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Une tâche de plus en plus complexe L’évaluation qui perd de son sens Les obstacles de la formation continue Ordre professionnel enseignant : non merci!

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Une tâche de plus en plus complexe L’évaluation qui perd de son sens Les obstacles de la formation continue

Ordre professionnel enseignant : non merci!

Défis, obs tacles e t miracles

Hors-série

Postpublications : N0 de convention 40068962

ÉDITION SPÉCIALE

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AUCUN ARBRE COUPÉ

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Tour d’horizon

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Photo François Beauregard

CE N’EST PAS DE LA FICTION

CSQ Le Magazine consacre cette édition hors série aux enseignantes et ensei- gnants, à leur travail, à leurs défis, aux nombreux obstacles auxquels ils font face et aux petits miracles que toutes et tous accomplissent quotidiennement dans leur classe.

Bien que ce numéro spécial s’intitule Mission impossible, le personnel ensei- gnant ne fait pas du cinéma. Il ne joue pas la comédie lorsqu’il dénonce une tâche qui se complexifie d’année en année. Les travailleuses et travailleurs que nous avons rencontrés dans le cadre de cette édition du magazine nous l’ont clairement dit : accomplir tout ce qu’il y a à faire et atteindre tous les nombreux objectifs prévus est presque irréalisable.

Des profs ont également accepté de nous parler des difficultés qu’ils rencon- trent lorsqu’ils souhaitent suivre de la formation continue. Ils ont beau vouloir se perfectionner et maintenir un haut degré de compétences, encore faut-il que les employeurs les encouragent à le faire et leur donnent les moyens d’y parvenir.

Parmi les autres enjeux auxquels le personnel enseignant fait face, il y a celui de l’évaluation. Servant jadis à mesurer les forces et les faiblesses des élèves, elle est devenue aujourd’hui un outil permettant d’aller chercher du financement.

Finalement, nous avons aussi rencontré des personnalités qui ont la conviction que l’éducation peut être un vecteur de changement.

Nous espérons que vous apprécierez ce numéro spécial du magazine. Bonne lecture!

Audrey Parenteau

| r é D A C T r I C E E N C h E F m a g a z i n e @ l a c s q . o r g

CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 3

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V O L u m E 4 0 , h S 1

SOmmAIrE E N C O u V E r T u r E

mISSION ImPOSSIBLE?

Pour le personnel enseignant, les enjeux et les défis sont grands.

Comment les surmonter?

Au nom des profs

rencontre avec la présidente de la FSE-CSQ, Josée Scalabrini, qui présente les principaux enjeux auxquels fait face

le syndicalisme enseignant.

La tâche se complexifie

Accomplir tout ce qu’il y a à faire et atteindre tous les objectifs, voilà qui est pratiquement infaisable en éducation.

Comment en sommes-nous arrivés là?

une évaluation en mal de sens

Selon la majorité du personnel enseignant, l’évaluation doit servir aux apprentissages. Pour les gestionnaires, toutefois, elle permet d’aller chercher du financement.

La volonté de se perfectionner

Au-delà de l’obligation d’atteindre et de conserver un haut degré de compétence, que pensent les profs de la formation continue?

Le retour d’un débat pourtant réglé

La création d’un ordre professionnel enseignant est un sujet qui revient régulièrement. Pourtant, les profs n’en veulent pas.

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Entre nous

10

rencontre

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Syndicalisme

28

Culture

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Le mot juste

6 16 19 22

25 19

25

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CSQ Le Magazine Volume 40, hS1Publication de la centrale des syndicats du québec, 9405, rue Sherbrooke Est, montréal (Québec) h1L 6P3, Tél. : 514 356-8888, Téléc. : 514 356-9999 Courriel : magazine@lacsq.org / Directrice des communications Catherine Gauthier / rédactrice en chef Audrey Parenteau / secrétaire adjointe aux publications France Giroux / révision martine Lauzon, Susy Bélanger / Publicité Audrey Parenteau / couverture Pascal ratthé / Photographies AEFO, François Beauregard, marie-hélène Dallaire, Getty Images, martin Girard, iStock, Stéphane Lessard, Patric Nadeau, Pascal ratthé, Jocelyn riendeau / retouches photo Yves Vaillancourt / Dépôt légal Bibliothèque nationale du Québec, Bibliothèque nationale du Canada. ISSN 2561-2719 / magazine.lacsq.org / abonnement Service des communications, 514 356-8888 giroux.france@lacsq.org Postpublications No de convention 40068962. retourner toute correspondance ne pouvant être livrée au Canada à : Publication de la centrale des syndicats du québec 9405, rue Sherbrooke Est, montréal (Québec) h1L 6P3.

Imprimé sur du Rolland Enviro100 Satin, contenant 100 % de fibres postconsommation, fabriqué avec un procédé sans chlore et à partir d’énergie biogaz. Ce papier est certifié FSC®, Rainforest AllianceMC et Garant des forêts intactesMC.

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 5 EnTrE nous

A ugmentation et complexification de la tâche, lourdeur induite par une hausse du nombre d’élèves en difficulté, manque de support et de ressources spécialisées, coupes draconiennes…, pas surprenant que plusieurs enseignantes et enseignants quittent la profession après seulement quelques années de pratique.

Les changements importants dans les programmes n’ont pas contribué à améliorer les choses, bien au contraire. Le personnel enseignant a dû s’approprier de nouvelles disciplines, de nouveaux outils pédagogiques, des méthodes d’évaluation différentes, et tout cela sans avoir eu droit de cité. On a imposé ces réformes et ces modifi- cations au cursus sans avoir la décence de consulter celles et ceux qui, pourtant, sont les mieux placés pour en évaluer la pertinence au regard des besoins des élèves.

Ce cocktail d’obstacles et de défis a des effets délétères sur une profession qui n’est pas suffisamment valorisée et qui mérite plus que jamais des conditions d’exercice optimales. Nous sommes à la croisée des chemins. Les enseignantes et enseignants, rappelons-le, sont au cœur d’une mission essentielle qui est celle de préparer les enfants d’aujourd’hui à la société de demain.

L’heure est venue de nous questionner comme société. Quels efforts sommes-nous prêts à déployer pour appuyer adéquatement nos enseignantes et enseignants dans l’exercice de leurs fonctions? Que sommes-nous prêts à faire concrètement pour revaloriser la profession? Hausser leur salaire, augmenter les ressources spécialisées, diminuer les ratios, offrir des avenues intéressantes et adaptées en matière de développement professionnel ne sont que quelques-unes des nombreuses mesures sur lesquelles nous devons absolument nous pencher.

Le temps est venu de poser des gestes concrets qui permettront de briser le cercle vicieux dans lequel les enseignantes et enseignants sont désormais plongés. Le système d’éducation repose sur leurs épaules et son avenir dépendra des réponses collectives que nous fournirons.

Solidarité!

Sonia Ethier

| PréSIDENTE

Le monde de l’enseignement est en profonde mutation, tandis que la profession, elle, manque cruellement de reconnaissance.

Les voyants sont au rouge et un coup de barre majeur est désormais nécessaire.

