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nous n’avons pas d’idée du moi (idea of the self) de la manière qu’on en dit

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Academic year: 2022

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Texte intégral

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L1- S2 – CM Métaphysique – L’identité personnelle V. Boyer

TEXTES IDENTITE # 4

1) Que si le même Socrate veillant et dormant ne participe pas à une seule et même conscience, Socrate veillant et Socrate dormant n’est pas la même personne. Et il n’y aurait pas plus de justice à punir Socrate veillant pour ce qu’aurait pensé Socrate dormant, et dont Socrate veillant n’a jamais eu conscience, qu’à punir un jumeau pour ce qu’aurait fait son frère et dont il n’a rien su […].

John Locke, Essai sur l’entendement humain, (1694), II, 27, « Identité et différence », §19 2) Comment alors, cherchant sa pensée, sa personnalité comme on cherche un objet perdu, finit-on par retrouver son propre « moi » plutôt que tout autre ? Pourquoi, quand on se remet à penser, n’est-ce pas alors une autre personnalité que l’antérieure qui s’incarne en nous ? On ne voit pas ce qui dicte le choix et pourquoi, entre les millions d’être humains qu’on pourrait être, c’est sur celui qu’on était la veille qu’on remet juste la main.

Marcel Proust, A la recherche du temps perdu, Le côté de Guermantes, 3) […] nous n’avons pas d’idée du moi (idea of the self) de la manière qu’on en dit. Car de quelle impression cette idée pourrait-elle être dérivée ? Pour ma part, quand je pénètre au plus intime de ce que j’appelle moi (myself), je tombe toujours sur telle ou telle perception particulière, de chaud ou de froid, de lumière ou d’ombre, d’amour ou de haine, de douleur ou de plaisir. A aucun moment je ne puis me saisir moi (myself) sans saisir une perception, ni ne puis observer autre chose que ladite perception.

David Hume, Traité de la nature humaine, (1739), Livre 1, Partie IV, Section 6 « De l’identité personnelle », §2.

4) Nous avons l’idée distincte d’un objet qui demeure invariable et ininterrompu à travers une variation supposée de temps ; et cette idée est ce que nous appelons identité ou le même (identity or sameness). Nous avons aussi l’idée distincte de plusieurs objets différents existant successivement et liés ensemble par une relation étroite ; et cette idée apporte quand on l’examine avec précision une notion de diversité aussi parfaite que s’il n’y avait aucune espèce de relation entre les objets. Mais bien que ces deux idées d’identité et de succession d’objets reliés soient en elles-mêmes parfaitement distinctes, et même contraires, il est toutefois certain que dans notre manière ordinaire de penser elles sont généralement confondues. L’action de l’imagination par laquelle nous considérons l’objet qui est invariable et ininterrompu, et l’action par laquelle nous réfléchissons à une succession d’objets reliés sont senties presque de même manière et il ne faut pas beaucoup plus d’effort de pensée pour la seconde que pour la première. La relation facilite la transition de l’esprit d’un objet à l’autre et rend son passage aussi aisé que s’il contemplait un objet continu. Cette ressemblance est la cause de la confusion et de l’erreur, et nous fait substituer la notion d’identité à celle des objets reliés. Quoique à tel ou tel moment nous puissions considérer la succession liée comme variable et interrompue, au moment suivant nous ne manquons pas de lui attribuer une parfaite identité et de la considérer comme invariable et ininterrompue. Nous sommes si portés à commettre cette erreur, sous l’influence que nous avons dite de la ressemblance, que nous tombons dedans avant d’en être conscients ; et quoique nous ne cessions de nous corriger par la réflexion, et que nous revenions à une méthode de pensée plus stricte, cependant nous ne pouvons longtemps soutenir notre philosophie ni nous débarrasser de cette tendance de l’imagination. Notre dernière ressource est de nous y abandonner et d’affirmer hardiment que ces différents objets reliés sont en fait la même chose malgré leur interruption et leur variation.

Afin de justifier à nos yeux cette absurdité, nous feignons (we feign) souvent quelque principe nouveau et inintelligible qui lie les objets entre eux et en prévient l’interruption et la variation. Ainsi nous feignons l’existence continue des perceptions de nos sens pour supprimer l’interruption ; et nous donnons dans les notions d’âme (soul) de moi (self) et de substance (substance), pour masquer la variation.

David Hume, Traité de la nature humaine, (1739), Livre 1, Partie IV, Section 6 « De l’identité personnelle », §6.

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