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Analyse des aspects de la gestion des EEE sur un site pilote

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Academic year: 2022

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Partenariat 2011 – Espèces – Espèces invasives

Analyse des aspects de la gestion des EEE sur un site pilote

Application à la gestion des jussies par le Parc Naturel Régional de Brière

Alain Dutartre, Emilie Mazaubert REBX Cemagref

Mars 2012

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Contexte de programmation et de réalisation

La gestion concrète des EEE concerne toujours un territoire donné, celui du gestionnaire, et comporte des enjeux écologiques, sociaux, économiques et autres, directement liés à ce territoire. Les caractéristiques de cette gestion sont donc spécifiques, ce qui rend difficilement transposables ou généralisables les acquis techniques et organisationnels qui peuvent en être extraits. Un des risques d'une transposition ou d'une généralisation imprudente est l'application d'une "recette" inadaptée dans des contextes écologiques, humains et organisationnels très différents, pouvant être la cause d'échecs et de dépenses inutiles.

L'étude porte donc sur l'analyse de la gestion d’une espèce donnée par une structure gestionnaire sur un site donné pour tenter d'identifier les modalités de réflexion, d'organisation et d'action mises en œuvre dans ce contexte, d'expliquer les réussites ou les échecs des interventions qui amènent, en cas de réussite, à pérenniser ces interventions ou, en cas d'échec, à les modifier…

Cette analyse d'une situation existante pourrait ainsi permettre de proposer des éléments pour une démarche générale présentant non pas une "recette généralisable" mais une

"méthodologie pour arriver à une solution locale", intégrant les aspects écologiques, ethnologiques, économiques et institutionnels de la gestion des EEE en métropole.

Les auteurs Alain Dutartre Hydrobiologiste alain.dutartre@irstea.fr Emilie Mazaubert Chargée de mission emilie.mazaubert@irstea.fr Les correspondants

Cemagref : Alain Dutartre, REBX Cemagref, alain.dutartre@irstea.fr Onema : Nicolas Poulet, Onema – DAST, nicolas.poulet@onema.fr Référence du document :

Dutartre A., Mazaubert E., 2012. Analyse des aspects de la gestion des EEE sur un site pilote. Application à la gestion des jussies par le Parc Naturel Régional de Brière, rapport, 40 p.

Droits d’usage : Accès libre Couverture géographique :

Niveau géographique :

Métropole National Niveau de lecture :

Nature de la ressource :

Professionnels, experts Rapport intermédiaire

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Titre : Analyse des aspects de la gestion des EEE sur un site pilote. Application à la gestion des jussies par le Parc Naturel Régional de Brière.

Statut du document : Rapport

Auteur(s) : Dutartre A., Mazaubert E.

Sommaire

1. Rappels du contexte du projet ...1

1.1. Préambule ...1

1.2. Choix du site et de l'espèce...2

1.3. Déroulement ...3

2. Synthèse des données...4

2.1. Le site ...4

2.1.1. Historique...4

2.1.2. La zone humide ...5

2.2. Les gestionnaires ...7

2.2.1. Structures gestionnaires territoriales ...7

2.2.2. Activités liées aux zones humides ...11

2.3. Quelques rappels sur les jussies ...11

2.4. La colonisation de la Brière par la jussie ...15

2.5. La gestion de la jussie ...21

2.5.1. Interventions de régulation ...21

2.5.2. Acquisitions de données sur la biologie et l'écologie de la jussie ...27

2.6. Les acteurs et leurs représentations...28

2.7. La communication ...29

3. Synthèse et perspectives ...35

Bibliographie partielle...39

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Titre : Analyse des aspects de la gestion des EEE sur un site pilote. Application à la gestion des jussies par le Parc Naturel Régional de Brière.

Statut du document : Rapport

Auteur(s) : Dutartre A., Mazaubert E.

Résumé :

La colonisation par les jussies (Ludwigia sp.) des milieux aquatiques situés sur le territoire géré par le Parc Naturel Régional de Brière cause des nuisances importantes depuis plus d'une décennie et a provoqué la mise en place d'interventions de gestion destinées à la réguler.

L'analyse des informations disponibles sur le territoire, des divers gestionnaires, des modalités de colonisation de cette espèce, des techniques utilisées lors des interventions, etc., montre les difficultés rencontrés et les efforts importants réalisés pour optimiser les interventions.

Ce bilan est une base indispensable pour identifier les éléments de la démarche engagée qui pourraient être généralisés à d'autres cas de gestion d'espèces exotiques envahissantes.

Mots clés : Ludwigia - plante exotique envahissante – France – Parc Naturel Régional de Brière – gestion

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1. Rappels du contexte du projet

1.1. Préambule

La gestion concrète des espèces exotiques envahissantes (EEE) concerne toujours un territoire donné, celui du gestionnaire, et comporte des enjeux écologiques, sociaux, économiques et autres, directement liés à ce territoire. Les caractéristiques de cette gestion sont donc spécifiques, ce qui rend difficilement transposables ou généralisables les acquis techniques et organisationnels qui peuvent en être extraits. Un des risques d'une transposition ou d'une généralisation imprudente est l'application d'une "recette"

inadaptée dans des contextes écologiques, humains et organisationnels très différents, pouvant être la cause d'échecs et de dépenses inutiles.

En revanche, l'analyse de la démarche du gestionnaire peut permettre d'identifier les modalités de réflexion, d'organisation et d'action qui ont aboutis à ces acquis, d'expliquer les réussites ou les échecs des interventions qui amènent, en cas de réussite, à pérenniser ces interventions ou, en cas d'échec, à les modifier… Une analyse globale d'une situation existante pourrait ainsi permettre de proposer des éléments pour une démarche générale présentant non pas une "recette généralisable" mais une

"méthodologie pour arriver à une solution locale", intégrant les aspects écologiques, ethnologiques, économiques et institutionnels de la gestion des EEE en métropole.

Une telle analyse de cas a été proposée dans le cadre des travaux du groupe IBMA et acceptée dans le principe par les participants à la dernière réunion de ce groupe.

L'étude porte donc sur l'analyse de la gestion d’une espèce donnée par une structure gestionnaire sur un site donné : cela passe à la fois par l’analyse des solutions techniques mais aussi des acteurs impliqués et des partenariats mis en place. Sont aussi analysées les interactions multiples entre EEE et écosystèmes colonisés, en termes d'enjeux écologiques et socio-économiques, d'usages et d'usagers, de représentations, etc.

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1.2. Choix du site et de l'espèce

Le choix d'un "site pilote" pour une telle étude a reposé sur un bilan des différents types et/ou sources d'informations déjà disponibles dans le site, c'est-à-dire des données portant sur l'espèce et son écologie, sur le site lui-même en tant qu'entité écologique et humaine, sur la structure gestionnaire et les différentes parties prenantes de la gestion générale du site et sur les modalités de gestion de l'espèce : l'objectif étant de choisir un ensemble

"site / espèce / gestionnaire" sur lequel les informations étaient en nombre et en qualité suffisants pour permettre une telle analyse.

Les échanges d'informations entre membres du groupe de travail IBMA et les connaissances acquises en matière de gestion des jussies ont conduit à choisir comme

"étude de cas pilote" celle de la jussie en Brière et sa gestion dans le Parc Naturel Régional de Brière(PNRB) par ce dernier, par la Commission syndicale de Grande Brière Mottière et par le Syndicat Mixte d’Aménagement hydraulique du Bassin du Brivet.

L'étude est réalisée dans le cadre général des travaux du groupe IBMA avec l'appui du Parc, des partenaires financiers de cette gestion (dont l'Agence de l'Eau Loire Bretagne et le Conseil Général de Loire Atlantique) et de prestataires pouvant apporter leur expertise sur les aspects "sciences du vivant" et "sciences humaines et sociales" de l'analyse.

L'appui du PNR comporte la fourniture de l'ensemble des informations disponibles sur la gestion de la jussie sur son territoire, tels que rapports et mémoires divers, publications techniques et scientifiques, bilans d'interventions, bilans financiers des coûts de gestion, comptes-rendus de réunions, etc., sous forme papier ou numérique. Cet appui comporte également une aide logistique pour l'organisation de rencontres avec certaines des parties prenantes de la gestion et d'un séminaire.

