J. F. F RANÇAIS
Analise transcendante. Du calcul des dérivations, ramené à ses véritables principes, ou théorie du développement des fonctions, et du retour des suites
Annales de Mathématiques pures et appliquées, tome 6 (1815-1816), p. 61-111
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6I
ANALISE TRANSCENDANTE.
Du calcul des dérivations , ramené à
sesvéritables
principes ,
outhéorie du développement des fonctions ,
et
du
retourdes suites ;
Par M. J. F. FRANÇAIS, professeur à l’école rovale de l’artillerie
etdu génie.
CALCUL DES DÉRIVATIONS.
DEPUIS
l’invention duThéorème
deTaylor
sur ledéveloppement
des fonctions d’un
binôme,
et du Théorème deLagrange,
sur leretour des fonctions et des
séries ,
bien desgéomètres
se sontoccupés
d’étendre et de
généraliser
les découvertes de ces deuxgéomètres
célèbres ;
et , sous lerapport
de la théoriegénérale ,
onpeut
dire que les résultatsauxquels
ils sont parvenus ne laissentplus
rienà
désirer ;
niais les formulesqui
lescontiennent, quelques précieuses qu’elles
soient comme solutionsgénérales ,
ne fontqu’indiquer
unesuite
d’opérations ultérieures ,
souvent sicompliquées qu’elles
dé-couragent
le calculateur leplus intrépide.
Il restait donc à trouverune méthode
simple ,
facile etuniforme
pour exécutercomplète-
meJ1t et immédiatement tous ces
développemeos ,
tant directs que de retour. Lesgéomètres
allemands sont lespremiers qui
ont réussidans cette recherche : leurs travaux ont donné naissance à un nou-
Tom. VI, n.° III,
I.erseptembre I8I5.
9CALCUL
veau
calcul, appelé Analise
combinatoirepar
son inventeurHin-
denburg.
Ce calcul résout à la vérité laquestion,
mais d’une ma-nière
trop disparate
avec lesprocedés
ordinaires de l’analise : iloblige
à former d’abord
séparément
les groupes delettres ,
et ensuite leurscoefficiens
numériques ,
pourlcsquels
on a besoin de tables de combinaisons calculées d’avance. Il etait réservé àArbogast
de donnerla solution
generale, complète
etanalitique
de cettequestion
dif-ficile,
dans son Calcul des dérivations. Malheureusement cet ouvrageest entache de
plusieurs
defautstrès-graves , qui
ontdégoûté
lesgéomètres
de salecture ,
et ontempëché qu’il
ne fût étudié et connuautant
qu’il
le mérite. Ces défauts sont i.° de n’avoir pas assezjustifié
rintroduction de ses nouvellesnotations ;
2.° de n’avoir pasdéfini
assez nettement ses dérivées et sesdérivations ;
3.° de déduiresa théorie d’un
principe qui
n’est ni assez clair ni assezévident (
n.°6 ) ; 4.°
derexposer
d’unemanière trop longue
ettrop
em-barrassée ;
5.° enfin d’avoirnoyé
des résultats vraimentremarquables
dans une foule de choses
qui
sont , pour ainsidire ,
horsd’oeuvre,
et sans liaison avec
l’objet principal
de son ouvrage ; de sorte quece
qui pouvait
êtreprésenté
dansquelques
feuillesd’impression
est. devenu un gros
in-4.°.
Je me propose, dans ce
petit écrit,
deremédier,
le mieux queje pourrai ,
à ces défauts del’ouvrage d’Arbogast ,
en déduisant lavéritable
théorie du calcul des dérivations du seul théorème deTaylor,
sansl’emploi
d’aucunprincipe
nouveau ; de sorte que ceçalcul
ne sera , àproprement parler , qu’une
extension de cethéorème.
Afin de rendre
l’exposition
de cette théorieplus rapide,
et deprésenter
de suite auxgéomètres
toute lapartie
usuelle de cecalcul , je
me contenteraiquelquefois
degénéraliser
les résultats par des conclusionsd’induction ;
sauf à démontrer ces conclusions dans un article àpart.
Pour la mêmeraison , je reléguerai
dans des remarquestoutes les
observations ,
soit sur lesnotations ,
soit sur le fond mêmede la
théorie.
DES DÉRIVATIONS.
63ARTICLE PREMIER.
