INFLUENCE DE LA QUANTITÉ DE LAIT
ET DE SA COMPOSITION SUR LA CROISSANCE DU PORCELET SOUS LA MÈRE
E. SALMON-LEGAGNEUR A. AUMAITRE J. RETTAGLIATI, Hélène MOUTEL Colette BAUDRILLART
Station de Recherches sur
l’Élevage
des l’oycins,Centre nalional de Recheyches
zootechniques, Jouy-en-Josas (Seine-et-Oise)
SOMMAIRE
On a cherché à
préciser,
sur desporcelets
sous la mère, l’influence de quelques caractè-ristiques
de l’allaitement sur la croissance. A cet effet, diverses mesures effectuées au cours de i5i lactations de truies de raceLarge
White furent utilisées. k;llespermirent
d’étudier, pour desporcelets
moyens, l’évolution desquantités
de lait, de matière grasse et de matière azotéeingérées
au cours de l’allaitement et l’influence de leurs variations sur la vitesse de croissance et l’indice de consommation.
On note, en
particulier,
que legain journalier
augmente avec lesquantités
consommées, mais que l’indice de consommation augmente avecl’âge
et diminue avec lesquantités
consommées. L’effet de lacomposition
du lait est surtout sensiblependant
lespremières
semaines ; la teneur en matièreazotée paraît le facteur
prépondérant.
INTRODUCTION
Durant les q.
premières
semainesqui
suivent sanaissance,
leporcelet
se nourrità peu
près
exclusivement du lait de sa mère. Laquantité
d’éléments nutritifsqu’il ingère pendant
cetemps
luipermet
undéveloppement important,
et sonpoids
ini-tial se trouve alors
multiplié
environ par 5.Plusieurs auteurs ont montré la liaison étroite
qui
existait entre laquantité
totale de lait consommée et le
poids
de laportée
au sevrage. C’est ainsi que nousavions trouvé un coefficient de corrélation r = -!-
0 ,85 7 (
n =y)
entre ces deuxvariables à 8 semaines
(SALMON-LEGAGNEUR, 195 8)
et ALLEN et LASMY(ig6o)
un coefficient de corrélation r = -!--
0 , 5 8 (za
=q 5 )
à 6 semaines.Toutefois,
BERGEet I:VDR!BO
( 1953 )
ont montréqu’il
existait des variations dans l’utilisation du laitau cours de l’allaitement.
En
fait,
on nedispose
que de très peu d’informations sur lafaçon
dont variela croissance d’un
porcelet
en fonction de laquantité
et de lacomposition
du laitconsommé aux différentes
époques
de l’allaitement.L’étude expérimentale
d’un telphénomène
est en effet trèsdélicate,
car on n’est pasmaître,
engénéral,
des facteurs des variations.Nous avons donc
essayé
dans unpremier temps
d’aborder ceproblème
dansles conditions naturelles
(porcelets
laissés en groupe sous lamère) ( 1 ).
L’objectif
de ce travail est forcémentlimité,
car lestechniques
utilisées nepermettent
pas une étude de détail desphénomènes
et, notamment, tous les facteurs individuels ont dû être laissés de côté.Il
s’agissait
avant toutd’essayer
de confirmer et de regrouper, àpartir
d’unnombre
important
de données( I j 3 lactations),
les observations faites parquelques
auteurs sur différents
aspects
de la croissance desporcelets
allaités. Nous avonsvoulu ensuite
dégager
lespoints
pourlesquels
une étude ultérieureplus précise
serait nécessaire.
Nous avons cherché à
connaître,
toutd’abord,
l’évolution desquantités
de laitreçues par
porcelet
au cours des différentes semaines et la liaison entre legain
moyenjournalier
duporcelet
et cesquantités. Parallèlement,
l’tttilisation du lait a été suivie à l’aide de la variation de l’indice de consommationexprimé
enkg
de lait parkg
degain
depoids
de laportée.
En outre, dans un travail antérieur
(S, BL :B1OX-L E GAG X ECR), lions
avionspu montrer que la
production
laitière des truies variait avec la taille desportées.
Il était alors intéressant de voir comment
variait,
dans ce cas, lapart
dechaque porcelet
et si l’utilisation de ce lait était elle-même affectée par le nomhre de por- celets au sein d’une mêmeportée.
