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Les catalogues de la Bibliothèque publique et universitaire : Aperçu historique

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(1)

Les catalogues

de la Bibliothèque

publique

• •

et unIversItaIre

Aperçu

historique

Première partie: des origines jusqu)

en

1900

La Bibliothèque publique et universitaire automatisera ses catalogues dès le 1 er janvier pro-chain. Une telle mutation, si elle changera pro-fondément les habitudes de tout un chacun, ne marque guère qu'une étape de plus dans une évolution constante. Pour une bibliothèque telle que la nôtre, où les ouvrages ne sont pas en libre-accès, les catalogues représentent un instru -ment de travail essentiel. Une des tâches prim or-diales de tout bibliothécaire est donc de créer et de perfectionner sans cesse ces outil de recherche aussi indispensables que complexes. Ce souci constant de faciliter l'accès aLLX ouvrages plonge ses racines loin dans le passé. Il n'y a donc rien de plus actuel que de se tourner vers le passé pour mieux comprendre le présent et le futur de nos catalogues.

Les c

atalogues manusc

rits

Les premiers catalogues de la Bibliothèque sont manuscrits et jouent plusieurs rôles. Ils ser-vent essentiellement à dresser les inventaires, à remettre de l'ordre dans les collections et à four-nir une représentation exacte du contenu de la Bibliothèque. Ils légitiment aussi l'institution dans ses titres de propriété et contribuent ainsi à limiter les « disparitions ». A cette époque en effet peu d'ouvrages portent les marques de la Biblio-thèque. Les notes ajoutées à certains de ses réper-toires montrent qu'ils furent parfois utilisés pour la surveillance des prêts à domicile. On les

emploie aussi comme livre d'entrée pour y ins-crire les nouvelles acquisitions.

Le plus ancien catalogue conservé dans les archives de la Bibliothèque date de 1572 et s'inti-tule « Catalogus librorum Bibliothecae Geneven-sis» '. Il a déjà donné lieu à d'excellents travaux et nous nous contenterons de le décrire somm ai-rement. A cette époque la Bibliothèque n'a que quelques dizaines d'années d'âge et la nécessité se fait déjà sentir de fixer par écrit l'état des col-lections. La raison, fort simple, est donnée par l'arrêté du Petit Conseil, daté du 30 janvier 1570, qui ordonne l'inventaire: les livres «sont à l'abandon tellement qu'ils se peuvent égarer» 2. Le catalogue rédigé à cet effet recense 474 arti-cles correspondant à environ 720 ouvrages diffé-rents. Les livres sont répertoriés par matières puis par «plutei» (étagères) au nombre de 17. La classification adoptée répartit les livres par la n-gues (dans l'ordre hébreu, grec et français) et par domaine (livres de théologie en latin). A partir du milieu du catalogue, les ouvrages ne figurent plus que par « plutei », mais ils restent groupés méthodiquement. On peut distinguer en tout une dizaine de divisions par matières. Les notices bibliographiques se composent d'un titre concis, de l'auteur et parfois du format. L'excellence de l'écriture gothique, la clarté de la mise en page montre que ce caralogue est de la main d'un scribe. Il n'est pas possible de savoir si ce cata lo-gue fut tenu régulièrement à jour. On prit en tout cas soin d'ajouter à la fin certains livres

(2)

vellement entrés. Ces adjonctions occupent 4 pages et sont d'une écriture courante.

L'augmentation des collections rend ce pre-mier catalogue désuet. En 1612 on décide d'en rédiger un nouveau intitulé «Catalogus librorum Bibliothecae Genevensis script us anno Domini MDCXII), 3. Les livres sont répertoriés par «

plu-tei» (au nombre de 28) caractérisés par une lettre de A à Z ou un chiffre de 1 à 5. Les titres des matières ne sont pas indiqués mais les ouvrages restent rangés méthodiquement. La classifica-tion, largement inspirée de la précédente, gagne en clarté et en précision. Les sciences font une entrée remarquée. Il faut chercher la cause de cette évolution dans le développement des con-naissances et dans l'augmentation du fonds de la Bibliothèque, la complexité d'une classification dépendant étroitement du nombre de livres à traiter. Sur chaque étagère, les ouvrages sont rangés par ordre des formats, les in-folios en pre-mier. Les manuscrits, distingués par l'abréviation

«mss" se trouvent mêlés aux imprimés. Les noti-ces se composent du titre, de l'auteur, du format avec parfois, nouveauté intéressante, l'année d'édition. Ce répertoire tel qu'il se présente actuellement, a été composé par plusieurs mains.

Cependant on peut facilement distinguer la par-tie originelle des adjonctions postérieures, la pre-mière ayant été à l'évidence soigneusement rédi-gée par le même scribe alors que les additions sont de plusieurs écritures normales. On peut ainsi évaluer à 1200 le nombre d'ouvrages possé-dés par la Bibliothèque en 1612. Enrichi par l' ex-périence du premier catalogue, on a laissé entre chaque «pluteus" la place pour inscrire les nou-velles acquisitions qui sont ainsi rangées sous la

rubrique qu'elles concernent. Tout laisse donc penser que ce catalogue fut tenu régulièrement à jour. Cependant, au fil des adjonctions, la place prévue n'a pas suffi et le répertoire se termine par des listes de titres renvoyant à l'étagère sous laquelle ils n'ont pu être inscrits. Ce catalogue,

avec les additions, compte environ 2000 titres.

En 1620 il va se trouver complété d'un index alphabétique par noms d'auteurs '. Cette innova-tion revêt une grande importance, car c'est la première fois que l'on a pour une même coll ec-tion deux catalogues parallèles permettant deux accès différents aux ouvrages. Le bibliothécaire voit sa tâche augmenter évidemment mais les avantages de ce système compensent largement

.ses ÎI).co.nvénients. On peut désormais trouver rapi'dement l'ouvrage précis que l'on veut sans passer par une classification qui rend très aléa-toire ce genre de recherche. Chaque page de l' in-dex est divisée en deux. La première moitié con-tient en une seule série les ouvrages possédés par la Bibliothèque en 1620 (on a donc intégré les ouvrages arrivés entre 1612 et 1620). L'autre mortié est prévue pour les nouvelles entrées. Les 4 ..

notices renvoient au «pluteus" sur lequel est rangé l'ouvrage. Le catalogue et son index furent naturellement tenus à jour conjointement et soi-gneusement. Malheureusement le classement alphabétique est particulièrement sensible aux adjonctions et l'index, à la longue, deviendra si touffu qu'il perdra peu à peu son utilité.

Vers 1650 les bibliothécaires rédigent un nou-veau catalogue sur le modèle du précédent mais sans index alphabétique 5. Les livres sont inscrits

comme toujours dans l'ordre des «plutei» (au nombre de 28), puis par formats. On utilise la même classification qu'en 1612. Les manuscrits sont groupés sur des étagères particulières «< plu -tei" Y, Z et 5). Les notices deviennent très com-piètes: outre le titre, l'auteur, l'année d'édition et le format, elles peuvent contenir le lieu d'édition, l'imprimeur, des détails sur la reliure, etc. Ce catalogue, rédigé avec une précision remarqua-ble, n'a pas été écrit par un scribe professionnel. On dénombre au moins 8 écritures courantes différentes. La présentation s'en ressent et man-que d'homogénéité. Les adjonctions, inscrites dans le corps-même du catalogue aux endroits prévus d'avance, ne sont probablement pas faites régulièrement. Ainsi lors d'un inventaire en 1667 on découvre sur les rayons un grand nombre d'ouvrages ne figurant pas au catalogue. On en dresse la liste exacte que l'on joint, avec celle de la «garde robe" 6 au catalogue. On peut estimer à 3000 le nombre total de titres que la Bibliothè-que possède vers 1670, date à laquelle on arrê-tera de tenir à jour le répertoire.