Développement des fonctions selon les puissances
ascen-dantes de la variable.
i. On
sait ,
par lethéorème
deTaylor,
que toute fonction d’un binôme03B1+x (
x étant une variablequi
resteindéterminée), peut
être
développée
en une série de cette formeIes coefficiens a, al, a2 , a3 , .... étant détermines
par les
valeursqne
prennent
la fonctionf 03B1+x)
et ses coefficiens différentiels d.f(03B1+x)’ d2.f(03B1+x) d3f(03B1+x)dx I.2dx2 I.2.3dx3, ..., lorsqu’après
la différentiationon y fait x=o.
Nous
représenterons
cesvaleurs particulières
des coefficiens diffé- rentiels parDC03B1 , I I.2 D2f03B1 , I I.2.3,
D3f03B1...; et nousappellerons ,
avecArbogast,
lesquantités Df03B1 , D2f03B1 , D3f03B1 ,...., dérivées, première ,
se-conde, troisième ,...
de f-t.Ainsi
la dérivéeDnf03B1,
d’un ordrequel-
conque n, n’est autre chose que ce que devient le coefficient differentiel
dn.f(03B1+x)
,
lorsqu’on
y fait x=o.Nous aurons donc
64 CALCUL
Les
valeurs ( 2 )
étant substituées dansl’équation (I) donnent
Mais ici il faut observer que ce
développement peut
devenir im-possible ;
cequi
arrive toutes les fois que f03B1 et ses dérivées deviennent infinies : ce cas a lieu pour la fonctionLog.x,
parexemple.
2.
Remarque.
La loi desDérivations ,
ou de la formation des dérivéessuccessives,
est évidemment la même que celle des diffé-rentiations,
à la seuleexception près
que noussupprimons
lesdénominateurs inutiles Dec,
D03B12 , Dz3 , ...;
cequi
revient à sup- poser D03B1= 1. Eneffet ,
cilsait
et il est d’ailleurs évident que le coefficient différentiel d’un ordrequelconque
de la fonction d’un binôme-+x
est lemême ,
soitqu’on
la différencie enregardant
x comme variable et « comme constant , soit
qu’on
la différencieen
regardant m
commevariable
, et x comme constant ; on a doncdn.f(03B1+x) dxn=dn.f(03B1+x) d03B1n
; cr, en faisantx=o, dans dn.f(03B1+x) d03B1n, on obtient
dn.f03B1 d03B1n
=Dnf03B1. Il est donc démontréque
la loi des dérivations est la même que celle desdifférentiations ;
et ils’ensuit
ausssi que les dérivées d’un ordrequelconque
ne sont autre chose que lescoef- ficiens différentiels
du mêmeordre , pris
relativement à laquantité
constante 03B1, que l’on
feint
être variable.Il se
présente
ici naturellement uneobjection
que l’on afaite
dès
l’origine ,
contre la notation du calcul des dérivations : c’est que lesopérations
dérivatives étant les mêmesque
celles du calcul diffé-rentiel ,
il fallait lesindiquer
par les mêmes notations. Jeréponds
d’abord
qu’absolument parlant
la chose eùt étépossible ;
mais que,pour
l’ordre et laprécision ,
etd’après
lesrègles
d’une saine lo-gique , des opérations qui ,
bienqu’identiclues
pour laforme ,
dif-DES
DÉRIVATIONS.
65fèrent entièrement pour le
fond,
doivent êtrereprésentées
par dessignes
différens. Je dis que cesopérations
diffèrent entièrement pour lefond ;
car lessignes
différentiels serapportent
aux variables eta leurs variabilité de
grandeur , tandis
que lessignes
dérivatifs ne serapportent qu’aux
seules constantes , et que les dérivées succes- sivesn’indiquent qu’une dépendance
d’ordrc et de succession dans les termes d’undéveloppement.
SiLagrange
a été autorisé à introduireune notation
nouvelle, dans
le calcul desvariations ,
pourindiquer
une
opération
entièrementidentique
avec ladifférentiation ,
etqui
serapporte
aux variablesmême
seulement parcequelle
nese
rapporte
pas à leur variabilité degrandeur,
mais à leur varia-bilité de
forme ; à plus
forte raison sera-t-ilpermis ,
ouplutôt nécessaire ,
dereprésenter
par une notationparticulière
uneopéra-
tion
qui
ne serapporte
pas même auxvariables ,
ni a aucuneespèce
devariabilité.
Une autre
raison , qui suffirait à
elle seule pourjustifier
l’intre-duction d’une notation
particulière
pour lesdérivations,
c’estqu’elles
peuvent
se trouver, et se trouvent réellement souvent combinées avec les,différentielles,
dans une mêmeformule;
il faut doncqu’on
nepuisse
pas les confondre : cequi
arriveraitinfailliblement,
si elles étaientrepré-
sentées
par-une
même notation.Quant à
lasuppression
des dénominateurs Da ,D03B12 , D03B13 ,...,
leur inutilité seule suffit pour la
justifier.