Enfin,
KOZIXER(io,5o)
avait observé que lesporcelets
tétant les mamellesinguinales
de la truie et recevant, de cefait,
un lait moinsriche,
notamment en matière grasse, croissaient moins vite que ceux recevant le lait des mamellespecto-
rales. Ceciposait
leproblème
de l’influence de lacomposition
du lait sur la crois-sance des
porcelets.
Nous avons alors cherché àpréciser
cette influence en étudiantles relations
qui
liaient lesquantités
de matière grasse et de matière azotée reçues à la croissancepondérale
moyenne des animaux d’une mêmeportée.
MATHRIEL
ETMÉTHODES
I - ANIMAUX
Les mesures l’fi’ect u6es au cours de T53 lactations de 8; truies
T a;,,e
White de notre troupeauexpérimenta)
ont servi de matériel dedépart
il cette étude. Ces lactations avaient lieu dans uneporcheric dont la température et l’état
hygrométrique
étaient maintenus constants( 1 8°C ;
60 p. roo) après une gestation passée enplcin
air.Les lactations duraient 8 semaines pendant
lesquelles
toutes les truies recevaient il volontéun même aliment
équilibré.
Lesrnrcelets
recevaient dans une logeà part
lin alim2nt complémentairesous forme
granulée.
( 1
) Nous nous proposons, par 1:> suite, de reprendre ces différents points dans une étude plus détaillée
des métaholisines individuels sur anilJJaux en cages de digcstibilité.
2 - MESURES DES
QUANTITÉS
MOYENNES DE LAIT, DE !I!1TI!RE GRASSE ET D’AZOTE CONSOMMÉES PAR PORCELETLa mesure de la
production
laitière des truies étaient effectuéechaque
semaine à l’aide de latechnique
que nous avonsprécédemment
décrite(S A uIOK-LEGAG ’ ŒUR,
IQ;;6). Apartir
des courbes de lactations ainsi dressées, on déterminait graphiquement parplanimétrie,
compte tenu des varia- tions d’effectifs, les quantités hebdomadaires de lait consommées par chaque porcelet. Ces quan- tités étaient exprimées enkg
de lait parporcelet
et par semaine de r à 8 semaines. Il s’agit doncici de résultats moyens obtenus par calcul et, en aucun cas, il n’a été
procédé
directement à la mesurede la consommation individuelle des porcelets.
72 lactations
comportaient
en outre une récolte d’échantillons de lait etl’analyse
hebdoma-daire de la
composition
du lait pour l’azote et la matière grasse. Ces échantillons étaientprélevé,
et
analysés
suivant destechniques
que nous avonsprécédemment
décrites(S!,L-%ION-LEGAGNEUR-
ig_5
9a,
b). Compte
tenu desquantités
de lait produites, il était ainsipo!sible
de connaïtre les quan- tités de matière grasse et de matière azotéeingérées
par semaine par chaque porcelet.- DÉTERMINATION DE LA CROISSANCE DES PORCELETS.
INDICE DE CONSOMMATION
La croissance
pondérale
desporcelets
était suivie à l’aide de pesées individuelle bihebdoma- daires. Ces pesées permettaient de calculer legain
nnyen journalier par animal et par semaine,celui-ci était
exprimé
en grammes. Une courbe de croissance hebdomadaire moyenne, en fonction du temps, a ainsi été tracée.’
Les variations de l’utilisation du lait étaient suivies
grâce
à l’indice de consommation moyen, Celui-ci étaitexprimé
enkg
de lait par kg degain
de la porté au cours de chacune des 8 s semaines de la lactation, en tenant compte desquantités
consommées par lesporcelets
morts en cours d’allai-tement.
- MÉTHODES DE CALCUL
Bous avons tout d’abord calculé les coefficients de corrélation entre les
quantités
de lait, lesquantités
de matière grasse et lesquantités
de matière azotée et la croissance pondéralejournalière
moyenne des animaux.
Les coefficients de corrélations
partielles
entre ces dernières variables, calculées indé-pendamment
desquantités
de lait moyennes reçues, ontpermis d’apprécier
l’effet des constituants du lait (azote et matière grasse) sur la croissance du porcelet.L’influence du nombre de
porcelets
sur l’utilisation du lait était déterminée par le calcul des variances et de lasignification
des différences entre les indices de consommation, de 5 groupes iné- gaux de portées de 6 à ioporcelets.
