Devoir surveill´e n˚5 : concours blanc
MP Clemenceau 2020-21 Vendredi 11 d´ ecembre 2020
Vous avez 3 heures dans la joie et la bonne humeur mais en silence ! ! Sujet unique : un type CCINP raccourci
Il sera tenu compte de la pr´esentation et de la rigueur des d´emonstrations. Toute copie non r´edig´ee ne sera pas corrig´ee. Il est demand´e aux ´etudiants de mettre leurs nom et pr´enom sur chaque copie (double de pr´ef´erence) et de
num´eroter ces dites copies.
Les calculatrices sont interdites.
Lorsqu’un raisonnement utilise le r´esultat d’une question pr´ec´edente, il est demand´e au candidat d’indiquer pr´ecis´ement le num´ero de la question utilis´ee.
F F F
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Fonctions de matrices
Notations :
1) Les IR-alg`ebres suivantes sont consid´er´ees au cours de ce texte : I L’alg`ebre Mn(IR) des matrices carr´ees r´eelles d’ordren.
I SiIest un intervalle de IR, d’int´erieur non vide, on noteCI∞l’alg`ebre commutative des fonctions de classeC∞ deI dans IR.
I L’alg`ebre des fonctions polynomiales deIdans IR est usuellement identifi´ee `a l’alg`ebre IR[X].
2) On y rencontre aussi les IR-espaces vectoriels suivants : I L’espace des colonnes r´eelles `a nlignes not´eMn,1(IR).
I L’espace IRN[X] ={P ∈IR[X]|degP6N}, o`uN ∈IN.
3) Les notions de convergence dansMn,1(IR) etMn(IR) sont relatives aux normes respectives : I kXk∞= max
16k6n|xk|, siX =t[x1, . . ., xn].
I kMk=n max
16i,j6n|mi,j|, siM = [mi,j]16i6n
16j6n
.
Objectifs du probl`eme
Lorsque P ∈ IR[X] et A ∈ Mn(IR), on sait donner un sens `a la matrice P(A) et l’on maˆıtrise bien le calcul polynomial surA qui en r´esulte. En particulier, siM est une matrice deMn(IR), on appellepolynˆome minimalde M le polynˆome unitaire P de plus bas degr´e tel que P(M) = 0 ; il est imm´ediat (et on l’admettra) qu’il s’agit du polynˆome minimal de l’endomorphismeude IRn dont M est la matrice dans la base canonique de IRn.
Dans un premier temps, ce texte propose de donner un sens `a la matrice f(A) pour toute fonction f de classeC∞, et cela moyennant des hypoth`eses convenables sur la matriceA.
Autrement dit, on apprend `a maˆıtriser un certain calcul fonctionnel surA.
Dans un second temps, on exploite ces r´esultats pour r´esoudre un syst`eme diff´erentiel lin´eaire.
Notations fix´ees pour tout le probl`eme :
I On consid`ere une matriceAdeMn(IR) et l’onsuppose que son polynˆome minimal ΠA peut ˆetre ´ecrit sous la forme : ΠA(X) = (X−λ1)m1. . .(X−λr)mr avec :r>1 ; lesλj sont desr´eelsdistincts ; lesmj sont dans IN∗. On note alorsm= X
16j6r
mj le degr´e de ΠA.
I On consid`ere aussi un intervalleI de IR, d’int´erieur non vide et contenant tous lesλj.
La matriceAet l’intervalleIsont particularis´es dans les divers exemples trait´es au cours du probl`eme.
Pr´eliminaires :
1) Etablir que pour´ X dansMn,1(IR) etM dansMn(IR), on a : kM Xk∞ 6kMk kXk∞.
2) SoitMun sous-espace vectoriel de dimensiond>1 deMn(IR), et soitβ= (B1, . . ., Bd) une base deM.
a) Montrer que l’on d´efinit une normeN surMen posantN(M) = max
16k6d|xk|, si
M = X
16k6d
xkBk est la d´ecomposition de l’´el´ementM deMsur la baseβ.
b) Justifier l’existence de constantes r´eelles strictement positivesaet bv´erifiant :
∀M ∈ M, akMk6N(M)6bkMk.
c) Soit (Mp)p∈IN une suite d’´el´ements de M; on note Mp = X
16k6d
xp(k)Bk la d´ecomposition de Mp sur β.
Montrer que la suite (Mp)p∈IN converge vers 0 dans (Mn(IR),k·k) si et seulement sichaque suite r´eelle (xp(k))p∈IN (k∈[[1, d]]) converge vers 0.
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I) Une relation d’´ equivalence sur C
I∞On convient de dire que des fonctions f et g deCI∞ co¨ıncident sur le spectre deAlorsque :
∀j ∈[[1, r]],∀k∈[[0, mj−1]], f(k)(λj) =g(k)(λj). Ce que l’on r´esume par la notationf=
Ag.
Un exemple : si ΠA(X) =X2(X+ 1) la notationf=
Agsignifie :f(0) =g(0),f0(0) =g0(0) etf(−1) =g(−1) 3) Soient`dans IN∗,λdansI etf dansCI∞v´erifiant :f(k)(λ) = 0 pourk∈[[0, `−1]].
a) Etablir l’identit´´ e :∀x∈I, f(x) = Z x
λ
(x−u)`−1
(`−1)! f(`)(u) du.
b) En d´eduire `a l’aide d’un changement de variable, l’existence d’une fonction hv´erifiant les deux conditions suivantes :
(1) ∀x∈I, f(x) = (x−λ)`h(x) (2) h∈CI∞
4) Soientf etg dansCI∞.
a) On suppose : ∃h∈CI∞, f =g+hΠA.