En complément de cet appui logistique sur place, il est également prévu de recourir à des avis d'experts au fur et à mesure du déroulement de cette étude pour améliorer la qualité de l'analyse. Les experts déjà pressentis sont Jacques Haury d'Agrocampus Ouest, principalement sur les aspects écologiques et Marie-Jo Menozzi sur les aspects liés aux sciences humaines et sociales. Tous deux sont membres du groupe de travail IBMA et déjà partenaires du Parc. Ils apporteront leurs expertises respectives à partir des documents d'analyses qui leur seront fournis et participeront au séminaire prévu.

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1.3. Déroulement

Son déroulement prévisionnel est le suivant :

o une première phase comportera la compilation de l'ensemble des informations disponibles sur le site et ses usagers, la structure gestionnaire, ses actions de gestion et ses interactions avec les acteurs locaux.

o elle sera suivie d'une première analyse de ces informations ayant pour but d’étudier les éléments a priori explicatifs de l'évolution de la gestion de l'espèce et permettant d'identifier des critères de réussite ou d'échec dans le contexte donné ainsi que d'éventuelles lacunes subsistant dans les informations.

o la deuxième phase du travail comportera un séminaire de transmission des résultats de cette première analyse à l'ensemble des parties prenantes de la gestion de l'espèce sur le site, c'est-à-dire la structure gestionnaires elle-même et les groupes d'usagers directement concernés par les nuisances et la gestion de l'espèce exotique envahissante. Ce séminaire devrait permettre de confronter les résultats de l'analyse aux avis et demandes des différentes parties prenantes pour extraire des éléments explicatifs complémentaires utiles à la poursuite de l'étude.

o les relevés de discussions du séminaire seront ensuite intégrés afin de reformuler un bilan des connaissances disponibles, des acquis sur les interventions de gestion sur l'espèce donnée et des éventuels besoins de "comblement" des lacunes subsistant dans les connaissances pour améliorer encore les pratiques de gestion.

o la phase finale de l'étude sera la rédaction d'une analyse globale de la démarche engagée par le gestionnaire identifiant les éléments pouvant :

ƒ expliquer les réussites et/ou les échecs des interventions mises en place,

ƒ établir un bilan de l'évolution des relations entre les différentes parties prenantes de la gestion, des enjeux réels ou supposés et des représentations de l'invasion et de sa gestion,

ƒ être éventuellement transposables à d'autres sites.

ƒ identifier d'éventuelles pistes d’amélioration de la gestion de l'espèce

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2. Synthèse des données

Elle est issue d'une première lecture des données disponibles dans les documents fournis par le PNR et Agrocampus Ouest. Elle a pour objet de présenter les caractéristiques du site, de ses gestionnaires, de la colonisation par la jussie, des interventions de gestion mises en place pour réguler cette espèce, des enjeux de cette gestion et, enfin des difficultés rencontrées.

2.1. Le site

N. B. : les informations qui figurent dans ce paragraphe sont issues de différents documents, dont principalement Damien (2005) et d'un rapport collectif sur une sortie de terrain au PNR (Master 2, université Angers, 2011)

2.1.1. Historique

La formation des zones humides formant les marais briérons est la conséquence du comblement d'une zone d’effondrement comprise entre la faille du coteau de Guérande et celle du Sillon de Bretagne. Délimitée au nord par l’estuaire de la Vilaine et au sud par l’estuaire de la Loire, ces zones humides ont été originellement sous l'influence successive de l'Océan et la Loire. L'influence du fleuve a dominé durant les périodes récentes. Le Brivet est le principal cours d'eau alimentant les marais de Brière.

Les traces de présence humaine dans ce territoire remontent au Néolithique mais jusqu’à la fin du Moyen Age, il est resté très isolé. Jusqu’au 18ème siècle, les marais de Brière, de Besné et de Donges formaient un seul ensemble dénommé « marais de Donges » ou

"marais de Montoir". Tous les marais proches de la Loire, de Saint Nazaire à Donges, étaient recouverts par la mer ou submergés par le débordement des eaux de l’estuaire aux grandes marées. Les premiers atterrissements sont apparus au 18ème siècle dans le marais de Brière à la suite de travaux de drainage menés par les hollandais pour assécher les terres obtenir des terres cultivables.

Une des structurations encore actuelle de ce territoire date du 15ème siècle : en 1461 le Duc François II de Bretagne a fait des 7 000 hectares des marais de la Grande Brière Mottière, une propriété indivise des habitants de ses 21 communes riveraines, et depuis 1838, la

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Commission Syndicale de la Grande Brière Mottière gère le marais des indivis au nom de ses habitants.

2.1.2. La zone humide

Cet ensemble marécageux, de près de 19 000 ha, est constitué de la Grande Brière Mottière (7 000 ha) et ses marais périphériques (2 000 ha), des Marais de Donges (7 800 ha) et des Marais du Haut Brivet (2 000 ha). Il est inscrit en grande partie dans le périmètre du Parc Naturel Régional de Brière.

Figure 1 : Vue générale du site

(en rouge les limites du PNR, en jaune celles du bassin versant du Brivet, en noir celles du marais indivis)

Le réseau hydrographique est composé de plusieurs cours d’eau dont le principal, largement dominant, est le Brivet et de divers canaux principaux reliant de nombreux canaux secondaires (figure 2).

Figure 2 : formations végétales et réseau hydrographique

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D’un point de vue hydrologique, ces zones humides sont donc sous l'influence des niveaux d'eau de l’estuaire de la Loire et des débits du Brivet. Au total, 17 ouvrages hydrauliques (clapets, vannes et barrages) régulent les niveaux des eaux sur le site, situés en moyenne entre 0,5 m NGF, pour les compartiments les plus en aval, et 2 m NGF pour le marais du Haut-Brivet.

La particularité des marais est leur topographie très plate rendant difficile l'évacuation des eaux. Trois canaux (le canal de la Taillé, le canal de Martignée et le canal du Priory) ont été construits pour favoriser cette évacuation (figure 2). Ces exutoires de la zone humide sont munis d’un ouvrage de régulation hydraulique. Actuellement, le marais n’est donc plus soumis aux marées : la régulation des niveaux des eaux est contrôlée par ces ouvrages permettant l'évacuation des eaux excédantes en hiver.

Cette nécessité de gestion des niveaux d'eau à également conduit à la création de près de 250 km de canaux. D'une largeur variant de 4 à 25 m, ils se caractérisent par une profondeur d’eau libre à l’étiage ne dépassant pas 1 m.

Les canaux et cours d’eau traversent différentes zones de marais : - les marais du Haut Brivet,

- les marais de Donges,

- le marais indivis de la Grande Brière Mottière (7 000 ha de marais), - les marais privés qui ceinturent le marais indivis.

Enfin, de très nombreux plans d’eau, dénommés localement piardes ou copis et localisés essentiellement en Grande Brière Mottière, couvrent au total environ 300 ha. Ces petits plans d'eau, plus ou moins permanents, se caractérisent par des profondeurs d’eau rarement supérieures à 30 cm en période d’étiage et ils sont, pour la plupart, partiellement ou totalement à sec en fin d'été.

Figure 3 : schéma du réseau hydrographique de la partie Sud- ouest du PNR (SMAHBB, 2010)

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2.2. Les gestionnaires

Une des difficultés spécifique de gestion des milieux "naturels" de ce site est la complexité des structures qui sont chargées de cette gestion et la multiplicité des usages qui y sont toujours installés. Ce niveau d'analyse a pour but de préciser les rôles et les moyens d'actions des différentes structures existantes pour en évaluer l'efficacité et les limites dans le cadre de la gestion des EEE, et de la jussie en particulier.

Les principales activités exercées par les habitants du Parc sont : l’agriculture, l’élevage, la coupe de roseaux, la pêche, la chasse et diverses activités de loisir liées au tourisme, dont des promenades en bateaux ("chalands").

