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“ Enamourer ”, “ enivrer ” et “ enorgueillir ” : le statut des préfixes

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des préfixes

Patrick Sauzet

To cite this version:

(2)

Patrick SAUZET

Paris 8 - UPRESA 7023 CNRS

“ ENAMOURER ”, “ ENIVRER ” ET “ ENORGUEILLIR ” : LE STATUT DES PRÉFIXES.

Ces formes sont-elles de simples curiosités ou de véritables révélateurs? Elles se signalent par la consécution d'une voyelle nasale et d'une consonne nasale, rare dans les mots français. Ces formes ne se laissent pas traiter dans la conception classique (reprise de la philologie et de l'étymologie) d'une cyclicité centrée sur la racine. Elles appuient au contraire un modèle où les processus phonologiques s'initient dans les têtes structurales. La cyclicité du système suffixal y est un effet possible, mais non nécessaire. Il est en tout cas indépendant de la présence d'effets de cyclicité dans les préfixes qui apparaissent, comme on le verra, dans les formes citées en titre. On suggérera enfin que la cyclicité suffixale (illustrée par une forme comme "dam(n)ing" en anglais) est exclusive de l'apparition de clitiques dans une langue. Le français (et peut-être en général les langues romanes) n'ont pas de cyclicité suffixale et ont des clitiques.

1 . Données.

1 . 1 Hétérogénéité du comportement des voyelles nasales dans la préfixation.

Il existe en français au moins trois verbes formés avec le préfixe "en-" suivi d'un radical à initiale vocalique:

(1) - "enamourer" (parfois orthographié "énamourer") - "enivrer"

(3)

Ce qui est remarquable c'est que, dans ces formes, la voyelle du préfixe est réalisée nasale devant une consonne nasale syllabée avec la voyelle initiale du radical. La prononciation enregistrée comme standard par le dictionnaire Le

Robert est ainsi respectivement:

(2) [A)namure] (aussi [enamure])1 [A)nivre]

[A)nOrg{jir]

On peut ajouter "enherber" [A)nerbe], sûrement technique, peut-être dialectal,

mais totalement intelligible. On peut aussi ajouter "s'en aller" qui, malgré son orthographe, est un préfixé pour de nombreux locuteurs, et non une forme accompagnée de l'adverbe pronominal clitique "en". De là: "il s'est en allé" [ilsEtA)nale], comme "il s'est envolé", à côté de "il s'en est allé". Toutes les

formes d'"en aller" où le radical verbal commence par une voyelle, présentent dans le préfixe une voyelle nasale suivie d'une consonne nasale: [A)nale] "en

aller", "en allé", [A)nira] "en ira" etc. Dans la mesure où à côté des formes

normatives "(tout) le harnachement", "il le harnache" il existe des formes substandard "(tout) l'harnachement", "il l'harnache", le verbe "enharnacher" connaît une réalisation [A)narnaSe], à côté de [A)arnaSe] normatif. En envisageant

des formes de langues plus ancienne, on trouve chez Jean Nicot quelques formes de plus, dons la prononciation avec [A)n-] me semble parfaitement

naturelle : enamerer (rendre amer, que Nicot attribue à Ronsard), eneauver (couper d’eau, faire en couvrant d’eau), enosser (« Au regard des chiens on dit

Enosser, quand ils ont la gueule ou le gosier entrevesché d'un os » Nicot 1606), eneauver, enaster (mettre en broche) enhériter (mettre en possession d’un

héritage), enhuiler (enduire d’huile), enombrer, enombrager (Nicot 1606).

La série donc est assez courte, mais le processus peut être considéré comme régulier. La rareté des formes tient à la rareté des formes où "en-" est préfixé à un radical à initiale vocalique, et non à ce que "en-" pourrait être traité autrement dans ce contexte (il existe le doublet [enamoure] cité ci-dessus et

certains locuteurs généralisent cette prononciation à "enivrer", "enorgueillir", peut-être par hypercorrection d'origine orthographique, puisqu'il n'est pas dans les conventions orthographiques du français de prononcer nasale dans les mots une voyelle que suit un "n" lui-même suivi de voyelle). Le petit nombre des formes tient sans doute pour partie à la faible productivité générale de la dérivation populaire en français, phénomène souvent évoqué (Cf. Bec 71, p. 24). Si par exemple les mots "ermas" ~ "armas" (calques de l'occitan "ermàs", var. "armàs", 'friche, terrain buissoneux'), "enermassir" ('devenir friche, se couvrir de buissons') passaient du français régional au français commun, il est probable que la dernière forme se réaliserait [A)nErmasir]. Si l'on tente de former

1

(4)

des dérivés nouveaux sur ce modèle, la forme à voyelle nasalisée paraît seule naturelle en français standard2: un hypothétique "enidiotir", ‘rendre idiot’ ne saurait se prononcer que [A)nidjOtir], pas *[anidjOtir] ni *[enidjOtir]. Enfin, si les

formes en (1) et (2) étaient devenues inanalysables, la dénasalisation des voyelles devant consonnes nasales s'y serait appliquée.3

Le comportement phonologique du préfixe "en-" contraste avec celui d'autres préfixes terminés par une nasale. Il s'agit de préfixes d'origine savante: "in-", "pan-", "palin-". Ces préfixes font alterner forme à voyelle nasale et forme à séquence voyelle orale suivie de consonne nasale selon l'initiale consonantique ou vocalique du morphème suivant. On a ainsi:

(3) a) "intouchable" [E)tuSabl] "inavouable" [inavuabl]. b) "pangermanique" [pA)ZErmanik] "panaméricain" [panamerikE)] c) "palingénésie" [palE)Zenezi] "palinodie" [palinOdi]

Les formes où "en-" précède une voyelle sont peu nombreuses, mais illustrent un mécanisme régulier. Certes, quelques formes peuvent suggérer l'existence d'un préfixe "en-" fonctionnant comme les préfixes de (3). En fait ces formes sont plutôt des formes préfixées empruntées toutes faites, que des formes comportant un préfixe emprunté: ainsi il n'est pas évident que "enurésie" ou "energumène" soient des préfixés en français (de même d'ailleurs les formes en "palin-", (3)c). De manière intéressante Le Robert donne une prononciation [A)narmOnik] pour "enharmonique", forme que j'aurais personnellement

tendance à prononcer [enarmOnik]. Cela suggère que même dans un contexte

aberrant ("en-" populaire n'est préfixé qu'à des verbes), le préfixe "en-" tend à être identifié et à fonctionner de manière constante.