En consid´erant les d´eriv´ees successives def−g, ´etablir quef=
Ag.
b) On suppose f=
Ag; en exploitant la question3)justifier l’existence dehdansCI∞v´erifiant : f =g+hΠA.
5) SoientP et Qdans IR[X] ; prouver que les conditions suivantes sont ´equivalentes : (1) P=
AQ
(2) ∃H ∈IR[X], P =Q+HΠA.
II ) D´ efinition de la matrice f (A)
A.On consid`ere l’applicationϕde IRm−1[X] vers IRmqui associe `a un polynˆomeP lem-uplet : ϕ(P) =
P(k1)(λ1)
06k16m1−1, . . ., P(kr)(λr)
06kr6mr−1
. 6) Etablir le caract`´ ere bijectif deϕ.
7) Soitf dansCI∞; justifier l’existence d’un et d’un seul polynˆomePf de IR[X] , de degr´e inf´erieur ou ´egal `a (m−1) et tel que :f=
APf. On convient alors de d´efinirla matricef(A) en posant :f(A) =Pf(A).
B. Quelques exemples
8) On suppose ici quef est polynomiale et l’on ´ecrit :∀x∈I, f(x) =
N
X
k=0
akxk.
En effectuant une division euclidienne, montrer qu’avec la d´efinition de la question 7), on obtient le r´esultat naturel :f(A) =
N
X
k=0
akAk.
9) Ici: A=
5 −4 4 −3
∈M2(IR) et I= IR.
a) Calculer ΠA(X).
b) Calculer la matricef(A) dans chacun des cas suivants : (1) f(x) =ax+b, les r´eelsaetb´etant donn´es.
(2) f(x) = sin (πx)
(3) f(x) = (x−1)2g(x), o`u la fonctiong est donn´ee dansCI∞.
III - Le calcul syst´ ematique de f (A)
A. Une formule g´en´erale
10) En exploitant l’isomorphisme lin´eaireϕduII.A, justifier l’existence et l’unicit´e de polynˆomesQj,k(16j6r,06k6mj−1) v´erifiant :
pourtoutefonctionf deCI∞, on a : Pf=
r
X
j=1 mj−1
X
k=0
f(k)(λj)Qj,k
On consid`ere alors les matrices ditesassoci´ees`aA : Zj,k=Qj,k(A) (16j6r,06k6mj−1).
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11) Montrer que les diverses matricesZj,k sont lin´eairement ind´ependantes et que :
∀f ∈CI∞, f(A) =
r
X
j=1 mj−1
X
k=0
f(k)(λj)Zj,k. B. Deux exemples
12) Ici:A=
5 −4 4 −3
etI= IR∗+.
a) Justifier l’existence de matrices Z1 etZ2 deM2(IR) telles que :
∀f ∈CI∞, f(A) =f(1)Z1+f0(1)Z2. b) En d´eduirele calcul deZ1et Z2.
c) Calculer les matricesA2020,√
A et plus g´en´eralementAαpour αdans IR∗+. 13) Ici:A=
1 −1 1 2 −2 1 1 −1 0
∈M3(IR) et I= IR.
a) Pr´esenter sous forme factoris´ee le polynˆome ΠA(X). La matriceA est-elle diagonalisable dansM3(IR) ? b) Calculer les matricesZj,k associ´ees`a A.
IV ) Un calcul fonctionnel sur la matrice A
A. Quelques identit´es bien naturelles 14) Soientf etg dansCI∞ et αdans IR.
a) Que valentPαf etPf+g?
b) Justifier l’existence d’un polynˆomeH de IR[X] tel que :Pf g=PfPg+HΠA.
15) a) Montrer que l’applicationS:f 7→f(A) deCI∞ dansMn(IR) est un morphisme de IR-alg`ebres.
b) Quel est son noyau ?
16) On consid`ere les fonctions cosinus et sinus de IR dans IR, puis les fonctionsf1:x7→√
xetf2:x7→ 1
x de IR∗+dans IR. On peut ainsid´efinirles matrices cosA, sinA, et mˆeme√
Aet 1
A si lesλj sont dans IR∗+. a) En exploitant le morphisme S, calculer (cosA)2+ (sinA)2.
b) On suppose ici que lesλj sont strictement positifs. Reconnaˆıtre :√ A2
et 1 A. B. Le spectre de f(A)
17) Montrer que l’ensemble not´eMA ={f(A)|f ∈CI∞} est une sous-alg`ebre commutativede Mn(IR) et pr´eciser sa dimension.
18) Montrer que si un ´el´ement deMA est inversible dansMn(IR) alors son inverse est aussi dansMA. 19) Soitf dansCI∞; ´etablir l’´equivalence des ´enonc´es suivants :
(1) f(A) est inversible dansMn(IR).
(2) ∀j∈ {1, . . ., r}, f(λj)6=0
20) SiM est une matrice deMn(IR), on note ΛM l’ensemble de ses valeurs propresr´eelles. En exploitant la question19comparer les ensembles : ΛA et Λf(A) o`uf est donn´ee dansCI∞ .
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