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Parcours et structure fine des rayons α du protactinium
Tsien San-Tsiang, M. Bachelet, G. Bouissières
To cite this version:
PARCOURS ET STRUCTURE FINE DES RAYONS DU PROTACTINIUM
[*]
Par TSIEN SAN-TSIANG.
Laboratoire de Chimie nucléaire du
Collège
de France. M. BACHELET et G. BOUISSIÈRES.Laboratoire Curie de l’Institut du Radium.
Sommaire. 2014 On
détermine, au moyen d’un amplificateur proportionnel, les parcours des rayons 03B1
du protactinium par différence avec celui des rayons 03B1 du polonium.
Le spectre des rayons 03B1 du protactinium est constitué par un groupe principal (80-85 pour 100),
de parcours égal à 3,511 ± 0,010 cm, et deux groupes satellites (chacun 8-10 pour 100) de 3,23 et
3,20 cm respectivement. Les énergies des rayons 03B3 déduites de cette structure fine des rayons 03B1
(E03B3
= 290 et 320 ek V) sont en bon accord avec celles trouvées par Meitner dans l’étude du spectremagnétique des électrons de conversion.
1. Introduction. - Le
parcours des rayons oc du Pa a été déterminé par
Geiger
en 1922 La valeur du parcoursextrapolé
obtenue dans sesexpériences
est3,67
cmqui correspond
à un parcoursmoyen 3,63 cm à
76o mm
deHg
et r 5° C. Derniè-rement,Ringo
[2],
en utilisant unspectrographe
magnétique à
6oO des rayons a, a trouvé une valeur de5,o53
MeV pourl’énergie
des rayons oc duPa,
la valeurcorrespondante
du parcours moyen serait3,57
cm. Cet auteur aindiqué,
en outre,qu’il
ne semble pas y avoir une structure fine décelable des rayons x, bien que Meitner
[3]
aittrouvé,
dansla
spectrographie
magnétique
des électrons deconversion,
desrayonnements
y pour cet élément.Pour élucider la
divergence
de ces deux déter-minations et voir s’il existe une structure fine des rayons «, nous avonsrepris
l’étude du parcoursmoyen, en utilisant une source de Pa très
concentré,
en vue de déterminer avecplus
deprécision
l’énergie
de
désintégration.
2.
Appareil.
-L’appareillage
utilisé est celui que l’un de nous aemployé,
en collaboration avecMie
Joliot-Curie,
pour la détermination du parcours des rayons ce de l’ionium[4].
Il est constitué d’une chambre différentielle montée sur unamplificateur
proportionnel.
Le faisceau canalisé des rayons « émis par une couche mince d’unepréparation
radioactive
pénètre
dans la chambre différentielle dont les deuxcompartiments
ont chacun uneépaisseur
de 2 mm. La feuille d’entrée dupremier
compartiment
et la feuillequi
sépare
les deuxparties
de la chambre sont en aluminium mincedont
l’équivalent
en air est de o,8 mm. La chambreest reliée à
l’amplificateur proportionnel
qui
commu-nique
sesimpulsions
à unoscillographe
cathodique.
On
compte
seulement par observation visuelleles
impulsions
supérieures
à 70 pour 100 del’élon-gation
maximum,
cequi
revient à diminuerl’épais-seur efficace de la chambre
et,
parconséquent,
augmenter
lepouvoir
séparateur.
,3. Sources. - Les sources du Pa ont été obtenues
en
déposant
parélectrolyse
duprotactinium
encouche mince sur des feuilles de nickel. Nous avons
opéré
dans unpetit
creuset enplatine
de 10 cm3servant d’anode avec un
agitateur
enplatine.
Lacathode était constituée par une feuille de nickel
de
5/Iooe
de millimètred’épaisseur,
interposée
entre deux lamelles de
plexiglass
de 1 mmd’épais-seur collées sur la
périphérie
avec duplexigum.
La surface dudépôt
était délimitée par un orificecirculaire de
4
mm de diamètrepratiqué
dans l’unedes lamelles de
plexiglass.
, Le bain
électrolytique, préparé
àpartir
d’unproduit protactinifère soigneusement purifié
de tous les descendants duPa,
avait lacomposition
suivante :168
L’intensité du courant était de
o,I5 mA
et ladurée
d’électrolyse
dequelques
minutes.La cathode était ensuite
soigneusement
lavée à l’eau distillée et séchée. Avec une lame de rasoir ondégageait
la lame de nickelqui
étaitparfai-tement propre et
portait
undépôt
de Pa dont lacoloration était due à des
phénomènes
d’inter-férence.Nous avons utilisé successivement deux sources.