"Non-", en fonction de préfixe, hésite selon les locuteurs entre un fonctionnement de l'un ou l'autre type, "en-" ou "in-": "non-intervention"

2

En français standard, parce que le français méridional (à substrat occitan) dénasalise (ou ne nasalise pas) "enivrer" [anivre]. Mais il ne présente pas non plus la nasalité dans la liaison

d'une préposition avec un nom ou un verbe: "en Italie" [anitali], "en arrivant" [anariva)]. La

nasalisation est en français du Midi moins complète phonétiquement et phonologiquement moins stable: elle ne se manifeste pas en cas de resyllabation. Les trois modes de liaison d'une finale nasale du français standard: "patin-age" [..in..], "mon ami" [..O)n..], "Jean arrive" [..A)a..]

sont éventuellement neutralisés en français du Midi: [pati"naZ´], [mona"mi], [Zana"riv´] (dans

ce dernier cas l'enchaînement peut être suspendu: [Za•a)N / ariv´] ~ [Zan / ariv´] selon les

variétés).

3

Cette dénasalisation a historiquement éliminé les séquences v)N dans les morphèmes (ainsi

(5)

[nO)nE)tErvA)sjO)] ~ [nOnE)tErvA)sjO)], "non-événement" [nO)nevEnmA)] ~ [nOnevEnmA)]. On peut aussi analyser comme un préfixe fonctionnant comme

"en-" le morphème "bien-" dans "bien-aimé" [bjE)nEme], "bienheureux"

[bjE)nPrP] (en face de "bienveillant" [bjE)vejA)].

1 . 2 Homogénéité du comportement des nasales dans la suffixation.

S'il existe, comme on l'a montré plus haut, deux types de préfixes présentant toujours ou parfois une voyelle nasale, il n'y a qu'une façon, pour une base présentant une voyelle nasale finale en isolation, de se relier à un suffixe à initiale vocalique:

(4) a) [patE)] [patine] [patinaZ] "patin", "patiner", "patinage"

b) [Xv)] *[Xv)N-vY]4 type non attesté

Il en va de même pour les suffixes qui peuvent précéder un autre suffixe ou une désinence. Ils sont tous du modèle suivant:

(5) a) [gard-jE)] "gardien" [gard-jEn] < / gard - iEn - ´ / "gardienne"

[gard-jEn-aZ] "gardiennage"

b) [Z-Xv)] type non attesté

*[Z-Xv)N-vY]

De plus le système d'alternance v) / vn est productif comme on le verra plus loin.

Deux questions indépendantes se posent:

- Comment décrire l'alternance v) / vN, en particulier, quel en est le terme

sous-jacent?

- Comment rendre compte de l'existence d'une autre alternance, v) / v)n, qui

n'apparaît que dans la préfixation et la liaison des clitiques?

Je reprends d'abord les arguments en faveur de la dérivation des voyelles nasales, qui me conduisent donc à suivre l'analyse classique selon laquelle une séquence vN est sous-jacente aux alternances v) / vN. Le choix de la solution

opposée (v) sous-jacent) ne modifierait pas la suite du raisonnement: si v) alterne

régulièrement avec vN, comment alterne-t-il aussi avec v)N?

2 . Les voyelles nasales sont dérivées.

Pour rendre compte du contraste des deux types de préfixes évoqués ci-dessus, (1), (2) en face de (3), Tranel pose que les voyelles nasales des formes de

4

J'utilise les abréviations suivantes: v: voyelle orale, v): voyelle nasale, vN: voyelle orale

suivie de consonne nasale, v)N: voyelle nasale suivie de consonne nasale. Ici X et Y

(6)

surface du français remontent, pour les unes à des nasales sous-jacentes, pour les autres sont dérivées de séquences où une voyelle est suivie de consonne nasale (Tranel 76). Le préfixe "en-" dans cette analyse comporte un nasale sous-jacente, "in-" une voyelle orale suivie de consonne nasale.

Je m'en tiens à l'analyse classique en phonologie générative selon laquelle les voyelles nasales du français sont systématiquement dérivées de séquences où une voyelle est suivie de consonne nasale (Cf. Rohrer 67, Schane 68, Dell 73, p191).

Les arguments suivants plaident pour la dérivation systématique à partir de vN des voyelles nasales en français:

2 . 1 Productivité de l'alternance v) / vn en suffixation.

La productivité des alternances où un radical se termine par v) s'il n'est pas

suffixé et pas vN devant suffixe vocalique est aussitôt explicable sur la base d'une finale vN sous-jacente. Dans le cas de radicaux possédant déjà des dérivés, on peut soutenir que ces dérivés préexistants déterminent la forme sous-jacente et, de là, les nouveaux dérivés éventuels. Si un dérivé nouveau devait être tiré de "patin", il le serait sur la base de /patin/ sous-jacent à cause de

"patiner", "patinage", "patineur"...

Considérons une forme, non intégrée encore à un paradigme dérivationnel, sur laquelle on forme un dérivé suffixé. Cette situation est représentée par un nom propre (ne correspondant à aucun nom commun). Les noms d'hommes politiques constituent un excellent test. Il faut qu'un homme politique soit d'abord connu pour qu'ensuite son nom serve à former des dérivés pour désigner ses partisans ou sa doctrine.

S'il y avait des voyelles nasales sous-jacentes,5 on s'attendrait soit à une hésitation, qui n'est jamais observée, soit même qu'une voyelle nasale soit régulièrement supposée présente dès la forme sous-jacente, en vertu d'un principe d'économie dérivationnelle. Or il est exclu de conserver la nasalité en cas de suffixation sur un nom propre à nasale finale. Ainsi de "Chaban" on tire "chabaniste" [Sabanist], mais *[SabA)nist] est impossible.6 S'il y avait des

5

Plus exactement: s'il y avait des voyelles nasales sous-jacentes et que cela eût pour conséquence que la nasale soit conservée lorsque deux morphèmes sont reliés comme le suppose Tranel pour "en-".

6

De même "Jospin" [ZOspE)], "jospiniste" [ZOspinist], ou "Madelin", "madeliniste" [madlinist]

que j'entends pour la première fois ces jours-ci (mai 96). On pourrait s'appuyer sur la discordance de timbre entre voyelles orale et nasale dans ces formes pour prétendre que leur prononciation est due à l'orthographe. En fait l'alternance [in] / [E)] semble bien le cas non

marqué: bien que [E)] puisse dériver de /En/, /in/ et, pour les locuteurs qui n'ont pas

l'opposition [E)] / [{)], de /yn/ et de /Pn/, à défaut d'information conduisant à faire un autre

(7)

voyelles nasales sous-jacentes, pourquoi la forme sous-jacente /Saban/

serait-elle systématiquement préférée à /SabA)/, reliée de manière plus transparente à la

forme de surface [SabA)]?

L'argument de la productivité est invoqué dans Dell 73, à propos d'un adjectif invariable comme "marron", dont la tendance à la régularisation en [marOn] au

féminin ne peut s'expliquer que si la forme sous-jacente est /marOn/ et si

l'irrégularité consiste en l'absence de morphème de féminin. L'autre hypothèse, que Dell envisage pour la rejeter parce qu'elle est contredite par la régularisation en "marrone", est que les adjectifs invariables en v), comme "marron" ou

"châtain", comporteraient une voyelle nasale sous-jacente, et seraient à ce titre traités comme les adjectifs en voyelle orale finale sous-jacente.