Photo François Beauregard

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rEnconTrE

Au NOm DES PrOFS

C’est avec beaucoup d’énergie que Josée Scalabrini défend la valorisation de la profession enseignante et les droits des profs du réseau scolaire. rencontre avec la présidente de la FSE-CSQ.

maxime Garneau

C O N S E I L L E r F S E - C S Q

Josée scalabrini

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 7

CSQ Le Magazine : POurQuOI EST-CE ImPOrTANT DE PArLEr POSITIVEmENT DE LA PrOFESSION ENSEIGNANTE?

Josée Scalabrini : Valoriser la profession c’est, de façon indirecte, une façon de travailler à l’amélioration des conditions de travail et d’enseignement des profs. Depuis plusieurs années, à la FSE-CSQ1, nous en faisons une de nos grandes priorités. C’est un dossier auquel je crois beaucoup et qui me touche particulièrement.

Quand nous parlons en bien des enseignantes et enseignants, nous contribuons à faire connaitre leur réalité et leur dévouement à toute la population. Les gens sont ensuite plus sensibles aux enjeux auxquels les profs font face. Ils sont plus disposés à les écouter lorsque ceux-ci expriment leurs besoins ou dénoncent des situations inacceptables.

QuE FAIT LA FSE-CSQ POur VALOrISEr LE TrAVAIL DES ENSEIGNANTES ET ENSEIGNANTS?

Avec la campagne Prof, ma fierté!, nous faisons rayonner leur travail exceptionnel. Les profs que je rencontre me le soulignent régulièrement. Ils aiment que nous parlions d’eux de façon positive, que nous fassions connaitre leur vécu, les petits miracles qu’ils accomplissent au quotidien. Nous ne ménageons aucun effort pour le faire : nous avons réalisé des séries Web, des publicités télé, et nous avons organisé des évènements un peu partout au Québec pour que le travail des profs soit connu et reconnu à sa juste valeur.

En montrant de belles histoires et de belles réussites, je suis persuadée que nous avons contribué à remettre l’éducation au cœur des priorités dans le débat public au Québec.

QuEL EST LE rôLE Du SYNDICALISmE ENSEIGNANT?

Le syndicalisme enseignant est présentement en transformation, mais le rôle fondamental d’une fédération comme la nôtre ne change jamais. Nous sommes là, en premier lieu, pour défendre et protéger les droits de nos membres, et travailler d’arrachepied pour améliorer leurs conditions de travail.

Je rencontre énormément d’enseignantes et d’enseignants aux quatre coins du Québec, et je sais qu’ils attendent beaucoup de leur organisation syndicale. C’est pour cette raison que je suis convaincue qu’il est primordial d’exercer un syndicalisme professionnel, visant à améliorer les conditions de travail des profs, mais aussi leurs conditions d’enseignement.

Je suis également convaincue que nous devons jouer un rôle de leadeur dans tous les dossiers qui ont une réelle influence dans la vie de nos membres. Nous sommes leurs représentantes et représentants auprès des décideurs, et notre mandat ne se limite pas à négocier leur convention collective.

COmmENT CETTE APPrOChE SYNDICALE SE mANIFESTE-T-ELLE?

Elle se manifeste de plusieurs façons. Selon moi, une des grandes forces de la FSE-CSQ est son implication active dans les dossiers de nature pédagogique, dans lesquels nous nous assurons toujours de faire connaitre et entendre l’opinion et les préoccu pations des profs. Notre leadeurship se traduit, notamment, par de nombreuses interventions dans les médias, mais aussi auprès du gouvernement, des chercheuses et chercheurs, des parents et de la population en général.

Photo Pascal Ratthé

1 Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

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rEnconTrE

DE QuELLE FAçON LA FSE-CSQ S’Y PrEND-ELLE POur DEmEurEr rEPréSENTATIVE DE L’OPINION DE SES mEmBrES?

Au fil des ans, notre fédération s’est bâti une grande crédibilité dans le monde de l’éducation au Québec, notamment grâce à sa capacité à construire ses positions en s’appuyant sur les réalités et les besoins de ses membres. Nous avons toujours su adopter des positions étoffées sur les enjeux en éducation, dont certaines sont devenues historiques. D’autres ont évolué et se sont transformées pour s’adapter à la réalité du monde de l’enseignement, qui est, comme je le mentionnais précédemment, en constante mutation.

C’est cette force qui nous distingue des autres organisations. Quand je prends la parole au nom des dizaines de milliers de profs que la FSE-CSQ représente, je veux le faire en sachant que je porte leur message le plus fidèlement possible.

Toutefois, pour que nous puissions demeurer une fédération ouverte et à l’écoute de ses membres, l’organi- sation d’un évènement comme le Colloque FSE-CSQ, qui a eu lieu en mai 2019, est importante. Cela nous permet de pousser plus loin les réflexions sur d’importants enjeux pédagogiques, et je suis convaincue qu’il est primordial de le faire avec celles et ceux qui sont au quotidien dans les classes du Québec.

Ce n’est pas tous les jours que 500 profs sont réunis pour échanger et débattre d’enjeux aussi cruciaux que l’autonomie professionnelle, l’évaluation des apprentissages, la valorisation de leur profession et le développe ment professionnel.

Notre colloque est un évènement unique, puisque les débats ont comme base des données objectives toutes fraiches, issues d’une large consultation menée auprès d’enseignantes et d’enseignants au cours de l’année scolaire 2018-2019. Ils ont d’ailleurs été des milliers à participer, même si leur charge de travail est lourde et accaparante.

COmmENT CET éVèNEmENT VOuS INSPIrErA POur L’AVENIr?

C’est l’occasion pour la FSE-CSQ d’actualiser ses positions dans plusieurs dossiers, en écoutant ce que le personnel enseignant a à dire. Ainsi, nous nous assurerons, comme nous l’avons toujours fait, de représenter l’ensemble de nos membres, soit plus de 60 000, lorsque nous parlons en leur nom.

C’est une grande fierté, mais aussi une lourde responsabilité de porter haut et fort la voix des enseignantes et enseignants. L’équipe de la FSE-CSQ est toujours très soucieuse de la justesse du message livré en leur nom. Le colloque, ainsi que la large consultation qui l’a précédé, permet à notre fédération d’être plus forte, plus légitime et plus centrée que jamais sur les préoccupations et les opinions de ses membres.

Y A-T-IL uN LIEN AVEC LA PrOChAINE NéGOCIATION NATIONALE?

Absolument. Comme professionnelles et professionnels de l’enseignement, les profs doivent affirmer leur expertise dans les dossiers de nature pédagogique. Malheureusement, dans les dernières années, bien d’autres acteurs se sont prononcés sur une multitude de dossiers en lien avec l’éducation et l’enseignement, sans que les principaux concernés aient eu leur mot à dire.

« les profs en ont assez.

ils souhaitent, avec

raison, être entendus

et respectés, tant dans

leurs écoles que du

public en général. »

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 9 Les profs en ont assez. Ils souhaitent, avec raison, être entendus et respectés, tant dans leurs écoles

que du public en général. Au quotidien, ils nous disent clairement qu’ils souhaitent que leur autonomie professionnelle soit mieux reconnue dans la loi et respectée à cent pour cent dans les faits. Plus largement, ils désirent aussi que leur expertise et leur opinion soient reconnues et entendues quand vient le temps de faire de grands changements en éducation.