Cette large gamme d’usages induit des difficultés de gestion des eaux directement liées à des besoins quelquefois très différents pour les mêmes sites aux mêmes périodes. Par exemple, les agriculteurs des zones basses du marais souhaitent un niveau d’eau bas afin de pouvoir accéder à leurs terrains dans les meilleures conditions alors que les éleveurs des zones plus élevées souhaitent un haut niveau d’eau pour que leurs bêtes aient accès à l’eau.

Ces difficultés de gestion ne sont pas spécifiques à la Brière mais son histoire, les structures de gestion et ses usages en font un cas relativement complexe et donc une très bonne base pour une telle analyse.

2.2.1. Structures gestionnaires territoriales

Le Parc Naturel Régional de Brière (PNRB)

Le PNRB fait partie des 46 parcs naturels régionaux existant en France. Il s'agit d'un label attribué par le ministère chargé de l’écologie "à un territoire rural qui présente une identité forte, au patrimoine naturel et culturel riche, mais dont l’équilibre est fragile et menacé." (Cf.

http://www.parc-naturel-briere.fr). Il est un des premiers PNR à avoir été créé, en 1970, pour

"protéger et mettre en valeur les marais briérons et leur étonnante richesse écologique" dont les diversités faunistique et floristique considérables ont d'ailleurs justifié en 1995 l’inscription de la Brière comme site RAMSAR.

Il s'étend sur 48 000 ha et regroupe 18 communes signataires de sa Charte, ainsi que 3 autres communes associées. A ces partenaires locaux viennent s'ajouter le Département de Loire Atlantique et la Région des Pays de la Loire (figure 4).

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Depuis sa création, il organise ou soutient sur son territoire, des actions concernant le cadre de vie, les richesses dites "naturelles" et leur protection, la sensibilisation à l'environnement, la vie culturelle et le tourisme.

Figure 4 : organisation de la gestion du PNR de Brière

Le Syndicat Mixte du Parc naturel régional de Brière est géré par un Comité Syndical composé de 56 délégués : 15 représentants du Conseil Général de Loire-Atlantique et 15 représentants du Conseil Régional des Pays de la Loire, 20 représentants des communes, 6 représentants des syndicats de marais dont 3 représentants de la Commission Syndicale de Grande Brière Mottière et 3 représentants du Syndicat Mixte d'Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet.

Son rôle est, entre autres, de veiller au respect des engagements pris dans la Charte et de valider celle-ci aux différentes étapes de sa révision. Il est dirigé par un bureau appuyé par les présidents de neuf commissions thématiques, regroupées en 3 grands pôles, soit

"aménagement et gestion de l'espace", "promotion d'un développement économique durable" et "vie du territoire".

Son Conseil d’Administration est composé de 9 représentants élus des communes du Parc, de 7 représentants du Conseil Général de Loire Atlantique et du Conseil Régional des Pays de la Loire ainsi que de 2 représentants de la Commission Syndicale de Grande Brière Mottière et 2 représentants du Syndicat Mixte d'Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet. Des représentants de membres associés siègent également au Conseil d’Administration avec voix consultative.

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La Charte du PNRB est un document présentant ses objectifs. Il est révisable tous les 12 ans et constitue le fondement des actions à entreprendre. Il présente une valeur réglementaire et engage donc les parties prenantes.

Cette Charte est également garante du maintien du statut du PNR. Le renouvellement de classement du territoire en tant que PNR est directement lié à l'évaluation qui en est faite à la suite de la présentation d'une Charte actualisée, à la demande de la Région et après avis de la Commission des parcs naturels régionaux, entériné ensuite au niveau national.

Le projet de "Charte 2010" du PNRB comporte au total 19 axes portant sur les questions de paysage et d'environnement au sens large du terme, de préservation et de restauration de la richesse biologique et de gestion durable. Par exemple, l'axe 8 intitulé "MESURES SPÉCIFIQUES POUR LA FAUNE ET LA FLORE" inclut diverses actions dont la "Régulation des espèces introduites".

Les activités du personnel du PNR sur les questions portant spécifiquement sur les milieux aquatiques et leur gestion sont relativement diversifiées et comportent, par exemple, un suivi de la qualité chimique des eaux. D'autres sont réalisées en partenariat avec des organismes de recherche, comme par exemple certains aspects des colonisations actuelles par des végétaux et animaux exotiques.

Commission Syndicale de Grande Brière Mottière (CSGBM)

Cette commission est la structure gestionnaire des marais indivis qui sont la propriété des habitants de 21 communes, soit environ 170 000 personnes. Elle fut autorisée par ordonnance royale en 1838.

Elle est composée de 21 Syndics désignés par chacune des 21 communes liées au marais des indivis. En complément de son bureau, elle dispose de six commissions, soit "Travaux",

"Elevage", "Pêche", "Chasse", "Tourisme" et "Appel d’Offre".

Elle gère les usages de l’eau du marais indivis : usages professionnels tels que agriculture et tourisme, usages de loisirs comme pêche et chasse, et usages dits "accessoires" ou

"individuels". Dans ce dernier cas, il s'agit d'activités traditionnelles dans le contexte du marais briéron, telles que les coupes de roseau ou de bois. Rappelons que la régression des activités agricoles au cours du 20ème siècle a permis le développement de roselières en Grande Brière Mottière sur près de 80 % du site et que les roseaux sont exploités localement.

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Cette Commission gère également les niveaux d'eau selon un règlement défini pour quelques années en accord avec tous les usagers du marais.

Elle met aussi en œuvre le Contrat Territorial des Milieux Aquatiques (CTMA) qui est un outil contractuel et financier proposé par l’Agence de l’Eau Loire Bretagne pour contribuer au bon état écologique des eaux attendu en 2015 dans le contexte de la Directive Cadre Européenne sur l'Eau. Ce CTMA consiste en un programme de travaux à l’échelle du bassin versant Brivet-Brière établi sur une durée de cinq ans.

Enfin, elle a en charge la maintenance des passages à gué, les "gravières", des parcs de contentions du bétail et des rives érodées des canaux (protection par fascinage). Elle a également pour mission la "lutte" contre les espèces invasives végétales et animales, comme par exemple l'arrachage manuel de la jussie et du baccharis.

Syndicat Mixte d’Aménagement Hydraulique du Bassin du Brivet (SMAHBB)

Ce syndicat est gestionnaire des marais du Haut-Brivet et des marais de Donges. Il a été créé en 1991 de la fusion entre le syndicat du Haut-Brivet et le syndicat des Marais de Donges. Il est composé de deux représentants par commune, qui désignent un président et cinq membres du bureau qui se réunissent en fonction des besoins.

Vingt-quatre communes ainsi que la Commission Syndicale de Grande Brière Mottière y adhèrent et le PNRB en est membre associé.

Dans le cadre du SDAGE (Schéma Directeur d’Aménagement et de Gestion des Eaux) et à la demande de l’Agence de l’Eau Loire Bretagne, une seule collectivité territoriale est souhaitée pour assurer la responsabilité de la maîtrise d’ouvrage pour l’ensemble des marais de Brière. La CSGBM a donc délégué cette responsabilité au Syndicat Mixte qui doit donc évolué vers une nouvelle structure, c'est-à-dire le Syndicat de Bassin Versant de la Brière (SBVB).

Parmi les principales missions de ce syndicat figurent l'animation du Contrat Régional de Bassin Versant (CRBV), la gestion des niveaux d'eau (évacuation vers la Loire ou amenée des eaux depuis le fleuve) et des espèces exotiques envahissantes et, depuis fin 2010, l'exploitation des ouvrages hydrauliques confiée depuis 2007 à une filiale de Véolia.

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2.2.2. Activités liées aux zones humides

Pêche et chasse restent des activités très importantes en Brière : une analyse précise des relations existant entre ces activités traditionnelles et la gestion globale du site reste à réaliser.

Il en est de même pour les activités développées spécifiquement pour les loisirs et le tourisme, comme par exemple les promenades en chaland organisées à partir de plusieurs sites.