RESULTATS
I -
ÉVOLUTION
DESQUANTITÉS
CONSOMMÉES PAR PORCELET AU COURS DE L’ALLAITEMENTA. -
Quantités
de taitLes
quantités
hebdomadaires moyennes de lait consommées parportée
et parporcelet
sontconsignées
dans le tableau I. Lafigure
I montre l’évolution des quan- tités en fonction dutemps.
Il convient de noter quel’ingestion
maximum se situedurant la 5e
semaine,
doncsemble-t-il,
ne coïncide pas tout à fait avec le maximum deproduction
de latruie,
cequi
est dîi à la diminution de l’effectif desportées
à mesure que la lactation avance.
De
plus,
lesquantités
de lait consommées parporcelet
varient très peu de la 3e à la 6esemaine,
alorsqu’il
convient derappeler
que les besoins desporcelets
aug-mentent considérablement
pendant
la mêmepériode.
Enfin,
laquantité
consommée parporcelet
durant la 8e semaine est encoretrès élevée et notablement
plus importante
que celle consomméependant
la pre-mière semaine de l’allaitement
( 4 o
p. 100 deplus).
B. -
Quantités
de matièyegrasse et de
matière azotéeLes
quantités
moyennes de matière grasse et de matière azotée(exprimée
enprotéines
du lait N X6, 3 8)
consommées parporcelet
sontrapportées
au tableau 2et à la
figure
2.L’examen des courbes de la
figure
2 montre que laquantité
de matière grasseconsommée par
porcelet augmente jusqu’à
la qesemaine, puis
diminue. Par contre,la
quantité
de matière azotée consommée est maximum à la 6esemaine, puis
diminuelentement durant les 2 dernières semaines de lactation.
2 - INFLUENCE DE I,A
QUANTITÉ
DE LAIT CONSOMMÉE PAR PORCELET A. - Suy la croissancepondérale
a)
Phénomèneglobal :
.’Cette influence
apparaît
dans les coefficients de corrélation entre la croissance et lesquantités
de lait reçues parporcelet
que nousrapportons
au tableau 3.Comme on
pouvait
le supposer, il existe une corrélation étroite entre legain pondéral
duporcelet pendant
l’allaitement et laquantité
de laitcorrespondante.
On remarque toutefois que le coefficient de corrélation est
plus
faible pour toute lapériode
de l’allaitement(o
à 8semaines),
que de o à 3 semaines. Cecipeut s’expli-
quer par le fait que le
porcelet
consomme dès la 5e semaine unequantité
nonnégli- geable
d’alimentcomplémentaire (AuMAITRt
etSAL1B10N-LEG-AGNEUR, I9 6 I ).
b) Évolution
au cours de la lactation: .’Les coefficients de corrélation pour
chaque
semaine entre la croissance et laquantité
de lait consommée parporcelet
sontrapportées
au tableau 4.On remarque que l’influence du lait sur la croissance diminue avec
l’âge
de laportée.
Apartir
de la7 e semaine,
uneaugmentation
de laquantité
de lait reçue par animal ne semble pas influer sur la croissance.B. - Sur l’indice de consommation
a)
Tlayiation avec laquantité
totale de lait consommée : .’I,es indices de consommations
à 4 et
8semaines,
ainsi que les coefficients de corrélation entre laquantité
de lait consommée et ces indices sontrapportées
dansle tableau 5.
La valeur des coefficients de corrélation
indique
que l’indice de consomma- tionaugmente légèrement
avec laquantité
de lait(le phénomène
est d’ailleursplus
net à 8 semaines
qu’à 4 semaines).
Cequi
revient à dire que leporcelet
utilise moins bien le laitlorsqu’il
en obtientbeaucoup.
b)
l’ariatioit avecl’âge
duporcelet :
.’Les valeurs de l’indice de
consommation,
calculées semaine par semaine sontrapportées
au tableau 6. Comme l’avaitdéjà
montré BERGE( 1953 ),
cet indice deconsommation
augmente
avecl’âge
durant laphase
lactée exclusive. Apartir
dela 5e
semaine,
on observe toutefois une diminutionqui peut
être due àl’ingestion
d’aliment
complémentaire.
c) In jluence
du numéro deportée
de la truie : .’Le tableau 7 révèle de très faibles différences dans les indices de consommation selon le numéro d’ordre de la
portée.