D’après
les activitéssuperficielles (environ
o,8
et
4
u. e. s. parem2),
on estime les massessuper-ficielles des deux sources à o,03 et 0,15
mg/em2;
oncalcule que
l’absorption
des rayons oc dans la couche active estrespectivement équivalente
à cellede 0, l et
o,5
mm d’air. On a donccorrigé
les résultatsobtenus pour le parcours moyen, de la moitié de
ces valeurs.
4. Procédés
expérimentaux. --
Comme il estdifficile de mesurer en valeur absolue le parcours,
en raison de la difficulté
qu’il
y a à déterminer lapartie
de la chambrequi
doit êtreprise
commeorigine
desdistances,
on a déterminé le parcoursdes rayons a du Pa par différence avec ceux du
Po,
comme dans le cas de l’ionium. Unepetite
sourcede
polonium,
fraîchementpréparée
parélectrolyse,
d’intensitéanalogue
à la source duprotactinium,
a été utilisée dans des conditions tout à fait
semblables,
cette sourcepeut
être considérée commeinfiniment mince.
Le faisceau des rayons Y., canalisé dans un
angle
solide de
7,8
X io-3stéradians,
était limité par undiaphragme
de 2 mmplacé
sur la source et undiaphragme
de 2 mmplacé
à 2 cm de celle-ci. Toutle
système,
source-canaliseur,
pouvait
êtreéloigné
ou
rapproché
de lachambre,
et la distance était mesurée à l’aide d’un vernier au1/20e
demilli-mètre. ,
Fit. 1.
5. Résultais. - .A.. EXISTENCE DE LA STRUCTURE FINE DES RAYONS oc DU PA. -
Quand
on trace lacourbe
représentant
le nombre des rayonsqui
seterminent dans la chambre en fonction de la distance
de la source, on obtient pour le
polonium
des courbes en clocheapproximativement
symétriques.
Mais pour leprotactinium
(source
faible)
on observeun excès notable de rayons courts. Ce
qui
sembleindiquer
l’existence d’une structure fine des rayons ce duPa;
mais iln’y
a pas,cependant,
assez de rayonspour déterminer d’une manière
précise,
le parcours de ces rayons courts.En vue d’avoir de meilleures
statistiques
de cesderniers,
nous avons utilisé la deuxième source(source forte).
Avec cette source, nous avons pumettre en évidence l’existence de la structure
fine
des rayons oc du Pacorrespondant
à des rayonsd’en-viron 3 mm
plus
courts que ceux du groupeprincipal.
~
Fig. 2.
B. PARCOURS DU GROUPE PRINCIPAL DES RAYONS OC
DU PA. - Plusieurs
expériences
ont été faitesavec
chaque
source de Pa et deux sources de Po. Lalargeur
de la courbe de distribution est de 2,o mmpour le
polonium
et 2,1 et2, 5 mm
respectivement,
pour le groupe
principal
des deux sources dePa,
cequi
s’accorde bien avec ce que l’onprévoit d’après
l’absorption
de la couche active. Les valeurs du parcours du groupeprincipal
obtenues ont étérapportées
à lapression
de760
mm deHg
et à latempérature
de 15° C. Il se trouve que lesdiffé-rences de
pression
et detempérature
ont étégrandes
entre les diverses
déterminations,
toutefois,
les valeursaprès
correction se sont montrées trèsconcordantes.
En admettant pour le parcours moyen des rayons cx du
Po,
la valeur3, 843
~-- 0,006 cm[5],
on a obtenu, pour le parcours moyen du groupeprincipal
On
peut
admettre,
pour le parcours moyen desrayons a du
Pa,
dans l’air à 15° C et760
mm depression,
la valeurLe parcours
extrapolé
serait3,54
cm, enadmet-tant
3,87 cm
[6]
pour celui des rayons ce_du Po. Ce qui
correspond
à uneénergie
desrayons oc de
5,0o MeV
et une vitesse initialede
1,655
X I09 cm : sec.La valeur du parcours moyen trouvée dans
nos
expériences
estplus petite
que celle deGeiger (3,63 cm),
et mêmeplus petite
que celledéterminée
plus
récemment parRingo
Par contre elle s’accorde dans la limite des erreurs
expérimentales
avec les résultats sur le parcoursextrapolé
obtenus récemment par deux d’entrenous. Il serait souhaitable de faire cette étude par
d’autres méthodes pour élucider cette
divergence
de valeurs.C. PARCOURS DES GROUPES DE LA STRUCTURE FINE DES RAYONS OC DU PA. - Les courbes de
distri-bution du nombre de rayons en fonction du parcours
peuvent
êtredécomposées
en deux autres courbescorrespondant
l’une au groupeprincipal
et l’autre à la structure fine et dont les maxima sontsitués
respectivement
à environ 3,5 et 3,2 cm.L’intensité de la structure fine
correspond
à environ I ~-20 pour 10o de celle du groupeprincipal.