2.3. Quelques rappels sur les jussies

Les deux espèces communément appelées "jussies", souvent sans distinction, sont maintenant bien connues sur une très grande partie du territoire métropolitain, conséquences de leurs larges répartitions, de leurs rapidités d'extension et de l'importance et de la diversité des nuisances qu'elles causent dans de nombreux types de biotopes aquatiques ou humides (Figure 5).

Les noms scientifiques de ces deux espèces appartenant à la famille des Onagracées sont Ludwigia peploides (Kunth) Raven subsp. montevidensis (Spreng.) Raven ou jussie "à petites fleurs" et Ludwigia grandiflora (Michaux) Greuter & Burdet subsp. hexapetala (Hooker

& Arn.) Nesom & Kartesz ou jussie "à grandes fleurs", déclinés la plupart du temps en L.

peploides et L. grandiflora.

Ces plantes amphibies capables de s'installer en pleine eau ou sur les berges humides des milieux aquatiques, voire dans des prairies humides présentent une vaste gamme de formes, en lien avec la nature et le fonctionnement des biotopes concernés, ce qui peut rendre moins évidente la détermination de plantes en début de croissance.

Les tiges rigides et noueuses, souvent très ramifiées en pleine eau, présentent souvent des racines adventives et peuvent atteindre un diamètre de 7 à 10 mm sur des longueurs cumulées quelques fois très importantes. Dans des conditions d'herbiers denses en milieu peu profond elles peuvent s'élever hors de l'eau jusqu'à près d'un mètre. A l'inverse, dans des conditions moins favorables sur des prairies humides, elles peuvent développer des formes prostrées de petites dimensions fortement enracinées. Les feuilles sont alternes, oblongues, atténuées en pétiole, quelquefois vernissées.

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Figure 5 : les deux espèces de jussies (photos A. Dutartre, Irstea)

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Le critère de différentiation des deux espèces est la forme des stipules à la base des pétioles (Figure 5) bien visibles sur des plantes adultes.

Les racines et pétioles des fleurs peuvent être rougeâtres. Deux types de racines sont observables : les unes présentent classiquement un géotropisme positif et servent d’organes d’absorption des nutriments et de fixation, les autres ont un géotropisme négatif et sont entourées d’un tissu aérifère ou aérenchyme pouvant assurer la flottaison des tiges et contribuer à l'alimentation en oxygène de l'ensemble du réseau de tiges de la plante.

Les fleurs d’un jaune vif, pouvant atteindre 3 à 5 cm de diamètre sont en grande partie responsables de la grande dispersion de ces espèces jugées très esthétiques par de nombreuses personnes.

D'origine américaine, les deux espèces ont été largement diffusées dans une grande partie des zones tropicales, subtropicales et tempérées du globe. Elles sont présentes en Afrique, en Amérique du Nord (Etats du Sud et du Sud-ouest des Etats-Unis), en Australie et en Europe (Espagne, Italie, Belgique, Pays-Bas, Allemagne, Royaume-Uni). Elles font partie des plantes introduites volontairement disséminées en France pour leurs qualités ornementales dans les bassins ornementaux, les" jardins d'eau", etc.

Elles sont présentes en France depuis bientôt deux siècles. Leur extension progressive vers le Nord de la métropole depuis environ 4 décennies et leurs colonisations d'habitats très divers en font actuellement une espèce envahissante parmi les plus problématiques.

En France, accidentellement introduites vers 1820-1830 dans le Lez à Montpellier, puis rapidement considérées comme naturalisées dans le Gard et dans l'Hérault, elles sont très largement présentes dans les parties Sud (de la Durance et la Camargue à l'Aquitaine) et Ouest (des Landes jusqu'en Bretagne) du territoire. Leur propagation vers le Nord et l'Est de la France est continue, jusqu'à la frontière belge en Région Nord et en Lorraine et Alsace, malgré le climat du Nord-est de la France apparemment moins favorable à ces espèces subtropicales.

La reproduction végétative est incontestablement le moyen le plus efficace de dissémination de ces plantes. Les propagules peuvent être des fragments de tiges de quelques centimètres avec ou sans rosette de feuilles : elles sont susceptibles de reconstituer une plante viable dès lors que le fragment peut se déposer dans un habitat favorable. Ces

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propagules peuvent subsister durant des périodes relativement longues à la surface des eaux et résistent plusieurs jours à la dessiccation.

La production de biomasse peut être très importante : elle peut largement dépasser 2 kg de matières sèches par m² dans les biotopes favorables, occupant tout l'espace disponible.

Elles présentent également des possibilités de reproduction sexuée, variables selon les sites et les possibilités de flottaison des fruits facilitent la dispersion des graines.

Les jussies colonisent de préférence les milieux stagnants ou à faible courant comme des plans d'eau, zones humides, réseaux de fossés, cours d'eau à étiages sévères, des prairies humides, etc. Leur très vaste amplitude écologique leur permet de se développer également sur d'autres types de milieux comme, par exemple, des bancs de sédiments en bordure de cours d’eau à écoulements permanents. Elles s'installent aussi bien dans des milieux de dimensions restreintes que dans de vastes étendues d'eau peu profondes où la relative solidité et la densité de leurs tiges leur permettent de résister aux vents et à la houle.

Leurs réseaux denses de tiges peuvent s'implanter jusqu'à près de 3 m de profondeur dans des endroits très favorables et s'étaler jusqu’à près d'un mètre au dessus de la surface moyenne des eaux. Elles peuvent également se maintenir dans des zones humides asséchées en fin d’été tant que le niveau des nappes superficielles ne descend pas au delà de quelques décimètres.

Les nuisances les plus évidentes occasionnées par Ludwigia sont d'ordre physique telles que des gênes vis-à-vis des écoulements (irrigation, drainage) ou une accélération du comblement des milieux. Ce comblement peut être la conséquence d'une sédimentation accélérée par les herbiers denses qui réduisent la mobilité des eaux et favorisent ainsi le dépôt des matières en suspension. Il peut également correspondre à l'accumulation de litières au fond des milieux colonisés. Dans un des sites en eau de la Réserve Naturelle du Marais d'Orx (Landes), une couche de 7 à 10 cm de litières non décomposées était est présente dans des zones où les jussies étaient présentes en herbiers denses depuis environ 5 ans. De nombreux usagers rencontrent également des difficultés pour satisfaire leurs activités (limitation de déplacement en bateaux, de pratiques de pêche et de chasse, etc.).

La banalisation écologique de certains biotopes a été notée dans de nombreux cas. Elle est en grande partie liée à la densité, quelquefois très importante, des herbiers. En pleine eau, la couverture totale de la surface par des plantes entremêlées peut engendrer de forts impacts sur la qualité physico-chimique des eaux, en limitant les échanges d'oxygène avec

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l'atmosphère et la production d'oxygène photosynthétique, ce qui conduit à des baisses de pH parfois importantes.

Les impacts sur la biodiversité des habitats qu'elles colonisent commencent à être mieux évalués : les autres espèces de plantes, les communautés d'invertébrés et de poissons peuvent être fortement dégradées en présence d’herbiers denses. Toutefois si ces impacts sont indéniables à une échelle locale, nous n'avons aucune donnée précise indiquant que ces colonisations pourraient être la cause d'une disparition d'espèce végétale ou animale.

L'importance de leurs colonisations en métropole et les informations acquises sur ces nuisances ont cependant conduit à un arrêté interdisant leur vente, leur transport et leurs introductions en milieux aquatiques. Pris en mai 20071, cet arrêté est toujours le seul concernant des plantes aquatiques.

2.4. La colonisation de la Brière par la jussie

De part la multiplicité de ses milieux aquatiques, la Brière est un site extrêmement favorable à l'installation des plantes exotiques. Le tableau 1 en présente la liste qui comporte la plupart des types biologiques de plantes, dont des espèces immergées comme lagarosiphon ou égéria, et des espèces amphibies telles que l'hydrocotyle, le myriophylle du Brésil ou la jussie.