(6) a / ZOli + ´ / → [ZOli]

b / marO) + ´ / → [marO)]

Cela suppose que v) n'est pas résolu en v)N devant schwa, comme il l'est devant

d'autres voyelles dans le cas du préfixe "en-" où Tranel suppose v) sous-jacent.

La prédiction, peu probable, est que si un suffixe commençant par une autre voyelle que schwa suivait "marron" la voyelle nasale serait préservée. Une formation sur "marron" parallèle à "rougir", "verdir", "jaunir"... devrait être [marO)nir] qui semble tout à fait exclu. Si le dérivé peut être formé il ne saurait

être que "marronir" [marOnir].

2 . 2 Hiatus et séquences v)N.

On remarque qu'il n'y a pratiquement pas de voyelles nasales en hiatus à l'intérieur des morphèmes. Dell cite comme seule exception le nom propre "Panhard" [pA)ar] (Dell 73, p193). L'autre forme citée, "enhardir" est, comme

Dell le note, un préfixé en "en-" dont le radical commence par "h aspiré", d'où le traitement comme devant une initiale consonantique (comme "en-tourer" [A)ture]

par exemple) quelle que soit l'analyse que l'on donne de l'"h aspiré". S'il n'y a pas de voyelles nasales sous-jacentes ce résultat est attendu, une séquence vN n'étant pas résolue en v) devant voyelle. L'argument doit être relativisé par la

rareté globale des hiatus dans les morphèmes et par le fait que si on pose, sous-jacent à ces hiatus, l'équivalent d'un "h aspiré", cet "h aspiré" permet de

la proximité phonétique). De là, la forme "copine" refaite sur "copain" (phénomène dont l'importance est déjà soulignée dans Rohrer 67). Par contre, on doit sans doute attribuer à l'orthographe et à la déférence envers le "vainqueur de Verdun", maintenue jusque dans le rejet politique le plus radical, le timbre de la voyelle prénasale dans la forme "pétainiste" (de "Pétain"). Martinet 83, p.11, signale toutefois: "On a eu, en face de l'orthographiquement correct pétainiste, le spontané pétiniste." Un couple comme "Orléans" / "orléaniste" [Orleanist] (*"orléansiste") plaide contre l'attribution d'un rôle décisif à l'orthographe dans la

(8)

légitimer des voyelles nasales en hiatus (ainsi dans "Panhard"), qu'elles soient dérivées ou non.

L'absence7 de voyelles nasales devant consonne nasale peut être référée, moyennant une règle d'assimilation des nasales, à la prohibition générale des géminées (Cf. Dell 95), si les voyelles nasales sont dérivées. Sinon il faut poser une règle de dénasalisation vocalique devant consonne nasale et en limiter les effets pour qu'elle ne s'applique qu'à l'intérieur des morphèmes et dans certaines jonctions morphémiques ("immodeste", mais pas "immangeable" ni "emmener", non plus que "vinmes" [vE)m] ou "grand-mère" [grA)mEr]).

En fait la systématicité et la productivité de l'alternance [v)] ~ [vn] dans la

dérivation d'une part, l'absence d'hiatus [v)v] d'autre part plaident pour l'unicité

de la forme sous-jacente aux séquences v) et vn. Elles n'impliquent pas que cette

forme sous-jacente soit semblable à l'un ou l'autre des termes de l'alternance. En face de l'analyse de Dell (de Schane, de Rohrer...), où vn est sous-jacent et v)

toujours dérivé (par une règle de nasalisation), on peut construire une analyse qui repose sur des règles d'épenthèse et de dénasalisation:

(7) a Ø → n / v) ___ v

b v)→ v / ___ N

Dans cette approche, aussi bien l'homogénéité de la dérivation, l'absence de v) en

hiatus et l'absence (quasi-absence) de séquences v)N sont directement

expliquées.

7

Absence ou quasi-absence. On peut relever comme exceptions la réalisation sans doute hypercorrecte ("ngn" étant une variante graphique de "gn") des noms propres "Sangnier" [sA)≠e] ou "Brongniard" [brO)≠ar], qui sont d'ailleurs le plus souvent prononcés [sA≠e]

[brO≠ar]. Une manière de rendre compte de la rareté en tout état de cause de ces formes serait

de poser que, faute d'alternance permettant de déduire un point d'articulation spécifique, une nasale préconsonantique est sous spécifiée en français. Elle ne crée pas de contour devant une nasale spécifiée (si le contour demande des points d'articulation spécifiés et différents) et est exclue à ce titre. Dans les parlers qui réalisent [sa≠e] la sous-spécification des nasales

préconsonantiques est obligatoire. Dans les autres, des formes peuvent y échapper. Ces formes sont marquées précisément parce qu'elles doivent donner à la nasale un point d'articulation arbitraire (non récupérable). Des formes comme "Montmartre" ou "Dammartin" [dA)martE)]

(9)

2 . 3 Structure des rimes.

Il est plus difficile de rendre compte, si les voyelles nasales sont sous-jacentes, de l'absence de cas où une voyelle nasale est indiscutablement suivie d'une coda.

Superficiellement les voyelles nasales peuvent être suivies des mêmes séquences consonantiques que les autres voyelles. De ce point de vue les formes suivantes sont révélatrices:

(8) a) [A)pakEt], [A)paktO)] "empaquette, empaquetons" b) [parkEt], [park´tO)] "parquette, parquetons" c) [bA)kEt], [bA)ktO] "banquette, banquetons"

Toutefois, on ne trouve pas de séquence où une voyelle nasale suivie d'un segment formant coda doive être postulé à un niveau de syllabation où schwa est présent (le niveau L de Dell 95). Ainsi on trouve "infarctus" à côté de "onction", où le groupe [kt] peut être légitimé comme attaque marquée. Les mots où une nasale précède un groupe comme [kt] sont plus nombreux que ceux où une rime formée de voyelle suivie de r précède ce même groupe, et ils ne sont pas comme ces derniers sujets à des régularisations par réduction ou métathèse ("infartus", "infractus"). Mais cela peut être imputé à la disparition de leur caractère marqué au niveau de la syllabation superficielle, la même qui aligne "banqueter" sur "empaqueter" et non sur "parqueter".

Dans une forme comme "Painlevé" [pE)lve] (nom propre), outre l'analysabilité

du nom en question, on peut toujours supposer un schwa entre les deux consonnes qui suivent la nasale / pEnl´ve /, schwa dont la présence serait

induite par la succession même d'une voyelle nasale, d'une liquide et d'une attaque. Pour établir que v) fonctionne comme une voyelle orale à tous les

niveaux de syllabation, il faudrait trouver en fin de mot une séquence v)CC, où

CC est un groupe de consonnes qui ne peut être attaque. Dans cette position, on ne peut en effet postuler une dérivation à partir de vNC´C, puisque schwa doit y

être réalisé comme [E]. Il n'existe pas de tels mots. On peut donc en tirer

argument pour poser que les nasales font abstraitement position en coda et donc qu'elles comportent un segment consonantique. Il faut toutefois relativiser l'argument en notant deux choses. D'une part les séquences [v)l] ou [v)r] sont

globalement rares ("branle" et ses dérivés, "denrée", "genre", "Henri"). D'autre part, s'il n'y a pas de mots en v)CC#, il n'y a pas non plus de mots en v)CEC#

(10)

2 . 4 Variations du timbre vocalique et de la consonne nasale.

