CROISEMENTS ENTRE LES RACES OVINES PRÉALPES D U S UD ET FRISONNE
(OSTFRIESISCHES MILCHSCHAF)
III. — PERFORMANCES LAITIÈRES
G. RICORDEAU J.-C. FLAMANT
P. P’ÉTREQUIN, B. MIRMAN M. CARPENTIER Station de
Génétique quantitative et appliquée,
Centre national de Recherches
zootechniques,
78 -Jouy-en-Josas
Institut national de la Recherche
agronomique
SOMMAIRE
Cette étude a pour but de comparer les
performances
laitières(obtenues
de 1962 à 1966) desdifférentes
catégories
d’animaux issus du croisement Prison XPréal!es
du Sud(F i ,
5/8 et3 / 4 de
« sang
» Frison).
Les animaux croisés et leurs témoins Préalpes ont reçu une alimentation
comparable.
Ils ontété saillis à 19mois
(i re
année del’essai) puis régulièrement
à 7mois par la suite. La traite à la machinea été
pratiquée
i à 3jours après
la mise bas, les agneaux étant allaités artificiellement et sevrés à 40jours
en moyenne.i. La
quantité
de lait de référence est celle des 2premiers
mois de lactation. Les animaux Fi>5
j8 et 3/4Frisons, ont une
production
nettementsupérieure
à celle desPréalj!es
témoins : -1- 41 p. 100 dans le casd’agnelage
à i an ; + 83à 87p. 100dans le cas depremier agnelage
à 2 ans. Les diffé-rences de
production
entre les 3catégories
de croisées (Fi, 5/8 et 3/4Frisons)
ne sont passignifica-
tives. En ce
qui
concerne les lactations d’au moins 150jours,
le coefficient depersistance
augmenteavec le pourcentage de sang Frison.
2
. La
quantité
de lait obtenue àl’égouttage
manuel augmente nettement avec le pourcentage de « sang » Frison, cequi
sembleindiquer
une mauvaiseadaptation
des brebis croisées à la traite- machine.3
. Les
comparaisons
effectuées sur 2périodes
de lactation (o à 60 et 60à150 jours) montrent
que les animaux croisés ont un lait moins riche en matière grasse et
protéines :
les écarts de compo- sition entre Pre’alpes et croisées sont 2à 3 foisplus grands
au cours de la 2epériode (qui correspond
à la période traditionnelle de
traite)
par suite de différences dans l’enrichissement du lait avec le stade de lactation. Le lait des 3/¢ Frisonnes estcomparable
au lait des Frisonnes pures etsignificati-
vement moins riche que le lait des F,.
Les
comparaisons
entrequantités
de lait etcomposition
montrent que la corrélation entre le tauxbutyreux
et le taux deprotéines
n’estsignificative
que pour la 2epériode
et que laquantité
delait est en corrélation
négative
avec le taux deprotéines
jnais pas avec le taux butyreux.4
. Dans la conclusion
générale,
nous avons effectué unjugement zootechnique
d’ensemblequi
montre que les animaux F, sont intéressants
(et peut-être
aussi les 5/8 Frisovenes, en troppetit nombre)
mais que les 3/4Frisonnes neprésentent
aucun avantage par rapport aux F,,plus rustiques
et au moins aussi
productifs.
INTRODUCTION
De
19 6 0
à19 65
a été réalisé au domaine deBrouessy
un programme de croise- ments entre les racesPréalpes
du Sud et Frisonne. Nous en avonsprécédemment
étudié les résultats du
point
de vue des caractères dereproduction,
de laviabilité,
de la croissance et de la conformation des agneaux femelles et desqualités
de carcassedes agneaux mâles
(RicoRD>;au
etFLAMANT, r 9 6 9 ).
Cette 2e
partie
a pour but de comparer lesperformances
laitières des animaux issus de différentescatégories d’accouplement : Préalpes
et Frisonnes pures,F j , F,, 3/4
et5/8
de sang Frison( 3/4
F et5/ 8 F).