Pour moi, le lien avec la prochaine négociation est clair. Ce que les profs veulent par-dessus tout, c’est être appréciés comme les experts qu’ils sont. Être considérés, écoutés et faire partie de la solution. Ils veulent un ministre de l’Éducation qui reconnait leur professionnalisme et leur expertise, qui leur tend la main et qui valorise leur travail.

COmmENT CETTE rECONNAISSANCE DEVrAIT-ELLE S’ExPrImEr?

Elle passe par de meilleurs salaires. Oui, les profs veulent être payés à leur juste valeur, puisqu’ils sont toujours les moins bien rémunérés au Canada. Ça passe aussi par un allègement important de leur tâche, qui n’a cessé de s’alourdir et de se complexifier au fil des années et des coupes en éducation. Et, bien sûr, ça passe aussi par des classes plus équilibrées et par davantage de services pour les élèves en difficulté.

Et tout ça, ça ne tombera pas du ciel! Il va falloir se battre, et nous serons prêts pour cette bataille. Grâce à notre colloque, nous sommes mieux armés que jamais!

Photo Pascal Ratthé

Josée scalabrini

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rEnconTrE

LES AuBErGES Du Cœur

POur rEDONNEr ESPOIr

Aider les jeunes en difficulté à reprendre le chemin de l’école,

une mission pleine de sens pour la porte-parole des Auberges du cœur, marie-Claude Barrette.

marie-Claude Ethier

| C O L L A B O r A T I O N

« J’ai rencontré des personnes qui ont eu la vie sauve grâce aux Auberges du cœur », raconte l’animatrice télé bien connue du grand public et porte-parole de cet organisme qui vient en aide aux jeunes en difficulté et sans-abri.

Chaque année, plus de 3 500 personnes âgées de 12 à 30 ans cognent à la porte de l’une des trente maisons d’hébergement des Auberges du cœur à travers le Québec.

Là, elles reçoivent soutien et encadrement pour favoriser leur réintégration familiale, sociale et scolaire. Elles y trouvent éga- lement de l’espoir.

« Quand les jeunes atterrissent dans une Auberge, ils sont pas mal écorchés. Le fait que des intervenantes et intervenants leur font confiance et se soucient d’eux leur donne une raison de vivre et les encourage à continuer », ajoute Marie-Claude Barrette.

uN FILET DE SéCurITé

Il arrive que les mailles du filet social soient trop grandes pour certains jeunes qui finissent par passer à travers.

« L’organisme, c’est un deuxième filet tissé serré. Le personnel qui y travaille met tout en œuvre pour protéger les jeunes

et les aider à reprendre leur vie en main », explique la porte-parole. Les Auberges du cœur ont d’ailleurs comme mission d’aider les jeunes à sortir de l’errance et à s’investir dans un projet de vie.

çA PASSE PAr LES éTuDES

Très souvent, celles et ceux qui font un séjour dans une Auberge constatent que la vie risque d’être difficile sans diplôme.

C’est ce qui les motive généralement à reprendre les cours.

L’organisme privilégie d’ailleurs le retour aux études comme voie d’avenir. « Un diplôme apporte autonomie et fierté », croit Marie-Claude Barrette.

Selon l’animatrice, les membres du personnel enseignant, comme les intervenantes et intervenants, sont des porteurs d’espoir. Ils peuvent apprendre aux jeunes à aimer l’école et à développer une certaine confiance en leur capacité.

Et pour les décrocheurs, « savoir qu’une personne croit en eux, c’est le moteur d’une vie. Tout commence par là! », conclut-elle.

Photo Pascal Ratthé

Marie-claude Barrette

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Ce n’est pas d’hier que le milieu de l’éducation ressent ce

« malaise enseignant ». Déjà, en 2010, une large enquête nationale menée auprès des membres de la FSE-CSQ avait permis de constater que les choses n’allaient pas. Un plan d’action avait alors été mis en place, dans lequel la tenue d’un colloque sur la valorisation de la profession avait, entre autres, été prévue.

Ce colloque avait jeté les bases des orientations adoptées par la FSE-CSQ au cours des années qui ont suivi. La volonté des membres de voir leur travail mis en valeur était bien présente, et elle l’est toujours, près d’une décennie plus tard.

Les suites de ce colloque ont permis l’adhésion à un syndicalisme professionnel positif qui vise principalement à valoriser le travail exceptionnel qu’accomplit chaque jour le personnel enseignant.

DES

ChANGEmENTS à L’hOrIzON?

Au cours des dix dernières années, le gouvernement n’a cessé de prendre des décisions sans consulter les enseignantes et enseignants, ce qui a eu pour effet de diminuer leur autonomie professionnelle. Qu’en pensent les principales personnes concernées? Une vaste consultation, entreprise à l’automne 2018 et réalisée auprès d’environ 4 000 enseignantes et enseignants, a permis de les questionner et de valider les orientations de la FSE-CSQ. Parmi les thèmes abordés :

l’expertise et le jugement professionnel dans le choix des approches et des méthodes pédagogiques;

l’expertise et le jugement professionnel dans l’évaluation des apprentissages;

le développement professionnel dans la valorisation de la profession;

le développement professionnel dans la formation continue.

Le dernier colloque de la FSE-CSQ, qui a eu lieu en mai 2019, a permis à la Fédération d’actualiser ses positions sur ces différents sujets. L’événement a été l’occasion d’approfondir les discussions avec 500 membres du personnel enseignant.

Le résultat de ces échanges sur les différents thèmes jettera à nouveau les bases des actions à venir pour la FSE-CSQ.

syndicalisME

GuérIr LE mALAISE ENSEIGNANT

Le malaise est palpable chez le personnel enseignant. On lui demande de faire plus avec toujours moins et, bien souvent, sans même lui demander son avis.

mélanie Fortier

| C O N S E I L L è r E F S E - C S Q

Photo Pascal Ratthé

le dernier colloque de la FsE-csQ a réuni 500 membres du personnel enseignant.

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La faible reconnaissance n’est pas dans ta tête.