Si des personnes habituéesaux considérations d’infiniment
petits
tiennent à conserver ces dé-nominateurs y
dans le calculdifférentiel ,
où leur considérationabrège quelquefois
les raisonnernens dans desquestions
degéométrie
etde
mécanique ,
mais où ellepeut
aussiégarer ;
iln’y
apas
lamoindre
raison de les conserver dans Fanasse pure,
ni,
àplus
forteraison,
dansles dérivations où toute idée d’infiniment
petit
seraitplus
quedéplacée.
3.
Réciproquement ,
toutpolynôme
de la formea+a1x=a2x2
+a3-x3+... (terminé
ounon) peut
êtrereprésenté
par a+D03B1 . x+I I.03B1D203B1.x2+I I.2.3.D303B1.x3+...., où,
entre lescoefficiens
03B1 , 03B11 ,CA.LCUL
as
a3 ,...
et les dérivées successivesde a ;
on ales rela-
tions
(3).
En
effet,
ensupposant,
cequi
esttoujours permis,
on a,
d’après
la définition desdérivées ( n.° 1) ,
d’où l’on tire les
relations (3).
Si le
polynôme
estterminé ,
et n’aqu’un
nombre n de termes,an-I sera le dernier des
coefficiens ;
et tous les suivans an, an+I, an+2 ,..., ainsi que leurs valeurscorrespondantes,
en dérivées de a ,seront
égaux
à zéro.4. Remarque.
Il est bon d’observer quel’équation (5) peut
être satisfaite d’une infinité demanières
et que 6c est entièrement indé- terminé. Ensupposant
03B1= 0 , on ace
qui
donne encore les relations(3).
5.
Proposons-nous
maintenant dedévelopper
la fonction d’unpoly-
nôme
quelconque ,
ordonné selon lespuissances
ascendantes de lavariable y
en une sériequi procède
selon les mêmespuissances ;
c’est-à-dire 1.
de déterminer les coefficiens du second membre del’équation
suivante :
D’après
le n.O3 ,
lepolynôme
sous lesigne
de la fonctionpeut
êtrereprésenté
parf(03B1+x) ;
lepremier
membre de cetteéquation.
peut
donc être mis sous la forme~f(03B1+x).
Il suffit donc desubstituer,
dans
l’équation (4), ~f
au lieu def;
cequi
donneDES DÉRIVATIONS. 67
en observant
cependant
que , dans ce cas, chacun dessignes de
_dérivation
indique
desopérations
ultérieures àexécuter,
que nousexpliquerons
dans la remarque suivante : c’estpourquoi
nous avonsmis un
point après chaque signe
dedérivation ,
pour marquer cettedilference.
En
comparant
terme à termel’équation (7)
avec celle(6),
onen tire les valeurs suivantes :
et par
conséquent
6.
Remarque. Nous
avonsdémontré ,
dans la remarque du n.o 2 ,qu’on
a , engénéral ,
Dnf03B1 =dnf03B1 d03B1n ;
on a donc aussiOr, d’après
lesrègles
ordinaires de la différentiation desfonctions de fonctions,
ou des fonctions de variablesqui
sontelles-mêmes
fonctions de la variable
principale ,
on aou , en mettant a au lieu de
fie,
68
Passant donc aux notations
dérivatives,
ensupprimant les dénomi-
nateurs , nous aurons
et
Le
développement
de ces deuxpremières
dérivéessuffit
pourexpliquer
ladifférence qui
existe entre les dérivées sanspoint
etcelles
qui
sont suivies d’unpoint :
entre D~03B1, D2~03B1 , ... et D ~a , D2.~a,..Les
premières
sont les dérivées de ~a , ensupposant
Da= I , D2a=o ,D3a=o
..., et les autres sont les dérivées de ~a , ensupposant
queil est fonction
de 03B1 ,
que ses dérivées successives sont Da, D2a ,D3a ,
...et
qu’elles
ne sont pas touteségales
à zéro. En un mot ,les
dérivéessans
point ,
Dtpa , D2~03B1 , ... sont les coefficiensdu- développement
de~(a+x)
et les dérivées suivies d’unpoint D ~03B1, D2.~a , ....
sont lescoefficiens du
développement
de~(a+Da.x+I 2 D2a.x2+I 6 D3a.x3+...)
7. En
exécutant, d’après
la remarqueprécédente ,
lesopérations Indiquées
par les dérivées suivies d’unpoint
, on obtient pour les sixpremières,
en suivant lesrègles
ordinaires de ladifférentiation ,
lorsqu’aucune
différentielle n’est constante :.D6.~a
DES
DERIVATIONS. 69
et ainsi de suite.
