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Québec LYNX DU CANADA

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Academic year: 2022

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Texte intégral

(1)

LYNX DU CANADA

par

Claude Dussault

Québec

n aan

(2)

Service de la faune terrestre

Plan tactique Lynx du Canada

Claude Dussault

Direction de la gestion des espèces et des habitats Ministère du Loisir, de la Chasse et de la Pêche

Juin 1990

(3)

Dépôt légal

Bibliothèque nationale du Québec 3e trimestre 1990

ISBN: 2-550-21130-8

(4)

- I l l -

AVANT-PROPOS

Le présent document constitue une partie de la démarche de planification que le Ministère du Loisir de la Chasse et de la Pêche a entrepris, à l'égard de la gestion de certaines espèces prioritaires au Québec, dont le Lynx du Canada.

Ce plan se veut donc un portrait de la situation de cette espèce en Amérique du Nord et une réflexion sur les problèmes appréhendés de gestion et les solutions à y apporter.

Après avoir été bonifié, suite aux commentaires des responsables régionaux et revu avec les représentants de l'Association provinciale des Trappeurs ind. du Québec, le plan tactique sur le Lynx du Canada a été soumis au comité de suivi du Sommet québécois sur la faune qui l'a entériné à sa réunion du 11 juin 1990.

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(6)

- V -

RÉSUME

Les populations de Lynx du Canada (Felis lvnx) sont soumises à des variations cycliques, qui s'échelonnent au Québec, sur une période d'environ neuf ans. Ces fluctuations du niveau des populations, sont conditionnées par le même genre de cycle que sa proie principale, le Lièvre d'Amérique (Lepus americanus). En période d'abondance de lièvre, le taux élevé de survie des jeunes lynx permet aux populations de prendre de l'expansion. À l'inverse, alors que la disponibilité des proies se fait rare, on observe non seulement une diminution du taux de survie des jeunes, mais également une baisse dans le pourcentage de femelles gestantes.

En fonction de la valeur de la fourrure, le piégeage du lynx peut s'avérer très intéressant pour les utilisateurs. C'est en 1984 que le prix moyen de la fourrure atteignait ses plus hauts niveaux à plus de 600$. Bien qu'ayant diminué par la suite, le prix demeure intéressant.

Quoiqu'il en soit, depuis le début du siècle, en période de haut cycle, on récoltait de 4 000 à 6 000 fourrures de lynx. À l'opposé, en période de bas de cycle, les récoltes variaient entre 400 et 2 500 selon les années. Cependant, malgré la hausse soudaine du prix de cette fourrure au début des années quatre-vingt, la récolte en haut cycle a atteint à peine la moitié du pic précédent. Par la suite la récolte n'a cessé de diminuer, malgré une bonne valeur monétaire. De plus, l'amorce d'un nouveau pic (élevé) de la récolte tarde à se faire sentir. On appréhende donc certains problèmes au niveau des populations.

Historiquement, la gestion du Lynx du Canada, au Québec, comme dans toutes les juridictions nord-américaines où on retrouve cette espèce, a été plutôt limitée. Ainsi, que l'on ait été en haut ou en bas de cycle, les saisons de piégeage ne variaient pas. Toutefois, au cours des dernières années, des problèmes pressentis par les différentes

(7)

- VI -

juridictions concernant les populations de lynx, ont amené celles-ci à réagir au niveau de la gestion de cette espèce. Les nouvelles modalités retenues afin de contrôler la récolte sont principalement:

l'ajustement de la longueur de la saison de piégeage, l'apposition de sceau sur les fourrures, l'imposition de quotas, la limitation du nombre de permis et la visite régulière des pièges. D'autre part, les outils qu'utilisent les biologistes afin de suivre l'évolution des populations consistent en la collecte de l'effort de piégeage, l'enregistrement des récoltes, l'examen du rapport des sexes, du rapport des jeunes dans la récolte, du pourcentage de femelles gestantes, de l'indice sur le niveau et la tendance des populations, le suivi des pistes de lynx et enfin, le suivi des populations de lièvres.

Compte tenu de la situation du Lynx du Canada au Québec, il est suggéré de prendre les mesures suivantes. D'abord, se doter d'outils de suivi adéquats afin d'évaluer l'évolution des populations; d'ailleurs, bon nombre de ces outils sont actuellement mis en place. Dans un deuxième temps, il faudra tenir compte de la nature cyclique du lynx dans la gestion de ce dernier. Cette gestion serait davantage bonifiée par l'acquisition de connaissances sur les densités que peuvent atteindre le lynx dans les différents habitats du Québec, par une meilleure connaissance de l'habitat et de certains aspects de la dynamique des populations. D'autre part, les données sur la récolte notamment en ce qui touche la localisation de celle-ci en zone libre, devront être étudiées avec attention. Enfin, le rôle du piégeage et des autres facteurs de mortalité sur la dynamique des populations permettront de raffiner nos mesures de gestion. D'autres problèmes sont soulevés, dont la compétition interspécifique avec le Lynx roux (Felis rufus) ou le Coyote (Canis latrans), l'impact du col 1 étage du lièvre sur les populations de Lynx du Canada et l'absence de programme ou politique relatifs à l'élevage du lynx.

(8)

- v n - TABLE DES MATIERES

Page AVANT-PROPOS iii RÉSUMÉ .... v TABLE DES MATIERES vi i LISTE DES TABLEAUX xi LISTE DES FIGURES xi i i 1. MISE EN SITUATION 1 2. BIOLOGIE DE L'ESPÈCE 3 2.1 Caractéristiques physiques 3 2.1.1 Pelage 3 2.1.2 Mensuration 4 2.2 Répartition et densité 8 2.3 Domaine vital et déplacements 13 2.4 Habitat 17 2.5 Régime alimentaire 18 2.6 Reproduction 27 2.7 Parasitisme 33 2.7.1 Ectoparasites 34 2.7.2 Endoparasites 34 2.7.2.1 Cestodes 34 2.7.2.2 Nématodes 35 2.7.2.3 Trématodes 40 2.7.2.4 Autres 40 2.8 Facteurs limitants 40 3.. DYNAMIQUE DES POPULATIONS 44

(9)

- vin -

TABLE DES MATIÈRES (suite)