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syndicalisME

CE Qu’ILS EN PENSENT

Que signifie vraiment « être maitre » de sa profession? Des enseignantes et enseignants s’expriment sur la question.

mélanie Fortier

| C O N S E I L L è r E F S E - C S Q

« c’est être capable de décider ce que je veux dans ma classe. nous avons une formation, nous sommes des gens intelligents. nous sommes capables de bien enseigner. »

– Sébastien Gauthier, membre du Syndicat de l’enseignement du Haut-Richelieu (CSQ)

« Ça veut dire pouvoir prendre des décisions sans que nous soyons obligés de toujours rendre des comptes. »

– Anna Panziery, membre de l’Association des professeurs de Lignery (CSQ)

« si je ne peux pas être maitre de ma profession, de ma façon de penser et transmettre ma passion et mes connaissances, je ferai autre chose, car c’est la base de l’enseignement. »

– Monique Brassard, membre du Syndicat de l’enseignement de Charlevoix (CSQ)

« Ça signifie pour moi d’être capable de gérer nos classes, mais aussi d’être consultés par nos directions. »

– Marc-André Boucher, membre du Syndicat de l’enseignement de la région des Moulins (CSQ)

« c’est être formé, autonome et maitre de sa classe. Ça veut aussi dire avoir des gestionnaires qui nous font confiance. »

– Paule Cousineau-Pelletier, membre du Syndicat de l’enseignement de l’Estrie (CSQ)

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syndicalisME

CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 15

« ce qui me touche le plus, c’est de respecter ma couleur à moi, car mes élèves

ont chacun la leur. Je souhaite rejoindre le plus grand nombre d’élèves tout en étant vraie. »

– Geneviève Angers, membre de l’Association des professeurs de Lignery (CSQ)

« Je peux identifier les besoins de mes élèves, décider ce qui est bon ou moins bon pour eux et à quel moment. »

– Manon Bédard, membre de l’Association des professeurs de Lignery (CSQ)

« Je suis la meilleure personne pour décider ce qui est bon pour mes élèves, parce que je les connais et parce que j’ai bâti une relation avec eux. Je veux qu’on reconnaisse que je suis qualifiée et que ma formation me donne le pouvoir de prendre ces décisions.

Dans ma classe, je choisis mes approches pédagogiques, mes évaluations, je monte mes cours, toujours en lien avec le pro- gramme, mais ça me laisse une latitude sur les angles d’entrée et sur le choix du matériel. »

– Isabelle Perreault, membre du Syndicat de Champlain (CSQ)

« en formation professionnelle, c’est une enseignante ou un enseignant passionné de sa profession et de pédagogie, et capable de transmettre sa passion. »

– Marie Duhaime, membre du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges (CSQ)

« nous sommes les professionnelles et professionnels de l’enseignement. nous devrions être consultés sur la manière dont nous voyons l’avenir de notre profession. »

– Sophie Lamontagne, membre du Syndicat de l’enseignement Val-Maska (CSQ)

« Pour moi, c’est l’autonomie et la reconnaissance de la part de nos supérieurs immédiats, mais aussi de la population. »

– Jean-Guy Bouchard, membre du Syndicat de l’enseignement du Lanaudière (CSQ)

Les propos des enseignantes et enseignants ont été recueillis lors du colloque de la FSE-CSQ qui a eu lieu en mai 2019.

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organisaTion du Travail

uNE TâChE QuI SE COmPLExIFIE

« Accomplir tout ce qu’il y a à faire et atteindre tous les objectifs, voilà qui est bien difficile, voire impossible », clame le personnel enseignant.

Comment expliquer ce qui arrive?

Isabelle Tremblay-ross et mélanie Fortier

C O N S E I L L è r E S F S E - C S Q

Alors qu’on assiste à une plus grande intégration dans les classes ordinaires des élèves vivant avec un handicap, des difficultés d’apprentissage ou d’adaptation, à la diminution des services justifiée par une pseudoaustérité et aux ajouts constants de contenus pédagogiques, on peut affirmer que la tâche des enseignantes et enseignants s’est complexifiée au fil des ans.

Le personnel est essoufflé, pour ne pas dire épuisé.

Nouveaux programmes au secondaire et au préscolaire, anglais intensif, éducation à la sexualité, etc. : de nombreux changements et du nouveau contenu sont venus allonger la liste de ce qui doit être couvert en une seule année. « En additionnant tout ce qu’il y a à faire, ce n’est pas juste compliqué d’atteindre les objectifs prévus pour chacune des disciplines ou chacun des domaines généraux de formation, c’est tout simplement impossible! J’aurais besoin de patins à roues alignées à l’école comme à la maison pour pouvoir y arriver! », s’exclame Karine1.

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 17

DES BESOINS INDIVIDuELS à COmBLEr

Comme si ce n’était pas suffisant, les enseignantes et les ensei- gnants doivent également répondre aux besoins de plus en plus individualisés des élèves qui composent leurs classes. « Avant, j’enseignais à des groupes. Maintenant, j’enseigne aux individus qui composent mes groupes. J’enseigne donc de façon différente à 120 élèves », affirme Annick1.

Les mesures adaptatives pour contourner les difficultés d’appren tissage de certains élèves, et ainsi favoriser leur réussite éducative, sont nombreuses. Certains jeunes ont droit à des ordinateurs portables, d’autres à un tiers de temps supplémentaire ou encore à un local différent pour terminer un examen. Toutes ces mesures doivent être gérées par le personnel enseignant. Ce sont également les profs qui doivent effectuer les mises à jour des ordinateurs lorsque le technicien en informatique est absent, chercher un local libre pour l’élève et trouver aussi une personne pour l’y accompagner.

« Je dois répondre aux besoins individuels des élèves, qu’ils aient ou non un plan d’intervention ou un diagnostic », poursuit Annick.

Tout comme ses collègues, elle doit guider les jeunes le mieux possible dans l’apprentissage du contenu, mais aussi leur enseigner différentes stratégies pour étudier, trouver les infor- mations importantes dans un texte, gérer leur horaire, transférer leurs apprentissages d’une matière vers une autre, etc. « Les enfants ont des besoins auxquels le milieu scolaire doit répondre, et la responsabilité repose trop souvent sur les épaules des enseignants », ajoute-t-elle.

uNE CONCILIATION DIFFICILE

Trop souvent, l’école suit le personnel enseignant à la maison.

« Pour répondre aux besoins de chaque élève, le travail d’équipe est nécessaire, mais demande du temps, une denrée qui se fait plutôt rare. C’est impossible de tout accomplir dans un horaire de 32 heures de travail par semaine, de là l’obligation de travailler à la maison », explique Annick. Il faut notamment préparer des activités, corriger des copies, lire les nombreux courriels professionnels et de parents et y répondre, etc.

Karine aussi travaille les soirs et les fins de semaine pour achever tout ce qu’il y a à faire. « D’autres enseignantes comme moi décident de s’amputer de 20 % de leur tâche, et donc de leur salaire, pour faire tout ce qui est exigé et pour pouvoir concilier le travail et la famille », ajoute-t-elle.

DES rESSOurCES NéCESSAIrES

Au total, 98 % des personnes qui ont répondu à la consultation menée par la FSE-CSQ2 en préparation du colloque Maître de sa profession, qui a eu lieu en mai dernier, considèrent que la gestion des différentes mesures d’adaptation ou de modifications préconisées par le ministère complexifie et alourdit considé- rablement le travail au quotidien.

Photo iStock

1 Karine est enseignante au primaire et Annick au secondaire dans des écoles de la grande région de Québec. Pour pouvoir s’exprimer librement, toutes deux ont requis l’anonymat.

2 Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

« en additionnant tout ce qu’il y a à faire, ce n’est pas juste compliqué d’atteindre les objectifs prévus pour chacune des disciplines ou chacun des domaines généraux de formation, c’est tout simplement impossible! » – Karine, enseignante au primaire

98 % dEs EnsEignanTEs ET EnsEignanTs

considèrent que la gestion des différentes mesures

d’adaptation ou de modifications préconisées par le ministère complexifie

et alourdit leur travail.