Ce qui reste décisif, c'est que, malgré les apparences, une analyse qui pose des voyelles nasales sous-jacentes, est en fin de compte, plus abstraite qu'une analyse qui part de séquences vN (cet argument est déjà celui de Rohrer 67). En effet, le timbre de la voyelle orale correspondant à une voyelle nasale n'est pas constant. Comparez:

(9) - "fin", "fine"; "plein", "pleine"; "brun", "brune"; "(à) jeun", "jeûne" [fE)], [fin]; [plE)], [plEn]; [brE)] ([br{)]), [bryn]; [ZE)] ([Z{)]), [ZPn]

Si l'on pose des voyelles nasales au point de départ, il faut poser des voyelles nasales abstraites (/i)/, /y)/) qui subissent ensuite une neutralisation absolue. Dans

l'analyse qui part de séquence vN, on ne fait appel qu'à des segments attestés ailleurs dans la langue et qui font partie en toute hypothèse de son inventaire phonologique.

Si de plus on prend en compte, non seulement la formation du féminin des adjectifs, qui à une ou deux exceptions évanescentes près ("malin, maligne; bénin, bénigne"), présente une consonne nasale constante ([n]), mais aussi

l'ensemble des formes dérivées, il faut poser des voyelles nasales abstraitement caractérisées permettant de distinguer par exemple:

(10) - "essaim", "essaimer"; "dédain", "dédaigner"; "entrain", "entraîner" [esE)], [esEme]; [dedE)], [dedE≠e]; [A)trE)], [a)trEne]

Si l'on part de /vN/, il est par contre naturel de trouver /vn/, /vm/ et /v≠/ puisque

le français possède ces trois consonnes nasales.8

3 . Cycles.

La dérivation systématique des voyelles nasales peut être fortement défendue comme je viens de le rappeler. Mais, même dans l'hypothèse de la présence de voyelles nasales sous-jacentes, la spécificité du système des préfixes, où le fonctionnement de "en-" s'oppose à celui de "in-", reste et elle doit être expliquée.

Si "in-" se lie à un radical comme un radical à un suffixe, le préfixe "en-" se lie à la racine comme un proclitique à son support.

(11) a) "enivre" / an - ivr - ´ / [A)nivr] *[anivr]

b) "en arrivant" / an # ariv - ant / [A)nari"vA)] *[anari"vA)]

8

Mais /vn/ (ou v suivi d'une nasale sous-spécifiée réalisée [n] en attaque) représente le cas non marqué, reconstruit depuis [v)] en l'absence d'indication contraire. C'est sans doute une

(11)

c) " un ami" / yn # ami / [E)nami] ~ [{)nami] *[ynami]

d) "mon ami" / mOn # ami / [mO)nami] *[mOnami]

Cette similitude suggère de recourir à une analyse cyclique, au sens large, stratale en termes de phonologie lexicale (cf. par exemple Halle & Mohanan 85) pour rendre compte de la dualité du système des préfixes.

Les préfixes à nasalité instable ("in-") appartiendraient comme les suffixes à la phonologie cyclique.

Les préfixes à nasalité stable ("en-") appartiendraient à la phonologie post-cyclique.

Notons que le recours à la cyclicité n'utilise que l'opposition cyclique vs postcyclique, donc la distinction de deux strates de processus. Il n'y a pas de raison en français de supposer des cycles successifs, correspondant à chaque introduction de morphème, dans la strate cyclique (l'idée d'une phonologie en deux strates est avancée pour l'occitan dans Sauzet 81).

Pour les raisons qui ont été exposées, l'argumentation est développée en supposant les voyelles nasales dérivées. Mais elle pourrait se reformuler en prenant les voyelles nasales comme point de départ. Je pose donc que la formation des voyelles nasales intervient si une consonne nasale forme la coda d'une syllabe (à un niveau de représentation où schwa n'est pas effacé):

(12) [R v N ] → v)

On rend compte ainsi des alternances vn / v) dans les radicaux, selon que le

(12)

(13) syllabation nasalisation chute de ´

/ kuzin / → ku.zin → ku.zE)

/ kuzin + ´ / → ku.zi.n´ → ku.zi.n´ → ku.zin

/ kuzin + aZ / → ku.zi.naZ

/ in + avu + abl / → i.na.vwabl

/ in + truv + abl / → in.tru.vab → E).tru.vabl

Dans le cas des proclitiques on peut poser que:

- ces morphèmes font l'objet d'une syllabation autonome, d'où la présence d'une nasale dans leur réalisation,

- ces morphèmes doivent ensuite être intégrés dans un domaine syllabique plus large, de là la présence d'une consonne nasale antihiatique.9

(14) Ø → n / v) __ v

Cela suppose d'admettre que le groupe de clise est un domaine maximal de syllabation. Il peut contenir des domaines où la syllabation s'est déjà appliquée. On distingue ainsi trois cas de figures correspondant aux trois comportements d'une nasale prévocalique en français:

(15) Un seul domaine de syllabation (A): [A in - atE≠ - abl ]

[A i.natE.≠abl ] syllabation

[inatE≠abl] *[E)natE)≠abl], *[E)natE)nabl]

"inatteignable"

(16) Deux domaines de syllabation disjoints (A et B): [AkEst - iOn ] [BEnterEs - aNt - ´ ]

[AkEs.tjOn ] [B En.te.rE.saN.t´ ] syllabation

[AkEs.tjO) ] [BE).te.rE.sa).t´ ] nasalisation

[kestjO)E)teresA)t] *[kestjO)nE)teresA)t] *[kestjOnE)teresA)t]

"question intéressante"

9

(13)

(17) Deux domaines de syllabation dont l'un enchâssé (B dans A): [A' [BmOn ] [A ami ] ]

[BmOn ] [A a.mi ] syllabation

[BmO) ] - nasalisation

[A' mO).na.mi ] resyllabation (pousuite de la syllabation en A)

déterminant l'épenthèse d'n) [mO)nami] *[mOnami] *[mO)ami]

"mon ami"

4 . Paradoxes de parenthésage.