L’utilisation du lait serait notamment un peu meilleure au cours de lapremière portée
que des suivantes.Toutefois,
le calcul du test F montre que ces différences ne sont passignificatives.
3 —
INFLUENCE DU NOMBRE DE PORCELETS AU SEIN DES PORTÉES A. - Suy La
quantité
de Lait consomméepar porcelet
I,orsque
le nombre deporcelets
d’uneportée augmente,
laquantité
de laitconsommée par
chaque porcelet diminue,
comme le montre le tableau 8.On
peut
montrer de la mêmefaçon
que,quel
que soit le stade delactation,
ontrouve
toujours
une corrélationnégative
entre laquantité
de lait consommée parporcelet
et l’effectif de laportée (tableau 9 ).
B. - Sur la croissance
a)
Gainjournalier:
Le tableau 10
rapporte
les valeurs des coefficients de corrélation totaleet
partielle (quantité
de laitconstante)
liant le nombre deporcelets
et legain journalier
moyen aux différents stades.On constate que le
gain journalier
desporcelets
n’est que très peu affecté par la variation de l’effectif de laportée.
Commeparallèlement
lesquantités
delait consommées
diminuent,
onpeut
penserqu’il
en résulte une meilleure utilisation du lait par les animaux.b)
hadice de consomma/ion: .’Nous avons
trouvé,
eneffet,
un coefficient de corrélation totalenégatif (r
= -o, 4
m, P <
0 , 01 )
entre l’indice de consommation et le nombre deporcelets
ausevrage. Ceci
apparaît
aussi au tableau I ou nousrapportons
la variation de cet indice de consommation en fonction du nombre deporcelets
au sevrage.L’analyse
de variance(F = 5 , 9 8,
P <o,oi)
montre que les différences obser- vées sontsignificatives.
Il semble donc que, dans les limites de notre
étude,
l’utilisation du lait par lesporcelets
soit d’autant meilleure que l’effectif de laportée
estplus
élevé. Indirecte- ment, nous trouvons ici une confirmation des résultats du tableau j, à savoir que le rendement de l’utilisation du lait par lesporcelets
diminuelorsque
laquantité
de lait
augmente.
Toutefois,
il semblequ’il
y ait aussi une influence directe de l’effectif de laportée,
car la corrélation
négative
entre l’indice de consommation et le nombre deporcelets persiste
àquantité
de lait consommée constante. On trouve, eneffet,
dans ce cas :4 - INFLUENCE DE LA COMPOSITION Di1 LAIT SUR LA CROISSANCE A. -
Iniluewe
desquantités
totales de matière grasse et ete maiière azotée Cette influencepeut s’apprécier
à l’aide des coefficients de corrélation à 3 semainesou à 8
semaines,
clue nousrapportons
au tableau 12.On constate que la vitesse de croissance du
porcelet augmente lorsque
laquantité
de matière grasse ou de matière azotée
ingérée
par ce dernier s’accroît.B. -
É:¡’o!ution
ao cours de l’allaitementI,es tableaux 13 et y
rapportent
l’évolution des coefficients de corrélation entre lesquantités
hebdomadaires de matière arotée ott de matière grasse du laitingérées
et la croissancecorrespondante.
On remarque, dans le tableau r3, que la liaison entre ces différentes variables est élevée et
significative pendant
les 6premières
semaines. Elle est maximale à la deuxième semaine et diminue ensuite. Nous retrouvons ici le mêmephénomène
que pour lesquantités
de lait.Par contre,
lorsqu’il s’agit
de corrélationspartielles (indépendantes
de l’undes
facteurs),
les valeurs trouvées sontbeaucoup plus
faibles et ne sontsignificatives
que dans le cas de la matière azotée.