Nous avons tenucompte
à la fois desquantités
et de lacomposition
du lait.MATÉRIEL
ETMÉTHODES
I
. Contrôles
Le contrôle laitier a été effectué tous les
jours
pour laquantité
de lait, tous les 14jours
pour lacomposition (matières
grasses etprotéines).
Lesquantités
de laitenregistrées correspondent
donc àdes
quantités
réellementproduites.
Dans les calculs concernant la relation entre laquantité
et lacomposition
du lait(§ 4 )
nous avonspris uniquement
en considération lesproductions enregistrées
tous les 14
jours
lors du contrôlequalitatif;
nous avons utilisé ensuite la méthode FLEISCHMANN,pour estimer la
quantité
de lait et les teneurs moyennespondérées.
Les
analyses
de matières grasses ont été faites surplace
par la méthode de GERI3Ex. Lesanalyses
de
protéines
ont été effectuées à la Stationexpérimentale
laitière dePoligny (Jura)
par la méthodecolorimétrique
au noir amido( 1 ).
Lesquantités
de lait sont mesuréesvolumétriquement
et lesrichesses sont
exprimées
en grammes parkilogramme
de lait. Pourprésenter
des résultatshomogènes,
nous avons transformé les volumes en
kg,
compte tenu d’une densité de 1,0!8.On a calculé un coefficient de
persistance
moyen parpériodes
de 10jours,
en faisant la moyenne des rapports deproduction
d’une décade à celle de la précédente, pour lapériode comprise
entre le 5oe et le i5oe
jour
de lactation(RICORDEAU
et DENAMUR,19 6 2 ).
2
. Périodes de traite
Comme nous l’avons
indiqué précédemment (R ICORDEAU
et FLAMANT,i 9 6 9 ),
les brebis mettent bas pour lapremière
fois à i ou 2 ans et sont soumises à la traitemécanique
i à 3jours après
ledébut de la lactation. Pour estimer les
performances
laitières nous avons retenu3 périodes,
les6
0
premiers jours
de lactationqui correspondent
à la phase maximum de sécrétion laitière, la lacta-tion totale de durée au moins
égale
à i5ojours
et lapériode
intermédiaire(6 0
à i5ojours
aumoins) qui représente
laphase
décroissante de laproduction.
L’utilisation de la
période
initiale de 2mois sejustifie
parce que certains lots ont été retirés de la traite avant le tarissement(pour
limiter les effectifs à latraite)
et que d’autres ont été soumis à des essais desuppression
del’égouttage
manuel du 6oe au 8oejour
de lactation(R ICORDEAU
et LABUSSI È RE
,
i 9 68) ; cette période
représente d’ailleurs une très bonne estimation de la lactation totale(R ICOR D
EAU
et DENAMUR,i 9 6z)
et donne des résultatsplus
valablespuisque
laprise
en considération des lactations totales entraîne une sélection par élimination des lactations de durées inférieures à igojours.
( 1
) Cette méthode utilisée depuis 1961 est aussi précise avec le lait de brebis qu’avec le lait de vache : m
par rapport à la méthode Kjeldahl prise comme référence, l’écart-type des différences est de o,6o g par kg de
lait pour un taux de protéines moyen de 49 g (avec du lait de vache, l’écart-type des différences est d’environ 0
,
4g pour un taux de protéines de 3z g par kg de lait).
RÉSULTATS
1
.
Quantité
de laita) Influence
del’âge
aupremier agnelage.
Pour les brebis
Préalpes
comme pourles
brebiscroisées,
laquantité
de laitobtenue à i an est nettement
plus
faible que celle obtenue à 2 ans enpremière
lacta-tion
(6 1 ,6
p. 100 pour lesPréalpes ;
79,4 p. ioo pour lesF, ;
tabl.i).
Le niveau deproduction
laitière est encorepénalisé
à 2 ans, mais à 3 ans il est le même pour les2
catégories
de brebis. La saillie à 7 moispermet
donc d’obtenir desproductions
cumulées nettement
plus importantes
que la saillie habituelle à 19 mois.MASO
N et DASSAT
( 1954 )
obtiennent un résultatcomparable
avec les brebisLanghe.
