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La constitution interne et le rayonnement des étoiles

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Academic year: 2022

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(1)

HAL Id: jpa-00205342

https://hal.archives-ouvertes.fr/jpa-00205342

Submitted on 1 Jan 1928

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La constitution interne et le rayonnement des étoiles

Tcheslas Bialobrzeski

To cite this version:

Tcheslas Bialobrzeski. La constitution interne et le rayonnement des étoiles. J. Phys. Radium, 1928,

9 (8), pp.237-248. �10.1051/jphysrad:0192800908023700�. �jpa-00205342�

(2)

LE JOURNAL DE PHYSIQUE

.

.

ET

LE RADIUM

LA CONSTITUTION INTERNE ET LE RAYONNEMENT DES ETOILES (*)

par M. TCHESLAS BIALOBRZESKI.

Professeur à l’Université de Varsovie.

Sommaire. - L’article comprend un aperçu général des résultats principaux acquis par les recherches modernes dans le domaine de l’astrophysique théorique.

L’équilibre thermodynamique interne du Soleil et des étoiles a, probablement, le

caractère radiatif et l’on doit tenir compte de la pression de radiation qui est du même ordre de grandeur que celle de la matière.

En ce qui concerne la composition du corps stellaire, la matière y doit être à l’état de dissociation électronique poussée très loin. Aussi, les particules libres les plus

nombreuses à l’intérieur des étoiles sont des électrons, ce qui explique la possibilité des

densités énormes révélées par l’étude des étoiles naines blanches.

La viscosité de la matière stellaire est très grande et, de plus, les étoiles possèdent

une viscosité radiative.

Ensuite l’auteur indique que les fluctuations d’émission conduisent à la perte d’éner- gie rayonnante et c’est par le mécanisme des fluctuations que se trouve réglée la quan- tité d’énergie rayonnée par des étoiles.

Les questions relatives à l’évolution des étoiles et à la source d’énergie stellaire ne

sont pas éclaircies d’une façon satisfaisante Les hypothèses les plus probables sont

celles qui cherchent la source d’énergie dans les phénomènes de la transmutation de la matière ou même de son anéantissement.

StRIE VI. TO}fE IX Aour r 1928 ~8

La physique est l’oeuvre d’une imagination puissante contrôlée par l’expérience

et disciplinéepar l’emploi de la méthode mathématique. Le rôle de l’imagination est évident

dans le développement de la physique moderne qui, depuis un quart de siècle, pénètre

résolument dans le monde atomique inaccessible aux sens. La structure de l’atome et la nature de la lumière préoccupent plus particulièrement l’esprit des physiciens à l’heure

actuelle. De ces deux problèmes est née la théorie des quanta qui se propose le but hardi de trouver les lois élémentaires auxquelles obéit la vie intérieure des atomes. Il est pourtant incontestable que les efforts de l’esprit scrutant les profondeurs du microcosme atomique tendent, en dernier lieu, à rendre compréhensibles les phénomènes de la nature tels qu7ilir

se présentent immédiatement à nos sens. Il y faut ajouter les phénomènes créés par les physiciens eux-mêmes qui paraissent constituer un monde à part et, par l’intermédiaire des applications techniques, modifient la face de la Terre

Mais en dehors de la Terre, qui d’ailleurs commence à devenir étroite pour l’activité de l’homme, s’étend le monde des grands corps célestes, dont s’occupe l’astronomie.

Vers le milieu du siècle dernier la physique a doté 1 astronomie d’une méthode puissante

de recherche, à savoir de l’analyse spectrale, qui est devenue la base de l’astrophysique.

On pouvait prévoir que les progrès prodigieux qu’a fait la physique au cours de ce siècle

devaient avoir une répercussion dans la science astronomique. Nous assistons, en effets, depuis une dizaine d’années, à un mouvement vigoureux d’idées, qui se poursuit surtout

en Angleterre, et l’on peut déjà parler d’une nouvelle branche de l’Astronomie : de l’Astro (*) Conférence faite aux Séances de la Pentecôte de la Société française de Physique, le 23 mai 192R-

LE JOURNAL DII PHYSIQUE ET L13 RADIUM.

-

SÉRIE VI.

-

T. IX.

-

N° 8

-

AOUT i 928. 15.

Article published online by EDP Sciences and available at http://dx.doi.org/10.1051/jphysrad:0192800908023700

(3)

physique théorique. En possession des découvertes récentes concernant la structure de l’atome et le rayonnement, l’astrophysique théorique s’efforce de scruter la constitution interne du Soleil et des étoiles pour comprendre, à la lumière des notions acquises; leurs propriétés accessibles à l’observation, en premier lieu, leur ray onnement dans l’espace

environnant.

,

Je me propose ici d’esquisser rapidement l’aspect moderne de quelques problèmes

de l’astrophysique théorique, en insistant un peu sur mes recherches personnelles (’).

On peut demander tout d’abord quelles sont les conditions d’équilibre du Soleil ou d’une

étoile quelconque. 1

Le Soleil fait partie du système de la Voie lactée comprenant à peu près 3.101 étoiles.

L’énergie rayonnée’par le Soleil s’élève à 3 8,-10" 3 erg s, c’est-à-dire que chaque

gramme de la masse solaire perd, en moyenne, 1,9 erg par seconde.

En dépit de cette dépense énorme de l’énergie emmagasinée dans le Soleil, son rayon- nement n’a subi aucune diminution visible au cours des quelques milliers d’années

depuis lesquels nous possédons des témoignages historiques directs.

Il faut en conclure que les conditions intérieures des étoiles sont, en général, remar- quablement stables.