TI fut suivi, à la fin du 17e siècle, d'un nouveau catalogue s'intitulant «Catalogue des livres de la Bibliothèque» rédigé, croit-on, par plusieurs pas-teurs dont Léonard Baulacre et Vincent Minuto-li J Il est composé de quelques cahiers dont

cha-cun est consacré à l'inventaire d'un «pluteus» ou d'une matière. Il porte les traces de remanie-ments et de déplacements d'ouvrages d'une éta-gère à l'autre. De plus il n'est pas complet: les

cahiers relatifs à certains «plutei" étant absents. Les notices sont devenues plus sommaires; eUes sont formées du titre, de l'auteur et du format, avec parfois l'année et le lieu d'édition. Certains cahiers ont dû être tenus à jour jusqu'au tout début du 18e siècle: celui consacré à la théologie protestante possède une adjonction d'un ouvrage édité en 1700 (fol 35, verso). Une caractéristique étonnante de ce catalogue réside dans l'emploi tantôt du latin tantôt du français. Comme leurs titres le montrent et mis à part certaines notes postérieures, les catalogues ont toujours été rédi-gés en latin suivant les usages académiques.

Pourquoi cette tradition est-elle interrompue?

On peut tenter quelques explications.

Ce répertoire n'aurait été qu'un brouillon des -tiné à être mis au propre plus tard comme le

(3)

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aux livres d'histoire, de géographie, etc.:

«Commencé en gros le 21 e Juin 1697 pour être

ensuite mieux digéré» (folio 79, recto).

Il est également possible que l'on n'ait jamais

eu l'intention d'établir un catalogue général

ou que le projet fut abandonné en cours de route, On se serait alors limité à n'inventorier que quelques sections.

Quoi qu'il en soit, en 1702 la situation de la

Bibliothèque est jugée assez sérieuse pour que les

autorités décident de la reprendre en main, avec

il est vrai quelques arrière-pensées politiques. Elle

est alors complètement réorganisée et installée

dans de nouveaux locaux plus vastes. On la dote

d'une Assemblée des Directeurs, organe de ges

-tion, ainsi que d'un règlement. Ce dernier

demande l'exécution d'un nouveau catalogue". Il

sera entrepris avec diligence par Vincent Minu

-toli, bibliothécaire depuis 1700. En 1703 il est

ter-miné et on rouvre la Bibliothèque fermée depuis

son déménagement. On s'empresse d'en faire

une copie. Les notices se composent du titre c

om-plet, de l'auteur, du lieu et de l'année d'édition,

de l'imprimeur et souvent du format. La

Biblio-thèque compte à cette époque environ 4000

titres. Les ouvrages sont donnés par matières

puis dans l'ordre des grandeurs. Les « plutei» ont

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Une page du catalogue de 1572. (Photo Poite, Genève).

disparu mais ce catalogue reflète sans aucun

doute la disposition des livres sw-les étagères. La

classification est enrichie. On compte 24 matières

différentes et de nombreuses sous-rubriques. Les

manuscrits sont répertoriés à la fin dans une sec

-tion spéciale ainsi que les objets curieux. La l

an-gue est à nouveau exclusivement le latin. Les

soins de toutes sortes dont on entoure ce catal

o-gue s'insèrent parfaitement dans la volonté

manifestée à cette époque de faire de la

Biblio-thèque une institution de prestige que l'on

mon-tre volontiers aux étrangers de passage. Son

attrait ira en augmentant et elle s'enrichit de

dons exceptionnels. Les savants genevois les plus

illustres comptent parmi ses directeurs ou ses

bienfaiteurs. C'est donc avec raison que l'on voit

grand et loin. Ce catalogue aw-a une durée de vie

très longue puisqu'il sera utilisé dw-ant la

pres-que totalité du siècle. Les deux exemplaires

seront tenus à jour conjointement jusque vers

1775.

Dès 1770 l'idée d'un nouveau catalogue fait

son chemin. Mais ce projet doit être

temporaire-ment reporté. Nul doute que l'agitation sociale

croissante et les bouleversements politiques soient 5

(4)

la cause essentielle de ce retard. Il faudra atten-dre 1790 pour qu'il paraisse enfin 9. Il est rédigé par Jean Sénebier et Antoine-Josué Diodati, tous deux pasteurs, bibliothécaires et savants. L'ordre

systématique des ouvrages ouvre le catalogue. Il

vaut la peine de s'y arrêter quelques instants car

il est aussi révolutionnaire que l'époque durant

laquelle il voit le jour. En effet la théologie, tradi-tionnellement en tête de tout répertoire, se

trouve reléguée à l'avant-dernière place de la

classification qui commence par une rubrique de

généralités concernant le livre, les bibliothèques,

l'histoire littéraire et scientifique. Cette entrée en matière est tout à fait remarquable car elle

res-semble beaucoup à la première classe de tous les

systèmes utilisés actuellement. L'ordre

méthodi-que se poursuit en mettant particulièrement en

valeur les sciences et les techniques; le droit

occupe également de nombreux chapitres; enfin,

après l'histoire vient la théologie suivie de la

polygraphie. L'adoption de cette classification,

directement issue de l'esprit encyclopédique, est

une chose étonnante de la part d'une institution

connue en ces temps troublés pour ses options

conservatrices. Cette nouvelle répartition

métho-dique fut suivie d'un réaménagement des livres afin que l'ordre sur les rayons concorde avec celui

du catalogue. Comme en 1703 on s'empresse de

faire exécuter une copie du répertoire, qui ne sera d'ailleurs pas tenue à jour. Les notices sont

for-mées du titre, de l'auteur, du lieu d'édition, de la

date, de remarques sur la reliure et parfois de

l'imprimeur. Le recto de chaque feuillet est seul utilisé, le verso étant réservé aux adjonctions futures. Il faut estimer à environ 15000 le nom-bre de titres différents possédés par la Bibliothè-que en 1790. Les manuscrits et autres objets

pré-cieux font désormais l'objet de catalogues

spé-ciaux dont les premiers sont rédigés par Sénebier.

En 1792 celui-ci complète le répertoire méthodi-que par un index alphabétique 10 dont les notices

renvoient à la page du catalogue méthodique et

non pas au "pluteus» comme c'était le cas avec l'index de 1620. La recherche d'un ouvrage

pré-cis, si elle devient à nouveau plus facile, reste

cependant fort indirecte. Il faut passer par le

registre principal puis par une matière qui peut

occuper de nombreuses étagères. Néanmoins en

se satisfera de ce système durant quelques

années. En 1807 on profite d'un inventaire pour

coter tous les ouvrages. La place de chaque livre

est fixée une fois pour toutes, les inventaires se

font plus aisément et il est facile de trouver un

ouvrage précis. Le système de cote utilisé se

com-pose d'une ou deux lettres correspondant aux

grandes sections de la classification puis d'un

numerus currens. TI se compliquera rapidement

quand on voudra intercaler à l'intérieur d'une

suite un livre touchant exactement le même sujet

qu'un autre ou une nouvelle édition d'un

6

ouvrage qu'on possède déjà, etc. On ajoutera

alors aux cotes déjà utilisées des signes spéciaux,

des lettres supplémentaires. Mais comme ses pré-décesseurs, ce catalogue, aussi clair et précis qu'il fut au départ, ne résistera pas aux multiples

additions et deviendra avec le temps malaisé à

consulter.