Par contre, MEREU( 1957 ) qui analyse plusieurs
milliers de lactations de brebisSardes,
trouve une meilleureperformance
à 2 ans pour les mises basprécoces.
b) Différences
entregénotypes.
La différence de
production
entre les brebisPréalpes
et les brebisF I’ 5/ 8
F et3/4
F est trèssignificative,
pour toutes lescatégories,
en cequi
concerne laproduction
des 60
premiers jours
de lactation( 29
à 31kg
à i an,3 8
à 49kg
à 3et 4ans, tabl.i);
elle est telle que, dès la
première lactation,
laproduction
des croisées estégale
ousupérieure
à celle desPréalpes
àl’âge
adulte. L’écart entrePréalpes
et croisées estplus important
dans le cas de mise basprécoce puisque l’augmentation
deproduction
est seulement de 45 p. 100 pour les antenaises
F I ,
alorsqu’elle
atteint8 7 , 85
et8
3
p. 100pour lesagnelles F i , 5/8
F et3/4
F.Les différences de
production
en 60jours,
entre les 3catégories
de croisées(F i
, 5/8
F et3/4 F)
ne sont passignificatives.
Lepetit
lot de Frisonnes n’a pas donné deperformances supérieures
auxF , ,
mais cet échantillonreprésente
seulement lesproductions
de 7 brebis sur 4 années de contrôles.Si nous considérons les
productions
totales(tabl.
ib)
nous retrouvons la très nettesupériorité
des brebis croisées :1 8 3
à 215kg
pour lesF,
et les3/4
F en 180jours
contre une moyenne de 140
kg
pour lesPréalfies
témoins. L’étude de laphase
dedécroissance au-delà du 6oe
jour
de lactation faitapparaître
une meilleurepersistance
des brebis croisées : le taux de décroissance de la
production laitière,
pardécade,
est de 9 p. 100pour lesPréalpes,
8 p. 100pour lesF I ,
7p. 100pour les3/4 F,
et seulement5 p. 100pour les Frisonnes
(tabl. 2 ).
Enconséquence,
la durée moyenne de lactation des brebis croiséespeut
êtresupérieure
de 3 à 4 semaines à celle des brebisPréalpes.
2
.
Importance
del’égouttage
manuelLa
quantité
de lait obtenue àl’égouttage
manuel constitue un indice del’apti-
tude à la traite des brebis. Cette
quantité
varie peu avecl’âge
desbrebis,
maispré-
sente des différences d’une
catégorie
à l’autre(tabl. 3 ).
Lesquantités
minima en6
0
jours
de lactation et pour la lactation totale sont obtenues pour lesPréalpes (
4 ,
9
et m,4kg)
et lesquantités
maxima pour les Frisonnes( 17 , 4
et 3q.,gkg).
Lesquantités
recueillies avec les brebis croisées sont intermédiaires etproportionnelles
au
pourcentage
de sang Frison(F i : 8, 2
et1 8, 0 kg ; 3/4
F : 10,4 et 21,1kg).
Il résultede la
comparaison
de ces chiffres auxquantités
de lait recueillies durant toute la traite(tabl. z),
que les brebis croisées et surtout les brebis Frisonnes ont unégouttage
manuel
proportionnellement plus important
que les brebisPréalpes.
I,es brebisFrisonnes se laissent traire à la main avec facilité mais semblent mal
s’adapter
autype particulier
de machine à traire que nous utilisons etqui
a été conçu en fonctiondes mamelles de
type
Lacaune ouPréalpes : gobelets trayeurs
verticaux ou orientésvers l’arrière alors que les
trayons
des Frisonnes sont souvent orientés versl’avant,
vitesse de
pulsation
trèsrapide (i8o pulsations
par minute contre 60en moyenne chez les bovins et lescaprins).
Il faut noterégalement
que la traite atoujours
été effectuéesans massage
préalable
dupis
conformément à lapratique
courante dans la zone deRoquefort.