En
substituant
ces valeurs dans leséquations (8) ,
etremplaçant
les dérivées de a par leurs valeurs
(3) ,
onobtient
et ainsi de suite.
Nous voici donc parvenus au
développement complet
dessept premiers
termes dé la série(6), qui
estl’objet
fondamental du calcul desdérivations ,
sans supposer autre chose que lethéorème
de-Taylor,
et lesrègles
ordinaires de ladifferentiation.
En examinant deprès
lacomposition
successive de cestermes,
on en conclut aisément larègle pratique suivante ,
pour déduireimmédiatement
un terme
quelconque
de celuiqui
leprécède.
RÈGLE
FONDAMENTALE.8. Pour déduire le
dépeloppement de An+I de
celui deAn, les
lettres étant
disposées d’après
leur ordre desuccession ;
i.° On ne
fera varier ,
danschaque
terme , quela dernière
Tom. VI.
I070
CALCUL
lettre ou sa
puissance ,
en suivantles règles ordinaires de la diffé-
rentiation , et en
mettantsimplement
aI pour Da, a2 pour Da, a pour Da 2 , ...., sans autrecoefficient que l’unité ;
2.° Un
fera
varier deplus (d’après
les mémesrègles
de ladiffé-
rentiation)
l’avant-dernièrelettre ,
sapuissance
ou safonction ,
si elle se trauve être la lettre
qui ,
dans l’ordrenumérique
desindices , précède
immédiatement ladernière
du terme ; et comme lapuissance
clc la dernière lettreaugmente alors
d’uneunité,
ondivisera par son
exposant
ainsiaugementé.
Pour faire une
application
de cetterègle ,
et pour mieux en fairecomprendre l’usage,
nous allons déduire ledéveloppement dç
A6 de
celui deA, [ formules (10) ].
Le
premier
termeD~a.a, donne, d’aprcs
lapremière partie
dela
règle qui
seule y estapplicable,
D~a06’ Le
secondterme I 2D2~a(2aIa4
+2a2a3)
donneI 2D2~a(2aIa4+a2a4+a32),
dont les deuxpremiers
termes sont dùs à la
première partie
de larègle ,
et le dernier à 1a secondépartie.
Le troisième termeI 6D3~a(3aI2a3+3aIa22)
donneI 6D3~a(3aI2a4+2.3aIa2a3+a23),
dont les deuxpremiers
termesd’après
la
première partie
de larègle
et le dernierd’après
la seconde. Lequatrième
termeI 24D4~a.4aI3a2
donneI 14D4~a(4aI3a4+4-3 2a12a22),
dont
lepremier
termed’après
lapremière partie
de larègle
et lesuivant d’après
la seconde.Enfin,
le termeI I20 D5~a.a5I
donneI I20-D5~a.5aI4a2, d’après
lapremière partie
de larègle
etI 720D6~a.aI6, d’après
laseconde. En rassemblant tous ces différens termes , on obtient exac-
iement le
développement
deA 6,
tel que nousl’avons donné
[
formules(10) ].
On
voit , d’après
cetexemple,
que larègle
est d’une exécution-très-facile ,
etqu’elle
fournit immédiatement les termes successifs dudéveloppement ,
tout ordonnés etréduits
a leurplus simple
ex-pression ,
sansqu’on ait ,
pour ainsidire ,
d’autrepeine
que celledé
les écrire. Il est vrai que ,jusque présent,
cetterègle
n’estqu’une
conclusion
d’induction ;
mais nous nousproposons
de la démontrerdans
un desarticles suivans. Nous réservons pour le
mêmearticle
DES DÉRIVATIONS.
7Ila
règle pour
former immédiatement un termequelconque
du déve..loppement, indépendamment
de ceuxqui
leprécèdent.
9.
Remarque
1. On a pu remarquer, en examinant lacomposition
des formules
(I0) ,
que lesigne
defonction,
ainsi que lessignes
de
dérivation, n’affectent que
lapremière
lettre dupolynôme
dontil
s’agit
dedévelopper
la fonction.Arbogast appelle
cettepremière
lettre
origine
de dérivations oupremier
terme depolynôme , et
toutes les suivantes
quantités polynômiales.
Il résulte de cette obser- vation que lacomposition
des termes successifs dudéveloppement
en
quantités polynômiales,
reste lamême , quelle
que soit la fonc- tion àdévelopper ;
et que toute ladifférence ,
dans ledévelop-
pement
des diverses sortes defonctions ,
consiste dans les valeurs des dérivéesD~a , D2~a, D3~a,...., qui
n’affectent que lapremière
lettre du
polynôme.