Pour commencer l’étude de la constitution physique des étoiles, du Soleil

en particulipr, il est nécessaire d’avoir une idée de l’état d’agrégation qui doit être attribué à la matière solaire.

La température de la surface lumineuse du Soleil, sa photosphère, est connue avec une exactitude suffisante ; elle est égale à 6000a environ. La pression y étant peu élevée,

il n’est pas douteux que les couches extérieures du corps solaire se trouvent à l’état gazeux.

En passant aux couches plus profondes, il faut tenir compte de ce que chaque couche supporte le poids des couches situées plus haut par rapport au centre de l’astre. Cela fait que la pression augmente rapidement vers l’intérieur et atteint des valeurs énormes dans la

région centrale.

La densité moyenne du Soleil est de 1,41 ; celle des couches centrales doit être

beaucoup plus grande.

Il paraissait invraisemblable que la matière tellement dense puisse conserver

le caractère d’un gaz parfait. Le savant américain Homer Lane, dont le mémoire publié

en 1870 (2) sur la température théorique du Soleil a inauguré les recherches sur la constitution interne des étoiles,. avait admis que le Soleil est constitué par un gaz parfait, mais il

considérait cette supposition comme une approximation grossière, destinée à rendre le problème accessible à l’analyse mathématique. Ce n’est qu’en i9~4 que M. Eddington

a montré qu’elle est parfaitement légitime ; nous reviendrons un peu plus tard sur

ce sujet. Admettons donc que le Soleil et les étoiles sont des sphères gazeuses énormes.

Ecrivons l’équation d’état des gaz parfaits ou l’équation de Clapeyron :

oû p est la pression ; p, la ~iensité; T, la température; R, la constante des gaz parfaits ; IL, le poids moléculaire.

On pourrait présumer que la température à l’intérieur du Soleil ne diffère pas considé- rablement de celle de la photosphère. L’opinion des théoriciens contemporains est presque unanime en ce sens que cette hypothèse doit être rejetée. En premier lieu, une analyse plus approfondie montre qu’étant données la masse et le volume du Soleil, l’accroissement (1) Le lecteur trouvera l’exposé de l’état actuel de l’astrophysique théorique dans les trois livres suivants :

R. ExDEx. Thermodynamik der Himncelskôrper [EncyklopJ,die der i~atfiematischen BVissenschaften, Bd. 6, 2 B (1926), Heft 2].

A.-S. EDDINGTO~. The Iniernal Constitution of the Stccrs [Cambridge (1926)].

J.-H. JEANS. Astroncmy and Cosmo,qony [Cambridge (1928)].

(2) J. HO}IER L4~içE. On the Theoretical Température of the Sun [.9naer. J. Sc., s. 2, t. 4 (1810), p. 57J.

(4)

rapide de la pression à son intérieur ne peut s’établir autrement que par l’élévation

progressive de la température en mème temps que de la densité. En second lieu, il existe

dans le Soleil un courant d’énergie venant de l’intérieur vers la surface pour compenser la perte ininterrompue d’énergie par le rayonnement. Or l’existence du courant d’énergie

est liée à celle de la chute de température permanente dans la direction dudit courant.

aussi la température interne du Soleil doit s’élever à des millions de degrés, afin

que puisse s’établir une chute de température suffisamment rapide.

Les températures de cet ordre de grandeur n’ont rien de surprenant pour le physicien.

La chaleur n’est autre chose que l’énergie cinétique du mouvement moléculaire. Or, à la température de 40 000 0001 attribuée au centre du Soleil, une molécule d’azote aurait une

vitesse moyenne d’agitation calorifique de 200 km : s à peu près. Une telle vitesse est

commune et même plutôt faible dans le monde atomique. La particule ~ est lancée par le radium C avec la vitesse de 20 000 km : s, cent fois plus grande. ~Ièmd notre Terre pesante

se meut autour du Soleil avec une vitesse de 30 km : s.

,

En considérant les conditions d’équilibre du Soleil et des étoiles, il faut tenir compte

de la pression de radiation, dont j’ai mis en lumière l’importance en 1913 (3). La pression

.

des rayons solaires sur la surface de la Terre est minime.

Mais la pression de radiation en équilibre thermodynamique croit proportionnellement

à la quatrième puissance de la température absolue et devient du même ordre de grandeur

que celle de la matière aux températures que nous croyons régner dans le Soleil ou les

étoiles. Le rayonnement émis à ces hautes températures par la matière remplit le volume

du Soleil à côté des particules matérielles et peut être considéré comme un corps énergétique

’particulier, puisque, conformément aux vues moderne, à chaque espèce d’énergie doit

être attribuée une masse ou inertie, marque distinctive de matérialité. La densité u de

l’énergie de radiation en équilibre thermodynamique étant donnée par la formule

~~a désigne une constante), la pression de radiation sera

Nous pouvons maintenant écrire une condition complète de l’équilibre mécanique.

Découpons à l’intérieur du Soleil (ou d’une étoile) une couche comprise entre les surfaces sphériques ayant les rayons 1" et r -~- dr ; le poids de l’élément de cette couche rapporté

à l’unité de surface est F g dr, en désignant par cl l’accélération de la gravité à la distance r du centre. Ce poids est équilibré par la différence des pressions exercées sur les surfaces

limites de la couche, d’où

P étant la pression total.

On a ensuite = 2013-, r2 G est la constante de .. la gravitation ;

.

iii, la masse contenue

.dans la sphère, dont le rayon est r. Or

nous obtenons l’équation cherchée :

Pour déterminer la pression, la densité et la température à l’intérieur d’une sphère

gazeuse telle que le Soleil en fonction de la distance du centre, il est encore nécessaire de

choisir, parmi les modes d’équilibre possibles, iniiniment variés au point de vue thermo- dynamique, celui qui est réalisé effectivement dans les corps céleste.