3
. Richesse du lait
i. Le tableau 4
indique
les teneurs moyennes du lait des brebisPréalpes,
Fri-sonnes et
croisées,
de différentsâges,
au cours des 60premiers jours
de lactation. Enfait,
lacomparaison peut
être réalisée sans tenircompte
del’âge qui
a peu d’influence.he lait des
Préalpes
est nettementplus
riche en matières grasses etprotéines
que celui des Frisonnes pures : en moyenne, au cours de cettepériode
de 60jours,
le lait desPréalpes
contient6 0 , 2
g de matières grasses et 5q.,o g deprotéines
parkg
delait,
alors que celui des Frisonnes ne contient que 51,1 g de matières grasses et 50,7 g de
protéines,
soitrespectivement,
une différence de 9,1 et 3,3g. Pour effectuer une com-paraison globale,
il conviendrait d’estimer la valeurénergétique ( 1 ) ( 9 , 2
TB -f-5,6 TP)
ou la valeur
fromagère
du lait(quantité
de matière sèche utile ou somme desquantités
de matières grasses et de
protéines).
Lasupériorité
des animaux croisés est alorsplus
faible que celle calculée dans le tableau i où l’on considère
uniquement
laquantité
de lait : 42 contre
58
p. 100 pour les antenaisesF,, 67
contre 81 p. 100 pour lesagnelles F I (tabl. 5).
2
. Les
comparaisons
entre les 4catégories
d’animaux(Préalpes, F I > 3/4
F etFrisonnes)
ontégalement
été effectuées sur lapériode
décroissante deproduction (6
0
à i5ojours
aumoins)
et sur la lactation totale(tabl. 6).
Les différences(fig. z)
ont étéjugées
à l’aide du test t de Fischer et du test de Duncan(A R xnu D , r 9 6 4 ).
Entre lesbrebis
Préalpes
et les brebis des autrescatégories,
la différence esttoujours significa-
tive pour le taux
butyreux
et le taux deprotéines.
EntreF I
et3/4 F,
les différences sontégalement significatives
sauf pour le taux deprotéines
de lapremière période
de la lactation. Entre
F I
et Frisonnes pures, les différences sontsignificatives
pour le tauxbutyreux
et le taux deprotéines
de la deuxièmepériode,
peusignificatives
pourle taux
butyreux
de lapremière période
et nonsignificatives
pour le taux deprotéines
initial.
Enfin,
entre3/4
F et Frisonnes pures il n’existe aucune différencesignificative.
Bien que le nombre de lactations de brebis Frisonnes soit
limité,
il ne semble pasapparaître
d’effet d’hétérosis pour lacomposition
du lait. Aucontraire,
les animauxF I >
ont un lait moins riche que la moyenne des
parents (fig. r).
Au cours des 2premiers
mois de
lactation,
le taux deprotéines
desF,
est mêmeidentique
à celui desFrisonnes,
et durant toute la lactation le lait des
3/4 F
et le lait des Frisonnes ont unecomposition
semblable.
( 1
) Le lactose n’a pas été analysé.
4
. Relation entre
quantité de
laitet
composition
en matières grasses etprotéines
La
comparaison
desperformances
obtenues au cours des 60premiers jours
delactation et au cours de la
période
suivante met enévidence,
sous une autreforme,
la meilleurepersistance
des animaux croisés pourlesquels
lerapport
desproductions
de la Ireà la 2e
période
estplus
faible que pour les brebisPréalpes (tabl. 6).
L’accroissement du taux de matières grasses de la ire et la 2e
périodes
est der 5
,o g par
kg
pour lesPréalpes
-8, 5
g pour lesF,
- 5,2 g pour les3/4
F — et 2,4 g pour les Frisonnes pures. Pour le taux deprotéines
les accroissements sontrespecti-
vement de
6, 2
-6, 0
- 3,o etr,6
g parkg.
L’enrichissementrapide
du lait desPréalpes
au cours de la lactation et la faible
persistance
de ces brebis traduisent donc vrai- semblablement le mêmephénomène.
Les corrélations
phénotypiques
entre lesprincipales
variables ont été calculées parcatégorie
d’animaux et par classed’âge.
