C AHIERS DE
TOPOLOGIE ET GÉOMÉTRIE DIFFÉRENTIELLE CATÉGORIQUES
F RANÇOIS C ONDUCHE
Un moyen d’extension aux catégories internes dans A des propriétés de la catégorie A
Cahiers de topologie et géométrie différentielle catégoriques, tome 15, n
o1 (1974), p. 47-59
<http://www.numdam.org/item?id=CTGDC_1974__15_1_47_0>
© Andrée C. Ehresmann et les auteurs, 1974, tous droits réservés.
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UN
MOYEN
D’EXTENSION AUXCATEGORIES INTERNES DANS
ADES PROPRIETES
DE LACATEGORIE
Apar
François
CONDUCHECAHI ERS DE TOPOLOGIE ET GEOMETRIE DI FFER ENTI ELL E
Vol. XV-1
Soient
A , B , C , ...
descatégories
à limitesprojectives finies,
éventuellement cartésiennesfermées, CatA , ...
lescatégories
des caté-gories
internes associées. On construit dans cescatégories
différentsfoncteurs: pour
f: A.... B
commutant avec lesproduits fibrés,
le foncteurCat j ;
le foncteurFI: Cat A .... Cat A;
les bifoncteursTous ces foncteurs sont construits de la même
façon.
Deplus,
on remar-que
qu’ils
satisfont certainespropriétés universelles,
et, pour le vérifierdirectement,
on refait encore des constructionsanalogues.
Ici il en estrendu compte de la manière suivante :
- A tout
bifoncteur O : A* X B -> C
vérifiant des conditions decompatibilité
avec les limites de B est associé un foncteur D
(O) : Cat*A
XCatB -> CatC,
de manière universelle.
- Cette construction commute avec la
substitution, plus précisément:
où
f
est un foncteursimple, O,t/f
des bifoncteurs vérifiant des conditions de commutation avec les limitessimples.
A ce moment-là lespropriétés
universelles des
objets
considérésapparaissent
commeconséquence
de cerésultat, appliqué
auxéquivalences déjà
connuespour O,t/f,f, etc. Une
généralisation
immédiate aurait pu être obtenue en affaiblissant les condi- tions surf
dans(a),
ou bien en considérant despolyfoncteurs
au lieu debifoncteurs;
le manqued’exemples
réellement intéressants amène à consi- dérer le cadreprésent
comme leplus
raisonnable.0. Notations
générales.
0.1. Si C et C’ sont des
catégories, Fonct ( C , C’ )
sera lacatégorie
des foncteurs de source
C,
de butC’ ;
on notera( C , C’ )
et(C,C’)f
les
sous-catégories pleines
de lacatégorie précédente
dont lesobjets
sont
respectivement
les foncteurs commutant avec toutes les limites pro-jectives
finies ou seulement avec lesproduits
fibrés finis. SoitSa
la fa-mille des
catégories
à limitesprojectives finies;
lesdonnées,
pour tout(C, C’ ) E $;
deFonct ( C, C’ ), ( C, C’ ), (C, C’ )
f définissent trois 2-ca-tégories, respectivement
Cat,CatI? ’ Catf.
Posons encore, pour troiscatégories A , B,C, Fonct (A*,(B,C))={B,C}A (intuitivement,
onconsidère que A j
joue
le rôled’index).
0.2.
Intégrales
defoncteurs [6].
-
Soit 1
unecatégorie;
onnote
laplus petite catégorie qui
vérifieles deux conditions :
( 1) ob ( 5i § )
est formé des flèchesde E,
( 2 )
pour toute flèche ade E,
CL n’étant pas uneidentité,
il y a deux flèchesdans 1 §
suivant lediagramme
Si
F : E*XE -> C
est unfoncteur,
il détermine un autre foncteuret on pose
f
F = limF§.
- Cette construction est
fonctorielle,
i.e.f ( - )
est un foncteur :EXEMPLE. Si
f
et g sont deuxfoncteurs 1 -C,
0.3.
Catégories
internes.Soit U la
sous-catégorie pleine
de la duale A* de lacatégorie
simpl
iciale dont lesobj ets
sont 1, 2 , 3, 4 ; lediagramme
ci-dessus sertà nommer les
principales
flèches :Soit C une
catégorie;
unecatégorie
interne R dans C est unfoncteur R : U - C
qui
envoie « certains) cônes de U sur desproduits
fibrés, et la
catégorie Catc
descatégories
internes à C est la sous-ca-tégorie pleine
deFonct ( U, C )
dont lesobjets
sont lescatégories
inter-nes à C . On supposera désormais que les
catégories (usuelles)
considé- rées sont à limitesprojectives
finies.1. Le f oncteur
FO.