4. L'OFFRE 48 4.1 Activités consommatrices 48 4.2 Activités non-consommatrices 48 5. LA DEMANDE 49 5.1 Activités consommatrices 49 5.2 Activités non-consommatrices 51 6. UTILISATION ET IMPACT ÉCONOMIQUE 52 6.1 Récolte et impact économique de la récolte 52 6.2 Jours d'activité et impact économique

du piégeage 54 6.3 Utilisation selon le réseau 55 6.3.1 Terrains de piégeage 55 6.3.2 Unités de piégeage 55 6.3.3 Zone libre 56 6.3.4 Pourvoiries 56 6.3.5 Réserves à Castors 56 6.4 Utilisation alimentaire 58 6.5 Elevage du lynx 58 7. LES OUTILS RÉGLEMENTAIRES 60 7.1 Fermeture des saisons de piégeage 60 7.2 Ajustement de la longueur des saisons de piégeage 61 7.3 Apposition d'un sceau 64 7.4 Imposition de quotas 65 7.5 Limitation des permis 66 7.6 Limitation sur les engins de piégeage 66 7.7 Alternance des mesures restrictives 67

(10)

- IX -

TABLE DES MATIÈRES (suite)

8. PARAMÈTRES DE SUIVI 68 8.1 La récolte 68 8.2 Structure de la récolte 70 8.3 Indices de la productivité 71 8.4 Indice d'abondance des populations 72 8.5 Indice de tendance des populations 73 8.6 Suivi des pistes 73 8.7 Effort de piégeage 73 8.8 Suivi des populations de lièvres 74 9. PRIORITÉS D'INTERVENTION 75 9.1 Orientations 75 9.2 Problématique et solutions 75

9.2.1 Orientation relative à l'amélioration

du suivi des populations 75 9.2.2 Orientation relative à la révision

des mesures réglementaires de gestion 77 9.2.3 Orientation relative à l'acquisition de

connaissances reliées aux habitats et à la

dynamique des populations de lynx 78 9.2.4 Orientation relative à l'élevage du lynx et

autres problèmes spécifiques 79 9.3 Conclusion 80 10. BIBLIOGRAPHIE 81

(11)
(12)

- XI -

Tableau 1.

Tableau 2.

Tableau 3.

Tableau 4.

Tableau 5.

Tableau 6.

Tableau 7.

Tableau 8.

Tableau 9.

Tableau 10.

Tableau 11.

Tableau 12.

Tableau 13.

Tableau 14.

LISTE DES TABLEAUX

Caractéristiques physiques (poids, longueur) du Lynx du Canada en provenance de diverses

régions nord-américaines 5 Caractéristiques physiques du Lynx du Canada,

mesurées par Saunders (1964) à Terre-Neuve 9 Évaluation de la densité du Lynx du Canada en

Amérique du Nord 12 Évaluation du domaine vital du Lynx du Canada par

la télémétrie dans diverses régions nord-américaines 15 Importance des mammifères dans la diète du

Lynx du Canada .19 Importance des oiseaux, de la végétation et

des poissons dans la diète du Lynx du Canada 23 Taux de succès de captures des proies par le

Lynx du Canada 26 Évaluation de la grosseur des portées du Lynx

du Canada à partir des corps jaunes et des

traces placentaires 29 Endoparasites rencontrés chez le Lynx du Canada 36 Évolution du nombre de permis et de la demande

pour le piégeage de 1984 à 1989 51 Évolution du nombre de terrains et d'unités de

piégeage ainsi que la récolte de Lynx du Canada

dans les réseaux de piégeage de 1984 à 1989 59 Statut et abondance du Lynx du Canada en Amérique

du Nord 64 Modalités utilisées par différentes juridic-

tions nord-américaines exploitant le Lynx du Canada,

pour régi ementer 1 a récol te 65 Modalités utilisées par différentes juridic-

tions nord-américaines exploitant le Lynx du Canada,

pour suivre les populations 71

(13)
(14)

- Xlll -

LISTE DES FIGURES

Figure 1. Distribution du Lynx du Canada en Amérique

du Nord 10 Figure 2. Répartition de la récolte du Lynx du Canada

au Québec entre les saisons de piégeage de

1984-85 et 1987-88 (lynx capturés/100 km2) 14 Figure 3. Évolution de la récolte et de la valeur

monétaire du Lynx du Canada au Québec de

1917 à 1987 53

(15)
(16)

- 1 - 1. MISE EN SITUATION

Le Lynx du Canada (Felis lynx) appartient à la famille des félidés, laquelle comprend 4 genres et 37 espèces (Vaughan 1972; Nowak et Paradiso 1983). Les premiers représentants des félidés seraient appa- rus durant l'éocène, il y a quelque 50 millions d'années. Au cours de l'oligocène (30 millions d'années), les félidés se sont divisés en deux groupes dont un incluait les gros chats, où on retrouvait ceux à dents de sabres, et le second se constituant de plus petits chats dont on retrouve encore les représentants aujourd'hui (Colby 1964).

Plusieurs caractères identifient les félidés. Notons seulement que ce sont des animaux digitigrades avec cinq doigts sur les pattes avant et quatre sur les pattes arrière; que les griffes sont rétractiles, sauf pour le guépard (Acinonvx .iubutus; Colby 1964); que le museau est court et large (Hall 1981) et qu'ils possèdent des yeux spécialisés pour voir la nuit (Colby 1964). Pour sa part, le lynx se caractérise principa- lement par la présence de mèches de poils sur les deux oreilles, une courte queue, de longues pattes par rapport à la longueur du corps, une petite tête et l'absence de la prémolaire numéro 2 au niveau de la den- tition (Werdelin 1981).

La classification du Lynx du Canada de même que celle du Lynx roux (Felis rufus), n'est pas encore clarifiée. Pendant plusieurs années, le nom de genre utilisé était Lynx (Lynx canadensis et L. rufus pour le Lynx du Canada et le Lynx roux respectivement). La nouvelle utili- sation Felis est due au fait que l'on considère que les lynx ne sont pas suffisamment différents des autres félidés du genre Felis pour avoir une appellation différente (Van Gelder 1977 in Quinn et Parker 1987). Cependant, Hall (1981) et Werdélin (1981) considèrent que le genre Lynx devrait être encore utilisé.

Les deux espèces de lynx rencontrées en Amérique du Nord seraient issues d'un même ancêtre présentement inconnu (Quinn et Parker 1987).

Les deux espèces sont probablement le résultat d'une invasion séparée du Lynx asiatique (Felis lynx lynx), par le pont du détroit de Bering

(17)

- 2 -

pendant les périodes interglaciaires du pleistocene (2 millions d'années).