Typiquement, la phonologie cyclique concerne des morphèmes plus liés au radical que ceux qui relèvent de la phonologie postcyclique. Or dans le cas étudié ici, le préfixe postcylcique "en-" peut se trouver plus enchâssé que le morphème cyclique "in-". Ainsi dans des formes comme "inenvisageable", "inendoctrinable". En fait, les adjectifs en "-able" peuvent être formés sur à peu près tous les verbes transitifs, et tout aussi bien sur des verbes préfixés en "en-". Comme le préfixe négatif "in-" peut être associé à tout adjectif en "-able" (ou en "-ible"), ainsi qu'il est noté dans Tranel 76, "in-" peut régulièrement précéder "en-". On peut en particulier appliquer le procédé à ceux qui sont transitifs parmi les verbes préfixés en "en-" dont le radical commence par une voyelle. "Enivrable", "enherbable" me semblent parfaitement formés et par conséquent "inenivrable", "inenherbable". Or ces formes ne peuvent recevoir que les réalisations suivantes (en français standard):

(18) "inenivrable": [inA)nivrabl] (*[E)nA)nivrabl], *[inanivrabl] )

"inenherbable": [inA)nerbabl] (*[E)nA)nerbabl], *[inanerbabl] )

Le fait que le préfixe cyclique "in-" puisse précéder le préfixe postcyclique "en-" constitue un paradoxe de parenthésage typique. Il est particulièrement remarquable parce qu'il implique deux préfixes, et non un préfixe et un suffixe. Il est donc impossible de sauver le paradoxe par une opération sur la structure, comme on a pu le proposer dans le cas de formes ressemblant à l'exemple archétypal de paradoxe de parenthésage "ungrammaticality", pour relier la structure morphologique, (17)a à la structure phonologique (17)b:

(19) a [ un [ grammatical Adj.] Adj.] ity N]

b [ un [ grammatical - ity ] ]

La solution proposée par Williams (Williams 81), comme celle proposée par Pesetsky (Pesetsky 85), prennent pour point de départ la structure déterminée par la phonologie, soit (19)b.

(14)

une forme reliable: "ungrammatical" est "relié" (sémantiquement) à "ungrammaticality" parce que "ungrammatical" est le reste obtenu, une fois la tête "-ity" effacé.

(20) a [ un [ grammatical - ity ] ]

b [ un [ grammatical - Ø ] ] = [ un [ grammatical ]

La solution de Pesetsky est finalement voisine et repose sur le mouvement (QR, "Quantifier Rule" étendu à la morphologie) ainsi défini:

(21) Quantifier Rule (QR) "Adjoin a category C to some node that dominates C. (Pesetsky 85, p 216)

La structure phonologique du mot "inenivrable", qui permet de dériver le traitement des nasales en attribuant la liaison avec conservation de la nasalité à une strate plus tardive, est la suivante:

(22) a) [ [ in - an ] [ [ [ ivr ] ´ ] abl ]

Les deux préfixes sont traités en bloc comme un morphème postcyclique. La racine et ses suffixes forment une cascade de têtes.

Les mots qu'il s'agit de relier sont: "ivre", "enivre", "enivrable", "inenivrable". On constate qu'on n'obtient aucun de ces mots par effacement de tête, (23)a à (23)d (ni par effacement de la non-tête "in-en-", (23)e ):

(23) a) [ [ in - an ] [ [ [ ivr ] ´ ] abl ] ]

b) [ [ in - an ] [ [ [ ivr ] ´ ] Ø ] ]

c) [ [ in - an ] [ [ [ ivr ] Ø ] Ø ] ] d) [ [ in - an ] [ [ [ Ø ] Ø ] Ø ] ] e) [ [ Ø ] [ [ [ ivr ] ´ ] abl ] ]

Le mouvement d'affixe proposé par Pesetsky ne permet, ni de percoler le trait catégoriel "adjectif" porté par "-able" sur un constituant "en-ivre", ni, corrélativement, de faire de "in-" un noeud frère de "enivrable", ce qui me semble être la condition de son fonctionnement comme négation morphémique. Tout ce qu'on obtient c'est (en généralisant à la racine le mouvement d'affixe, ce que la formulation de QR, rappelée en (21), n'exclut pas):

(24) [ [ in - en ] [ [ [ ivr A] ´ V] abl A] A]

[ [ [ [ [ in - en ] [ [ [ tivrA] t´V] tablA] A] ivr A] ´ A] abl A]

Il n'y a pas de constituant "enivre" qui puisse être frère d'une tête "-able" après mouvement.

On peut aussi imaginer, je reviens sur cette hypothèse en (36) ci-dessous, de partir de:

(15)

ce qui suppose de poser que le traitement avec conservation de la nasalité est propre à la phonologie cyclique. Non seulement il faut faire de "en-" le morphème le plus enchâssé, mais il faut lui supposer un comportement que n'ont jamais les morphèmes les plus enchâssés ("[ [ [ fin ] al ] ité ]": [finalite],

*[fE)nalite]). De (25) on dérive:

(26) [ [ in ] [ [ [ [ an ] ivr ] ´ ] abl ]

[ [ in ] [ [ [ [ an ] ivr ] ´ ] Ø ] *"inenivre" (V) [ [ in ] [ [ [ [ an ] ivr ] Ø ] Ø ] *"inenivre" (Adj) [ [ in ] [ [ [ [ an ] Ø ] Ø ] Ø ] *"inen"

[ [ Ø ] [ [ [ [ an ] ivr ] ´ ] abl ] "enivrabl"

On dérive d'autres formes existantes en combinant l'effacement de tête et de non-tête, mais il reste qu'on dérive des formes non-attestées, et donc qu'on en prédit l'interprétabilité.

Dans l'analyse de Pesetsky, la percolation des traits de "-able" se fait correctement et sans mouvement, mais le préfixe "en-" reste tête en toute hypothèse. Or on peut supposer que son interprétation comme préfixe exige qu'il occupe un statut d'adjonction à une catégorie verbale.

5 . La cyclicité comme propriété des morphèmes.

Il semble donc qu'on ne peut opérer sur la structure morphologique qu'exige la phonologie pour récupérer le contenu sémantique de la forme en s'en tenant à une organisation où "cyclique" suppose à un morphème une plus grande proximité à la racine que "postcyclique". Les formes données en (18) viendraient donc à l'appui d'une approche qui considère que l'appartenance des morphèmes à une strate ne dépend pas de leur degré d'enchâssement, mais constitue une propriété indépendante. C'est la thèse défendue dans Halle et Vergnaud 87. Dans cette conception assouplie de la distribution des affixes cycliques et postcycliques, le morphème cyclique "in-" peut sans inconvénient précéder le morphème postcyclique "en-".

Cette approche n'est toutefois pas tenable non plus.