DISCUSSION
I -
ÉVOLUTIOX
DESQUANTITÉS
DE LAIT, DE MATIERE GRASSEET DE MATIÈRE AZOTEE CONSOMMÉES
I)ans notre
étude,
lesquantités
de lait consommées parporcelet
sont tout à faitcomparables
à cellesindiquées
par BERGE et IXDREBO( I gj 3 )
et suivent lamême évolution. Comme ces auteurs en effet, nous avons trouvé que la
quantité
maximum
ingérée
parporcelet
se situait aux environs de la je semaine(tableau I ).
Mais il est assez étonnant de constater que la
quantité
de lait hebdomadaire reçue parchaque porcelet
varie fort peu, alors que legain journalier
estsusceptible
de varier
plus largement (tableaux
1 et4 ).
Ceci ne fait que traduire lapart
crois-sante de
l’ingestion
d’alimentcomplémentaire
dans cegain journalier.
Le fait
qu’au
sevrage, à 8semaines,
laquantité
de laitqu’obtient
leporcelet
soit encore relativement
élevée,
montre que cetteépoque
necorrespond
pas forcé- ment avec celle de l’arrêtphysiologique
de la sécrétion du lait chez la truie.L’évolution
desquantités
de matière grasse et de matière azotée consomméesappelle
peu de commentaires. Onpeut souligner, toutefois,
que laquantité
de matièreazotées
ingérées augmente pratiquement jusqu’au
sevrage, alors que laquantité
de matière grasse baisse assez fortement à
partir
de la 4e semaine. Il s’en suit que dès cetteépoque,
lerapport azote; énergie
del’ingéré
a tendance à s’élever alors que l’on s’accorde à reconnaître que lerapport
des besoins suit l’évolution inverse(C UNHA
, 1957 ),
Cedéséquilibre
a pourconséquence
que,passé
unmois,
le lait n’estpeut-être plus
l’aliment idéal dujeune porcelet
et que l’utilisation du lait à ce moment estpeut-être
moins bonne.2 - INFLUENCE DES
QU!1BTITkS
DE LAIT SUR LA CROISSANCEA. - Gain de
poids
De nombreux auteurs ont trouvé un coefficient de corrélation élevée entre le
poids
de laportée
au sevrage et laproduction
laitière de la truie(Bows!Ta,
Ig35 ;S
ALMOX -LE G .-B GX E UR
, I gjS ; S MI T H ,
1959 ca ; I,oDGr: et MAC DONALD, 1959 a ; ALLENET LASLEY,
I g6o).
Les coefficients de corrélation que nous avons trouvés entre la croissance desporcelets
et laquantité
moyenne de lait reçue confirment ces résultats et montrent donc lapart importante
del’ingestion
du lait dans la croissance dujeune.
Mais l’évolution de ces coefficients de corrélation au cours de l’allaitement
paraît plus
intéressante à considérer. Comme BERGE( 1953 ),
eneffet,
nous avonstrouvé que la liaison entre le lait et la croissance était très étroite
pendant
chacunedes
quatre premières semaines,
maisqu’elle
diminuait très fortement ensuite. OWEN(
1957
)
a aussi observé sur des agneaux allaités que le coefficient de corrélation liant la croissance et le laitingéré
diminuait très fortement de la 2eà la Se semaine d’allai-tement.
On
peut
trouver une doubleexplication
à cephénomène :
i°)
Les besoins duporcelet augmentent
trèsrapidement
etl’apport
de laitqui
est à peuprès
constant, ne couvreplus qu’une partie
de ces besoins. Eneffet,
pour une même
quantité
delait,
la fraction utilisée pour l’entretien s’accroît avecle
développement
del’animal,
alors que celle utilisée pour la croissancediminue ; 2
°)
Par contre, l’alimentationcomplémentaire joue
un rôle deplus
enplus important
et faitqu’à partir
de la 6·’ semaine notamment, lesquantités
relativement élevées de lait encoreingérées
sont de peu d’effet sur la croissance enregard
desaliments
complémentaires (A UMA1TRE
etS ALMO x-LEG A G X E UR , m!6i).
Ce dernier
point
attire l’attention sur le moment exactauquel
il convient deprocéder
au sevrage. Si l’on s’en tient auxquantités journalières
de laitingérées,
il est tout aussi arbitraire de sevrer le
porcelet
à 8 semainesqu’à
6 semainespuisque
ces
quantités
diffèrent peu. Si l’on se base sur l’utilisation dulait,
le sevrage à 6 semainesparaît
intéressantpuisque
dès cetteépoque
lapart
du lait dans la croissance devient très faible etqu’il
y a doncgaspillage.