Ainsi on a ,pour (a+aIx+aIx2+....)m
et ainsi de
suite,
pour d’autres formes defonctions.
Si le
polynôme
sous lesigne
de fonction étaitterminé ,
et com-posé
de n termes, on aurait aII=o, an+I =0 ,an+2=o,...; il
suffirait donc alors de
rejeter ,
dans les formules(I0) ,
tous lestermes où il
entrerait ,
commefacteur ,
une desquantités po]ynô-
miales dont l’indice serait
supérieur
à n-i ; et , dansl’application’
de la
règle
du n.°précédent,
ons’arrétcrait ,
dans cha que coefficientau terme affecte de an-1 .
I0. Remarque
II.L’inspection
des termes successifs(ïo)
dudéveloppement
del’équation (6)
faitaisément découvrir la
loi re-72
marquable qui y règne.
Elle consiste en ce queA.
estcomposé de
n termes ,
formes
des dérivées successivesdont les coefficiens se
composent
de la manière suivante : I.° le coefficient deI.2.3....r
estcompose
de tous lesproduits
de r lettresqu’on peut
former avec lesquantités polynômiales
aI , a2 , a3 ,....an, de manière que la somine des indices dechaque produit
soit n :chaque
lettre étantsupposée
écrite autant de foisqu’il
y a. d’unités dans sonexposant;
2.° les coefficiensnumériques
dechaque
pro- duitindiquent
le nombre depermutations dont
les lettres de ce.produit
sontsusceptibles. Ainsi,
le coefficient deD3~a I.2.3
dansA6 est compose
des troisproduits 3a1a1a4+2.3a1a2a3+a1a2a3, qui
sont]es seuls
qu’on peut
former. avec troislettres,
de manière que lasomme des indices dans chacun soit
égale
à 6 : leurscoefficiens numériques indiquent.,
comme onvoit,
le nombre despermutations
dont les lettres
qui
lescomposent
sontsusceptibles.
Cette remarque, traduite en deux
régles pratiques,
l’une relative à la formation des groupes delettres,
et l’autre relative à celle des coefficiensnumériques , d’après
la théorie descombinaisons ,
constitue l’Analise combinatoire des
géomètres
allemands.II.
Si,
au lieu de la fonction d’unpolynôme ~(a+aIx+a2x2+...)
on avait à
développer
la. fonction~f(03B1+x) d’une
fonction de binôme ilsuffirait, d’après
le n.°5,
desubstituer,
daus leséquations (I0),
ou dans les résultats obtenus par la
règle
du n.°8,
pour les quan- titéspolynômiales a,
aI , a2 , a3 , ..., leurs valeurs(.2).
Enfin,
si l’on avait àdévelopper
la fonction d’une fonction depolynôme 03C8~(a+aIx+a2x2+a3x3+....) ,
onaurait, d’après
lemème, n.°
5,
DES
DÉRIVATIONS. 73
et il suffirait de
substituer,
dans leséquations (10),
ou dansles
résultats obtenus par la
règle
du n.o8 ,
pour lesquantités poly-
nômiales a, aI , a2 ,
a3 , ....
les dérivéescorrespondantes
tpa, D.~a,3 2D2.~a , I 6D3.~a , .... , qui doivent
être elles-mêmesdéveloppées
selon lesrègles
du n.° 8.Il serait même
aisé,
dans ce cas,d’obtenir immédiatement
ledéveloppement
de la fonctionproposée ;
car , en mettant dansl’équa-
tion
(7) 03C8~
à laplace de ~ ,
on obtiendraitet au moyen dune
légère
extension donnée à larègle
du n. 8,on trouverait
et ainsi de suite.
Le
développement précédent équivaut à celui d’une
fonctiontriple
d’un binôme
03C8~f(03B1+x).
Eneffet, pour
avoir ledéveloppement de
cette fonction
triple ,
il suffitde substituer) dans les
formulespré- cédentes
peur a aI , a2 , a 3 ,...., les valeurs(2) ,
enfonction
d-e 03B1.
Nous ne pousserons pas
plus
loin cesobservations
sur ledéve- loppement
des fonctionsmultiples
ce que nous venonsde
dire suffit pour faireapercevoir
lapossibilité
de cetteextension ,
aumoyen
du calcul des dérivations.
12.