(3) Bull. Acad. S;. (1913), p. 264.

(5)

Admettons tout d’abord que les conditions physiques à leur intérieur sont extrêmement voisines de l’équilibre thermodynamique parfait ; autrement, il nous serait impossible d’expliquer la stabilité des astres ou, plus rigoureusement, leur évolution lente,

vieille probablement de milliards d’années. Il est du reste incontestable que l’équilibre

cesse d’exister au voisinage immédiat de la surface, par laquelle s’échappe le rayonnement.

Le caractère d’équilibre doit être étroitement lié avec les modes de transfert de

l’énergie ; il y en a trois, à savoir : la conductibilité, la convection et le rayonnement.

Il n’y a guère de doute que c’est le dernier qui joue le rôle prépondérant dans les étoiies.

Le caractère d’équilibre qui lui correspond s’appelle radiatif.

Il a été indiqué par R. Sampson dès 1894, puis repris et précisé en 1916 par Eddingtonr qui en a fait la base de ses recherches sur la constitution interne des étoiles.

L’équilibre radiatif parfait d’une portion de matière exige que la quantité d’énergie

émise par cette portion soit exactement égale à l’énergie absorbée dans le même temps.

A l’intérieur des étoiles, la balance énergétique est légèrement inclinée du côté de

l’émission, puisqu’une faible partie de la radiation émise par chaque portion du corps de l’étoile contribue à former ce courant d’énergie qui traverse l’étoile en grossissant

sans cesse sur sa voie vers l’espace environnant. En d’autres termes, les rayons visibles et invisibles se croisent au sein de l’étoile dans toutes les directions,

mais il y a partout un surplus d’énergie de radiation se propageant dans la direction centrifuge. Après avoir ajouté une hypothèse complémentaire, que le rapport de la pres- sion de la matière gazeuse à celle de la radiation soit constant dans toute l’étendue de

l’étoile, Eddington a obtenu pour l’équilibre radiatif une formule simple : é

y est un coefficient constant. Dans mon mémoire cité plus haut, j’ai étudié l’équilibre exprimé par la formule (4), en le considérant comme un cas spécial d’un mode d’équilibre plus général, dit polytropique.

L’équilibre radiatif fait défaut dans les couches superficielles de l’astre où les condi- tions physiques sont de nature spéciale, dont nous n’aborderons pas l’étude ici.

En s’appuyant sur les raisonnements précédents, on peut calculer les températures, pression et densité en chaque point de l’étoile.

En effet, les équations et (~) déterminent l’ et p en fonction de r ; ensuite, la température sera obtenue à l’aide des équations (9.) et (2).

Par exemple, la température au centre du Soleil, d’après le calcul d’Eddington, s’élève

à 4 X 10 degrés ; sa température moyenne peut être prise égale à 23 X 101.

J’ai montré dans mon mémoire qoe le rapport des deux sortes de pressions dépend principalement de la masse de l’étoile. Ce résultat a été obtenu indépendamment par

Eddington qui en a tiré une conséquence remarquable.

Le tableau I, emprunté au livre d’Eddington (4) fait voir comment se partage la pres- TABLEAU I.

sion totale de la matière p et celle de la radiation q en fonction de la masse, les autres facteurs qui influent sur ce rapport étant supposés constants. Remarquons que la masse du Soleil est environ 2 X 103Û g.

(4) Loc. cit., p. 16.

(6)

On voit que la pression de radiation est négligeable en comparaison de celle de la matière, si la masse est inférieure à 1032 g.

Au contraire, en cas d’une masse supérieure à i0~, la pression matérielle est reléguée

au second plan par rapport à la pression de radiation. Pour une masse un peu inférieure à 1 3 g, les deux espèces de pression sont égales.

L’ensemble de nos raisonnements montre clairement que le physicien pourrait cons-

truire la théorie de grandes sphères gazeuses sans aucun appel à l’observation. Etant arrivé à ce point-ci du développement de la théorie, il s’apercevrait nécessairement que les conditions physiques mettent à part les sphères gazeuses dont les masses sont contenue entre 1032 et 1035 g. Or l’observation astronomique nous apprend qu’à ces conditions parti-

culières est liée l’existence des étoiles.

Les masses de presque toutes les étoiles connues sont renfermées entre les limites indi-

quées. Eddington explique ce fait frappant par l’intervention de la pression de radiation.

Pendant l’évolution du monde stellaire, la gravitation jouait le rôle de la force organisatrice qui rassembla la matière pour en former les étoiles. Elle tendait à une concentration illi- mitée de la matière. Or c’est la pression de radiation qui s’y opposait en tendant à provo- quer la rupture de la sphère gazeuse. Son influence est négligeable tant que la masse n’at- teint pas 1033.

L’accroissement ultérieur de la masse met rapidement la pression de radiation au

premier plan ; celle-ci devient menaçante pour la stabilité de l’équilibre si sa valeur dépasse

75 pour 100 de la pression totale. Il est donc possible que la pression de radiation ait réalisé la formation des étoiles du chaos primitif.

Cette vue hardie d’Eddington est sans doute impressionnante et ingénieuse ; elle ne s’appuie pas pourtant sur une démonstration rigoureuse et M. Jeans, par exemple, se

déclare sceptique à l’égard du rôle attribué par M. Eddington à la pression de radiation

en ce qui concerne la formation des étoiles.

II

Examinons maintenant la composition des corps stellaires. L’analyse spectrale du rayonnement du Soleil et des étoiles nous apprend que le mélange gazeux de ces astres

contient, probablement, tous les éléments chimiques connus sur la Terre. Pourtant l’image

que nous pourrions nous faire d’une étoile comme constituée par un mélange de différents

atomes ne répondrait guère à la réalité.