Partons de la structure suivante, où le préfixe postcyclique "en-" est en italique: (27) [ in [ an [ ivr ] abl ]

Peu importe que le domaine cyclique disjoint soit traité en une fois ou par étapes (cycles). Ce qui est crucial c'est que "en-" doit être laissé de côté jusqu'à ce que "in-" soit traité (syllabé). A ce point on peut faire deux hypothèses:

(16)

- 2) soit "in-" se syllabifie en déclenchant la syllabation du préfixe non cyclique plus enchâssé et il doit le faire se relier au radical sur le même mode qu'il s'y relie lui-même (*[inanivrabl] comme [inodibl], "inaudible"10), (29). (28) [ in [ an [ ivr ] abl ] i.vr C1 in [an i. vrabl C2 E) [an i. vrabl E). an . i. vrabl PC E). A) . i. vrabl E). nA) . ni. vrabl

*[E)nAnivrabl]

(29) [ in [ an [ ivr ] abl ]

i.vr C1

i.na. ni. vrabl C2

vide PC

*[inanivrabl]

Reste l'option représentée en (30), de ne syllaber "en-" qu'à moitié: autant que le demande la formation d'une syllabe nucléaire (attaque-noyau) avec un segment du préfixe cyclique qui l'enchâsse, de même qu'un affixe cyclique ("-al") peut accentuer un affixe postcyclique ("-ment"): " govern ] -mént ] -al ]" (cf. Halle & Vergnaud 87). (30) [ in [ an [ ivr ] abl ] i . vr C1 i.na n i . vrabl C2 i.na) . i . vrabl PC i.na) . ni . vrabl [inA)nivrabl]

La consonne nasale finale de "-en-" ne peut être syllabée avec "i" parce que "i" a déjà été syllabé dans la composante cyclique. Mais il doit pouvoir être syllabé postcycliquement avec le /a/ qui le précède (et le nasaliser), bien que cet /a/ ait décisivement aussi été syllabé dans la composante cyclique. La seule raison est que /a/ n'appartient pas à un morphème cyclique. Il faut supposer une sorte de mémoire dérivationnelle qui marque un segment appartenant à un morphème non cyclique comme tel, même s'il a été traité par une extension d'un processus

10

(17)

issu d'un morphème cyclique. Voyelle chauve-souris, "a" doit être considérée à la fois comme syllabée et non syllabée.

Cette difficulté, dans une version de la théorie pourtant affaiblie par la dissociation de l'appartenance à la phonologie cyclique ou postcyclique et de l'ordre linéaire des morphèmes, conduit à chercher un autre modèle qui permette de produire, sans ces distinguos délicats, les formes observées. Ce modèle permettra de dériver l'effet que l'on obtiendrait naturellement dans la phonologie lexicale si "en-" était, dans la forme ci-dessus, la base et les autres morphèmes des affixes postcycliques. Il suffirait de poser un cycle dont "en-" soit le centre, hypothèse que j'ai évoquée ci-dessus en (25) et (26) et à laquelle je reviens en (36).

6 . Une phonologie qui produit la linéarité.

Pour des raisons indépendantes de la question ici traitée, j'ai été amené (Sauzet 93, 94) à proposer un modèle d'organisation de la phonologie et de ses relations à la morphologie qui a en particulier les propriétés suivantes:

- La linéarité n'existe pas dans les morphèmes au niveau lexical. Elle est construite par la syllabation à partir de structures non orientées, où la différentiation nécessaire des segments ne se dit qu'en termes d'"attenance" (adjacence non orientée, notée par "-"). L'attenance peut relier des primitives homogènes (segments ou "éléments" entre eux, j'opère ici avec des segments) ou hétérogènes (segments et traits catégoriels ou sémantiques): je ne note que la catégorie, comme résumé des propriétés non-phoniques dont le détail ne m'intéresse pas ici.

- Le processus de construction de la linéarité est rétrograde a posteriori: il construit d'abord la fin, ou, en d'autres termes, il interprète comme une fin 1) dans un morphème le segment le plus accessible, 2) dans une structure impliquant plusieurs morphèmes le morphème tête. Autrement dit, s'il y un principe de la "tête à droite" (Cf. Williams 81, Selkirk 82), ce n'est pas parce que ce qui est à droite est tête, mais parce que l'interprétation phonologique d'une tête morphologique en fait la fin du composant dont elle est tête.

- L'ordre linéaire des morphèmes est un effet du développement du processus de linéarisation-syllabation dans une structure morphologique qui initialement ignore la linéarité. Cette structure est seulement hiérarchique: ce qui se réalise comme suffixe est une tête, ce qui se réalise comme préfixe une adjonction, une tête sans complément, donc une catégorie dégénérée où X° = Xmax, est une racine.

(18)

Voyons comment le modèle fonctionne en prenant l'exemple d'une forme qui ne pose pas de problème.

Les relations de sélection entre morphèmes permettent de construire la structure en (31). La tête la plus haute y est "-able". J'ai admis ensuite une tête verbale schwa (correspondant au verbe "critiquer" d'où est tiré "critiquable"). On peut alternativement supposer que /kritik/ est directement identifié comme verbal. Ce débat n'a pas d'incidence sur la présente discussion. La structure de constituants notée par {... } est de type X'. Elle est purement hiérarchique. Son ordre linéaire est conventionnel (il faut bien écrire).

(31) { a-b-l-Adj. { ´-V { k-r-i-t-i-k-N } } }

Le processus de linéarisation s'enclenche dans la tête supérieure (adjectivale). Dans ce morphème la syllabation traite successivement l, b puis a. a-b-l-Adj. ne pose qu'une différence d'accessibilité du matériau phonique (Adj. résume le contenu non phonique du morphème qu'il s'agit de réaliser en structurant le contenu phonique accessible, l est le plus accessible des segments, b l'est plus que a). Le caractère quasi-linéaire du morphème (il y a un chemin unique de Adj. au segment /a/) n'est pas nécessaire a priori, s'il est empiriquement justifié, c'est qu'il est le seul interprétable et n'a pas à être stipulé.

J'admets, suivant une analyse de Dell, que le français tolère une attaque finale extrasyllabique ou secondairement intégrée (Dell 95). Je ne développe pas ici le modèle spécifique de syllabation (strictement X' récursif) proposée dans Sauzet 93 pour construire la linéarité. Je représente en gras ce qui est phonologiquement structuré et donc linéarisé. Le crochet droit indique que le constituant phonologique construit porte l'identification catégorielle de la tête supérieure (et toutes les spécificités sémantiques qui l'accompagnent). Les spécifications issues de morphèmes plus enchâssés s'y ajoutent si elles peuvent percoler.

(32) { a . bl ]Adj { ´-V [ k-r-i-t-i-k-N } } }

Une fois le matériau du morphème tête épuisé (mais sans que le processus de syllabation soit suspendu), le dépendant immédiat est rendu accessible, via son segment le plus accessible. Ici il s'agit de schwa. L'effet de la syllabation d'un schwa prévocalique est l'effacement. Ensuite le segment accessible de "critiqu(e)" est accessible et syllabé comme attaque. Le processus se poursuit et traite l'ensemble du radical.