Jusqu’à présent
nous n’avons considère que les fonctions(l’un
seulpolynôme ,
et nous avonscomplètement
résolu leproblème
deleur
développement successif:
il nousresterait maintenant
à résoudrela même
question
.pour les fonctions deplusieurs polynômes ,
ainsique pour celles des
polynômes
à double ou àtriple entrée ;
maisles limites que nous avons dû
prescrire à
cetécrit,
ne nous per-Tome VI.
II74 CALCUL
mettent pas
d’entrer
dans ces détails :’ nous nous contenterons d’a-jouter
encore ledéveloppement
desproduits
de deuxpolynômes
et de deux fonctions de
polynômes ,
parce que nous en auronsbesoin
pour la théorie du retour des suites.Proposons-nous
d’abord dedévelopper
leproduit
en une série de la forme
En effectuant ta
multiplication,
par leprocédé ordinaire,
onobtient
où la loi est évidente.
D’après
len.° 3,
leproblème’ peut
se mettre sous la formeEn substituant
donc ,
dans leséquations (I2) ,
pour aI , a2 , a, .... ;hl, b2 , b3 ;
.... leurs valeurs en dérivéesde a
et deb, d’après
len:’
3,
on obtientDES
DÉRIVATIONS. 75
où a et b
d’après
les n.os 3et 4)
sontsupposés
être respec- tivement fonctions de deuxquantités
arbitraires 03B1 et 03B2 , dont les dérivées sont D03B1=I, D203B1= 0 , ....1 D03B2=I, D203B2 = O , ....De la
comparaison
des formules(I2)
et(I4)
résulte larègle pratique
suivante :
RÈGLE.
Pour déduire An+1
deAn [formules (I2)] ,
I.° nefaites
varierdans
chaque
terme, que b et sesdérivées ,
enécrivant bI
pourDb, b2
pourDbI , b,
pourDb2 , .... ;
2.° dans le dernier termeseulement , qui
contient laplus
haute dérivée de a,faites
variercette
dérivée ,
en écrivant an+I pour Dan.13. Soit maintenant à
développer
leproduit
de deux fonctionsde
polynômes
Diaprés
le n.°5,
cetteéquation peut
être mise sous la formequi,
étantcomparée
àcelle (I3),
fait voirqu’il
suffit deremplacer,
dans
celle-ci, a
par~a, b
parPb ,
et lessignes
dedérivation
sans
points
par dessignes
de dérivation avecpoints ;
on auradonc, d’après
le même n.°5,
leséquations analogues à
celles(14) ;
c’est-à-dire,
76
où
chaque
dérivée de ~a et de 03C8b doit êtredéveloppée
comme leséquations (I0); c’est-à-dire, d’après
larègle
du n.8 8. Les formulesprécédentes
contiennentdonc,
aufond ,
tout cequ’il
faut pour la solutioncomplète
de laquestion ; mais ,
pour ne rien laisser àdésirer,
nous allons en déduire les moyens d’exécuter immédiatemeut ledéveloppement complet
de ces formules.14.
En exécutant lesdérivations indiquées ,
au moyen de larègle 8,
effectuant les
multiplications ,
et ordonnant le tout parrapport
auxexposans
desdérivées ,
on obtientDES
DERIVATIONS.
77et
ainsi de suite.En examinant la
composition
successive de cescoefficiens,
on enconclut la
règle pratique suivante,
pour déduire immédiatement un coeffieientquelconque
de celuiqui
leprcecde.
RÈCLE.
I5. Pour déduire le
développement de An+I
de cului deAn ; les
dérisées
desfonctios
étantdisposèes
encolonnes, d’après
lesdimensions
de leursexposans, et
leslettres d’après leur ordre de
succession ;
I.° On ne
fera varier ,
danschaque
terme dechaque colonne ,
que
les coefficiens composés des quantités polynômiales aI,
a2 , a 3 ,...,
bi,, b2 , b3 ,
....,d’après la règle du n.° 8 ;
enobservant , pour
ccus qui contiennent à la fois des a et des b, de
nefaire varier d’abord
ne les
b , et ensuite
les-a
rnais dans ledernier
terme seulementde, chaque coefficient.
2.°
On -fera varier de plus , mais dans
ladernière colonne
seu-lement,
lafonction 03C8b , dans
tous les ter mes et comme lapuissance
deb, augmente
alorsdfune unité ,
on divisera par sorexposant
ainsiaugmenté ;
3.°
Enfin,
onfera
encorevarier
mais dans lè dernier termede
ladernière
colonneje4lement la fonction
~a ; et , coffime lapuissance ,de
aIaugmente alors d’une
unité , ondivisera
par sonexpasant
ainsiaugmenté.
Donnons des
exemples de
chacune des troisparties
decette règle.