1.1.
Le foncteur Do (A, B, C).
Soient trois
catégories A,B,C; O
un bifoncteur:A*XB-C;
Ri R2
descatégories
dansrespectivement
A et B . Ces trois données définissent un bifoncteurauquel
on associel’ objet fU O(R1 - , R2 - ).
Cette construction est
fonctorielle,
c’est-à-dire que l’on a un foncteur 1.1.1.D1o(O):Fonct(U,A)*XFonct(U, B)->C,
dont on considère la restriction
ces données sont fonctorielles en
O, d’où
un foncteur1.1.2.
D1o (A, B,C): Fonct (A*x B,C)-> Fonct(Cat*A X CatB,C).
Par
restriction,
on en déduitDo ( A,
B ,C)
définisur {B, C}A.
Le cal-cul par limites
projectives
permet d’ affirmer que l’ on a alors un foncteur 1.1.3.Do (A, B,C): {B,C,A}A -> {CatB,C}CatA
1.2.
Quelques exempl es.
1.2.1.
Exemple 1 .
Soit A unecatégorie; appliquons Do (A, A, Ens)
aufoncteur hom : A * X A -
Ens ;
on a1.2.2.
Exemple
2. Soit A unecatégorie
cartésienne fermée de fermeturehom A ( - , - ) .
Alorsoù
FonctA (R1,R2)
estl’obj et
des foncteurs deR1
dansR2 ’
1.2.3.
Exemple
3 . Posons A =Ensf
( lacatégorie
des ensemblesfinis ).
Soit
P : Ens f* X A -> A
le foncteur défini par:P (E,a) = aE
On pose:On ob ti en t :
où
1,2,3
sont les ordinaux.1.3.
Représentabi lité .
Soient
A , B ,
C troiscatégories, 4:;:
A* X B - C unfoncteur, RI , R2
descatégories respectivement
dans A etB ;
à toutobjet
c de C on associele bifoncteur U* X U - Ens : hom
( c . O ( R1-, R2-))
et on pose1.3.1. PROPOSITION.
Fo
est unfoncteur :
C*-Ensqui
estreprésenta-
ble et a pour
représentant
Do( q;) ( RI’ R2 ) .
En
effet,
on sait quef
commute avec hom(
c , - ) .1.3.2. Autre
définition
deFO (R1, R2 ) .
Soit O : A* X B -> C
comme ci-dessus et soit c unobj et
de C . Puis-que hom
( c , O ( - , - ))
est un di stributeur de source A et de butB ,
onsait lui associer une
catégorie Jc, ( A, B ) ,
sous A etB ,
et deux inclu- sions1.3.2.1. PROPOSITION.
TA
etTB
commutent avec les limitesprojecti-
ves
finies si O
est unobj et de {B, C}
À .TA
et’rB
sontpleins
etfidèles;
si h est undiagramme projectif
dansA et F’ le
diagramme
associédans Jc (A,B),
un côneprojectif
sur T’est forcément dans
TA(A),
d’où laproposition
pourTA .
Soit maintenant r undiagramme
dans B et un cône à sommet-rA( a)
surTA ( A )
surT’;
comme qb
commute avec les limitesprojectives
deB ,
on a :1.3.2.2. COROLLAIRE. Si
R1
etR2
sont descatégories respectivement
dans A et B , alors
TA o R1
etTB 0 R2
sont descatégories
dansJc (A,B).
1.3.3. PROPOSITION.
FO(c)=Fonct(TAR1, TBR2 ).
Il suffit de
juxtaposer
les définitions.1.4.1. Considérons
Comme O
commute avec les limites deB, on
a:On
dispose
de deux flèches :qui
commutent avec lesprojections,
d’où une flècheunique
Posons
1.4.2. PROPOSITION
( Réduction
desdiagrammes).
En
effet,
tous deux sontreprésentants
du foncteur FonctCOROLLAIRE.
Do (O)
est unsous-foncteur
decpo( Fl*x Fl).
2.
Extension
auxflèches.