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organisaTion du Travail

Pour dégager les enseignantes et enseignants, plus de services seraient nécessaires, par exemple en orthopédagogie ou en éducation spécialisée. Mais, surtout, c’est de temps dont le personnel a besoin afin de pouvoir discuter avec les collègues et les autres professionnels dans le but d’organiser les différentes mesures d’adaptation.

rECONNAITrE L’ExPErTISE

Les ressources se faisant rares, le personnel enseignant se fait plutôt proposer des méthodes pédagogiques. L’imposition

d’approches, de méthodes, de modes, de tâches et de contenus supplémentaires vient consigner le non-respect de leur expertise et de leur jugement. Cela provoque une perte de leur sentiment de compétence. Les enseignantes et enseignants se sentent alors davantage comme des exécutants que comme des professionnels de la pédagogie.

D’ailleurs, les résultats de la consultation de la FSE-CSQ démontrent clairement que l’autonomie professionnelle est importante à leurs yeux. De façon quasi unanime, les personnes qui ont répondu au sondage ont mentionné souhaiter que les moyens retenus pour atteindre les objectifs et les cibles des projets éducatifs respectent leur autonomie quant aux choix des approches et des méthodes pédagogiques à utiliser.

« Si la valorisation de la profession enseignante passe par de meilleures conditions salariales, elle passe aussi grandement par le respect de l’expertise et du jugement professionnel », estiment Annick et Karine. Les deux enseignantes sont également unanimes : le soutien, l’écoute, la compréhension et le respect de la direction d’école à l’égard de leurs compétences font toute la différence.

Les relations de travail à l’école et avec la commission scolaire doivent aussi être humaines et respectueuses.

La valorisation de la profession enseignante doit s’accompagner de meilleures conditions d’enseignement qui, elles, auront pour effet de donner le temps et une bouffée d’air aux enseignantes et enseignants pour mieux accompagner leurs élèves et ainsi favoriser réellement leur réussite éducative.

Avec la récente annonce du ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur concernant l’ajout de deux récréations obligatoires de 20 minutes par jour, il y a lieu de se questionner : le réflexe de toujours demander plus aux enseignantes et aux enseignants, et ce, sans les consulter finira-t-il par s’amenuiser?

Dans le cas contraire, il y a fort à parier que le personnel enseignant continuera de sentir qu’il porte l’école à bout de bras.

Le manque d’autonomie n’est pas dans ta tête.

Le problème, c’est l’organisation du travail et ça peut te rendre malade.

Ensemble, nous avons le pouvoir d’agir. lacsq.org/sst

« avant, j’enseignais à des groupes. maintenant, j’enseigne aux individus qui

composent mes groupes. J’enseigne donc de façon différente à 120 élèves »

– annick, enseignante au secondaire

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 19

uNE éVALuATION EN mAL DE SENS

L’évaluation permet de connaitre les forces et les faiblesses des élèves.

Pour les gestionnaires, toutefois, c’est une question de statistiques et de financement.

mélanie Fortier

| C O N S E I L L è r E F S E - C S Q

L’évaluation doit servir aux apprentissages. C’est ce que croient 99 % des enseignantes et enseignants1. En plus de leur permettre d’ajuster leur enseignement, cet outil leur offre l’occasion de diriger, au besoin, les élèves vers les services complémentaires appropriés. Malheureusement, dans le contexte actuel, les choses ne se passent pas toujours ainsi.

L’OBJECTIF PrEmIEr

Le personnel enseignant utilise avant tout les examens pour observer le cheminement des élèves et juger leur progrès.

Cependant, la grande hétérogénéité des classes pose parfois problème lorsque vient le temps de tester les connaissances, car toutes et tous ne sont pas prêts en même temps.

« Pour que l’évaluation soit vraiment au service des appren- tissages, il faudrait que je puisse évaluer les enfants à des moments différents, quand ils ont compris la notion. Mais la composition et le nombre d’élèves de mon groupe ne me le permettent pas », explique Cathy Morissette2.

Photo Stéphane Lessard

1 La Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ) a mené, en 2018-2019, une vaste consultation auprès des enseignantes et enseignants.

2 Cathy Morissette est enseignante au primaire et membre du Syndicat de l’enseignement des Vieilles-Forges (SEVF-CSQ).

« Personne n’exige que nous modifiions nos notes, mais la comparaison fait en sorte que nous nous demandons ce que nous ferons l’an prochain. » – cathy morissette

cathy Morissette

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organisaTion du Travail

Selon elle, les examens ne répondent pas toujours aux objectifs : « Au primaire, nous devons évaluer la compétence “résoudre” en mathématiques alors que les enfants ne sont pas rendus à ce stade de développement. Les élèves sont angoissés par ces tests et souvent ils n’ont pas de bons résultats. Ils considèrent alors, à tort, qu’ils sont mauvais en maths. C’est dommage, car cette compétence n’est même pas considérée pour le passage d’un niveau à l’autre. » Les examens sont également trop nombreux. « Il y a tellement de matière à voir. J’ai l’impression de devoir passer très rapidement sur le contenu pour me rendre à l’évaluation », poursuit-elle.

Parmi le personnel enseignant du primaire ayant répondu à la consultation, 83 % estiment que la quantité d’examens provenant du MEES3 devrait être revue et 72 % pensent la même chose pour les examens des commissions scolaires.

ChIFFrEr LA réuSSITE

Depuis 2002, la gestion axée sur les résultats, qui mise sur la performance aux examens plutôt que sur l’acquisition des connaissances et le développement des compétences, s’est graduellement immiscée dans le réseau scolaire, éloignant davantage l’évaluation de sa fonction première.

Par leur convention de partenariat avec le MEES, les commissions scolaires doivent atteindre des cibles de réussite chiffrées, ce qui entraine certaines dérives : modification de notes, pression pour n’enseigner que l’essentiel, course aux statistiques, etc.

« Bien que les évaluations me sont très utiles pour exercer mon jugement professionnel en regard du programme de formation, je suis conscient que, pour les gestionnaires, elles per- mettent aussi d’obtenir des statistiques qui serviront la mécanique de reddition de comptes », dit Éric Larochelle4.

Le personnel enseignant à la formation professionnelle a aussi de la pression. « Que l’élève réussisse ou pas, la direction demande qu’il soit évalué, car le financement est rattaché à une sanction », explique Marc-Éric Plante5.

À la formation professionnelle, les évaluations se font en plusieurs étapes, tout au long de la compétence.

« Nous avons eu une consigne cette année d’inscrire “échec” plutôt qu’“absent” à propos d’un élève qui aurait commencé une évaluation, mais qui, pour une raison ou une autre, ne l’aurait pas terminée. S’il est absent, il n’y a pas de sanction et donc, pas de financement », poursuit Marc-Éric Plante.