Les coefficients obtenus sonthomogènes
entregénotypes, quel
que soitl’âge. Aussi,
poursimplifier la présentation
desrésultats,
avons-nous calculé une estimée commune des corrélations pour l’ensemble des 7 groupes
après
transformation Z =Arg
th r(tabl. 7 ).
Les résultatsobtenus,
que nous ne dis- cuterons pas par ailleurs car ils ne concernent pas directementl’aspect comparaison
de races,
permettent
de faire lesprincipales
constatations suivantes :i. La corrélation entre le taux
butyreux
et le taux deprotéines
estsignificative-
ment
positive
pour la lactation totale(-!- 0 , 3 6)
et pour la 2epériode (+ o,q. 9 )
maispas pour la
première période (-!- o,II) .
2
. La corrélation entre la
quantité
de lait et le taux deprotéines
estsignificati-
vement
négative (—
0,29, - 0,23 et -0 , 2 8
pour la Ire, la 2epériode
et la lactation totalerespectivement),
alors que la corrélation entre laquantité
de lait et le tauxbutyreux
estpratiquement
nulle.3
. Entre les
périodes
i et 2, la corrélation est de 0,77pour laquantité
de lait etseulement de o,5q. et o,5i pour le taux de
protéines
et le tauxbutyreux.
4
. La corrélation entre l’accroissement du taux
butyreux
et celui du taux deprotéines
entre les 2périodes
est nulle.5. L’accroissement du taux
butyreux
entre les 2périodes
est en corrélationnégative
avec laquantité
de lait(— o,i 9 ),
alors que l’accroissementcorrespondant
du taux de
protéines
est en liaisonpositive (+ o,i 9 ). Cependant,
ces 2 corrélations sont peusignificatives.
6. La durée de lactation est
indépendante
du niveau deproduction
initial.Ces résultats sont à
rapprocher
de ceux obtenus parJaRxrG!
et ROSSETTI. Avec des vaches Frisonnes( 1957 a),
ces auteurs trouvent une corrélation nulle entre le taux deprotéines
et laquantité
de lait au cours des 6premiers
mois de lactationpuis
unevaleur nettement
négative ensuite ;
avec des vaches Frisonnes et Normandes( 1957 b),
ils montrent que le taux de
protéines
moyenpondéré
de l’ensemble de la lactation est étroitement lié au taux deprotéines
initial etindépendant
du « coefficient mensuel d’enrichissement ».DISCUSSION
1
.
Performances
laitièresi. Comme dans la
plupart
desexpériences
de croisement entre béliers Frisons et brebis de races locales(FLAMANT
etR ICORDEAU , 19 6 0 ),
lasupériorité
des brebisF I
est
importante ( 70
p. 100dans notre cas pour laproduction
en 60jours).
La
réputation
de la race Frisonne comme race amélioratrice n’est donc pas sur-faite.
Cependant,
l’amélioration réalisée par un accroissementsupplémentaire
de sang Frison(5/8
F ou3 / 4 F)
est faible contrairement à cequ’on
aurait pu attendre. Ce fait estpeut-être
à mettre en relation avec la moins bonneadaptation
au milieu decette
catégorie
d’animaux dans les conditions localesd’élevage.
Cephénomène
a étébien observé dans les
régions tropicales
ousubtropicales,
lors des tentatives de croi- sementd’absorption
des races de Zébusindigènes (bien adaptés
au climat et résistantsaux endémies et
parasites,
mais peuproductifs)
par des races bovineseuropéennes productives,
maisprésentant
de graves difficultésd’adaptation :
lesperformances
laitières s’accroissentrégulièrement
avec lepourcentage
de sang Frisonou y!!y jusqu’à
5o p. 100, mais au-delà lesproductions
sont rarementsupérieures (N AIDU
etD
ESAI
, ig66 ; Bx!xTOV,
3IcVoivELL etB ROWN , rg66).
On
peut
se demander si cettesupériorité
des individusF,
n’est pas due à l’exis-tence d’un effet de
vigueur hybride
pour laproduction
laitière. Peud’expériences
fournissent des éléments de
réponse
à cettequestion.