- Le
coefficient de I 2D2~a.D03C8b,
dansA4 ,
estaI2b2+2a1a2bI.
Tom.
Vi. I2CALCUL
Pour en déduire celui du même terme dans
A3 , je fais d’abord
varier
les b ,
cequi
donneaI2b3+2aIa2b2 ;
faisantensuite
varierles a dans le dernier terme
2aIa2b1 ,
on a ,d’après
lapremière partie
de la
règle
du n.1)8, 2aIa3b,
etd’après
la secondepartie
de cetterègle a t2bt.
Rassemblant tous ces termes , ’on a le coefficient deI 2D2~a.03C8b dans A,
2.° En
appliquant
la secondepartie
de larègle
ci-dessus auxcinq
termes de la dernièrecolonne
deA4 ,
onobtient
lescinq premiers
termes de ’la dernière colonnede A5 ;
3.0
Enfin ,
enappliquant
la troisièmepartie
de larègle
ci-dessusau dernier terme
1 24 D4~a.03C8b.aI4
de la dernière colonne deA4 ,
onobtient le dernier terme
I I20D5~a.03C8b.aI5
de la dernière colonne deA3 ,
Cette
règle
est encore d’une exécutiontrès-facile ,
et siexpédi-
tive qu’on peut
écrire desuite ,
et sanss’arrêter,
les termes suc-cessifs du
développement.
Ellen’est , jusqu’à présent ,
de mêmeque
celle du n.°8 , qu’une
conclusiond’induction ;
mais nous la- démon-trerons
complètement dans
lasuite ,
et nous donnerons aussi unerègle très-simple ,
pour écrire immédiatement un termequelconque
du
développement, indépendamment
de ceuxqui
leprécèdent,
16.
Remarque
I. Enexaminant
lacomposition
des termes suc-cessifs
(18)
dudéveloppement
del’équation (I5) ,
on découvre la loiremarquable
suivantequi y règne.
Le termegénéral An
estcomposé
de ncolonnes,
ordonnées selon les dimensions desexpo-
sans des dérivées de Pa et
03C8b ,
demanière que
la m.me colonne -contient les m+I termesChacun
de ces termes a pour coefficient une fonction desquantités polynômiales
a., a3 ,a3
,....,bI , b2 , b3
, .... dont voici lafor-
mation : en
supposant r+s=m,
lecoefficient
du termeDr~a I.2...r . Ds03C8b I.2...5
estcomposé
detous les produits de m lettres, dont
unnombre r des
DES DERIVATIONS.
79
quantités polynômiales
en a et un nombre b desquantités polynô-
miales
en b,
de manière que la somme de tous les indices dechaque produit
soitégale
à n.Quant
aux coefficiensnumériques
de
chaque produit,
on les obtient enmultipliant
l’un par l’autre le nombrequi indique
celui despermutations qu’on peut faire 9
entre les
quantités polynômiales
en a, et le nombrequi indique
celui des
permutions qu’on peut
faire entre lesquantités polynô-
miales en
,b.
Ainsi,
lecoefficient de I 2D2~a.1 6D303C8b,
dansA,
estqui
contient eneffet
tous lesproduits possibles
de deuxquantités polynômiales
en a et de troisen b, de manière que
lasomme
desindices soit
égale à 7 ; et qui
a descoefficiens numériques qui
suivent la loi que nous venons
d’indiquer.
On
pourrait donc,
au moyende
cetteloi, qui
est d’ailleurs la même pour une fonctionquelconque de
deuxpolynômes indépen-
dans,
former immédiatement unterme quelconque
dudéveloppe-
ment, par la théorie des
combinaisons ;
cequi donnerait
une ex-pension
considérable à l’analisecombinatoire
deIlindenburg ;
maiste
moyen que nous donneronspar
lasuite ser a à
lafois plus simple
plus
direct etplus analitique.
On
remarquera
sans douteque la simplicité
de l’énoncéde
cetteloi ,
ainsique
de celle du n.° io n’estdue qu’au choix
quenous avons fait
d’indices numériques , pour représenter
tes quan- titéspolynômiales : elle n’aurait
pu s’énoncerque très-difficilement.
avec
les lettresdans l’ordre alphabétique , employées par Arbogast
et
Hindenburg. Ces lettres à indices ont
encorel’avantage d’indiquer ,
de la manière la plus caractéristique , leurs relations avec
lesdérivées
du premier
termedu polynôme , puisqu’on
agénéralement
an=Dna I.2...n:
CALCUL
tant il est vrai que souvent le
plus léger changement
dans les no- tationspeut
avoir l’influence laplus
heureuse sur les méthodes.I7. Remarque
11. La theoïie que nous venonsd’exposer,
con-tient tout ce
qui
est neressa ce pour ledéveloppement complet
desfonctions d’un
polynôme ,
et même , à larigueur ,
pour celui d’unefonction quelconque
de deux.polynômes indépendans ;
car il suffi-rait,
pour ledéveloppement
de~(a+aIx+a2x2+..., b+bIx+b2x2+...),
de
remplacer
, dans les formules(18) ,
lesproduits
tels queDr~a I.2...r
D303C8b I.2...spar
les dérivéespartielles
dumême
ordre de~ a, b).