Les

cataLogues

imprimés

Les catalogues manuscrits sont délicats à

manipuler. Ils n'existent qu'à un ou deux exem-plaires. Le bibliothécaire va donc en prendre un

soin particulier et en limiter au maximum l'accès.

Cet inconvénient, s'il est supportable quand les livres sont peu nombreux, devient très pesant pour l'usager lorsque la bibliothèque atteint une

certaine taille. L'imprimerie va remédier à ce

désagrément. En effet tirer un catalogue en de

multiples exemplaires, c'est le mettre entre les

mains de chaque lecteur. Cependant, on le verra,

le difficile problème des mises à jour successives

n'est en rien résolu. Mais cette question n'a pas

encore l'actualité qu'elle aura au

xx

e siècle.

En 1819 Alphonse de Candolle, qui siège à la Direction de la Bibliothèque, propose d'imprimer un nouveau catalogue. L'ampleur de la tâche fait reculer, d'autant plus que l'on sort d'une

époque difficile. En 1825 une nouvelle

proposi-tion de sa part est acceptée. On se met à l'oeuvre

et le "Catalogue de la Bibliothèque publique de

Genève» rédigé par Louis Vaucher,

bibliothé-caire honoraire, sort de presse en 1834. Il se

com-pose de 2 volumes 80 et compte 18000 titres for-mant plus de 31 000 volumes. La langue utilisée

est, comme son titre l'indique, le français. La

classification renoue avec la tradition, celle de

Sénebier et Diodati étant jugée plus logique que

pratique. La théologie reprend la place d'

hon-neur et il ne subsiste que 4 autres divisions:

juris-prudence-droit, sciences et arts, littérature,

scien-ces historiques. Bien entendu les subdivisions ne

se comptent plus et reflètent l'important travail

d'élaboration que nécessite toute nouvelle

clas-sification. Cependant la place des livres sur les

rayons ne peut être modifiée puisque cela

boule-verserait l'ordre des cotes. Les livres continueront

donc à être cotés d'après l'ancien ordre méthodi-que. Il s'ensuit que ce catalogue ne correspond plus à la disposition des ouvrages sur les étagères

comme c'était le cas jusqu'alors.

A l'intérieur d'une matière, les volumes sont classés chronologiquement. En tête d'une notice, on trouve pour la première fois le nom de l' au-teur puis le titre suivi du lieu, de la date d'édition et du format. Il faut noter l'absence de la cote qui pourtant semble indispensable devant la dis

-cordance catalogue/rayons. On place à la fin du

catalogue une table alphabétique par noms d'

(5)

sont définitivement entrés dans les habitudes et

font partie intégrante de tout répertoire.

Ce catalogue imprimé va donner un élan

nou-veau à la Bibliothèque qui en a alors bien besoin.

Il s'agit d'une action d'éclat qui affirme la

pré-sence de la Bibliothèque parmi les institutions

savantes. De plus les usagers ont enfin pour la

première fois la liste complète des ouvrages qui

sont à leur disposition. Cependant la mise à jour

ne se fait que sur un exemplaire interfolié à la

seule disposition des bibliothécaires. Avec le

temps cette situation très frustrante pour les lec-teurs devient intenable. Dès 1860 les réclama-tions du public se font si pressantes que le

Con-seil administratif décide de nommer une

Com-mission d'étude. Celle-ci va décider la rédaction d'un nouveau catalogue imprimé.

Les collections de la Bibliothèque comptent

alors environ 63 000 volumes et l'entreprise

apparaît considérable même si son plan est

relati-vement simple. Il s'agit en premeir lieu de

retranscrire sur fiches tous les ouvrages. Le

pro-blème des 40 000 brochures que possède la Bibliothèque se pose. Leur importance est jugée alors trop restreinte pour qu'on les intègre au

catalogue imprimé car elles doubleraient le

tra-vail. Les plus intéressantes sont retirées et traitées

comme des ouvrages. Toutes les autres, groupées

par matière et reliées en un certain nombre de

volumes, apparaissent dans le catalogue imprimé

sous un titre collectif (par exemple: Opuscules de

botanique) avec l'indication du nombre de volu-mes et de celui des pièces contenues. Cependant

on dresse, sur le modèle du catalogue imprimé,

un catalogue manuscrit de toutes ces pièces qui

est encore utilisé actuellement.

En second lieu il faut aborder le redoutable

problème de la classification. Les meilleurs

savants locaux sont mis à contribution. Les notes

manuscrites laissées par François Gas,

bibliothé-caire de 1857 à 188411

, portent les marques des

conflits qui sans aucun doute éclatèrent. Citons

cette phrase apaisante: «L'ordre dans lequel les

groupes principaux se succèdent au catalogue ne

répond à aucune prétention à un ordre

systéma-tique et il n'indique nullement l'intention de

trancher entre les sciences diverses des questions de préséance. Tel qu'il est cet ordre procède de la tradition; en effet il reproduit à peu de

différen-ces près l'ordre du catalogue de 1834, familier au

lecteur de la Bibliothèque.».

Le remaniement est cependant plus profond qu'on ne le laisse supposer. La classification méthodique s'ouvre, comme celle de Sénebier et Diodati, sur une section générale composée des bibliographies, des encyclopédies et de l'histoire

des sociétés savantes et des universités. La classe

suivante est la théologie qui conserve une place

de choix. Les quelques catégories de 1834

explo-sent en particulier celles concernant les sciences

et l'histoire.

Les travaux préliminaires dureront 10 ans. En

1871 on décide, pour régler les problèmes insolu-bles posés par la cotation de 1807, de fixer cette nouvelle classification au moyen de cotes formées d'une première partie alphabétique corres pon-dant à la matière de l'ouvrage et ensuite d'un numerus currens. Tous les ouvrages sont ainsi recotés. En 1872 la Bibliothèque emménage dans l'aile Salève des nouveaux bâtiments universitai-res. Les livres sont alors disposés selon l'ordre

logique de leurs cotes. Il y a enfin concordance

entre l'ordre du catalogue et celui des rayons, ce

qui est indispensable pour les inventaires. Ceci achevé on passe à la troisième phase de

l'élaboration de ce catalogue, l'impression. La

parution des tomes 1 à 4 s'étale de 1875 à 1883.

J.-

J.

Dériaz (1814-1890). La Bibliothèque publique au Collège Saint-Antoine. Aquarelle. Le personnage debout est Philippe Plan, conservateur.

(6)

En 1885 paraît un volume de supplément qui

forme le tome 5. Le volume 6, paru en 1887,

forme la table alphabétique auteurs/titres

ano-nymes des 5 premiers tomes. A l'intérieur d'une

rubrique matière les généralités sont placées en

tête, puis les bibliographies et les ouvrages hi

sto-riques, suivis des monographies dans l'ordre

chronologiq ue et enfin des recueils factices

d'opuscules cités plus haut. Les notices des 2

pre-miers volumes contiennent les mêmes éléments

qu'en 1834. Les tomes suivants fournissent plus

d'éléments: on précise si l'ouvrage est enrichi

d'illustrations, on complète entre crochets les

informations bibliographiques manquantes, etc.