« que l’élève réussisse ou pas, la direction demande qu’il soit évalué, car le financement est rattaché à une sanction. »

– marc-Éric Plante

Photo François Beauregard

Marc-Éric Plante

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 21 Selon Éric Larochelle, les cibles chiffrées ne sont d’aucune utilité sur le terrain, car

la gestion axée sur les résultats ne tient pas compte de la composition des groupes et des effets de cohortes. « Une année, mes élèves peuvent mieux réussir que ceux de l’année précédente, pourtant je suis le même enseignant. Je ne suis pas le seul responsable de leur succès. »

LA COmPArAISON

À l’école de Cathy Morissette, la direction présente une fois par année à l’équipe un tableau comparatif des notes que les établissements de la commission scolaire ont obtenues aux examens du MEES. « On analyse les résultats et on se questionne sur ce qui explique, par exemple, qu’une école située elle aussi en milieu défavorisé a des résultats plus élevés que la nôtre », explique l’enseignante.

Parfois, c’est la pondération adoptée en début d’année par les équipes-écoles entre les examens de connaissances et de compétences qui diffère d’un éta blissement à l’autre.

« Personne n’exige que nous modifiions nos notes, mais la comparaison fait en sorte que nous nous demandons ce que nous ferons l’an prochain : est-ce que nous changerons nos normes et nos modalités pour produire nos notes afin de les hausser? », s’interroge Cathy Morissette.

rEmISE EN QuESTION

À la formation générale des adultes, l’évaluation des mathématiques, tout comme celles de sciences et de techno, de chimie et de physique, est également remise en question. Depuis l’implantation des nouveaux programmes, le personnel enseignant constate que les examens vont beaucoup plus loin que le programme d’études lui-même et que les définitions des domaines d’examen manquent de précision. Pour un même contenu, le MEES propose plusieurs versions d’examens avec des niveaux de complexité différents.

« Le résultat obtenu par l’élève dépend donc davantage de la version de l’examen qu’il passe que de sa réelle compréhension de la matière, affirme Lisa Fournier6. Il peut ainsi se retrouver grandement pénalisé, surtout si son objectif est de poursuivre ses études dans un programme contingenté. »

Dans un tel contexte, il est légitime de se demander si l’égalité des chances est vraiment au rendez-vous.

83 %

dEs EnsEignanTEs ET EnsEignanTs

estiment que le nombre d’examens du MEEs devrait

être revu; 72 % pensent la même chose des évaluations

des commissions scolaires.

3 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

4 Éric Larochelle est enseignant au secondaire et membre du Syndicat de l’enseignement de la Côte-du-Sud (SECS-CSQ).

5 Marc-Éric Plante est enseignant à la formation professionnelle et membre du Syndicat de l’enseignement du Val-Maska (SEVM-CSQ).

6 Lisa Fournier est enseignante à la formation générale des adultes et membre du Syndicat de l’enseignement du Grand-Portage (SEGP-CSQ).

Photo Patric Nadeau

lisa Fournier

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EnJEu

LA VOLONTé DE SE PErFECTIONNEr

Les profs ont le devoir d’atteindre et de conserver un haut degré de compétence professionnelle.

Au-delà de cette obligation, quelle vision ont-ils du perfectionnement?

mélanie Fortier

| C O N S E I L L è r E F S E - C S Q

Claudia1 a toujours aimé l’école. Poursuivre ses études après son baccalauréat en enseignement n’a donc pas été difficile pour elle.

Au contraire. « Heureusement que j’ai eu accès à de la formation continue quand j’ai commencé à enseigner, car je n’aurais pas passé à travers les cinq premières années. Je me sentais mal outillée et pas prête à avoir ma classe. »

Pour compléter sa formation initiale, elle a obtenu une maitrise en enseignement, au cours de laquelle elle a approfondi ses connaissances en didactique des mathématiques ainsi que de la notion d’attachement et de relation avec l’élève. « C’est ce qui fait que je suis encore enseignante aujourd’hui », ajoute-t-elle.

« Il n’y a pas que les enseignantes et enseignants titulaires qui ont besoin de perfectionnement : les spécialistes aussi », croit Vincent Thivierge2. L’art dramatique, la musique et l’éducation physique, par exemple, sont aussi importants pour le développement de la personne. « L’enseignement est une profession complexe qui ne se résume pas simplement à animer les jeunes », dit-il.

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 23

Photo Gettyimages

1 Claudia est enseignante dans une école de la région de Vaudreuil. Pour pouvoir s’exprimer librement, elle a requis l’anonymat.

2 Vincent Thivierge est enseignant en éducation physique aux écoles Cuillierrier et Sainte-Marthe, et membre du Syndicat de l’enseignement de la région de Vaudreuil (SERV-CSQ).

3 Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

4 Ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

Une enquête de la FSE-CSQ3, menée en 2014 auprès d’environ 3000 membres, démontre clairement l’intérêt du personnel en- seignant pour la formation continue. La très grande majorité des personnes ayant répondu au sondage dit avoir à cœur de main- tenir un haut niveau de compétence et utilise tous les moyens possibles pour y arriver.

Malgré son intérêt pour le perfectionnement, certains éléments, comme la pénurie de personnel, le manque de temps, la surcharge de travail, le choix de formations qui ne correspondent pas aux besoins et le manque de budget, freinent la volonté du personnel enseignant de se perfectionner. Or, la formation continue est essentielle pour assurer et maintenir la qualité de l’enseignement dans les écoles, selon Vincent Thivierge.

LE PArTAGE DES SAVOIrS

Parmi les personnes ayant participé à l’enquête, 75 % mentionnent avoir assisté à une ou à plusieurs formations organisées par leur commission scolaire ou par le MEES4, 68 % à une formation organisée par la direction d’établissement et 32 % à une formation offerte par un pair. Celle-ci est d’ailleurs la variante la plus appréciée des profs.

Pour Claudia, le partage de connaissances entre collègues est vraiment enrichissant. « On échange sur nos expériences, sur ce qu’on a essayé avec nos groupes. Si je m’intéresse, par exemple, aux classes flexibles et que je sais qu’une collègue l’applique depuis un certain temps dans sa classe, je vais la consulter. Elle me fait alors part de ses expériences. C’est informel, mais c’est accessible et pertinent. »

En étant pratiquement le seul de sa spécialité dans deux écoles, Vincent Thivierge avoue que les échanges entre collègues sont plus complexes pour lui. « On s’envoie des courriels, on se voit

lors de tournois organisés pendant des journées pédagogiques.

Pour nous permettre de suivre de la formation continue ou de nous former entre nous, la commission scolaire propose de nous libérer. Mais si des suppléants ne sont pas disponibles, on annule ou on se voit après les cours, et là, c’est encore de l’extra », explique-t-il.

LA PéNurIE : uN OBSTACLE

Le manque d’enseignantes et d’enseignants rend toutefois la possibilité de perfectionnement difficile. « La semaine dernière, on était quatre personnes inscrites à une formation en mathéma- tiques, raconte Claudia. Finalement, faute de suppléant, l’une d’entre nous n’a pas pu se présenter. »

Pour régler le problème, les commissions scolaires proposent de plus en plus souvent des formations lors des journées péda- gogiques. Selon le Conseil supérieur de l’éducation, environ 3 journées pédagogiques sur 15 étaient consacrées au perfec- tionnement en 1994-1995. En 2010-2011, c’était plutôt de 7,5 à 10 jours sur 20. « Je trouve cela déplorable, confie Claudia. On a besoin de ces journées pour effectuer notre planification ou nos corrections. »

uN ChOIx PAS TOuJOurS VArIé

Les sujets proposés par les commissions scolaires sont bien souvent orientés pour servir l’atteinte des objectifs plutôt que pour soutenir le développement professionnel et répondre aux besoins du personnel enseignant. « L’offre tend vers ce qui est idéal pour l’employeur. Si j’ai besoin d’une formation en particulier et qu’elle ne se trouve pas dans l’offre de l’employeur, je dois faire autre chose », dit Claudia.