Ceci n’estpossible, toutefois,
que dans la mesure oùl’apport
de lait ne revêt pas un caractèreindispensable
pour leporcelet,
ce
qui
semble admis à la lumière desexpériences
sur lesrégimes synthétiques (CUN-HA, 1957).
B. - Indice de consommation
La
première
chose àsouligner
est l’excellente utilisation du lait maternelqui
est faite par le
porcelet lorsqu’on
la compare à celle d’autresespèces domestiques
de
grande
taille. Dans notretravail,
dont les résultats confirmentpleinement
ceuxde BERGE
( 1953 ),
nous avons trouvé un rendement moyen, ou indice de consomma-tion,
de la naissance à unmois,
de 1kg
de croît pour3 ,8 4 kg
de lait de truie.Chez
l’agneau, qui présente
descaractéristiques
d’allaitement assez voisines de celles duporcelet (même gain
depoids,
lait decomposition analogue),
le rende-ment est nettement moins bon. C’est ainsi que RICOPDEATJ et BoccaxD
( 19 6 1 )
trouvent chez
l’agneau Préalfie
un indice de consommationcompris
entre 5,33 et6,oS kg
de lait parkg
de croîtpendant
les 6premières
semaines.Chez le veau, toute
proportion gardée,
l’indice de consommation est encoreplus
élevé(il
est voisin deio),
mais le laitingéré
a unecomposition
assez différentedes deux
premières espèces.
De telles variations traduisent en effet les différences decomposition
et de valeur nutritionnelle deslaits,
les différences dupoids
à lanaissance et de la
composition
des tissus de croissance etprobablement
une carac-téristique
de croissance del’espèce.
Nos résultats montrent ensuite que l’indice de consommation
augmente
très sensiblementlorsque
laquantité
de laitingéré
croît. Cephénomène, qu’avait éga-
lement
indiqué DO XA1 ,D ( 1937 )
semble assezgénéral, puisque
OWEN( 1957 )
lesignale
aussi chez
l’agneau.
Il est vraisemblablequ’une partie
del’explication provient aussi
de la nature des tissus de croissance. Selon le schéma bien connu de McM!!K.!n (
1941
), lorsque l’ingéré
estélevé,
l’animal en consacre unepartie importante
àl’élaboration
de tissusadipeux,
coîtteux enénergie,
cequi
diminue le rendementpondéral
de la croissance.I,e fait que l’indice de consommation
augmente
avecl’âge
duporcelet (tableau 6) relève
sans doute du mêmephénomène,
maisindique également,
comme nous ledisions plus haut,
que lapart
du besoind’entretien
s’accroît audétriment
dela
croissance. Il
peut également
être uneconséquence
de l’évolution que nous avonssignalée
durapport azote/énergie
du lait consommé.Enfin,
lalégère augmentation
de l’indice de consommation avec le numéro d’ordre de laportée,
ou cequi
revient aumême,
avecl’âge
destruies, provient
sansdoute de ce que la
quantité
de laitproduite
estplus grande
au cours des 2eet3
e
portée
que de la zre(SaI,MOw-I,!GaG!r!uR, m!58).
- INFLUENCE DU NOMBRE DE PORCELETS
La
première conséquence
del’augmentation
du nombre deporcelets
élevés au sein d’uneportée
est la diminution de laquantité
de laitqui
revient à chacun. De cefait,
l’incidence sur la croissance est donc la suivante : ralentissement de la vitesse de croissance et baisse de l’indice de consommation. Mais si l’influence sur la vitesse de croissance est relativement modérée(tableau io),
les variations de l’indice de consommation sont assez sensibles. C’est ainsi que cet indice baisse d’environ 20p. Ioolorsque
le nombre deporcelet
passe de 6 à 10.Ce
phénomène
est d’ailleurs assezgénéral, puisqu’on
le retrouve dans d’autresespèces.
C’est ainsi que ScHULZE( 1954 )
sur laRatte,
OWEN( 1957 )
et RICORDEAUet BOCCARD
( 19 6 1 )
sur la Brebis ont montré que,lorsque
le nombre depetits
aug-mentait,
le lait maternel était mieux utilisé.Ceci pose alors le
problème
du nombreoptimum
dejeunes
à conserver au sein d’uneportée
pour provoquer la croissance totale laplus importante.