(33) a) { a . bl ]Adj { k-r-i-t-i-k-N } } } b) [ kri . ti . ka . bl ]Adj

(19)

(c'est-à-dire la racine, tête sans complément), peut avoir accès aux adjonctions. Celles-ci, le mouvement de construction se poursuivant vers la gauche, sont alors linéarisées comme des préfixes. Il est naturel de poser que les adjonctions sont accessibles en raison inverse de leur degré d'enchâssement. En (31) je donne le modèle global de la conversion linéaire par la phonologie d'une structure hiérarchique de morphèmes:

(34) { {ADJ1} {TÊTE1 {{ ADJ2 } { TÊTE2 { COMP } } [ ADJ1-ADJ2-COMP-TÊTE2-TÊTE1 ]

On voit que les paradoxes de parenthésage classiques, où la discordance structurale entre phonologie et interprétation sémantique met en jeu des préfixes et des suffixes se résolvent naturellement dans cette approche. A quelque tête qu'elle soit adjointe, une adjonction est linéarisée comme préfixe après traitement des relations tête-complément, qui peuvent comporter des effets de cycles (j'y reviendrai brièvement).

En (35) le préfixe "un-" n'a pas de raison de se relier différemment à "grammatical" et à "grammaticality", même si structuralement il est toujours adjoint (comme le demande le sens) à la projection maximale de la tête "-al". En tout état de cause sa liaison au radical est traitée après celle des suffixes et indépendamment d'elle.

(35) a { { un } { al-A { grammatic-Base } } } al]

grammatic-al] [un-grammatic-al]

b { { ity-N { { un } { al-A { grammatic-Base } } } ity]

al-ity] grammatic-al-ity] [un-grammatic-al-ity]

Il en va de même pour le traitement des yers (que je note ici par ´) dans les

formes russes préfixées [podZok] vs [podoZgla], "il consuma", "elle consuma"

de / pod´ - Z´g - l /, / pod´ -†Z´g - l - a / (Pesetsky 85; Halle et Vergnaud 87).

Quel que soit le traitement que l'on propose pour les yers11, le traitement du préfixe au terme du traitement de la racine et des suffixes (que ce traitement soit cyclique ou non) permet de réaliser, ou non, l'yer final du préfixe, en fonction

11

La règle souvent avancée est que les yers se vocalisent devant un autre yer dans la racine et les suffixes: / d´n-´k-´k-´ / → [denoc#ek] vs /†d´n-´k-´k-a / → [denoc#ka] (Kenstowicz &

(20)

de la présence d'une consonne extrasyllabique initiale dans le radical: [<Z>.gla]

vs [Zok].

Ce qui vient d'être posé ne permet pas sans autre stipulation un fonctionnement cyclique de la phonologie. Le processus commence dans la tête morphologique supérieure et traite (construit) continûment l'ensemble de la forme, du dernier suffixe au premier préfixe.

La cyclicité suppose que certaines séquences de morphèmes doivent subir un certain nombre de processus phonologiques avant d'être intégrées dans un ensemble plus vaste. Traditionnellement, ce fonctionnement a été associé à une vision que l'on peut dire (inélégamment) "rhizocentrique". On part du morphème sémantiquement le plus consistant, la racine, et on y ajoute progressivement les morphèmes accessoires, suffixes et préfixes.

L'approche proposée ici pourrait être dite "céphalocentrique", centrée sur la tête morphologique. J'entends montrer que cette approche permet:

- d'intégrer les effets de la cyclicité quand ils se manifestent,

- de justifier l'existence de phonologies où les relations racine-suffixes ne manifestent pas d'effet de cyclicité,

- de décrire un effet de cyclicité qui ne peut se déduire d'une priorité logique de la racine.

Commençons par cette dernière question. Les formes qui nous intéressent présentent exactement un effet de cyclicité, de traitement itératif, ici d'itération de la syllabation, affectant un domaine qui n'est pas une racine, mais un préfixe. On pourrait en effet traiter aisément "inenivrable" en faisant jouer la cyclicité si on pouvait la centrer sur "en-":

(36) [ in [ an ] ivr- able ] [ an ] C1 [ .an. ] [ . A) . ] [ in [ . A) . ] ivr- abl ] PC [ i.nA) . ni . vrabl ]

(21)

conserve comme préfixe la propriété LIN qui lui permet d'être linéarisé comme "mot" (en fait comme clitique). En (37)a, seule la tête la plus haute est LIN. En (34)b le préfixe est aussi LIN. Il en est de même en (37) c, où un préfixe qui n'a pas la propriété LIN se trouve simplement précéder un préfixe qui la possède. (37) a { { i-n-Pre } { a-b-l-A { ´-V { e-k-u-t-Base } } } } }

LIN

{ { i-n-Pre } { a.bl] { { ´-V } { e-k-u-t-V } } } }

{ { i-n-Pre } { a.bl] { e-k-u-t-V } } } { { i-n-Pre } { e.ku.ta.bl] } }

[ i.ne.ku.ta.bl] [inekutabl] "inécoutable" b { { a-n-Pre } { ´-V{ i-v-r-A } }

LIN LIN { { an]} { ´]{ i-v-r-A } } { { A)] } { i.vr<´>] } }

[ A).ni.vr] [A)nivr] "enivre"

c { { i-n-Pre } { a-b-l-A { { a-n-Pre } { ´-V { i-v-r-A } } } } }

LIN LIN

{ { i-n-Pre } { a.bl] { { an] } { ´-V { i-v-r-A } } } } }

{ { i-n-Pre } { a.bl] { { A)] } { i-v-r-A } } } } { { i-n-Pre } { a.bl] { { A)] } { i-v-r-A } } } } { { i-n-Pre } { { A)] } { i.vra.bl] } } }

{{ i.nA)] } { i.vra.bl] } }

[ i.na).ni.vra.bl] [inA)nivrabl] "inenivrable"

En (37)c, deux processus se développent:

- l'un s'enclenche dans le préfixe "en-" et atteint le préfixe moins enchâssé "in-". "en-" étant final dans le processus qu'il enclenche, forme une rime et détermine la formation d'une voyelle nasale. Par contre la nasale finale de "in-" est syllabée comme attaque.

- l'autre s'enclenche dans la tête "-able". Il traite la voyelle thématique verbalisante ´ qui ne laisse pas de trace phonologique ici, puis le radical.

Ensuite il rejoint l'autre processus. L'hiatus d'une voyelle nasale avec une voyelle orale détermine, dans un domaine de syllabation, l'apparition d'une consonne nasale anti-hiatique en attaque.