La
largeur
de la courbe du groupeprincipal
est de 2,5 mm, ce
qui
s’accorde bien avec ce quel’on
prévoit
pourl’absorption
par la couche active. Par contre, pour les rayons courts lalargeur
est de 2,8 mm, c’est-à-dire notablementplus
que ce quel’on
peut
admettre pour une raie «monocinétiquc.
Aussi la courbe relative aux rayons courts
(poin-tillée) pourrait
elle-même êtredécomposée
endeux
courbes, ayant
chacune ùnelargeur
de 2,5 mmet
correspondant
à deux groupes de rayons d’in- ~tensité voisine. Cette
décomposition
permet
deconclure que le
rayonnement
du Pa est constitué par un groupeprincipal
de 3,SI 1 cm de parcourset de deux groupes satellites de 3,23 et 3,2o cm.
D. COMPARAISON AVEC LES RÉSULTATS DE LA
SPECTROGRAPHIE
MAGNÉTIQUE
DES ÉLECTRONS DECONVERSION. - Nous
indiquons
dans le tableau ci-dessous lesénergies
des rayons ce et cellesqu’on
en déduit pour les rayons y résultant de cette
structure fine. On voit que dans la limite des crreurs
expérimentales (10 ekV),
elles sont en bon accordavec celles de deux des trois raies ~~
indiquées
par Meitner(323,
2gfi
et95
ekV), d’après l’analyse
duspectrc magnétique
des électrons de conversion. ,6. Conclusion et discussion. - Le noyau du
protactinium
sedésintègre
pour donner un noyaud’actinium en émettant des rayons x. Il résulte de
nos
expériences qu’environ
8o-85 pour Ioo desdésin-tégrations
se font par transition. directe à l’étatfondamental du noyau
d’actinium,
8-1 o pour 10o aupremier
niveau excitéet 8-10 pour 100 au deuxième niveau excité
L’énergie
de désactivation de ces deux niveaux estlibérée,
soit sous forme dephotons
(de
29o et 32oekV),
soit sous forme d’électrons de conversion. Les données de Meitner sur l’intensité relative desélec-trons de conversion et nos résultats sur la structure fine conduisent à admettre
l’analogie
de nature desdeux
rayonnements j,.
-Fig. 3.
En
eff et,
nous savonsd’après
nosexpériences
que laprobabilité
d’excitation des deux niveaux est à peu170
de conversion interne de la radiation de 2go ekV est
plus
grande
que celle de 32o ekV(intensité
relative des électrons extraits du niveau K = I oo et 70 pourEy = 2go
et 320ekV).
Cequi signifie
que, pour lapremière,
laprobabilité
d’être émis2 sous forme dephoton
estplus petite
que pour la deuxième. Parconséquent,
le coefficient de conversion interne de la radiation de 2go ekV estlégèrement
plus
grand
quecelui de la radiation de 32o ekV. Ceci est une consé-quence naturel.le si les deux radiations sont de même
nature. ,
Il
peut
exister un autre groupe de rayons ares-ponsable
du troisièmerayonnement
y trouvé parMeitner
(Ey==g5
ekV).
Leurintensit~
doit être demoins de 5 pour i oo de l’intensité du groupe
prin-cipal,
à moins que son parcours soittrop
voisin de ceux des groupesindiqués,
pour que nouspuissions
le déceler par notre méthode.
Nous remercions vivement M.
Debierne,
M. et Mme Joliot-Curie pour lapossibilité
qu’ils
nous ontdonnée de faire ces recherches dans leurs laboratoires,
pour les conseils bienveillants
qu’ils
n’ont cessé denous donner et pour l’intérêt
qu’ils
ontporté
à cetravail.
Deux d’entre nous remercient
également
le CentreNational de la Recherche
Scientifique qui
leur apermis
depoursuivre
ces recherches.BIBLIOGRAPHIE.
[*] TSIEN SAN-TSIANG, M. BACHELET et G. BOUISSIERES, Phys.
Rev., 1946, 69, p. 39.
Dans cette note, il y a deux fautes d’impression : 1° Pa mixed with «La» lire «Ta » au lieu de «La»; 2° E03B3= 287 ekV lire 294 ekV.
[1] H. GEIGER, Z. für Physik, 1922, 8, p. 45.
[2] R. RINGO, Phys. Rev., 1940, 58, p. 942. [3] L. MEITNER, Z. für Physik, 1928, 50, p. 15.
[4] I. CURIE et TSIEN SAN-TSIANG, J. de Physique, 1945,
6, p. 162.
[5] M. G. HOLLOWAY et M. S. LIVINGSTONE, Phys. Rev., 1938, 54, p. 18.