Retenons tout d’abord que desjeunes
en nombre élevé sollicitent et obtiennent au totaldavantage
de lait de la mère que s’ils sont peu nombreux
(Sc H ui,zE,
1954 ;BERGE,
1953 ; SAL-mON-LEGAG’.14EUP, 195 8).
Comme par ailleurs l’utilisation individuelle du lait estégalement
meilleurelorsque
l’effectif estimportant,
il semble doncindiqué,
dumoins
théoriquement,
de conserver un nombre élevé depetits
sous la mère. Notreétude, toutefois,
ne nous donne pas derenseignements lorsque
l’effectif excède 12porcelets.
Il estvraisemblable,
eneffet, compte
tenu des difficultés d’allaitement que l’on rencontrealors,
que ce dernier nombrecorresponde
à un maximum. D’ail-leurs,
la croissance totale et l’utilisation du lait ne constituent pas les seuls critèrespermettant
de définir la tailleoptima
de laportée.
4 - INFLUENCE DE 1,A COMPOSITION DU LAIT
L’influence de la matière grasse et de la matière azotée du lait sur la crois-
sance du
jeune pendant
lapériode
lactée estbeaucoup plus
délicate àinterpréter.
KozIrr!ER
( 1950 )
avait;observé
une croissanceplus
élevée desporcelets
tétant les4mamelles antérieures de la truie
qui produisent
un laitplus
riche en matière grasse.Cependant,
on s’accorde à dire que laproduction
de lait de ces mamelles est nette- mentplus
élevée que celles des mamellespostérieures (D ONALD ,
1937 ; BARBER etB
R A UD
E,
z955 ;SA LM O N -LE& A G N E UR , 195 8)
et il n’est pas certain que l’influencerespective
de laquantité
de lait et du taux de matière grasse sur la croissance ait été dissociée dans l’étude de KOZINER( 1950 ).
Onpeut
faire la mêmecritique
autravail de GUTTE et I,I;xx!IT
(r 95 6), qui
montrentqu’un apport
azotéplus important
provoque une meilleure croissance des
porcelets.
Dans ce cas aussi il y avait aug-mentation de la
quantité
totale du lait et notammentd’énergie.
]Jemême,
GLAW1S-cHVtG
(r 9 6r)
a observé une diminution de la croissance desporcelets pendant
la 3e semaine
correspondant
à une diminution de iS p. 100 du taux de matière azotée du lait de lamère, cependant
l’étudeportait
sur un nombre très faible d’animaux et là aussi d’autres facteurs ont pu intervenir.Nos propres travaux n’infirment aucune de ces
hypothèses,
car nous avonstrouvé des corrélations
également
élevées entre lesquantités
de matières grasses et de matière azotée du lait et la croissance desjeunes
animaux.Toutefois,
il n’estpas inutile de
souligner
que la valeur de ces corrélations estbeaucoup plus
faiblelorsque
celles-ci sont calculées defaçon indépendante (tableau 14 ),
c’est-à-dire àquantité
de matière grasse constante pour l’azote et àquantité
d’azote constantepour la matière grasse. Par
exemple,
à 3semaines,
les valeursrespectives
des deuxcoef3lcients pour la matière azotée et la matière grasse sont
respectivement
de+ 0,45 et - o,z3. Ceci semble
indiquer
que l’action de ces deux constituants du lait est cumulative et que c’est en fin decompte
laquantité
totale de nutrimentsingérés (autrement
dit laquantité
delait) qui
a le rôleprincipal. Wais,
il convient surtout de remarquer que la corrélation est un peuplus
élevée(et significative)
pourl’azote,
ce
qui
confère à ce facteur uneplace plus importante
que celle de la matière grasse.Par
ailleurs,
nos résultats sont en désaccord avec ceux de PEO et al.( 1957 ) qui
ont trouvé avec desporcelets
alimentés avec unrégime
artificiel à base de lait écrémé enpoudre,
une liaisoninverse,
nonsignificative,
entre le taux de matièregrasse
(apporté
sous forme desaindoux)
et la croissance duporcelet.