Suite à la première invasion, le Lynx asiatique aurait évolué de façon indépendante pendant la période d'isolation géographique et aurait eu ainsi une population sudiste qui est devenue le Lynx roux. Au cours de la deuxième invasion le Lynx asiatique aurait occupé les niches lais- sées par le retrait des glaciers pour donner le Lynx du Canada.

Aujourd'hui le Lynx asiatique est deux fois plus gros que le Lynx du Canada et ressemble davantage au Lynx roux (Quinn et Parker 1987).

Le Lynx du Canada ou Loup-cervier, est une espèce circumpolaire dont on reconnaît huit sous-espèces: Felis lynx lynx en Europe boréale, en Asie et dans les montagnes Carpates, F. 1. pardina dans la péninsule Ibéri- que (Espagne et Portugal), F. 1. isabellina dans les montagnes de l'Asie centrale et de l'est, F. 1. sardiniae en Sardaigne (Corse), F.

1. stroganovi dans la région du lac Baikal en Russie et F. 1 kozlovi également en Russie. En Amérique du Nord on retrouve deux sous-espè- ces, soit F. 1. canadensis confiné principalement au Canada (sauf l'île du Prince Edouard, la Nouvelle-Ecosse et Terre-Neuve) et en Alaska, et enfin F. 1. sol anus à Terre-Neuve (McCord et Cardoza 1982).

Une description plus détaillée de la distribution en Amérique du Nord sera effectuée plus loin.

Une des particularités rattachée à cette espèce, est la variation cyclique du niveau des populations, sur une période approximative de dix ans, qui a été démontrée par Elton et Nicholson (1942) pour les populations du Canada.

(18)

- 3 - 2. BIOLOGIE DE L'ESPÈCE

2.1 Caractéristiques physiques 2.1.1 Pelage

Certaines caractéristiques distinguent les deux espèces de lynx ren- contrées au Québec. L'extrémité pointue des oreilles du Lynx du Canada porte une longue mèche de poils noirs contrairement au Lynx roux où l'extrémité arrondie des oreilles porte une courte mèche de poils éga- lement noirs. L'extrémité de la queue est totalement noire chez le Lynx du Canada, alors que chez le Lynx roux la queue est barrée noire.

Le revers des oreilles est de couleur gris bordé de noir chez le Lynx du Canada, alors qu'il est noir avec une tache blanche au centre chez son cousin. De larges coussinets feutrés ne se rencontrent que chez le Lynx du Canada. Enfin notons que le Lynx roux possède un pelage plus tacheté que le Lynx du Canada (Colby 1964; Banfield 1974; Rolley 1987).

En général, le pelage hivernal se décrit comme une longue fourrure épaisse et duveteuse de couleur grizzly, gris-brun avec des touffes de brun pâle (Durrant 1952 et Jackson 1961 in McCord et Cardoza 1982;

Saunders 1964) le poil de bourre étant d'un brun chamois (Banfield 1974). Bien que l'on puisse donner une description générale de la coloration et des caractéristiques de la fourrure du Lynx du Canada (ci-après appelé lynx), il existe quand même certaines variations régionales. Ainsi, alors que la fourrure de l'ouest tend à être de beige à argenté, dans l'est elle est plutôt noire ou grise et blanche (Obbard 1987). On observe également des différences dans les carac- téristiques des fourrures. Dans le nord ontarien et québécois, à Terre-Neuve et au Labrador, les peaux tendent à être larges avec une fourrure épaisse et duveteuse; les poils de bourre et de garde sont longs et la longueur du grotzen est négligeable (le grotzen étant la région du dos où le poil peut s'hérisser). Ces caractéristiques s'apparentent à celles de l'Alaska et du Yukon. Dans le centre du Québec et de l'Ontario, la longueur des poils est intermédiaire, la

(19)

- 4 -

fourrure d'épaisseur moindre, que la précédente, et le grotzen est d'une bonne longueur. Les fourrures des Territoires du Nord-Ouest, du nord de la Colombie Britannique, de 1'Alberta et de la Saskatchewan se rapprochent de ces caractéristiques. Enfin, les peaux en provenance du sud ont une fourrure courte, épaisse et le grotzen est prononcé. On retrouve la même situation dans le centre et le sud de la Colombie Britannique, le sud de 1'Alberta et de la Saskatchewan, le Manitoba et le Montana (Obbard 1987).

Le pelage du lynx montre parfois une phase bleue, le plus souvent dans le Nord-Ouest du Canada et principalement au Yukon. Ce lynx bleu serait une forme d'albinisme partiel (Quinn 1984; Quinn et Parker 1987). Les poils de bourre sont gris teintés de jaune ou de brun, alors que les poils de garde sont bleu-gris (Obbard 1987).

La mue survient en avril et mai, et le pelage d'hiver laisse place à une fourrure de couleur rousse (Saunders 1961 jjn McCord et Cardoza 1982; Quinn et Parker 1987). Le pelage d'hiver aura totalement rem- placé celui de l'été en octobre et novembre et on n'observe pas de différences de coloration entre les mâles et les femelles (Saunders 1964; McCord et Cardoza 1982).

2.1.2 Mensuration

Un léger dimorphisme sexuel existe chez le lynx, les mâles étant géné- ralement plus gros que les femelles (Parker et a]_. 1983; McCord et Cardoza 1982; Banville 1986; Noiseux et Doucet 1987). Les caractéris- tiques morphologiques du lynx varient selon sa distribution géogra- phique (McCord et Cardoza 1982). En Amérique du Nord, le poids moyen des mâles et des femelles adultes, varie de 9,1 à 10,7 kg et de 8,5 à 9,1 kg respectivement (Tableau 1). Les poids enregistrés en Suède et en Russie sont de loin supérieurs à ces valeurs, atteignant même 32 kg (Novikov 1962; Ognev 1962; Haglund 1966). Chez les mâles juvéniles, des mesures prises par Saunders (1964) à Terre-Neuve ont montré

(20)

Tableau 1. Caractéristiques physiques (poids, longueur) du Lynx du Canada en provenance de diverses régions nord-américa ines

Moyenne A) Mâlesa

9,7 4.3*

9.2 9,1 4,2*

10,6 10,6

10,7 4,4*

6,1**

B) Femelle 8,5 4,0*

8,4 7,9 3,6*

9,1

Poids (kg)

Etendue

7,0 - 16,5 3,0 - 5,2 7,0 - 12,4

l,33b

l,2b

6,8 - 13,2 10,0 6,7 - 17,2 6,8 - 14,1 5,7 - 9,9

12,2 6,4 - 17,2 1,0 - 7,2 5,0 - 7,7 a

6,7 - 11 3,5 - 4,7 6,1 - 9,8

l,15b

0,84b

5,9 - 13,2 4,2*

7,0 4,0*

9,1 '