Observée pour la première fois en un seul point de la Grande Brière Mottière (le lieu-dit

"Bréca") en 1994 ou 1995 selon les documents, la jussie à grandes fleurs (Ludwigia grandiflora) rencontre, dans les zones humides de Brière, des conditions écologiques qui lui sont extrêmement favorables (faibles profondeurs des plans d'eau et des canaux, connexité très élevée entre les différents biotopes, humidité permanente des sols tourbeux et prairies humides de grande superficie). Elle est en revanche limitée par les roselières denses qui colonisent une part importante de la Grande Brière Mottière.

De 1995 à 1999, la plante s'est étendue à partir de ce point et a progressé rapidement le long des canaux principaux. En 1999 des sites parfois éloignés de plusieurs kilomètres de ceux préexistants ont également été colonisés.

En 2000 (Rapport PNRB, 2000), elle était présente sur plus de 100 ha et avait colonisé 7 km de canaux principaux et secondaires, soit un doublement des superficies en une année.

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Dans les Marais de Donges, la plante avait été signalée en 1999 où 6 km de canaux y étaient déjà colonisés. La même année, elle était également signalée dans un plan d'eau à proximité du Brivet, sur la commune de Besné.

Déjà à cette époque, le PNRB remarquait que l'augmentation du nombre de sites envahis accroissait considérablement les risques de colonisation des Marais du Brivet par la jussie et que l'arrivée de cette plante à l'interconnexion des quatre grands canaux en Grande Brière Mottière présageait des risques d'une extension future rapide.

Tableau 1 : liste des plantes exotiques introduites sur le territoire du PNRB et date de leur introduction ou de leur première identification (Haury, Damien, 2012)

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Des efforts importants de cartographie ont été réalisés depuis cette époque afin de préciser la progression de cette colonisation sur l'ensemble de sites pour :

- identifier les sites colonisés,

- déterminer la localisation des interventions de régulation à mettre en place, - évaluer l'efficacité des interventions.

A titre d'exemple, la figure 6 présente la carte établie en 2005. Elle montre bien l'ampleur de la colonisation des zones humides par la jussie en une décennie. Parallèlement à cette production de cartes, les données de répartition ont fait l'objet d'analyses successives par type de milieu : la figure 7 présente les superficies colonisées de 1995 et 2004, en ha pour les plans d'eau et en km de linéaire pour les canaux.

Figure 6 : répartition de la jussie sur le PNRB (été 2005)

(document réalisé à l'attention du Conseil Régional des Pays de la Loire par le PNRB, janvier 2006)

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0 10 20 30

1995 1996 1997 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004

surfaces colonisées (en dizaine d'ha) lnéaire canaux (km)

Figure 7 : évolution de la colonisation de la jussie en Grande Brière Mottière (Damien, actes des 4° rencontres du Pôle relais "Zones humides intérieures" Novembre 2004)

D'autres analyses utilisant ces données permettent de mieux évaluer la dynamique de cette colonisation. Par exemple, le tableau 2 présente les évolutions annuelles (progression ou régression) des superficies de plans d'eau ou des linéaires de canaux entre 1996 et 2004.

Tableau 2 : Evolution des plans d'eau, prairies (ha) et canaux (km) colonisés par la jussie en Grande Brière Mottière (Bilan CSGBM, 2005)

Ces résultats sont très variables d'une année à l'autre, ce qui peut être lié à la variabilité climatique interannuelle, à celle des efforts de repérage des sites colonisés et à l'efficacité des travaux engagés pour réguler l'espèce.

Ces analyses des données peuvent permettre de mieux comprendre les modalités de colonisation de l'espèce en fonction des types de biotopes et des densités des herbiers.

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Tableau 3 : Superficies et linéaires par densité d'herbiers en 2010 et 2011 (Assemblée Générale de la CSGBM, septembre 2011)

Type de milieu Densité forte Densité moyenne Densité faible Total

2010 2011 2010 2011 2010 2011 2010 2011 Plats (ha) 59,9 72,3 32,9 43,6 69,5 118,3 162,3 234,2 Piardes (ha) 9,7 17,6 8,7 14,9 39,4 37,0 57,6 69,5

Canaux (km) 6,2 5,7 2,6 2,9 20,8 19,8 29,5 28,4

Le tableau 3 présente les données de superficies et de linéaires des milieux colonisés en 2010 et 2011 par gamme de densité : les évolutions d'une année à l'autre sont très variables selon ce paramètre et il est probable qu'une analyse précise nécessiterait de travailler à l'échelle d'entités géographiques plus précise, en intégrant les autres paramètres pouvant influencer le développement des herbiers, dont la qualité des interventions de gestion.

La dernière carte de répartition disponible est celle de 2011 (figure 8).

Figure 8 : carte de répartition de la jussie en Brière en 2011

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Elle présente les informations recueillies en précisant les sites explorés dans lesquels aucune jussie n'a été observée et la structure globale des herbiers selon la même gamme à trois niveaux (herbiers dispersés, herbiers discontinus et herbiers continus) utilisée depuis les premières cartographies.

Enfin, l'ensemble des données recueillies depuis le début de la colonisation permet de présenter l'évolution des superficies de plans d'eau et de linéaires de canaux de 1999 à 2011 (figure 9). Trois phases de colonisation semblent se succéder, de 1999 à 2001, de 2002 à 2006 et de 2008 à actuellement, entrecoupées de courtes phases de régression (de 2001 à 2002 et de 2006 à 2008) ; la durée de la phase de récession semblant correspondre à environ la moitié de la durée de la phase de colonisation (Druel et al., 2011).

Plusieurs hypothèses pouvant expliquer ces cycles apparents ont été testées par ces auteurs, comme un effet climatique, une gestion différentielle ou une relation interannuelle, mais aucun modèle n’a mis en évidence l’effet statistique d’une de ces variables.

1999 2011 1999 2011

Figure 9 : Evolution des superficies colonisées par la jussie dans le PNRB de 1999 à 2011 (Druel et al., 2011)

Selon les auteurs, les chiffres avancés dans leur rapport de 2011 étaient provisoires et susceptibles d'être revus à la hausse à la suite de la campagne de vérification de la fin de l'année.

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2.5. La gestion de la jussie

2.5.1. Interventions de régulation

Dès le début de l'installation de la jussie, le Parc Naturel Régional de Brière et la Commission Syndicale de Grande Brière Mottière ont mis en place des interventions de régulation. Ces interventions ont consisté en des campagnes annuelles d'arrachage manuel assurées par des bénévoles, auxquelles les usagers du marais étaient conviés. Durant la même période, des applications ponctuelles d'herbicides ont été réalisées.

Des interventions mécanisées étaient peu envisageables, aussi bien dans les milieux aquatiques, à cause des très faibles profondeurs d'eau en période estivale, que sur les sites terrestres aux sols généralement tourbeux et instables : par leurs dimensions, tirant d'eau ou masse, bateaux moissonneurs, godets embarqués sur ponton ou pelles hydrauliques sont très peu adaptés à des interventions dans ces types de milieux.

En 1999, la forte dynamique de colonisation de la jussie a amené le PNRB à compléter les interventions des bénévoles en Grande Brière et dans les Marais de Donges par une équipe de 3 personnes durant le mois de juillet. Cette année là, du 15 mai au 15 septembre, 124 journées de travail ont été exclusivement consacrées à l'arrachage de la jussie, permettant d'évacuer environ 10 tonnes de jussie des sites colonisés. A cette époque, déjà, il était devenu évident que ces interventions avaient exclusivement pour but de réguler cette colonisation et non de la faire disparaître : leur objectif était de limiter l'expansion géographique de l'espèce et de réduire l'importance de la colonisation dans le secteur où la plante était présente.