Ces auteurs,ont, par contre, observé une amélioration de la croissance avec des taux élevés de
protéines.
De soncôté,
SMITH( 1050 Ii)
observe pour desquantités
de matière grasse de lait de truie sensiblementégales ( 3
500g et 3 700g)
et desrapports
matièregrasse matière azotée
respectifs
de 1,6 3
et 1,47, une diminution de ikg
dupoids
moyen des
porcelets
recevant moins de matière azotée.En
fait,
ilparaît
très difficile deséparer
les influencesrespectives
de l’azote et de la matière grasse,puisque
ces deux facteurs varient engénéral
dans le mêmesens,
qui
est aussi celui de laquantité
totale de lait(S.!I,MOw-I,1;G!G!EUk, 19 0 1 ).
En outre, si le calcul des coefficients de corrélation
partielle (tableau 14 )
sembleindiquer
que durant les 3premières
semaines de la wie dujeune,
la matière azotéejoue
un rôleprépondérant
parrapport
à la matière grasse, il n’en estplus
ainsiensuite. I,es mêmes coefficients à S semaines montrent, en
effet,
que l’influence de l’un et l’autre nutriment sur la croissance est faible etqu’en
définitive aucun d’eux n’a un effetimportant
à ce stade.COXCLUSIOX
Comme on aura pu le constater, les facteurs
qui
font varier l’utilisation du lait maternel parporcelet
sont très nombreux. Leur étude est, en outre, renduecomplexe
par le fait que la
plupart
de ces facteurs sont liés entre eux.Nous avons
esssayé
dans ce travail depréciser
lapart qui
revient àquelques-
uns d’entre eux, et on retiendra surtout les
points
suivants :a)
La croissance est liée avant tout à laquantité
de laitingérée jusqu’à
6semaines. La liaison est
beaucoup
moins nette ensuite. Cecipeut
poser leproblème
d’un sevrage éventuel des
porcelets
à cetâge.
D’une manièreplus générale,
le coeffi-cient d’utilisation du lait de truie par le
porcelet
décroît avecl’âge
et avec laquantité ingérée
par ce dernier.b)
Le nombre deporcelets
d’uneportée
a une influence sensible sur laquantité
de lait consommée par
chaque porcelet
et l’utilisation de ce lait. L’utilisation du laitparaît
en effet meilleurelorsque
l’effectif est élevé. Comme par ailleurs la vitesse de croissance est peuaffectée,
il s’en suit que lesportées
nombreuses semblent per- mettre la meilleure valorisation desaptitudes
laitières des truies.c)
L’influence de lacomposition
du lait sur la croissance est délicate àdégager,
car elle a donné lieu à des conclusions
parfois
contradictoires. Cette influence semanifeste surtout
pendant
lespremières
semaines de l’allaitement. La matière azotée et la matière grasseingérées
sont en relation avec la croissance. Le rôle leplus important
semble dévolu àl’ingéré protidique,
mais des étudesplus poussées
seront nécessaires pour
préciser
l’influence relative exacte de chacun de ces deux constituants de la sécrétion lactée.Recae pour
pul!li(-alioit
en mai !96z.SUMMARY
THE INFLUENCE OF TIIE )!ILK CUVSL?V3P’I’ION aN1> CUBIPOSITIO)/ UPON THE GROWTH Or SUCKLING PIGLETS.
1.!3 lactations of 8; sows have been used to
study
the influence of milkconsumption
onthe growth of
piglets.
In this study, theweekly
amount of milk,nitrogen
matter and fat receivedby
thepiglets
were taken into account. During the lactation, the feedefficiency
of milk(kg
milk/kg piglet) varies from z,9 (ist week) to 4,4 (4th week) and the correlation beetwen
daily gain
andmilk varies from : + 0,6! (2d week) to -! 0,09 (7th week).
The feed
efficiency
increases with the number ofpiglets
in the litter and decreases with the age ofpiglets
and the amount of milk eaten. The influence of milkcomposition
ismostly during
thefirst 4weeks and seems more important for
nitrogen
matter than for fat(partial
correlation at 3 weeks : -1- 0,4,=; versus -f- o,r3).Conclusions are drawn about the interest of weaning
piglets
towards 5-6 weeksRÉF É
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