N

54 6 6 51 13 12 1 20 1 1 93 5 4

47 7 5 45 11 17 1 1 1 1

Moyenne

90,8

89,0

96,5 89,3 63,0 72,6

87,6

84,0

Longueur (cm)

Etendue

83,0

74,0 71,0

73,7 43,7 68,6

76,0

- 97,0

- 106,5 - 8 5 , 0

- 106,7 - 73,7 - 77,5

- 101,0

N

6

24 1 96

5 4

5

1

Endroits

Québec Québec Québec Québec Québec Minnesota Montana Terre-Neuve Alaska Alberta

Iowa

Terre-Neuve Terre-Neuve Terre-Neuve

Québec Québec Québec Québec Québec Minnesota Minnesota Montana Montana Minnesota

Auteurs

Lafond (comm. pers.) Lafond (comm. pers.) Noiseux et Doucet (1987) Banville (1986)

Banville (1986) Mech (1980)

Koehler et. aj.. (1979) Banfield (1974) Nava (1970)c

Nellis et Wetmore (1969) Rasmussen (1969)

Saunders (1964) Saunders (1964) Saunders (1964)

Lafond (comm. pers.) Lafond (comm. pers.) Noiseux et Doucet (1987) Banville (1986)

Banville (1986) Mech (1980) Mech (1980)

Koehler et. al.. (1979) Koehler et. aj. (1979) Mech (1977)

I in

i

(21)

Tableau 1. (Suite)

Moyenne

8,6 8,6 5,1 5,4

Poids (kg)

Etendue

5,1 - 4,5 - 5,0 - 4,4 - 3,9 - 19,

11,6 10,4 11,8 5,9 6,8 9

N

140 91 4 4 1

Moyenne

84,5 84,4 67,2 76,7

Longueur (cm)

Etendue

76,5 - 67,0 -

76,2 • 65,8 •

67,3 -

• 9 6 ,

- 82, - 96, - 69, - 83, 5 0 5 6 8

N

186 89 4 4

Endroits

Terre-Neuve Alaska Terre-Neuve Terre-Neuve Terre-Neuve Pennsylvanie

Auteurs

Banfield (1974) Nava (1970)°

Saunders (1964) Saunders (1964) Saunders (1964) Rhoads (1903)c

Les jeunes (< 12 mois) sont indiqués à l'aide d'un astérisque (*) alors que les juvéniles (12 - 25 mois) sont indiqués à l'aide de deux astérisques (**).

Ecart-type.

Tiré de McCord et Cardoza (1982).

i

en

(22)

- 7 -

des valeurs oscillant entre 5,0 et 7,7 kg. Plus spécifiquement au Québec, Noiseux et Doucet (1987), pour la Réserve des Laurentides de même que Banville (1986) pour la Haute Côte-Nord, ont rapporté spécifiquement des poids moyens de 9,2 et 9,1 kg pour les mâles adultes et de 8,4 et 7,9 kg pour les femelles adultes. Chez les jeunes de 0,5 an, Banville (1986) rapporte 4,2 et 3,6 kg pour les mâles et les femelles respectivement (Tableau 1 ) . En 1988 et 1989 on rapporte au Québec des poids moyens de 9,7 et 8,5 kg pour les mâles et les femelles adultes alors que ces poids sont respectivement de 4,3 et 4,0 kg pour les jeunes (René Lafond, comm. pers.). Lorsque ces données proviennent des carcasses, les divers auteurs ne précisent cependant pas si les poids ont été corrigés pour tenir compte de la pesanteur de la fourrure.

À la naissance, la longueur des mâles et des femelles est d'environ 16,3 et 15,8 cm alors que le poids est près de 197 et 211 g respec- tivement (Saunders 1964). Le poids et la longueur maximum sont atteints à l'âge de deux ans (Parker et al_. 1983). En Ontario, Quinn (1984) et Quinn et Gardner (1984) soutiennent que l'on pourrait diffé- rencier les jeunes des adultes dans la récolte, à partir de la longueur des peaux. Celles dont la longueur, du nez à la base de la queue, est inférieure à 81 cm seraient classées parmi les jeunes. La longueur moyenne des fourrures de lynx adultes recueillies au Québec au cours des saisons 1988 et 1989 était de 92,5 cm (n = 1 8 ) .

Les femelles juvéniles mesurées par Saunders (1964), montre que celles- ci sont plus grandes que les mâles; 76,7 cm par rapport à 72,6 cm. Par contre, en Amérique du Nord, les mâles adultes montrent des valeurs moyennes supérieures aux femelles; 89,3 - 96,5 cm comparativement à 84,0 - 87,6 cm. Au Québec, dans la réserve des Laurentides, les longueurs moyennes rapportées sont de 91 cm pour les mâles et de 88 cm pour les femelles (Noiseux et Doucet 1987; Tableau 1 ) .

Saunders (1964) a fait une description des différentes caractéristiques physiques du lynx à Terre-Neuve. Outre la longueur et le poids, la

(23)

- 8 -

longueur de la queue et du pied arrière de même que des mesures crâ- niennes ont été effectuées (Tableau 2 ) .

On considère généralement que le Lynx roux est plus petit que le Lynx du Canada (Colby 1964; Banfield 1974; Rolley 1987). Cependant, les mesures de poids et de longueur peuvent se chevaucher entre les deux espèces (Banfield 1974; Peterson 1966 in McCord et Cardoza 1982;

Banfield 1974).

2.2 Répartition et densité

Le lynx est une espèce holarctique que l'on rencontre aussi bien en Europe et en Asie qu'en Amérique du Nord. McCord et Cardoza (1982) ont résumé là distribution du lynx. Ainsi, on le retrouve dans des régions limitées de la Scandinavie, de la Pologne, de la Tchécoslovaquie, de la Yougoslavie, de la Roumanie et de la Grèce (Guggisberg 1975). Il se retrouve également en Espagne (Goodwin et al- 1978), en Iran et en Irak (Guggisberg 1975), au Tibet, aux Indes (Prater 1971), en Mongolie de même que dans l'ouest et le nord-ouest de la Chine (Tate 1947) et enfin en Russie (Novikov 1962; Ognev 1962).