2.1. On
dispose,
pour toutecatégorie A ,
d’un foncteurcanonique
Cat A -> Cat Cat A
défini par limitesprojectives,
et notéFI A ;
les deuxstructures
canoniques
decatégories
deFl A ( R )
serontdésignées
par:où
La définition de cette structure la fait commuter avec les limites
projec-
tives
finies,
d’où un foncteurpar la structure
Fl B .
On pose :2.2. REMARQUE 1 . La définition par limites
proj ectives
fait que Pcommute avec les
intégrales,
donc on peut définir directementce
qui
fait deD (O) (R1,R2)
lereprésentant
du foncteuru
à valeurs dans Cat , et on peut écrire
ce
qui justifie
la notation Fl.2.3. REMARQUE 2. EXEMPLES.
2.3.1. 1° Soit A une
catégorie; appl iquon s D ( A , A , Ens )
au fonc-teur
hom ;
on obtient le foncteurFonct ( -, - )
des foncteurs et transfor- mations naturelles internes.2.3.2. 2° Comme
précédemment D ( homA )
dans unecatégorie
car-tésienne fermée est le bifoncteur
2.3.3. 3°
(cf. l’exemple 1.2.3.)
L’extension du foncteurDiagA
défini en 1.2.3 sera notée
DiagA ;
c’ est un bifoncteur deCat*XCatA
vers
CatA qui
vérifie :( catégorie
des«couples
de flèchescomposables
» deR ) :
on a :2.3.4. Si
A =1 ,
B et Cquelconques,
ona {B,C}A=(B,C)
et deplus D(f)~ Cat f(f):
sif
est un foncteur commutant avec les limitesfinies, D ( f )
est son extension auxcatégories: Cat B->CatC.
3. La
bicotégone S.
3.0. Dans les
exemples qui précèdent
ondispose
deplus
de relationsentre ces différents bifoncteurs : dans le cas
2.3.2 ,
ondispose
des re-lations
d’où l’on déduit
toutes relations dues à la fermeture cartésienne de
CatA .
3.0.2. Dans
l’exemple
2.3.3 de la relationon
pourrait
déduire directement3.0.3. En
fait,
ces résultats sont des casparticuliers
d’un résultat bienplus général:
SiA’ , A , B , C , D , E
sont descatégories
et siO
est unfoncteur : A* x B -
C, t/f
un foncteur D*XC -> E et F un foncteur A’ - Acommutant avec les
produits fibrés,
on ace que l’on peut
exprimer
de manièreplus catégorique.
3.1.1. Le
produit
direct étant choisi dans Cat de la manièreclassique,
pour tout
quintuplet (A, B , C, C’ , C")
decatégories
on définit un bi-foncteur
cAB( C" , C’ , C )
par lediagramme
ci-dessous :3.1.2.
Pour deuxcatégories
C et C’notons {C,C’}
lacatégorie défi- j
nie comme suit :
- Une flèche de source
(A,f),
de but(A’,f’)
est uncouple
( G , a ) , où G est unisomorphisme
de source A et de but A’ et a une transfor-mation naturelle de source
f
et de butf’ G .
- Si
(G, a)
est de source(A, f),
de but(A’,f’)
et(G’ , a’)
desource
(A’ , f’)
et de but( A" , f" ),
lecomposé
est défini par:Par ailleurs les bifoncteurs
c AB (C", C’, C)
définissent un bifoncteurL’isomorphisme
d’associativité duproduit
direct de Cat :permettent
i ) d’identifier {C,C’},
1 et(C , C’) ,
ii )
de définir deuxéquivalences
fonctorielles :iii) de définir pour tout
quadruplet (cm, C" , C’ , C)
uneéqui-
valence fonctorielle entre les foncteurs
Les
diagrammes
de cohérence sont commutatifs parce que ceux se rap- portant auproduit
direct le sont. Cequi précède
se résume en une propo-po si tion :
3.1.3. PROPOSITION. Les données suivantes:
(i) So
lafamille
descatégories
à limitesprojectives finies;
(ii)
pour toutcoupl e (C, C’)
dansSa,
lacatégorie {C,
C’},
(
iii)
pour touttripl et ( C ,
C’,C" )
deSa
l ebifoncteur c ( C , C’, C"), (iv)
pour tout él émen t C deSa
deidc
,(v)
pour toutquadru pl et ( C"’ , C" , C’ , C)
deSo l’équival ence a (Ct", C", C’, C),
(vi)
pour toutcoupl e ( C , C’ )
deSa
l es deuxéquivalences g ( C , C’ ) ,
et
d(C, C’),
définissent
unebicatégorie
que l’on noteraS
et dont lacomposition
seranotée o .