Leplus
souvent, eneffet,
la race amélioratrice n’estreprésentée
que par les mâles du fait des coûtsd’importation.
Dans le cas où les 2 races pures sont
représentées
par desfemelles,
onpeut se demander
si les
performances
de la raceimportée
sont vraimentreprésentatives.
Les difficultésd’adaptation
sonttelles
que le nombre desperformances
contrôlées est insuffisant pourpermettre
unecomparaison
valable(c’est
le cas de notreexpérience).
D’autrepart,
onpeut
aussi considérer que lesperformances
réalisées ne constituent pas uni-quement l’expression
degènes agissant
directement sur laproduction
laitière dans unmilieu alimentaire
donné,
mais résultent aussi de l’intervention degènes
de tolérance à des conditionsd’élevage
et à des conditions sanitaires etclimatiques
adverses. Ilnous semble que cette observation
s’applique
bien à notreexpérience
et à celles con-duites en Israël
(GooT, 19 66)
et en Grèce(DI MAKOPOULOS
etaL., zg66),
danslesquelles
les
performances
d’untroupeau
de brebisFrisonnes, d’élevage
difficile pour des raisons sanitaires et dereproduction,
se révèlent nettement inférieures à celles enre-gistrées
dans leur milieud’origine (FLAMANT
etRico p u E AU, ig6g).
Outre le nombreinsuffisant
d’animaux,
il n’est paspossible
de conclure que lesperformances supé-
rieures des individus
F I
parrapport
aux 2racesparentales
sont dues à un effet d’hété-rosis,
mais cet effetpeut
exister. Dans une étude récente concernant les croisements de bovins en zonetempérée,
PEARSON et :!-IcI)ow!!m,( 19 68)
estiment parexemple
que le
pourcentage
d’hétérosis varie de 2 à 8 p. 100 s’ils’agit
de croisements entre deux races et de o à 13 p. 100s’ils’agit
de 3 races.Il faut noter aussi que tous les essais de croisement ne
permettent
pas de conclure àl’avantage
absolu desdemi-sang.
Letype
d’animal leplus
intéressant résulte del’interaction entre la
rigueur
des conditions de milieu et la tolérance de la race pureimportée. L’implantation
des brebis de race Frisonne enEurope
et autour de laMéditerranée en est un
exemple : métissage proche
del’élevage
en race pure dans certaines zones deHongrie
et deRoumanie,
difficultésd’élevage
desproduits F,
dansles conditions
climatiques
deChypre, performances
intéressantes desFlou
des3
/8
F enIsraël,
en Grèce et en France. Une étude de laphysiologie
des animaux detype
Frison(métabolisme digestif, reproduction,
sensibilité auxparasites
etmaladies) permettrait
de déterminer les conditionsd’élevage
à assurer pour obtenir des résultats favorables en race pure ou avec unpourcentage
élevé de sang Frison.2
. La faible
persistance
de la lactation des brebisPréalpes
est tout à fait compa-rable à celle observée sur brebis Lacaune
(coefficient
depersistance
par décade :o,gi),
mais inférieure à celle des brebis Sardes contrôlées en France
(C.
P. par décadede 0,94 :
Bosc,
FLAMANT et RicoxD!:!u,19 6 7 ),
et à celle des brebis Frisonnesqui
estcomparable
à celle des Sardes. Les brebis croisées ontégalement
une meilleure per- sistance que les brebisPréalpes. L’apport
de sang Frison dans un programme d’amélio- ration parcroisement,
doit donc entraîner uneaugmentation
sensible de la durée de lactation.2
. Richesse du lait
La distinction entre les 60
premiers jours
de lactation et le reste de la lactation apermis
de montrer que les écarts decomposition
entrePréalpes
et croisées sont 2 à3 fois
plus
faibles au cours de lapremière
que durant la deuxièmepériode.
