distance jarret-symphyse
pour les 15mois, longueur
du corps pour les 20mois),
l’autred’épaisseur
musculaire(épaisseur
duplat
de côtes pour les I5mois,
du faux-filet pour les 20mois)
suffit pour rendrecompte
des différences entre culards et normauxparmi
l’ensemble des mesures initialement réalisées. Le choix de la mesure la
plus appropriée
dans chacun de ces deux groupes pour une étude à
plus grande
échelledépendra
doncsurtout de
contingences pratiques
sur les facilités de réalisation.C. - Poids des éléments du 5e
quartier
Tous les éléments du
5 e quartier, qu’ils représentent
des organesappartenant
aux
appareils digestif, circulatoire, respiratoire,
des déchetsadipeux
ou desproduc-
tions
épidermiques
sontplus
réduits chez les animaux culards aux 3âges d’abattage
considérés. Les différences
paraissent statistiquement plus
évidentes à I5 et 20 moisqu’à
3o mois : cela estprobablement
dîa à l’effectifplus
réduit des lots de 30 mois d’unepart,
àl’hétérogénéité
des conditionsd’élevage (non contrôlées)
de cesanimaux, hétérogénéité qui
a notamment entraîné degrandes
fluctuations dans l’étatd’engrais-
sement des animaux d’un même
type (culard
ounormal).
La réduction
pondérale
du5 e quartier
affecteprincipalement
lesdépôts adipeux (C
13
etC 14 ) ;
5,92 < t < 7,05 à I5 et 20mois. Lesproductions épidermiques :
cornes(C
6
)
et p°au(C 7 )
ainsi que le tubedigestif (C 2 , C 3 , C 4 )
sont ensuite les éléments du5
e quartier
lesplus légers
chez le bovin culard. En cequi
concerne le tubedigestif,
on ne retrouve pas, chez les bovins de I5 et 20
mois,
de réductionplus marquée
pourles réservoirs
gastriques
que pour les intestins. Cette réductionqui apparaît
pour le lot de 30mois avait pu être reliée par nous :V l ssac, ( I g6 2 )
à une tendance observée chez le culard àingérer
des aliments concentrés depréférence
auxfourrages grossiers :
N
EUVYet
V ISS9C , (Ig!2).
Les fonctions discriminantes les
plus
efficaces fontintervenir,
de cefait,
aussi bien chez les animaux de I5 mois que chez ceux de 20mois,
2à 3 variablescomportant
l’une lepoids
desdépôts adipeux (C 13
ouC I4 )
l’autre lepoids
desboyaux (C 4 )
voire(
15
mois)
lepoids
des cornes(C 6 ).
Ces résultats confirment
pleinement
les observations faites par despraticiens
etdes chercheurs sur la faible
adiposité
du bovin culard : BRUSAFERRO(igo5),
DECHAM-BRE
( 1911 )
et,plus tard,
RAIMONDI( 195 6- 1957 ),
POMEROY et WILLIAMS(Ig62)
ainsique sur la finesse de ses
phanères (onglons,
cornes etpoils) :
PACI( I g 35 ),
MASON(Ig63).
Une
analyse biométrique
similaire effectuée àpartir
des données recueillies par RAI-M
oVDI
( I g6 I )
sur les 2types
d’animaux en race Piémontaise fait surtoutapparaître
chez le culard une réduction de
poids
du tubedigestif
et desdépôts adipeux internes.
Le
poids
du coeur est, par contre,plus élevé,
cequi
n’est pas le cas dans notre étude( OC
12
= - 300à 400 g, t = 2,41 ; 3,53 ! 3,93 pour les 30, 2o et I5mois).
Cette dimi-nution de
poids
observée pour le cœur et les poumonspourrait
notammententraîner,
par un
phénomène
decompensation,
une accélération desrythmes cardiaque
etrespi- ratoire,
ce que nous avons effectivement pu constater sur les culards de 15mois (tabl. 6).
La réduction des éléments du
5 e quartier
chez leculard,
a, commeconséquence pratique, d’annuler,
au niveau dupoids
de la carcasse(B I3 ) ’
les différences depoids
vif
(A I6 ) qui
se manifestent entre les 2types
d’animaux(t
à la limite du seuil designi-
fication de 5p. ioo dans les 3
cas).
Le rendement du bovin culard est de ce fait nette- mentsupérieur
à celui de l’animal normal(-!-
4,o p. 100, -E 3,r p. zoo et -f- 2,9 p. 100respectivement
à r5, 20et 30mois).
1). - Poids des os et
groupes
d’osL’analyse
des résultats laisseapparaître
chez le culard une réduction depoids
detous les os et groupes d’os.