Ainsi, en 2001, a-t-il été nécessaire d'accroître très fortement les efforts d'intervention : durant la période où ils ont été mis en œuvre, entre le 15 mai et le 15 septembre, le temps de travail cumulé a été de 29 mois – agent pour un coût global de 71 600 €. La biomasse végétale fraîche récoltée a été estimée à 71 tonnes auxquelles il fallait ajouter une quinzaine de tonnes extraites par les interventions de bénévoles. Cette année-là, 2 à 4 interventions successives ont été réalisées sur la totalité des sites où la jussie était répertoriée, soit 175 ha de plans d’eau et de prairies et 28,5 km de linéaires de canaux. Au printemps 2001, les niveaux d'eau étaient plus élevés qu'en année "moyenne" : il se peut que ce paramètre ait joué un rôle de réduction de la production de la plante. Comme cette situation a également facilité l'accessibilité aux sites des travaux, la pression de régulation exercée sur la jussie a probablement été plus importante que les années précédentes, ce qui pourrait expliquer la

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diminution de colonisation observée en 2002, aussi bien sur les prairies et plans d'eau que sur les canaux (figure 8).

Malgré ces efforts réguliers, la colonisation a continué de progresser au fil des années, en particulier sur les prairies et plans d'eau, puisque le bilan 2011 pour le SCGBM est de plus de 230 ha de prairies et près de 70 ha pour les plans d'eau (tableau 3). Il semble en revanche que ces travaux permettent de réguler la colonisation de la jussie dans les canaux puisque la longueur cumulée est restée du même ordre, soit 28,5 km en 2001 et 28,4 km en 2011.

Les interventions de 2011 dans la Grande Brière Mottière ont été aidées financièrement par le Conseil Général de Loire Atlantique et l'Agence de l'Eau Loire-Bretagne. Le CSGBM en a assuré la maitrise d'œuvre et la maitrise d'ouvrage. Le coût total de ce programme était de 56 500 €. Les travaux réalisés par 2 à 9 agents saisonniers ont débuté le 6 juin et le temps de travail cumulé a été de 29 mois – agent. Ils ont permis d'extraire 77, 6 tonnes de jussie.

Aucune intervention n'a été réalisée sur les prairies et les sites hors d'eau.

En complément de ces travaux, ceux engagés la même année dans le Marais du Brivet sous la maitrise du SMAHBB ont concerné respectivement 6,1 ha de prairies, 0,2 ha de plans d'eau et 62,2 km de canaux colonisés par la jussie.

Pour un temps cumulé de 138 jour – hommes, incluant, pour environ un quart de ce temps des travaux d'arrachage du myriophylle du Brésil également présent dans le marais, leur coût estimé a été légèrement inférieur à 20 000 €. Ils ont permis d'extraire 9,3 tonnes de jussie.

Dès le début des interventions, l'arrachage manuel a été privilégié comme technique régulière. C'est également le cas dans divers autres sites en métropole dans lesquels les conditions d'accès empêchent de recourir à du matériel lourd. Cette technique permet l'enlèvement de la totalité des plants (feuilles, tiges, racines) et un nettoyage rigoureux des secteurs colonisés. Elle nécessite des moyens et matériels courants tels que embarcations légères, sacs, cuissardes ou pantalon de pêche, etc. Elle produit peu de débris végétaux, en particulier des fragments de tiges constituants autant de boutures potentielles. En revanche, elle est très fatigante pour le personnel et cette contrainte de pénibilité doit absolument être intégrée dans sa programmation.

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La récolte manuelle n’est pleinement efficace qu’en présence d’herbiers en eau et peu étendus. Ainsi, la période d'intervention optimale se situe de la fin du printemps au début de l'été, c'est-à-dire durant la première phase de développement de l'espèce, avec des herbiers généralement émergés (plus faciles à repérer qu'à l'état de rosettes en surface) et des biomasses encore relativement faibles, ce qui réduit d'autant les tonnages à évacuer. De plus, les niveaux encore relativement élevés des eaux facilitent les accès des embarcations jusqu’aux sites à entretenir. Enfin, cet arrachage assez précoce réduit fortement les possibilités de fructification de la plante. Sur les sites fortement colonisés, plusieurs interventions (2-4 selon les densités) sont préconisées durant la période végétative. Par ailleurs, cette récolte est particulièrement adaptée aux sites pionniers de colonisation, présentant des densités de plantes généralement faibles. La récolte des herbiers émergents réduit également le potentiel de production de bouture de chaque pied et les tonnages ultérieurs à extraire.

Dans les premières années des interventions, des applications ponctuelles d'herbicides ont donc eu lieu. Le produit employé était à base de glyphosate, une molécule très largement utilisée à cette époque en agriculture. L'intérêt de son application résidait dans le fait que l'exondation des herbiers dans le courant de l'été rendait les interventions plus difficiles, voire même inefficaces. Le recours à cette technique permettait donc d'accroître la pression de régulation sur les herbiers de jussie et d'améliorer l'efficacité globale des interventions. Un ensemble de réflexions portant sur les risques environnementaux d'un recours régulier à ce produit non sélectif, les nécessités d'une grande rigueur dans la mise en œuvre, les résultats moins probants que ne le laissaient espérer les informations commerciales disponibles et des controverses sur son utilisation ont amené à ne plus utiliser ni recommander ce mode d'intervention en Brière depuis 2002.

Des expérimentations ont toutefois été mises en œuvre à partir de 2004 pour évaluer l'efficacité sur le développement de jussies en prairie, de traitements par herbicides , seuls ou combiné avec un arrachage, car les arrachages manuels y présentent des contraintes complémentaires liées à la forme prostrée que prennent souvent les jussies dans ces conditions écologiques.

Cinq spécialités commerciales ont été testées dont celle contenant du glyphosate. Deux des autres spécialités se sont montrées relativement efficaces, seules ou combinées avec l'arrachage manuel.

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Les tests d'interventions combinées comportant un arrachage partiel avant exondation de la prairie puis des applications d'herbicides post-exondations, ont donné de meilleurs résultats que tous les autres tests. Toutefois, dans tous les tests, cette efficacité s'est révélée peu durable et une seule application annuelle n'était pas suffisante.

La diversité floristique indigène des zones tests montrait une régression notable (Figure 10), malgré une certaine réapparition des graminées après deux traitements.

Figure 10 : évolution de la diversité floristique indigène sur le site de test d'applications d'herbicides (2007)

Ces tests n'ont pas été suivis d'applications régulières pour diverses raisons. Les unes avaient directement trait à la réglementation en vigueur sur l'utilisation des herbicides en milieux aquatiques, les autres aux résultats mitigés de ces traitements et aux incertitudes sur les impacts d'applications régulières sur les communautés végétales concernées.

Les travaux récents ont donc seulement comporté des arrachages manuels organisés en chantiers présentant une cohérence territoriale facilitant les actions. Ces interventions se déroulent sur les secteurs colonisés identifiés par les inventaires et sur les zones périphériques de ces secteurs afin de pouvoir également intervenir sur des herbiers éventuellement apparus après les prospections d'inventaire.

Les arrachages sont réalisés principalement sur les milieux en eau (canaux, plans d’eau) et secondairement sur les prairies inondées adjacentes. À cause des difficultés pratiques d'arrachage des formes prostrées de jussie dans ces biotopes et de leur faible efficacité, les prairies n’ont pas été systématiquement ciblées par des interventions.

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La stratégie mise en œuvre privilégie les fronts de colonisation identifiés, c'est à dire des sites présentant des surfaces et/ou des linéaires à faible densité de Jussie dont l'arrachage manuel peut être rapidement mis en œuvre avec une assez grande efficacité.

La figure 11 présente, à titre d'exemple, la localisation de quelques uns des 10 chantiers réalisés en 2011. Ces interventions comportent évidemment l'arrachage lui-même, puis le transport des plantes extraites en dehors du secteur traité. Deux des chantiers réalisés sur des zones d'herbiers continus dans un ensemble de plans d'eau n'ayant pas fait l'objet d'interventions en 2010 ont représenté près de la moitié des efforts globaux et environ 70 % des quantités de jussie arrachées. Les autres interventions étaient des chantiers de contrôle sur des sites ayant déjà eu des récoltes en 2010 ou sur des nouvelles colonisations peu importantes. Des fiches récapitulant les caractéristiques de chantiers sont renseignées à chaque fois afin d'alimenter la base d'information sur ces interventions de gestion.