Il est inutile d'insister sur les avantages cons

i-dérables que procura ce nouveau catalogue

imprimé, qui permit en premier lieu de mettre de

l'ordre dans les collections. Les usagers en furent

naturellement les grands bénéficiaires et il facilita

l'échange d'informations entre bibliothèques. Il

fit aussi connaître les richesses de la Bibliothèque

bien au-delà de nos frontières. Il reste encore à

l'heure actuelle un instrument de travail

impor-tant pour certains chercheurs. Mais il nécessita, il

faut s'en rappeler, plus de 25 ans de labeur

par-fois ingrat.

Cependant la difficulté intrinsèque de ce type

de catalogue est sa mise à jour. Celle-ci se fera

par la publication en 1899 d un 2e supplément

couvrant la période 1886-1897. Il est formé de 2 volumes et d'une table alphabétique. Les livres sont rangés selon la même classification que celle

du catalogue. Les notices deviennent très

com-piètes: les titres sont donnés avec leur sous-titre,

on va rechercher les collaborations secondaires,

on indique les collections. Il faut voir dans cette

évolution l'influence de Théophile Dufour,

direc-teur de 1885 à 1900 et maître en science

biblio-graphique.

Mais, pour être mis au courant des nouvelles

acquisitions, les lecteurs doivent encore attendre

trop longtemps. Pour remédier à cette situation,

la Bibliothèque publiera des listes annuelles des

nouvelles entrées qui constitueront le troisième

supplément au catalogue.

Le développement des sciences, au début du

xx

e siècle, commence à exiger une information encore plus rapide. L'adoption des catalogues sur

fiches résoudra ce problème en réduisant co

nsidé-rablement les délais d'attente. Les avantages de

ce système seront tels qu'il s'imposera universel-lement. Cependant lui aussi atteindra ses limites.

Dès les années 1970 il sera remis sérieusement en

question.

La deuxième partie de cet article traitera des

catalogues sur fiches de la Bibliothèque publique

et universitaire.

Jean-Charles Giraud

8

CATALOGUE

DE 1..\

BIBLIOTHÈQ

UE

PUBLIQUE

DE GENÈVE.

I

NTRODUCTl

ON.

BIBLIOGRAPHIE. lLANUSCRlTS. Aa

1. )fO!\TF,\cco:-< (de), B. Bibliothe-ca bibliothec!lrum manuscrlp~

Lol'Um no\·a. Paris. 1739.2 "01. roi 0.

2. LABBEt:S, Phil. :\0\'3 bihliotheca manuscriptorum librOl'um.

Historic\' Sanctorum. Res ArJuitnnil'.è. Paris. 165i. 2 ,0). folo. 3. B.E!"EL, Glulcw. Cm.alogi Iilu'or'um manuscriplOruOl qui in bibliolhecis. Golliœ, I-Ich'ctÎu::. Delgii. Britanniœ. HjspaoÎtc. Lu-sitanioe nsscn':mlur, Lci)l1.ig, '18301 !jo.

4. H..\L)J, !ùAt'l. '"crlcichuiss der ùlteren lIandsdll'ifi~n

lateini-scher Kirchen\'lttcr in den l3ibliouleken det Schwci7., Vienne,

1865.80 .

5. SE!\f.BIER, J, Catalog\lc raisonné des manuscrits de la Bi

blio-thècl'lC tle Gell.h'c, Genh'c, "liifi. 80.

6. Sn:!'ôf.R, J, -R ClIlalogus codicum lIlSS, Bibliothecl! Bel'flcnsis, anootntionibus cl'iticis ilIuslf;\tU5. Berne. 'liOO-1ï61, 3 \'01. 80 • 7. Bibliothec.re Bel'nensis codicUlll mss, Syllllbus i!X majori opere

contl'3ctus, Herne. 1773,80 •

8, \'eneichniss Il!!r 11anuscdpte und InOlllabeln der Yadia

nis-chen Bibliothek in St·Galien. St-Gall, 1864, 80 •

Le catalogue imprimé de 1875.

Notes

1 Cote BPU: Arch BPU BI.

'Registre du Conseil, 30 janvier 1570. - Extrait publié par

Charles Borgeaud, 1900, vol. l, p. 466.

'cote BPU: Arch BPU BI.

• cote BPU: Arch BP B2.

5 Cote BPU: Arch BPU B3. 6 Sorte de Réserve. , Cote BPU: Arch BPU B4.

• Cote BPU: Arch BPU BS. 9 Cote BPU: Arch BPU B9-B 12. "Cote BPU: Arch BPU B13. "Cote BPU: Arch BPU B32/l.

Bibliographie

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Ganoczy, Alexandre. - La Bibliothèque de l'Académie de Cal-vin. - Genève, 1969.

Gardy, Frédéric. - Le fonds primitif et le premier catalogue de

la Bibliothèque de Genève. - In: Genava, VI, 1928, p. 10

1-117.

Gardy, Frédéric. - Le plus ancien règlement connu de la

Bibliothèque de Genève (1702). - In: Genava, IX, 1931, p.

27-34.

Gaullieur, E.-H. - Histoire et description de la Bibliothèque

publique. - Neuchâtel, 1853.

Les deux catalogues imprimés de la BPU sont accompagnés

d'une préface ou d'une notjce contenant des éléments histori

(7)

Aperçu historique

D

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u

x

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è

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e pa

rti

e

: de 1900

à

n

os Jou

rs

Pendant quatre siècles ce fut le règne des ca ta-logues manuscrits puis imprimés. Le dernier de la

série, le « Catalogue de la Bibliothèque de

Genève» de 1875, avec ses deux suppléments

ultérieurs, constitue, à l'aube du nouveau siècle, l'instrument de base pour la recherche bibliogr a-phique des fonds de la Bibliothèque.

Ces catalogues avaient répondu aux nécessités

des temps passés. Avec l'avènement du

xx

e siè

-cle il faut pouvoir répondre à une situation

nou-velle. Le catalogue sous sa forme imprimée c

om-porte de nombreux inconvénients, il faut donc trouver un nouveau. système qui s'adapte mieux

aux besoins nouveaux.

Le nombre d'ouvrages s'accroît de plus en

plus 1, on dispose d'un champ d'investigation

bibliographique de plus en plus ample, le

nom-bre et la variété des lecteurs s'élargit, le domaine

du savoir s'amplifie: de nouvelles sciences surgis

-sent qui modifient l'ensemble des connaissances. Pour répondre à ces exigences la bibliothèque

doit pouvoir disposer non seulement de locaux

adéquats (et ce sera, tout au long du siècle, un

des soucis majeurs de l'institution), mais aussi

d'un instrument de recherche à la fois souple et

précis pour que le lecteur puisse trouver les

réponses voulues aux deux grandes questions

qu'Auguste Bouvier estimait être à l'origine des

catalogues: « Possédez-vous les ouvrages de tels

auteurs»? et «Que possédez-vous sur tels

sujets» ? 2. Cet instrument est le catalogue sous

son double aspect, alphabétique et matières.

Jusqu'alors les catalogues étaient du type sys

-tématique, on l'a vu dans le chapitre précédent de Jean-Charles Giroud, ils regroupaient les no

ti-ces à l'intérieur de grandes zones matières forte

-ment hiérarchisées: théologie, philosophie, ency

-clopédies, droit, géographie, histoire, littérature,

arts et sciences. Une liste alphabétique des

auteurs et des titres anonymes complétait le tout.