En Amérique du Nord, le lynx se rencontre dans la forêt boréale (Figure 1 ) . Sa distribution actuelle ne diffère pas beaucoup de sa distribution préhistorique, bien que l'on ait constaté une perte d'habitat surtout dans le sud de celle-ci. (McCord et Cardoza 1982;

Quinn et Parker 1987). La limite méridionale de sa distribution semble coïncider avec la limite nord de celle du Lynx roux, bien qu'il puisse y avoir chevauchement d'habitats de la part des deux espèces (Quinn et Parker 1987; Rolley 1987).

Au Canada, on le rencontre d'est en ouest et en abondance variable. À l'île du Prince Edouard, le lynx a été éliminé au début des années 1800, suite à une destruction des habitats, tout comme en Nouvelle- Ecosse où on ne le retrouve plus que sur l'île du Cap Breton (CITES 1982). On le retrouve dans les autres provinces maritimes, au Québec,

(24)

- 9 -

Tableau 2. Caractéristiques physiques du Lynx du Canada, mesurées par Saunders (1964) à Terre-Neuve.

Caractères Sexea

Longueur (cm) Moyenne Étendue

Queue

Patte arrière (Pied arrière)

Longueur crânienne

Longueur basilaire

Largeur zygomatique

Longueur de la rangée de dents Largeur de la canine

10,4 9,7 8,4 2,8 10,2 9,7

23,4 22,3 18,3 19,6 20,6 20,5 12,9 12,2 10,8 10,1 9,4 8,9 4,0 3,7 3,5 3,2

5, 7, 5, 5, 8, 7,

20 19 7 17 15 18

1 - 13,8 6 - 12,2 1 - 10,2 8 - 8,9 9 - 11,4 6 - 11,4

22 ,8 - 26,0 ,0 - 24,8 ,6 - 21,6 ,8 - 21,6 ,0 - 21,6 ,5 - 22,3

4,10b

2,95b

4,01b

2,48b

3,22b

l,89b

l,22b

0,86b

2,75b

0,99b

96 95 5 4 4 5 1 95 89 5 4 4 5 23 13 24 13 24 13 24 15 22 15

Les jeunes (< 12 mois) sont indiqués par un astérisque ( ) alors que les juvéniles (12-24 mois) sont indiqués par deux astérisques ( ) .

Écart-type.

(25)

Figure 1. Distribution du Lynx du Canada en Amérique du Nord (Quinn et Parker 1987).

(26)

- 11 -

en Ontario, dans les provinces de l'ouest, au Yukon et dans les Terri- toires du Nord-Ouest. Il est cependant absent dans les zones non forestières de la péninsule de l'Ungava et des Territoires du Nord- Ouest (Van Zyll de Jong 1971; Banfield 1974). Aux États-Unis, le lynx se retrouve principalement en Alaska (Bee et Hall 1956; Manville et Young 1965), dans la partie nord de la Nouvelle-Angleterre (Godin 1977), en partie dans les États des Grands lacs (Gunderson 1978), dans les Montagnes Rocheuses jusqu'au Utah (Durrant 1952 in McCord et Cardoza 1982). Plus spécifiquement, le lynx a été signalé dans diffé- rents états dont l'Iowa (Rasmussen 1969), le Minnesota (Mech 1973) et le Wisconsin où, dans ce dernier état, le déclin du lynx est attribué à l'exploitation forestière et aux feux de forêt qui ont détruit les habitats (Jordahl 1956). La présence actuelle du lynx au Wisconsin, peut être attribuable à des mouvements d'émigration lors des hauts de cycle des populations au Canada (Thiel 1987).

L'estimation de la densité des populations de lynx s'effectue selon différentes méthodes dont la récolte, le suivi télémétrique et des pistes de même que par des observations visuelles. Les valeurs obtenues sont variables compte tenu de la méthode d'échantillonnage et surtout selon que le lynx se trouve dans le haut ou le bas de son cycle (Tableau 3 ) . En haut de cycle les valeurs de densité peuvent être aussi élevées que 20 lynx/100 km2 (Parker et al_. 1983; Quinn et Parker 1987) alors qu'en bas de cycle les populations peuvent être aussi basses que 1,0 lynx/100 km2 (Bailey et al_. 1986) et même moins (Brand et Keith 1979). Au Québec, les seules données disponibles sont celles de Noiseux et Doucet (1987) où des densités de 7,4 à 8,9 lynx/100 km2 ont été estimées au cours des saisons 1984-1985 et 1985-1986, dans la Réserve faunique des Laurentides alors que Banville (1986) rapporte des valeurs de 5,9 à 14,5 lynx/100 km2 sur la Haute Côte-Nord de 1980 à 1983 (Tableau 3 ) . Ce dernier concluait que le lynx était alors dans le haut de son cycle.

Aucune étude ne fait état de la densité du lynx en fonction de divers habitats.

(27)

Tableau 3. Évaluation de la densité du Lynx du Canada en Amérique du Nord.

Endroits Densité

(100 km2)

Superfic ie échanti1lonnée

(km2)

Mode d'évaluation Position dans le cycle

Auteurs

Quebec Alaska

Alaska, Pénin- sule du Kenai Québec

Québec Alaska Alaska Cap Breton

7,4 1,0 0,9 9,9 1,3 11,7

5,9 5,5 5,4

à à _ - - - _ - 20

8,9 2,3 2,5 20,4 4,6 14,5 7,4 13.0 6,0

7 807 807

1 961 à 2 465 à 2 465

122 987

60

Alberta

Terre-Neuve

0,0 - 10,0

3.9 - 7,7 490

Télémétrie et extrapolation Récolte, télémétrie, pistes, observations visuelles

Récolte

Télémétrie et suivi des pistes

Suivi des pistes (1964-1968) Récolte

Déclin Bas

Haut Déclin1

Haut Haut

Modérément haute suite à un pic Haut

Déclin

1 et 2 ans après le pic du lièvre

Noiseux et Doucet (1987) Bailey et. aj. (1986)

Bailey2

Banville (1986) Banville (1986) Stephenson (1984)2

Stephenson6

Parker et. al..

(1983)

Nellis et aj.