De l’uneà
l’autre,
l’écart passe de 7,3 à 19,9 g parkg
de lait pour le tauxbutyreux,
de 3,7 à8,
1 g pour le taux deprotéines. Or, actuellement,
dans lesystème
traditionneld’exploi-
tation des brebis
laitières,
le lait des 60premiers jours
de lactation est engrande partie
consommé par les agneaux; aussi lescomparaisons
effectuées sur le lait commer-cialisé sont-elles très défavorables aux brebis croisées. On
peut
donc supposer que leremplacement
de l’allaitement maternel par un allaitement artificiel doit réduire defaçon
sensible les différences dans lacomposition
du lait entrePréalpes
et croiséespour l’ensemble de la
période
de traite. C’est là une constatationpratique importante.
Bien que le croisement en retour Frison
n’augmente
pas sensiblement le niveau deproduction laitière,
la richesse du lait se trouve diminuée pour atteindre sensiblement le niveau des Frisonnes pures. Tout se passe, dans notre cas, comme si le croisement en retour avec la race la meilleure nepermettait
d’obtenirqu’un petit progrès
parrapport
aux
F i ,
alors que le croisement en retour avec la race la moins bonne(cas
de laFrisonne pour la richesse du
lait)
faisaitperdre rapidement
tout legain
obtenu enF l .
Pour confirmer cette
hypothèse
il nous aurait falludisposer
de croisements en retourPvéal!es.
Lesanalyses
du lait des brebis Frisonnes révèlent en effet un laitplus
pauvre que celui des autres races ovines. Il n’est donc pas étonnant que les animaux croisés manifestent des chutes
importantes de
richesse parrapport
auxPréalpes ( 10
à 15 g pour la teneur en matières grasses ; 6 g pour la teneur en
protéines).
L’écartentre
F,
et3/ q F,
trèssignificatif
au-delà du 6oejour
delactation,
est àrapprocher
du taux d’enrichissement très faible manifesté
généralement
par les brebis Fvison!2es parrapport
aux autres races.Ces observations sont intéressantes car, le
produit
final de laproduction
laitièreovine étant le
fromage,
l’améliorationquantitative
réelle necorrespond
pas àl’aug-
mentation de la
production
laitièrebrute,
et ilpeut,
enoutre,
y avoir interférenceavec la
qualité
dufromage.
La tendance observée dans notre cas à obtenir des animaux croisés
proches
de larace la
plus
défavorisée pour un caractère considérépeut
laisser supposer, toutparti-
culièrement dans le cas du taux
azoté,
l’intervention d’unpetit
nombre degènes
dontcertains seraient dominants ou
majeurs.
Nos résultats ne sont malheureusement pas suffisants pour donner unesignification statistique
à cette tendance.3
. Alimentation et
Production
Les différences de
production enregistrées
entrePréalpes
et croisées sontimpor-
tantes, mais elles auraient vraisemblablement été
supérieures
avec une alimentation individuelle et non par lots : les meilleurs lots de brebis adultes ont reçu unapport
d’environ 2UF( l ),
cequi
nepermet
pasd’espérer beaucoup plus
de 2kg
de lait.En contrôlant les consommations moyennes par lots et la variation de
poids
desbrebis au cours des 2
premiers
mois delactation,
nous avons observé que les animaux croisés avaient un bien meilleur rendement en lait par UF consommée que lesPréalpes.
Il semble aussi que les animauxqui agnèlent
à i an transforment moins efficacement en lait les alimentsqu’ils
consomment que les brebis de 2 ans. Nousavons déterminé
également
que, entre lespoids
à 7 mois-12 mois et la croissance deI à 7mois d’une
part,
laproduction
laitière au cours de lapremière
lactation d’autrepart,
les corrélations étaient faibles maissignificatives
dans le cas de mise bas à i an,nulles dans le cas de
première
mise bas à 2 ans(tabl. 8, fig. 2 ).
Ces résultatsindiquent
que la saillie à 7 mois est
réalisable,
maisqu’elle exige
une alimentation intensive au cours des 2premières années,
afin de faire face au cumul des besoins de croissance et deproduction
laitièrequi
limitent l’efficacité de la ration pour laproduction
de lait.( 1
) UF = unité fourragère.