(22)

On voit comment les deux types de préfixes qui font l'objet de cette étude peuvent être traités sans difficulté dans ce modèle. On verra ci-dessous pourquoi le fonctionnement des clitiques est le même que celui de "en-". Pour le troisième type de liaison d'une finale nasale, le maintien de l'hiatus v)v que l'on

rencontre à la jonction de mots non-clitiques, il découle simplement de ce que les domaines de syllabation sont disjoints: "Jean arrive" [ZA)ariv] parce que

"Jean" et "arrive" sont taxiques (voir ci-dessous) tous les deux, et définissent deux domaines de syllabation indépendants. Cette disjonction doit aussi être admise dans les composés du type "poisson-épée" [pwasO)epe]. Il n'est pas sans

intérêt de noter que ces composés ont la tête à gauche ce qui suppose un recours lexical à l'ordre syntaxique (cf. Sauzet 96). Je laisse de côté la question complexe des adjectifs prénominaux. Notons seulement que certains (les plus figés semble-t-il) fonctionnent comme des préfixes non LIN: "divin enfant" [divinA)fA)], "bon ami", [bOnami], d'autres comme des préfixes LIN ou des

clitiques: "certain intérêt" [sertE)nE)terE].

J'ai, ci-dessus, admis sans discussion que seul le suffixe le plus haut avait la propriété LIN. Cette décision pose toutefois un problème puisque l'adjectif "ivre", pris isolément, doit pouvoir être linéarisé et donc avoir la propriété LIN. Supposons donc au contraire que seul le radical a cette propriété. Posons aussi que cette propriété percole vers une tête supérieure qui ne la possède pas (la propriété ne s'exprime que dans la tête où elle a percolé). Posons enfin que cette percolation est ce qui détermine la jonction morphémique, le traitement phonologique d'une structure tête-complément.

En (38) et (39), j'indique les percolations successives de la propriété LIN. Le domaine de percolation de LIN détermine un domaine de résolution phonologique. La catégorie où la présence de LIN détermine que s'enclenche la linéarisation est en gras.

(38) { a-b-l-Adj { ´-V [ k-r-i-t-i-k-N } } } LIN { a-b-l-Adj { ´-V [ k-r-i-t-i-k-N } } } LIN { a-b-l-Adj { ´-V [ k-r-i-t-i-k-N } } } LIN

(39) { { i-n-Neg } { a-b-l-A { { a-n-Pre } { ´-V { i-v-r-A } } } } }

LIN LIN

{ { i-n-Neg } { a-b-l-A { { a-n-Pre } { ´-V { i-v-r-A } } } } }

LIN LIN

{ { i-n-Neg } { a-b-l-A { { a-n-Pre } { ´-V { i-v-r-A } } } } }

(23)

Une tête LIN n'est pas interprétée affixalement: (40) { l-´-Det { S-a-t-N } } "le chat"

LIN LIN

Le trait LIN étant déjà présent dans la tête (le déterminant), il ne percole pas du nom vers elle. Comme c'est cette percolation qui détermine la jonction morphologique obtenue par l'interprétation phonologique, l'article n'est pas interprété affixalement en français (à la différence du roumain, du macédonien ou du basque).

On explique ainsi que le contraste entre les deux types de préfixes, "in-" en "en-" ne puisse exister en français entre des suffixes ou des bases (comme cela a été constaté au début de cet article).

Cette explication découle d'une prédiction plus large: les propriétés attribuées à LIN excluent qu'il y ait des cycles dans la morphologie du français (dans la strate "cyclique" en tant qu'elle s'oppose à la strate postcyclique). Autant c'est une conséquence satisfaisante pour le français, autant il faut permettre un autre fonctionnement de la propriété LIN dans les langues qui manifestent un fonctionnement cyclique de leur morphologie.

Pour ce faire je fais appel à une autre propriété, le caractère "taxique" (TAX). Un morphème taxique est visible pour un processus de linéarisation qui interprète directement en ordre une structure syntaxique (sans passer par la phonologie, spécifiquement par la syllabation et la construction de la structure métrique). C'est ce que j'ai appelé la linéarisation externe (par opposition à la linéarisation interne, phonologique, cf. Sauzet 93, 96). Les clitiques n'ont pas la propriété TAX, les mots phonologiquement pleins l'ont. On peut poser que TAX est en fait une propriété des racines qui percole vers la tête supérieure (dérivationnelle ou flexionnelle) s'il y en a une.

Dans une langue comme le français la percolation de TAX parasite celle de LIN. On peut ainsi conserver l'explication avancée de l'absence du constraste du type "en-" / "in-" dans les suffixes et les bases. Un morphème LIN mais non TAX est un clitique.

(24)

(41) { a-a-s-i-O-n-N { d-a-m-n-V } } LIN TAX { a-a-s-i-O-n-N { d-a-m-n-V } } LIN TAX → [dœm"nejSn] (42) { i-n-g-N { d-a-m-n-V } } LIN LIN TAX { i-n-g-N { d-a-m-n-V } } LIN LIN TAX → ["dœmIN]

La conséquence est qu'il ne peut y avoir de têtes clitiques en anglais. Leur présence en français découle de ce que TAX ne peut percoler seul, mais doit parasiter la percolation de LIN. Il peut donc y avoir des morphèmes libres qui n'ont pas la propriété TAX mais seulement LIN (des clitiques). Les têtes atones (prépositions, déterminants) doivent être spécifiées TAX en anglais (pour n'être pas lues affixales). En français elles ne sont que LIN.12

Les morphèmes français appartiennent donc aux types suivants:

- ni LIN ni TAX: têtes affixales (qui reçoivent ces propriétés par percolation), - TAX et, par redondance, LIN: bases,

- LIN: préfixes (adjonctions lexicales) et clitiques qui peuvent être têtes, "en", "le", ou complément (pronoms: pour une analyse phonologique du placement des clitiques compléments en français cf. Sauzet 96).

Les clitiques sont linéarisés de manière autonome puis inclus dans le domaine de linéarisation du mot taxique auquel ils sont structuralement liés. A ce titre ils sont fondamentalement linéarisés à gauche de ce mot taxique, quel que soit leur rapport structural avec lui. En d'autres termes, leur traitement est aligné sur celui des adjonctions.

Ainsi se trouve fondée la similitude de fonctionnement du préfixe "en-" avec les clitiques évoquée plus haut.

12

(25)

L'absence de phonologie suffixale cyclique peut être reliée à l'existence des clitiques. On voudrait pouvoir poser que l'inverse est vrai et qu'une langue à phonologie suffixale cyclique ne peut avoir de clitiques. Il faut néanmoins, pour parvenir à ce résultat, définir des modalités de développement de la linéarisation plus restrictives quand elle ne sert pas de support à la taxicité. Si on peut en effet déduire que les têtes non-affixales doivent être TAX en anglais par exemple, on ne peut dire la même chose d'un morphème en position objet. Il faut expliquer pourquoi on ne peut cliticiser un hypothétique pronom objet qui ne serait que LIN en anglais. Il faut de même rendre compte en français de l'absence probable de clitique objet qui ne serait ni LIN ni TAX.

Je laisse à de futures recherches l'exploration de ces questions et je me contente pour conclure de formuler la conjecture suivante:

(43) Les langues qui ont des clitiques n'ont pas d'effets de cycle dans leur phonologie dérivationnelle et flexionnelle (et vice versa).

Références

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Patrick SAUZET

Département Sciences du langage Université de Paris 8

2, rue de la Liberté

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