On sait que l’agitation thermique provoque la dissociation des molécules en atomes.

Aux températures qui règnent à l’intérieur des étoiles, la dissociation se trouve poussée beaucoup plus loin. Ce ne sont pas seulement les molécules qui sont dissociées, mais les

atomes eux-mêmes. La physique moderne a découvert plusieurs agents qui produisent la

dissociation électronique ou ionisation des atomes chimiques, c’est-à-dire arrachent les électrons du noyau central, auquel ils sont liés.

Le plus puissant de ces agents, dans les conditions stellaires, est la radiation de courte

longue d’onde, principalement les rayons X. Il est facile de calculer, à l’aide de

la formule célèbre de Planck, que le maximum d’énergie du rayonnement, en équilibre avec

la matière, aux températures intrastellaires, est déplacé précisément vers le domaine du

rayonnement X mou. L’action du rayonnement qui provoque l’ionisation de l’atome

s’appelle « effet photoélectrique ». C’est bien cet effet qui joue le plus grand rôle dans le mécanisme d’échange d’énergie entre la matière et le rayonnement au sein des étoiles.

On peut, sans trop de peine, appliquer à l’étude de la dissociation électronique la

théorie thermodynamique générale de Gibbs de l’équilibre dans les systèmes gazeux. Le résultat du calcul, en ses grandes lignes, est le suivant.

Dans les couches centrales des étoiles, un tiers à peu près de la totalité des éléments

chimiques, comprenant les éléments à poids atomique bas, est complètement dénué d’élec- trons et réduit à l’état de noyaux nus. Les éléments de poids atomique plus élevé sont

capables de retenir le niveau K d’électrons le plus proche du noyau qui, du reste, ne con-

(7)

tient que 2 électrons. Il n’y a plus que 20 éléments qui peuvent retenir le groupe L conte- nant 8 électrons.

On voit donc que les particules les plus nombreuses dans le mélange gazeux des étoiles sont les électrons dont, en majeure partie, dépend l’énergie thermique de la matière stel- laire. Il y a ensuite dans notre mélange des ions positifs à des degrés divers d’ionisation,

c’est-à-dire les atomes dépouillés d’un nombre variable d’électrons ; au voisinage du centre-

doivent se rencontrer en grand nombre des noyaux atomiques entièrement dépourvus de

leur enveloppe électronique. Les atomes neutres, nombreux seulement dans des couches

superficielles, se trouvent généralement dans des états excités. Les ions, eux aussi, pren- nent des états analogues. En outre, le volume de l’étoile est le siège, comme nous avons

déjà indiqué, du rayonnement à l’état voisin de l’équilibre thermodynamique, s’adaptant

dans chaque couche concentrique à la température qui y règne : son énergie est du même- ordre de grandeur que celle de la matière.

Nous pouvons maintenant déterminer le poids moléculaire qui figure dans la

formule (1.). On sait que celle-ci s’applique aussi bien à un gaz pur qu’à un mélange : dans

ce dernier cas, p. désigne la moyenne arithmétique des poids moléculaires de toutes les

particules dont le mélange est composé. Or, le nombre d’électrons gravitant autour du

noyau dans un atome est égal à son nombre atomique, que nous désignerons par 11TP Soit A le poids moléculaire de l’atome considéré. Si l’atome est dépouillé de tous ses élec- trons, on a à sa place l’V + 1 particules équivalentes entre elles en ce qui concerne l’énergie- d’agitation thermique, d’où s’ensuit que le poids moléculaire moyen doit être pris égal,

à a

.

On sait que le nombre atomique est approximativement égal à la moitié du

l-1 p g

poids moléculaire, abstraction faite de l’hydrogène. On en conclura que le poids molécu-j,

laire moyen du mélange gazeux de l’étoile diffère peu de deux. , ’

Nous sommes arrivés à un stade de nos raisonnements où il nous sera facile de com-

prendre que la matière puisse conserver les propriétés d’un gaz parfait dans des couches centrales de l’étoile, où la densité doit être considérable. En effet, la cause principale des’

écarts manifestés par un gaz relativement à la loi des gaz parfaits consiste en ce que les~

atomes chimiques ne peuvent être considérés, au point de vue cinétique, comme des points.

matériels, si la densité du gaz est grande. "

Dans les conditions ordinaires des expériences terrestres, l’atome se comporte comme

une particule impénétrable, dont les dimensions linéaires sont de l’ordre de 90-g cm. La, limite de la compressibilité est atteinte lorsque les atomes arrivent presque à se toucher, y

ce qui a déjà lieu approximativement dans des corps solides et même liquides. A l’intérieur des étoiles, les particules matérielles sont constituées pour la plupart par des électrons

libres, ayant des dimensions linéaires de l’ordre de 10-13 cm, c’est-à-dire 10-5 fois plus petites que celles de l’atome. Les dimensions des ions et des noyaux sont plus considérables, mais, aux températures del’ordre de 101 degrés,toujours petites en comparaison des atomes.

Par conséquent, en admettant que la densité de cette matière, abondamment pourvue-

d’énergie, est limitée uniquement par le volume des particules libres dont elle se compose, les densités qui s’élèvent jusqu’à 1014 apparaissent comme possibles.

Ainsi, dans les étoiles, les conditions physiques sont telles qu’elles ne peuvent en

aucune façon porter atteinte à la loi des gaz parfaits. On pourra nous objecter que nous n’avons pas tenu compte des puissantes forces attractives et répulsives qui s’exercent entre- les électrons et ions de la matière stellaire. Or, une analyse plus approfondie prouve quE l’intervention des forces inversement proportionnelles au carré de la distance produit un

accroissement de la compressibilité du gaz et il devient supraparfait.