(24)

EnJEu

changement De cap

Pour favoriser le perfectionnement, des communautés d’apprentissage professionnelles (caP) sont mises sur pied depuis quelques années dans plusieurs milieux. l’objectif initial : permettre aux enseignantes et enseignants de réfléchir à leur pratique professionnelle et faire émerger des solutions à des problèmes identifiés.

au fil du temps, toutefois, les caP se sont éloignées de leur principal but et sont devenues un instrument au service de la gestion axée sur les résultats. Très souvent, elles visent la collecte de données,

la standardisation, voire l’imposition de pratiques pédagogiques dites probantes.

les résultats de la consultation menée par la Fse-csq démontrent que le personnel enseignant souhaite voir ces communautés retrouver leur visée de développement professionnel.

« Il y a quelques années, le choix de formations était varié.

Maintenant, on nous en propose deux ou trois et, parmi elles, une seule me permet d’approfondir mes connaissances, ajoute Vincent Thivierge. Bien que cette formation augmente mon effi cacité dans le suivi de l’évolution des élèves, elle n’est pas en lien direct avec la pédagogie

et l’enseignement. J’aimerais avoir plus de flexibilité. » Les profs sont nombreux à penser comme Vincent Thivierge.

Selon les données d’une consul- tation menée en 2018-2019 par la FSE-CSQ auprès de ses membres, les enseignantes et enseignants considèrent quasi unanimement que la valorisation de la profession passe par la reconnaissance de leur expertise et de leur professionnalisme, notamment dans la formation continue. La grande majorité pense que le personnel enseignant devrait pouvoir choisir le sujet, la forme, le lieu et le moment pour se perfectionner.

LE SOuTIEN DE L’EmPLOYEur, uNE NéCESSITé

Vincent Thivierge précise qu’il est difficile de sen- tir l’appui de son employeur lorsque l’accès et la diversité des formations sont en déclin. Il ajoute que la perte de leur conseiller pédagogique n’a

fait que diminuer le suivi et l’importance accordés au perfec- tionnement des éducateurs physiques.

Pour lui, le nombre d’heures accordées au perfectionnement est également insuffisant. « Se faire annoncer le matin que tu dois rester à l’école faute de suppléant n’est pas une nouvelle qui sou-

ligne l’importance de la formation continue », dit-il.

Selon les données de la consultation, la majorité des enseignantes et enseignants souhaite également que les budgets alloués au perfectionnement soient augmentés.

Les deux enseignants interrogés dans le cadre de cet article soulignent qu’ils sont conscients du contexte dans lequel évolue leur employeur. Cependant, tous deux aspirent à mieux, pour eux-mêmes, mais surtout pour les enfants.

« Pour nous permettre de suivre de la formation continue ou de nous former entre nous, la commission scolaire propose de nous libérer. mais si des suppléants ne sont pas disponibles, on annule ou on se voit après les cours, et là, c’est encore de l’extra. »

– Vincent Thivierge

vincent Thivierge

Photo Marie-Hélène Dallaire

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EnJEu

CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 25

LE rETOur D’uN DéBAT POurTANT réGLé

La création d’un ordre professionnel est un sujet qui revient souvent dans l’actualité. Pourtant, l’opinion du personnel enseignant

n’a pas changé depuis le temps : il n’en veut pas.

Sylvie Lemieux

| C O N S E I L L è r E F S E - C S Q

Présentée à tort comme une recette infaillible pour augmenter la qualité de l’éducation et mettre en valeur la profession enseignante, la mise sur pied d’un ordre professionnel serait en quelque sorte une solution miracle pour répondre à plusieurs problèmes, notamment le manque de ressources ou le sous-financement dans le réseau scolaire.

Lors des dernières élections québécoises, le candidat Jean-François Roberge1 avait remis de l’avant le projet dans son plan de valorisation de la profession enseignante : « Depuis sa fondation, la Coalition Avenir Québec considère la création d’un ordre professionnel des enseignant(e)s comme une voie à privilégier. En conséquence, un gouvernement de la CAQ entamera un dialogue avec l’ensemble du corps enseignant avec l’objectif de l’instaurer. Précisons cependant que nous n’avons pas l’intention de créer un ordre professionnel contre le corps enseignant, mais bien avec lui2. »

Photo iStock

1 Jean-François Roberge est aujourd’hui ministre de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur.

2 COALITION AVENIR QUÉBEC (2018). Plan de valorisation de la profession enseignante : reconnaître l’expertise du personnel enseignant afin de l’aider à mener les élèves vers la réussite.

(26)

EnJEu

LE PuBLIC DéJà PrOTéGé

Le mandat d’un ordre professionnel n’est pas de valoriser une profession, mais de protéger le public en assurant une surveillance de ses membres. Or, l’Office des professions du Québec reconnaissait en 2002 que « dans l’exécution de leurs tâches, les enseignantes et les enseignants font l’objet de balises beaucoup plus élaborées que bon nombre de professions régies par le Code des professions3 ».

Depuis cet avis, deux aspects sont venus s’ajouter au processus de plainte déjà établi : Toute personne qui sollicite une autorisation d’enseigner ou qui travaille auprès d’élèves

mineurs doit, depuis 2015, faire l’objet d’une vérification d’antécédents judiciaires.

Chaque commission scolaire possède, depuis 2009, un protecteur de l’élève responsable du traitement des plaintes formulées par des parents ou des élèves.

De plus, une enseignante ou un enseignant ayant fait l’objet d’une plainte pour un acte dérogatoire à l’honneur et à la dignité de la fonction enseignante peut voir son brevet suspendu ou retiré par le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur4.

Pour prendre sa décision, le ministre bénéficie des recommandations d’un comité d’enquête s’apparentant à un comité de discipline d’un ordre professionnel. Surtout, les directions d’établissement et les commissions scolaires ont le pouvoir de sanctionner les enseignantes et enseignants pour de nombreux motifs, telles l’incapacité et la négligence à remplir ses devoirs.

« Il appartient d’abord et avant tout au ministre de faire connaitre auprès du public l’ensemble des dispositions de la loi actuelle et de veiller à ce qu’elle soit mise en œuvre en cas de besoin, notamment par les directions d’école, au lieu de penser ajouter une nouvelle structure », affirme Josée Scalabrini5.

QuE VEuLENT LES PrEmIErS CONCErNéS?

En 2004, 95 % des enseignantes et enseignants s’étaient prononcés en défaveur d’un ordre professionnel. Quinze ans plus tard, la FSE-CSQ a sondé des membres pour savoir si cette position reflète encore l’opinion de la majorité.