(1972)

Bergerud (1971)

1 Déduction.

2 Tiré de Quinn et Parker (1987).

(28)

- 13 -

Bien que nous ne possédons pas de données sur les densités réelles de lynx pour l'ensemble du Québec, un indice d'abondance basé sur le rendement a été calculé à partir de la moyenne de la récolte effectuée en bas de cycle pour les années 1984-85 à 1987-88. C'est à partir des entités territoriales connues (ZEC, réserves fauniques, zones de chasse, pêche et piégeage, etc), leurs superficies, leurs récoltes, qu'ont été établies les classes de densité retenues pour cette répartition; cette dernière ne peut donc refléter les particularités et les variations locales des populations de lynx. De plus, nous devons être prudents quant à cette répartition puisque ces résultats ne tiennent pas compte de l'effort de piégeage et de la pression de pié- geage exercés dans les différents réseaux. Cependant, on note à partir de la figure 2, que les plus forts rendements ont été obtenus dans la réserve faunique des Laurentides, au Saguenay-Lac-St-Jean, en Gaspésie et sur la Haute Côte Nord. Des rendements moyens sont observés en Abitibi-Témiscamingue et dans la portion nord des régions de Montréal et de Trois-Rivières. Les valeurs les plus faibles se retrouvent sur la rive sud du St-Laurent, à l'exclusion de la Gaspésie, dans l'Outaouais, au Nouveau-Québec et sur la Basse Côte-Nord.

2.3 Domaine vital et déplacements

En général, la superficie moyenne du domaine vital du lynx est d'en- viron 16 à 20 km2 (Quinn 1984; Quinn et Parker 1987). Cependant des valeurs aussi élevées que 243 km2 ont été enregistrées pour un mâle au Minnesota (Mech 1980; Tableau 4 ) . Plus spécifiquement pour le Québec, Noiseux et Doucet (1987) ont rapporté des valeurs de domaines vitaux variant entre 4,5 et 42,8 km2 pour des mâles et de 5,9 à 16,6 km2 pour des femelles (Tableau 4 ) . Des études récentes effectuées au Yukon ten- dent à démontrer que la densité de proie influence la superficie du domaine vital. Lorsque la densité du lièvre diminue (14,7 à 0,2 lièvres/ha), la superficie du domaine vital augmente (13,2 à 39,2 km2) au point que certains individus abandonnent totalement leur aire vitale (Ward et Krebs 1985). Cependant, ces données viennent à

(29)

76»

LYNX CAPTURES PAR 100 km2

i l l 0 - 0,10 0,10 - 0,35 0,35 - 0,70 0,70 et plus

78°

Figure 2. Répartition de la récolte du Lynx du Canada au Québec entre les saisons de piégeage de 1984-85 et 1987-88 (lynx capturés/100 k m2) .

(30)

Tableau 4. Évaluation du domaine vital du Lynx du Canada par la télémétrie, dans diverses régions nord-américaines.

Endroit Saisons Domaine vital

(km2)

État des populations de lynx

Références

A) Mâles Québec Yukon Alaska Manitoba Cap-Breton Minnesota Montana Alaska Alberta Terre-Neuve

B) Femelles Québec Yukon Alaska Alaska Manitoba Cap Breton Cap Breton Minnesota Alberta Alaska Terre-Neuve

Été à hiver Hiver Hiver-Été Année Hiver-Été Année Printemps à automne Hiver Hiver

Été à hiver Hiver Été Année Hiver-Été Hiver-Été Année Hiver Hiver

4,5a - 10,8 - 8,3a - 221 12,3 -

145 - 36, 14,0 - 18,1 - 18,1 -

5,9 - 20,1 - 51,0 - 25 118 - 18,6 - 10,1 - 51 - 12,4 - 12,8 - 15

42,8 55,2 64 ,0

25,6 243 0

25,0 49,2 20,7

16,6 23,1 89,0 177 32,3 7,9 122 23,1 25,5 ,5

5 4 2 1 1 4 1 1 2 2

3 2 2 2 2 1 la

10 2 1 1

En déclin Moyenne Basse

En augmentation En déclin Haute En déclin

En déclin En expansion

En déclin Moyenne Basse Basse

En augmentation En déclin En déclin Haute En déclin En expansion

Noiseux et Doucet (1987) Ward et Slough (1987) Bailey et. aj.. (1986) Carbyn et Patriquin (1983) Parker et. aj. (1983) Mech. (1980)

Koehler et. aj.. (1979) Berrie (1974)b

Nellis et. a j . (1972)c

Saunders (1963b)c

Noiseux et Doucet (1987) Ward et Slough (1987) Bailey et. a±. (1986) Bailey et. aj. (1986) Carbyn et Patriquin (1983) Parker et a j . (1983) Parker et. a j . (1983) Mech (1980)

Brand et. a j . (1976)c

Berrie (1974)b

Saunders (1961)c

a: Juvén i les.

b: Tiré de McCord et Cardoza (1982).

c: Par le suivi des pistes au lieu d'un suivi télémétrique.

(31)

- 16 -

1'encontre des conclusions obtenues précédemment par Brand et al.

(1976) en Alberta.

De façon générale le domaine vital des mâles est supérieur à celui des femelles, bien que Ward et Krebs (1985) n'aient pu établir de diffé- rence significative (Tableau 4 ) . D'autre part, le domaine vital d'été chez les adultes est habituellement plus grand que celui de l'hiver (Parker et al. 1983). Cependant, la faible taille échantillon nous empêche de généraliser (n = 2 ) .

Il semble que le lynx soit plus ou moins territorial; les domaines vitaux de plusieurs lynx peuvent se chevaucher, bien que les mâles soient plus hostiles entre eux qu'ils peuvent l'être avec le sexe opposé (Schoener 1968; Brand et al. 1976; Mech 1980; Carbyn et Patriquin 1983; Parker et al- 1983; Quinn 1984; Ward et Krebs 1985;

Noiseux et Doucet 1987).

Les déplacements du lynx peuvent parfois s'effectuer sur de grandes distances. À titre d'exemple, Mech (1977) a enregistré un déplacement de 483 km par une femelle en un peu plus de 800 jours alors que Nell is et Wetmore (1969) ont rapporté une distance de 164 km parcourue en 163 jours par un mâle adulte. Saunders (1963b) qui a réalisé une étude spécifique sur les déplacements, rapporte des distances variant entre 0 et 100 km parcourues entre 15 et 587 jours pour des mâles et des femel- les, qu'ils soient juvéniles ou adultes. Cependant, selon les résul- tats présentés par cet auteur, la distance entre le lieu de marquage et le site de recapture, sur une période s'échelonnant entre 12 et 430 jours, excédaient rarement plus de dix kilomètres. Au Québec, Noiseux et Doucet (1987) rapportent des distances moyennes journalières variant entre 0,22 et 9,95 km chez les mâles (n = 5) et entre 0,30 et 4,30 km chez les femelles (n = 3 ) .