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Afin de tenter de réduire la propagation des propagules de jussies (en fait dans presque tous les cas des fragments de tiges), un test mis en place en 2010 à l'occasion d'un stage (F.

Moyon, 2010) a porté sur l'évaluation de l'efficacité d'un barrage filtre.

La photo de la figure 12 présente cette installation. Un grillage à mailles de 5 mm dépassant d'une dizaine de cm au dessus du niveau de l'eau et n'atteignant pas le fond pour laisser un passage à la faune aquatique est fixé sur des piquets.

Les deux parties de ce barrage sont positionnées en quinconce pour permettre le passage des bateaux. Un suivi de deux semaines a été mis en place mesurer l’efficacité de ce dispositif.

Figure 12 : barrage filtre aval du pont de Québire (photo F. Moyon)

Les premiers résultats du test de ce barrage filtre expérimental ont été jugés assez positifs mais une surveillance régulière doit être mise en place pour éviter l'encombrement de la totalité du linéaire de grillage qui pourrait être suivi par des départs massifs des boutures accumulées.

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2.5.2. Acquisitions de données sur la biologie et l'écologie de la jussie

L'intérêt d'acquis scientifiques sur la biologie et l'écologie des jussies dans les différents sites où elle est installée est indéniable, tant elles peuvent s'adapter aux conditions de milieux aquatiques et présenter des modes de colonisation et de développements partiellement inhérents aux biotopes favorables et à leur connexité.

Depuis 2007, des investigations ont été menées à l'occasion de différents stages universitaires. Ces stages ont porté sur plusieurs thématiques comme la localisation et la dynamique de l'espèce, la forme terrestre des jussies (stage de N. Florian en 2010), la production de biomasse dans différents biotopes, les tests d'herbicides déjà indiqués et les impacts de la consommation de la plante par l'écrevisse signal (Procambarus clarkii) récemment introduite en Brière (stages de T. Le Grill en 2007, A. Ginon en 2009, A. Druel en 2011). Elles ont permis d'accumuler de nombreuses informations sur les caractéristiques de la colonisation du territoire du PNRB par les jussies.

C'est en particulier le cas pour les évaluations de la production de biomasse. Ce paramètre biologique et écologique est important car il s’agit d’une des caractéristiques majeures de la capacité de compétition des jussies vis-à-vis des autres espèces végétales mais aussi d’un critère de base de l'évaluation des aspects pratiques des interventions : cette biomasse à arracher est ensuite à transporter hors du site colonisé…

Les biomasses mesurées en fin d'été sont généralement très élevées, dépassant 2 kg de matières sèches/m², apparemment plus importantes en milieux terrestres, où elles sont supérieures à 4 kg. La persistance des tiges de l'année précédente sur les sites terrestres explique sans doute, au moins partiellement, ces valeurs très élevées.

Des extrapolations de Druel et al. (2007) utilisant ces valeurs, les teneurs en eau des plantes et les données disponibles de superficies de sites colonisés (en eau ou non) permettaient d'estimer que les biomasses présentes sur les marais du Parc Naturel Régional de Brière dépassaient 4 200 tonnes de matières sèches, soit 26 000 tonnes de jussie fraîche.

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2.6. Les acteurs et leurs représentations

Depuis le début des interventions, la gestion des jussies a concerné le PNRB, ses partenaires institutionnels et les groupes d'usagers comme agriculteurs, pêcheurs et chasseurs, tous concernés à des degrés divers par la colonisation et les impacts des proliférations des jussies dans les différents types de milieu du territoire.

La coordination des interventions a été assurée par le PNRB mais les représentations et les besoins exprimés de leurs partenaires sont probablement suffisamment diverses pour nécessiter une analyse permettant de mieux comprendre les jeux d'acteurs qui sont en présence et de proposer des modalités de communication et de transfert d'informations pouvant faciliter la poursuite de la gestion dans des conditions optimales.

En octobre 2011, dans le cadre d'une sortie de terrain ayant pour objectif de découvrir un territoire et sa gestion, en l'occurrence celui du PNRB, des étudiants du Master II éco- ingénierie des zones humides de l'Université d'Angers ont rencontrés différents acteurs locaux sur cinq thématiques, dont une était spécifiquement consacrée aux espèces exotiques envahissantes.

Parmi les personnes rencontrées sur cette thématique figuraient un chargé de mission du PNRB, un élu de l’association des pêcheurs de Grande Brière, deux personnes proposant des promenades en barque et ayant une activité de coupe des roseaux.

Ces entretiens ont permis d'identifier un certain nombre de besoins jugés non satisfaits, de difficultés de gestion, de relations entre usagers non résolues ou encore d'évolutions environnementales jugées très problématiques, comme :

- les limites de coordination entre population, acteurs locaux, acteurs institutionnels (dont les financeurs des interventions) et les chercheurs,

- les besoins permanents de ressources financières permettant de soutenir les interventions,

- les difficultés de communication sur les interventions elles-mêmes, - le positionnement des chercheurs dans le contexte local,

- les contraintes de mise en place d'une gestion à long terme de cette espèce alors que les prévisions de développement du PNRB ne prennent pas nécessairement en compte l'importance du maintien de cette gestion,

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- les risques d'interventions "coup de poing" médiatiquement efficaces mais venant troubler les informations sur les caractéristiques de la gestion des jussies,

- l'importance des efforts de prévention des invasions biologiques, dont de l'information et de la sensibilisation, permettant d'améliorer les connaissances et les réflexions de la population, particulièrement vis-à-vis du jeune public,

- les intérêts de préservation de la flore locale,

- les impacts croissants des populations de jussie et d'écrevisse de Louisiane sur les populations indigènes de flore et de faune, dont la régression de certaines populations de plantes aquatiques, comme les nénuphars, en compétition avec la jussie et consommées par les écrevisses ou servant de sites de reproduction à certaines espèces de poissons comme le brochet,

- plus généralement, l'arrivée régulière d'espèces exotiques comme le baccharis, le myriophylle du Brésil, la renouée du Japon, le poisson-chat, la perche soleil, l'ibis sacré, etc., venant encore complexifier les fonctionnements écologiques des différents types de sites dans le marais et les interventions de gestion,

- la gestion des niveaux d'eau,

- les besoins d'entretien des canaux permettant la navigation en barque, - la qualité paysagère du marais et ses capacités d'accueil touristique.

Le nombre élevé de ces éléments de réflexion est un bon indicateur de la complexité de la gestion mise en œuvre et des liens existants entre l'évolution du site et les besoins humains qui y sont développés. Poursuivre une analyse ethnosociologique devrait permettre d'identifier des points de convergence et/ou de blocages apparents.

2.7. La communication

Depuis le début de la colonisation par la jussie, des efforts importants de communication ont été mis en place. Ils ont comportés :

- des bilans annuels présentés aux instances décisionnaires du PNRB et aux partenaires de la gestion lors de réunions officielles,

- des rapports de bilan des caractéristiques des travaux adressés, entre autres, aux partenaires financiers du PNRB, tels que le Conseil Général de Loire Atlantique, la Région des Pays de la Loire ou l'Agence de l'Eau Loire Bretagne,

- des notes de synthèse diverses,

(34)

- des articles dans des revues locales, comme "Les Cahiers du Pays de Guérande"

(2007) ou régionales comme "Aestuaria" en 2004,

- des interventions dans des manifestations scientifiques comme par exemple en 2006 lors du colloque de restitution du programme INVABIO, programme consacré aux invasions biologiques et financé par le Ministère chargé de l'écologie,

- des interventions ponctuelles auprès d'autres gestionnaires également confrontés à une colonisation par les jussies, comme en 2006 auprès du Pays de Grande Sologne, - des interventions dans des groupes de travail consacrés aux espèces exotiques

envahissantes, comme celui qui fonctionne depuis 2000 dans la région des Pays de la Loire, ou le groupe IBMA.