Questionnées sans mise en contexte, 86 % des personnes répondantes ont dit être d’accord pour que la fédération s’oppose à la création d’un tel organisme. « Si le ministre veut un ordre souhaité par les enseignantes et enseignants, ce n’est pas ici qu’il obtiendra du soutien », poursuit-elle.

« si le ministre veut un ordre souhaité par les enseignantes et enseignants, ce n’est pas ici qu’il obtiendra du soutien. »

– Josée scalabrini

Photo Pascal Ratthé

3 OFFICE DES PROFESSIONS DU QUÉBEC (2002). Avis de l’Office des professions du Québec sur l’opportunité de constituer un ordre professionnel des enseignantes et des enseignants.

4 Loi sur l’instruction publique (2019). LQ, chapitre II, article 26.

Josée scalabrini

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CSQ LE MAGAZINE ı HORS-SÉRIE ı Printemps 2019 ı 27

mEmBrES DE DEux OrDrES?

L’idée d’un ordre professionnel pour le personnel enseignant fait sourciller Sylvie Lajoie6. Déjà membre de l’OIIQ7, elle reconnait d’emblée l’utilité d’en faire partie. Elle doute toutefois de la pertinence d’être membre d’un ordre pour son chapeau d’enseignante,

« ne serait-ce que pour les couts engendrés et pour le cumul des obligations. Ce n’est pas l’ordre en soi qui protège le public, mais les mécanismes qui l’accompagnent. Or, ils sont déjà là en ce qui concerne les enseignants ».

Par ailleurs, les enseignantes et enseignants font déjà de la formation continue. « Ce qu’il faudrait, c’est une offre plus équilibrée pour les soutenir dans leur désir de déve- loppement professionnel, tout en leur laissant le choix des formations, précise-t-elle.

Ce serait désolant d’ajouter un organisme de surveillance lourd et énergivore, pour finalement faire un travail pour lequel la direction manque de temps et qui ne lui en fera pas gagner, au contraire. »

POur uNE VrAIE VALOrISATION

« Dans des pays où il n’y a pas d’ordre professionnel, par exemple la Finlande et la Corée du Sud, la profession enseignante est grandement valorisée par la société, et les résultats des élèves aux tests internationaux sont parmi les meilleurs. La valorisation de la profession, ça débute par le respect de l’expertise professionnelle et par la consi dération de l’opinion des personnes qui l’exercent dans les processus décisionnels », ajoute Josée Scalabrini.

Pour mettre en valeur la profession, la FSE-CSQ mène depuis une dizaine d’années la campagne Prof, ma fierté!.

« C’est en reconnaissant l’apport et les compétences des enseignants et en soutenant ces derniers dans leurs as- pirations pédagogiques et professionnelles que nous valoriserons la profession. Écoutons nos profs, tenons compte de leurs besoins, allégeons leur tâche, donnons-leur de meilleures conditions de travail et investissons dans leurs solutions. Tant la profession enseignante que la réussite éducative s’en porteront mieux », conclut la

leadeur syndicale.

Photo AEFO

6 Sylvie Lajoie est infirmière et enseignante au DEP en Santé, assistance et soins infirmiers au Centre de formation professionnelle de Lévis et membre du Syndicat de l’enseignement des Deux-Rives (SEDR-CSQ) .

7 Ordre des infirmières et infirmiers du Québec.

8 Rémi Sabourin est président de l’Association des enseignantes et enseignants franco-ontariens (AEFO).

86 % dEs EnsEignanTEs ET EnsEignanTs

sont d’accord pour que la FsE-csQ s’oppose à la création

d’un ordre.

l’expérience Décevante De l’ontario

en ontario, un ordre professionnel pour le personnel enseignant existe depuis 1997. « Ça n’a pas apporté de plus-value, dit rémi sabourin

8

. non seulement ce n’était pas nécessaire, mais ça a engendré certains problèmes, notamment en augmentant le nombre de procédures et en alourdissant les processus. Tout cela a fait hausser les dépenses en frais juridiques pour les syndicats qui défendent leurs membres auprès de l’ordre. »

Par ailleurs, les conseils scolaires doivent commu niquer toute mesure disciplinaire à l’ordre. « ce qui fait que les membres sont doublement “punis”, d’abord par l’employeur et ensuite par l’ordre ». ainsi, une personne ayant subi une sanction doit, parfois longtemps

après, suivre une nouvelle procédure qui mène à une double peine, ce qui n’aide aucunement à améliorer l’enseignement.

De plus, les révocations du droit d’enseigner restent très rares et, en ontario comme au québec, elles ne concernent essentiellement que les manquements graves.

rémi sabourin

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culTurE

ÊTrE PrOF, uNE

SOurCE DE FIErTé!

« même s’ils croient souvent le contraire, ce que les enseignants font n’a rien de banal! »

Anne-marie Tremblay

| C O L L A B O r A T I O N

La campagne Prof, ma fierté! braque les projecteurs depuis sept ans sur les petits miracles qu’accomplissent les enseignantes et enseignants au quotidien. Son porte-parole, l’humoriste Pierre Hébert, en connait un chapitre sur la profession.

En plus d’avoir été élevé dans une famille comptant plusieurs enseignants, il partage aussi sa vie avec une prof. « Je pense que je ne l’ai jamais vue faire seulement le nombre d’heures qu’elle est supposée travailler. Encore hier, je suis allé me coucher avant elle parce qu’elle corrigeait des copies », raconte-t-il.

DES GESTES QuI FONT LA DIFFérENCE

Passer des heures à plastifier des cartes, se rendre au magasin pour dénicher tout le matériel nécessaire à l’organisation d’une activité spéciale, ramasser des meubles usagés et les retaper pour améliorer sa classe : la conjointe de l’humoriste, à l’instar des autres profs, prépare mille et une choses pour ses élèves.

« Ces petits gestes ont une grande importance, argüe Pierre Hébert. J’ai rencontré une prof qui, pendant les quinze premières minutes de classe le matin, fait des toasts à ses élèves! » Une façon de s’assurer que tous ont le ventre plein pour débuter la journée.

« Les profs ne le réalisent peut-être pas toujours, mais, tout comme les médecins, ils sauvent des vies, soutient Pierre Hébert. Pour certains enfants, la classe, c’est le seul milieu sécuritaire qu’ils connaissent. » Et c’est à l’école qu’ils développent leur autonomie et leur confiance en eux.

uN TrAVAIL ADmIrABLE

C’est pour souligner leur dévouement que la campagne Prof, ma fierté! a été mise sur pied en 2012 par la FSE-CSQ1. Vidéos présentant différentes facettes du métier, livre hommage, concours : cette initiative se décline sous plusieurs formes.

L’année 2019 ne fera pas exception à la règle, alors que des rencontres festives sont prévues dans différentes régions du Québec. Plusieurs capsules Web seront également diffusées au cours de l’année, présentant notamment la réalité de l’enseignement en milieu autochtone.

À surveiller sur la page Facebook de la campagne : facebook.com/profmafierte. Photo Martin Gir

ard

Pierre hébert

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