L'histoire qui va suivre est celle de la

multipli-cation des catalogues. Conscients de la lourdeur

de la recherche avec l'ancien système, la dir

ec-tion de la bibliothèque, dès 1900, prend la déc

i-sion de publier un 3e supplément du catalogue en fascicules qui recense les récentes acquisitions.

On introduit une nouveauté: la suppression du classement méthodique précédent et l'adoption d'un classement alphabétique par auteurs et titres, pour éviter sans doute les complications

qu'aurait représenté l'ancien mode de cl

asse-ment 3. Il s'agit là d'un premier pas vers l'insta

u-ration d'un nouveau système de catalogue.

Toutefois, et cela pendant encore un certain nombre d'années, l'évolution du catalogue sera

hésitante: elle sera faite de brusques bonds en

avant, de retours singuliers en arrière, de tentati -ves multiples, de création parallèle de fichiers qui

se recoupent. Ainsi, par exemple, pour en préser -ver un classement méthodique, chaque notice du

3e supplément au catalogue est accompagnée

d'un chiffre entre crochets qui renvoie aux pages

de l'ancien catalogue indiquant la zone matière concernée. Ce classement par matières chiffrées 9

(8)

est malaisé pour la consultation d'autant plus

que les numéros en question indiquent l'avant

dernière page de chaque matière pour éviter

peut-être une possible confusion avec une autre

matière qui se trouverait au milieu de la page

suivante, le titre des matières venant tout de

suite après les notices de la matière précédente.

On va donc créer un registre méthodique qui

soit le pendant matières du 3e supplément. Il se

présente sous forme d'un répertoire in-folio dans

lequel les notices des différents fascicules, préal

a-blement découpées, seront collées sur les pages à

la place-matière qui leur correspond. Le plan

méthodique des matières est celui de l'ancien

catalogue. Ce répertoire fonctionnera comme

catalogue matières jusqu'en 19154

.

D'autre part, parce que la consultation de plu

-sieurs fascicules complique la recherche

biblio-graphique, on décide, vers 1901, de coller sur des

fiches également toutes les notices du 3e

supplé-ment. Les fiches sont montées sur onglet,

grou-pées en colonnes de cinq paq uets retenus par des

10

Le premier catalogue sur fiches relié de 1900.

On remarque les notices imprimées et collées sur les fiches.

vis dans une reliure en toile noire'. Les fiches sont

classées en une seule liste alphabétique suivie. Ce

système ingénieux permet l'intercalation

succes-sive des différentes notices de tous les fascicules

du 3e supplément en respectant l'ordre

alphabé-tique unique. On peut considérer ce catalogue

comme l'ancêtre du catalogue général alph

abéti-que actuel de la bibliothèque. Des exemplaires de

ce fichier relié et du répertoire par matières sont

à la disposition des lecteurs dans la Salle de

Lec-ture. En outre, pendant le cours de l'année, en

attendant l'impression des suppléments, tous les

titres des ouvrages sont reportés sur des fiches

manuscrites également placées à la disposition du

public. Le catalogue alphabétique couvre les

acquisitions des années 1898 à 1906; le répertoire

méthodique couvre la période de 1900 à 1915 et

le catalogue sur fiches manuscrites couvre l'année

(9)

Tel est le panorama des instruments de recher

-che dont disposent les lecteurs de la BPU en ce

débu t de siècle.

L

e cata

l

ogue

alphab

é

tiqu

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fi

c

h

es

En 1903, Hippolyte Aubert, directeur de la

bibliothèque, procède à la création d'un cata

lo-gue alphabétique général sur fiches de format

international (7,5 cm par 12,5 cm), selon les nou

-velles méthodes qui commencent à se répandre

un peu partout en Europe. Ce catalogue co

m-prend toutes les notices du catalogue imprimé de

l'ancien fonds, celles du 3e supplément et les sui

-vantes. Les notices sont découpées dans plusieurs

exemplaires des différents catalogues imprimés et

de leurs fascicules, sacrifiés pour la bonne cause.

Ensuite elles sont collées sur les fiches.

Au début l'accès de ce catalogue est réservé

aux bibliothécaires il se trouve dans les locaux

voisins des bureaux du directeur et du conser va-teur. Il n est donc pas ouvert au public, (il ne le

sera qu'en 1934). Les continuelles manipulations

dont il est l'objet, les révisions constantes aux

-quelles on le soumet et la crainte des « détériora

-tions et des soustractions de la part de lecteurs

ignorants ou peu scrupuleux» dictent une politi

-que de prudence pour sa consultation, réservée

«aux besoins de l'administration et à un nombre

restreint de travailleurs» (ainsi nommait-on les

chercheurs à l'époque) 6.

La création et le maintien de ce nouveau

fichier est une tâche très complexe: les catalogues

existants sont incomplets et les renseignements

qu'ils contiennent de valeur inégale. Les règles de

catalogage ne seront fixées que plus tard. Le

catalogue imprimé de l'ancien fonds ne corr

es-pond pas au contenu réel de la bibliothèque:

ainsi, les brochures ne figurent que sous forme de

recueils factices qui regroupent plusieurs entités.

Les ouvrages d'une même série ne possèdent pas

d'identification propre. Une large part des thèses

également n'est pas cataloguée.

Le catalogue va donc être aménagé, aug

-menté, amplifié et sans cesse complété au fil des

années pour former le fichier alphabétiq ue

actuel. Tous les fonds manquants sont catalogués

et reclassés et leurs notices sont intégrées peu à

peu dans le corpus du catalogue général. Cela

entraîne le besoin d'une adaptation permanente

et parfois aussi la nécessité de gros changements

dans le classement, comme celui des 823000

fiches qui ont été redistribuées durant l'année

1954. Les ouvrages récents sont intégrés au fur et

à mesure sous forme de notices découpées dans

les listes de nouvelles acquisitions.

Le matériel des notices étant très varié, le cata

-logue offrait des renseignements bibliographiques

de valeur dissemblable. La graphie des notices

est multiple: aujourd'hui encore on trouve un

choix de fiches qui va de la notice calligraphiée

avec une beUe écriture liée et fleurie à celle plus

courante dactylographiée, en passant par toute

une gamme de caractères dans les notices impri

-mées.

La description bibliographique des ouvrages

également est très diverse suivant les différents

critères de catalogage auxquels elle a été soumise

dans le temps: ainsi, pour certains ouvrages on

ne mentionne pas même le nombre de pages

alors que pour d'autres la reliure est l'objet d'une

description bibliographique détaillée.

Le système des cotes présente également une

palette de combinaisons de signes qui défient le

plus scrupuleux des chercheurs. En 1912 on

abandonne l'ancien système méthodique de

cotation (les ouvrages étant rangés sur les rayons

par ordre de matières) et on adopte une nouvelle

série de cotes qui permet de classer les volumes

par format uniquement en faisant abstraction de

leur matière. Seuls les périodiques gardent l'an

-cien système. Les cotes matières primitives voisi

-nent donc dans le fichier avec les cotes de format

au gré de leur distribution alphabétique.

L

e c

atalo

g

u

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alphab

é

tiqu

e

coll

ect

if

En 1917, Frédéric Gardy qui est alors directeur de la bibliothèque, de concert avec la Société

académique de Genève élabore un projet pour la

création d'un catalogue collectif des biblioth

è-ques genevoises, selon le modèle du catalogue

central des bibliothèques de Zurich '.