.

Une preuve éclatante de l’existence des très grandes densités, dont la possibilité a été prévue par la théorie, est fournie par les observations sur le satellite de Sirius. La masse

du satellite représente environ les 3/4 de la masse solaire. C’est un astre d’un éclat très faible. Si le Soleil était éloigné de nous à la distance de Sirius, son éclat serait 360 fois

plus grand que celui du satellite. Cette faible luminosité n’aurait rien d’étonnant, si la

surface du satellite de Sirius était peu lumineuse.

(8)

Cependant M. Adams, en 1914, a pu démontrer que son type spectral correspond à

celui de l’étoile blanche pareille à Sirius lui-mème ; cela signifie que la surface de Sirius et de son satellite est plus lumineuse que celle du Soleil.

Il n’y a qu’une explication naturelle de ce fait remarquable, c’est que la surface du

,

satellite est petite en comparaison de celle du Soleil, d’où provient la faiblesse de son

éclat.

Un calcul facile montre que le rayon du satellite, étant égal à 18 80U km, est plus petit

que celui d’Uranus. Il en résulte immédiatement pour la densité moyenne de cet astre la valeur énorme de 61 OuO g : cmB à peu près :JOUO fois plus grande que celle du platine. Ce

résultat parut d’abord absurde ; maintenant, nous pouvons le considérer comme tout à fait admissible.

Les déductions ci-dessus concernant le satellite de Sirius ont trouvé une confirmation

inattendue, en 10?~, par l’observation de l’effet d’Einstein. La théorie générale de relativité prévoit le déplacement des raies spectrales vers le côté rouge du spectre, si la source qui les

émet se trouve placée dans un champ de gravitation intense. Le déplacement est difficile à décéler même pour le rayonnement de la photosphère solaire. A la surface du satellite de

Sirius, grâce à la petitesse de son rayon, la gravitation est 31 fois plus grande qu’à la

surface du Soleil. }I. Adams a entrepris, à l’observatoire du Mont Wilson, de nouvelles recherches spectroscopiques sur cet astre qui ont abouti à la conclusion que le déplacement

en question existe et sa valeur concorde très bien avec les prévisions.

-

Ajoutons encore que les étoiles appartenant au type du satellite de Sirius s’appellent

naines blanches ; on en connaît plusieurs à l’heure actuelle.

L’existence des naines blanches à densité énorme donne liea à un paradoxe curieux indiqué par M. Eddington, dont nous voulons dire quelques mots. Une telle densité n’est

possible qu’aux températures extrêmement élevées produisant une ionisation intense de la matière. Or l’étoile rayonne incessamment de l’énergie et, après l’épuisement des sources qui l’entretiennent, doit nécessairement se refroidir et s’éteindre en passant à l’état solide.

Mais la densité des corps solides est de beaucoup inférieure à celle des naines blanches.

Pour parvenir à l’état solide, en se refroidissant, l’étoile de ce type doit se dilater en accomplissant u~z travail contre les forces de gravitation. Alors se pose la question : d’où puisera-t-elle l’énergie nécessaire pour ce travail# Le calcul montre que la provision d’énergie calorifique, malgré les températures intérieures très élevées, n’est pas, en général,

suffisante.

Notre étoile se trouvera donc dans une situation étrange et sans issue : en perdant

sans cesse de la chaleur par rayonnement, elle n’a pas assez d’énergie pour se refroidir.

Tout récemment, M. Fowler parvint à éclaircir ce paradoxe en s’inspirant des derniers

progrès de la statistique physique et de la théorie des quanta (5).

Je ne puis m’attarder à la discussion de cette question. Il suffira d’indiquer que,

d’après 1~I. Fowler, à l’étape finale de l’évolution de l’étoile, toute la matière parviendra à

l’état quantique le plus bas et, dès lors, la radiation cessera complètement malgré la per- sistance des mouvements internes extrêmement rapides.

L’état physique des étoiles se présentera sous un aspect nouveau à la suite des consi- dérations relatives à la viscosité ou au frottement intérieur. On sait que la viscosité d’un gaz est la conséquence de l’agitation moléculaire et consiste dans l’échange de la quantité

de mouvement parmi les couches se mouvant avec des vitesses globales différentes. Le coefficient r de viscosité est donné par la formule simple de la théorie cinétique des gaz :

où v désigne la vitesse moyenne d’agitation ; l, le libre parcours moyen des molécules gazeuses. Le transport de la quantité de mouvement s’accomplit à rintérieur des étoiles, principalement par l’intermédiaire des électrons dont les parcours libres sont longs.

(5) !lTor2ih. 87 (19:W), p. f 14.

(9)

M. Chapman a trouvé que la viscosité dite cinélnatique (égale à dans des étoiles dépasse

environ 100 fois la viscosité de l’eau, ce qui fait que la consistance du mélange gazeux stel- laire se rapproche de celle du liquide huileux très visqueux et dense. Cette propriété de la

matière stellaire ne porte du reste aucune atteinte à la perfection de son état gazeux.

Ce n’est pas tout : M. Jeans a fait, en 1926. la découverte inattendue que les étoiles

,

possèdent une viscosité radiative très considérable. La propagation de la radiation est

accompagnée du transport de la quantité de mouvement, puisque l’énergie de radiation

possède une masse égale à la valeur de l’énergie divisée par le carré de la vitesse de la lumière.

