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Nouvelles thérapeutiques et coûts de la médecine

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Nouvelles thérapeutiques et coûts de la médecine

SPERTINI, François, SEEBACH, Jorg Dieter

SPERTINI, François, SEEBACH, Jorg Dieter. Nouvelles thérapeutiques et coûts de la médecine.

Revue médicale suisse , 2018, vol. 14, no. 601, p. 723-724

PMID : 29620293

Available at:

http://archive-ouverte.unige.ch/unige:115268

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ÉDITORIAL

WWW.REVMED.CH

4 avril 2018

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Nouvelles thérapeutiques et coûts de la médecine

Prs FRANÇOIS SPERTINI et JÖRG SEEBACH Il ne se passe pas un jour sans que la question

des coûts de la médecine soit discutée par les médias, un casse-tête économique qui, à juste titre, touche chacun d’entre nous, mé- decins ou personnes privées. Plus récem- ment, c’est la médecine ambulatoire qui est dans le viseur des politiciens, et donc logi- quement le praticien. Les débats ont malheu- reusement de la peine à s’élever au-dessus du porte-monnaie salarial… Comme académique, mais aussi comme praticien hospitalier, l’im- munologue clinique se sent di-

rectement mis en cause, puisqu’il bénéficie, surtout lorsqu’il est employé par l’hôpital universi- taire, d’un accès direct à une catégorie de patients particuliè- rement difficiles à traiter et qui, bien souvent, ont vu la plupart des traitements classiques mis

en échec. On peut évoquer en particulier des cas réfractaires de lupus érythémateux, de vasculites dévastatrices, de syndromes auto- inflammatoires gravissimes, mais aussi plus récemment de pathologies peut-être moins potentiellement fatales, telles que l’asthme sévère et les pathologies hyperéosinophiliques.

Or, à quelques reprises au cours de ce dernier semestre, nous avons fait l’objet de critiques virulentes soit de confrères, soit du public quant à l’utilisation de traitements qui par- fois culminent à Fr. 25 000, voire jusqu’à Fr.

100 000 par année et qui certes demandent à être clairement justifiés dans leur applica- tion. Il y a probablement au moins deux questions qui doivent être discutées : d’une part, l’indication bien entendu à de tels traitements, d’autre part, le prix réel des traitements en question. Pour ce qui est de l’indication, les garde-fous sont assez clairs.

Il s’agit avant tout de traiter un patient chez qui toutes les autres approches thérapeu- tiques se sont trouvées mises en échec et qui voit de ce fait sa survie potentielle mise en question. Au-delà de la survie, la question des effets secondaires est également cruciale,

avec notamment, dans le domaine inflamma- toire, la limitation de la consommation de stéroïdes, sinon d’autres cytotoxiques. On peut dans ces cas-là, considérant l’accumula- tion des problèmes métaboliques potentiel- lement induits, opter rapidement pour une approche anti-inflammatoire spécifique, basée sur l’usage d’un anticorps monoclonal anticy- tokine notamment. Bien souvent, dans notre spécialité, l’usage des biologiques est hors indication (off-label). C’est une immense responsabilité pour le praticien universitaire, mais nous consi- dérons aussi qu’il est de notre devoir de professionnel d’évaluer effectivement en bout de chaîne l’efficacité potentielle de tels ou tels agents biologiques, en nous fondant sur la connaissance étiopathologique de la maladie à traiter et sur notre expérience clinique. Nous devons saluer le fait qu’en l’occurrence, vrai- semblablement parce que le dialogue est transparent et raisonnable, les caisses mala- die ont soutenu dans l’immense majorité des cas l’administration de thérapeutiques nova- trices au bénéfice de leur assuré et de nos patients. Certes, l’amélioration de la qualité de vie, la correction de la pathologie, la dimi- nution des effets secondaires d’une théra- peutique classique se font au prix d’un coût annuel exorbitant. Certains patients et leur médecin se sentent d’ailleurs coupables de

« profiter » de telle manière de la société.

Lors de négociations du prix des médicaments, l’évaluation de l’Incremental Cost Effective- ness Ratio (ICER) joue un rôle-clé. On consi- dère que dans un pays fortement développé comme la Suisse, un coût d’environ Fr. 40 000 par année pour une pathologie inflammatoire chronique est acceptable. Il est clair que même si le traitement en question diminue la durée de séjour hospitalier, permettant dans un grand nombre de cas un retour à une acti- vité professionnelle, il est peu probable que cette somme soit pleinement « remboursée ».

Articles publiés sous la direction de FRANÇOIS SPERTINI

Médecin-chef Service d’immunologie et allergie, CHUV, Lausanne

JÖRG SEEBACH Médecin-chef Service d’immunologie et allergie, HUG, Genève

CERTAINS PATIENTS ET LEUR MÉDECIN

SE SENTENT

D’AILLEURS

COUPABLES

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REVUE MÉDICALE SUISSE

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Le coût du traitement joue bien entendu un rôle central dans l’équation. Au final, il en résulte donc un coût certain pour la société.

Nous pensons que ce serait une erreur de culpabiliser le corps médical et les patients et défendons clairement l’usage de cette nou- velle génération de médicaments. Au plan des effets secondaires, ceux-ci sont la plupart du temps limités, bien souvent significative- ment moins sévères que ceux des immuno- suppresseurs classiques. L’administration de ces agents biologiques est en général facile, souvent espacée dans le temps. Ils sont très souvent administrables à domicile. Et surtout, si le coût sociétal est actuellement effective- ment exagéré, c’est avant tout le résultat d’une décision politique qui ne devrait pas être mise en balance avec la qualité de vie et la santé du patient.

Les coûts des biologiques sont effectivement hors de toute norme, ne correspondent en rien aux coûts de fabrication, et sont essen- tiellement là pour tenter non seulement de rembourser les coûts de la recherche, mais surtout de valoriser l’actionnariat de l’entre- prise. C’est là qu’on peut reprocher à notre Etat confédéral d’avoir très peu de puissance contre les lobbys des pharmas. La situation est différente dans d’autres pays européens.

Nous pensons en particulier aux prix des vac- cins, exorbitants sous nos latitudes lorsqu’ils ne sont pas pris en charge par notre système d’assurance. D’autres grands pays européens, comme la France, peuvent directement négo- cier le prix d’un vaccin (et son approvision- nement d’ailleurs) via un gou-

vernement centralisé, alors que la Suisse est incapable d’aucune pression de négociation par le biais politique direct. La taille du marché, il est vrai, ne la favorise pas non plus. Il en est de même pour les nouveaux agents biolo-

giques et les check point inhibitors non seule- ment en immunologie clinique ou en rhuma- tologie, mais aussi dans d’autres disciplines, comme l’oncologie.

En conclusion, lorsque l’indication à un traitement novateur est posée, lorsque les négociations avec l’assureur ont abouti à un accord, ni le médecin ni le patient ne doivent se sentir coupables de coûts exorbitants sur lesquels ils n’ont aucune influence. Et auxquels ils n’ont aucun intérêt direct bien entendu. Sur ces coûts-là, les politiciens sont attendus impatiemment, mais l’austérité ne sera pas une réponse. Ce serait une régres- sion.

L’AUSTÉRITÉ NE SERA PAS UNE RÉPONSE.

CE  SERAIT

UNE  RÉGRESSION

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