En 1904 déjà avait paru un catalogue imprimé des périodiques scientifiques et médicaux se tro

u-vant aux bibliothèques de Genève: on y trouve

une liste de 23 bibliothèques de facultés et d'in

s-tituts scientifiques dont les périodiques font par -tie de ce catalogue 8.

En 1916 pal·aÎt une liste collective d'acquisi

-tions récentes comprenant des ouvrages de la

bibliothèque, des musées, du Conservatoire

bota-nique et de quelques autres bibliothèques de

Genève 9.

On le voit, l'idée flottait dans l'air depuis déjà

un certain temps. Ce projet ambitieux aboutit en

1918 lorsque les fiches des ouvrages des biblioth

è-ques genevoises sont intégrées dans le catalogue

alphabétique général existant. Le travail de réu

-nir en une seule série les titres des fonds et des

nouveautés appartenant aux bibliothèques scien

-tifiques genevoises avec ceux de la BPU est

énorme. Pour mener à bien cette tâche, la bibli

o-thèque dispose d'une somme de mille francs par

la Société académique et d'un crédit annuel de

1500 francs pendant 5 ans, attribué par l'Etat et

la Ville de Genève.

Pour réaliser ce catalogue collectif, opération

désormais classique, on découpe les titres des

(10)

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ouvrages dans les différents catalogues imprimés

des fonds existants et on les colle sur les fiches.

Lorsqu'il n'y a pas de catalogue on copie les

fiches ou on réimprime les notices. Parfois il faut

mettre au point à nouveau certaines notices qui ne sont pas conformes aux usages de la bibliothè -que, la BPU refait entièrement les notices qui

sont ensuite imprimées et multipliées suivant le

besoin. Pour faire tout cela la bibliothèque a acheté un appareil à imprimer, le « Multigra -phe», qui permet de réaliser l'impression de

tou-tes les notices et des listes d'acquisitions dont elle

a besoin.

Depuis 1920, en complément au catalogue c ol-lectif, la BPU publie annuellement les « Listes

collectives des acquisitions récentes faites par la

Bibliothèque publique et universitaire et par les principales bibliothèques scientifiques de Genè

-ve» 10. Ces listes servent de support pour la c

on-12

fection des fiches du catalogue collectif. On y

trouve les titres des ouvrages récents de l'ense

m-ble des bibliothèques. classés par ordre systémati

-que; un ensemble de cotes spéciales désigne les

ouvrages appartenant à chaque bibliothèque.

Les nombreuses manipulations dont il a besoin ne permettent pas encore l'accès du fichier collec -tif aux lecteurs. C'est pourquoi il est dédoublé

partiellement sur fiches avec les notices des

ouvrages datant seulement depuis 1900.

Cette situation va durer jusqu'en 1934 lorsque

le catalogue est enfin ouvert au public « sous la surveillance d'un bibliothécaire pendant quel-ques heures par jour» il. Il comporte quelques

340 000 fiches réparties dans 432 tiroirs. Les

anciens fichiers de la Salle de lecture, faisant do u-ble emploi désormais, sont supprimés.

Le catalogue collectif a débuté en 1918 avec la

participation de Il bibliothèques, en 1922 elles

sont au nombre de 22, en 1930 elles sont environ

40 et en 1962 le nombre des bibliothèques fig u-rant au catalogue était de 144. Mais, à cette

date, en raison du développement des bibliothè

-ques spécialisées et du nombre trop partiel des

notices fournies par les différents instituts attitrés, on retire du fichier collectif les fiches d'une bonne

partie des bibliothèques et avec un nombre r

es-treint d'entre elles on forme un catalogue coll

ec-tif indépendant. Restent dans le catalogue

prin-cipal les fiches des bibliothèques des facultés des

sciences humaines. La valeur documentaire du

catalogue collectif alphabétique était devenue

alors très discutable parce que trop partiel. De

plus, à cause de la dispersion des locaux universi

-taires, les principaux intéressés, c'est-à-dire les étudiants, consultaient de préférence les ouvrages

dans les bibliothèques des différentes facultés. Il devient donc nécessaire de restreindre le catal

o-gue à son objectif principal, la recherche dans le

domaine des sciences humaines, plutôt que

d'offrir un trop large ensemble de renseign

e-ments incomplets.

Les derniers changements du catalogue alph

a-bétique datent de 1975. A la suite des réaména

-gements des locaux du 1er étage et de l'agrandis

-sement de la salle des catalogues, on procède à la

redistribution et à l'accroissement des fichiers

pour l'ensemble des catalogues, disposition qui

est celle que l'on retrouve actuellement ".

L

e catalogue matiè

re

s

Malgré des changements aussi considérables et

importants que ceux du catalogue alphabétique,

l'histoire du catalogue matières est moins mou

ve-mentée.

Au début du siècle, nous l'avons vu, il existe

deux catalogues: pour l'ancien fonds le catalogue

imprimé de 1875 et pour les nouvelles acquis

(11)

ti-ces des fascicules constituant le 3e supplément

imprimé, disposées suivant l'ordre matières de

l'ancien catalogue 13. On ne trouve donc pas de

modifications importantes dans le système. Ce

registre couvre les acquisitions de 1900 à 1915.

Une note sur la couverture avertit le lecteur qu'il

«n'existe pas encore de répertoire méthodique

des ouvrages entrés pendant les années 1916 à

1918 ». Pour les années suivantes deux types de

catalogues prennent le relais: les fascicules de la

«Liste collective des acquisitions récentes» et le

catalogue sur fiches des dernières acquisitions

courantes. Tous ces documents conservent l'

an-cien classement systématique.

Cette situation confuse et compliquée du cata

-logue matières, partagé entre un catalogue

imprimé, un registre, un fichier et des listes

typo-graphiées va durer environ jusqu'en 1922.

Pourtant le catalogue matières sur fiches a, lui

aussi, un précédent: en 1904 on commence un

répertoire biographique sur fiches, classées dans

l'ordre alphabétique des noms des personnages,

amorce partielle de catalogue pal' matières

alphabétique ".

La création et le maintien du catalogue

géné-ral absorbait toute l'attention des bibliothécaires,

cela explique probablement l'apparition plus

tar-dive du catalogue matières sur fiches.

C'est en 1922 que l'on commence <de

classe-ment méthodique sur un nouveau plan des titres

des acquisitions récentes en vue de constituer un

catalogue méthodique sur fiches parallèle au

catalogue alphabétique». Ce fichier débute avec

les acquisitions faites à partir de 190015

.

Il était évident que l'ancien système de

matiè-res hiérarchisées ne convenait plus à la situation

des connaissances du

x.x

e siècle: trop rigide et

trop contraignante cette méthode avait fait son

temps. Une nouvelle vision des choses s'imposait

et le choix entre plusieurs systèmes n'était pas

chose aisée. Après en avoir écarté un certain

nombre, la décision se porte sur le système de

«dictionary-catalog» qui propose la répartition

des matières à la façon d'une encyclopédie en

classant alphabétiquement les mots-types sous

lesquels se retrouvent les notices des ouvrages sur

un même sujet 16

Cette méthode suppose un classement assez

souple des matières et des notices qui favorise les

différentes modifications et remaniements que

l'on veut apporter au fichier. On peut affiner les

matières (par exemple, rajouter dans le mot-type

« mort» une rubrique « eu th ana sie »), on peu t

ajouter de nouvelles matières récentes (par

exem-ple, «écologie », «informatique»), on peut

extraire une matière d'une autre (par exemple,

sortir de «peinture» ou de «littérature», la

matière «futurisme" et en faire un thème ind

é-pendant), on peut multiplier les divisions à l'in

té-rieur d'une matière (par exemple, rajouter à

«aménagement du territoire» un classement par

ordre géographique). La plupart des catalogues

matières actuels s'inspirent encore de ce système.

