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La téléportation débarque en ville
DELBECQ, Denis GISIN, Nicolas (Collab.)
Abstract
Cryptographie. Deux expériences confirment l'intérêt grandissant de la téléportation quantique pour échanger des informations à distance en toute sécurité
DELBECQ, Denis, GISIN, Nicolas (Collab.). La téléportation débarque en ville. Le Temps , 2016, vol. 20.09.16, p. 10-11
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http://archive-ouverte.unige.ch/unige:87758
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Date: 20.09.2016
Le Temps / Sortir 1002 Lausanne 021 331 78 00 www.letemps.ch
Genre de média: Médias imprimés Type de média: Presse journ./hebd.
Tirage: 36'802 Parution: 6x/semaine
N° de thème: 377.116 N° d'abonnement: 1094772 Page: 10
Surface: 50'446 mm²
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La téléportation débarque en ville
Les réseaux de communication quantique peuvent emprunter des fibres optiques commerciales.(SCIENCE PHOTO LIBRARY)
DENIS DELBECQ
CRYPTOGRAPHIE Deux expé- riences confirment l'intérêt gran-
dissant de la téléportation quantique pour échanger des informations à distance en toute sécurité
Téléporter. Un mot fascinant qui rappelle la série Star Trek, dans les années 196o, où le capitaine Kirk lançait son célèbre «Beam me up, Scotty!» pour revenir, sans coup férir, à bord de l'Enterprise.
Téléporter, autrement dit détruire un original pour le
recréer, instantanément, ailleurs.
Une technique que les physiciens pratiquent couramment depuis 1997. Mais pas avec de la matière, on ne téléporte que des informa- tions! La revue Nature Photonics relate aujourd'hui deux nouvelles
expériences, qui décrivent un
embryon de réseau de communi- cation quantique, associant unutilisateur, un relais et un desti- nataire, en empruntant des fibres optiques commerciales urbaines.
L'une des expériences décrites a eu lieu dans la ville chinoise d'He- fei, par le groupe de Jian-Wei Pan
(Université de Shanghai), et
l'autre à Calgary au Canada, par le groupe de Wolfgang Kittel (Uni- versité de Calgary).Arrêtons-nous un moment sur l'intrication quantique, la pro-
priété physique sur laquelle
repose la communication quan- tique. Elle consiste à préparer une paire de particules jumelles - leplus souvent des photons - de manière à mêler, intimement,
leurs propriétés: toute modifica- tion de l'état de l'une modifiera l'autre de facto. Un changement instantané, et ce quelle que soit la distance qui les sépare! Ce prin- cipe d'intrication est utilisé pour transmettre des clés de codage et décodage de messages secrets àl'abri des oreilles indiscrètes: les
lois de la physique quantique
garantissent qu'une écoute sera immédiatement repérée.Répéteurs de signaux Des dispositifs de cryptographie
quantique reliant deux points
sont commercialisés depuis une dizaine d'années, notamment par la firme suisse ID Quantique, née des travaux de Nicolas Gisin à l'Université de Genève. «Les sys- tèmes commerciaux fonctionnent jusqu'à 100 km, tandis qu'en labo- ratoire, on atteint couramment30o km», explique Grégoire
Ribordy, le président de l'entre- prise. Pour aller plus loin, il faut installer des répéteurs de signaux.«Aujourd'hui, dans les premiers relais quantiques, l'information qui arrive est convertie en infor-
mation classique - détectable
par un espion - avant d'être réé- mise sous forme quantique.» LeDate: 20.09.2016
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gouvernement chinois a donc
sécurisé les relais de la première liaison quantique d'envergure au monde, entre Shanghai et Pékin (2000 km), qui sera inauguréemi-novembre. «Pour disposer
d'un relais 100% quantique, il faut faire appel à la téléportation», insiste Nicolas Gisin.
Imaginez qu'une personne, Alice, souhaite adresser une
information à un destinataire que nous appellerons Bob. Des pré- noms choisis par les spécialistes de la cryptographie pour faciliter leurs discussions. Dans un pre- mier temps, il faut préparer une paire de photons intriqués, dontl'un sera détenu par Alice, et
l'autre par Bob. Puis, Alice fait interagir son photon intriqué avecun troisième - celui qui porte
l'information à transmettre. L'étatdu photon intriqué d'Alice est
altéré, ce qui entraîne une modi-fication - instantanée - de son
alter ego chez Bob. Quand au troi- sième photon, il a été détruit -
absorbé - au cours de l'opéra-
tion.Ce principe est utilisé dans les
expériences canadienne (sur
6,2 km) et chinoise (sur 14,7 km) relatées aujourd'hui, une dizaine d'années après des travaux simi- laires du groupe de Nicolas Gisin, à plus courte distance. Il s'agit cette fois d'échanger des informa- tions entre Alice et Bob, en pas- sant par un relais baptisé Charlie.Dans les deux expériences, Alice envoie une information quantique à Charlie, qui se charge de la télé- porter vers Bob; la liaison reste quantique de bout en bout. Mais toutes deux présentent la même limitation: «Il nous manque une véritable mémoire optique pour
progresser», concède Qiang Zhang, coauteur de l'étude
chinoise. «Quand l'information
arrive d'Alice, il faut la faire
patienter le temps que Charlie et Bob disposent d'une paire de pho- tons intriqués, détaille Nicolas Gisin. Comme nous l'avions faiten 2007, mes collègues la
retardent dans une longue fibre enroulée sur elle-même. Mais le temps de stockage est dicté par la longueur de la fibre. Dans une mémoire optique, on libère l'in- formation à la demande.»
Avance chinoise