De même, diverses communications, associant le chargé de mission environnement du PNRB et certains de ses partenaires scientifiques, ont fait l'objet de présentations dans des colloques et de publications, dont la dernière en date figure dans un numéro spécial de la revue "Sciences, Eaux, Territoires" de l'Irstea édité début 2012 2.

Parallèlement, le Parc Naturel Régional de Brière informe régulièrement la population locale, en particulier par l'édition d'une revue spécifique. Les figures 13 et 14 présentent à titre d'exemple, pour la première la couverture d'un numéro spécialement consacré aux espèces exotiques envahissantes sur le territoire du PNRB, pour la seconde des extraits de deux des numéros, en 2002 et 2009.

Figure 13 : numéro spécial de la revue du parc consacré aux espèces exotiques envahissantes

(2007)

2 http://www.set-revue.fr/les-invasions-biologiques-dans-le-parc-naturel-regional-de-briere-presentation-dune-recherche-action

(35)

Figure 14 : extraits du "Journal du Parc Naturel Régional de Brière"

(à gauche, N° 4, printemps 2002, page 7, à droite, N° 18, été 2009, page 7)

Les médias locaux font également état, de manière régulière, des travaux engagés contre les espèces exotiques envahissantes, comme le montre les deux extraits ci-après.

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(39)

3. Synthèse et perspectives

Rappelons que le PNRB, à l'occasion de la révision de sa charte (Axe 8, page 74), affiche de manière explicite l'importance de la gestion des jussies. Le texte est le suivant :

"

Apparue pour la première fois en Brière sur le secteur de Bréca, elle est combattue depuis par le Parc et ses partenaires, mais constitue une réelle menace sur l’équilibre biologique des marais. Dans d’autres marais où elle est implantée, son développement est tel qu’elle provoque une asphyxie de la vie aquatique, et interdit pratiquement le passage des embarcations.

En Brière, dès son apparition, le Parc a engagé, avec le concours de la Commission syndicale de Grande Brière Mottière, des opérations expérimentales : chantiers d’arrachages manuels (avec recrutement de personnel saisonnier en 1999), traitement chimique...

L’arrachage manuel semble la solution la plus satisfaisante. En 1999, la plante a été arrachée dans tous les secteurs où elle était localisée, mais on a pu constater nettement cette même année qu’elle gagnait du terrain.

Vu sa grande faculté à s’implanter et à se développer, la menace est bien réelle, et le Parc sera vigilant face à son extension. En liaison avec les acteurs locaux, il continuera de mettre en place les moyens de lutte contre cette plante.

"

Depuis son introduction en 1994 et malgré les efforts permanents de régulation des jussies, leur colonisation du territoire du Parc Naturel Régional de la Brière est donc restée en constante progression. Elle a même apparemment montré une accélération depuis 2008.

Cette évolution comporte toutefois d'importantes disparités spatiales : en effet, la situation de certains milieux fortement colonisés évolue peu alors que la colonisation progresse très vite dans des milieux nouvellement colonisés, en particulier vers le Sud et l’Est du territoire.

Pour le moment l'intégration des données des variabilités climatiques (pluviométrie ou températures estivales) ou de la régulation annuelle des niveaux des eaux, ne permet pas d'identifier des incidences sur la dynamique de colonisation à l'échelle du site.

D'autres difficultés proviennent, à une échelle locale, des différents modes de colonisation et d’intervention en lien direct avec le type de biotope (canal, plan d'eau, prairie) et, par exemple, les arrachages de jussies terrestres sous forme prostrée et l’évacuation des déchets correspondants sont plus difficiles à mettre en œuvre en raison de la taille réduite des plantes et des accès peu aisés aux sites.

La colonisation assez récente de prairies est un enjeu supplémentaire de cette gestion, ajoutant des nuisances concernant plus spécifiquement le monde agricole et qu'il va être nécessaire de réduire.

(40)

Les impacts de cette colonisation sur la biodiversité sont insuffisamment connus pour établir un bilan précis de la situation, d'autant que l'arrivée de l'écrevisse de Louisiane est venue modifier cette évolution.

Toutefois, il a déjà été admis que les travaux réguliers d'arrachages présentent des effets positifs sur la diversité floristique indigène, modifiant à cette échelle du territoire les processus de compétition interspécifique au détriment des jussies.

D’autres solutions techniques sont éventuellement à envisager, comme la fauche ou le pâturage, qui pourraient s'intégrer à long terme dans la démarche de gestion. Toutefois, leur mise en œuvre nécessitera des suivis assez précis pour que leur efficacité et leur niveau d'innocuité vis-à-vis des communautés végétales dans leur ensemble soient correctement évalués.

De nombreuses questions restent évidemment posées, comme par exemple :

- quelles sont les modalités d'extension de la colonisation dans de nouveaux sites ? - quels sont les facteurs écologiques qui pourraient évoluer sur le territoire et améliorer

la situation en réduisant "naturellement" la dynamique de colonisation ? - quelles sont les possibilités de limitation de cette extension ?

- quelles sont les possibilités de hiérarchisation des zones dans lesquelles intervenir ? - quels sont les éléments de stratégie de gestion qui pourraient permettre d'intervenir sur

les sites nouvellement colonisés avec des chances de succès ?

- quels sont les effets d'interventions répétées et à long terme sur les dynamiques de colonisation végétale ?

Cette situation pourrait être actuellement considérée comme un relatif échec mais les grandes multiplicité et complexité des milieux aquatiques de ce territoire(plans d'eau, canaux et prairies humides), sont une contrainte extrêmement importante des interventions de gestion et, de toute manière, rendent irréaliste tout objectif de réduction rapide de ces colonisations.

La diversité des usages de ces zones humides n'est pas spécifique de ce site mais ajoute à la complexité de cette gestion, à la fois dans les représentations des divers usagers et intervenants mais aussi pour les objectifs affichés et les mises en œuvre pratiques des interventions. D'autres intervenants externes au site, déjà bien identifiés par le PNRB, comme les collectivités territoriales englobant le territoire (département et région), l'Agence

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de l'Eau et le Ministère Chargé de l'Ecologie, ont également des rôles importants dans cette gestion, en particulier sur les aspects réglementaires et économiques de la démarche engagée.

Les efforts continus de coordination, les améliorations des modalités pratiques des interventions, les recherches menées en parallèle pour préciser les conditions de développement des jussies dans le contexte briéron, constituent en fait les seuls garants d'une optimisation à moyen ou à long terme de cette gestion.

L'évolution de la représentation de la gestion des jussies, fréquemment observée sur des sites où ces plantes créent des nuisances jugées inacceptables par les populations locales, passe généralement par des phases successives :

- dans un premier temps, en fonction des informations accessibles au grand public, sont exprimés des espoirs d'éradication ou au moins de régulation rapide de ces nuisances, - dans un deuxième temps, les informations qui arrivent au fil du temps réduisent

progressivement ces espoirs et modifient fortement les représentations des populations concernées, pour en arriver à un constat d'échec qui peut faire douter du bien-fondé de la démarche de gestion engagée,

- une troisième phase, qui devrait en fait être acceptée comme la "dernière", est la nécessité de poursuivre les interventions de gestion au moins tant que les objectifs d'utilisation du territoire concerné ne sont pas modifiés et que la colonisation n'est pas régulée à un niveau de nuisances jugé acceptable par les usagers. Ce qui se traduit très directement par "vivre avec" sans, la plupart du temps, être capable de prévoir la durée de cette coexistence conflictuelle. Cette méconnaissance de la durée prévisible de la gestion est d'ailleurs une des difficultés majeures de sa perpétuation, aussi bien dans les aspects organisationnels que dans les financements indispensables.

Rappelons enfin que les jussies ne sont pas les seules espèces exotiques envahissantes sur le territoire du PNRB. Dans l'article dont est tiré le tableau 1 figure également une liste des espèces animales. Les relations qui se mettent en place entre les jussies et certaines de ces espèces, dont en particulier l'écrevisse de Louisiane, viennent encore modifier les évolutions de la colonisation par ces plantes et le PNRB présente très clairement ses objectifs d'une régulation de ces "phénomènes invasifs".

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