Toutefois, encore aujourd'hui, le catalogue

matières de la bibliothèque conserve le souvenir

des grandes divisions méthodiques qui

caractéri-saient les anciens catalogues imprimés: ainsi, on

retrouve, regroupées sous un même toit, toutes

les divisions ou sujets d'une matière donnée; c'est

le cas principalement de la théologie, du droit, de

la philosophie et de la médecine. Dans chacune

de ces matières on retrouve, rassemblés, tous les

aspects de la discipline. Sous «médecine », pal'

exemple, nous découvrons 39 divisions qui

résu-ment l'ensemble de toutes ses branches: la

pathologie, le diagnostic, les différentes maladies,

le fonctionnement des différents organismes du

corps, la neurologie, la psychiatrie, la stomatol

o-gie, etc.

Pas assez étoffé à ses débuts pour pouvoir être

utilisé avec profit, les lecteurs n'ont pas accès au

nouveau fichier matières. Trois ans après, cette

condition semble être en partie remplie et une

première tranche du catalogue est mise à la

dis-position du public. «Quoiqu'encore très in

com-plet, ce catalogue dont la confection exige un

tra-vail considérable, a été accueilli favorablement

par les lecteurs» ".

Ce nouveau fichier, de façon différente cenes,

fait suite au catalogue imprimé de 1875 et

rem-place les multiples documents bibliographiques

auxquels on avait eu recours de 1900 à 1925 pour

la recherche par matières.

En 1956 on introduit un nouveau catalogue de

notices faites à partir du dépouillement d'articles

biographiques repérés dans les revues littéraires

que possède la bibliothèque: ce fichier fait

pen-dant et complète l'ancien fichier de 1904. En

1983 les notices du catalogue d'articles sont

insé-rées dans le fichier des biographies pour ne

for-mer qu'un seul catalogue.

En 1975, pour des raisons de place, lors de

l'aménagement de la Salle des catalogues, toutes

les fiches relatives aLLX pays et aux peuples sont

retirées du fichier matières pour former un

cata-logue topo-bibliographique indépendant.

Dès lors, et sauf quelques remaniements

d'or-dre pratique, la trajectoire du catalogue matières

est uniforme et sa croissance régulière. Vers 1930

il comprenait environ 42 000 fiches réparties dans

1750 mots-types. Aujourd'hui il y a environ

1 300 000 fiches et près de 4000 mots-types.

En résumé, voici le panorama de l'ensemble

des différents fichiers de la bibliothèque qui se

trouvent actuellement à la disposition des l

ec-teurs :

Le fichier général en une seule série

alphabéti-que des noms des auteurs, des titres anonymes

et des titres de périodiques, qui contient les

notices de tous les ouvrages que possède la

(12)

bibliothèque et de ceux d'un certain nombre

d'instituts et de bibliothèques de facultés des

sciences humaines, ainsi que le Musée de l'his

-toire de la Réformation, l'Institut de l'histoire de la Réformation et la Société d'Histoire.

Le catalogue matières et ses annexes: le fichier

topo-bibliographique pour les lieux et les peu -ples, le fichier bio-bibliographique pour les ét

u-des sur les personnes et leurs œuvres et le

fichier des textes littéraires qui rassemble les

notices des ouvrages de littérature par langues

et pour certains genres dans un classement par

titre de l'œuvre.

L'ensemble du catalogue matières contient les

notices de tous les ouvrages existants à la

Bibliothèque depuis 1900. Pour les années pré -cédentes il faut se reporter au catalogue imprimé de 1875 qui, comme nous le savons,

possède un classement systématique.

Quelques catalogues annexes: le fichier des

ouvrages en cyrillique, avec une partie alpha

-bétique et une partie matières, qui regroupe

les notices du fonds considérable des ouvrages

russes que possède la bibliothèque.

Le fIchier alphabétique collectif indépendant

qui concerne les ouvrages d'un certain nombre

de bibliothèques genevoises qui ne figurent pas

dans le fichier alphabétique général.

Et, last but nol least, les fichiers des impressions

genevoises anciennes.

Telle est la situation des catalogues de la

bibliothèque en 1984, à la veille d'une nouvelle

mutation: son engagement dans la voie de l'in

-formatique qui lui permettra d'adapter ses in

s-truments de recherche aux exigences de son é

po-que, politique qu'elle a poursuivi tout au long de son histoire. Si l'on veut esquisser une réflexion à propos de l'histoire ardue des catalogues de la BPU à partir de 1900, on observe qu'elle aura connu en qua -n·e-vingts ans des changements plus nombreux et plus radicaux qu'elle n'en aura subi au cours des siècles précédents. Entre 1900 et 1930 environ, la démarche de la bibliothèque semble empreinte d'hésitation. Hésitation dans la marche à suivre et dans le choix des instruments: les catalogues se multi -plient et se diversifient en formant parfois des

points parallèles de recherche (on trouve simult

a-nément des recueils imprimés, des catalogues sur

fiches, des listes d'acquisitions mensuelles ou

annuelles et des répertoires partiels de fonds pa

r-ticuliers). Hésitation dans le classement pour ces

différents catalogues: on passe d'une classifica

-tion par matières à une classification alphabéti

-que dans les listes d'acqusitions puis on revient à

un classement par thèmes. Hésitation à laisser

aux mains des lecteurs les instruments de reche

r-che: les grands catalogues nouveaux restent inac

-cessibles au public pendant longtemps parfois, ce

14

qui oblige à en dédoubler une partie. Hésitation

entre la diversité des catalogues et le désir de co

n-centrer la recherche dans un fichier collectif uni-que.

A partir de 1930 des choix précis sont faits, des

orientations définies sont prises et les choses se

clarifient. Désormais on poursuivra une politique de rassemblement des catalogues et de leur affinement en facilitant différentes possibilités d'accès.

L'élaboration d'un catalogue sous sa double

face, alphabétique et matière, conditionne l'exis -tence même de la bibliothèque. C'est pourquoi

les choix dans ce domaine sont inéluctables. La

nature du catalogue en soi est ambiguë. Le cata -logue n'est pas le livre, il n'en est ni le reflet ni le

résumé, il se contente d'être une sorte de pièce

d'identité, une trace multiple et fluctuante qui

localise le véritable objet. La notice ne dévoile ni

n'explique rien, elle se contente de signaler l'exis

-tence d'une chose à lire quelque part dans les

méandres du bâtiment.

Et pourtant sans catalogue on peut difficil e-ment imaginer la bibliothèque. Le livre et sa

notice sont enchaînés indissolublement; si une

notice vient à disparaître le livre s'efface et ne

réapparaît qu'au gré d'un hasard quelconque qui lui restitue l'existence. Inversement, lor s-qu'un livre n'est pas à sa place la notice perd son essence, elle n'est plus qu'une ombre renvoyant à un fantôme improbable. On l'a si bien senti que

l'on appelle «fantôme" la planchette qui signale

le déplacement ou l'absence d'un ouvrage sur

l'étagère à la place où habituellement il devrait

s'y trouver.