Toutefois,
si cette réduction est, engénéral, significative
pour tous les groupes de
segments
vertébraux(D l , D 2 , 1!3),
sauf chez les 30mois oùon
peut,
làaussi, invoquer
le faible effectif etl’hétérogénéité
deslots,
les résultats sontbeaucoup plus
fluctuants pour les os des membres. L’observationdéjà
formuléesur les 3o mois
(V ISSAC , 19 6 2 )
selonlaquelle
lepoids
des os du culard est d’autantplus
réduit(en
valeurrelative)
que l’on va, danschaque membre,
dusegment
distalau segment
proximal,
se vérifie sur les animaux de 15 et 20 mois(fig. 3 ).
Enfait,
seules les différences
pondérales
relatives aux 2 segmentssupérieurs : omoplate
ethumérus,
coxal et fémur sontsignificatives.
Si on admet selon HAMMOND(1955)
l’existence d’un
gradient
de croissancecentripète
des os desmembres,
cette observa- tion conduirait à admettre que les culardsprésentent
un retard de croissance parrapport
aux animaux normaux. Cette différencemorphologique
au niveau des os des membres du culard n’a pas été vérifiée par Pout!ROn et WII,I,IAMS(r 9 62),
ces auteursnotent
cependant,
ungradient céphalo-caudal
d’accroissement durapport
despoids
des vertèbres
thoraciques
et côtes du culard et dunormal,
cequi permettrait
deconclure dans le même sens. Par contre, les résultats que nous obtenons sur les groupes d’os de la colonne vertébrale ne
permettent
pas de vérifier l’existence de ce 2egradient.
Le coxal est, par
ailleurs,
d’unefaçon quasi générale,
l’os dont la croissanceest la
plus
affectéeparmi
ceux que nous avonsconsidérés ;
il convient derapprocher
ce fait des difficultés de
parturition
des femelles culardes : PAci(r 935 ) ;
HAXSET,(
19
6i),
voire de la viabilitéplus
réduite des veaux issus de ces femelles.La sélection des mesures les
plus
efficaces pour discriminer les 2 groupes faitprécisément ressortir,
aussi bien chez les r5 mois que chez les 20mois,
lepoids
ducoxal
(D s )
associé aupoids
d’un segment inférieur du membre avant : radius -cubitus(1)
6
)
oumétacarpe (D 7 ).
E. - Poids des
parties
de la caycasseaprès découpe
L’examen
des chiffres du tableau 3indique
clairement que les bovins culardsprésentent
unehypertrophie
du trainpostérieur : globe (4I:!
= + 3 à 5kg,
t = 2,21 ; 2, 24
;
2 ,86) ; rumsteack, ( 4 I; 8 = !- 0,25
à r,5kg ;
t =2 ,6 0 ;
0,44 ;2 , 17 ).
Cettehyper- trophie
ne se retrouve pas, au mêmedegré,
dans le membre avant(E 2 )
pourlequel
lesdifférences
enregistrées
varient avec lesâges d’abattage.
Al’opposé,
lapartie
dorsaleantérieure du thorax
(basses-côtes, I;3),
a une croissance ralentie chez le culard :- 0,4 à 1,2
kg,
t =2 ,6 3 , 4 , 0 8, 1 ,78.
Ces 2régions : globe
etbasses-côtes, qui
four-nissent,
en outre, la meilleure discrimination entre les 2groupes, aussi bien à i5 moisqu’à
20mois constitueraient(fig.. 1 )
lespôles
extrêmes d’ungradient
d’accroissementcéphalo-caudal
dupoids
desrégions corporelles
du culard. Ce résultat nepeut s’expli-
quer par une différence de
précocité
entre les 2types
debovins,
à la lumière de la théorie d’HAMMOND(r 955 )
tout au moins.Sur le
plan pratique,
ces différencesmorphologiques
se traduisentlogi d uement
par un accroissement sensible du
pourcentage
de morceaux de rer!’catégorie
chez leculard par rapport
aunormal,
de 2,4 p. 100 ; 3,2 p. ioo et 3, o p. ioo à 15, 20et 30 moisrespectivement.
Ce résultat est conforme aux observations de RaiMrnDi( I g, 5 ()- I957 ).
F. - Poids des os et de la viande
après découpe et d é s ossage
Dans le cas de la
comparaison
des mesuresprises individuellement, l’analyse
ne porte que sur les morceaux de viande désossés. Ellepermet
de confirmer et depréciser
le sens de
l’hypertrophie
musculaire constatée au niveau du membrearrière,
et, secon-dairement,
del’épaule.