Comme pour le domaine vital, contrairement à Brand et al. (1976), Ward et Krebs (1985) rapportent que lorsque la densité des proies diminue, les déplacements s'accentuent. D'autre part, Brand et al. (1976)

(32)

- 17 -

notent également une corrélation négative entre le taux de succès de chasse et la distance parcourue.

2.4 Habitat

Puisque l'abondance du lynx est fortement reliée à celle du Lièvre d'Amérique (Lepus americanus), on considère souvent qu'un bon habitat à lièvre est un bon habitat à lynx (Quinn et Parker 1987). On associe beaucoup le lynx à la forêt boréale où la neige est abondante et où les températures sont basses (McCord et Cardoza 1982). Les études les plus exhaustives dans ce domaine ont été effectuées à l'île du Cap Breton par Parker (1981) et par Parker et al. (1983). Les habitats considérés étaient ceux de la forêt coniférienne mature, la forêt mixte mature, la forêt en début de régénération (5 à 15 ans, après la coupe) ou en régé- nération avancée (16 à 30 ans après la coupe) et les coupes récentes (< 5 ans après la coupe). Il apparaît que le lynx est hautement sélec- tif au niveau des habitats qu'il fréquente. Cette sélectivité semble davantage marquée chez les femelles. Le type d'habitat utilisé varie aussi selon les saisons. Par exemple, les habitats fortement utilisés par les adultes en hiver sont des forêts en régénération alors que les forêts conifériennes sont surtout préférées au cours de l'été. Encore là la faible taille échantillon nous recommande d'être prudents quant à l'interprétation des résultats.

En Alaska, le lynx fréquente la forêt mélangée composée de forêts décidues et résineuses en proportions égales. La forêt coniférienne se compose d'Épinettes noires (Picea mariana) associées aux Épinettes blanches (P. glauca), avec une strate arbustive composée de l'Aulne (Alnus sp,.) et du Saule (Salix sja.). Pour leur part, les feuillus se composent du Bouleau à papier (Betula papyri fera), du Peuplier faux- tremble (Populus tremuloides) et du Peuplier à feuilles deltoides (P.

deltoides). La toundra non forestière est rarement utilisée (Berrie 1974 in McCord et Cardoza 1982).

(33)

- 18 -

À Terre-Neuve, l'habitat du lynx est caractérisé par des peuplements en régénération de Sapin baumier (Abies balsameah d'Épinettes noires et blanches, de Bouleaux blancs et jaunes (Betula alleghaniensis) associés à des marais (Saunders 1961). Banfield (1974) rapporte que le lynx prévilégie surtout les forêts dont le sous-bois s'encombre de brous- sailles et qu'il utilise à l'occasion la toundra, principalement en période de famine.

En Alberta, le lynx se retrouve dans des habitats constitués d'environ 48% de forêt, 33% de champs, 8% de tourbières et 11% de broussailles, de marais et d'étendue d'eau (McCord et Cardoza 1982). Au Québec, Noiseux et Doucet (1987) suite au suivi des pistes, mentionnent que le lynx utilise surtout la forêt affectée par des coupes forestières (en- viron 20 ans) composée de sapins, de trembles et de cerisiers (Prunus s£.). Les forêts de conifères matures n'étaient pas utilisées.

Cependant, la majorité de ces études sont de nature qualitative. Les études quantitatives étant plutôt rares, Parker et al. (1983) suggèrent qu'une forêt diversifiée composée d'arbres et d'arbustes représente de bons habitats à lièvres et par conséquent de bons habitats à lynx.

2.5 Régime alimentaire

Toutes les études rapportent que le lièvre constitue la source prin- cipale de nourriture du lynx (Iurgenson 1955; Saunders 1963a; Van Zyll de Jong 1966a; Nell is et al. 1972; Stewart 1973; Hunt 1974; Brand et al. 1976; More 1976; Brand et Keith 1979; Pulliainen 1981; McCord et Cardoza 1982; Parker et al. 1983; Banville 1986; Noiseux et Doucet 1987; Quinn et Parker 1987) (Tableau 5 ) . En effet, pour la période hivernale la fréquence d'apparition du lièvre dans la diète varie de 35% à 97% selon les niveaux de densité alors que pour la saison estivale ces valeurs varient de 52% à 70%. Il est à noter que ces valeurs ne tiennent pas compte des estomacs vides. À ce chapitre, Noiseux et Doucet (1987) ont noté que 38% (30/78) des estomacs étaient vides alors que Brand et Keith (1979) ont rapporté des taux de 27%

(127/465), 50% (114/228) et 61% (114/186) en période où la densité du

(34)

Tableau 5. Importance des mammifères dans la diète du Lynx du Canada.

Endroits Densité du lièvre (lièvre/

100 ha)

Fréquences d'apparition (%)a

Lièvres Ecureuils Castors Autres , Ongulés Rats Rongeurs

musqués

Charogne Autres

Saison Méthode

d'analyse Auteurs

Québec Déclin 92 Québec Haute 89 Ile Cap

Breton

Alberta

Alberta

TNOj

Terre- Neuve

170 à 1 000 170 à 1 000

900 Moyenne

5 34 à 499

34 80 499 Basse

97(28) 93-70

65 52-91 52-62 61-85 90(97) 66(86) 35(65) 67(82) 50(81) 38(43) 94(100) 83 73

1(6) 0-4

9(3) 12(3) 6(1) 25(6)

55,5

Alberta Déclin

Alberta Basse

45(76) 14(3)

69K

Alberta Hausse 79 2

TNOJ 52 17

71 4

3(5) 7-4

5(1) 11(6) 33(9)

5,5 14

6(0,1)

6 4f

Ie

5i60)f

5f-9f

2(2) 3(5)

20

1

10(12)9 46(52)h

12(10)

17k

2(1) 4(5) 6(1)*

78 280 75 55-441

72 114 338 89 8 13 17 18

129

52 23 75

Automne Hiver Hiver Hiver Hiver Été Printemps Été Automne Hiver Hiver Hiver Hiver Hiver Hiver Hiver Hiver Hiver

Hiver

Hiver Été Total

Estomacs Estomacs Estomacs Fumées Voies digest ives et fumées

Estomacs et intestins Suivi des pistes

Fumées Voies digestives et fumées Voies digestives, suivi des pistes, fumées Suivi des pistes Voies digestives

Noiseux et Doucet (1987) Banville (1986) Parker et al.

(1983) McCord et Cardoza (1982)

Brand et Keith (1979)

Brand et al.