Pour le livre, le désordre du catalogue et l'ou -bli sont mortels.

L'ambiguïté du catalogue se manifeste égal

e-ment au niveau du savoir. Le catalogue se veut

gardien et reflet de la connaissance, il élabore son

classement et le veut total. Mais le classement du

savoir par catégories est une appréciation de

valeur et donc essentiellement changeante. La

connaissance elle-même défie toute tentative de

classement systématique, absolu et définitif,

mouvante qu'elle est elle aussi de par sa nature.

La fiche matière constitue un miroir et un piège pour le livre: un miroir parce qu'elle peut dévoiler les multiples profils d'une œuvre, et un

piège car elle peut être aussi la prison dans

laquelle le livre reste enfermé, le mot-matière

emprisonne le livre et par là même peut l'occul

-ter ou peut en dévoiler les nombreux aspects en

multipliant les accès.

De la page manuscrite annotée aux persp

ecti-ves futures de la notice impalpable du terminal

en passant par la fiche rangée dans son tiroir,

l'histoire des catalogues résume l'histoire de la

bibliothèque.

(13)

Notes

1 En 1612 on comptait 1200 volumes, en 1700 environ 3500

volumes. en 1900: 140000 volumes, en 1930: 300000 vo

lu-mes, en 1970: 1 200000 volumes et en 1984 la bibliothèque

a environ 1 300000 volumes

2 Auguste Bou\'ier: Les joies el les peines dJllll bibliothécaire,

p. 326.

3 • Catalogue de la Bibliothèque publique de Genève.

Troi-sième supplément -. 1900-1906. Ce catalogue couvre les acq uisitions faites entre 1898 et 1906.

t t( Catalogue par ordre de matières des ouvrages entrés à la

Bibliothèque de 1900 à 1915 -. 6 vols.

'

«

Catalogue alphabétique. 3e supplément: 1899 et années

suivantes-.

, Frédéric Gardy: La Bibliothèque de Genève de 1900 à 1930, p. 27.

, Ibid., p. 25.

, Maurice Boubier: Catalogue des périodiques scienlifiques (sciences

biologiques el médicales) q/li se trouvent m,x bibliothèques de Genève,

19D-f.

Il existe également une deuxième édition de ce catalogue qui date de 1912.

• Compte rendu de la Bibliothèque publique et universitaire pour l'année 1916, pp. 6-7.

10« Liste collective des acquisitions récentes faites par la Bibli

o-thèque publique et universitaire et par les principales biblio-thèques scientifiques de Genève., 1919-1951.

"Compte rendu de la Bibliothèque ... pour l'année 1934, p. 4.

"Compte rendu de la Bibliothèque .. pour l'année 1975, p. 6. 13 Voir note nO 4.

.. Compte rendu de la Bibliothèque ... pour l'année 1904. p. 7. "Compte rendu de la Bibliothèque ... pour l'année 1922, p. 9.

"Frédéric Gardy: La Bibliothèque de Genève de 1900 à 1930,

p. 28.

17 Compte rendu de la Bibliothèque .. pour l'année 1925, p. 10.

Bibliographie

Bibliothèque publique et universitaire. - Compte rendu pour

l'année ...

1878-Bouvier, Auguste. - La Bibliothèque publique et universitaire de Genève. Notice à l'usage des étudiants. Extrait de L'

étu-diant genevois, Genève, 1926.

Bouvier. Auguste. - Les joies et les peines d'uo bibliothécaire.

ln: «Bulletin de l'institut National genevois, nO 46, 1932.

p. 319-331.

Gardy, Frédéric. - La Bibliothèque de Genève de 1900 à 1930.

Genève, 1930.

Vue générale de la Salle des Catalogues actuelle.

(14)
(15)

De «l'ancien» au «nouveau»

En ce début de 1985, où la Bibliothèque

publi-que et universitaire de Genève (BPU) va clore son

catalogue général et se rattacher au catalogue «

in-formatisé» de la Bibliothèque cantonale et

univer-sitaire de Lausanne, le moment me paraît bien

choisi pour jeter un coup d'œil d'ensemble sur ce que l'on appellera désormais <d'ancien» et «le

nouveau catalogue». Quitte à enfreindre quelques

tabous, je me propose de le faire en lecteur, je veux dire en adoptant le point de vue du lecteur, de l'

uti-lisateur, et celui-là seulement. Car si les lecteurs, en Suisse pas plus qu'ailleurs, ne sont jamais appelés à donner leur avis sur les instruments de travail qu'on

place entre leurs mains, il n'en reste pas moins que

les catalogues des bibliothèques sont destinés avant

tout à leur rendre service.

Je commence par l'ancien. Quand je disais que

les lecteurs ne faisaient jamais connaître leur opi-nion, j'oubliais que dans la foulée de mai 68, une

revue estudiantine genevoise avait fait le procès de

la BPU en général, et de son catalogue en

particu-lierl . On y déplorait notamment le manque de

clarté, voire de lisibilité de certaines fiches surchar-gées d'adjonctions et de ratures - et la diatribe était accompagnée d'un édifiant fac-similé. Il est vrai qu'à la BPU, on a longtemps répugné à remplacer

une fiche ancienne par une nouvelle et que l'on

préférait remanier, rectifier, compléter, corriger, plutôt que refondre. Cette attitude mériterait d' ail-leurs toute une analyse.

Je ne suis pas sûr pourtant que ce soit là le défaut

majeur du catalogue général de la BPU. Ce léger

débraillé avait même quelque chose de pittoresque,

tout comme la variété des écritures et la bigarrure

des encres2. Moins frappante au premier abord,

mais sans doute plus regrettable est l'inégalité, la disparité des notices. Quel contraste entre une fiche rédigée en 1900 et celle que l'on ferait aujourd'hui pour le même livre! Depuis le début du siècle, et surtout durant les trois dernières décennies, les

rè-gles de catalogage ont considérablement évolué et

cette évolution s'est refletée naturellement dans le

catalogue général. Si les fiches, à partir de 1975,

sont rédigées conformément aux normes désormais

internationales de catalogage, les précédentes obéissaient à des règles qui changèrent à réitérées reprises et dont certaines d'ailleurs paraissent

au-jourd'hui difficiles à justifier. C'est ainsi qu'une tradition de la BPU voulait que le nombre de pages

ne soit précisé que pour les ouvrages qui en comp

-taient moins de 1001

Cette disparité est surtout gênante pour les lec

-teurs (venus souvent tout exprès de l'étranger) qui

travaillent sur les livres des XVIe, XVIIe et XVIIIe

siècles. La plupart de ces ouvrages en effet font

par-tie du «fonds ancien» pour lequel on s'est borné à

découper et à coller sur fiches les notices du dernier

catalogue imprimé] Or ces notices imprimées, par un louable souci d'économie, avaient été réduites

au strict minimum: les titres y sont très souvent abrégés, le nom de l'éditeur n'y est pas mentionné,

et ainsi de suite. On aboutit donc à ce paradoxe d'avoir un catalogue général qui offre le moins de

détails pour les livres qui précisément en deman-dent le plus. A cet égard, le cas de Genève n'est pas

exceptionnel et c'est pour remédier à des

insuffi-sances analogues que de nombreuses bibliothèques,

dans les principaux pays de l'Europe, ont mis en

chantier un recatalogage systématique de leurs

«fonds anciens» 4.

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