Cette limitation est
plus
sérieuse pour les brebisPréalpes
que pour les brebisF, :
aumoment de la
saillie,
celles-ciatteignent
undéveloppement plus important (en
pour-centage
dupoids adulte)
que lesPréalpes (R ICORDEAU
etFLAMANT, ig6g)
et la quan- titéd’énergie
nécessaire pourproduire
la mêmequantité
de lait est inférieure.Ainsi
s’explique
defaçon
vraisemblable que les écarts entrePréalpes
etF,
soientplus
faibles lors d’unepremière
lactation à 2 ans( 45
contre8 7
p.100 ) puisqu’à
cetâge
les différences dedéveloppement physiologique
sont aussi moinsimportantes.
La race Frisonne
réputée précoce
dans son milieud’origine,
transmet donc cetteapti-
tude aux
produits
de croisements. GooT(r 9 66),
EYALet GooT( 19 68)
ontégalement signalé
la meilleureprécocité
sexuelle desagnelles
croiséesF I
et3/!
Frisonnes parrapport
auxagnelles
Aze!assi locales. Ce résultat nousindique
que lasupériorité
desbrebis croisées Frisonnes en
production
à i an n’est pas seulement due à desaptitudes
laitières
supérieures,
mais aussi à un facteur deprécocité particulièrement
intéressantqui
vients’ajouter
aux facteurs strictement laitiers.CONCLUSION
Dans les conditions de notre
expérience,
l’améliorationgénétique
du niveau deproduction
laitièreapportée
par le croisement avec des béliers Frisons estspectacu-
laire. Cesrésultats présentent
donc un trèsgrand
intérêt pour les éleveurs de brebis de la zone deRoquefort,
la race Lacaune élevée dans cetterégion présentant
desaptitudes
semblables à la racePréalpes
que nous avons utilisée. Eneffet, malgré
lesefforts
importants
de sélection menésdepuis plusieurs
années(FLAMANT,
POLY etPouTous, 19 66)
le recours au croisementpeut permettre
d’accroîtreplus rapidement
la rentabilité des investissements réalisés par nombre d’éleveurs pour améliorer les conditions de milieu
(fourrages,
alimentationcomplémentaire,
traite à lamachine, ...).
Cependant,
l’élévation du revenu par brebis nedépend
pas que d’un seul critèred’élevage.
Enparticulier,
à côté du niveau deproduction
laitière intervient la valo- risation des agneaux mâles et des brebis de réforme en boucherie. Si nous ne considé-rons que la
production laitière,
nous devons tenircompte
du niveau deproduction
et des
qualités fromagères
du lait(richesse, rapport protéines/graisses, proportion
d’azote
coagulable).
Nous nous contenterons ici de
porter
unjugement zootechnique
d’ensemble surles
principaux types
d’animaux. Le tableau 9indique
les écartspositifs
ounégatifs,
pour différents critères
zootechniques,
entre lesF l et
lesPréalpes
d’unepart,
entre les3/4
F et lesF I
d’autrepart. L’avantage
desF I
parrapport
auxPréalpes
se manifestepour toutes les
productions
sauf pour lacomposition
du lait etl’importance
del’égout- tage
manuel. Parrapport
auxF i ,
les3/4
F neprésentent
pas desupériorité marquante
et son inférieures pour 2critères
importants :
la rusticité et le format. Les animauxF,
sont donc nettement les
plus
intéressants. Le nombre des individus5/ 8
F est malheu-reusement
trop
faible pour déterminer l’intérêt de cetype
d’animal intermédiaire entreF,
et3/!
F. Un effectifplus important
deF 2
aurait fourni desrenseignements
d’ordre
théorique
et nous aurait éclairés sur lespossibilités
de fixation desavantages
constatés enF,
par un croisement inter se. Cespoints
devraient êtreprécisés
au coursde recherches ultérieures.
Les éléments défavorables du croisement Frison étant le
manque de rusticité,
unanoestrus saisonnier
allongé,
et une facilité de traiteapparemment
médiocre( 1 ),
il( 1
) Nous donnerons dans une autre publication les résultats concernant les débits de traite à la machine.