Mais ,
nous allons encoreenvisager
cette théorie sous un antrepoint
de vue ,qui
nous faciliterasingulierement l’exposition
de celledu retour des fonctions et des
séries,
’àlaquelle
nous nous propo-sons de consacrer l’article Il.
,18. On a , par le n.° I ,
Si l’on suppose
cariés coefficiens aI, a2 ,
a3 ,.... représentent
desquanthes quel- conques et independantes et qu’on
substitue cette valeur ’de 03B3 dansl’équation (I9) ,
sonpremier
membre se transformera en celui del’équation (7) ; ou
aura doncCès
detix
ne different l’un de l’autrequ’en
ceque;
dans les derivees
dapremier,
on suppose Da=I , D2a=o,D3a=o,....
:dans,- cette
"du second y
Da=aI ,D2a=2a2 , D3a=6a3 ,... La
maniere de déduire !es dérivées suivies d’un
point,
de celles sanspoint a
étéexposée
aux n.os 7 et 8.L’équation (21) fonrit donc le moyen de
résoudre cette ques- tionDES DÉRIVATIONS.
8Ition : y étant une fonction
donnée
de x, ou unpoly nôme
en x ;développer ,
selon lespuissances
de x, une fonctionquelconque
~(a+03B3) ?
Eneffet , d’après
le n.°3 , l’équation (20) peut
être mise sous la formeet l’on a
c’est-à-dire,
que al doit être considéré comme unpremier
termede
polynôme.
En substituant ces valeurs dans
l’équation
(21) , on obtientoù ,
dans ledéveloppement
du derniermembre , qu’on
exécuted’après
larègle
du n.°8,
il fautsubstituer,
pour 01 , a, , a3 , ....leurs valeurs
(23).
I9.
Si,
dans laquestion
du n.oprécédent,
la valeur de y était donnée parl’équation
suivante :qui , d’après
le n.°5 ,
devientîl faudrait
faire ,
dans Iedéveloppement
d’u dernier membre del’équation (24),
mais,
conformément auxprincipes
des n.os 5 et 6, ces dernièresdérivées doivent être suivies- d’un
point ,
etdéveloppées d’après
le.n. ° 7.
20. Si l’on avait à
développer,
selon lespuissances de x -
lafonction
~(a+z),
z étant donné parl’équation
Tom.
VI.I3
CALCUL et y
parl’équation (22) ;
on auraitmais
ici ,
dans ledéveloppement
des dérivées du derniermembre
il faudrait
remplacer aI ,
a2 , a3 ,....par 03C803B2 , D.03C803B2 , 1 2D2.03C803B2 ,....,
en observant de mettre , dans le
développement
de ces dernièresdérivées ,
f03B1 à laplace
de D03B2 ,Df03B1
à laplace de 1 2 D203B2 , 1 2D2f03B1
à laplace de I 6 D303B2 ;
et ainsi de suite.On
pourrait
aisément pousserplus
loin cessubstitutions
de fonc-tions
dans lesfonctions,
ou de séries dans lesséries ;
et l’on voitque le
principe
de leurdéveloppement
par les dérivations estsimple
et uniforme : il ne reste que la
complication
desrésultats , qui
estinhérente à la chose même.
ARTICLE II.
Développement des fonctions selon les puissances d’une fonction quelconque de la variable,
ou retourdes fonctions
etdes séries.
21.
Depuis
le n.° I8 del’article précédent,
nous nous sommesoccupés
de laquestion
suivante : ledéveloppement
d’une fonctionquelconque ,
selon lespuissances
d’une fonction donnée de la va-riable
principale, étant supposé
connu ; en déduire ledéveloppement
selon les
puissances
de lavariable principale ? Dans
cetarticle ,
nous allons résoudre la
question inverse ,
savoir : ledéveloppement
d’une fonction
quelconque ,
selon lespuissances
de la variableprin- cipale.,
étantdonné,
ainsi que la relation entre cette variable etune autre