(1976)

More (1976) Banfield (1974)

Nellis et. aj..

Nellis et Keith (1968)

Van Zyll de Jong (1966a)

(35)

Tableau 5. (suite)

Endroits Densité du lièvre

(lièvre/ Lièvres 100 ha)

Fréquences d'apparition (%)' Écureui ls Castors

Rats musqués

Autres

Rongeurs Ongulés Charogne Autres

Saison Méthode d'analyse

Auteurs

Terre- Neuve

Déclin

Déclin

72 65 56 85 73 60n

45"

29n

71n

14 30 91

5 14 20r

27"

50m

20m

2 2m

7 1e,n

5e,n

139 Printemps Voies digestives 92 Été et fumées 43 Automne

152 Hiver 426 Total

5 Printemps Estomacs 5 Été

9 Automne 21 Hiver

Saunders (1963a)

a: Nombres entre parenthèses représentent le pourcentage de la biomasse.

b: Inclut des souris, musaraignes et autres rongeurs.

c: Inclut également des Gelinottes huppées et Tétras des savanes.

d: Castor seulement.

e: Orignal.

f: Cerf de Virginie.

g: Inclut chat domestique, Lièvre, Orignal, Vache, Poulet.

h: Voir g sauf chat domestique.

i: Inclut également des petits oiseaux.

j: TNO = Territoire du Nord-Ouest.

K: Basé sur le nombre de captures par le lynx et ajusté en fonction du pourcentage du poids total.

1: Rats musqués seulement.

m: Inclut Cerf de Virginie, Orignal, Caribou, Vache, Mouton.

n: Pourcentage du volume total pour la saison.

o: Mouton.

(36)

- 21 -

lièvre était rare, intermédiaire et élevée. Ces derniers résultats sont surprenants puisqu'on devrait s'attendre à une plus forte proportion d'estomacs vides en période de rareté plutôt qu'en période d'abondance de lièvres. Cependant Brand et Keith (1979) considèrent que le pour- centage d'estomacs vides est difficilement utilisable puisque les lynx peuvent également se nourrir à partir d'appâts installés par les trap- peurs. Par contre, ces mêmes auteurs ont noté, que la biomasse du contenu intestinal montrait une baisse significative entre la période d'abondance et de rareté du lièvre.

Bien que le lièvre soit d'une importance primordiale pour le lynx, il demeure qu'il y a une diminution de la consommation de cette proie en période de rareté. Brand et al. (1976), de même que Brand et Keith (1979) en Alberta, ont suivi l'importance de la diète du lynx tout au cours d'un cycle (10 ans). En période de fortes densités de lièvres, ces derniers apparaissaient dans l'alimentation à des taux de 90% et plus alors qu'en période de faibles densités ces taux diminuaient à près de 35%. Il en est de même pour le pourcentage de biomasse de nourriture ingérée qui passe de 100 à 45% (Tableau 5 ) . Pour compenser le manque de lièvres, le lynx peut alors se tourner vers des proies alternatives, mais elles ne peuvent compenser complètement pour.la diminution de la biomasse de lièvres tués par le lynx (Brand et al.

1976). En Alberta, alors que la densité de lièvres diminuait, l'im- portance de divers rongeurs dans la diète du lynx a augmenté signi- ficativement de 5 à 33% (Brand et Keith 1979; Tableau 5 ) . Outre le lièvre, certains mammifères composent le régime alimentaire du lynx tels les écureuils (Tamiasciurus sp.h les souris (Peromvscus sp.h les campagnols (Microtus sfi. et Clethrionomys SJD.), les musaraignes (Sorex ip_.), les cerfs de Virginie (Odocoileus virqinianus), les orignaux (Alces alces), les caribous (Rangifer tarandus), les castors (Castor canadensis) de même que les rats musqués (Ondatra zibethicus). Chez ces deux dernières espèces, la fréquence d'apparition ne dépasse guère 5% alors qu'elle peut atteindre 20% chez les ongulés (Tableau 5 ) . La présence de ces derniers, dans le régime alimentaire du lynx, peut pro- venir de carcasses d'animaux non récupérés par la chasse sportive, bra-

(37)

- 22 -

connés ou ayant subi la prédation (Saunders 1963a). Par contre, il semble que le lynx soit apte à effectuer de la prédation sur différents cerfs (Seton 1910 et Sheppard 1960 in Van Zyll de Jong 1966a). Par ailleurs, à Terre-Neuve, Bergerud (1971, 1983) rapporte que le lynx joue un rôle dans la régulation des populations de Caribous. Enfin, notons des signes de prédation sur le Renard roux (Vu!Des vulpes) (Parker et al. 1983; Noiseux et Doucet 1987).

Les oiseaux peuvent également servir de proies alternatives. Le groupe des gallinacés est sans doute le plus important, où la fréquence d'ap- parition peut atteindre 25% (Tableau 6 ) . La Gelinotte huppée (Bonasa umbel lus) et à queue fine (Tvmpanuchus phasianellus), la Perdrix grise (Perdrix perdrix), le Tétras des savanes (Canachites canadensis) et les lagopèdes (Lagopus £p_.) sont les principaux représentants de ce groupe.

Les canards constituent une faible proportion de la diète du lynx (Ta- bleau 6 ) . On retrouve occasionnellement le Garrot commun (Bucephala clanquia), 1'Eider à duvet (Somateria moliisima), le Grand bec scie (Mergus merganser), le Morillon (Aythya SJD.), le Canard noir (Anas rubripes), le Canard mal lard (Anas platvrhvnchus) et la Sarcelle à ailes vertes (Anas crecca). Plusieurs autres espèces de petits oiseaux font également partie du régime alimentaire.

Parmi les autres éléments du régime alimentaire, on retrouve le poisson qui est très marginal de même que la végétation. Cette dernière a été notée par Saunders (1963a), Van Zyll de Jong (1966a), Nell is et al.

(1972), Stewart (1973) (jn McCord et Cardoza 1982) et Banville (1986) (Tableau 6 ) . Bien que la consommation de végétation peut être acci- dentelle suite à la consommation d'une proie, elle peut également être intentionnelle. Chez le Lynx roux, Fritts (1973 jjn McCord et Cardoza 1982) suggère que ce dernier comportement peut être purgatif plutôt que nutritionnel.

Le lynx utilise différentes techniques de chasse. Il peut soit suivre les sentiers de lièvre, soit concentrer ses mouvements dans des zones d'activités du lièvre, surtout en période de rareté, et enfin il peut

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