Dans lepremier
cas, cettehypertrophie
estgénérale : gîte (
2 ,
45
< t <3 ,oi),
tranche( 2 , 0 6
< t <3 ,8 4 ),
tranche grasse( 2 , 4 6
< t <3 , 2 8)
etrumsteack
(z,o6
< t <3 , 1 6).
En cequi
concernel’épaule,
seule la boule de macreuseest nettement
hypertrophiée (r,9!
< t <3 , y ),
les autres morceaux de viande ayantpratiquement
unpoids équivalent
chez les culards et les normaux. Une dissectioncomplète
dusystème
musculaireentreprise
parailleurs,
sur un sous-échantillon des bovins considérés dans cette étudepermettra
depréciser
la nature et la forme(allon- gement
ougrossissement)
des muscles lesplus hypertrophiés. Quant
à la structuremicroscopique
de cesmuscles,
les travaux d’OuHayoux et BEAUMONT( H )()S)
indi-quent, d’après
lesanalyses
de la section desfibres,
que l’on est enprésence
chez leculard d’une
hyperplasie
des fibres(augmentation
du nombre total des fibres compo- sant lemuscle)
que ce dernier soit ou non atteintd’hypertrophie.
Les fonctions discriminantes établies
ici,
traduisentl’opposition
entrel’hyper-
trophie
de certainesrégions
musculaires(membre arrière,
boule demacreuse)
et laréduction
particulière
dupoids
de certains groupes d’os(os
du rumsteack ou du train decôtes).
Tenantcompte
de ces résultats et de ceux obtenusprécédemment,
on seraitamené à retenir le
désossage
del’épaule
ou duglobe
en vue d’uneappréciation
sim-plifiée
du caractère culard au niveau de la carcasse. Dans lepremier
cas, la compa-raison du
poids
de la boule de macreuse à celui des deuxpremiers segments
osseux(omoplate
ethumérus)
est un très bon critère de discrimination(fig.
3 et,!).
Dans ledeuxième cas, le
pourcentage
d’os duglobe
fourniraitégalement
une bonneindication du caractère culard.
G. - Nlensurations de certains os des membres et des ceintures
Il convient d’abord de noter que les os mensurés constituent les
segments proxi-
maux des membres et des ceintures avant
(scapulum
ethumérus)
et arrière(coxal
etfémur)
c’est-à-dire ceux dont la croissanceparaît
laplus
ralentie chez le bovin culard(voir ci-dessus).
Le coxal étant mis à
part,
les mesures lesplus
réduites dans ces os sont, de touteévidence,
les mesures delongueur : G,
pour lescapulum (3,83
< t <4,38), G 4
pour l’humérus( 1 , 23
< t <3, 3 6), G I2
pour le fémur( 1 ,8r
< t <4 , 1 8).
En cequi
concerneles
largeurs
des oslongs,
on ne note pas de différencesimportantes
entre culards etnormaux au niveau des
épiphyses ;
la sectiondiaphysaire
externe du fémur est, parcontre,
plus
faible chez leculard,
alors que la sectioncorrespondante
du canal médul-laire est
identique
pour les normaux et les culardsqui présentent
de ce fait une sectionosseuse
plus
réduite au niveau de ladiaphyse,
ceci est en faitplus
net à 15 mois(- i,8 9 cm 2 ) qu’à
20mois(-
0,9cm 2 )
et à 30 mois(-
0,5cm 2 ) :
faut-il voir là uneconfirmation de
l’opinion émise,
au niveau despraticiens,
selonlaquelle
les animauxculards
perdraient
leurs caractères(finesse
de l’os enparticulier)
en vieillissant.La réduction de taille
caractéristique
de l’os coxal estparticulièrement
nette auniveau de l’ilion
(Gg)
et de la brancheiliaque (G 9 ).
Par contre, la section de l’os coxalpratiquée
par le boucher lors de laséparation
duglobe
et durumsteack,
etqui était, paradoxalement, plus
étendue chez les culards de 30mois : Viss!c,( 19 6 2 )
n’est passignificativement
différente à r5et 20mois.En
fait,
la sélectionprogressive
des variables nepermet
de retenirqu’une
mesurede
longueur
pourdistinguer
les deux groupes ; le raccourcissement des oslongs
estdonc,
enfait,
dans noséchantillons,
le seulphénomène statistiquement
notable enrelation avec la
morphologie
des os étudiés.H. - Ilesures
globales
Nous ne reviendrons pas sur
l’analyse
des résultats relatifs aux mesuresdéjà envisagées
dans la discussion(H l
àH 8 ).
Le
regroupement
desrégions corporelles
en 3parties permet
de voir que lesrégions
àdéveloppement
trèsprécoce (tête
etpieds)
ont unpoids plus
faible chez le culard