,

Pour trouver la viscosité correspondante, on peut tout simplement utiliser la for- saule (5), en y portant

en ce qui concerne le parcours libre de la radiation, on l’obtiendra en comparant deux exponentielles, e-kilt et exll, dont la première donne la partie de l’énergie de radiation qui,

sur le parcours x, échappe à l’absorption, k désignant le coefficient d’absorption (rapporté à

1"unité de masse) ; la seconde donne la partie de l’ensemble des molécules gazeuses, se mouvant dans une direction commune, qui échappe aux chocs sur le parcours de lon- gneur x : on peut admettre qu’à chaque choc la molécule est absorbée, puisqu’elle cesse d$appartenir à l’ensemble considéré en changeant la direction de sa vitesse. Par consé-

quent, en désignant par Ir le libre parcours de radiation on a

~~ finalement

En substituant dans cette formule les données numériques correspondantes, on arrive

an résultat remarquable que la viscosité radiative à l’intérieur des étoiles peu denses est

plusieurs centaines de fois plus grande que la viscosité matérielle. A mesure que la densité de l’étoile augmente, l’importance relative de la viscosité radiative diminue.

~

III

Nous avons étudié jusqu’ici les conditions d’équilibre interne des étoiles et leur compo- Or l’équilibre en question n’est pas évidemment parfait, parce que l’étoile rayonne de l’énergie dans l’espace environnant. Cependant, la quantité d’énergie rayonnée est insi- gnifiante en comparaison de la provision d’énergie emmagasinée sous différentes formes dans le corps de l’étoile.

D’après le calcul d’Eddington, l’énergie totale rapportée à un gramme de matière solaire est en moyenne de l,43 X f014 ergs, tandis que l’énergie perdue par gramme et par seconde n’est que 1,9 erg.

Il se pose une question importante, à savoir quel est le mécanisme précis qui déter-

mine la quantité d’énergie rayonnée par une étoile. L’observation astronomique révèle qu’il

existe à cet égard des différences très considérables entre diverses étoiles. Je me bornerai

à une comparaison entre le Soleil et la composante brillante de l’étoile double appelée

Capella. Les deux astres appartiennent à un même type spectral (G). Capella est une étoile

géante : sa densité est 620 fois plus petite que celle du Soleil, la masse étant ~,I8 fois plus

grande. Le rapport théorique des températures moyennes est égal à 4 3, la température du

Soleil étant supérieure à celle de Capella. De la comparaison des grandeurs absolues des

deux astres, résulte que Capella rayonne par seconde et par gramme 58 ergs, c’est-à-dire

que son rayonnement par gramme est 30,5 fois plus fort que celui du Soleil.

(10)

Ce fait remarquable paraissait incompréhensible : on était tenté de croire que le rayon- nement par gramme doit augmenter avec la densité ; or c’est le contraire qui a lieu en

réalité. J’ai fait récemment une tentative de surmonter cette difficulté et d’approfondir en

même temps le mécanisme du rayonnement extérieur des étoiles (s).

La théorie de la constitution dos étoiles est sur la proposition que leur intérieur,

à l’exception des couches voisines de la surface, se trouve partout dans l’état extrêmement voisin de l’équilibre parfait mécanique et tliermod-viiamiq-Lie. Découpons à l’intérieur d’une étoile un petit domaine ; la matière qu’il contient devrait, si les conditions de -."équilibre rigoureux étaient remplies, maintenir une balance exacte entre la quantité d’élargie émise

et absorbée à chaque instant.

Or la matière ayant une structure atomique, l’équilibre thermodynamique a un

caractère statistique, c’est-à-dire qu’il existe toujours des écarts de l’état d’équilibre appelés fluctuations. En particulier, les fluctuations concernent l’émission et l’absorption des radiations; le domaine considéré pendant un court intervalle de temps émet plus d’énergie qu’il n’en absorbe ou inversement. Dans tout le corps de l’étoile, à chaque instant sont disséminés les foyers d’émission ou d’absorption excessives. Il est à peu près évident que

l’énergie émise en excès par les foyers d’émission ne sera pas complètement absorbée par les foyers d’absorption et une partie généralement faible de cette énergie réussira à

s’échapper par la surface dans l’espace environnant : elle constituée précisément le rayon- nement de l’étoile.

Le nombre de foyers d’émission est proportionnel au volume de l’étoile, et c’est ainsi que se trouve expliqué le fait que le rayonnement par gramme est d’autant plus grand que

la densité de l’étoile est plus faible.

J’ai déduit une formule approximative qui donne l’énergie ? rayonnée par unité de

masse en fonction de la densité et de la température moyennes de l’étoile :

Elle s’accorde bien avec les données tirées des observations astronomique.

Nous avons passé en revue rapide les résultats de l’astrophysique théorique qui ont un

fondeInent solide dans les théories physiques modernes et sont reconnus par la plupart des

savants compétents. Je dois faire une exception en ce qui concerne ma théorie du rôle des

fluctuations, sur laquelle les juge Inents lie sont pas encore prononcés.

L’unanimité du reste est loin d’être atteinte. Par exemple, M. Jeans, ancien président de la

Sociélé Royale Astronomique, bien connu par ses travaux de physique théorique, est d’avais

que le domaine central des étoiles se trouve dans l’état liquide. La position franchement

antagoniste envers les vues exposées à ce sujet est défendue par ,NI. Véronllet, le distingué

astronome de Strasbourg (’). La raison principale de cette attitude consiste, semble-t-il, en ce

que la théorie, dans son état actuel, est impuissante à fournir des réponses satisfaisantes à deux questions d’un intérêt capital, concernant la source ultime de l’énergie rayonnée par les étoiles et le cours de leur évolution.

En nous hâtant de terminer, nous nous bornerons à quelques indications brèves sur ces sujets aussi importants qu’obscurs.