4.
L’homomorphisme
debicatégories
D .4.1. T H E O R E M E .
(i)
Lacorrespondance C->CatC, application
d eo
dansSo,
et lafamille
desbifoncteurs D({C, C’}) dê finissent
un ho-momorphisme
debicatégories
de source etbut S ( déduit
de D);4.2. Démonstration de
(ii).
Pour toute flèche y de U notonsel’ é-
valuation sur y
( flèche
deFonct ( CatA , A));
par définition de Cat ( F),on
a : F*ey = ey* Cat (F) soit,
pour toutn:O->O:
Il en résulte que les deux membres de
(ii)
sont limites des mêmes dia-grammes.
4.3.
D (idC)=idCatC : il
suffitd’appliquer
la remarque 2.3.4 dans cecas
particulier.
4.4.
Compatibilité
avec lacomposition.
La démonstration peut se fairepoint
parpoint
et nous sommes ramenés à étudierl’équivalence
4.4.1.
D (O o y)(R1 , R2 , R3) = D (O) o D (Y)(R1 , R2 , R3) .
Par ailleurs l’extension aux flèches commutant avec les
opérateurs,
ilsuffit de démontrer que
c’est-à-dire
Ramenons-nous aux définitions des différents membres :
On a donc la situation suivante: un
fondeur TT:U* X U* X U->D
tel quele
morphisme U - Fonct ( U*X U*, D)
soit unecatégorie
etF,
etF2
deuxfoncteurs :
Il faut démontrer que
Par ailleurs il est bien clair
qu’en appliquant
le foncteurhom ( d , - )
à ces
objets
on peut se ramener au cas où D = Ens . Donc le théorème seradémontré si le lemme suivant est vrai :
4.4.3. LEMME. Soient
Fl
etF2
comme dans 4. 4. 2. 2 avec D =Ens ;
où
MI exprime,
de la même manière queM,
lacompatibilité
deR2
etde la
première
structure de Fl etM2
lacompatibilité
deR1
et de ladeuxième structure de Fl.
En effet, la
première
relation est l’écriture de 1.4.2 dans le cas deEns ;
la deuxième
exprime
lareprésentabilité
dans Cat de D .4.4.3.2.
Soit x E f U F1 ;
lequadruplet
est dans
Fl(TT) (2 , 2 , 2 , 2) ,
car x vérifieM;
pour la mêmeraison, y ( x )
vérifie
M1
etM2 .
Donc on a uneappl ication
/Soit
l’ application 9: fuxu F2-> TT(2 , 2 , 2) «diagonale»
définie par lediagramme
Si y vérifie
Mi
etM2 , i(y)
vérifieM,
d’oùl’application
Par ailleurs
donc
gf= 1 ;
il en est demême pour fg.
5. Corollaires du
théorème
4.1 .1° Les
exemples
de relations données en 3.0.1 et 3.0.2 sont desappl ications
immédiates de 4.1 .2° Si on
dispose
sur unecatégorie
C d’une structure monoidalefermée de
composition X
et de fermeture( - , - ) ,
si X commute avec lesproduits
fibrés finis ou siFonct (U , C) possède
un foncteur «catégorie) associée,
notons dans ces deux casCat(X)le foncteur-de CatC X CatC
vers
Catc
obtenu. On a alorsPlus
généralement,
soit(f , u)
uncouple d’adjoints
tels quef
commuteavec les
produits fibrés;
alorsCat( f)
etCat (u)
sont2-adjoints ( f
pourra être une
image réciproque
et uun 7T ).
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[1]
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et Géom. diff. XIII-2 ( 1972).[2]
J. BENABOU, Introduction to bicategories, Lecture Notes in Mathematics n° 47 , Springer ( 1967).[3]
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KELLY-MAC LANE, Coherence in categories, Lecture Notes in Mathema- tics n° 281, Springer (1972).[6]
S. MAC LANE,Categories
for the working mathematician, Springer 1972.Département de Mathématiques Université Paris VII, Tour 45 , 2, Place Jussieu
75005 PARIS.