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Domaine vital et déplacements

Dans le document Québec LYNX DU CANADA (Page 28-33)

En général, la superficie moyenne du domaine vital du lynx est d'en-viron 16 à 20 km2 (Quinn 1984; Quinn et Parker 1987). Cependant des valeurs aussi élevées que 243 km2 ont été enregistrées pour un mâle au Minnesota (Mech 1980; Tableau 4 ) . Plus spécifiquement pour le Québec, Noiseux et Doucet (1987) ont rapporté des valeurs de domaines vitaux variant entre 4,5 et 42,8 km2 pour des mâles et de 5,9 à 16,6 km2 pour des femelles (Tableau 4 ) . Des études récentes effectuées au Yukon ten-dent à démontrer que la densité de proie influence la superficie du domaine vital. Lorsque la densité du lièvre diminue (14,7 à 0,2 lièvres/ha), la superficie du domaine vital augmente (13,2 à 39,2 km2) au point que certains individus abandonnent totalement leur aire vitale (Ward et Krebs 1985). Cependant, ces données viennent à

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LYNX CAPTURES PAR 100 km2

i l l 0 - 0,10 0,10 - 0,35 0,35 - 0,70 0,70 et plus

78°

Figure 2. Répartition de la récolte du Lynx du Canada au Québec entre les saisons de piégeage de 1984-85 et 1987-88 (lynx capturés/100 k m2) .

Tableau 4. Évaluation du domaine vital du Lynx du Canada par la télémétrie, dans diverses régions nord-américaines.

Endroit Saisons Domaine vital

(km2)

Noiseux et Doucet (1987) Ward et Slough (1987) Bailey et. aj.. (1986) Carbyn et Patriquin (1983) Parker et. aj. (1983) Mech. (1980)

Koehler et. aj.. (1979) Berrie (1974)b

Nellis et. a j . (1972)c

Saunders (1963b)c

Noiseux et Doucet (1987) Ward et Slough (1987) Bailey et. a±. (1986) Bailey et. aj. (1986) Carbyn et Patriquin (1983) Parker et a j . (1983)

b: Tiré de McCord et Cardoza (1982).

c: Par le suivi des pistes au lieu d'un suivi télémétrique.

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-1'encontre des conclusions obtenues précédemment par Brand et al.

(1976) en Alberta.

De façon générale le domaine vital des mâles est supérieur à celui des femelles, bien que Ward et Krebs (1985) n'aient pu établir de diffé-rence significative (Tableau 4 ) . D'autre part, le domaine vital d'été chez les adultes est habituellement plus grand que celui de l'hiver (Parker et al. 1983). Cependant, la faible taille échantillon nous empêche de généraliser (n = 2 ) .

Il semble que le lynx soit plus ou moins territorial; les domaines vitaux de plusieurs lynx peuvent se chevaucher, bien que les mâles soient plus hostiles entre eux qu'ils peuvent l'être avec le sexe opposé (Schoener 1968; Brand et al. 1976; Mech 1980; Carbyn et Patriquin 1983; Parker et al- 1983; Quinn 1984; Ward et Krebs 1985;

Noiseux et Doucet 1987).

Les déplacements du lynx peuvent parfois s'effectuer sur de grandes distances. À titre d'exemple, Mech (1977) a enregistré un déplacement de 483 km par une femelle en un peu plus de 800 jours alors que Nell is et Wetmore (1969) ont rapporté une distance de 164 km parcourue en 163 jours par un mâle adulte. Saunders (1963b) qui a réalisé une étude spécifique sur les déplacements, rapporte des distances variant entre 0 et 100 km parcourues entre 15 et 587 jours pour des mâles et des femel-les, qu'ils soient juvéniles ou adultes. Cependant, selon les résul-tats présentés par cet auteur, la distance entre le lieu de marquage et le site de recapture, sur une période s'échelonnant entre 12 et 430 jours, excédaient rarement plus de dix kilomètres. Au Québec, Noiseux et Doucet (1987) rapportent des distances moyennes journalières variant entre 0,22 et 9,95 km chez les mâles (n = 5) et entre 0,30 et 4,30 km chez les femelles (n = 3 ) .

Comme pour le domaine vital, contrairement à Brand et al. (1976), Ward et Krebs (1985) rapportent que lorsque la densité des proies diminue, les déplacements s'accentuent. D'autre part, Brand et al. (1976)

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-notent également une corrélation négative entre le taux de succès de chasse et la distance parcourue.

2.4 Habitat

Puisque l'abondance du lynx est fortement reliée à celle du Lièvre d'Amérique (Lepus americanus), on considère souvent qu'un bon habitat à lièvre est un bon habitat à lynx (Quinn et Parker 1987). On associe beaucoup le lynx à la forêt boréale où la neige est abondante et où les températures sont basses (McCord et Cardoza 1982). Les études les plus exhaustives dans ce domaine ont été effectuées à l'île du Cap Breton par Parker (1981) et par Parker et al. (1983). Les habitats considérés étaient ceux de la forêt coniférienne mature, la forêt mixte mature, la forêt en début de régénération (5 à 15 ans, après la coupe) ou en régé-nération avancée (16 à 30 ans après la coupe) et les coupes récentes (< 5 ans après la coupe). Il apparaît que le lynx est hautement sélec-tif au niveau des habitats qu'il fréquente. Cette sélectivité semble davantage marquée chez les femelles. Le type d'habitat utilisé varie aussi selon les saisons. Par exemple, les habitats fortement utilisés par les adultes en hiver sont des forêts en régénération alors que les forêts conifériennes sont surtout préférées au cours de l'été. Encore là la faible taille échantillon nous recommande d'être prudents quant à l'interprétation des résultats.

En Alaska, le lynx fréquente la forêt mélangée composée de forêts décidues et résineuses en proportions égales. La forêt coniférienne se compose d'Épinettes noires (Picea mariana) associées aux Épinettes blanches (P. glauca), avec une strate arbustive composée de l'Aulne (Alnus sp,.) et du Saule (Salix sja.). Pour leur part, les feuillus se composent du Bouleau à papier (Betula papyri fera), du Peuplier faux-tremble (Populus tremuloides) et du Peuplier à feuilles deltoides (P.

deltoides). La toundra non forestière est rarement utilisée (Berrie 1974 in McCord et Cardoza 1982).

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-À Terre-Neuve, l'habitat du lynx est caractérisé par des peuplements en régénération de Sapin baumier (Abies balsameah d'Épinettes noires et blanches, de Bouleaux blancs et jaunes (Betula alleghaniensis) associés à des marais (Saunders 1961). Banfield (1974) rapporte que le lynx prévilégie surtout les forêts dont le sous-bois s'encombre de brous-sailles et qu'il utilise à l'occasion la toundra, principalement en période de famine.

En Alberta, le lynx se retrouve dans des habitats constitués d'environ 48% de forêt, 33% de champs, 8% de tourbières et 11% de broussailles, de marais et d'étendue d'eau (McCord et Cardoza 1982). Au Québec, Noiseux et Doucet (1987) suite au suivi des pistes, mentionnent que le lynx utilise surtout la forêt affectée par des coupes forestières (en-viron 20 ans) composée de sapins, de trembles et de cerisiers (Prunus s£.). Les forêts de conifères matures n'étaient pas utilisées.

Cependant, la majorité de ces études sont de nature qualitative. Les études quantitatives étant plutôt rares, Parker et al. (1983) suggèrent qu'une forêt diversifiée composée d'arbres et d'arbustes représente de bons habitats à lièvres et par conséquent de bons habitats à lynx.

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