En ce qui concerne les sources du rayonnement, il faut tenir compte de l’opinion des géologues, qui supposent, pour l’évolution de l’écorce terrestre, une durée de l’ordre de 109 9 années.

La provision totale d’énergie accumulée dans le Soleil, sous forme d’énergie de la

matière et de radiation, serait complètement épuisée à peu près en 4 ~ 10’ années. Il est

pourtant évident que le Soleil ne pouvait dépenser cette provision, si le taux actuel du rayon- nement se maintenait durant l’évolution de la Terre. Helmholtz et Kelvin, les grands physi-

ciens du xix" siècle, ont montré que l’énergie est fournie par la contraction du Soleil, les forces de gravitation produisant un travail positif pendant ce processus.

(6) Bull. Acad. pol. Sc., A (1927), p. 349.

(j). Les vues de M. Y éronnet sont exposées dans son livre : Constitution et évolulion de l’unirers (Doin,

Paris (1927)J..

(11)

Il est facile de calculer que cette source d’énergie pourrait suffire pour le maintien de l’activité solaire durant environ 2 X 10’ années.

c·timo. que ce laps de temps est suffisant pour l’accomplissement de l’évo-

lution géologique, en admettant que la vitesse de l’accumulation des sédiments était, dans

les temps reculés, beaucoup plus grande qu’aujourd’hui. L’augmentation de la vitesse de sédimentation réduit plus encore la durée du Soleil en exigeant que la chaleur solaire, cause

ultime de la sédimentation, ait été autrefois plus intense.

L’avantage de l’hypothèse de NI. Véronnet consiste en ce qu’elle ne contient aucun

élément spéculatif dépassant les limites de nos connaissances actuelles. Mais il sernble qu’en l’adoptant, on arrive à un espace de temps décidément trop court.

Si l’on veut élargir les limites du temps jusqu’à 109 années, ou même plus, on doit

chercher la source de l’énergie solaire dans les phénomènes les plus profonds de la trans- mutatiomlc la matière.

Il vient à l’esprit, en premier lieu, le phénomène bien connu de la radioactivité qui

consiste en la décomposition des atomes ayant un grand poids atomique. Mais il est facile ile voir que cette source n’est pas suffisante. Si le Soleil était constitué d’uranium et des

produits de sa désintégration en quantités correspondant à l’équilibre, le processus radio- actif ne pourrait fournir plus que la moitié de l’énergie rayonnée par le Soleil. Jean Perrin a émis l’hypothèse qu’il existe à l’intérieur du Soleil et des étoiles des substances

ayant un poids atomique plus grand que celui de l’uranium et douées d’une radioactivité

plus puissante.

M. Jeans a adhéré à cette hypothèse dans ses recherches sur l’évolution des étoiles.

Malheureusement, l’expérience physique ou chimique ne fournit jusqu’ici aucun appui à

cette vue séduisante.

Nous pouvons tourner nos regards dans la direction opposée. Il est naturel d’admettre,

en s’inspirant d’une idée très ancienne de Proust, que les noyaux positifs des atomes chimi- ques sont formés de noyaux d’hydrogène, c’est-à-dire de protons liés entre eux à l’aide d’électrons. Les conditions nécessaires pour ces processus de la formation des éléments

chimiques n’existent plus, paraît-t-il, sur la Terre. Il est possible qu’ils aient lieu à l’inté- rieur des étoiles, où tous les agents physiques apparaissent avec une intensité extraordi- nairement accrue. Le processus élémentaire de ce genre est la formation d’hélium à partir

de l’hydrogène : il est même devenu l’objet de la recherche expérimentale qui, du reste, n’a

pas abouti "à un résultat convaincant. Le noyau d’hélium se forme par l’union de quatre protons avec deux électrons. On sait que ce processus doit être accompagné d’une perte de masse, 4 grammes d’hydrogène ne fournissant que 3,97 g d’hclium. Supposons que, pendant

la combinaison des protons et des électrons, se dégage une énergie équivalente à la masse perdue, c’est-à-dire 0,03 X 9 X 102° ergs ou 6, i X 1012 g-calories. Par conséquent, quatre

grammes d’hydrogène se transformant en hélium fournissent une énergie équivalente à la

combustion de 800 tonnes de charbon.

Il est possible que cette énergie se dégage à l’intérieur des étoiles sous forme de radina- tions de longueurs d’onde très courtes, qui se transforment en arrivant à la surface en des radiations visibles par l’intermédiaire de l’effet Compton.

Les recherches d’Aston semblent conduire à la conclusion que les pertes concomitantes de la masse et de l’énergie au cours de la formation d’autres éléments devaient être beau- coup plus petites.

~

Ainsi la formation des éléments chimiques à partir des électrons et des protons devrait

détruire environ 1 pour 100 de la masse du Soleil et la durée de sa vie ne pourrait pas

dépasser 1,5 X 10t! années. La plus grande quantité d’énergie possible serait fournie par l’annihilation complète de la matière.

Le physicien moderne ne s’opposera pas à la possibilité de la jonction d’un proton avec

un électron, d’où résulterait la disparition de ces deux particules; l’énergie qu’elles possé-

daient se retrouverait sous la forme d’une onde électromagnétique extrêmement courte. Le

rayonnement solaire pourrait puiser l’énergie de cette source pendant une période 100 fois

plus longue que de la source précédente.

(12)

En rapport avec ces hypothèses, il faut noter l’existence dans notre atmosphère d’une"

radiation très pénétrante, dont l’origine fait actuellement l’objet d’une discussion.

Eddington l’attribue précisémeut aux transformations d’atomes ou même à l’annihila-- tion de la matière qui ont lieu dans les nébuleuses.

Le choix entce diverses sources imaginables de l’énergie dépendra, dans une certaine

mesure, de la réponse apportée à la question de savoir si l’étoile, durant son évolution, perd

une partie plus ou moins considérable de sa masse. Si, par exemple, cette portion ne- dépasse pas 1 pour 10U de la masse, on devra rejeter la vue radicale de l’annihilalion.

Examinons le problème très brièvement sur le terrain de l’observation astronomique.

La classification aujourd’hui acceptée, dite de Harvard, partage les étoiles en 11 classes,

établies d’après le caractère cle leurs spectres. Nous nous bornerons à 6 classes principales désignées par les lettres B, A, F, G, I{, 1. En se basant sur les lois du rayonnement noir

on peut déterminer les températures des photosphères des différentes classes.

Or, dans la série ci-dessus, la température diminue avec la classe. D’après Russell, les

étoiles B ont une température d’en-iron 20 O00’B les étoiles M de 3 0U0°.

L’éclat d’une étoile dépend de son éclat absolu et de sa distance au système solaire.

L’éclat absolu est celui que les étoiles auraient en se trouvant à une distance déter- minée de nous, qui correspond, d’après la convention couramment employée, à une parallaxe de 0, i’’.

~I. Russell étudia la connexion entre la grandeur absolue et la classe spectrale; il a

obtenu un résultat remarquable, esquissé sur la figure 1.

La grande majorité des étoiles se trouve concentrée dans deux bandes étroites, dont

l’une est faiblement inclinée sur l’axe des classes, l’inclinaison de l’autre étant beaucoup plus forte.

Il en résulte que toutes les étoiles B ont un grand éclat absolu. En passant aux autres

classes de la série on voit s’accentuer de plus en plus le partage en deux groupes, dont l’un

comprend les étoiles lumineuses; l’autre, celles d’un éclat faible. La distinction entre ces

deux groupes est très prononcée dans la classe M.

Or les photosphères des étoiles appartenant à la classe M ont des températures appro- ximativement égales; d’autre part, les masses stellaires sont comprises, comme l’on a vu,

dans des limites assez étroites.

La forte luminosité des étoiles situées dans la bande peu inclinée doit donc être attri- buée à l’étendue de leurs surfaces et, par conséquent, à leurs grands volumes. Ainsi les étoiles se divisent en géantes et naines : les premières occupent la bande peu inclinée du

diagramme; le caractère nain des étoiles appartenant à la bande fortement inclinée

s’accentue à mesure qu’on s’éloigne de la classe B.

(13)

Le grand volume des étoiles qualifiées de géantes a été constaté par l’observation directe à l’aide de la méthode interférentielle de Michelson.

Hertzsprung et Russell ont émis l’hypothèse que le diagramme de la figure 1 représente

le parcours de l’évolution d’une étoile quelconque. Ils imaginent que l’étoile en naissant est

géante, ayant une densité faible et une température relativement peu élevée : elle appartient

alors à la classe M. Puis en se contractant, l’étoile s’échauffe et son éclat reste presque constant malgré la diminution de la surface rayonnante. Après avoir atteint la classe B,

l’astre commence le mouvement évolutif de retour vers la classe M et son éclat diminue

progressivement.

Quelle est la cause de ce changement de direction qui fait que le parcours évolutif a la forme d’un compas 2

Homer Lane, dans son mémoire fondamental, a démontré que la température d’une sphère gazeuse s’élève pendant la contraction malgré la perte d’énergie par rayonnement,

tant que les lois des gaz parfaits sont respectées. On pensait dès lors que l’étoile de la classe B est déjà tellement dense que les lois des gaz parfaits cessent d’être applicables, et

que l’étoile, dans la suite de son évolution, se refroidit à l’exemple des corps liquides ou

solides qui perdent de l’énergie par rayonnement.

Or cette interprétation, universellement acceptée avant 1924, est contredite par l’opi-

nion moderne qui élargit l’applicabilité des lois des gaz parfaits presque indéfiniment dans le monde stellaire.

En même temps, M. Eddington a conclu de sa théorie d’équilibre que l’éclat absolu de l’étoile dépend principalement de sa masse; les naines blanches d’ailleurs doivent être exclues de cette règle.

Aussi, en supposant la constance, au moins approximative; de la masse, le tracé évo- lutif de l’étoile sera une droite presque parallèle à l’axe des classes. Dans ce cas, la forma- tion des éléments plus complexes à partir des éléments simples peut être admise comme la

source principale de l’énergie stellaire.

Si nous voulons garder le compas de Russell comme représentant l’évolution de

l’étoile, il est nécessaire de supposer que la masse de l’étoile diminue fortement au cours de

son existence.

Alors, l’hypothèse de la formation des éléments doit être remplacée par celle de l’anéan-

tissement de la matière.

Il est à observer que l’hypothèse de MM. Perrin et Jeans des corps fortementradioactifs

qui subissent une désintégration spontanée et se transforment en éléments plus simples peut s’adapter à chacun des deux parcours évolutifs que nous avons été amenés à

distinguer.

On voit clairement que le problème de la source de l’énergie rayonnée par les étoiles et celui du mode de leur évolution sont étroitement liés.

Pendant les seize ans qui se sont écoulés depuis la publication des « Leçons sur les hypothèses cosmogoniques » de Henri Poincaré, où les questions diverses concernant le

système solaire et le monde stellaire sont traitées avec une maîtrise digne du génie de l’auteur, l’astrophysique théorique a fait des progrès remarquables. Néanmoins, en ce qui

concerne les problèmes fondamentaux exalninés tout à l’heure, il Est opportun de suivre l’exemple du maître, en terminant notre conférence par un point d’interrogation.

:Manuscrit reçu le J juil11et 1928.

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